AG/AB/558

LA SITUATION FINANCIERE DE L'ORGANISATION A CONNU UN LEGER MIEUX EN 1999, MAIS 2000 S'ANNONCE SOUS LE SIGNE DE L'INCERTITUDE

23 mars 2000


Communiqué de Presse
AG/AB/558


LA SITUATION FINANCIERE DE L'ORGANISATION A CONNU UN LEGER MIEUX EN 1999, MAIS 2000 S'ANNONCE SOUS LE SIGNE DE L'INCERTITUDE

20000323

De nombreuses délégations se montrent disposées à modifier le barème des quotes-parts à condition de respecter le principe de la capacité de paiement

"1999 s'est achevée sur une note positive du point de vue financier, mais l'année 2000 s'annonce sous un jour plus incertain, contenant potentiellement le risque d'annuler les progrès enregistrés, si les ambitions opérationnelles de l'Organisation excèdent ses moyens financiers" a mis en garde, ce matin devant la Cinquième Commission (administrative et budgétaire), M. Joseph Connor, Secrétaire général adjoint à la gestion, qui présentait ainsi la situation financière de l'Organisation. L'an dernier le total des contributions à mettre en recouvrement a atteint son niveau le plus bas des 6 dernières années, avec un total de 2,065 milliards de dollars, alors que parallèlement le solde de trésorerie l'Organisation a marqué une augmentation et que les arriérés de contribution, ainsi que les montants dus par l'Organisation aux Etats contributeurs de troupes et de matériel ont baissé. C'est au budget ordinaire que les changements les plus importants sont intervenus, puisqu'après plusieurs années de déficit, on a enregistré un solde positif de 111 millions de dollars. Cette amélioration est due en grande partie aux paiements plus importants que prévus effectués par les Etats-Unis, a expliqué M. Connor qui a ajouté qu'en conséquence et pour la première fois depuis 1995, il n'a pas été nécessaire de procéder à des emprunts croisés.

Abordant ensuite les perspectives financières pour l'année 2000, M. Connor a indiqué que l'année a bien débuté puisque, à la fin février, 64 Etats se sont acquittés de leur quote-part pour l'année en cours contre 49 à la même période l'an passé. De ce fait, si les Etats-Unis versent, comme l'an passé, la totalité de leur contribution, le solde du budget ordinaire devrait être, non plus déficitaire, mais excédentaire en fin d'année. C'est pour le budget du maintien de la paix, en revanche, que les perspectives sont quelque peu différentes. En effet une partie des liquidités disponibles servira en premier lieu à rembourser certains Etats Membres fournisseurs de contingents et de matériel au titre des engagements contractés pour 1999, alors que parallèlement le niveau plus élevé de contributions mises en recouvrement servira à payer les dépenses des missions en augmentation. Les progrès enregistrés en 1999 pourraient bien être annulés en 2000, si l'Organisation ne relève pas les défis posés par le financement de missions de caractère nouveau, comme au Kosovo ou au Timor oriental, a mis clairement en garde M. Connor. Par exemple dans le cas de la mission au Kosovo moins de 50% des contributions mises en recouvrement ont été effectivement payées; une proportion qui s'élève à 65% pour la mission au Timor oriental. Ces nouvelles données maintiennent par conséquent l'Organisation dans une situation financière relativement incertaine posant le défi de garder le "navire à flot". (à suivre 1a)

Les délégations ont estimé que bien que présentant des signes encourageants la situation financière de l'Organisation demeure critique et qu'il ne faut donc pas se laisser aller à la complaisance. Pour le représentant des Etats-Unis, l'ONU est indispensable mais lacunaire. Selon lui, le problème est que certains des défauts de l'ONU sont tellement considérables qu'ils menacent sa capacité à s'acquitter de son rôle, principalement en matière de maintien de la paix. Le défi véritable n'est pas posé par le non paiement de certaines contributions ou le niveau d'arriérés, mais plutôt par le système suranné et non équitable appliqué pour répartir les dépenses. Le représentant du Canada a, pour sa part, estimé que des mesures beaucoup plus concrètes s'imposent pour encourager les Etats Membres à s'acquitter ponctuellement de leurs quotes-parts. Il a, à cet égard, proposé que les arriérés soient redéfinis comme représentant le montant des contributions non acquittées dans un délai de 30 jours suivant l'envoi des avis de mise en recouvrement. L'on pourrait par ailleurs envisager d'imposer des intérêts à payer sur les arriérés accumulés.

La majorité des intervenants a insisté sur l'obligation légale qui revient à chaque Etat Membre, en vertu de la Charte, de s'acquitter de ses quotes-parts, en totalité, en temps voulu et sans conditions. C'est dans le respect de ce principe que réside la clef des problèmes financiers de l'Organisation. Si plusieurs délégations se sont opposées à un changement dans la méthode de calcul du barème des quotes-parts, une majorité s'est dite prête à envisager une révision, dans la mesure où l'Organisation ne doit plus dépendre pour son bon fonctionnement des contributions d'un seul ou d'un petit groupe d'Etats Membres. La condition expresse de toute modification étant que le barème continue de reposer sur le principe de la capacité de paiement, n'entraîne pas de surcharge financière supplémentaire pour les pays en développement. A l'image de l'Inde, elles ont estimé que si le droit de négocier un plafond plus bas est ouvert à tous, il est exclu, en vertu de la Charte, que cette décision soit unilatérale.

Les représentants des délégations suivantes ont fait une déclaration : Portugal (au nom de l'Union européenne et des Etats associés), Canada (au nom du Groupe CANZ), Nigéria (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Afrique du Sud (au nom du Mouvement des non alignés), Etats-Unis, Fédération de Russie, Chine, Norvège, Israël, Malaisie (au nom de l'ANASE), République de Corée, Japon, Egypte, Tunisie, Inde, Brésil, Maroc, Bangladesh, Pakistan, République tchèque, Bélarus et Cuba.

La prochaine réunion de la Commission aura lieu lundi 27 mars à 10 heures.

AMELIORATION DE LA SITUATION FINANCIERE DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES (point 122)

Déclaration du Secrétaire général adjoint à la gestion

M. JOSEPH E. CONNOR, Secrétaire général adjoint à la gestion, a indiqué en premier lieu que l'année 1999 s'est achevée sur une note positive du point de vue financier, puisque le solde de trésorerie l'Organisation était en augmentation, alors que les arriérés de contribution avaient baissé, de même que les montants dus aux Etats Membres contributeurs de troupes et de matériels. L'année 2000 en revanche s'annonce sous un jour plus incertain, contenant potentiellement le risque d'annuler les progrès enregistrés en 1999, si les ambitions opérationnelles de l'Organisation excèdent ses moyens financiers. L'an dernier le total des contributions à mettre en recouvrement a atteint son niveau le plus bas des 6 dernières années, avec un total de 2,065 milliards de dollars (un peu plus d'1 milliard pour le budget ordinaire, 155 millions pour les Tribunaux et 650 millions pour le maintien de la paix). Si pour le budget ordinaire et les Tribunaux, la situation devrait rester inchangée en l'an 2000, le budget du maintien de la paix devrait lui, en revanche, tripler approchant ainsi les 2 milliards de dollars, en raison de nouveaux engagements pris par l'Organisation.

