FACE A LA MONDIALISATION SEUL UN DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS PEUT EMPECHER LES MALENTENDUS DE DEGENERER EN CONFLITS ESTIMENT LES DELEGATIONS
Communiqué de Presse
AG/988
FACE A LA MONDIALISATION SEUL UN DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS PEUT EMPECHER LES MALENTENDUS DE DEGENERER EN CONFLITS ESTIMENT LES DELEGATIONS
19991209Les avancées exceptionnelles des technologies et des communications facilitent non seulement le dialogue entre les civilisations mais le rendent impératif, c'est le sentiment général qui s'est dégagé du débat qu'a entamé ce matin l'Assemblée générale qui se prépare à célébrer, en 2001, l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations. Plusieurs délégations ont rappelé que l'effet de la mondialisation ne peut être positif que si celle-ci est accompagnée non par des affrontements, mais par un dialogue éclairé entre les peuples. Ce dialogue, qui rappelle que l'enrichissement de la culture humaine est le fruit de l'effort commun, doit encourager la tolérance et la diversité et favoriser la compréhension entre les sociétés. A cet égard, le représentant de l'Iran a indiqué que si la promotion de l'identité et la protection des civilisations ne doit pas servir de bouclier au protectionnisme et à l'ultra-nationalisme, la défense d'une civilisation universelle ne doit pas non plus s'opposer à la diversité culturelle. Déplorant l'existence de certaines théories selon lesquelles l'Islam présente le plus grand danger pour le monde occidental après la guerre froide, le représentant de l'Arabie Saoudite a, pour sa part, invité la communauté internationale à rejeter toute tentative de lier l'Islam aux actions terroristes. Selon le représentant de l'Egypte, il n'existe en effet pas de civilisation hostile devant être assujettie par d'autres. Certaines délégations ont donc mis en garde contre les stéréotypes et contre toute conception étriquée de ce que constitue une "civilisation". S'interrogeant de même sur cette notion de civilisation, le représentant des Iles Salomon et le représentant de la Russie ont mis en doute l'idée selon laquelle il existerait deux types de civilisations au sein de l'ONU, celles qui perçoivent la différence comme une menace et celles qui y voient un élément essentiel de progrès.
Si les gouvernements ont la responsabilité de représenter les intérêts de leur pays, ils peuvent difficilement représenter toute la diversité des vues et des valeurs de tous les citoyens. Ainsi, la représentante de la Finlande, s'exprimant au nom de l'Union européenne, a estimé qu'il conviendrait que la majorité des activités développées dans la cadre de l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations, soient menées avec la société civile et se déroulent au niveau local.
(à suivre 1a)
- 1a - AG/988 10 décembre 1999
L'Assemblée était saisie dans ce cadre d'un projet de résolution, présenté et amendé oralement par la République islamique d'Iran, par lequel elle engagerait les gouvernements à encourager tous les membres de la société à prendre part au dialogue entre les civilisations et à leur fournir l'occasion d'apporter leur contribution à l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations.
Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: République islamique d'Iran, Arabie Saoudite, Egypte, Sénégal, Emirats arabes unis, Kirghizistan, Iraq, Malaisie, Liechtenstein, Andorre, Chypre, Qatar, Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Iles Salomon, République de Corée et la Fédération de Russie.
L'Assemblée reprendra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures.
DIALOGGUE ENTRE LES CIVILISATIONS (Point 34)
Rapport du Secrétaire général (A/54/546)
L'Assemblée générale ayant décidé de proclamer 2001 Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations, le présent rapport a pour objet d'indiquer brièvement aux Etats Membres de quelle façon le Secrétaire général entend aborder l'idée d'un dialogue entre les civilisations et rechercher des moyens pratiques d'influencer la communauté internationale. En annexe figure le rapport du Représentant personnel du Secrétaire général, M. Giandomenico Picco.
Le dialogue entre les civilisations revêt de multiples formes, depuis le dialogue culturel entre l'Islam et l'Occident jusqu'au dialogue entre les grandes religions en passant par les échanges culturels et politiques entre les héritiers des civilisations historiques. En effet, les débats pourraient être source de malentendus politiques et culturels susceptibles d'avoir l'effet inverse de celui que l'Assemblée générale avait à l'esprit en adoptant l'Année internationale. Si l'on regarde en arrière, il est clair que c'est à tort que certains des nombreux conflits qui ont éclaté ces dix dernières années ont été décrits comme ayant une origine culturelle, religieuse ou ethnique. On a estimé que les guerres dans le Caucase, les Balkans, en Afrique de l'Est et en Afrique de l'Ouest avaient toutes leurs racines dans l'idée que la différence était menaçante alors que l'ONU repose sur l'acceptation de la richesse extraordinaire qu'apporte la différence, qui est source de progrès. Il semble donc opportun de parler dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies de deux types de civilisations : celles qui perçoivent la différence comme une menace et celles qui y voient un élément essentiel du progrès. C'est entre ces deux civilisations ou ces deux types de civilisations qu'il faut ouvrir un dialogue.
