LE SECRETAIRE GENERAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES PRESENTE UN RAPPORT SUR L'EVOLUTION DE LA SITUATION EN GUINEE-BISSAU
Communiqué de Presse
CS/1168
LE SECRETAIRE GENERAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES PRESENTE UN RAPPORT SUR L'EVOLUTION DE LA SITUATION EN GUINEE-BISSAU
20000329Les parties en Guinée-Bissau sont encouragées à oeuvrer ensemble pour renforcer les valeurs démocratiques et protéger l'état de droit
Le succès des élections présidentielles et législatives en Guinée-Bissau a mis fin aux institutions transitoires créées en vertu de l'Accord d'Abuja du 1er novembre 1998 et il est crucial que toutes les parties en Guinée-Bissau, y compris l'ancienne Junte militaire, acceptent pleinement cette nouvelle réalité démocratique et oeuvrent étroitement avec le nouveau gouvernement pour faire face aux défis post-électoraux, à savoir le renforcement de la démocratie naissante et la réconciliation nationale, a souligné ce matin le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Kieran Prendergast, devant le Conseil de sécurité en présentant le rapport du Secrétaire général sur la Guinée-Bissau. Sans les efforts inlassables et conjoints de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), de la Communauté des pays lusophones et des Nations Unies, la transition vers la démocratie en Guinée-Bissau n'aurait jamais pu se réaliser. Ces efforts ont permis de parvenir à des résultats tangibles qui témoignent de ce que la communauté internationale - avec la coopération des acteurs nationaux - peut accomplir avec peu de ressources.
Pour leur part, les délégations ont estimé que la tenue d'élections présidentielles et législatives libres, transparentes et démocratiques marque une étape positive importante sur la voie de la démocratie en Guinée-Bissau. Elles ont assuré le nouveau Gouvernement élu de leur appui et ont encouragé les autorités à développer et à mettre en place les institutions nécessaires pour garantir le respect des droits de l'homme, instaurer l'état de droit et de promouvoir la réconciliation nationale. A ce titre, les délégations ont insisté sur la nécessité de dépolitiser l'armée et de la transformer en une armée professionnelle subordonnée à l'autorité civile. L'accent a donc été mis sur les efforts de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants de la junte militaire.
Les représentants des membres suivants du Conseil de sécurité ont pris la parole : Etats-Unis, Mali, Chine, Malaisie, Jamaïque, France, Canada, Tunisie, Pays-Bas, Ukraine, Argentine, Namibie, Royaume-Uni et Bangladesh.
LA SITUATION EN GUINEE BISSAU
Rapport du Secrétaire général sur l'évolution de la situation en Guinée-Bissau (S/2000/250)
Le présent rapport porte essentiellement sur l'évolution de la situation dans le pays depuis le 23 février 2000, notamment en ce qui concerne les problèmes auxquels le nouveau gouvernement se heurte pendant la période post-électorale et le rôle que joue le Bureau d'appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BANYGBIS) pour soutenir les efforts du Gouvernement. Les membres du Conseil se souviendront que celui- ci a approuvé le mandat révisé du Bureau d'appui en cette période post-électorale le 10 mars 2000.
Depuis la formation du nouveau gouvernement, le 19 février, les autorités de la Guinée-Bissau, pleinement conscientes de la nécessité de satisfaire la volonté populaire de changement attestée par la victoire écrasante du Président Kumba Yala, qui a obtenu 72% des voix, ont entrepris d'établir des priorités post- électorales pour le court et moyen terme. Ces efforts ont un double objectif : renforcer l'esprit de réconciliation parmi la population et consolider la démocratie, l'Etat de droit, la bonne gestion des affaires publiques et le respect des droits de l'homme, et continuer à améliorer les relations avec les Etats voisins et relancer la coopération avec la communauté internationale dans son ensemble. Le Gouvernement s'est notamment fixé comme objectifs concrets et prioritaires de consolider la démocratie naissante dans le pays, de dépolitiser l'armée, de démobiliser et de réintégrer les militaires à la retraite, de redynamiser les institutions publiques et de relancer l'économie. le Gouvernement et l'ancienne junte militaire négocient actuellement en vue de redéfinir le rôle des militaires dans une nouvelle Guinée-Bissau démocratique. Ces négociations sont dirigées par un groupe de médiateurs issus de la société civile, tels que l'évêque de Bissau. Le Représentant du Secrétaire général offre également ses bons offices lorsqu'il y a lieu.