Revenant plus en détail sur la situation financière pour 1999, M. Connor a précisé que l'Organisation a terminé l'année avec 1,093 milliards de dollars de liquidités, contre 736 millions l'année précédente. Concernant les liquidités, c'est au budget ordinaire que les changements les plus importants sont intervenus, puisqu'après plusieurs années de déficit, on a enregistré un solde positif de 111 millions de dollars. Cette amélioration est due en grande partie aux paiements plus importants que prévus effectués par les Etats-Unis (452 millions de dollars). En conséquence en 1999, et pour la première fois depuis 1995, il n'a pas été nécessaire de procéder à des emprunts croisés. S'agissant du budget du maintien de la paix, les liquidités se sont avérées plus importantes que prévu (957 millions de dollars contre 749). Ceci s'explique d'une part par le fait que les montants mis en recouvrement étaient plus élevés et surtout par le fait que les Etats Membres en ont payé une plus grande proportion que les années précédentes. Compte tenu de ces faits nouveaux, le Secrétaire général a décidé de transférer ce mois-ci une partie (58 millions de dollars) de l'excédent du budget ordinaire vers le Fonds de réserve pour le maintien de la paix, dont le niveau a été fixé à 150 millions de dollars par l'Assemblée générale.

M. Connor a également fait remarquer qu'en 1999 le niveau des arriérés de contribution a considérablement diminué, hormis pour les deux Tribunaux. C'est ainsi qu'au 31 décembre 1999, 126 Etats Membres s'étaient acquittés de leurs contributions au budget en cours et à tous les budgets antérieurs. Le niveau des arriérés de contribution continue donc de baisser, s'établissant à 244 millions de dollars au 31 décembre 1999, soit 173 millions de moins que l'année précédente. A l'intérieur de cette catégorie, les arriérés dus par les Etats-Unis ont baissé de 148 millions de dollars (les montants dus par le reste des Etats Membres diminuant dans le même temps de 25 millions). Quatre pays (Etats-Unis, Brésil, Yougoslavie et Argentine) devaient à eux seuls 88% du total des arriérés. Pour ce qui est du budget du maintien de la paix, les montants dus ont atteint 1,482 milliards de dollars au 31 décembre 1999, soit une diminution de 112 millions de dollars par rapport à 1998. Les arriérés des Etats-Unis pour ce budget ont augmenté de 19 millions de dollars, ceux de l'Ukraine et du Bélarus sont demeurés au même niveau,

alors que la Fédération de Russie a continué de réduire les montants dus (moins 46 millions par rapport à 1998) et que les autres Etats Membres ayant des arriérés se sont acquittés d'un montant total de 85 millions de dollars. En revanche, s'agissant du budget des Tribunaux, le montant des arriérés a encore augmenté en 1999. De manière générale, 4 Etats Membres doivent 88% des arriérés au budget ordinaire, et 4 Etats Membres doivent 90% des arriérés au budget du maintien de la paix.

Pour ce qui est des montants dus par l'Organisation aux Etats Membres contributeurs de troupes et de matériel, le niveau est passé, entre janvier et décembre 1999, de 872 millions de dollars à 800 millions. Pour l'année 1999, l'Organisation a contracté de nouvelles obligations pour un montant de 232 millions de dollars; sur cette somme, elle s'est déjà acquitté d'un montant de 141 millions et devrait prochainement faire aux Etats Membres concernés un versement de 91 millions de dollars. Le Secrétariat a parallèlement poursuivi sa politique de réduire sa dette auprès des Etats Membres qui, de leur côté, diminuent leurs arriérés de contribution. L'Organisation est débitrice auprès de 71 Etats, dont principalement les Etats-Unis, l'Inde, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l'Italie, a également précisé le Secrétaire général adjoint, avant d'ajouter que les remboursements au titre du matériel et du contingent dépendent entièrement des contributions recouvrées au titre du maintien de la paix.

Abordant ensuite les perspectives financières pour l'année 2000, M. Connor a indiqué que l'année avait bien débuté puisque, par rapport à 1999, un plus grand nombre d'Etats (64 à la fin février 2000 contre 49 à la même période l'an passé) se sont déjà acquittés de leur quote-part pour l'année en cours. En conséquence, le solde du budget ordinaire devrait être, non plus déficitaire, mais excédentaire à la fin de l'année. Toutefois, et comme les années précédentes, le résultat final dépend du montant que les Etats-Unis verseront au budget ordinaire. A cet égard, M. Connor a expliqué que le Secrétariat table sur le fait que les Etats- Unis verseront, comme l'an passé, leur pleine contribution pour l'année en cours. Pour le budget du maintien de la paix, en revanche, les perspectives sont quelque peu différentes, puisqu'une partie des liquidités disponibles servira en premier lieu à rembourser certains Etats Membres contributeurs de contingents et de matériel et que le niveau plus élevé de contributions mises en recouvrement servira à payer les dépenses des missions en augmentation. Le Secrétariat prévoit donc que un niveau de liquidités pour le maintien de la paix de 773 millions de dollars, assez proche de 1999. En outre, la dette contractée par l'Organisation auprès des Etats Membres devrait s'élever, cette année, à 419 millions de dollars, en raison de l'expansion ou de la création d'un certain nombre de missions, dont le Kosovo, le Timor oriental et la Sierra Leone. Le Secrétaire général entend rembourser, en l'an 2000, un minimum de 365 millions de dollars aux Etats Membres contributeurs de troupes et de matériels. Le fait que l'Organisation ne paiera pas l'ensemble des nouvelles obligations contractées en cours d'année ne résulte pas d'un changement de politique, mais de la nécessité de demeurer prudent compte tenu du caractère imprévisible du maintien de la paix, a expliqué M. Connor. Ces éléments pris en compte, le montant total dû par l'Organisation aux Etats Membres devrait se situer à 692 millions de dollars à la fin 2000, soit une nouvelle diminution importante, surtout si l'on se souvient qu'en 1995 l'Organisation devait plus d'1,1 milliard de dollars aux Etats Membres.