L'exemple des êtres d'exception qui ont su voir au travers de la prétendue différence de leurs voisins et protéger le fondement de l'humanité est la façon la plus efficace de prôner le dialogue et d'en enseigner les vertus. Il s'agira donc de découvrir ces modèles de courage plutôt que de tenter d'enseigner ce que nous ne sommes peut-être pas les plus aptes à enseigner. L'Assemblée avait proclamé 1995 Année des Nations Unies pour la tolérance. Cette tolérance est la reconnaissance de la diversité des êtres humains et de leur droit de vivre cette diversité sans chercher à imposer des vues à autrui. La culture de la paix repose sur la conviction que par le dialogue pacifique, les échanges culturels bénéfiques et la définition des valeurs communes, individus et nations peuvent édifier un monde meilleur. L'Assemblée générale a proclamé 2000 Année internationale de la culture de la paix en vue d'encourager diverses activités dans ce domaine, facilitant par là même les préparatifs de l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations.
La majorité des conflits récents dans lesquels l'ONU a été invitée à intervenir ou à servir de médiateur sont des conflits ethniques, tribaux ou religieux. Il est d'autant plus nécessaire d'essayer de mieux comprendre et d'éliminer les causes profondes des conflits. Elargir l'ensemble des valeurs consacrées par la Charte faciliterait le dialogue, puisque les Etats Membres s'accorderaient sur un plus grand nombre de principes. Certains craignent que ceci ne débouche sur la dominations des puissants. L'organisation des Nations Unies peut, à cet égard, jouer un rôle majeur en veillant à ce que l'identité de chacun soit préservée. L'élargissement des valeurs communes et l'affirmation d'une identité propre ne sont pas antinomiques. Il serait donc opportun que le dialogue entre les civilisations ouvre la voie à un processus de réconciliation dans une ou plusieurs parties du monde. Le Représentant spécial indique que le Secrétaire général lui a demandé de mettre en application les trois étapes évoquées dans le présent rapport, à savoir élaborer une trame conceptuelle, prendre conscience de la réalité et définir l'objectif à atteindre. M. Picco a déjà pris contact avec certains groupes rêgionaux et gouvernements, et poursuivra cette action. Le théme du dialogue entre les civilisations êtant trés vaste et les moyens financiers restreints, il a été décidé de s'en tenir á des projets bien circonscrits, qui seraient financés par des sources extérieures aux organismes des Natiosn Unies.
Projet de résolution (A/54/L.60)
Aux termes du projet résolution intitulée Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations, présenté par la République islamique d'Iran au nom des coauteurs tel qu'amendé oralement, l'Assemblée générale inviterait les gouvernements, les organismes des Nations Unies, y compris l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture ainsi que les autres organisations internationales et organisations non gouvernementales compétentes, à poursuivre et à accélérer la planification et l'organisation de programmes culturels, éducatifs et sociaux appropriés pour promouvoir le dialogue entre les civilisations, notamment en organisant des conférences et des séminaires et en diffusant des informations et des ouvrages théoriques sur la question, et à informer le Secrétaire général de leurs activités.
L'Assemblée générale engagerait également les gouvernements à encourager tous les membres de la société à prendre part au dialogue entre les civilisations et à leur fournir l'occasion d'apporter leur contribution à l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations.
Présentation du projet de résolution
M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a fait observer que l'ONU est le lieu idéal pour promouvoir le dialogue entre les civilisations et les cultures car l'un de ses objectifs est d'être un centre où s'harmonisent les actions des nations vers des fins communes. Il a noté qu'il existe certains buts difficiles à atteindre au stade de développement intellectuel et éthique actuel de l'humanité. Néanmoins, à notre époque, les personnes de différentes cultures se rapprochent de plus en plus, les nations sont de plus en plus interdépendantes et le développement des technologies de communication n'a jamais été aussi rapide. Il faut donc nous engager sérieusement dans un dialogue général éclairé, en particulier avec ceux qui n'ont pas encore de voix, et rechercher l'interaction positive des cultures afin qu'elles s'alimentent mutuellement, a-t-il recommandé. Quel que puisse être le dialogue entre les civilisations, les réactions qu'il a suscitées parmi la communauté internationale semblent indiquer que le choix de l'année 2001 comme Année du dialogue entre les civilisations correspond à un réel besoin.
Le dialogue entre les civilisations peut encourager la tolérance de la diversité et encourager la compréhension, a rappelé le représentant. En outre, la promotion de l'identité et la protection des civilisations ne doit pas servir de bouclier au protectionnisme et à l'ultra-nationalisme tout comme la défense de l'universalisme ne doit pas empêcher la diversité culturelle. Le représentant a indiqué que de nombreux Etats Membres ont pris des initiatives pour organiser des conférences préparatoires dans le cadre de l'Année des Nations Unies sur le dialogue entre les civilisations. Il a en particulier indiqué que l'Organisation de la Conférence islamique a créé un groupe intergouvernemental d'experts pour préparer un projet de document sur les valeurs communes à prendre en compte à cette occasion et a aussi décidé de préparer un programme décennal sur ce thème. Si le dialiogue à l'intérieur d'une civilisation est aussi important que le dialogue entre les civilisations, ce dernier exige une démarche d'inclusion où les interlocuteurs s'efforcent de s'entendre mutuellement.
