En cours au Siège de l'ONU

AG/AB/525

LES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LES RESTRICTIONS BUDGETAIRES NE DOIVENT PAS REMETTRE EN CAUSE LA MISE EN OEUVRE DES ACTIVITES ET DES MANDATS PRESCRITS

1 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/AB/525


LES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LES RESTRICTIONS BUDGETAIRES NE DOIVENT PAS REMETTRE EN CAUSE LA MISE EN OEUVRE DES ACTIVITES ET DES MANDATS PRESCRITS

19991101

"Les programmes et activités prescrits par les Etats Membres ne pourront être correctement réalisés que si le budget reçoit tous les fonds nécessaires", a rappelé, cet après-midi, le représentant de l'Inde devant la Cinquième Commission (administrative et budgétaire) qui poursuivait son débat sur le projet-programme de l'exercice biennal 2000-2001. La réduction à outrance des coûts ne peut être une fin en soi, et les mesures proposées par le Secrétaire général visant à améliorer l'efficacité de l'Organisation, souhaitables dans une certaine mesure, ne doivent pas avoir de répercussions négatives sur l'exécution des programmes prévus, ont insisté plusieurs représentants. Pour le représentant de l'Algérie, qui a rappelé que le budget de l'Organisation n'a pas augmenté depuis cinq ans, les activités relatives à la coopération pour le développement économique, qui ont déjà souffert de coupes sombres au fil des ans, ne doivent en aucun cas subir de nouvelles réductions.

De l'avis de plusieurs délégations, certaines propositions faites par le Secrétaire général telles qu'une croissance nominale zéro, la budgétisation axée sur les résultats ou encore l'introduction de "clauses-couperets" doivent faire l'objet d'un examen minutieux de la part d'organes tels que le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, le Comité du programme et de la coordination ou encore la Cinquième commission, qui doivent en évaluer au préalable toutes les conséquences. Les délégations ont également mis en garde contre l'utilisation accrue des ressources extrabudgétaires pour financer certaines activités de fond, dans la mesure où, par définition, ces ressources ne permettent pas une assise financière stable et prévisible. L'attention que la Cinquième Commission consacre à des modifications mineures l'empêche de se concentrer sur des considérations budgétaires sérieuses et prioritaires, a regretté pour sa part le représentant du Canada, estimant anormal par exemple que le budget consacré aux bibliothèques (26 millions de dollars) soit supérieur à celui de la Cour internationale de justice (21,3 millions de dollars) ou du désarmement (13,5 millions de dollars).

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Algérie, Inde, Canada (au nom du groupe CANZ), Cuba, Costa Rica, Egypte, Tunisie, République de Corée, Ghana, Mexique, Soudan, Côte d'Ivoire, Zambie, Botswana, Indonésie, Fédération de Russie, Ethiopie, et ex-République yougoslave de Macédoine.

La Commission se réunira demain à partir de 10 heures pour statuer sur la question du Corps commun d'inspection et terminer son débat général sur les activités du Bureau des services de contrôle interne.

Projet de budget-programme de l'exercice biennal 2000-2001 (point 121)

Suite du débat général

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a reconnu que, si l'élaboration du budget est un exercice délicat et complexe, son examen et son adoption revêtent assurément une importance majeure dans la vie de l'Organisation. Le budget-programme constitue en effet l'acte juridique et politique par lequel l'ensemble des Etats Membres déterminent les moyens nécessaires à la mise en oeuvre des mandats qu'ils ont décidé. De l'avis du représentant, il faut toujours privilégier la voie de la concertation et impliquer le Secrétariat pour arriver à des solutions consensuelles permettant à l'ONU, à laquelle il est demandé chaque fois de faire plus, de remplir son rôle. Les Etats Membres doivent apporter en toute transparence leur contribution et être pleinement associés au processus budgétaire, conformément aux règles, règlements et procédures en vigueur à l'Organisation, a-t-il poursuivi. L'Algérie est disposée à étudier toute proposition relative à la budgétisation fondée sur les résultats, pour autant qu'elle soit clairement justifiée et réponde aux besoins spécifiques de l'ONU. De plus, toute nouvelle mesure de cette envergure devrait, après son éventuelle approbation par l'Assemblée générale, être mise en oeuvre sans précipitation, d'une manière graduelle et dans le cadre d'une période transitoire.

Rappelant que le budget de l'Organisation n'a pas augmenté depuis cinq ans, le représentant a estimé que les programmes et activités de l'ONU notamment ceux relatifs à la coopération pour le développement économique, qui ont déjà souffert de coupes sombres au fil des ans, ne doivent en aucun cas être affectés. Pour l'Algérie, le Plan à moyen terme demeure la principale directive de politique générale de l'ONU et le cadre devant servir de base à l'élaboration du projet de budget. De l'avis du représentant, les grandes priorités de l'ONU restent le maintien de la paix et de la sécurité internationales; la promotion d'une croissance économique soutenue et du développement durable; le développement de l'Afrique; la promotion des droits de l'homme; la coordination efficace des opérations d'assistance humanitaire; la promotion de la justice et du droit international; le désarmement; la lutte contre la drogue, la prévention du crime et la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes.

L'Algérie estime cependant que l'allocation des ressources aux programmes prioritaires ne s'est pas faite en conformité avec le Plan à moyen terme, le lien entre priorités et ressources n'ayant pas toujours été établi. Elle considère que les activités essentielles de l'Organisation doivent être prises en charge par le budget ordinaire et non pas par une autre source de financement qui, à terme, peut s'avérer hypothétique ou porteuse de certaines conditionnalités.