Dans l'ensemble la situation financière de l'Organisation s'annonce donc meilleure, a fait observer le Secrétaire général adjoint à la gestion, avant d'ajouter toutefois que la situation pourrait fort bien se retourner si l'on ne relève pas les défis posés par le financement de missions de caractère nouveau, comme au Kosovo ou au Timor oriental. C'est ainsi que concernant le pilier "administration civile" de la mission, sur les 415 millions de dollars mis en recouvrement entre juillet et décembre 1999, seuls 190 millions ont été effectivement payés au 29 février 2000; 25 Etats Membres seulement ayant versés en totalité leur contribution. M. Connexe a précisé toutefois que la situation est un peu plus satisfaisante pour les contributions volontaires, puisque 90% des 30 millions de dollars promis ont été versés. Pour ce qui est de la mission au Timor oriental, sur les 200 millions de dollars mis en recouvrement par l'assemblée générale fin décembre 1999, seulement 69 millions de dollars ont été payés au 21 mars 2000; 38 Etats Membres s'étant acquittés en totalité de leur contribution. S'agissant des contributions volontaires, 22 millions sur les 32 promis à Tokyo ont été réellement versés au Fonds crée à cet effet. Le Kosovo et le Timor oriental constituent des défis majeurs pour l'Organisation; Missions très complexes, elles reposent sur une base financière mixte, où les contributions volontaires jouent un rôle important, ce qui accroît encore la difficulté en terme de prévision et de volume des liquidités, a expliqué M. Connor. Ces nouvelles données maintiennent par conséquent les missions spéciales mais également l'Organisation dans une situation financière relativement incertaine et le défi pour l'an 2000 sera de garder le "navire à flots".

Débat

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal), s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés, a exprimé sa reconnaissance envers les Etats Membres qui en vertu des principes de la Charte ont effectué les versements nécessaires aux paiements de leur quote-part au titre du budget ordinaire, et ce malgré de considérables difficultés financières. Cependant, l'Union européenne demeure préoccupée par la situation financière de l'Organisation. A la fin de 1999, les arriérés de contributions au budget ordinaire, aux opérations de maintien de la paix et aux tribunaux atteignaient toujours 1,7 milliard de dollars, montant excédant le budget annuel des Nations Unies. Le représentant a donc appelé tous les Etats membres, en particulier les plus importants contributeurs, à verser intégralement, en temps voulu et sans condition leurs contributions.

L'accroissement récent des activités en matière de maintien de la paix appelle à une solution en particulier en ce qui concerne les missions récemment établies au Timor oriental et au Kosovo, l'ATNUTO et la MINUK. De même, l'expansion des Missions des Nations Unies en Sierra Leone et en République démocratique du Congo nécessite l'assainissement de la situation financière des opérations de maintien de la paix, a fait remarquer le représentant. A cet égard, il a réitéré son inquiétude face à la dette des Nations Unies aux pays fournisseurs de contingents, dette qui atteint aujourd'hui pratiquement 1 milliard de dollars, et face à l'utilisation persistante des emprunts croisés. La série de mesures proposées, en 1996, par l'Union européenne comprenait le versement des arriérés, la révision du barème des quote-parts, les incitations financières et l'efficacité accrue dans l'administration de l'organisation. Dans ce contexte, le représentant s'est déclaré favorable à une application plus stricte de l'Article 19 de la Charte. Il a également souligné que

la capacité de chaque pays à payer doit demeurer la base d'établissement du barème des quotes-parts qui doit utiliser des informations précises et mises à jour sur le PNB de chaque nation. De plus, utiliser le barème des quotes-parts pour régler le problème de la dette est un moyen inapproprié et insuffisant, a-t-il estimé.

L'Union européenne qui est collectivement le premier bayeur de fonds de l'Organisation, estime qu'il est essentiel d'assurer aux missions de maintien de la paix un financement adéquat. Elle est d'avis que la réforme du barème des quotes-parts pour le maintien de la paix aurait du être réalisée depuis longtemps.

M. ROBERT FOWLER (Canada), s'exprimant au nom du Groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a déclaré que dans l'ensemble la situation financière de l'Organisation demeure précaire. Le Groupe CANZ se préoccupe notamment vivement de l'inexistence de sources de financement suffisantes et prévisibles pour l'Organisation chargée par la communauté internationale de s'occuper des questions extraordinairement complexes que sont la paix et la sécurité internationale, ainsi que des problèmes économiques, sociaux et humanitaires les plus pressants. Comme chacun le sait, le problème primordial tient au fait que certains Etats Membres ne s'acquittent pas ponctuellement et sans condition de l'intégralité de leurs quotes-parts, si bien qu'ils doivent des sommes considérables à l'Organisation. M. Fowler, rappelant que les Etats-Unis sont redevables du montant de loin le plus élevé des arriérés, correspondant à 54% de toutes les sommes dues. Cette situation a eu pour conséquence d'entraver gravement la capacité de l'Organisation à jouer son rôle. Elle s'est aussi traduite par des retards inacceptables dans le remboursement des sommes dues aux pays fournissant des contingents. En outre, cet état de faits influe aussi négativement sur la plupart des décisions du Conseil de sécurité, dans la mesure où les missions approuvées par le Conseil sont déployées sur le terrain sans le niveau d'effectifs voulu et se retrouvent mal équipées pour réaliser les tâches qui leur sont confiées.

Le Groupe CANZ estime que des mesures beaucoup plus concrètes s'imposent pour encourager les Etats Membres à s'acquitter ponctuellement de leurs quotes- parts. Ces mesures devraient notamment comprendre un examen de l'application actuelle de l'Article 19. Le problème en effet est qu'au lieu que ce dernier entre en vigueur lorsque les Etats Membres sont en retard de deux ans dans le versement de leurs contributions, son interprétation actuelle permet à ces Etats d'accuser en réalité 3 ans de retard. C'est pourquoi, pour le Groupe CANZ, les arriérés devraient être redéfinis comme représentant le montant des contributions non acquittées dans un délai de 30 jours suivant l'envoi des avis de mise en recouvrement, et calculés plus fréquemment aux fins de l'application de l'Article 19. En outre, l'Assemblée générale devrait également revoir le montant minimal devant être versé avant que ne soit rétabli un droit de vote perdu en vertu de l'Article 19. Ce montant devrait être raisonnable et réaliste, au lieu d'être fixé à un strict minimum. Un plus grand nombre de mesures s'impose aussi en dehors de l'Article 19 et les propositions formulées au Comité des contributions et au sein du Groupe de travail de haut niveau sur la situation financière de l'Organisation méritent d'être sérieusement examinées, notamment celles visant à ce que les Etats Membres en retard de contribution ne puissent être élus à l'Assemblée générale, au Conseil économique et social et à d'autres organes, et se voient imposer des intérêts à payer sur les arriérés accumulés.