Bien que la Constitution ait été récemment rétablie dans le pays, les militaires jouent encore un rôle de premier plan dans la vie publique. Le maintien de l'ordre souffre lourdement du fait que la police ne possède pas une formation appropriée et qu'elle ne bénéficie pas d'un soutien logistique suffisant. Il est d'autant plus nécessaire que la communauté internationale offre son aide dans ce secteur. Le grand nombre d'armes légères qui continuent de circuler dans la société civile pèse lui aussi sur les conditions de sécurité. Dans le cadre des initiatives visant à promouvoir la démobilisation et la réinsertion des militaires dans la vie civile, une mission de la Banque mondiale arrivera vraisemblablement en Guinée-Bissau au début du mois d'avril pour discuter de ces questions avec le Gouvernement.
Pendant la période à l'examen, le Bureau d'appui a continué à promouvoir le respect des droits de l'homme et l'Etat de droit en Guinée-Bissau. Les procès des personnes arrêtées après les événements de mai 1999 ont finalement commencé à la fin du mois de février. Sur les 385 personnes initialement arrêtées, seules 50 restent actuellement emprisonnées. Pour s'assurer que les procès étaient équitables et exemptes de toute pression, le Bureau d'appui a invité les organisations de défense des droits de l'homme et le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme à envoyer des observateurs à ces procès. La situation humanitaire en Guinée-Bissau s'est nettement améliorée et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés s'emploie actuellement à rapatrier le dernier grand groupe de ressortissants de la Guinée-Bissau qui s'étaient réfugiés dans la région de Boke en Guinée.
Le Secrétaire général rappelle que le processus de transition en Guinée-Bissau était régi par l'Accord d'Abuja du 1er novembre 1998, qui a été négocié sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et ensuite approuvé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1216 (1998) du 21 décembre 1998. Cet Accord a permis de constituer un partenariat fructueux réunissant les parties du pays et de la région dans une action menée pour le bien du peuple de la Guinée-Bissau. Le processus de transition ayant abouti, le pays se trouve maintenant à un point critique de son histoire, à la fois dynamisé par les progrès déjà accomplis et conscient des énormes problèmes auxquels il lui reste à faire face. La communauté internationale a apporté, par l'action menée par la Communauté des pays de langue portugaise et les organismes des Nations Unies et les Etats Membres amis, un appui très précieux aux initiatives prises pour rétablir la paix en Guinée- Bissau. Le Président Kumba Yala se félicite du rôle positif que le Conseil de sécurité et le Groupe des amis de la Guinée-Bissau ont assumé.
Après avoir tenu des consultations avec le nouveau gouvernement, le Secrétaire général a proposé au Conseil de sécurité, qui a donné son accord, de renouveler le mandat du BANUGBIS pour une période d'un an après l'expiration de son mandat actuel, le 31 mars 2000. Le cas de la Guinée-Bissau tel qu'il se présente aujourd'hui permet d'affirmer que l'ONU peut, avec la pleine coopération des protagonistes du pays et le soutien constant de l'ensemble de la communauté internationale, contribuer sensiblement, sans que cela coûte trop cher, à l'action menée par un pays pour passer d'un état de guerre à un état de paix et rétablir progressivement l'ordre constitutionnel. A cet égard, le Secrétaire général exprime sa reconnaissance en particulier à la France, aux Pays-Bas et à Chypre. Il ajoute que la permanence de l'aide de la communauté internationale est une condition indispensable pour permettre de consolider les progrès accomplis à ce jour et pour aider la Guinée-Bissau à se préparer durablement pour que son peuple puisse accéder à une vie meilleure.