Abordant enfin la question du développement de l'Afrique, le représentant a fait remarquer que, bien que les ressources globales de l'Organisation soit limitées, il demeure cependant possible, en faisant montre d'inventivité et de volonté politique, de dégager des ressources additionnelles qui viendraient financer les programmes à destination du Continent africain.

M. VED PRATAP VAIDIK (Inde) a exprimé son entier soutien aux efforts déployés par le Secrétaire général en vue d'améliorer l'efficacité de l'Organisation et d'en contenir les dépenses. Pour l'Inde, la réforme et la revitalisation sont des objectifs centraux pour faire entrer l'Organisation dans le nouveau millénaire. Se félicitant des progrès apportés dans la présentation des documents relatifs au projet de budget- programme, le représentant a estimé qu'il fallait désormais accorder davantage de place à l'état de la mise en oeuvre des recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires. Il a précisé que sa délégation souscrit à la plupart des observations du CCQAB sur le projet de budget-programme. Dans la mesure où l'Assemblée générale s'est accordée l'an passé sur une esquisse budgétaire d'un montant de 2,545 milliards de dollars et que les Etats Membres continuent d'investir l'Organisation d'importants mandats, notamment dans les domaines du développement durable et de la sécurité, l'Inde estime qu'une enveloppe budgétaire supérieure au montant proposé (2,535 milliards de dollars) aurait permis de renforcer la capacité de l'ONU à remplir les programmes et activités prescrits, sans qu'elle ait à faire face à des contraintes financières trop sévères. Si des efforts doivent encore être faits pour contrôler les dépenses, la réduction des coûts ne peut néanmoins pas devenir une fin en soi, a-t-il estimé.

Le représentant a ensuite mis l'accent sur les aspects qui, de l'avis de sa délégation, méritent une attention particulière. Il a ainsi insisté pour que les programmes mis en oeuvre soient pleinement conformes aux mandats inscrits dans le Plan à moyen terme approuvé par les Etats Membres. En outre, il faut garantir que les ressources allouées en faveur du développement ne seront pas diminuées, précisant qu'elles devraient être au contraire augmentées. Par ailleurs, toute proposition de réduction ou d'augmentation des ressources devrait être dûment examinée, assortie notamment de toutes les justifications nécessaires de la part du Secrétariat. A cet égard, l'Inde juge les observations fournies par le CCQAB d'une extrême importance et d'une grande pertinence. Aucune diminution des ressources ne devrait entraîner de départs involontaires du personnel, a ajouté le représentant, qui a également demandé d'éviter les emprunts croisés sur le budget du maintien de la paix. En conclusion, il a rappelé que les programmes et activités prescrits par les Etats Membres ne pourront être correctement réalisés que si le budget reçoit tous les fonds nécessaires. Tous les Etats Membres, et plus particulièrement les plus riches d'entre eux, ont l'obligation de s'acquitter de leurs contributions, a-t-il insisté, car en définitive c'est seulement ainsi que l'Organisation pourra réaliser les nouvelles activités qui lui sont demandées.

M. ROBERT R. FOWLER (Canada), au nom du groupe CANZ (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada), a émis le souhait de voir la Cinquième commission se concentrer sur les questions de gouvernance lors du débat sur le budget, et exhorté les délégations à faire connaître rapidement leurs préoccupations de façon à ce qu'elles puissent être prises en compte de manière constructive et efficace. Trop souvent dans le passé, a-t-il fait remarquer, certaines délégations ont insisté pour soulever des problèmes de dernière minute, ce qui a menacé de faire dérailler un accord soigneusement négocié. De l'avis du groupe CANZ, l'efficacité et la crédibilité de l'ONU, en tant qu'organe mondial, dépendent de sa capacité à adopter un budget par consensus, sans jamais avoir recours au vote; un accord le plus large possible envoie un signal clair et positif sur le soutien apporté au Secrétaire général et sur le rôle et les activités des Nations Unies. Tous comptes faits, le budget dont nous sommes saisis est une bonne nouvelle, a poursuivi le représentant, qui s'est félicité de l'importance accrue accordée à certains domaines prioritaires, en s'inquiétant toutefois de constater que le montant consacré aux droits de l'homme soit toujours nettement inférieur aux sommes approuvées pour l'exercice biennal 1996-97. Il s'est en outre félicité de voir qu'un montant de 86,2 millions de dollars a été proposé pour les missions politiques spéciales, dont la mission est perpétuelle par essence et qui est en droit de bénéficier d'un poste budgétaire spécifique. Le groupe CANZ apprécie également la poursuite du processus de réforme, qui passe par l'harmonisation de l'administration et l'amélioration des pratiques en matière de ressources humaines. Il regrette toutefois les réticences de certaines délégations, peu disposées à reconnaître qu'un budget fondé sur les résultats est un outil susceptible de renforcer l'Organisation.

L'attention que la Cinquième Commission consacre à des modifications mineures l'empêche de se concentrer sur des considérations budgétaires sérieuses et prioritaires, a regretté le représentant, qui a mis l'accent sur certaines anomalies, en notant par exemple que le budget consacré aux bibliothèques (26 millions de dollars), est supérieur à celui de la Cour internationale de justice (21,3 millions de dollars) ou du désarmement (13,5 millions de dollars). De même, le budget prévu pour les programmes de statistiques est équivalent à celui consacré aux droits de l'homme. Ces dépenses sont-elles raisonnables, a demandé M. Fowler, regrettant par ailleurs que les mesures d'économies n'aient pas été spécifiquement abordées dans les propositions budgétaires du Secrétaire général. Le groupe CANZ estime qu'il est possible de trouver des postes sur lesquels économiser dans le budget, notamment à la lumière des importants investissements déjà consentis dans le domaine des technologies de l'information. De l'avis du représentant, le budget doit être orienté davantage sur les résultats escomptés, et doit tenter d'établir dans quelle mesure les réunions, les études, les publications et les autres activités entreprises permettront d'atteindre les objectifs fixés par les Etats Membres.