Le représentant s'est ensuite félicité du versement de 100 millions de dollars effectué par les Etats-Unis en décembre 1999 pour couvrir une partie de leurs arriérés. Il a estimé toutefois qu'il faut demeurer prudent car ce versement et ceux qui devraient être effectués à l'avenir sont soumis à des conditions expressément énoncées dans une loi interne adoptée récemment dans ce pays. Or en ratifiant la Charte, les Etats Membres sont devenus juridiquement tenus de s'acquitter ponctuellement et sans conditions de l'intégralité de leurs quotes-parts. "Cela ne peut se discuter", a insisté M. Fowler. C'est pourquoi, les négociations actuelles portant sur le barème des quotes-parts devraient tenir compte de trois principes fondamentaux, à savoir l'égalité souveraine des Etats Membres au sein de l'ONU, le caractère contraignant des obligations assumées par les Etats Membres, et la responsabilité collective des Etats Membres de supporter les dépenses de l'Organisation, en fonction du principe de la capacité de paiement. Le Groupe CANZ est disposé à examiner les propositions de réforme de fond du barème des quotes-parts, y compris les suggestions visant à réduire la dépendance de l'Organisation vis-à-vis de quelques Etats Membres et l'influence de ces derniers sur l'Organisation. Toutefois, le principe de la capacité de paiement doit régir la répartition des dépenses entre les Etats Membres. C'est pourquoi, M. Fowler a encouragé les Etats-Unis à ne pas effectuer de versements partiels de leur dette mais plutôt de l'acquitter intégralement, aussitôt que possible, et sans conditions, car de telles conditions sont incompatibles non seulement avec les obligations légales des Etats-Unis mais aussi avec sa stature et son influence dans les affaires internationales.

M. ARTHUR C.I. MBANEFO (Nigéria), s'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que la cause principale des difficultés financières de l'Organisation tient dans le fait que certains pays développés, en particulier les plus importants contributeurs, ne s'acquittent pas intégralement, en temps voulu et sans conditions de leurs contributions au budget ordinaire. Il a réaffirmé que la crise financière de l'Organisation ne devrait pas être attribuée à la méthode de calcul du barème des quotes-parts. S'il s'est déclaré favorable à une attitude plus souple face aux pays qui ne peuvent, en raison de difficultés économiques, honorer leurs engagements, le Groupe a par ailleurs exhorté tous les Etats membres à verser intégralement, en temps voulu et sans condition leurs contributions. En outre, la pratique des emprunts croisés continue de peser sur les pays en développement fournisseurs de contingents et de matériel pour les opérations de maintien de la paix qui ne sont remboursés que de façon irrégulière et tardive du fait du non-paiement des contributions mises en recouvrement. Le représentant a signalé que les difficultés créées par le manque de liquidités destinées à financer les activités de l'Organisation affectent l'atmosphère de coopération et de confiance sur laquelle repose l'Organisation. Le problème du financement est au cœur de la survie des Nations Unies dans le futur, a-t-il fait remarquer.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud), s'exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés et s'associant à la déclaration faite par le représentant du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé la position du Mouvement qui considère que la crise financière de l'Organisation est due principalement au fait que certains pays développés ne s'acquittent pas intégralement, en temps voulu et sans conditions de leurs contributions. En outre il s'est déclaré préoccupé par l'utilisation des emprunts croisés entre le budget du maintien de la paix et le budget ordinaire

pratique, qui entraîne des retards dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents et de matériel, en particulier des pays du Mouvement des non alignés et d'autres pays en développement. Ainsi, M. Kumalo a prié tous les Etats Membres d'honorer leurs obligations et de verser leurs contributions afin qu'il soit mis fin à cette pratique. Selon les principes de la Charte des Nations Unies et le barème des quotes-parts établis par l'Assemblée générale, les opérations de maintien de la paix doivent être financées par les Etats Membres en tenant compte, notamment, des responsabilités particulières des cinq membres permanents du Conseil de sécurité ainsi que d'autres considérations économiques. Le représentant a insisté sur le fait qu'il est essentiel de maintenir la capacité de paiement comme critère fondamental gouvernant la répartition des dépenses des Nations Unies. Il est inacceptable de modifier le barème des quotes-parts en imposant des conditions allant à l'encontre des principes des Nations Unies, a-t- il réaffirmé. La réduction du plafond des quote-parts au titre du budget ordinaire serait une atteinte au principe de la capacité à payer.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a estimé que l'exposé de M. Connor sur la situation financière de l'Organisation était encourageant. L'ONU est plus vitale que jamais en ce début de siècle, ainsi que les Premiers Ministres du Japon et de la Chine le lui ont récemment confirmé, a indiqué M. Holbrooke. L'amélioration notée ne doit toutefois pas conduire à la complaisance et il reste beaucoup à faire. C'est pourquoi les Etats-Unis viennent de décider avec la Fédération de Russie de travailler conjointement à la réforme de l'Organisation. Sans avoir l'intention de présenter un plan complet de réformes, les deux délégations veulent travailler en étroite coopération pour présenter des propositions concrètes. La position des Etats-Unis est simple et peut être ainsi résumée, a affirmé M. Holbrooke : "L'ONU est indispensable mais lacunaire et il faut réparer l'ONU pour la sauver". Un monde sans l'ONU serait en effet beaucoup plus coûteux et beaucoup plus dangereux en matière de paix et de sécurité, a reconnu le représentant. Même si comme d'autres pays, les Etats Unis agissent parfois de manière indépendante pour répondre à des exigences et des intérêts nationaux, ils reconnaissent néanmoins que l'action collective menée par l'ONU est cruciale, tant pour le maintien de la paix que pour les activités réalisées par les institutions spécialisées. Le problème est que certains des défauts de l'ONU sont tellement considérables qu'ils menacent la capacité de l'Organisation, principalement en matière de maintien de la paix, à s'acquitter de son rôle.

Les Etats-Unis sont pleinement conscients des nombreuses critiques qui leur ont été adressées, mais il faut reconnaître que de grands progrès ont été réalisés, a ensuite déclaré M. Holbrooke. Le Congrès a notamment promulgué une loi visant à régler 926 millions de dollars au titre des arriérés. Un montant de plus de 120 millions de dollars a déjà été versé à ce titre, et le reste de la somme est disponible. Malheureusement, la vérité est qu'une grande partie des propositions de réforme formulées par le Secrétaire général en 1997 a été négligée. C'est le cas notamment des clauses-couperets. Plus que jamais aujourd'hui, l'Organisation a besoin d'une accumulation de petits changements lui permettant de répondre aux exigences nouvelles, a estimé le représentant, avant d'ajouter que les Etats-unis n'essaient pas d'imposer leurs vues à l'Organisation, mais avancent des propositions.