Débat
M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a plaidé pour que les développements techniques et scientifiques permettent d'augmenter la coopération entre les nations dans un esprit de paix et de fraternité. Il n'existe rien de plus noble que la concrétisation des valeurs culturelles entre les nations et les liens entre les peuples. La culture a une dimension mondiale et multilatérale dont les valeurs ne peuvent se réaliser sans la coopération entre les hommes. La paix est un don de dieu; la justice est la base de la coopération humaine. Ce que l'humanité a réalisé aujourd'hui résulte de l'accumulation des réalisations des peuples et de la continuité depuis l'aube de l'histoire. Les peuples ont enrichi la culture humaine et sont donc partenaires dans ces réalisations. L'avenir de l'humanité se développe par la coopération entre les peuples, par le mariage des idées positives dans un esprit de bonne volonté, a déclaré le représentant.
Il a fait part de ses préoccupations face au déséquilibre que l'on constate dans les relations internationales et qui a été renforcé par le rythme rapide des évènements depuis la fin de la guerre froide. Selon certaines théories, le monde de l'après- guerre froide connaîtra des conflits de civilisation qui remplaceront les conflits idéologiques de la guerre froide. Certains prétendent que l'Islam présente le plus grand danger pour le monde occidental après la guerre froide, a-t-il déploré. Auparavant, les conflits internationaux résultaient des visées hégémonistes et colonialistes de certains pays. Il est logique que la communauté internationale rejette aujourd'hui cette vision inique de la prédominance d'une seule civilisation.
L'Arabie saoudite qui abrite le sanctuaire le plus vénéré de l'Islam croit dans le Coran qui invite tous les peuples à donner le meilleur d'eux-mêmes, a déclaré le représentant. Il a appuyé la proclamation de 2001 Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations ainsi que la nomination d'un Représentant personnel du Secrétaire général sur cette question importante. L'Arabie saoudite accorde un grand intérêt à la poursuite du dialogue entre les civilisations avec pour objectif de trouver une base commune pour le développement fondée sur la paix et la concertation. Dans ce contexte, le représentant a invité la communauté internationale à rejetter toute sélectivité, toute discrimination et toute tentative de lier l'Islam aux actions et mouvements terroristes. Le terrorisme est un phénomène international qui ne se limite pas à une religion ou à une civilisation donnée et qui exige, pour être éliminé, des mesures concertées de la communauté internationale.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a déclaré qu'il fallait approfondir le dialogue entre civilisation jusqu'à en arriver à un dénominateur commun éthique et culturel. Ce dialogue est le symbole de l'attachement de notre monde culturellement divers à la paix et au respect mutuel qui est le fondement de la prospérité. Nous constituons une communauté basée sur le pluralisme culturel et religieux, au sein de laquelle chaque peuple doté de ses propres caractéristiques vient renforcer notre unité internationale basée sur la différence et la diversité. On peut être fier de sa culture sans que cela confine à la négation des autres, et chacun doit pouvoir choisir ce qui lui convient car aucune hiérarchie entre les civilisations n'est concevable quelles que soient la puissance militaire et économique, la popularité de ses croyances et ses idéologies.
Il faut respecter les cultures, leurs diversités et leur égalité. La mondialisation peut unir le monde économiquement et politiquement sans modifier les caractéristiques culturelles, a- t-il indiqué. La plupart des sociétés n'acceptent pas les vues unilatérales et les tentatives d'une société d'assujettir les autres à ses intérêts. La civilisation occidentale avec ses variantes américaines et européennes ne doit pas s'imposer à tous, et il n'existe pas de civilisation hostile devant être assujettie. Notre expérience montre que la division et les conflits n'aboutissent ni au développement ni au progrès, au contraire le dialogue et la rencontre sont autant de clefs pour abolir un monde d'hégémonie et de haine. Nous souhaitons un développement réel ne perpétuant pas la pauvreté et profitant à tous. Nous n'aboutirons pas à une coexistence pacifique entre civilisations sans dialogue, sans une culture de paix comme mode de valeur, de respect de l'égalité , des droits de l'homme, de la souveraineté et du pluralisme, a-t-il conclu.