C'est pourquoi, il s'est déclaré en faveur de la proposition de budgétisation fondée sur les résultats présentée par le Secrétaire général. Nulle activité déployée par les Nations Unies ne doit être exempte d'examen critique et si certaines ressources ne permettent plus de se rapprocher d'un des grands objectifs du Plan à moyen terme, ces ressources doivent être réaffectées aux secteurs jugés prioritaires. Si la Cinquième commission s'engage à procéder à un tel examen rigoureux, le montant actuel du budget sera suffisant, a indiqué M. Fowler.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a estimé que la tâche de la Commission revêt une importance particulière dans la mesure où les négociations sur le projet de budget-programme reflètent de manière directe l'engagement des Etats Membres en faveur de l'Organisation. Il est inutile de réitérer l'importance du rôle des Nations Unies dans le règlement des problèmes que rencontrent le monde actuel si, dans la pratique nous lui refusons les moyens nécessaires pour accomplir ses fonctions, a-t-il fait observer. Pour Cuba, l'efficacité doit s'exprimer en premier lieu par l'excellence avec laquelle les activités et programmes prescrits sont gérés et exécutés, et les services rendus aux Etats Membres. Or, malheureusement ces dernières années, l'expérience a montré que l'Organisation s'est vue dans l'incapacité de répondre efficacement aux décisions des Etats Membres. La grave crise de paiement et l'imposition de réductions arbitraires au budget sont les facteurs déterminants de cette situation. C'est pourquoi Cuba souscrit aux préoccupations exprimées par le Secrétaire général, selon lesquelles l'ONU ne peut pas supporter de nouvelles réductions budgétaires. Il est de la responsabilité des Etats Membres de prendre des mesures correctives, dont la première est d'approuver une enveloppe budgétaire correspondant aux besoins de l'Organisation et non à des politiques de réduction budgétaire préconçues, y compris celle prônant la croissance nominale zéro. Il est en outre impossible de prétendre transformer de manière appropriée l'Organisation si l'on n'accorde pas toutes les ressources nécessaires à cet effet, a fait remarquer le représentant. C'est pourquoi, l'écart entre le niveau de l'esquisse budgétaire adoptée par consensus l'an passé et le montant proposé la semaine dernière par le Secrétaire général est inacceptable. Pour le représentant, cet écart semble davantage répondre aux intérêts politiques de certains Etats Membres. De plus, l'augmentation de 125,5 millions de dollars constatée par rapport aux crédits ouverts pour l'exercice précédent est due principalement à l'ajustement budgétaire pur et simple et prétendre absorber ce montant, pour satisfaire au principe d'une croissance zéro, contribuerait non seulement à détériorer encore plus la capacité de l'Organisation à s'acquitter des mandats prescrits, mais constituerait également une entorse grave à la résolution 41/213. Le maintien d'une telle position entraînerait la révision de la résolution susmentionnée, y compris ses dispositions relatives à la prise de décision, a prévenu M. Parrilla.

Le représentant a ensuite regretté l'utilisation croissante dans les résolutions désormais adoptées de l'expression "dans la limite des ressources disponibles". Selon lui, cette expression a un effet de "réduction budgétaire" qui remet en cause la bonne réalisation des activités auxquelles elles s'appliquent. Son utilisation correspond de plus à une tentative de la part de certains Etats Membres de diminuer le pourcentage du Fonds de réserve, a dénoncé M. Parrilla. En ce qui concerne les montants nécessaires aux missions politiques spéciales, il a estimé que les dépenses doivent être maintenues au budget ordinaire et réparties entre les Etats Membres, y compris si des besoins supplémentaires se font jour. De manière plus large, Cuba réaffirme que toutes les activités de l'Organisation, y compris les activités nouvelles, doivent être financées selon l'Article 17 de la Charte. Financer les activités nouvelles, y compris celles relatives au maintien de la paix, au moyen de contributions volontaires contrevient à cet article et ne garantit aucune base financière solide et prévisible.

Le représentant a ensuite estimé que les ressources prévues au chapitre 22 du projet de budget-programme et destinées à des activités que le Secrétariat juge "durables" équivalent à l'établissement d'un "mini fonds de réserve pour des activités durables". Or, selon lui, les activités de ce chapitre doivent être financées conformément aux dispositions en vigueur relatives au Fonds de réserve et il a demandé à ce que la résolution qui sera adoptée au titre de ce point de l'ordre du jour rectifie cette situation. Abordant ensuite la question du niveau d'effectifs proposé, le représentant a rappelé que l'Organisation doit absolument se doter des ressources humaines nécessaires pour réaliser les programmes prescrits et qu'il n'existe aucune décision des organes délibérants visant nommément à réduire ou augmenter les effectifs. M. Parrilla a également mis en garde contre la pratique des redéploiements de postes au sein des programmes et sous-programmes. Il s'est notamment inquiété de leurs effets néfastes sur le moral et les perspectives de carrières des fonctionnaires. Il a, à cet égard, demandé que le Secrétariat prépare un rapport sur l'impact opérationnel de ces redéploiements, ainsi qu'un rapport indiquant le nombre des postes financés au moyen de ressources extrabudgétaires ou de ressources provenant du maintien de la paix.