Dans le monde d'aujourd'hui, l'ONU doit être plus souple et créative et pour ce faire, il faudrait que les Etats Membres confient davantage d'outils de gestion au Secrétaire général pour qu'il puisse notamment coordonner davantage les activités de toutes les institutions, tout en se fondant sur des principes de gestion sains et sur

la responsabilité des directeurs de programmes. On ne peut pas se permettre en effet d'avoir des programmes mal conçus et mal gérés, a insisté M. Holbrooke. Par ailleurs, la fonction publique internationale doit aussi être plus moderne, plus flexible et plus consciente des nouveaux défis à relever. Pour sa part, le budget doit être plus équitable et plus stable en terme de croissance. Or par exemple, le fait que le budget du maintien de la paix doublera au moins cette année, présente le risque d'une vraie catastrophe pour l'Organisation, car ni le système financier ni le système de gestion en place ne permettent d'étayer les demandes sans précédent en matière de maintien de la paix. Toutefois pour l'instant, on a pas réussi à institutionnaliser le système de financement de ces activités, a regretté M. Holbrooke, avant de déclarer qu'il faut absolument les restructurer en étant ferme et honnête. Selon lui, les Etats africains ont d'ailleurs le plus à gagner d'une telle réforme.

Le défi véritable n'est pas posé par le non paiement de certaines contributions ou le niveau d'arriérés, mais plutôt par le système suranné et non équitable de répartition des dépenses, a expliqué ensuite le représentant américain. La répartition des dépenses est tout simplement injuste et certains pays se sont d'ores et déjà déclarés prêts à augmenter leurs contributions si la révision du barème était équitable. L'assise financière de l'ONU doit correspondre aux intérêts de toutes les régions et de toutes les opinions et il ne s'agit nullement d'imposer des fardeaux à ceux qui sont incapables de les supporter. Le problème est que malgré leur capacité incontestable de payer, certains pays ont un montant de quote-part très faible. Si l'on veut que l'Organisation fasse face aux défis futurs, le statu quo dans ce domaine ne conduira qu'à une crise où l'Organisation ne sera pas en mesure de remplir sa mission en matière de maintien de la paix, a mis en garde M. Holbrooke. Les enjeux sont très élevés et les Etats-Unis veulent que les efforts en matière de maintien de la paix soient efficaces et pleinement financés sur le terrain. Or, si le système de financement actuel du maintien de la paix n'est pas révisé, il sera impossible à l'Organisation de satisfaire les attentes croissantes de la communauté internationale, a insisté le représentant en conclusion.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que la situation financière critique de l'Organisation est son plus grand sujet de préoccupation. Ce qui est particulièrement alarmant, c'est que le manque chronique de liquidités affecte la capacité de l'Organisation en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, qui exige d'importantes ressources. Il ne faut pas oublier non plus que parallèlement, l'Organisation est en plein processus de réforme, or procéder à des réformes sous la pression d'une crise financière constante est une tâche très difficile. Cette situation anormale est le résultat d'un certain nombre de facteurs, dont le plus évident est le manque de volonté de la part de certains Etats Membres de s'acquitter de leurs obligations financières envers l'Organisation. Or le strict respect des obligations inscrites dans la Charte est la condition sine quo non de la stabilité financière de l'ONU et de son fonctionnement normal. C'est pourquoi, la Fédération de Russie, en dépit des difficultés économiques auxquelles elle est confrontée, s'est acquittée en totalité de sa contribution au budget ordinaire pour l'année en cours et a, depuis 6 ans, effectué des paiements au budget du maintien de la paix dépassant sa quote- part.

Une deuxième raison de la situation financière difficile de l'Organisation est la répartition injuste des dépenses de l'Organisation entre les Etats Membres, notamment en ce qui concerne le maintien de la paix, a également expliqué M. Lavrov. Pour lui, voilà des années qu'il est besoin de réformer la méthode de calcul du barème des quotes-parts, tant pour le budget ordinaire que pour celui du maintien de la paix. Il est désormais temps de prendre des mesures spécifiques en prenant en compte les suggestions légitimes formulées par divers experts. Pour sa part, la Fédération de Russie est disposée à examiner également les propositions visant à réduire la dépendance de l'Organisation à l'égard d'un contributeur. Elle estime néanmoins que le barème des quotes-parts doit reposer sur le principe de la capacité réelle de paiement. De plus pour être véritable, tout accord devrait prévoir à la fois le versement de tous les arriérés en suspens et les garanties permettant d'éviter toute crise financière artificielle. En outre, la révision du barème des quotes-parts doit faire l'objet de consultations multilatérales intensives et être décidée sur la base du consensus. C'est ainsi que la Fédération de Russie va examiner soigneusement les propositions que viennent de formuler les Etats-Unis. Elle souhaite coopérer activement avec ce pays dans tous les domaines. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de différences entre les deux délégations, mais celles-ci peuvent être surmontées pour renforcer la capacité de l'ONU et lui permettre de relever les défis du XXIème siècle, a expliqué le représentant. La déclaration conjointe faite aujourd'hui par les Etats-Unis et la Fédération de Russie a pour but de favoriser la coopération de chacun des Etats Membres, a précisé M. Lavrov en conclusion.

M. WANG YINGFAN (Chine) s'est inquiété des difficultés financières graves auxquelles continue de se heurter l'ONU. La Chine estime que la raison principale de la crise financière est le retard chronique dans le paiement des contributions dues par certains Etats Membres. La clef du problème est donc que ces Etats s'acquittent intégralement et en temps voulu de leurs obligations. De l'avis de la Chine, le principal objectif de la révision du barème des quotes-parts, telle que présentée actuellement, semble uniquement de parvenir à l'abaissement du taux plafond. Or le plafond actuel, fixé à 25%, est déjà très favorable au premier contributeur de l'Organisation, dont le PNB, en constante augmentation depuis les 9 dernières années, représente 27%, des richesses mondiales. L'abaisser ne ferait que rendre la répartition des dépenses encore plus injuste et nier davantage le principe de la capacité de paiement. Ceci est proprement inacceptable d'autant que le paiement des arriérés pour mettre un terme à la crise financière et la révision du barème des quotes-parts sont deux questions distinctes. On ne peut donc accepter que l'on fasse de l'abaissement du plafond du barème des quotes-parts, une condition au paiement des arriérés dus.