Déclarations
M. KIERAN PRENDERGAST, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a déclaré que la situation en Guinée-Bissau est en général calme et que la situation humanitaire s'est nettement améliorée. Un grand nombre de détenus ont été remis en liberté provisoire et le procès de certains d'entre eux a été entamé, en dépit des lourdes contraintes logistiques et en ressources humaines auquel fait face le système judiciaire. Toutefois, a regretté M. Prendergast, la situation économique demeure préoccupante. Le Gouvernement ne dispose pas encore des ressources nécessaires permettant de régler les traitements dus depuis longtemps aux fonctionnaires et aux soldats. Certaines difficultés sont liées à la redéfinition des relations entre le nouveau gouvernement et l'armée au cours de la période post- électorale. A cet égard, il est encourageant de noter que les négociations entre le gouvernement et l'ancienne junte militaire se poursuivent. Elles sont dirigées par l'Evêque de Bissau et un groupe de médiateurs de la société civile. Pour sa part, le Représentant du Secrétaire général assure ses bons offices dans ce domaine, en cas de besoin. A la lumière de ces faits nouveaux, le Secrétaire général a appelé la communauté internationale à fournir une assistance pour la mise en oeuvre du programme de transition, essentielle pour la crédibilité du nouveau gouvernement dans la mesure où il fait face à des pressions de la part de citoyens ordinaires exigeant des services de base dans des domaines tels que l'eau et l'électricité.
Par le biais de la médiation du Ministre gambien des affaires étrangères, M. Jobe, le Président Yala s'est entretenu le 22 mars dernier avec les membres de l'ancienne junte militaire dirigée par le Général Mane. A l'issue de cette réunion, le Président a annoncé que cinq postes de ministres d'état sans portefeuille ont été offerts à des membres de l'ancienne junte. Le 17 mars dernier, M. Rui Sanha a été nommé Ministre de la justice, en remplacement de M. Amine Saad. Faute de preuve, la Cour a acquitté M. Avitu et M. Manuel Maria Monteiro dos Santos, anciens ministres, qui avaient été accusés de trahison pour collaboration avec des forces étrangères et pour avoir organisé la rébellion. En dépit de la satisfaction du public pour le verdict rendu, le Bureau du Procureur a interjeté appel devant la Cour suprême.
La première session de l'Assemblée nationale a été solennellement ouverte le 22 mars et ses débats se poursuivront jusqu'au 22 avril 2000. A l'ouverture de la session, le Président de la République a réaffirmé son engagement en faveur du respect de l'autorité de l'Etat et des droits de l'homme. Avant de convoquer une nouvelle table ronde sur la Guinée-Bissau, le Gouvernement prépare la tenue de consultations avec ses partenaires pour le développement
Mme MARK C. MINTON (Etats-Unis) a estimé que le Bureau d'appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau représente un bon exemple du rôle critique que l'ONU et la communauté internationale peuvent jouer dans le règlement d'un conflit et la construction des institutions après le conflit. Beaucoup restant à faire, les Etats-Unis, en leur qualité de membre du Groupe des amis de la Guinée-Bissau, sont disposés à apporter leur contribution. Le Gouvernement américain cherche les moyens de relancer les efforts d'aide bilatérale interrompus lors du coup d'Etat de mai 1999. Les Etats-Unis espèrent fournir l'appui requis à la promotion du commerce et des investissements dès que les obstacles juridiques seront levés. Le pays entend aussi contribuer aux efforts de déminage. La Guinée-Bissau a besoin de paix, de reconstruction et de développement et rien ne pourrait faire plus obstacle à cela qu'une nouvelle intervention militaire dans la gouvernance du pays. Le peuple de Guinée-Bissau mérite l'appui de la communauté internationale et grâce à l'intervention internationale, le pays se dirige vers le rétablissement d'une société fondée sur la réconciliation nationale et les valeurs démocratiques. Il faut, a conclu le représentant, continuer à appuyer ces efforts et les Etats-Unis se félicitent de la récente décision du Secrétaire général de prolonger le mandat du Bureau d'appui d'un an.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a déclaré que la tenue d'élections libres et transparentes en Guinée-Bissau marque une étape positive sur la voie de la démocratie. La volonté de changement attestée par le succès remporté par le Président Yala vise à consolider l'Etat de droit et à rétablir la réconciliation nationale. Il reste qu'au-delà de ces résultats, la situation politique en Guinée-Bissau est encore fragile. C'est pourquoi, la délégation malienne estime qu'il faut se conformer strictement à l'Accord d'Abuja en vue de garantir la paix et la stabilité du pays, ainsi que dans la sous-région.