M. CARLOS FERNANDO DIAZ (Costa Rica) a fait remarquer que, ces dix dernières années, l'Organisation a fait l'objet d'importantes restrictions budgétaires et de mesures d'austérité. Cette situation a nui à l'exécution de programmes et de mandats prescrits, certaines activités n'ayant pas pu être menées à bien par manque de ressources. Dans ce contexte, a poursuivi le représentant, il est heureux de constater que, grâce aux fluctuations favorables des taux de changes, l'Organisation a pu assumer la mise en oeuvre de mandats nouveaux, à caractère politique en particulier, permettant ainsi d'éviter une crise. Durant la dernière session de l'Assemblée générale, une esquisse budgétaire d'un montant de 2 milliards 545 millions de dollars a été approuvée.

La proposition de budget avancée cette année par le Secrétaire général est inférieure à ce chiffre, ce qui est préoccupant à la lumière des réductions de budget et de l limitée des programmes et mandats prescrits, a poursuivi le représentant. Tout en reconnaissant que certains domaines vont bénéficier de ressources en légère hausse, le Costa Rica craint que cela ne soit pas suffisant, et s'inquiète en outre de la tendance actuelle consistant à avoir recours à des ressources extrabudgétaires pour mettre en oeuvre certains programmes.

Les Etats Membres ont pour obligation de convenir d'un budget et d'y contribuer. Dans ce contexte, le Costa Rica considère que les propositions visant à fixer un taux plafond ou à imposer des taux de croissance zéro, que se soit en termes réels ou nominaux, vont à l'encontre des décisions de l'Assemblée générale. De l'avis du représentant, l'exécution des programmes doit être assurée par le personnel de l'Organisation, et il faut éliminer le recours au personnel fourni à titre gracieux. Le Costa Rica approuve les mesures proposées par le Secrétaire général visant à améliorer l'efficacité de l'Organisation, à condition que ces mesures n'aient pas de répercutions négatives sur un des programmes prévus. Quant à la proposition de mettre en place des "clauses-couperets", elle doit être examinée de près par les Etats Membres et faire l'objet d'une décision expresse de l'Assemblée générale, a poursuivi le représentant. L'ONU doit pouvoir entrer dans le prochain millénaire avec des marges financières suffisantes pour lui permettre de se renouveler, a-t- il conclu.

M. AHMED DARWISH (Egypte) a noté à son tour que le montant du budget proposé cette année est inférieur à celui de l'esquisse budgétaire adoptée l'an dernier. Le projet de budget doit correspondre aux véritables besoins de l'Organisation afin de mettre pleinement en oeuvre les programmes, a-t-il poursuivi, s'inquiétant de la grave situation financière de l'ONU due à la dette de certains pays envers l'Organisation. Les Etats Membres redevables d'arriérés doivent les payer sans tarder et sans condition, ce qui permettra notamment de rembourser les pays qui fournissent des contingents et du matériel, ce qui est le cas de l'Egypte. De l'avis du représentant, le projet de budget doit allouer des ressources aux chapitres considérés comme prioritaires dans le Plan à moyen terme, notamment en matière de développement. Il s'est par ailleurs inquiété du fort taux de vacance de postes, affirmant qu'il ne doit pas s'agir d'un moyen de réduire les frais de l'ONU. L'Egypte appuie le rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) à ce sujet, estimant en outre qu'il faut avoir recours aux consultants uniquement quand les compétences nécessaires ne sont pas disponibles au sein du Secrétariat. A l'instar du CCQAB, le représentant s'est inquiété des longs délais de recrutement, ce qui est en contradiction complète avec les réformes en cours à l'ONU, et a demandé qu'une solution radicale soit trouvée à ce problème.

Les réductions budgétaires ne sauraient être réalisées moyennant la réduction ou la remise en cause de programmes, a-t-il ajouté. En matière d'information, il a demandé que les postes de directeurs des centres d'information soient reconsidérés, et a invité le Secrétariat à donner des informations plus transparentes à ce sujet.

M. ALI HACHANI (Tunisie) a jugé significatif de constater que depuis 5 ans, le budget de l'Organisation n'a absolument pas augmenté, les dépenses ayant dans le même temps été réduites (moins 350 millions de dollars depuis 1994) pour compenser l'inflation. Parallèlement, a-t-il rappelé, les responsabilités et les tâches confiées à l'Organisation se sont amplifiées et ses besoins en ressources humaines, financières et matérielles se sont par conséquent sensiblement accrus. Si les efforts du Secrétariat pour continuer de remplir son rôle et de servir les Etats, dans ce contexte d'extrême discipline budgétaire, sont louables, il n'en demeure pas moins qu'ils resteront insuffisants sans l'engagement politique ferme de tous les Etats Membres à donner à l'ONU les moyens d'agir en lui assurant une bonne assise financière. C'est pourquoi, la délégation tunisienne estime qu'il est impératif que les délégations, lors de leurs délibérations, gardent à l'esprit l'affirmation du Secrétaire général et du CCQAB selon laquelle l'Organisation a atteint le point où de nouvelles réductions de ressources compromettraient gravement sa capacité à assurer les services demandés par les Etats Membres et entraîneraient la suppression ou le report de certains programmes. Pour sa part, la Tunisie ne peut souscrire à aucune suppression de programmes ou d'activités imposée par l'insuffisance de ressources. C'est pourquoi, elle estime également que les négociations sur le projet de budget-programme ne devraient pas exclure le montant fixé par consensus dans l'esquisse budgétaire, à savoir 2,545 milliards de dollars.