Pour ce qui est du fait que les pays qui sont membres permanents du Conseil de sécurité ne devraient pas bénéficier du dégrèvement au titre des faibles ressources par habitant, le représentant a rappelé qu'il n'est nulle part fait mention dans la Charte d'exception à ce principe ou d'un traitement spécial qui devrait être attribué aux membres permanents du Conseil de sécurité en matière de capacité de paiement. La Chine ne s'oppose toutefois pas à des ajustements appropriés qui pourraient être apportés au barème des quotes-parts. Elle estime simplement qu'aucune modification ne doit comprendre des mesures discriminatoires défavorables aux pays en développement. Pour sa part, la Chine est pleinement consciente des responsabilités

qui lui incombent en matière de paix et de sécurité. C'est pour cela qu'elle s'est toujours acquittée de ses obligations financières et a même accepté une relative surcharge de ses paiements au titre du maintien de la paix. Une situation financière saine et stable est indispensable à l'Organisation pour lui permettre de faire face à ses responsabilités.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a fait remarquer que l'Organisation doit jouer un rôle de plus en plus important en matière de prévention des conflits, de gestion des crises, de développement à long terme et de garantie des droits de l'homme et de la dignité humaine. En tant que l'un des principaux bailleurs de fonds des Nations Unies, la Norvège a versé au titre de ses contributions mises en recouvrement et de ses contributions volontaires un montant qui représente environ cent dollars par habitant, ses contributions volontaires étant vingt fois supérieures à sa quote-part. Le représentant a indiqué que parmi les 69 Etats Membres qui avaient versé, au 10 mars 2000, leurs contributions au titre du budget ordinaire figuraient à la fois des pays développés et des pays en développement. En ce qui concerne le remboursement des pays fournisseurs de contingents, il a souligné que ce n'était que la bonne volonté de ces pays qui avaient permis de maintenir l'Organisation à flot au cours des trois dernières années. M. Kolby a signalé que son pays soutient l'ensemble des propositions de réforme du système financier avancées par l'Union européenne.

M. YEHUDA LANCRY (Israël) a rappelé que les activités à l'ordre du jour de l'Organisation, qu'il s'agisse des opérations de maintien de la paix ou du développement, ne cessent de s'étendre. Afin d'être en mesure de répondre aux attentes de la communauté mondiale, ces programmes doivent bénéficier de ressources suffisantes. Ainsi le représentant a indiqué que son pays approuve une réforme du système financier de l'Organisation incluant notamment celle du barème des quotes-parts, à la fois au titre du budget ordinaire et du budget du maintien de la paix. En effet, l'objectif de cette réforme devrait être d'alléger le fardeau qui pèse sur le principal contributeur de l'Organisation, les Etats-Unis. Israël est prête à soutenir une réforme qui répartisse les coûts financiers de l'Organisation sur un plus grand nombre d'Etats à un moindre coût pour les pays en développement et les pays aux économies en transition, et sans changement pour les pays les moins développés.

M. HASMY AGAM (Malaisie), s'exprimant au nom de l'Association des Nations de l'Asie du sud-est (ANASE), a noté que malgré l'urgence de trouver une solution à la situation précaire de l'Organisation, peu de progrès avaient été accomplis. Ainsi cette situation affecte la capacité du Secrétariat à mettre en place de manière efficace et totale les programmes et les activités pour lesquels il a été mandaté. La principale cause de la crise financière réside dans le fait que certains des principaux contributeurs ne versent pas intégralement, en temps voulu et sans conditions leurs contributions au budget ordinaire ou au budget du maintien de la paix, a répété le représentant. L'ANASE regrette totalement l'idée selon laquelle c'est le barème des quotes-parts qui a généré une telle crise. Il est donc essentiel que les Etats membres règlent au plus tôt leurs arriérés et paient à temps leurs futures contributions. Le représentant a estimé qu'il est inacceptable d'imposer des

conditions pour le paiement des quotes-parts car cette pratique est contraire à la lettre et à l'esprit de la Charte des Nations Unies. En outre il a relevé que si la pratique des emprunts croisés était en régression, des remboursements devaient encore être versés aux pays contributeurs de contingents et de matériel. Si des progrès ont été réalisés, il n'en demeure pas moins qu'une Organisation "affamée" ne peut répondre aux attentes de ses Etats Membres. Il est donc temps, a déclaré M. Agam, d'agir pour mettre fin à cette situation critique.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a réitéré sa préoccupation face à la situation critique de l'Organisation. Si des améliorations considérables ont eu lieu dans le domaine de la trésorerie et des emprunts croisés, le total des arriérés dépasse néanmoins toujours 1,7 milliard de dollars, a-t-il ajouté. La République de Corée se félicite du fait que l'Organisation ait cessé d'emprunter au budget du maintien de la paix pour financer les activités inscrites au budget ordinaire. Toutefois les chiffres indiquent que l'Organisation pourrait avoir de nouveau besoin d'utiliser cette pratique, a averti le Représentant, pratique qui est imprudente, a des conséquences injustes sur les fournisseurs de contingents et ne peut être considérée comme une option durable. Les difficultés financières persistantes ont des impacts sur les activités mandatées et entravent les réformes entreprises par le Secrétaire général, a-t-il fait remarquer. Ces difficultés privent l'ONU de la souplesse nécessaire notamment pour financer les opérations de maintien de la paix. Pour le Représentant, le paiement des arriérés est la condition première de toute solution durable. Ainsi les Etats Membres doivent payer intégralement, en temps voulu et sans condition leurs contributions conformément à la Charte. Sans amélioration dans le paiement des arriérés, il est très difficile pour les Etats Membres de considérer sérieusement la réforme des quotes-parts, a estimé le représentant. Ainsi sa délégation est ouverte à toute proposition constructive pour accélérer le paiement des arriérés et souhaite examiner les possibilités pour que le système de mise en recouvrement soit plus équitable et plus transparent.

M. YUKIO SATO (Japon) s'est dit soulagé d'apprendre que la situation financière devient moins critique. Toutefois il est évident qu'il faut continuer d'améliorer cette situation. Les difficultés sont essentiellement dues au retard dans le versement des contributions et aux arriérés. Or payer ses quotes-parts est une obligation solennelle de tout Etat Membre. Il est important d'assurer la stabilité de l'assise financière des Nations Unies, mais rendre le barème des quotes-parts équitable est tout aussi essentiel, afin que les populations acceptent de bon gré de supporter la part des dépenses de l'Organisation qui leur revient. Or la situation actuelle est loin d'être équitable et juste. Par exemple, pour le Japon, ces dernières années le niveau de contribution a fait l'objet d'un mécontentement et d'une incompréhension croissants de la population. Il est incompréhensible en effet de voir la quote-part du Japon située à plus de 20% alors que sa part du PNB mondial est toujours de 17%. Cette situation est intenable et plus marquée encore pour ce qui concerne le maintien de la paix. Le Japon estime d'ailleurs que dans ce dernier domaine, les membres permanents du Conseil de sécurité ont des obligations particulières. Il faut donc réviser la méthode actuelle d'établissement du barème. C'est pourquoi le Japon appuie les propositions de réforme des Etats-Unis notamment. Le Japon est convaincu que grâce à des consultations, une solution pourra être trouvée, permettant à chaque Etat Membre d'honorer ses obligations et à l'Organisation de relever les défis du nouveau siècle.