M. IBRAHIM DEGUENE KA (Sénégal) a expliqué que sa délégation s'est associée, dès le début, à l'heureuse initiative du Président de la République islamique d'Iran, parce qu'elle intervenait à un moment où, avec la mondialisation et la tendance à l'uniformisation, les petits pays craignaient de perdre leur identité, leur culture et leur héritage. La mondialisation de l'économie, de la culture et de la pensée ainsi que l'interdépendance grandissante entre les nations imposent une nouvelle vision des rapports internationaux, qui exclut la confrontation, la haine raciale et la xénophobie. Dans ce contexte, il est heureux que le symposium islamique sur le dialogue entre les civilisations, réuni en mai dernier à Téhéran, ait permis d'adopter la Déclaration de Téhéran qui définit les principes, les domaines ainsi que les mécanismes d'un tel dialogue, a-t-il estimé.
M. Deguène Ka s'est, par ailleurs, félicité de la nomination par le Secrétaire général d'un Représentant personnel pour l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations. S'agissant du rapport intérimaire du Représentant, il a souligné l'idée de la multiplicité du dialogue entre les civilisations, depuis le dialogue culturel entre l'Islam et l'occident, jusqu'au dialogue entre les grandes religions, en passant par les échanges culturels et politiques entre les héritiers des civilisations historiques. Il a indiqué que les Nations Unies, l'UNESCO, et d'autres institutions comme l'Organisation de la Conférence islamique et les ONG peuvent jouer un rôle central dans la promotion d'un dialogue interculturel fécond entre les civilisations. Il a fait remarquer que ce dialogue apparaît, en outre, comme une nécessité au sein d'une même civilisation. Pour bâtir une architecture de compréhension entre les nations et les peuples, les Nations Unies demeurent, le cadre idéal pour promouvoir, amplifier et accepter la diversité et la différence des cultures, des religions et des traditions, a-t-il observé.
M. MOHAMMAD SAMHAN (Emirats arabes unis) a rappelé l'incapacité actuelle de la communauté internationale de trouver des solutions à un bon nombre de problèmes et a souhaité que le dialogue entre les civilisations permette l'interaction nécessaire à leur résolution. Les Emirats arabes unis qui croient en la diversité des civilisations, ont pour leur part adopté la civilisation islamique car c'est une civilisation qui considère l'homme comme le représentant de dieu sur terre. Le représentant a suggéré que toute civilisation doit être fondée sur la science et la connaissance et rejeter l'agression, le génocide et toute forme de terrorisme international. Il a défendu une civilisation qui incite à l'esprit de tolérance, qui joue un rôle essentiel dans le développement et les progrès de l'homme et de la société, et qui protège ses spécificités pour éviter que celles-ci ne disparaissent. Les Emirats arabes unis ont également réitéré le droit de tous les peuples de protéger leur croyance religieuse et le représentant a fait observer que la diversité est un élément important pour permettre l'enrichissement du patrimoine culturel de l'humanité.
Mme ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizistan) a déclaré que son Président avait fait sien le thème du dialogue entre les civilisations lorsqu'il a adopté la doctrine, intitulée "diplomatie sur la route de la soie". Le renouveau que connaît cette route est un démenti infligé aux idées ancestrales selon lesquelles l'Orient et l'Occident étaient perçus comme des mondes totalement incompatibles l'un avec l'autre.
L'interdépendance est un phénomène nouveau, et la mondialisation a démontré sans aucun doute, qu'aucun pays , quelle que soit sa puissance économique ou militaire, ne peut affronter seul les défis de la course à l'armement, des guerres, de l'extrémisme et du terrorisme, de la production industrielle illégale, du trafic de drogues, des catastrophes naturelles ou d'origine humaine, et des besoins humains, qui faute d'être satisfaits remettraient en question la survie de toute l'humanité.
Le Kirghizistan est prêt à servir de lien entre tous les pays parcourus par la route de la soie, et se réjouit de l'année internationale des montagnes à venir en 2002, qui prolongera l'idée de dialogue entre les civilisations reposant sur la croyance que l'être humain et les nations peuvent construire un monde meilleur par un discours de paix, des échanges mutuellement bénéfiques, et par la définition de valeurs communes, a-t-elle conclu.
M. SAEED HASAN (Iraq) a rappelé que les progrès d'aujourd'hui sont le résultat des réalisations accumulées tout au long des siècles par les peuples du monde. La civilisation humaine est donc le patrimoine de l'humanité toute entière. L'Iraq est fier d'être le berceau des anciennes civilisations, a- t-il dit, soulignant, par ailleurs, la participation active de la nation arabe au dialogue entre les civilisations. L'histoire a été marquée par de nombreux conflits. Cette tendance destructrice doit être abandonnée au profit de la coopération entre les peuples en vue de créer un nouvel ordre mondial basé sur le respect entre les peuples. A cette fin, les Etats devraient élaborer et mettre en oeuvre des programmes culturels et sociaux visant à consolider le concept de dialogue entre les civilisations et à l'enraciner dans la démocratie.