Le représentant a ensuite estimé que le recours croissant aux ressources extra-budgétaires est une pratique imprudente et porteuse de risques, s'agissant surtout du financement des domaines prioritaires définis dans le Plan à moyen terme. Les principes de la responsabilité collective des Etats Membres pour financer les activités de l'Organisation et de la prévisibilité des ressources doivent être pleinement respectés, a insisté M. Hachani, ajoutant que des domaines d'activité prioritaires ne peuvent dépendre de contributions volontaires. Il a indiqué ensuite que sa délégation souscrit à toute mesure d'ordre administratif et budgétaire s'avérant susceptible de renforcer l'efficacité de l'Organisation. L'efficacité et la productivité ne peuvent avoir d'autre objectif et ne peuvent être le palliatif de l'allocation des ressources nécessaires, a-t-il souligné, ajoutant que toute décision sur la réforme doit être le résultat d'une analyse scrupuleuse afin de parvenir à la mise en place d'un programme cohérent, consensuel et viable à long terme.

Abordant la répartition des ressources entre les différents chapitres du projet de budget-programme, le représentant a déclaré que les réductions proposées pour les services communs d'appui ne semblent pas appropriées, notamment compte tenu de la détérioration des locaux du Siège. Les réductions envisagées pour le Département des affaires de l'Assemblée générale et les services de conférence ne semblent pas non plus très pertinentes eu égard au nombre croissant des réunions des organes délibérants, comités d'experts, groupes de travail et autres. En revanche, M. Hachani s'est dit satisfait de l'augmentation de 25% proposée au titre des activités de développement. Il a souhaité que les résultats des délibérations de la Commission reflètent tout particulièrement la priorité accordée à l'Afrique dans le Plan à moyen terme, en assurant un niveau de ressources adéquat aussi bien au Nouvel agenda pour le développement en Afrique que pour la Commission économique pour l'Afrique et le Centre des conférences des Nations Unies à Nairobi. Le représentant a, en conclusion, appelé toutes les délégations à tenir dûment compte tout au long de leurs travaux de la nécessité de parvenir à un compromis viable pour tous.

M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) a déclaré que le projet de budget-programme dont la Commission est saisie a une importance particulière non seulement parce que c'est le premier budget de l'Organisation pour le prochain millénaire, mais aussi parce qu'il reflète les résultats concrets des efforts de réforme en cours. Pour la République de Corée, le montant de l'enveloppe budgétaire doit garantir la réalisation complète et efficace des objectifs et mandats prescrits. Elle estime que le Secrétaire général a fait tout ce qu'il pouvait pour réaliser des économies par le biais d'une restructuration administrative rationnelle et efficace. Le budget ayant été constamment limité depuis 1994, la République de Corée s'inquiète désormais des effets négatifs d'une nouvelle réduction sur la bonne réalisation des activités et programmes prescrits par les Etats Membres. Il ne s'agit pas seulement de réduire le budget, mais davantage de renforcer le fonctionnement de l'Organisation et sa capacité à offrir des prestations plus efficaces, a fait remarquer le représentant.

De manière générale, la République de Corée estime que le projet de budget-programme présenté par le Secrétaire général est conforme au Plan à moyen terme. Il est notamment satisfaisant de constater que des ressources supplémentaires sont prévues pour des activités jugées prioritaires comme la lutte contre le trafic des stupéfiants et le développement, notamment en Afrique. Le représentant s'est aussi dit satisfait de l'inclusion de prévisions de ressources au titre des missions politiques spéciales. Il a également appuyé la proposition d'introduire une budgétisation axée sur les résultats, car, selon lui, elle devrait permettre d'assurer une attribution optimale des ressources entre les domaines prioritaires. En revanche, M. See- Young s'est dit préoccupé par le fait que l'on continue à compter sur des ressources extrabudgétaires pour financer des activités prioritaires, qui doivent absolument reposer sur des ressources viables et prévisibles.

Il s'est aussi inquiété de la persistance d'un taux de vacance de postes élevé, qui, à son avis, empêche la réalisation pleine et entière des programmes prescrits. Il a rappelé, à cet égard, que les taux de vacances ne doivent en aucun cas être employés pour réaliser des économies budgétaires ou diminuer le niveau général du budget.

M. LESLIE K. CHRISTIAN (Ghana) a noté que le montant du projet de budget proposé cette année est inférieur à celui de l'esquisse budgétaire, qui avait pourtant fait l'objet de minutieuses négociations. Toute décision conduisant à de nouvelles réductions budgétaires compromettrait gravement les mandats confiés par les Etats Membres, a poursuivi le représentant, mettant en garde contre la tentation d'établir un lien entre la réduction du budget et le paiement intégral des sommes dues. A son avis, la crise financière n'est pas due à de la surprogrammation ou à un manque de réformes mais à la mauvaise volonté de certains Membres de s'acquitter de leurs responsabilités envers l'Organisation. En ce qui concerne les taux de vacances des administrateurs et des agents des services généraux (s'élevant respectivement à 8,9% et 2,1%), M. Christian a fait remarquer que cette tendance s'aggraverait en cas de budget à croissance zéro et a demandé au Secrétariat de donner de plus amples informations à ce sujet. Dans le cadre de la réforme des ressources humaines, de nouveaux programmes de formation ont été mis en place et le représentant s'est réjouit de constater que le Secrétaire général avait l'intention d'y consacrer 1,4 million de dollars, soit une augmentation de plus de 10%, ce qui va permettre de renforcer les compétences du personnel. Il appuie également les efforts en faveur de l'équité entre les sexes, afin que ce principe soit respecté dans l'ensemble des activités et programmes prévus pour la période 2000-2001.

M. ERNESTO HERRERA (Mexique) a rappelé que si sa délégation a soutenu le programme de réforme lancé par le Secrétaire général en 1997, elle a toujours considéré que la réduction à outrance des coûts ne pouvait être une fin en soi, ni constituait le meilleur moyen de réaliser toutes les tâches que les Etats Membres demandent. Le montant des ressources pour le projet de budget doit en fait refléter la somme de tous les programmes et activités prescrits par l'Assemblée générale, ni plus ni moins. Le Mexique estime en outre que les activités de fond de l'Organisation doivent être financées au moyen du budget ordinaire et non par des solutions alternatives qui hypothèquent l'avenir des Nations Unies.