M. WAN YINGFAN (Chine) s'est déclaré satisfait de l'amélioration de la situation en Guinée-Bissau. Depuis son entrée en fonction, le nouveau Gouvernement s'est engagé à faire des réformes dont il faut se féliciter, a poursuivi le représentant en encourageant ce gouvernement à poursuivre ses efforts pour renforcer la réconciliation nationale, l'ordre constitutionnel et pour la reconstruction. Le représentant a aussi encouragé la communauté internationale à continuer à appuyer le processus de paix en Guinée-Bissau en remerciant particulièrement la CEDEAO et le Représentant spécial du Secrétaire général. Le représentant a dit espérer que dans l'année à venir ces intervenants continueront à oeuvrer sans relâche aux efforts de consolidation de la paix dans le pays.
M. AGAM HASMY (Malaisie) a noté avec satisfaction que le rapport du Secrétaire général sur la Guinée-Bissau fait état de progrès importants. La délégation malaisienne félicite le Président Yala pour avoir assuré avec succès la direction du gouvernement transitoire jusqu'à la tenue récente des élections présidentielles. Elle salue également le rôle pivot de médiation de la Gambie. Le succès du rôle que jouent les Nations Unies en Guinée-Bissau dépendra en grande partie de la contribution généreuse que fera la communauté internationale.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a estimé que l'évolution de la situation en Guinée-Bissau témoigne du fait que l'ONU peut, grâce aux acteurs nationaux et à la communauté internationale, contribuer aux efforts d'un pays pour passer d'un état de guerre à un état de paix. Elle s'est félicitée des négociations positives entre le Gouvernement et l'ancienne junte militaire avant de souligner que le pays se trouve à une croisée des chemins et que des efforts doivent être déployés pour faire face aux défis considérables qui subsistent. Parmi ces défis, la représentante a cité la consolidation de la démocratie naissante, le rétablissement des institutions gouvernementales, la réinsertion des anciens combattants, le retour de tous les réfugiés et la relance de l'économie. Les efforts exigent la participation des pays voisins et de la communauté internationale, a insisté la représentante qui a exhorté les Etats à soutenir le Gouvernement élu. Elle a estimé que la déclaration présidentielle envoie un message clair en ce sens. La communauté internationale, a poursuivi la représentante, doit aussi jouer un rôle pour mobiliser l'appui financier nécessaire au développement du pays. Elle s'est dite convaincue que l'attachement aux objectifs de paix et de sécurité doit être assorti de plans visant à encourager le développement économique et social. La représentante a donc encouragé l'implication des institutions des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods.
M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) s'est félicité de l'action dynamique de M.Nana Sinkam, Représentant du Secrétaire général. Grâce au rôle que les Nations Unies ont joué, la Guinée-Bissau est passée d'un état de guerre à un état de droit. La France se réjouit des résultats des dernières élections présidentielles et législatives en Guinée-Bissau et il est souhaitable que la communauté internationale apporte son appui au pays. La France entend faire une contribution importante à l'occasion de la table ronde qui sera prochainement organisée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui devra se tenir prochainement. Le retour total à la normalité constitutionnelle constitue une très grande priorité. La France salue les efforts du Ministre des affaires étrangères, de la Gambie M. Jobe. La délégation française, qui attend les résultats de la Banque mondiale, se déclare très préoccupée par les informations contenues dans le rapport concernant la circulation des armes légères.
M. MICHEL DUVAL (Canada) s'est dit convaincu que le Bureau d'appui des Nations Unies en Guinée-Bissau pourra tirer parti du succès du processus démocratique afin d'aider le Gouvernement à consolider la paix dans le pays. Il a salué l'engagement de l'armée à se transformer en une armée professionnelle subordonnée aux autorités civiles. Le représentant a d'ailleurs souligné qu'en se mettant à l'écart du processus électoral, les Chefs militaires ont fait preuve d'un respect encourageant pour les autorités civiles. Il faut maintenant espérer, a dit le représentant, que l'autorité militaire de transition cédera réellement le pouvoir à l'administration civile élue. Le représentant a également salué les efforts du Président malien et du Représentant spécial du Secrétaire général pour rétablir la confiance entre la Guinée-Bissau et les pays voisins. Il s'est également dit satisfait de l'amélioration notable de la situation des droits de l'homme avec la libération de plusieurs personnes emprisonnées depuis le coup d'Etat de 1999 tout en notant les conditions déplorables de détention. Le représentant a, à cet égard, noté les efforts de l'ONU pour renforcer les capacités judiciaires nationales et faire ainsi aboutir les procès dans un climat d'équité et de transparence. Le représentant a, par ailleurs, salué le Bureau d'appui pour ses efforts visant à promouvoir les droits des femmes. Il a, dans ce contexte, salué l'engagement du Gouvernement à créer un institut pour les femmes et les enfants.