Le dialogue entre les civilisations doit avoir pour objectif de faire accepter la diversité culturelle et intellectuelle en tant que caractéristiques propres de la civilisation humaine, d'assurer la sauvegarde du patrimoine, de refuser toute les tentatives hégémonistes, et de coopérer pour mettre un terme aux menaces à la paix et à la sécurité internationales. Si nous réussissons à édifier une telle culture humaine, nous ne verrons plus un Ministre des affaires étrangères d'un Etat Membre de l'ONU se vanter de ce que les sanctions imposées à l'Iraq ont tué 500 000 enfants innocents; nous ne verrons pas une situation où la minorité des pays du Nord vit dans l'opulence, alors que dans les pays du Sud on meurt de faim; nous ne verrons pas non plus une situation où une minorité de pays dotés d'armes nucléaires menacent la sécurité internationale. Le représentant a invité l'ONU à élaborer et mettre en oeuvre des programmes culturels visant à promouvoir les idéaux du dialogue entre les civilisations. M. JASMI MD. YUSOFF (Malaisie) a déclaré que la mondialisation avait entraîné de plus grandes interactions entre les civilisations, engendrant des résultats positifs, mais aussi des incompréhensions interculturelles et des conflits. Il faut donc que la communauté internationale cherche à développer une meilleure compréhension et une meilleure communication entre les civilisations. Il faut rester ouvert aux points de vues culturels différents et défendre des relations égales entre groupes culturels. C'est seulement ainsi que pourront se dissiper les mythes de l'exclusivisme et de la supériorité culturelle, a-t-il déclaré.
Par ailleurs, la presse devrait cesser d'alimenter les préjudices populaires, agir de manière plus responsable, s'abstenir de stéréotypes et ne pas alimenter le besoin populaire de trouver des boucs-émissaires. Il est regrettable que des musulmans soient les cibles de ces stéréotypes qui portent atteinte à la compréhension entre civilisations. Nous devons chercher à intégrer les valeurs bénéfiques des civilisations de chacun a-t-il poursuivi. C'est grâce à un processus de dialogue et de tolérance entre communautés que la Malaisie, nation multi- culturelle et multi-ethnique, a pu connaître l'harmonie et la paix. Nous avons bénéficié de la fusion de plusieurs civilisations, et croyons qu'il peut y avoir unité dans la diversité. Pour M. Yusoff, chaque nation doit hériter des mêmes possibilités à l'avenir et il s'est déclaré pour la mondialisation, mais non pour l'uniformité hégémonique et la conformité; pour le bien-être matériel, et non pour le règne de l'argent partout dans le monde. Il est nécessaire de réorienter fondamentalement nos modes de penser, et nos stratégies pour atteindre cet objectif, a-t-il conclu.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a rappelé que le dialogue entre les civilisations est né de la réaction contre la théorie du "choc des civilisations", qui prévalait à la fin de la guerre froide. Il a estimé que les Nations Unies constituent le cadre idéal pour un tel dialogue, dans la mesure où la création de l'Organisation est en elle-même la preuve tangible d'un dialogue réussi. Il a rappelé que des questions se posent encore quant à la définition du terme de civilisation. La civilisation ne peut pas signifier un stade "plus avancé" au niveau du développement, de la morale, de la technologie ou de tout autre critère. Il est important de reconnaître qu'une civilisation est loin d'être un produit fini, dû à un développement historique, mais qu'elle évolue constamment, qu'elle s'adapte et change. Une civilisation est un processus plus qu'un produit. Le représentant a estimé qu'un dialogue véritablement utile entre les civilisations doit permettre l'inclusion et la participation active d'un grand nombre d'acteurs qui sont parties quotidiennement au débat en question. Même si les années passées ont vu augmenter la participation de la société civile aux activités des Nations Unies, le quotidien de l'Organisation reste encore dominé par les activités interétatiques.
M. Wenaweser a ajouté que le concept de dialogue consiste en la volonté et en la capacité de donner et d'offrir tout en gardant l'esprit ouvert pour recevoir et intégrer. Cette interaction à double sens est sans doute la principale caractéristique du dialogue. Elle implique le respect mutuel et la nécessité de se trouver au même niveau. La reconnaissance de la diversité ne doit pas entraîner de hiérarchie, mais permettre, au contraire l'établissement d'une base commune. Il a expliqué que si la mondialisation est perçue comme un facteur facilitant le dialogue entre les civilisations, certains y voient comme une menace. Cela nécessite pourtant un partage des technologies inhérentes au phénomène de mondialisation.
M. JULI MINOVES-TRIQUELL (Andorre) a déclaré que les civilisations se transforment sans cesse, et que l'Assemblée était réunie aujourd'hui pour discuter des moyens d'évoluer. La principauté d'Andorre a toujours été un lieu de passage et de brassage de populations a-t-il expliqué. Plusieurs civilisations s'y sont rencontrées et ont trouvé refuge dans ses vallées, des ennemis idéologiques y cohabitant en tant de guerre. Lorsque des civilisations différentes se rencontrent avec tous leurs bagages d'idées et d'intérêts différents, des conflits surgissent, a-t-il poursuivi. Les Nations Unies doivent savoir devenir le forum où l'alternative du dialogue est possible. Compte tenu de la mondialisation, bien réelle sur le plan économique et sur le plan culturel, nous devons nous efforcer de préserver les identités culturelles, linguistiques et religieuses des différentes civilisations tout en essayant de promouvoir leur convergence dans les valeurs propres de la communauté des nations. Tous les peuples sont unis par des liens communs et la mosaïque délicate qu'ils constituent peut éclater à tout moment.