Après un examen détaillé du projet de budget proposé par le Secrétaire général, la délégation mexicaine note que le niveau de ressources demandé ne représente qu'une augmentation de 0,2% par rapport à l'exercice précédent, qu'une augmentation de 61 postes est proposée et que les ressources liées aux missions politiques spéciales ont été inclues au budget ordinaire. En revanche, elle s'inquiète du taux de vacance de postes très élevé qui demeure appliqué dans certains domaines d'activités de fond.

Elle estime en effet que l'Organisation pourrait jouer un rôle plus efficace si aucun chapitre budgétaire ne dépassait le taux de vacance de postes fixé par l'Assemblée générale. A cette fin, il faut notamment améliorer le processus de recrutement, a précisé le représentant. Faisant remarquer que l'examen du projet de budget ne sera pas une chose facile, il a enjoint les délégations à saisir cette occasion pour revitaliser cette Organisation qui, sur le plan administratif fait face à des défis de plus en plus complexes.

M. SIDDIG MABDALLA (Soudan) a fait observer que le taux de croissance zéro signifie une baisse réelle du budget, et qu'il sera difficile dans ce cas d'atteindre les objectifs fixés. Est- il réellement possible de réduire le budget sans entamer la productivité, s'est interrogé le représentant, qui s'est par ailleurs inquiété des procédures de recrutement trop longues et trop compliquées. Il a fait remarquer qu'une année entière peut s'écouler entre le moment où un poste est vacant et celui où il est pourvu, ce qui nuit à la mise en oeuvre des programmes dans les délais prévus. Utiliser le recrutement comme moyen de faire des économies a pour conséquence de limiter ces recrutements, a poursuivi le représentant, regrettant que l'Organisation ne puisse plus bénéficier de sang nouveau porteur de créativité et d'esprit d'invention. Le Soudan regrette en outre que les ressources allouées ne correspondent pas toujours aux besoins réels, qualifiant d'insuffisantes les ressources allouées à l'environnement ou encore au développement en Afrique. Certains programmes financés par des ressources extrabudgétaires risquent de ne pas être menés à leur terme, a prévenu le représentant, estimant urgent d'appuyer les pays qui se heurtent à de graves difficultés économiques, et ce, sans discrimination ou traitement préférentiel fondé sur des considérations politiques. Il faut éviter de consacrer des sommes trop importantes à l'organisation de conférences, ateliers et autres réunions au détriment des programmes hors Siège, sur le terrain, qui apportent un vrai bénéfice aux pays en développement, a-t-il ajouté.

M. MANLAN AHOUNOU (Côte d'Ivoire) a estimé que l'institution commune qu'est l'ONU demeure, quoiqu'on en dise, un symbole des temps nouveaux qui mérite une attention toute particulière. Or, et bien qu'outil indispensable à la sauvegarde de la paix, source d'espérance pour beaucoup d'hommes et de femmes, instrument de promotion de la démocratie, des droits de l'homme et du développement, l'ONU fait aujourd'hui face à une crise financière qui l'empêche de mener à bon port tous les objectifs qui lui ont été assignés. Concernant le projet de budget présenté par le Secrétaire général, la délégation de Côte d'Ivoire estime que les aspirations des Etats Membres ont été bien prises en compte et par conséquent souscrit au montant total de 2,535 milliards de dollars demandé. Après plusieurs années consécutives de budget à croissance zéro, la croissance positive réelle de 0,2% par rapport au budget de l'exercice précédent, quoique dérisoire, doit être perçue comme un symbole, a estimé le représentant. La meilleure façon d'asphyxier une structure est de lui donner, bon an, mal an, le même niveau de budget l'empêchant d'avoir des projections nouvelles, a-t-il également averti.

Nonobstant les progrès réalisés au niveau de la conception du projet de budget-programme, la délégation de la Côte d'ivoire reste préoccupée par le taux élevé de vacance de postes qui, précise-t-elle, ne devrait pas être utilisée comme critère pour réaliser des économies. Elle est aussi préoccupée par le montant encore très élevé accordé aux consultants et par le recours accru au personnel temporaire, ce qui laisse croire que le Secrétariat de l'Organisation ne possède aucune compétence, alors que ses fonctionnaires sont censés être recrutés parmi les plus performants. Cette tendance à l'utilisation massive du personnel temporaire en vue de réaliser des économies est un procédé injuste, a déclaré le représentant, qui s'est demandé pourquoi utiliser une personne sur une base temporaire pendant une longue période, parfois plus de 5 ans, sans jamais lui proposer un contrat de travail. M. Ahounou a également fait part de sa préoccupation quant à la ventilation des ressources par titre et chapitre du budget. Il a estimé qu'il y a lieu de hiérarchiser les priorités du Plan à moyen terme. Il a notamment déploré que le titre VI relatif aux questions de droits de l'homme et aux affaires humanitaires connaisse une augmentation de plus de 2,6%, en dépit des critiques formulées les années précédentes. Il a indiqué que le titre VI occupait ainsi une place prépondérante par rapport aux titre IV et V relatifs respectivement à la coopération internationale pour le développement et à la coopération régionale pour le développement, alors que ces domaines sont l'un des objectifs majeurs de la restructuration de l'institution.