M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a enregistré avec satisfaction le retour de l'ordre constitutionnel et démocratique en Guinée-Bissau après la tenue d'élections, libres, équitables et transparentes. A cet égard, il s'est félicité des efforts déployés par le nouveau gouvernement pour consolider la démocratie naissante, promouvoir la réconciliation nationale en impliquant les forces vives du pays dans la prise de décision, assurer une bonne gestion des affaires publiques et s'intégrer de nouveau dans la dynamique de développement sous régional au sein de la CEDEAO. Le retour de la Guinée-Bissau à une normalité durable requiert d'intenses efforts nationaux, sous régionaux et internationaux. En donnant son accord à la prorogation du mandat du BANUGBIS pour une période d'un an à partir du 31 mars, le Conseil de sécurité a réaffirmé sa volonté de continuer à apporter le soutien nécessaire pour la consolidation de la paix et de la stabilité en Guinée-Bissau. La coopération de toutes les parties dans le pays avec le soutien de la CEDEAO et de la communauté lusophone ainsi que de l'ONU prouve en fait que la mobilisation de toute la communauté internationale en faveur de la paix est toujours porteuse d'espoir.
M. ALPHONS HAMER (Pays-Bas) tout en se félicitant des progrès accomplis en Guinée-Bissau, s'est montré préoccupé par la situation économique. Le représentant a tout de même souligné que le pays est un exemple positif d'un cas où la paix et la sécurité peuvent être rétablies, de manière efficace, par les Nations Unies et la communauté internationale. Le retour à l'ordre constitutionnel étant achevé, il est important, a dit le représentant, que les structures extraconstitutionnelles cèdent la place aux institutions constitutionnelles. La junte militaire, a insisté le représentant, doit s'entendre dire clairement que son rôle se termine avec l'entrée en vigueur du nouveau Gouvernement. La communauté internationale ne permettra pas le retour de la junte militaire sur la scène politique de la Guinée-Bissau, a insisté le représentant avant de fixer comme priorité la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants. En tant que membre du Groupe des amis de la Guinée- Bissau, les Pays-Bas, sont disposés à apporter une nouvelle contribution de 500 000 florins au Fonds d'affectation spéciale pour la Guinée-Bissau.
M. VOLODYMYR YU YEL'CHENKO (Ukraine) s'est félicité du succès des élections présidentielles et législatives en Guinée- Bissau, tenues librement et de manière transparente. Le retour à la normalité et à l'Etat de droit est essentiel pour garantir la stabilité et la paix en Guinée-Bissau. Toutefois, le nouveau gouvernement est confronté à d'importants défis post-électoraux. Il est essentiel de mettre l'accent sur les priorités économiques et sociales qui permettront au pays d'établir une base plus solide pour son développement et son avenir politique.