Par ailleurs, en cette époque de progrès rapide, différentes générations au sein d'une même civilisation ne partagent parfois plus les mêmes valeurs et les mêmes points de référence, a-t-il ajouté. Le dialogue doit permettre de surmonter les obstacles. Sans dialogue, la diplomatie préventive ne sera qu'un instrument stérile et les guerres se perpétueront certainement. Par le dialogue, nous souhaitons avancer sur le chemin du progrès et de la paix et nous soutenons donc la proposition de l'Iran a-t-il conclu.
M. CONSTANTINE MOUSHOUTAS (Chypre) s'est inquiété de ce que face au mouvement sans précédent de mondialisation qui caractérise notre époque, et caractérisera probablement les années à venir, les mouvements anachroniques et contradictoires de séparatisme, de division, de partition et de ségrégation ne cessent de se développer au détriment de la paix et la sécurité régionales et internationales. La promotion de la compréhension, de la tolérance et de la coopération grâce au dialogue n'est pas seulement un objectif politique parfait, mais aussi un choix de survie, a estimé le représentant. Il a jugé l'initiative du Président iranien salutaire pour le prochain millénaire car il permet d'institutionnaliser le dialogue entre les peuples de différentes cultures afin d'accepter et d'apprécier la diversité et la beauté des
différences cultures. Le représentant a souligné le fait que c'est grâce au dialogue que son gouvernement souhaite résoudre la question de Chypre. Le dialogue qui se tient en ce moment à ce sujet au Siège des Nations Unies en est un exemple vivant, afin que les deux communautés puissent à nouveau vivre, comme par le passé, en paix et en harmonie.
M. ALI FAHAD AL-HAJRI (Qatar) a déclaré, au nom du Groupe des pays arabes, que l'année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations ne fait que reprendre les principes et les objectifs de la Charte, notamment le respect universel des droits de l'homme et des libertés fondamentales ainsi que la diversité des réussites humaines, symboles du pluralisme, de la transparence et des formes variées de la créativité humaine. Les Etats membres de la Ligue arabe ont foi dans le dialogue entre les civilisations et refusent le choc des cultures. Ils aiment à croire le rôle pionnier joué par la civilisation islamique arabe dans le domaine des arts et des sciences en vue de l'enrichissement de la civilisation humaine. Les défis actuels sont principalement posés par la tyrannie du pouvoir, le défaut de compréhension mutuelle et le danger que cela peut poser à l'identité nationale et à la spécificité culturelle des autres. Pour éviter ce risque, le dialogue entre les civilisations doit se fonder sur l'égalité, la justice, la diversité et la paix. Le représentant a fait observer que le dialogue, la tolérance et la paix doivent être basés sur le besoin de rechercher une juste paix partout dans le monde, l'élimination des occupations étrangères, le respect de la souveraineté des Etats, de leur intégrité territoriale et de leur indépendance politique, la levée de tous les obstacles à la réalisation du droit des peuples à l'autodétermination, et le refus de la menace de la violence et de l'acquisition de territoires par des moyens de guerre. Il a assuré l'Assemblée générale du choix des Arabes à parvenir à une culture de paix, notamment à travers l'établissement d'une paix permanente, juste et durable au Proche-Orient.
Mme ANNA-MAIJA KORPI (Finlande) prenant la parole au nom de l'Union européenne, des pays associés d'Europe centrale et orientale, de Chypre, de Malte, de l'Islande, du Liechtenstein et de la Norvège, a déclaré qu'un dialogue international peut être une expérience enrichissante et aider à développer la compréhension des valeurs inhérentes à l'humanité et communes à toutes les civilisations. Il n'existe pas de définition acceptée de ce que constitue une "civilisation". L'Union européenne met donc en garde contre les stéréotypes et toute conception limitée de ce que constitue une "civilisation" et propose d'utiliser un concept large recouvrant les diverses conditions dans lesquelles des peuples appartenant à différentes cultures, religions, nations et groupes autochtones et ethniques, minorités linguistiques et religieuses, ainsi que les immigrés et les réfugiés se rencontrent dans le dialogue. Le dialogue à l'intérieur et entre les pays, les nations, les cultures et les religions constitue un excellent moyen de promouvoir le pluralisme et la tolérance ainsi que la participation de la société civile dans les processus de gouvernance.