M. MATHIAS DAKA (Zambie) s'est inquiété des conséquences de certaines mesures prévues dans le budget-programme telles que la croissance nominale zéro, la budgétisation axée sur les résultats ou encore les "clauses-couperets". Il a estimé que des organes tels que le CCQAB, le Comité du programme et de la coordination ou encore la Cinquième commission devraient examiner de près ces propositions et leurs possibles conséquences. De l'avis du représentant, il ne faut pas compter sur les ressources extrabudgétaires pour financier les programmes et mandats prescrits. La Zambie reconnaît l'importance de renforcer la compétence du personnel, la formation des fonctionnaires étant essentielle au renforcement de la capacité de l'Organisation à remplir ses tâches. Le représentant s'est par ailleurs félicité de la mise en place du compte pour le développement, qui dispose actuellement d'un budget de 13 millions de dollars, et a déclaré attendre des propositions du Secrétariat à ce sujet. Il s'est dit préoccupé par le manque de ressources dont risquent de souffrir certains domaines prioritaires tels que le développement en Afrique, l'environnement, ou encore l'établissement humain. Il s'est prononcé pour l'adoption d'un budget qui prenne en compte les besoins particuliers des pays en développement avant de rappeler que l'Organisation ne pourra remplir ses mandats qu'à condition que tous les Etats Membres s'acquittent de leurs obligations financières à son égard.

M. COLLEN V. KELAPILE (Botswana) a estimé qu'il ne fait aucun doute que l'ONU s'engage dans le nouveau millénaire en devant faire face à une situation financière très précaire. Il a ajouté que l'engagement véritable des Etats Membres à préserver l'ONU et à lui donner la capacité d'atteindre les objectifs assignés continuera d'être remis en question tant que les ressources nécessaires ne lui seront pas dûment fournies. C'est pourquoi, quel que soit le niveau budgétaire sur lequel ils s'accorderont à la fin de l'année, les Etats ont la responsabilité collective de faire preuve de leur sérieux et leur sincérité. Compte tenu de l'expérience récente, la délégation du Botswana n'est pas convaincue que le niveau de ressources proposé par le Secrétaire général pour le budget 2000-2001 sera suffisant pour pleinement réaliser les activités prescrites. Même si elle reconnaît que l'esquisse budgétaire a un caractère purement indicatif et non contraignant, elle estime néanmoins que le montant approuvé l'an passé est raisonnable et aurait dû être repris par le Secrétaire général. La délégation du Botswana est aussi préoccupée par les augmentations peu équilibrées accordées à certains domaines prioritaires par rapport à d'autres. Elle estime en outre que le taux de vacance de postes pour les administrateurs demeure trop élevé et ce sans justification. Le représentant a précisé à cet égard que le recours constant à du personnel temporaire pour pallier ces taux de vacance élevés contrevient aux dispositions budgétaires établies par l'Assemblée générale. De l'avis du Botswana, tous ces problèmes associés au recours persistant à des ressources extrabudgétaires montrent bien que de nouvelles restrictions budgétaires ne sont pas souhaitables.

Le représentant a ensuite rappelé que le financement des dépenses de l'Organisation est une responsabilité collective de tous les Etats Membres et que, à moins que l'Assemblée générale, n'en décide autrement, toute réduction budgétaire arbitraire contrevient à la Charte et aux procédures budgétaires établies. C'est pourquoi, il a réaffirmé la validité de la résolution 41/213, et ajouté que toute tendance à l'ignorer ne ferait que mener au désastre. Cela ne signifie aucunement que nous soyons opposés à une quelconque discipline budgétaire, a néanmoins indiqué M. Kelapile. Cela signifie simplement que nous ne pouvons qu'être hésitants quand de telles mesures sont synonymes de réduction arbitraire des postes. C'est pour cela notamment que la délégation du Botswana estime qu'il faut consacrer davantage de temps à l'examen de la budgétisation axée sur les résultats, afin d'obtenir la certitude qu'elle convient bien à l'Organisation.

M. DJAUHARI ORATMANGUN (Indonésie) s'est félicité de l'adoption des modalités de fonctionnement du compte pour le développement et a déclaré attendre des propositions du Secrétariat concernant l'utilisation du fonds ainsi créé. Il s'est également inquiété du taux de vacances de poste et a exhorté le département des affaires économiques et sociales à prendre les mesures appropriées pour améliorer les recrutements, de façon à ce que les activités soient correctement mises en oeuvre. Il s'est aussi prononcé pour un renforcement des capacités des pays en développement afin de leur permettre de mieux faire face aux risques inhérents au processus de mondialisation.

En ce qui concerne la liaison entre les Nations Unies et les organisations non gouvernementales, l'Indonésie estime qu'il faut évaluer l'impact engendré par l'augmentation considérable de la participation des ONG aux travaux des Nations Unies, en terme de coût et d'administration. Le représentant a réaffirmé le soucis de son pays de s'acquitter de ses obligations envers l'ONU, indiquant que le Gouvernement indonésien vient de verser à l'Organisation la somme de 1,55 million de dollars au titre du budget ordinaire.

M. GENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie) s'est félicité de l'attention spéciale accordée par le Secrétaire général au fonctionnement des mécanismes budgétaires de l'ONU. Le représentant a estimé qu'il est réaliste d'instaurer une discipline financière sur la base d'une croissance nominale zéro du budget, dans le cadre des efforts généraux de réforme. Il a rappelé que le Secrétaire général a donné l'assurance que cette politique n'empêchera pas la réalisation pleine et entière des activités prescrites. Compte tenu des tendances actuelles, la Fédération de Russie tient à indiquer que les variations de taux de change et de l'inflation risquent de modifier le montant final du budget. La Fédération de Russie estime qu'il faut une seule norme de vacance de postes en matière de personnel pour l'ensemble des chapitres du budget. M. Gatilov s'est félicité par ailleurs de l'inclusion de montants destinés aux missions politiques spéciales, ainsi que de l'augmentation des ressources en faveur des activités de formation du personnel. Il a rappelé toutefois que seules les personnes les plus qualifiées et les plus compétentes devraient pouvoir être fonctionnaires à l'Organisation et que, par conséquent les activités de formation ne doivent pas compenser d'éventuelles lacunes du personnel en dispensant une formation d'ordre purement général. La formation professionnelle doit améliorer la connaissance que les fonctionnaires ont des problèmes actuels ou nouveaux, a-t-il insisté. Le représentant a noté ensuite une forte tendance à l'augmentation du temps de travail, ce qui va, selon lui, à l'encontre des objectifs de productivité recherchés.

