AG/989

L'ASSEMBLEE ENCOURAGE LA SOCIETE CIVILE A PARTICIPER A L'ANNEE DES NATIONS UNIES POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS, EN 2001

10 décembre 1999


Communiqué de Presse
AG/989


L'ASSEMBLEE ENCOURAGE LA SOCIETE CIVILE A PARTICIPER A L'ANNEE DES NATIONS UNIES POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS, EN 2001

19991210

Elle déplore la recrudescence du conflit en Afghanistan et préconise un règlement pacifique afin de rétablir la sécurité dans la région

L'Assemblée a, cet après-midi, engagé les gouvernements à encourager tous les membres de la société à prendre part au dialogue entre les civilisations et à leur fournir l'occasion d'apporter leur contribution à l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations. Par un texte adopté sans vote tel qu'amendé oralement par la République islamique d'Iran, elle a invité les gouvernements, les organismes des Nations Unies, y compris l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, ainsi que les autres organisations internationales et organisations non gouvernementales compétentes, à poursuivre et à accélérer la planification et l'organisation de programmes culturels, éducatifs et sociaux appropriés pour promouvoir ce dialogue.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Indonésie, Burkina Faso, Singapour, Haïti, Israël et République arabe syrienne.

L'Observateur permanent de la Suisse et de l'Organisation de la Conférence islamique ont également fait une déclaration.

L'Assemblée générale a ensuite entamé l'examen du point relatif à la situation en Afghanistan pour lequel elle était saisie d'un projet de résolution présenté par l'Allemagne et par lequel elle demanderait à toutes les parties afghanes, et en particulier aux Taliban, de cesser les hostilités et d'engager un dialogue politique en vue de parvenir à un règlement durable du conflit. Elle demanderait à tous les Etats de s'abstenir de toute ingérence extérieure. Elle exigerait avec force que toutes les parties afghanes, en particulier les Taliban, s'abstiennent d'offrir un refuge ou un entraînement aux terroristes internationaux et fassent le nécessaire pour coopérer aux efforts visant à traduire en justice sans retard les personnes accusées de terrorisme. Dans ce contexte, elle déplorerait que les Taliban continuent d'offrir un refuge à Usama bin Laden et les prierait instamment de le remettre sans plus tarder, comme l'a exigé le Conseil de sécurité. L'Assemblée demanderait à nouveau à toutes les parties afghanes, en particulier aux Taliban, de cesser toutes les activités illégales liées à la drogue. Elle exigerait, en outre, qu'elles coopèrent sans réserve avec l'ONU et les organisations à vocation humanitaire et leur demanderait d'assurer la fourniture sans interruption d'une assistance humanitaire à tous ceux qui en ont besoin. (à suivre 1a) - 1a - AG/989 10 décembre 1999

Afin de permettre l'examen des incidences sur le budget programme de ce projet de résolution, l'Assemblée se prononcera sur celui-ci à une date ultérieure.

Au cours du débat sur ce point elle a entendu de nombreuses délégations appeler les parties au conflit à consacrer leur énergie à la recherche d'une solution politique. Si les pays voisins cessaient de fournir des armes, un règlement serait plus proche et tangible, a estimé le représentant de l'Allemagne. Les délégations ont condamné l'escalade de la violence au cours des derniers mois et se sont émus les souffrances entraînées par ces combats sur les populations civiles. Pour le représentant de l'Afghanistan, cette situation est due à l'existence dans la région d'un triangle funeste formé par la mafia politico- militaire du Pakistan, les réseaux terroristes et des trafiquants de drogue internationaux, et la milice des Taliban. Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à exiger du Pakistan qu'il retire ses soi-disant "volontaires" et son personnel militaire de l'Afghanistan. Il a, par ailleurs, regretté que les sanctions imposées par le Conseil de sécurité aux Taliban n'aillent pas au-delà de la demande d'extradition de Usama bin Laden.

Le représentant du Pakistan a, quant à lui, critiqué le fait que les Nations Unies attribuent aux Taliban l'unique responsabilité des maux qui pèsent sur l'Afghanistan depuis vingt ans. A cet égard, il a engagé la communauté internationale, si elle veut rester crédible, à faire preuve d'impartialité dans le règlement de ce conflit.

L'Afghanistan est devenu, cette année, le premier producteur d'opium au monde. Le représentant de la République islamique d'Iran a expliqué que son pays devra consacrer, l'an prochain, plus d'un milliard de dollars à la lutte contre le trafic de stupéfiants à ses frontières. Le représentant des Etats-Unis a vivement regretté que les Taliban continuent d'héberger des groupes terroristes et a invité les Etats Membres à faciliter le travail du Comité des sanctions du Conseil de sécurité, en lui fournissant des données sur ces réseaux terroristes.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Finlande, au nom de l'Union européenne et des pays associés; Etats-Unis; Japon; Turquie; République islamique d'Iran; Norvège; Fédération de Russie; Egypte; Pakistan; l'Ouzbékistan et Afghanistan.

Le Président a, par ailleurs, annoncé des modifications au programme de travail de l'Assemblée. L'examen de la question intitulée "La situation en Bosnie-Herzégovine" est reporté à une date ultérieure et la question relative aux "Incidences mondiales du problème informatique posé par le passage à l'an 2000" sera examinée le mercredi 15 décembre dans la matinée.

L'Assemblée général reprendra ses travaux le mercredi 15 décembre à 10 heures.

DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATION (Point 34)

Adoption d'une résolution

Aux termes d'une résolution intitulée Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations (A/54/L.60) présentée par la République islamique d'Iran et telle qu'amendée oralement et adoptée sans vote, l'Assemblée générale invite les gouvernements, les organismes des Nations Unies, y compris l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture ainsi que les autres organisations internationales et organisations non gouvernementales compétentes, à poursuivre et à accélérer la planification et l'organisation de programmes culturels, éducatifs et sociaux appropriés pour promouvoir le dialogue entre les civilisations, notamment en organisant des conférences et des séminaires et en diffusant des informations et des ouvrages théoriques sur la question, et à informer le Secrétaire général de leurs activités.

L'Assemblée générale engage également les gouvernements à encourager tous les membres de la société à prendre part au dialogue entre les civilisations et à leur fournir l'occasion d'apporter leur contribution à l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations.

Fin du débat

M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a rappelé que l'humanité ne pouvait que bénéficier d'une intensification et d'une amélioration des communications. Les technologies de l'information contemporaines et les progrès des communications et des transports, non seulement, facilitent le dialogue entre les civilisations mais le rendent impératif. Ainsi le représentant a indiqué que l'effet de la mondialisation ne sera positif que si les peuples dialoguent au lieu de se combattre. Le dialogue entre les civilisations est également essentiel pour mettre un terme au racisme et à la discrimination raciale ainsi que pour promouvoir les droits de l'homme par la coopération et la compréhension, a-t-il estimé. A cet égard, il a rappelé que la proposition de l'Iran de promouvoir ce dialogue était fondée sur l'idée que la diversité de l'humanité est une force et non un motif de division. Composée de centaines de groupes ethniques différents, l'Indonésie tire sa force de sa diversité, a précisé le représentant. Il a noté les propositions de l'Organisation de la Conférence islamique pour un projet de Déclaration universelle sur le dialogue entre les civilisations et un programme d'action de 10 ans.

M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que dans leur mission de sauvegarde de la paix internationale, les Nations Unies devaient faire du dialogue entre les civilisations leur arme principale car, elle seule viendra à bout des innombrables conflits, des affrontements et des antagonismes entre les hommes. Il a ajouté que paix et dialogue étaient intimement liés et participaient étroitement à la recherche de la civilisation de l'universel.

Assumant la présidence du Groupe de l'Organisation de la Conférence Islamique des Nations Unies le Burkina Faso a tenu à rappeler l'importante "Déclaration de Téhéran" sur le dialogue des civilisations. A cette entreprise gigantesque du dialogue entre les civilisation, tous les Etats sont naturellement conviés car il s'agit d'une oeuvre collective destinée à donner à notre monde un visage plus humain. Gouvernements, organisations et institutions, chercheurs, politiques, religieux, tous sont donc invités à exécuter des programmes éducatifs, sociaux et culturels appropriés afin de promouvoir le dialogue entre les civilisations. Bientôt, Bethléem 2000 sera un grand témoignage de dialogue interculturel et interconfessionnel. Célébrer la naissance du Christ en terre d'Islam est une preuve de tolérance, un exemple de fraternisation à nul autre pareil, dont le mérite revient à la coopération entre l'Autorité palestinienne, le Saint-Siège et l'Italie, a-t-il déclaré. Puisse cet acte concret, inspirer et guider la communauté internationale pour faire vraiment de l'an 2001, l'Année du dialogue entre les civilisations.

M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a observé que le monde n'a jamais été aussi petit qu'il l'est aujourd'hui. Des civilisations éloignées les unes des autres sont aujourd'hui devenues voisines. Etablissant une analogie, le représentant a déclaré que si par le passé les civilisations voyageaient dans des bateaux différents et sur divers océans, elles sont aujourd'hui sur le même bateau. Or, avec des passagers qui ne s'entendent pas, un bateau ne peut aller très loin. De même, nos vies sont devenues interdépendantes, a-t-il expliqué. L'interdépendance économique est aujourd'hui admise, et les répercussions mondiales de la crise asiatique en ont encore administré une preuve éclatante. Le représentant a rappelé que nous partageons également un même environnement puisque les nuages radioactifs ne respectent pas les frontières. D'un point de vue culturel, les masse média, les télécommunications et l'Internet ont rapproché les cultures à un niveau jamais atteint jusqu'ici.