De l'avis de l'Union européenne, le large éventail d'instruments existants relatifs à la tolérance, aux droits de l'homme, à la coopération culturelle, à la science et à l'éducation constituent une base normative solide pour l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations. Il n'est donc pas nécessaire d'élaborer de nouveaux instruments internationaux ou de procéder à de longues négociations intergouvernementales. Ce qu'il faut, c'est des mesures pratiques pour rassembler les peuples, y compris en utilisant les méthodes modernes de communication. Tout en appuyant l'approfondissement du dialogue intergouvernemental au sein du système des Nations Unies, l'Union européenne serait déçue si l'Année relevait avant tout de ce type de pratique. Les gouvernements ont la responsabilité de représenter les intérêts de leurs citoyens mais ils pourraient difficilement représenter toute la diversité des vues et valeurs de toutes les communautés sous leur juridiction. C'est pourquoi, si certaines activités peuvent être prévues au Siège de l'Organisation en interaction étroite avec la société civile, la majorité des activités doivent être menées avec la société civile et donc se dérouler au niveau local dans le contexte de partenariats institutionnels appropriés. Les gouvernements ont un rôle à jouer dans la mesure où le processus intergouvernemental de dialogue entre les civilisations doit fournir l'occasion de faciliter les échanges entre les gens ordinaires.
Au sein de l'Union européenne, des programmes d'éducation et d'échange, et des opportunités de voyage permettent aux gens d'avoir un aperçu de la vie et des idéaux d'autres nations et d'autres civilisations ou d'acquérir une expérience de première main. Dans ce contexte, l'Union européenne réaffirme son intérêt pour la Conférence mondiale contre le racisme qui doit se tenir en 2001. Au niveau de l'Europe, les préparatifs en vue de cette Conférence sont menés par le Conseil de l'Europe. Ce processus culminera en octobre 2000 avec l'organisation à Strasbourg d'une conférence européenne intitulée "Tous différents, tous égaux : des principes à la pratique". Pour l'Europe, la diversité et l'interaction entre nations et cultures a laissé un héritage extrêmement riche mais aussi généré des conflits. Les pays qui forment aujourd'hui l'Union européenne sont donc convaincus que la seule manière de garantir la paix et la stabilité est la démocratie, le pluralisme et les droits de l'homme dans des sociétés ouvertes et tolérantes. C'est pourquoi, ils sont déterminés à promouvoir la coopération internationale, la démocratie, la primauté du droit et les droits de l'homme.
M. HAROLD FRUCHTBAUM (Iles Salomon) a rappelé les doutes, relatifs à la question du dialogue entre les civilisations, émis que le représentant des Iles Salomon avait il y a treize mois. Il avait mis en garde contre les difficultés intellectuelles et pratiques que soulève une telle question. "Comment, se demandait-il, définir les civilisations pour cette année de dialogue" ou "quel était le lien entre culture et civilisation". Le représentant a estimé que le Représentant personnel du Secrétaire général ne répond pas à ces questions dans son Rapport intermédiaire. Mais il l'a néanmoins félicité pour le travail qu'il a fourni sur cette question difficile. M. Fruchtbaum est revenu sur l'idée du Représentant personnel du Secrétaire général selon laquelle il existe deux types de civilisations au sein de l'Organisation des Nations Unies, celles qui craignent la diversité et celles qui la considèrent comme source de richesse. Face à cette allégation, il s'est demandé quels Etats Membres viendraient délibérément se ranger du côté de ceux qui craignent la diversité. Il s'est également interrogé sur la pertinence d'autres éléments du rapport, notamment sur cette répartition en deux groupes des civilisations ou sur l'existence d'une limite de diversité au delà de laquelle une civilisation n'est plus viable.
M. Fruchtbaum a, en revanche, appuyé la nécessité d'identifier et d'écouter ceux qui ont été capables d'aller au delà des différences qui les éloignent de leur voisins et cherchent les valeurs humaines communes qui les rapprochent. Ces exemples constituent certainement les moyens les plus efficaces de faire passer la notion de dialogue. Il a, par ailleurs, rappelé que récemment les Etats Membres se sont engagés à renforcer le dialogue grâce à l'Année des Nations Unies pour la tolérance ou l'Année internationale pour la culture de la paix. Il a aussi fait remarquer que le travail diplomatique fait aux Nations Unies implique le dialogue entre les civilisations, les cultures, les religions et les groupes ethniques et que les Membres de l'Organisation partagent certaines valeurs communes. La question, pour le représentant, reste toutefois de savoir comment ces valeurs sont interprétées et mises en application. Le représentant a réfuté l'idée du Représentant personnel du Secrétaire général lorsqu'il estime que la définition de dénominateur commun de valeurs facilitera le dialogue. Certaines délégations pourraient, en effet, craindre que la définition de ce tronc commun de valeurs ne soit laissée aux puissants. Face à ce risque, il a indiqué qu'il incombe aux Nations Unies d'assurer que l'identité de chacun soit préservée. M. Fruchtbaum s'est enfin inquiété du manque ou des problèmes de financement dont risque de souffrir ce projet.