M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a estimé qu'il est urgent de remédier à la crise financière de l'Organisation. Il est important de ne pas compter sur un seul contributeur ou un petit nombre d'Etats pour assurer le financement de l'Organisation. Il convient en effet d'éviter que l'ONU ne devienne l'otage de telle ou telle partie. Toutefois tous les Etats Membres sont dans l'obligation de verser leurs quotes-parts en totalité, en temps voulu et sans conditions. Les Etats redevables doivent absolument verser l'intégralité de leurs arriérés pour que l'Organisation demeure en mesure de remplir pleinement ses mandats. Il est donc nécessaire de rechercher le meilleur moyen qui permettra à l'ONU de recueillir les sommes qui lui sont dues, tant pour le budget ordinaire que pour celui du maintien de la paix. La dette due par les Etats Membres atteint un niveau alarmant et le fait que certains Etats Membres ne se sont pas acquittés de leurs obligations a fait peser un fardeau supplémentaire sur les pays contributeurs de troupes et de matériel au maintien de la paix. Or, ces pays contributeurs sont pour un grand nombre des pays en développement.

Les indices de danger sont donc multiples et plutôt que la confrontation ou l'imposition d'un point de vue, il faut entamer une consultation constructive intensive et mener des négociations visant à surmonter les différends, afin d'assurer le versement des arriérés et garantir un flux de liquidités indispensables aux Nations Unies, qui seulement alors pourront être efficace. L'Egypte est pour sa part disposée à rechercher le meilleur moyen de parvenir à cet objectif.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a déclaré que ce n'est qu'avec une assise financière solide que l'Organisation pourra répondre aux attentes des Etats Membres, notamment dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale qui nécessite un soutien continu en matière de financement. La Tunisie se félicite du fait que l'Organisation ait engagé un processus de réforme de grande envergure en ayant notamment recours à des modes de gestion qui tiennent compte du rapport coût-efficacité et en observant une discipline budgétaire remarquable. Le représentant a fait remarquer qu'il faut garder à l'esprit qu'il s'agit là d'une tache de longue haleine. En effet il faut modifier un système qui existe depuis plus d'un demi-siècle, et ce en tenant compte des points de vue et spécificités des pays, régions et groupements qui composent les Nations Unies. En ce qui concerne le barème des quotes-parts, la Tunisie demeure ouverte aux propositions, celles-ci devant se fonder sur la consécration du principe de la capacité de paiement, l'examen de l'impact de toute modification de la méthode de calcul du barème sur les pays en développement et la nécessité d'une décision politique pour la modification du taux plafond des contributions. Il est urgent de parer à la grave situation financière qui entrave sérieusement la capacité de l'ONU à s'acquitter des responsabilités que les Etats Membres lui ont confiées, a affirmé le représentant.

M. KAMALESH SHARMA (Inde) a fait remarquer que les six derniers budgets de l'Organisation sont passés d'une croissance à presque zéro, à zéro puis à une croissance négative. Le représentant a également noté que les critiques relatives aux dépenses du Secrétariat n'existaient pas dans d'autres organisations auxquelles appartenaient les principaux contributeurs de l'ONU.

Depuis cinq ans, 1349 postes ont été supprimés à l'ONU confortant ceux qui considéraient qu'il y avait là un surplus de personnel. Pourtant ce sont les mêmes qui demandent que le Département des opérations de maintien de la paix soit autoriser à recruter du personnel à titre gracieux. Ce qui veut dire qu'il y a un besoin de personnel au Département mais que ceci ne peut être mentionné en Cinquième Commission pas peur de voir augmenter le budget ordinaire pour financer les postes nécessaires, a estimé le représentant. Dans une organisation où une part importante du budget est consacrée au salaire du personnel, il est presque impossible d'économiser à moins de réduire les effectifs ou les salaires, cette dernière mesure n'étant pas souhaitable. M. Sharma a estimé que le principe Noblemaire, qui doit permettre de recruter les fonctionnaires les plus qualifiés, n'est déjà plus qu'une fiction. Ainsi les problèmes financiers combinés à l'abandon du principe Noblemaire suscitent des préoccupations quant à la politisation des travaux du Secrétariat.

Il a été dit que les problèmes financiers de l'Organisation, dus au non paiement des contributions, persisteraient si la question du plafond des quotes- parts n'était pas abordée. Le représentant a signalé que si le droit de négocier un plafond plus bas est ouvert à tous, il est exclu que cette décision soit unilatérale car ce n'est pas le niveau du plafond qui est sacrosaint, mais bien la Charte. L'Inde estime que la capacité de paiement devrait demeurer la base de calcul des quotes-parts. Toutefois, il est possible de rendre ce procédé plus démocratique. Dans ce contexte, si le taux plafond passe de 25 % à 22%, il n'y aura non pas un mais deux pays contribuant majoritairement à l'Organisation. Il serait donc bon de considérer un barème où un nombre suffisant de pays participerait financièrement pour un montant proche du taux plafond, a recommandé M. Sharma. En ce qui concerne le budget du maintien de la paix, l'Inde est un pays auquel l'Organisation doit encore d'importantes sommes et si elle a attendu longtemps ces paiements, tout comme d'autres pays en développement, il devrait y avoir une échéance à laquelle l'ONU serait tenue de verser ces remboursements.

M. GELSON FONSECA (Brésil) a fait observer que malgré certains versements importants réalisés en 1999, la situation financière de l'Organisation n'est toujours pas bonne. Pour sa part, le Brésil s'est acquitté en décembre dernier d'une partie de ses arriérés et ce, malgré les effets dévastateurs de la crise financière internationale. Le représentant a précisé en outre que les sommes dues par l'Organisation, soit 18 millions de dollars, à son pays équivalent à sa contribution annuelle. Rappelant que le budget adopté en décembre dernier par l'Assemblée générale représente une croissance zéro, soit en termes réels une diminution des ressources, le représentant a estimé que le processus de réforme administrative lancé par le Secrétaire général doit, dans ces conditions, impérativement être mené à bien. C'est pourquoi, le Brésil est ouvert à toute proposition des Etats Membres visant à améliorer la situation financière de l'Organisation.

Le budget du maintien de la paix est aussi une source de préoccupation, d'autant que de nouvelles missions ont été lancées et que d'autres ont vu leurs activités étendues, a poursuivi M. Fonseca. Une réforme administrative devrait également être envisagée dans ce domaine afin d'optimiser l'utilisation des ressources allouées. Le recours à la budgétisation fondée sur les résultats pour le maintien de la paix pourrait peut-être s'avérer un outil utile, a suggéré le représentant. Le Brésil est convaincu que les difficultés financières de l'ONU ne

sont pas provoquées par la méthode d'établissement du barème des quotes-parts. Ce dernier pourrait certes être amélioré, mais la principale raison de la crise financière ne réside pas là et est bien connue, a affirmé M. Fonseca. S'agissant du barème des quotes-parts, le Brésil estime qu'il doit être juste et prévisible et fondé clairement sur la capacité de paiement sans distorsion. Or le niveau actuel du plafond constitue déjà une énorme distorsion. Il n'y a donc pas de raisons objectives pour abaisser le plafond, bien au contraire. Pour ce qui est du barème du maintien de la paix, le Brésil estime aussi qu'il n'y a aucun lien entre sa méthode d'établissement et l'insuffisance des liquidités. De son avis, le barème du maintien de la paix devrait être institutionnalisé et maintenu dans son format actuel.