M. Mahbubani a estimé que pour la première fois dans l'histoire, plusieurs grandes civilisations peuvent aujourd'hui fleurir en même temps. Il a, par ailleurs, estimé que pour que le dialogue entre les civilisations soit couronné de succès, la tolérance et la diversité doivent prévaloir. Singapour peut, à cet égard, servir de modèle avec sa population de trois millions d'habitants, ses quatre langues officielles, et ses diverses religions. Le respect de la multiplicité ethnique est d'ailleurs une des clefs de la survie à long terme de ce pays. L'Amérique du nord et l'Europe occidentale, si elles ont partagé les progrès de leur civilisation avec le reste du monde, ne doivent pas croire pour autant que le processus d'apprentissage mondial est à sens unique. Le représentant a rappelé que toutes les sociétés ont quelque chose à apprendre des autres.

Le représentant a indiqué que les civilisations, contrairement aux Etats, ne disposent pas de structures organisées, ce qui pose donc un problème de représentation. Il a été relativement facile de créer les Nations Unies ; il sera difficile, si ce n'est impossible, de créer une ligue des civilisations. Choisir ou élire les représentants des civilisations pour ce dialogue s'avérera une tache délicate, a-t- il ajouté. SINGAPOUR

M. AZAD BELFORT (Haïti) a déclaré que le thème du "dialogue des civilisations" survient au moment où la notion de choc des civilisations ne cesse de jeter un trouble de plus en plus grand dans l'esprit des êtres humains. On ne saurait parler valablement du dialogue des civilisations sans se référer à la question de la mondialisation qui n'en finit pas de transformer en profondeur les structures de la société internationale dans le sens d'une certaine uniformisation. Aujourd'hui, la suprématie économique, technologique et militaire incontestée d'un seul camp, tend à se traduire en une tendance croissante vers l'unilatéralisme suscitant ainsi des réactions identitaires, intolérantes et parfois mêmes violentes. Un tel processus ne peut que susciter des inquiétudes et il devient légitime de tout mettre en oeuvre pour que la mondialisation soit respectueuse de la diversité des sociétés humaines. Il importe donc d'humaniser ce processus en le tenant aussi éloigné de la sacralisation que de la diabolisation, et de veiller à ce que l'innovation serve la diversité en non la standardisation, l'intégration et non l'exclusion, en sauvegardant cette identité humaine qui est notre richesse fondamentale.

Il a déclaré qu'au delà de son discours uniformisateur et globalisant, le triomphe de la mondialisation signifiait aussi la fin des "grands historiens" destructeurs de différences et la possible naissance d'un véritable pluralisme culturel et constructif, se nourrissant aux sources du dialogue entre les civilisations. Ce dialogue ne peut que contribuer à la paix et à la tolérance, en ouvrant un espace permettant de s'attaquer aux causes profondes des conflits, a-t-il conclu.

M. LANCRY (Israël) a déclaré que son pays s'associera au consensus sur la résolution présentée. Le peuple d'Israël a connu, à travers les épreuves passées, de multiples relations plurielles, fécondes et enrichissantes avec les peuples du monde. Il a également noté que les confluences avec les trois religions monothéistes sont un tronc commun parmi les plus important du monde d'aujourd'hui. Se référant aux coexistences du passé qui ont compté pour le peuple d'Israël, en Perse, en Egypte ou au cours de l'âge d'or espagnol, il a fait observer que la notion de dialogue ne doit pas être entendue au sens réducteur, mais comme une discussion à plusieurs dont la logique stipule une synthèse où se concilient les contraires. Lors des négociations actuelles visant à la mise en place de la paix et de la réconciliation, le représentant a attiré l'attention sur le caractère du dialogue qui reste limité au volet politique. Il a ajouté qu'il était urgent de lui donner une assise interculturelle et intercivilisationnelle où la diversité et l'unité tisseront les strates de la coexistence humaine. Le représentant partage l'opinion selon laquelle le dialogue demeure la force motrice dans l'entente entre les peuples. C'est vers cet objectif que tend le Gouvernement israélien. Il entend sublimer la paix politique en une relation régionale plus large, une symbiose entre champs culturel, spirituel, politique et économique. Le peuple d'Israël historique, de même que dans sa réincarnation moderne dans l'Etat israélien, s'engage à cette ouverture avec la ferme espérance que la famille des Nations l'y associera sans réserve et sans compromission, a conclu le représentant.

M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a déclaré que parler des civilisations c'est parler des cultures qui enrichissent les civilisations. La culture, a-t-il poursuivi, est à l'origine de la civilisation, elle est à la base de la science, des découvertes révolutionnaires, de l'invention de la technologie informatique, des sciences électroniques qui ont fait de notre planète un petit village. Il a souligné l'importance du dialogue entre les civilisations qui ouvre grand la voie aux échanges et aide à aller vers le mieux. Il a rappelé que le monde arabe et la Syrie constituent le berceau des grandes civilisations et des trois religions monothéistes. L'Euphrate a assisté aux premiers pas de l'homme dans de nombreux domaines. Les anciennes civilisations assyriennes ont, en effet, fourni les bases dans de nombreux domaines intellectuels et pratiques aux autres civilisations, tels notamment que l'architecture, l'écriture cunéiforme, mais aussi les premiers textes de loi. Ces exemples sur le rôle de la civilisation arabe et islamique prouvent la continuité et l'interaction des civilisations entre elles.

M. Webhe a estimé qu'aucune civilisation ne peut rester muette devant l'injustice, la pauvreté et la marginalisation. C'est pourquoi, le monde a aujourd'hui besoin de coopération et de solidarité pour combler l'écart qui se creuse entre pays riches et pays en développement. Il a, par ailleurs, mentionné la Conférence du mouvement des non-alignés qui s'est tenue en 1997 en Colombie. Les non-alignés y ont rappelé que l'identité culturelle de chaque pays est un patrimoine riche à sauvegarder pour les générations futures et l'humanité tout entière. Il a mentionné la Déclaration sur la diversité culturelle et la tolérance et le Programme d'action adoptés par les non-alignés. Lors de cette Conférence ils ont aussi mis l'accent sur la responsabilité des Etats à garantir et sauvegarder la diversité culturelle sous toutes ses formes.

Face à ceux qui prétendent que les conflits entre les civilisations sont inévitables, il a rappelé que la civilisation arabe et islamique a été fondée sur la tolérance. Les différences, a-t-il remarqué, n'empêchent pas de coexister et de se comprendre. Il a estimé que le dialogue entre les civilisations doit se fonder sur les principes de justice, du droit international et de la Charte des Nations Unies. Il a indiqué que la définition d'un dénominateur commun de valeurs entre les civilisations et au sein d'une même civilisation, permettra de surmonter le problème de l'hégémonie culturelle. Il a aussi invité les gouvernements à encourager le dialogue entre les civilisations et à le faciliter. Le représentant a suggéré

que les principes contenus dans la résolution sur la culture de la paix, dont le respect mutuel, la coopération et le respect du droit international soient pris en compte en ce qui concerne le dialogue entre les civilisations. C'est pourquoi, il a condamné l'occupation de territoires étrangers qui va à l'encontre de la culture de la paix.

M. JANO C. A. STAEHELIN, Observateur permanent de la Suisse auprès des Nations Unies, a expliqué que la Suisse qui est un pays pluriculturel, a une expérience du dialogue entre gens de différentes cultures. Elle sait non seulement qu'un tel dialogue est nécessaire et possible mais également immensément enrichissant pour tous les intéressés. Cependant, la cohabitation pacifique n'est jamais assurée; elle exige un effort continuel. Dans la mesure où notre planète est engagée dans un processus d'intégration toujours plus grande, l'Observateur a estimé qu'elle a besoin d'une base éthique commune qui puisse déterminer le comportement de ses habitants au-delà du cadre juridique du droit des gens. Le dialogue entre les civilisations est, à cet égard, l'un des meilleurs moyens pour chercher une telle base commune qui repose sur un consensus mondial. Il s'est, par ailleurs, félicité de la nomination de M. Giandomenico Picco, comme Représentant personnel du Secrétaire général. Il a annoncé que la Suisse a décidé de financer une partie de l'infrastructure dont aura besoin le Représentant. Elle a effectué un paiement de 150 000 dollars. Elle est également entrain de réfléchir à des projets concrets susceptibles de s'intégrer dans l'Année du dialogue.

M. Staehelin a fait remarquer que le dialogue entre les civilisations ne part pas de zéro, mais qu'il peut profiter de différents éléments qui existent déjà dans le cadre du Système des Nations Unies, dont les "principes de tolérance" et de la "culture de la paix". Pour lui, l'idée de créer un lien organique entre les années thématiques de 2000 et 2001, au cours desquelles seront abordés respectivement la culture de la paix et le dialogue entre les civilisations est excellente. De même, l'Observateur a accueilli avec satisfaction l'intention du Représentant personnel, qui confronté à un sujet aussi vaste, entend mettre en valeur les événements et des personnes existants déjà et symbolisant le dialogue. Les projets rapprochant les gens sont en effet plus prometteurs que les grands débats abstraits, a-t-il déclaré. Il a mis l'accent sur le fait que l'Année du dialogue n'atteindra son véritable objectif que si la notion même de dialogue ainsi que les valeurs qui lui sont étroitement liées pourront être répercutées dans la pratique, pour diminuer les tensions, prévenir ou même résoudre des conflits. la Suisse, a-t-il déclaré, souhaite que cette initiative débouche effectivement sur un ou plusieurs processus de réconciliation dans le monde, laissant ainsi des traces tangibles et concrètes.