M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée), a rappelé que pendant la deuxième partie du XXème siècle, les conflits entre les nations n'ont pas cessé. Afin d'éviter la répétition future de tragédies telles que celles que l'on a vues dans les Balkans ou dans la région africaine des Grands Lacs, il faut s'attaquer aux causes profondes des conflits par la promotion du dialogue entre les délégations. Les Etats Membres doivent rassembler leur volonté politique pour créer un environnement plus favorable à un tel dialogue. Trop souvent, de simples malentendus entre voisins, tant au niveau national qu'international, sèment les graines de l'hostilité. Si on permet à ces graines de pousser, la discorde et l'animosité deviennent une menace pour la paix si difficilement cultivée. La communauté internationale a l'obligation d'assurer que la prophétie du "choc des civilisations" ne devienne pas réalité. Au contraire, la richesse de la diversité des civilisations peut et doit constituer un cri de ralliement pour l'harmonie mondiale et la prospérité, plutôt qu'une occasion d'affrontement et de conflit. Comme l'a montré l'histoire, les grandes civilisations se sont toujours épanouies en partageant leurs idées et leurs expériences avec d'autres civilisations.
Si l'acceptation de la diversité et un esprit de tolérance sont les ingrédients essentiels du dialogue entre les civilisations, on ne peut nier l'existence de valeurs universelles auxquelles des générations dans le monde entier ont aspiré et pour lesquelles elles se sont battues tout au long de leur histoire, a poursuivi le représentant. Ces valeurs universelles reposent sur la sagesse collective, les convictions et les expériences émanant des différentes civilisations. Elles fournissent le terreau dans lequel les graines de la diversité entre les civilisations peuvent être plantées et leur croissance encouragée. L'ONU constitue le forum le plus approprié pour traiter de la question du dialogue entre les civilisations. La République de Corée se félicite de la proclamation de 2000 "Année internationale pour une culture de la paix" et 2001 "Année internationale du dialogue entre les civilisations". Ayant hérité consécutivement du Bouddhisme et du Confucianisme, et plus récemment de certains éléments des cultures chrétienne et musulmane, le peuple coréen est bien équipé pour s'engager dans un dialogue entre les civilisations sous l'égide des Nations Unies, a indiqué le représentant.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a observé que le concept de dialogue entre les civilisations va dans le même sens que l'initiative lancée en juin dernier par le Président de la Fédération de Russie, Boris Eltsine, visant à développer conjointement "le concept du monde au 21ème siècle". La Fédération de Russie est convaincue de ce qu'un monde où chaque nation a droit à sa place parmi les autres nations et à une sécurité égale, est une condition préalable à l'interaction entre les différentes civilisations. Le dialogue entre les civilisations dans le contexte d'un monde multipolaire présume que l'on consolide les principes du pluralisme et de la démocratisation de la vie internationale. Dans la pratique, cela veut dire rejeter les tentatives de monopolisation de la sphère internationale, la non-utilisation de la force et d'autres mesures coercitives en violation de la Charte de l'ONU et sans autorisation du Conseil de sécurité. Parallèlement, un dialogue à l'intérieur des civilisations, par la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et le développement de la société civile, contribuera à promouvoir la stabilisation à la fois à l'intérieur et aux frontières communes des différents pôles de ce monde multipolaire.
De l'avis de la Fédération de Russie, le développement du dialogue entre les civilisations exige d'urgence un renforcement du potentiel de l'ONU et de son rôle en tant que mécanisme universel de coopération internationale. La Charte, qui depuis le tout début a été une synthèse des intérêts des différents systèmes de valeurs, représente aujourd'hui la base politique et juridique pour une coopération constructive entre les civilisations. La Fédération de Russie appuie les conclusions du Représentant personnel du Secrétaire général pour l'Année des Nations unies pour le dialogue entre les civilisations selon lesquelles le dialogue entre les civilisations doit avoir un caractère mondial et être fondé sur le respect des droits de l'homme et le pluralisme culturel. Dans le même temps, l'idée selon laquelle au sein de l'ONU, il serait approprié de parler de deux types de civilisations, "celles qui conçoivent la différence comme une menace et celles qui y voient un élément essentiel du progrès", n'est pas si évidente. De l'avis de la Fédération de Russie, une telle distinction n'est pas vraiment appropriée. Le dialogue doit plutôt être développé dans le sens d'efforts conjoints entre les pays pour lutter contre la violence, l'extrémisme, le terrorisme, la pauvreté, la faim et les maladies, bref contre toutes les théories ou pratiques qui nient l'essence et les fondements mêmes de toute civilisation. C'est dans cet esprit que la Fédération de Russie s'est portée coauteur du projet de résolution dont l'adoption confirmera le souhait de la communauté internationale d'avancer vers un ordre mondial fondé sur la primauté du droit et les valeurs universelles et non sur l'excommunication de "civilisations", d'Etats ou de nations entières, a conclu M. Lavrov.
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