M. ELHASSANE ZAHID (Maroc) a noté avec satisfaction que, tout en demeurant précaire, la situation financière de l'Organisation a connu quelques améliorations en 1999. Le représentant a particulièrement salué le personnel du Département des opérations de maintien de la paix qui a réussi à s'acquitter de ses lourdes tâches malgré la diminution des ressources. Le tableau présenté ce matin par M. Connor demeure préoccupant, a-t-il mis en garde. Selon lui, l'un des facteurs particulièrement préoccupant est le retard dans les remboursements dus par l'Organisation aux Etats Membres contributeurs de troupes et de matériel et le retard dans la mise en œuvre d'activités fondamentales. Le consensus sur le principe de la capacité de paiement n'est nullement remis en cause et partant le Maroc estime qu'il faut rechercher des solutions consensuelles, tenant compte des particularités de chacun. Si la capacité de payer doit demeurer la base principale, le représentant a estimé que ce principe doit néanmoins être corrigé pour atténuer les diverses facteurs, tels que le niveau de développement et celui de la dette extérieure, qui affectent de nombreux pays, notamment ceux en développement. Le Maroc ne s'oppose pas à des modifications du barème des quotes- parts, à condition qu'elles soient acceptables par tous et n'engendrent aucun fardeau supplémentaire pour les pays en développement. Le Maroc n'exclut donc pas la modification éventuelle du plafond.

M. RIAZ HAMIDULLAH (Bangladesh), s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine ainsi qu'à celle faite au nom du Mouvement des non alignés, a fait remarquer que si la situation financière s'est légèrement améliorée, elle n'est certainement pas celle souhaitée. Les sommes dues par les Etats Membres aux Nations Unies atteignent presque 2,5 milliards de dollars et les remboursements aux pays fournisseurs de contingents sont encore à verser. La discussion sur le barème des quotes-parts, sans doute l'une des plus difficiles à mener, doit tenir compte des différents niveaux de revenus des Etats, des structures de leur économie, des réalités de la mondialisation, des difficultés qui pèsent sur un certain nombre d'Etats Membres tout en demeurant conforme aux principes de la Charte. Ainsi le représentant a suggéré une approche pragmatique et compréhensive sans laquelle la confiance et la coopération au sein des Nations Unies risque d'en pâtir.

M. AIZAZ AHMAD (Pakistan) a partagé toutes les préoccupations exprimées ce matin relatives à la mauvaise situation financière de l'ONU. La stabilité et la solvabilité financières de l'Organisation sont indispensables et à cette fin, le paiement intégral et dans les délais des obligations financières de tous les Etats Membres est essentiel. Les activités doivent se fonder sur un financement et un niveau de ressources réalistes, or la mauvaise santé financière de l'Organisation a conduit à des pratiques financières peu souhaitables, comme celle des emprunts croisés. Cette pratique a notamment eu pour résultats d'entraîner d'importants retards dans les remboursements des sommes dues par l'Organisation aux Etats contributeurs de troupes et de matériel.

Malgré les grandes réformes entreprises depuis la 52ème session, force est malheureusement de constater que la situation financière ne s'est pas améliorée, a regretté le représentant, ajoutant qu'il est plus nécessaire que jamais de mener à bien le processus de réforme avec succès. Le Pakistan insiste sur le fait qu'il n'y a aucun lien entre la crise financière et la méthode d'établissement du barème des quotes-parts. En outre, toute modification de ce barème ne devrait en aucun cas être liée à la réforme de l'Organisation. En fait, il faut mettre au point des démarches novatrices et réalistes pour sortir de l'impasse. Il faut examiner l'ensemble de la question avec détermination et en ne perdant jamais de vue le principe de la capacité de paiement. Le Pakistan estime aussi qu'alors que le processus de réforme se poursuit, les Etats Membres ne devraient pas s'abstenir de s'acquitter de leurs obligations financières. Parallèlement, le Secrétariat doit continuer de chercher les moyens d'utiliser de manière optimale les ressources financières à disposition. La question de la situation financière de l'ONU doit être traitée de manière prioritaire en ce début de XXIème siècle, a déclaré le représentant en conclusion.

M. VLADIMIR GALUSKA (République Tchèque) a rappelé que l'ONU reflète les intérêts communs des peuples du monde entier et a souhaité une ONU démocratique, attentive et transparente. Si certaines questions peuvent fortement retenir l'intérêt de la communauté internationale, d'autres questions ne doivent cependant pas être négligées. La république Tchèque a toujours rempli ses obligations financières et a versé, en 1999, plus de 2 millions de dollars au titre du budget ordinaire et du budget du maintien de la paix malgré les difficultés auxquelles elle fait encore face. Elle a notamment augmenté de 30% son soutien financier aux activités de développement et ses contributions volontaires atteignent 750 000 dollars, a expliqué le représentant. De même son pays a avancé le paiement partiel de ses contributions mises en recouvrement pour l'année 2000 à la fin de l'année 1999 et a versé le reste fin janvier 2000. Favorable au renforcement de l'autorité de l'ONU, le représentant a noté qu'une bonne partie des réformes du Secrétaire général reste encore à introduire pour lesquelles un financement adéquat est nécessaire.

M. ULADZIMIR VANTSEVICH (Bélarus) a relevé que l'on a précédemment indiqué que la situation des contributions au maintien de la paix de son pays n'avait pas été modifiée. La situation de son pays dans ce domaine a au contraire fortement changé et pour le mieux, a-t-il souligné, et ce depuis décembre 1999 après que la Cinquième Commission ait modifié le calendrier des contributions pour le Bélarus. Dès janvier 2000, le Bélarus a versé ses contributions pour les opérations de maintien de la paix mises en place après le 1 janvier 1999, a signalé le représentant. Le Belarus a également fait des paiements partiels pour les deux Tribunaux et pour les opérations de la paix mises en place avant le 1er janvier 1999. Le représentant a fait remarquer que le non versement des paiements au titre du maintien de la paix était du à des raisons indépendantes de la volonté de son pays. Le Belarus continuera de payer ses quotes-parts malgré toutes ses difficultés. Le représentant a souligné que le Bélarus fait partie des huit premiers Etats Membres qui se sont acquittés de leur contribution pour une période de deux ans au 2 janvier 2000. En outre le Belarus est prêt à discuter de façon constructive de tous les éléments composant le barème des quotes-parts.

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