M. MOKHTAR LAMANI, Observateur de l'Organisation de la Conférence islamique a estimé que le dialogue des civilisations ouvre de grandes perspectives. Il doit se baser sur des principes moraux indispensables pour l'action internationale en faveur de la paix. L'histoire montre à quel point la civilisation islamique, civilisation éternelle, y a contribué dans tous les domaines. Basée sur la foi, cette civilisation a également garanti le progrès des arts et des sciences, tout en créant des interactions avec d'autres peuples et civilisations en Asie, en Afrique et en Europe. Elle a toujours cherché la solidarité avec les êtres humains dans ce qu'ils ont de plus riche. Dans ce cadre, il n'est pas étonnant que cette question ait été présentée par le Président iranien Khatami, a noté le représentant. La résolution s'adresse à tous les hommes, quelles que soient leurs langues, leur race, leur appartenance culturelle et religieuse. Le représentant a ajouté que la diversité a toujours été un moyen de progrès des civilisations. Elle demeure une base solide pour une coopération fructueuse au prochain millénaire. Un récent séminaire tenu à Téhéran s'est penché sur les modes du dialogue entre les civilisations, le terrain favorable à une coopération fructueuse et le fondement moral indispensable à ce dialogue. Le représentant, a noté que les conclusions auxquelles ont abouti cette réflection ont été le respect de l'égalité et de la diversité mutuelles et sont des éléments cruciaux, comme l'est aussi la volonté de justice, d'équité et de paix. En coopération avec les Nations Unies, les Ministres des affaires étrangères de l'OCI entendent préparer à partir de ces réflexions un projet de déclaration internationale qui consacrera les valeurs morales du dialogue mondial.

Le représentant a cependant relevé que cette interaction des civilisations - l'histoire le prouve - peut également être source d'instabilité. Il a estimé que l'humanité n'a jamais été aussi menacée qu'aujourd'hui. Le passé a connu son lot de conflits, mais aucun d'entre eux n'a jamais menacé la pérennité de l'humanité. C'est pourtant le danger que représente la prolifération des armes nucléaires et de destruction massive. Malgré le développement des moyens de communication, l'entente entre les peuples n'a pas suivi. Le représentant a exprimé l'espoir que le nouveau millénaire encouragera l'humanité à faire une pause favorable à la compréhension et à la coexistence. Dans ce cadre, le Secrétaire général de l'OCI a créé une unité commune, afin qu'elle serve de point de contact pour l'année internationale pour le dialogue entre les civilisations. Plusieurs conférences et une exposition ont également été organisées sur le sujet.

ASSISTANCE INTERNATIONALE D'URGENCE POUR LE RETABLISSEMENT DE LA PAIX ET DE LA NORMALITE EN AFGHANISTAN ET POUR LA RECONSTRUCTION DE CE PAYS DEVASTE PAR LA GUERRE; LA SITUATION EN AFGHANISTAN ET SES CONSEQUENCES POUR LA PAIX ET LA SECURITE INTERNATIONALE (Point 20f) et 50)

Rapports du Secrétaire général

Le rapport (A/54/297), en date du 31 août 1999, couvre l'évolution de la situation en Afghanistan depuis le 4 septembre 1998 jusqu'au 1er juillet 1999 et présente les mesures prises en application de la résolution du 18 décembre 1998 de l'Assemblée générale sur l'assistance internationale d'urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan.

Les conditions de fonctionnement des organisations humanitaires en Afghanistan demeurent caractérisées par la complexité des influences politiques et militaires intérieures et extérieures. Au premier semestre 1999, la situation humanitaire s'est dégradée en raison de la persistance de l'instabilité et des hostilités, mais aussi en raison des catastrophes naturelles en particulier le tremblement de terre qui s'est produite en février près de Kaboul. Pendant le deuxième semestre, la poursuite des hostilités et des déplacements de population est également à craindre comme il n'y a pas de perspective immédiate de règlement pacifique du conflit. Les combattants continuent à interdire à la plupart des organismes humanitaires l'accès à de nombreuses zones. Ainsi l'absence, pour des raisons de sécurité, de personnel des Nations Unies, d'août 1998 à juillet 1999, a limité la capacité des organismes humanitaires non seulement d'apporter une assistance mais aussi de poursuivre le dialogue avec les autorités afghanes sur les grands problèmes. A la demande des Taliban, le Coordonnateur des Nations Unies pour l'Afghanistan s'est rendu, en février 1999, à Kandahar. Une évaluation de la situation au regard de la sécurité a ainsi permis un retour progressif du personnel des Nations Unies, à Kaboul, où il est de nouveau présent en permanence et dans les autres régions, où son redéploiement est organisé par roulement. Avec ce retour, certains progrès ont été accomplis dans le cadre du mémorandum d'accord conclu avec les Taliban en mai 1998 et en ce qui concerne les droits de l'homme et le traitement de la femme.

L'augmentation du nombre de réfugiés, notamment rentrant d'Iran au cours de 1999, préoccupe les autorités des Taliban ainsi que les organismes humanitaires qui, avec des ressources limitées, se trouvent désormais face au problème de la réinstallation adéquate des personnes rentrées et de la protection de leurs droits. De même, la situation socioéconomique en Afghanistan demeure très préoccupante pour les donateurs d'aide. L'absence complète de services sociaux adéquats est la raison première de l'activité des organismes d'assistance. L'assistance humanitaire demeure également entravée par le fait que les femmes et les filles n'ont pas accès aux soins de santé, à l'éducation et à l'emploi.

Le rapport présente l'aide fournie par l'organisation des Nations Unies et ses partenaires pour l'aide alimentaire, l'action sanitaire, l'eau et l'assainissement, l'éducation, l'action antimine, l'alimentation et l'agriculture, le relèvement des zones rurales et urbaines, le contrôle des drogues et les droits de l'homme. En ce qui concerne le rapatriement librement consenti des réfugiés, les difficultés qu'il y a actuellement à mobiliser un appui financier international pour les réfugiés dans leur pays d'asile et lors de leur retour en Afghanistan risquent de rendre les pays de la région encore plus réticent à accorder cet asile.

De nombreux défis sont encore à relever: traduire les objectifs du Cadre stratégique en initiatives pratiques communes sur le terrain, démontrer que ce qui est fait est pertinent et aura un impact durable, montrer aux bénéficiaires que l'aide apportée au niveau communautaire correspond à leurs besoins et aux donateurs que l'investissement qu'ils consentent est productif, et enfin encourager la prise en charge des programmes d'assistance par l'Afghanistan. Au cours de la réunion du Groupe d'appui à l'Afghanistan à Stockholm en juin, les donateurs se sont engagés à accroître leur appui pour le reste de 1999. Les Nations Unies et la communauté des ONG sont prêtes à commencer les préparatifs de l'appel global pour 2000, principal instrument de la planification commune. Le rapport mentionne également les aides financières apportées à l'Afghanistan par certains Etats Membres tels que la Finlande, la France, l'Inde et les Etats Unis.

Le rapport (A/54/378), en date du 21 septembre 1999, décrit l'évolution de la situation de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan depuis la publication du précédent rapport en date du 21 juin 1999. Dans ce rapport, le Secrétaire général juge profondément inquiétant de constater qu'une semaine à peine après la réunion du groupe des "six plus deux" tenue à Tachkent le 19 et 20 juillet dernier, les Taliban ont lancé une nouvelle offensive militaire. En ne tenant manifestement pas compte de la Déclaration adoptée à Tachkent, les responsables des Taliban, qui de toute évidence continuent de miser sur une solution militaire du conflit afghan, suscitent de nouveau de sérieuses inquiétudes à propos de leurs intentions. Le Secrétaire général réaffirme sa conviction qu'il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit en Afghanistan. La paix ne peut être réalisée que par le biais de négociations et à la faveur d'une réconciliation, et non par des conquêtes territoriales.

Notant que le Front uni avait précisé à plusieurs reprises à l'Envoyé spécial du Secrétaire général et à la Mission spéciale qu'il était disposé à engager des pourparlers avec les Taliban en vue de parvenir à une solution des problèmes du pays, le Secrétaire général exhorte les Taliban à accepter cette offre. Il alerte une fois de plus la communauté internationale à propos de l'aggravation de la situation relative aux droits de l'homme dans le pays. Il souligne que le déplacement forcé de la population civile opéré par les Taliban pendant leur récente offensive est particulièrement alarmant, car il traduit le peu de cas que le mouvement semble faire des préoccupations exprimées par la communauté internationale. Le Secrétaire général demande instamment aux parties afghanes de prendre sans retard les mesures propres à améliorer la situation relative aux droits de l'homme, et, comme un premier pas immédiat, d'assurer la protection des civils. En ce qui concerne les enfants, dont certains sont engagés aux combats, il a lancé un appel à toutes le parties pour qu'elles respectent la Convention relative aux enfants.

Le Secrétaire général a jugé extrêmement inquiétant que non seulement des forces extérieures continuent d'alimenter les combats en Afghanistan en fournissant des munitions et autres matériels de guerre, mais également qu'un nombre croissant de ressortissants d'autres pays prennent part aux combats. L'augmentation des activités de trafic de drogues, en particulier à partir des régions contrôlées par les Taliban, doit être également appréhendée comme un instrument essentiel au service du renforcement du potentiel de guerre en Afghanistan.

Le fait que des éléments extérieurs continuent d'être mêlés au conflit amène le Secrétaire général à se poser la question du rôle du groupe des "six plus deux", créé à l'origine pour mettre au point une stratégie commune devant conduire à une solution pacifique du conflit afghan. En fait, note le rapport, eu égard au soutien qu'ils continuent d'apporter à certaines factions afghanes, certains membres du groupe donnent l'impression de se payer des mots lorsqu'ils proclament leurs intentions. Le Secrétaire général dit partager les doutes que son Envoyé spécial, M. Lakhdar Brahimi, nourrit à propos de la contribution pratique que le groupe "six plus deux" apporte aux efforts de rétablissement de la paix déployés par l'ONU en Afghanistan. En conséquences, il appuie la recommandation de l'Envoyé spécial visant à réexaminer la façon dont l'ONU aborde le conflit afghan, y compris le mécanisme de soutien des Etats Membres. Les résultats de cet examen seront communiqués à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité dans le rapport final du Secrétaire général en 1999.