Dans le cadre du projet de budget-programme, il faut chercher à obtenir une meilleure application des mandats prescrits et davantage de contrôle des dépenses, a poursuivi le représentant. La Fédération de Russie est favorable à l'approfondissement de la réforme de l'ONU qui, dans le domaine de l'administration et des finances, consiste essentiellement à simplifier les procédures et à se concentrer sur la véritable résolution des problèmes. Une réforme réelle est impossible en l'absence d'une réévaluation de la politique du personnel, de manière à prendre en compte les besoins contemporains des Etats Membres. C'est pourquoi il faut absolument renoncer à la pratique du recrutement à vie et passer à l'utilisation de contrats à durée déterminée qui permettront de gérer l'Organisation en fonction des besoins. Cela dit, la délégation de Russie est disposée à entreprendre un dialogue constructif sur le projet de budget-programme.

M. TAYE TESFAYE (Ethiopie) s'est dit préoccupé par le fait que le montant du budget proposé par le Secrétaire général est inférieur à l'esquisse budgétaire adoptée l'an dernier. De même, les ressources consacrées au financement de certains chapitres sont inférieures à celles prévues dans l'esquisse budgétaire, ce qui veut dire que certains programmes risquent d'être financés par des ressources extrabudgétaires. Ne risque-t-on pas d'aboutir à la réduction de la qualité des services, s'est interrogé le représentant, avant de demander des précisions au Secrétariat sur la façon dont il va s'assurer que tous les programmes et activités seront dûment exécutés. L'Ethiopie appuie le Secrétariat dans son intention de donner priorité à des domaines tels que le maintien de la paix et de la sécurité internationale, la promotion d'un développement durable, le développement en Afrique, l'assistance humanitaire d'urgence, la promotion des droits de l'homme, la prévention du crime, ou encore la lutte contre le terrorisme international. Le budget devrait pleinement refléter les besoins nécessaires à l'application des programmes, a rappelé le représentant, tout en se félicitant des efforts fournis par l'Organisation pour réduire ses coûts et améliorer son efficacité. Si l'on veut maintenir les Nations Unies et en faire un instrument capable de répondre aux besoins des Etats Membres, il faut lui fournir les ressources adéquates, a-t-il conclu.

M. VASKO GRKOV (ex-République yougoslave de Macédoine) a estimé que le projet de budget-programme mérite une attention particulière dans le cadre de la réforme générale de l'Organisation. Le montant proposé par le Secrétaire général reflète, selon lui, le maximum de réductions des dépenses qu'il est possible d'effectuer tout en garantissant la mise en oeuvre adéquate des programmes prescrits. La délégation de la Macédoine note que ce montant est inférieur à celui de l'esquisse budgétaire et émet l'espoir que tous les programmes pourront effectivement être réalisés. Elle rappelle aussi que pour ce faire il est impératif que les Etats Membres, y compris les plus importants contributeurs, s'acquittent de leurs obligations financières. Elle se félicite de l'augmentation des ressources prévues pour certaines activités prioritaires, comme l'aide humanitaire, la protection des droits de l'homme, la lutte contre le trafic des stupéfiants et le crime organisé, et le développement. La délégation de la Macédoine se réjouit également que les dépenses relatives aux missions politiques spéciales aient été inclues au budget ordinaire, car elle estime que la diplomatie préventive et le maintien de la paix sont des outils d'une très grande importance pour garantir la paix et la sécurité internationales. A cet égard, le représentant a mis l'accent sur les résultats très positifs obtenus par la FORDEPRENU, mission qui a montré la voie à suivre en matière de diplomatie préventive.

Ma délégation soutient fermement les augmentations prévues en faveur des activités de développement, a poursuivi M. Grkov, qui s'est réjoui de l'adoption récente par la Commission des modalités de fonctionnement du Compte pour le développement. Il a espéré, à ce sujet, que les activités prévues dans ce cadre seront dûment financées et présentées rapidement à l'Assemblée générale.

La délégation de la Macédoine accueille également avec satisfaction les initiatives prises par le Secrétaire général en faveur de l'introduction de la budgétisation axée sur les résultats, qui permet aux délégations d'avoir une vision plus claire des activités et des résultats de l'Organisation et assure une simplification des procédures budgétaires. M. Grkov a souligné l'importance que revêt l'augmentation des fonds alloués à la formation du personnel de l'Organisation. Le personnel doit en effet avoir toutes les compétences et les connaissances nécessaires pour remplir leurs tâches de la meilleure manière possible. Ce faisant, il a mis l'accent sur l'importance, tout aussi fondamentale, de respecter les principes d'égalité entre les sexes et de représentation géographique équitable. Il a rappelé qu'à plusieurs reprises sa délégation a abordé le problème de la sous-représentation des fonctionnaires de l'Organisation d'origine macédonienne, regrettant que jusqu'à ce jour il n'ait pas été dûment pris en considération. Il a donc demandé instamment au Secrétaire général de prendre des mesures concrètes pour remédier à cette situation particulière.

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