M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a souligné que l'amélioration de la situation en Guinée-Bissau a été rendue possible grâce aux efforts des Bissau-Guinéens eux-mêmes mais aussi du Représentant spécial du Secrétaire général. L'étape de transition arrivant à son terme, le nouveau Gouvernement doit faire face à des tâches extrêmement difficiles, a poursuivi le représentant en citant l'instauration de nouvelles relations entre le Gouvernement et l'ancienne junte militaire, l'amélioration du système judiciaire, le retour des réfugiés, et la recherche de solutions aux problèmes économiques. Le BANUGBIS, a estimé le représentant,a un rôle fondamental à jouer dans l'appui qu'il peut apporter au nouveau Gouvernement de la Guinée-Bissau. Il a encouragé la communauté internationale à fournir l'appui nécessaire à la réalisation de ces tâches.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a rappelé que la situation en Guinée-Bissau a été au centre de l'attention du Conseil de sécurité au cours des deux dernières années. Il s'est réjoui du succès des élections présidentielles et législatives qui marque une étape positive sur la voie de la démocratie. La mise en place de nouvelles institutions démocratiques garantiront la transparence et l'état de droit, s'est déclaré convaincu M. Andjaba. La communauté internationale doit continuer à apporter son ferme appui au processus de démocratisation en cours en Guinée-Bissau. La justice doit être rendue en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l'homme qui ont été commises dans le pays. Le représentant a souhaité au Président Kumba Yala de réussir dans l'accomplissement de son mandat.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a convenu que les efforts de consolidation de la paix en Guinée-Bissau doivent se concentrer sur la redéfinition du rôle des forces militaires et la création de forces de police ainsi que sur les relations avec les pays voisins. Le représentant a, en effet, mis l'accent sur l'effet de contamination des conflits encouragé par des phénomènes comme les mouvements de réfugiés ou encore la circulation des petites armes. Il a souhaité qu'une attention particulière soit accordée au processus de paix encore fragile en Sierra Leone. Il a tout de même indiqué qu'avec le succès en Guinée-Bissau et l'amélioration de la situation en Sierra Leone, l'Afrique commence à montrer des signes encourageants de normalisation. Il ne faut en aucun cas aujourd'hui tourner le dos à un pays sous prétexte que la paix a été réalisée, a insisté le représentant.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que le processus transitoire post-électoral en Guinée-Bissau, tel que prévu par l'Accord d'Abuja, a pris fin avec la formation d'un nouveau gouvernement et l'inauguration d'un parlement pluraliste dans le pays. Les relations bilatérales entre la Guinée-Bissau et ses voisins se sont améliorées. Elles contribuent à l'amélioration de la situation humanitaire dans le pays avec le retour continu des réfugiés et des personnes déplacées. A cet égard, M. Chowdhury s'est félicité des efforts accomplis en vue d'assurer le retour des réfugiés qui demeurent dans la région de Boke. La délégation du Bangladesh note aussi avec satisfaction l'amélioration de la situation en matière des droits de l'homme en Guinée-Bissau. Le BANUGBIS joue un rôle crucial à cet égard, a-t-il estimé. Soulignant que la Guinée-Bissau doit maintenant consolider la paix et la stabilité, M. Chowdhury a fait observer que le rôle des Nations Unies change également. La transition de la restauration de la paix à la reconstruction de la paix a été définie dans le mandat révisé de la BANUGBIDS, approuvé par le Conseil de sécurité le 10 mars 2000. Les Nations Unies et la communauté internationale doivent rester vigilantes et continuer à apporter leur appui à la Guinée-Bissau. Le rôle d'appui du Conseil de sécurité contribuera à dépolitiser l'armée et à instaurer un Etat de droit et un système constitutionnel.
Commentant les interventions des membres du Conseil, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a souligné le consensus sur le fait que la situation en Guinée-Bissau est porteuse d'espoirs malgré les problèmes économiques et autres. Il a également noté l'appui "très ferme" donné par les délégations au peuple de la Guinée-Bissau dans son processus de démocratisation et de bonne gouvernance. Le Secrétaire général adjoint s'est félicité aussi de l'accent mis par les délégations sur la nécessité de consolider le processus démocratique et de préserver au gouvernement une nature exclusivement civile. Il a aussi noté l'accent placé sur le danger que représentent les armes de petit calibre et sur l'importance qu'il y a à les collecter rapidement. Soulignant que 60% des conflits résolus finissent par renaître, le Secrétaire général adjoint s'est dit heureux de l'importance accordée par les délégations au processus de consolidation de la paix. La communauté internationale ne peut se reposer sur ses lauriers après la signature d'un accord de paix car il y a toujours des questions à régler qui sont beaucoup plus importantes qu'elles ne paraissent et dans le cas de la Guinée-Bissau, c'est la démobilisation et la réinsertion dans la vie civile, a conclu le Secrétaire général adjoint en insistant sur la nécessité de disposer des ressources nécessaires.
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