Le rapport (A/54/536), en date du 16 novembre 1999, rend compte de l'évolution de la situation en Afghanistan depuis la publication du dernier rapport annuel en date du 23 novembre 1998. Il décrit les principaux événements survenus en Afghanistan, notamment sur les plans militaire et politique, ainsi que sur les activités de la Mission spéciale et les missions effectuées par M. Lakhdar Brahimi, Envoyé spécial du Secrétaire général, durant la période à l'examen.

Le Secrétaire général considère que les factions afghanes et les puissances régionales concernées n'ont pas encore fait montre d'une volonté politique suffisante pour trouver un terrain d'entente sur la question afghane. Le défi qui est en train de se faire jour, à savoir assurer la stabilité dans la région et au-delà, n'est pas non plus adéquatement pris en compte. Le conflit qui se poursuit en Afghanistan a pris une telle ampleur qu'on ne peut plus en ignorer les conséquences régionales et internationales. Par conséquent, le Secrétaire général lance à nouveau un appel à la communauté internationale en général, aux factions afghanes et aux pays voisins concernés, pour qu'ils redoublent d'efforts en vue de mettre un terme au conflit avant qu'il ne devienne incontrôlable. Il souligne que les problèmes affligeants que constituent les drogues illicites, l'absence de l'appui humanitaire nécessaire, les violations des droits de l'homme, l'extrémisme religieux et le terrorisme ne disparaîtront pas tant que la communauté internationale ne prendra pas conscience de leurs effets combinés sur la paix et la sécurité dans la région et au-delà et ne commencera pas à accorder l'attention qu'elles méritent à leurs causes profondes- la guerre civile et les ingérences étrangères en Afghanistan. Il estime que la fin de l'appui militaire extérieur est une condition sine qua non du règlement du conflit en Afghanistan et que l'efficacité dans ce domaine dépend essentiellement de la volonté politique des pays voisins, puisqu'ils contrôlent tous les accès à l'Afghanistan, un pays sans littoral.

Le rapport indique que, de plus en plus, le conflit en Afghanistan a des répercussions néfastes au-delà des frontières de ce pays. Il fait part des graves problèmes humanitaires et autres, tels que l'afflux massif de réfugiés, et des informations faisant état de tueries à motivation ethnique et de violations généralisées des droits de l'homme, en particulier ceux des femmes et des filles. Par ailleurs, l'augmentation brutale de la production et du trafic d'opium illicites est un autre phénomène préoccupant. Par ailleurs, la situation en Afghanistan commence à retenir sérieusement l'attention de la communauté internationale qui craint de plus en plus que l'Afghanistan ne soit en train de devenir une pépinière pour l'extrémisme religieux et la violence sectaire, ainsi que pour divers types de terrorisme international dont la portée dépasse de loin les frontières afghanes. Il souligne également que le facteur clef de la guerre en Afghanistan est que l'appui militaire étranger, dont les factions belligérantes sont chroniquement tributaires, se poursuit. En effet, ces ingérences extérieures demeurent l'un des principaux obstacles à la paix en ce qu'elles fournissent aux belligérants, sous la forme d'armes, de munitions et d'autres matériels de guerre, les moyens indispensables à la poursuite des combats. Le Secrétaire général estime que la présence croissante de milliers de "volontaires" étrangers, principalement du côté des Taliban, il est tout aussi alarmante et inacceptable, soulignant que ces combattants non-afghans, dont certains des enfants de moins de 14 ans, viennent pour la plupart d'écoles religieuses au Pakistan.

Par ailleurs, le Secrétaire général souligne que la paix et la sécurité régionales dépendent également du différend prolongé entre la République islamique d'Iran et les Taliban au sujet du meurtre de diplomates et d'un journaliste au consulat général d'Iran à Mazar-i-Sharif en août 1998, rappelant que la menace d'un affrontement ouvert avec les Taliban en automne dernier a nécessité une intervention urgente des Nations Unies par le truchement de son Envoyé spécial. A ce jour ce problème reste sans solution parce que les Taliban n'ont ni appréhendé ni traduit en justice les responsables des meurtres.

Soulignant que les pays voisins de l'Afghanistan sont ceux qui ont le plus à gagner d'un règlement pacifique du conflit et le plus à perdre de la poursuite de celui-ci, le Secrétaire général rappelle que c'est la raison pour laquelle on espérait que la création du groupe "six plus deux" permettrait d'aborder de l'Afghanistan de manière constructive et concrète, et regrette qu'à ce jour cela n'a pas été le cas. Il est convaincu que les membres de ce groupe pourraient faire beaucoup plus pour que l'on cesse d'apporter un appui militaire aux factions afghanes à partir de leurs territoires ou en empruntant ceux-ci. L'efficacité limitée du groupe, en particulier après la réunion de Tachkent, a amené certains à exprimer des doutes quant à l'utilité de son existence même. Le Secrétaire général est néanmoins conscient que la plupart de ses membres considèrent que ce groupe demeure le seul mécanisme viable et qu'il n'y a guère lieu pour le moment d'en changer le cadre et continuera à

travailler avec ses membres et à chercher des moyens d'améliorer sa créativité et son efficacité. Dans le même temps, il consultera d'autres Etats qui ont une influence en Afghanistan sur les autres mesures envisageables dans la recherche de la paix.

Du point de vue humain et social, le rapport indique que les perspectives demeurent sombres pour l'Afghanistan notamment parce que l'on prévoit un déficit alimentaire important et que la pénurie risque d'être aggravée par le retour d'un grand nombre de réfugiés en provenance de la République islamique d'Iran. En outre, l'absence de croissance sensible dans les secteurs des infrastructure et de l'économie, ainsi que l'état médiocre des installations sanitaires et de l'enseignement continuent de mériter l'attention et l'aide d'urgence de la communauté internationale. A cet égard, le Secrétaire général indique que l'appel des Nations Unies pour l'aide humanitaire d'urgence en l'an 2000 a été axé sur cinq grands domaines qui, pris ensemble, constituent un programme concret et mûrement réfléchi susceptible de contribuer à la paix et à l'appui de l'action politique globale de l'ONU.

Le Secrétaire général est également alarmé par l'accroissement brutal de la production illicite d'opium en Afghanistan, conséquence de la poursuite de la guerre civile liée à d'autres problèmes tels que le terrorisme, la contrebande d'armes et d'autres activités illicites. Il estime que si l'on ne trouve pas une solution politique, il n'y a guère d'espoir que l'Afghanistan cesse d'être la première source mondiale de l'opium et de l'héroïne qui alimentent un vaste réseau criminel international. Il a demandé au Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) de coordonner la réaction à cette menace croissante, en coopération étroite avec le Département des affaires politiques et la Mission spéciale.

A la lumière des événements récents, le Secrétaire général et son Envoyé spécial sont parvenus à la conclusion qu'étant donné l'absence de progrès à ce jour, les activités de l'Envoyé spécial devraient être gelées jusqu'à ce qu'un changement de circonstances justifie la reprise de son action. La Mission spéciale jouera le rôle premier dans la conduite des activités de rétablissement de la paix de l'ONU en Afghanistan. Le Secrétaire général a l'intention de nommer un chef de la Mission au rang de sous-secrétaire général, qui sera assisté par un directeur adjoint et quatres spécialistes des questions politiques. Le nombre de conseillers militaires passera de quatre à deux étant donné les difficultés qu'ils rencontrent actuellement dans l'exercice de leurs activités de supervision et de conseil. Afin d'accroître l'efficacité politique de l'ONU, la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan transférera progressivement son bureau principal d'Islamabad à Kaboul. Etant ainsi plus proche à la fois des belligérants et des non-belligérants, la Mission spéciale devrait avoir des contacts plus fréquents avec eux. Une antenne sera également ouverte Téhéran au début de l'an 2000 afin d'accroître les contacts réguliers avec les Etats voisins ainsi qu'avec les factions et des personnalités afghanes. Le nouveau groupe des affaires civiles de la Mission spéciale travaillera à l'intérieur de l'Afghanistan et aura pour objectif principal de promouvoir le respect de normes humanitaires minimales et de prévenir par la dissuasion les violations massives et systématiques des droits de l'homme. Le Secrétaire général essayera de convaincre les deux parties belligérantes d'accepter un cessez-le-feu et de reprendre le dialogue tout en renforçant les liens avec la société civile afghane. Dans le même temps, la Mission spéciale encouragera les diverses initiatives de paix d'acteurs extérieurs aux Nations Unies, notamment celles émanant de la diaspora afghane, tout en continuant à travailler en collaboration étroite avec les pays désireux de contribuer à la recherche d'une solution pacifique au conflit afghan, y compris ceux qui ne sont pas représentés au sein du groupe des "six plus deux".

Projet de résolution

Aux termes du projet de résolution sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (A/54/L.58*), présentée par l'Allemagne, l'Assemblée générale demanderait à toutes les parties afghanes, et en particulier aux Taliban, de cesser immédiatement toutes les hostilités et d'engager un dialogue politique sous les auspices de l'ONU, en vue de parvenir à un règlement politique durable du conflit. L'Assemblée condamnerait vigoureusement la forte escalade du conflit, notamment après le lancement d'une nouvelle offensive par les Taliban en juillet 1999. Elle demanderait à tous les Etats de s'abstenir de toute ingérence extérieure et les engagerait à prendre des mesures résolues pour interdire à leur personnel militaire de préparer des opérations de combat en Afghanistan et d'y participer, ainsi qu'à retirer immédiatement ce personnel et à veiller à ce qu'il soit mis fin aux livraisons de munitions et d'autres matériels de guerre. Elle approuverait l'intention du Secrétaire général de renforcer la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan pour faire en sorte qu'elle joue le rôle de premier plan qui lui revient dans l'exécution des activités menées par l'ONU pour rétablir la paix en Afghanistan, en particulier en désignant un nouveau chef de mission, en transférant progressivement le siège de la Mission à Kaboul et en consolidant sa présence dans les pays voisins. Elle approuverait également son intention d'intensifier les efforts faits par la Mission pour parvenir à un règlement politique durable et équitable et de continuer à collaborer avec le Groupe "six plus deux", de rechercher les moyens d'améliorer la créativité et l'efficacité du Groupe pour assurer sa participation plus constructive et concrète à un règlement pacifique du conflit en Afghanistan. Elle demanderait à tous les signataires de la Déclaration relative aux principes fondamentaux d'un règlement pacifique du conflit en Afghanistan adoptée à Tachkent le 19 juillet 1999 et aux parties afghanes de mettre en oeuvre les principes énoncés dans cette déclaration.

L'Assemblée condamnerait de nouveau fermement les attaques armées lancées contre le personnel des Nations Unies au cours de l'été 1998 de même que celles qui ont été dirigées récemment contre le personnel et les biens des Nations Unies à la suite de l'imposition de sanctions contre les Taliban par le Conseil de sécurité. Elle inviterait de nouveau instamment les Taliban à procéder immédiatement à une enquête approfondie sur les cas de décès, de blessures graves ou de disparition de fonctionnaires internationaux ou nationaux et d'autres personnes au service des organismes des Nations Unies, en particulier sur l'assassinat de deux fonctionnaires afghans du Programme alimentaire mondial et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Jalalabad, et sur celui du Conseiller militaire de la Mission spéciale en Afghanistan à Kaboul. De même, elle les inviterait de nouveau instamment à procéder, sans plus tarder, à une enquête crédible sur l'assassinat de membres du personnel diplomatique et consulaire du consulat général de la République islamique d'Iran à Mazar-i-Sharif et du correspondant de l'agence de presse Islamic Republic News Agency, afin que les coupables soient traduits en justice. L'Assemblée prierait instamment toutes les parties afghanes de reconnaître, de protéger et de promouvoir tous les droits de l'homme et libertés fondamentales, sans distinction de sexe, d'appartenance ethnique ou de religion et leur demande, en particulier au Taliban, de mettre fin aux politiques discriminatoires à l'égard des femmes et des jeunes filles. L'Assemblée exigerait avec force que toutes les parties afghanes, en particulier les Taliban, s'abstiennent d'offrir un refuge ou un entraînement aux terroristes internationaux et à leurs organisations, cessent de recruter des terroristes, ferment les camps d'entraînement de terroristes en Afghanistan, prennent des mesures efficaces pour faire en sorte que le territoire tenu par eux ne serve pas à abriter des organisations et camps terroristes, et fassent le nécessaire pour coopérer aux efforts visant à traduire en justice sans retard les personnes accusées de terrorisme. Elle condamnerait les actes de terroristes basés en Afghanistan, notamment de ceux qui appuient des opérations de groupes extrémistes allant à l'encontre des intérêts d'Etats Membres et de leurs citoyens, déplore que les Taliban continuent d'offrir un refuge à Usama bin Laden et de lui permettre, ainsi qu'à ses associés, de se servir de l'Afghanistan comme base pour commanditer des opérations terroristes internationales, rappellerait que le Conseil de sécurité a exigé que les Taliban remettent sans plus tarder Usama bin Laden, et prie instamment ces derniers de s'exécuter. L'Assemblée demanderait à nouveau à toutes les parties afghanes, en particulier aux Taliban, de cesser toutes les activités illégales liées à la drogue et de soutenir les efforts internationaux visant à interdire la production illicite et le trafic de drogues, et demanderait à tous les Etats Membres et parties intéressées de prendre des mesures concertées pour mettre fin au trafic de drogues illégales provenant de l'Afghanistan.

En ce qui concerne l'assistance internationale d'urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan pour la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre, l'Assemblée soulignerait que toutes les parties belligérantes, en particulier les Taliban, portent la responsabilité de la crise humanitaire. Elle demanderait à tous les organismes compétents des Nations Unies de continuer de coordonner étroitement l'aide humanitaire qu'ils apportent à l'Afghanistan en s'appuyant sur le Cadre stratégique en faveur de l'Afghanistan, et engagerait les pays donateurs et les organismes à vocation humanitaire à coopérer étroitement avec l'ONU. Elle demanderait à toutes les parties afghanes de respecter le droit international humanitaire et d'assurer la sécurité et la liberté de mouvement de tout le personnel des Nations Unies et des organisations à vocation humanitaire ainsi que la protection des biens des Nations Unies et des organisations humanitaires. L'Assemblée exigerait que toutes les parties afghanes coopèrent sans réserve avec l'ONU et les organismes associés et avec les autres organisations et organismes à vocation humanitaire cherchant à répondre aux besoins humanitaires du peuple afghan et leur demanderait d'assurer la fourniture sans interruption d'une assistance humanitaire à tous ceux qui en ont besoin. Elle condamnerait vigoureusement les récents actes de violence perpétrés à Kaboul, Farah, Kandahar, Mazar-i-Sharif, Kunduz et Jalalabad contre les locaux et le personnel des Nations Unies, et demanderait instamment à toutes les parties afghanes, en particulier aux Taliban, de faire en sorte que l'aide humanitaire puisse être acheminées dans de bonnes conditions de sécurité et sans entrave, notamment dans la vallée du Panjsher. L'Assemblée prierait instamment les Taliban de prendre les mesures nécessaires pour que le Protocole additionnel au Mémorandum d'accord du 13 mai 1998, relatif à la sécurité du personnel de l'ONU en Afghanistan soit appliqué intégralement. Elle prierait instamment toutes les parties afghanes de mettre un terme à l'utilisation des mines terrestres qui continuent de faire de nombreuses victimes parmi les civils et entrave considérablement l'acheminement de l'aide humanitaire.

L'Assemblée lancerait un appel pressant à tous les Etats, au système des Nations Unies et aux organisations internationales et non gouvernementales pour qu'ils continuent à apporter, dans la mesure où les conditions sur le terrain le permettent, toute l'assistance financière, technique et matérielle possible à la population afghane en vue de faciliter le retour librement consenti et en toute sécurité des réfugiés et des déplacés. Elle demanderait à la communauté internationale de répondre à l'appel global interinstitutions lancé le 23 novembre 1999 par le Secrétaire général pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2000 en vue d'une aide humanitaire d'urgence et d'une aide au relèvement, en gardant également à l'esprit la possibilité de verser des contributions au Fonds d'affectation spéciale d'urgence pour l'Afghanistan.

Présentation du projet de résolution

M. DIETER KASTRUP (Allemagne) a indiqué que plus de quatre- vingt pays avaient participé aux négociations qui ont mené à la rédaction de ce texte. Il a reconnu que les combats avaient atteint en Afghanistan une violence extrême lorsque les Taliban avaient lancé une offensive terrestre et aérienne contre le Front Uni à la fin de juillet 1999. En effet, cette offensive a aggravé une situation humanitaire et des droits de l'homme déjà catastrophiques. Malgré les appels internationaux répétés demandant aux parties de mettre un terme à leurs attaques militaires, les deux parties afghanes semblent continuer de croire en une solution militaire, a regretté le représentant. Ceux-ci devraient plutôt concentrer leur énergie sur la recherche de la paix et d'une solution pour reconstruire leur pays.

Le représentant a noté que le soutien militaire étranger aux parties afghanes comprenait non seulement des armes, des munitions et du matériel militaire, mais aussi impliquait la présence de personnel militaire au sol. Le conflit en Afghanistan a atteint une ampleur telle, que ses conséquences régionales et internationales ne peuvent plus être ignorées, a-t- il affirmé. Dans ce contexte, il a déploré qu'après des années de négociations, l'Envoyé spécial du Secrétaire général ait dû geler ses démarches en raison d'une coopération insuffisante des parties. Dans leur quête d'un règlement pacifique du conflit, les Nations Unies doivent s'appuyer sur la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan d'une part, et sur l'Envoyé spécial de l'autre. Ainsi, le représentant a-t-il appuyé l'idée que la Mission devrait gérer et encourager les diverses initiatives des acteurs externes aux Nations Unies tout en continuant à coopérer étroitement avec les pays désireux d'apporter leur aide. En effet, les Nations Unies ne peuvent résoudre le conflit en Afghanistan sans le soutien de la communauté internationale, en particulier sans celui des pays voisins. A cet égard, l'Allemagne s'est déclarée convaincue que si les Etats voisins décidaient d'avoir la paix en Afghanistan, le conflit serait beaucoup plus proche de son issue. Le représentant a fait observer que la situation humanitaire n'avait connu aucun changement notable au cours des douze derniers mois. Il s'est cependant réjoui de l'ouverture récente d'un couloir le long de la ligne de front pour le passage du personnel de l'ONU. Les organisations des Nations Unies ont déclaré que des progrès avaient été réalisés en ce qui concerne l'accès des femmes et des filles aux services de santé et d'éducation, a-t-il indiqué, précisant que l'Allemagne a demandé à toutes les parties de coopérer avec le personnel des Nations Unies et d'en assurer la sécurité. Cette année, l'Afghanistan est devenu le plus gros producteur illicite d'opium, avec 75% de la production mondiale et une croissance de 43% par rapport à l'année dernière. En ce qui concerne les terroristes en provenance d'Afghanistan, le représentant a estimé que les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salaam, en août 1998, ont montré que des pays éloignés pouvaient être victimes d'actes terroristes organisés dans ce pays.

Débat

Mme ANNA-MAIJA KORPI (Finlande) s'est inquiétée au nom de l'Union européenne de l'escalade de la confrontation militaire au cours des derniers mois, qui méprise les tentatives de négociations et la détérioration des conditions humanitaires. Les informations concernant la déportation forcée de civils et la séparation des hommes de leurs familles est particulièrement préoccupante. La représentante a appelé les Taliban à mettre fin à ces pratiques immédiatement. L'UE reste convaincue qu'aucune action militaire ne pourra résoudre ce conflit. Elle a vigoureusement condamné toute interférence étrangère, invitant toute les factions à cesser d'y avoir recours. L'UE continuera de maintenir son embargo sur l'exportation d'armes, de munition et d'équipements militaire imposé depuis le 17 décembre 1996. La représentante a appelé l'ONU à rechercher par tous les moyens de parvenir à une solution négociée. Il a regretté que le Groupe des six plus deux n'ait pas réussi à s'entendre sur une approche commune.

La représentante s'est également inquiétée de la nature de plus en plus ethnique de ce conflit. Elle a demandé que les bélligérants mettent un terme à l'utilisation d'enfants-soldats. Elle a dénoncé la poursuite des politiques de discrimination sexuelle, et demandé à toutes les parties, en particulier les Taliban, à y mettre fin. L'assistance apportée par l'UE tiendra compte de ces préoccupations dans son action sur le terrain. L'UE appuiera la proposition du Secrétaire général d'établir une unité des affaires civiles dont l'objectif principal sera de promouvoir des règles humanitaires minimales et d'éviter les violations sytématiques et massives des droits de l'homme. Mme Korpi a exprimé l'espoir de son déploiement rapide.

Après la suspension de son aide en juillet 1998, l'UE, qui reste le principal donateur mondial d'aide humanitaire, a repris ses efforts début 1999. La poursuite de son aide au peuple afghan dépend cependant de la capacité des organisations humanitaires à agir en toute sécurité et sans discriminations. La représentante a demandé aux Taliban de mettre fin aux entraves à la liberté de mouvement et d'accès aux populations en détresse imposées au personnel humanitaire national et international, en particulier au personnel des Nations Unies. Elle a condamné dans les termes les plus fermes les récentes attaques contre le personnel et le matériel de l'ONU suite aux sanctions imposées par le Conseil de sécurité contre les Taliban. Ces derniers sont également invités à enquêter rapidement sur l'assasinat de membres des Nations Unies et de diplomates iraniens lors de l'attaque contre Mazar-i-Sharif.

La représentante a appelé à une réaction internationalement coordonnée contre l'extension du trafic de drogue en Afghanistan. A ce titre, elle a reconnu le rôle du Bureau de lutte contre le trafic de drogue et la prévention de la délinquance. Elle a également appelé toutes les parties, en particulier les Taliban, à éviter de financer, former ou abriter des organisations terroristes, à fermer leurs camps d'entraînement et à soumettre ceux d'entre eux qui sont responsables d'actes terroristes à la justice, en particulier Ousama bin Laden. Conformément à la résolution 1267 du Conseil de sécurité, l'UE et les Etats Membres des Nations Unies imposeront des sanctions ciblées contre les Taliban. La représentante a déclarée que l'UE est prête à tous les efforts pour mettre un terme à la guerre en Afganistan, notamment en soutenant les actions des Nations Unies. Elle a apporté l'appui de l'UE au renforcement à la Mission spéciale en Afghanistan, et a encouragé l'initiative conjointe organisée par le Conseil pour la paix et l'unité nationale en faveur d'une rencontre Loya Jirgah. A ce titre, elle s'est félicitée de la rencontre de Rome en novembre 1999 qui soutient fermement le principe que l'avenir du pays doit être décidé par les Afghans eux-mêmes.

M. REVIUS ORTIQUE (Etats-Unis) a estimé que cette résolution souligne l'engagement de la communauté à confronter les effets dévastateurs des 20 années de guerre civile et des politiques autoritaires catastrophiques qu'a connus ce pays. Il a mis l'accent sur le caractère désastreux de la situation humanitaire en Afghanistan, où près de 65 000 personnes déplacées par les Taliban se sont réfugiées dans la plaine du Panshir, contrôlée par l'opposition. L'approche de l'hiver ne fait que renforcer les inquiétudes à leur égard. De même, des milliers d'autres personnes qui ont fui vers Kaboul se trouvent dans une situation de grand dénuement. C'est pourquoi les Etats-Unis accueillent avec satisfaction la coopération apportée par les Taliban qui ont autorisé des convois humanitaires des Nations Unies à traverser les lignes de front pour se rendre dans la vallée du Panshir. La délégation des Etats-Unis a réaffirmé sa préoccupation face aux violations des droits de l'homme perpétrées dans le pays, notamment à l'encontre des femmes et des jeunes filles. Dans ce contexte, la mise en place d'un service civil au sein de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan est la bienvenue, a-t-il estimé. Elle permettra de promouvoir le respect des droits de l'homme et de travailler au déploiement du premier groupe de fonctionnaires civils.

Les Etats-Unis sont également préoccupés par le fait que l'Afghanistan est devenue cette année le premier producteur d'opium illégal au monde. La production de pavot à opium s'étend aujourd'hui sur 31 districts de plus que l'an passé. Il s'agit, de la part des Taliban d'une violation de leur engagement en faveur de la limitation de ces activités illégales. Il a aussi invité les parties concernées à arrêter le trafic et la production de drogues illicites. Le représentant a rappelé que les Taliban accueillent des terroristes sur leur territoire et que cela menace tous les pays du monde. La résolution 1267 du Conseil de sécurité a été importante dans la lutte contre le terrorisme international. Elle demande en outre aux Taliban de livrer bin Laden à la justice. M. Ortique a invité tous les Etats Membres à appliquer des sanctions rapidement et à aider le Comité des sanctions du Conseil en lui fournissant des informations sur les réseaux terroristes et en particulier sur bin Laden. Ces sanctions visant les Taliban, a-t-il souligné, ont été décidées pour permettre de continuer à supporter la société afghane. Les Etats-Unis restent le principal donateur pour les efforts humanitaires en Afghanistan et se sont engagés à apporter plus d'un million de dollars à la suite de la récente crise alimentaire dans le pays.

Le représentant a estimé que dette cette année bien décourageante pour la paix, les Taliban ont lancé une nouvelle offensive, qui craignant pour leur sécurité ont maintenu le personnel des Nations Unies en dehors du pays. La seule initiative positive aura été celle de l'ancien roi afghan qui a réuni les divers courants afghans et leur à offert de proposer au peuple afghan lui même de se prononcer sur son avenir. Il a encouragé toutes les parties à examiner les possibilités d'arriver à un règlement pacifique du conflit.

M. RYUICHIRO YAMAZAKI (Japon) a appuyé le projet de résolution et exprimé l'espoir qu'il sera adopté par consensus. Le Japon partage les préoccupations de la communauté internationale en ce qui concerne les développements récents en Afghanistan. Les souffrances de la population civile augmentent et les pays voisins sont préoccupés par l'afflux de réfugiés. Une autre source de préoccupation est l'augmentation de la production d'opiacées qui aurait doublé au cours de l'année écoulée. Le Japon appuie les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé spécial en Afghanistan, ainsi que les activités humanitaires de l'ONU dans le pays. Il apprécie aussi les initiatives du Groupe des "six plus deux" et exprime l'espoir que, conjuguées aux efforts des autres Etats Membres, elles permettront de hâter un règlement du conflit. Le Japon appelle les parties, en particulier les Taliban, à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité pour qu'une paix durable puisse enfin être établie en Afghanistan.

Quatre éléments sont essentiels pour atteindre cet objectif, a estimé le représentant. Tout d'abord, les Taliban et les autres factions afghanes doivent immédiatement cesser les combats et reprendre le dialogue. Dans ce contexte, le Japon réitère son invitation et sa disponibilité à accueillir une réunion qui permettrait à toutes les factions afghanes d'engager le dialogue dans un environnement neutre, en vue de rechercher les moyens de parvenir à une réconciliation nationale. Ensuite, les pays tiers, et en particulier les pays voisins, doivent s'abstenir de toute intervention dans le conflit, et user de leur influence sur les parties belligérantes afin de mettre fin au conflit. Il est particulièrement important que toutes les parties concernées cessent de fournir une aide militaire ou des armes aux belligérants et s'abstiennent de toute mesure qui pourrait prolonger les hostilités. Les souffrances humaines immenses infligées au peuple afghan imposent, par ailleurs, à la communauté internationale de continuer à fournir une aide humanitaire à l'Afghanistan. Le Groupe de soutien à l'Afghanistan dont la cinquième Réunion s'est tenue au Canada cette semaine fournit, à cet égard, un service crucial en examinant les moyens d'assurer la mise en oeuvre effective et efficace d'une telle assistance. Pour sa part, le Japon a fourni, par l'intermédiaire des fonds et programmes de l'ONU, une aide humanitaire de près de 400 millions de dollars au cours des dix dernières années. Enfin, la communauté internationale devrait envoyer aux factions afghanes, à leurs dirigeants et au peuple un message clair qu'elle contribuera à leurs efforts de reconstruction lorsque les combats auront cessé, que la paix aura été rétablie et qu'un gouvernement doté d'une large assise, multiethnique et pleinement représentatif aura été mis en place. La formation d'un tel gouvernement est indispensable pour la fourniture par la communauté internationale d'une aide à la reconstruction. Le Japon exprime l'espoir qu'un tel engagement ferme de la communauté internationale encouragera les belligérants à s'asseoir à la table de négociations et à trouver une solution pacifique au conflit. Le Japon réaffirme, pour sa part, son engagement et sa disposition à contribuer à la reconstruction de l'Afghanistan dès que la paix aura été rétablie.

M. VOLKAN VURAL (Turquie) a rappelé que son pays possède des liens historiques et culturels profonds avec le peuple afghan. Il a fait observer que les sous-produits de la crise afghane, tels que les réfugiés, la culture et le trafic illicite des drogues et l'accueil d'un terrorisme international, ont dépassé les frontières provoquant des conséquences internationales. La nature ethnique et religieuse du conflit a, par ailleurs, provoqué d'affreuses violations des droits de l'homme et d'importants déplacements des populations dans le nord du pays. Cette situation est aggravée par les problèmes de sécurité et d'accès de l'assistance humanitaire des Nations Unies liés au conflit, a-t-il indiqué. La Turquie a nommé un Coordonnateur pour l'Afghanistan en septembre 1998 dans le but d'établir des contacts avec toutes les parties afghanes et les Etats concernés ainsi que de contribuer à la recherche d'une solution à ce problème. Toutefois, le processus de réconciliation ne pourra reprendre que lorsque sera déclaré un cessez-le-feu et qu'un véritable dialogue débutera entre les parties, a précisé le représentant. Dans ce contexte, les efforts diplomatiques collectifs, orchestrés par les Nations Unies, demeurent le seul moyen qui puisse motiver ce dialogue.

La Turquie a annoncé qu'elle était sur le point de lancer un Programme d'aide humanitaire qui s'adressera à l'ensemble du peuple afghan. L'aide humanitaire fournie devrait être suffisamment importante pour qu'en bénéficient tous les groupes de la société afghane, a estimé le représentant qui a ajouté que son pays envisage la possibilité de contribuer au Programme d'aide humanitaire des Nations Unies en Afghanistan.

M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a noté qu'en une année, la crise de l'Afghanistan comme la situation humanitaire dans ce pays se sont déteriorées. Au cours de l'été dernier, les Taliban ont tenté, sans résultat, de résoudre ce problème par la force. La contre offensive du Front Uni, par laquelle tous les territoires perdus ont été récupérés, a montré encore une fois que l'action militaire ne résolvait rien. Le représentant a indiqué que les actes de violence commis par les Taliban dans les plaines de Shomali étaient similaires aux massacres de milliers d'innocents à Mazar-i-Sharif en août 1998 et au nettoyage ethnique de Bamiyan en avril et mai derniers, car tous étaient destinés à changer la composition démographique de l'Afghanistan. Dans ce contexte, il s'est déclaré extrêmement préoccupé par la nature ethnique du conflit et par les persécutions de certains groupes religieux ou ethniques.

La région comme le monde continuent d'être affectés par les menaces qui découlent de cette situation chaotique, telles le trafic de drogues, la crise des réfugiés et le terrorisme. Le trafic de drogues, pour sa part, ne provoque pas seulement des destructions humaines et financières au niveau national, mais cause aussi des tensions entre les Etats, sources d'instabilité régionale et internationale, a précisé le représentant. La République islamique d'Iran, qui partage une longue frontière avec l'Afghanistan, mène actuellement sur sa frontière orientale une bataille contre les trafiquants. Depuis le début de l'année, 160 membres du personnel pour l'action anti-drogues ont trouvé la mort, élevant le nombre de personnes tuées de la sorte, depuis 1981, à 2852. Le coût de la prochaine campagne atteindra 1 milliard de dollars, a précisé le représentant qui a insisté sur le fait que la question du trafic de drogues était la responsabilité commune de toutes les nations, en particulier celle des plus apte à lutter contre ce phénomène. Le République islamique d'Iran, qui accueille un nombre significatif de réfugiés afghans, a signalé que la reprise périodique des combats provoquait de nouvelles vagues de réfugiés sur son territoire et minait les efforts de rapatriement volontaire des réfugiés afghans. Les deux millions de réfugiés qui vivent actuellement en Iran pèsent sur les ressources limitées de ce pays, qui continue pourtant à honorer à ses engagements internationaux, a ajouté le représentant. Il a insisté sur le fait que si des non- afghans participaient, au côté des Taliban, aux affrontements, cette guerre insensée risquait de se transformer en un conflit régional bien plus destructif. En ce qui concerne l'assassinat de membres du Consulat général de la République islamique d'Iran et du correspondant de l'IRNA à Mazar-i-Sharif, le représentant a réaffirmé la volonté de son pays de conclure cette affaire en toute justice. M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a rappelé que depuis plusieurs années la Norvège s'était impliquée en Afghanistan, en tant que donateur, par l'intermédiaire de l'ONU, et grâce aux organisations non gouvernementales norvégiennes. Le conflit militaire en Afghanistan est à l'origine d'un grand nombre de problèmes, comme le trafic de drogues, la violation des droits de l'homme, l'extrémisme religieux, le terrorisme et l'absence de développement socio-économique. Au delà du coût humain et des souffrances engendrées, l'escalade militaire depuis l'été dernier n'a fait qu'aggraver ces problèmes a-t-il indiqué. La Norvège est très préoccupée par la négation de ces faits par les parties Afghanes, et en particulier par les Taliban, et par leur manque de volonté de reprendre les négociations.

En tant que premier producteur mondial d'opium illicite, l'Afghanistan est une menace à la stabilité et à la prospérité de ses voisins, a-t-il déclaré. Il a lancé un appel à tous les pays de la région afin qu'il s'unissent pour mettre fin au trafic illégal de drogue et d'armes qui contribue à prolonger le conflit militaire afghan. Un règlement politique en Afghanistan contribuerait grandement à la paix et à la stabilité de toute la région. La Norvège condamne fermement toutes les violations des droits de l'homme en cours en Afghanistan, notamment les violations des droits des minorités ethniques, des femmes et des fillettes. L'éducation pour tous, y compris les femmes et les fillettes, est le meilleur investissement possible pour l'avenir d'un pays. La Norvège condamne aussi le recrutement d'enfants comme soldats et s'inquiète du grand nombre de personnes déplacées. Il est crucial de cesser les combats et de garantir un accès sûr aux organisations humanitaires, a-t-il conclu.

M. ANDREI GRANOVSKY (Fédération de Russie) a déclaré que les événements récents ne portent pas à l'espoir en Afghanista bien que la déclaration de Tachkent du Groupe des six plus deux ait été une étape importante. Mais l'offensive consécutive des Taliban a constitué une nouvelle rupture des efforts visant à parvenir à une solution négociée. L'escalade actuelle de la violence est le fait des Taliban, a estimé le représentant, qui a appelé à la cessation des ingérences extérieures à leur côté. Le représentant a ajouté que l'utilisation du territoire des Taliban par des groupes terroristes et des trafiquants de stupéfiants se fait ressentir juqu'en Russie et en Asie centrale. Les pays concernés se réservent le droit de prendre toutes mesures nécessaires pour y remédier. A cet égard, la Russie a soutenue l'adoption de la résolution 1267 exigeant la livraison de Ousama bin Laden. Il a appelé l'ONU à soutenir les Etats voisins pour stopper les courants transfrontalier de stupéfiants.

Le représentant a également appelé au respect des droits de l'homme et du droit humanitaire international. Il a souligné qu'une reconnaissance des Taliban par l'ONU contredirait les exigences de la Charte des Nations Unies. Il a également noté que la spirale d'affrontements acharnés avait entrainé de nouvelles violations et souffrances pour la population. Il a exigé que le mouvement Taliban mette fin à ses pratiques contre l'action et la sécurité du personnel international, rappelant que l'ONU conservait un rôle de coordination central pour l'apport d'aide et de moyens pour mettre fin au conflit. La Russie continue de soutenir les efforts de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour parvenir à une paix globale, et les efforts pratiques du Groupe six plus deux efforts pour débloquer la situation actuelle. Il s'est également félicité que la rencontre qui s'est tenu hier à Ottawa, permette d'intensifier les efforts humanitaires en faveur de l'Afghanistan.

M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a rappelé que la situation politique et humanitaire reste une grave source de préoccupation. Il devient nécessaire que la communauté internationale accorde plus d'attention aux problèmes quotidiens du peuple afghan. Le représentant a, en outre, lancé un appel à toutes les parties afghanes pour qu'elles coopèrent avec la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan et qu'elles facilitent ses activités. Les reprises des combats ont entraîné une aggravation du problème des réfugiés et des personnes déplacées, a-t-il noté. Il faut donc trouver rapidement une solution à ce problème afin de permettre aux réfugiés de rentrer dans leur foyer s'ils le souhaitent, compte tenu des risques de graves pénuries alimentaires pour l'année prochaine. Le représentant a demandé aux parties de se rendre compte de la gravité de la catastrophe que le peuple afghan affrontait et de faire preuve de responsabilité à l'égard de ce peuple qui est le leur. Les politiques qui nourrissent le terrorisme comme la production de drogue pour financer la machine de guerre représentent aussi des préoccupations de la communauté internationale, a-t-il indiqué. Les parties devraient prendre en considération la gravité de la situation, a-t-il insisté. Appelant les parties à respecter les piliers de l'Islam, il leur a demandé d'éviter toute pratique qui ne soit pas conforme avec cette sainte religion qui appelle à la paix et au dialogue.

M. INAM-UL-HAQUE (Pakistan) a déclaré que la fin de l'ingérence étrangère en Afghanistan serait favorable à la promotion de la paix et au dialogue interafghan. Le Pakistan a proposé l'imposition d'un embargo appliqué à tout l'Afghanistan, qui réduirait grandement la capacité des factions afghanes à s'auto-détruire militairement. Cependant tout embargo sur les armes doit être accompagné d'un programme globale de reconstruction et de réhabilitation des réfugiés, a-t-il précisé.

La guerre en Afghanistan a des conséquences directes sur le Pakistan, et l'afflux de réfugiés, au nombre de 1,8 million actuellement, impose une coût social et économique particulièrement lourd au Pakistan, et constitue la plus grande concentration de réfugiés au monde. Nos problèmes en tant que voisins sont différents de ceux qui trouvent facile de donner des conseils ou de formuler des demandes à distance, a-t-il rappelé. Aucun pays au monde n'a plus à gagner que le Pakistan, du retour de la paix en Afghanistan, et nous pensons qu'il ne pourra y avoir qu'une solution négociée interafghane, et non pas une solution extérieur à l'Afghanistan. Il faut rapprocher les deux parties et non les isoler, et la communauté internationale doit rester neutre pour rester crédible car diaboliser une partie serait contre-productif. Nous pensons que le Groupe des 6+2 a un rôle à jouer et ne partageons pas les doutes émis sur son efficacité, a-t-il indiqué.

Le représentant du Pakistan a déclaré que le projet de résolution L.58 était partial et biaisé, car il tient les Taliban, qui ont émergé en réaction aux excès des seigneurs de la guerre qui forment aujourd'hui le Front Uni, pour les principaux responsables de la situation, ignorant leurs démarches constructives. Le projet ne reconnaît pas que la majeure partie de la zone contrôlée par les Talibans est relativement stable et pourrait encourager au retour volontaire des réfugiés. Il omet également toute critique du Front Uni ,a-t-il ajouté. Le caractère partial de ce texte renforcerait le sentiment d'injuste discrimination chez les Taliban, et encouragerait le Front Uni a être plus exigeant, sécurisé ainsi par le soutien des pays puissants. Ceci compliquerait les possibilités de négociation pour la paix et le Pakistan se dissocie donc de ce projet, a-t-il déclaré.

M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a estimé qu'il est manifeste que le conflit actuel est un mal non seulement pour le peuple afghan et les pays environnants, mais pour toute la communauté internationale. Il est une source générale d'instabilité à causes des graves atteintes aux droits de l'homme, du danger posé par le trafic des stupéfiants, de l'existence de bases de terrorisme international et du développement des formes les plus négatives dérivées d'une des grandes religions, l'Islam. La question de l'Afghanistan, étudiée depuis 20 ans par l'ONU, est également cruciale pour l'Ouzbékistan, pays voisin et Etat partie d'une nouvelle région géographique au potentiel économique important. Le représentant a déclaré son pays est particulièrement intéressé au retour de la paix et de la stabilité en Afghanistan. L'établissement d'un large gouvernement multiethnique intégré à la communauté internationale est un préalable à une coopération mutuellement avantageuse pour toute la région. Evoquant les efforts constants en faveur d'initiatives constructives entrepris par le Groupe des 6 + 2, le représentant a estimé que malgré certaines évaluations critiques, ce groupe a acquis une expérience suffisante au cours d'une période relativement courte. Mécanisme international efficace, le Groupe a un grand potentiel de paix, ce qui s'est notamment vu lors de la réunion de Tachkent et l'adoption de la Déclaration consécutive. Le représentant a appelé les parties à respecter les engagements pris lors de cette réunion. Soulignant qu'un réglement incombe d'abord aux Afghans eux-mêmes, le représentant a fait observer que ces derniers et leurs mentors doivent comprendre qu'il n'y aura pas de solution militaire à ce conflit. Seules des négociations entreprises sous l'égide de l'ONU, médiateur neutre, peuvent parvenir à la paix tant attendue. Le représentant a invité instamment les parties à faire preuve d'une attitude constructive à l'égard de la Mission spéciale des Nations Unies et l'Envoyé spécial du Secrétaire général.

Le représentant s'est également déclaré préoccupé de l'utilisation du territoire afghan pour l'entrainement et les activités de terroristes, dont les effets sont déstabilisateurs jusqu'en Ouzbékistan. L'Ouzbékistan soutient toute action de l'ONU prise à l'encontre de ce développement, en particulier la Résolution 1267 du Conseil de sécurité. Le représentant a par ailleurs dénoncé le développement et la prolifération de centres de production de stupéfiants aux effets dommageables dans les pays voisins et au-delà. Il a insisté pour que les parties soutiennent les actions de la communauté internationale visant à mettre fin à ce fléau. L'Ouzbékistan continuera à soutenir les efforts de la communauté internationale en cette matière, ainsi que ceux visant à parvenir à une paix durable en Afghanistan.

M. RAVAN FARHADI (Afghanistan) s'est félicité de ce que le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan ait été, pour la première fois, fondé sur une nouvelle approche et établisse de manière explicite l'existence d'unités militaires étrangères en Afghanistan. Les faits amplement documentés figurant dans le rapport permettent à la communauté internationale de recouper les réalités relatives à l'agenda du Pakistan, de ses mercenaires et des Taliban, en Afghanistan et dans la région. Le rapport met aussi l'accent sur l'existence de réseaux terroristes internationaux opérant à partir de la région et au-delà, en collaboration avec les milices taliban, sur l'accroissement colossal de la production d'opium dans les régions de l'Afghanistan aux mains des Taliban, et sur la menace persistante à la paix et à la sécurité internationales que font peser les Taliban sur la région. Le rapport couvre aussi les violations massives des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises par les Taliban. Tout en remerciant le Secrétaire général d'avoir mentionné dans son rapport l'existence de combattants pakistanais et autres étrangers en Afghanistan, l'Afghanistan attend du Conseil de sécurité qu'il dénonce l'agression pakistanaise et appelle ce pays à retirer ses soi-disant "volontaires" et son personnel militaire d'Afghanistan, comme il l'a fait au début de cette année à Kargil, a déclaré le représentant. L'Afghanistan considère l'offensive de juillet comme une offensive pakistanaise contre la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan. Ces actes d'agression contre l'Afghanistan exigent des mesures claires et résolues de l'ONU. L'Afghanistan est convaincu de ce que la rhétorique et l'adoption de politiques d'apaisement à l'égard de l'agresseur ne mèneront nulle part, sauf à le rendre plus audacieux. Le moment est venu pour l'ONU de prendre des mesures fermes contre l'agresseur.

Dans les régions aux mains des Taliban, on assiste à une situation d'occupation de facto par le Pakistan. Plus de la moitié de la nation a ainsi été placée virtuellement en résidence surveillée; l'apartheid fondé sur le sexe a été imposé par le régime le plus misogyne qui soit; toutes les lois et normes internationales sont continuellement violées; le terrorisme est soutenu publiquement; des pays tiers sont menacés; et des quantités importantes d'opium y sont produites de manière illicite. Le représentant a affirmé que dans la majorité de ce territoire, il existe, à divers degrés, une résistance aux Taliban et à leur mentor pakistanais. L'Afghanistan attend du Secrétaire général qu'il invite le Conseil de sécurité à accorder l'attention voulue à cette situation alarmante et aux souffrances du peuple afghan. Il faut à tout prix prendre des mesures contre les responsables de cette situation, faute de quoi les responsables penseront qu'ils n'ont pas de comptes à rendre et peuvent agir en toute impunité.

Le représentant a rappelé que, selon le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues, plus de 96 % de l'opium, estimé à quelque 4.600 tonnes et une valeur de vente de plus de 100 milliards de dollars, provient des régions sous contrôle des Taliban. Il y a dans la région un triangle funeste formé par la mafia politico-militaire du Pakistan, les réseaux terroristes et des trafiquants de drogue internationaux opérant à partir de la région, et la milice des Taliban. La lutte contre un tel réseau criminel transnational organisé qui finance les objectifs hégémonistes du Pakistan et la machine de guerre des Taliban, ainsi que les groupes terroristes qui y sont associés, exige des mesures fermes de la part de la communauté internationale et des pays de la région. Les rapports se limitant à établir les faits sans proposer une analyse en profondeur du phénomène, des recommandations et une stratégie de lutte concertée ne peuvent servir les intérêts de la lutte contre le trafic illicite de drogue.

Le représentant a fait part de la déception dans différents cercles afghans quant à la formulation et la nature limitée de la résolution du Conseil de sécurité relative aux sanctions contre les Taliban --comprise comme étant essentiellement axée sur l'extradition d'un seul individu. La résolution est interprétée comme donnant le feu vert à la politique de la terre brûlée, à la destruction des maisons, aux crimes contre l'humanité, aux crimes de guerre et aux violations du droit international humanitaire, a-t-il dit. De nombreux doutes ont été suscités à propos de cette résolution et de l'étrange attitude d'indifférence envers l'agression pakistanaise, les crimes commis par les groupes armés pakistanais et Taliban, et la politique de deux poids et deux mesures du Conseil de sécurité. Ce qu'il faut pour protéger la vie, la liberté et la sécurité et mettre fin aux souffrances de la population, c'est ne pas limiter la portée des sanctions à l'extradition de bin Laden. L'Afghanistan souhaite honnêtement la mise en place d'un gouvernement doté d'une large assise, multiethnique et pleinement représentatif. Il aspire au retour de la paix et de la normalité et à l'établissement de relations amicales avec tous les pays voisins de la région, y compris le Pakistan. En se portant coauteur de la résolution, l'Afghanistan réaffirme qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit.

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