En cours au Siège de l'ONU

AG/AB/521

LE SECRETAIRE GENERAL PROPOSE UN BUDGET D'UN MONTANT DE 2,535 MILLIARDS DE DOLLARS POUR L'EXERCICE BIENNAL 2000-2001

27 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/AB/521


LE SECRETAIRE GENERAL PROPOSE UN BUDGET D'UN MONTANT DE 2,535 MILLIARDS DE DOLLARS POUR L'EXERCICE BIENNAL 2000-2001

19991027

Les représentants des Etats-Unis et du Japon insistent pour que le montant du prochain budget reflète une croissance zéro

Depuis cinq ans, le budget de l'Organisation des Nations Unies n'a absolument pas augmenté, même en valeur nominale, a indiqué le Secrétaire général, qui présentait, cet après-midi, en Cinquième Commission (administrative et budgétaire) son projet de budget-programme pour l'exercice biennal 2000-2001, dont le montant s'élève à 2,535 milliards de dollars, avant réévaluation. Nous avons atteint le point où de nouvelles réductions de ressources compromettraient gravement la capacité de l'Organisation à assurer les services que les Etats Membres lui ont demandé de fournir et qu'ils attendent du Secrétariat, a averti M. Annan. La rigueur dans la discipline budgétaire est une chose; un régime de privations constantes, poursuivi d'année en année, en est une autre, en particulier lorsqu'il est demandé à l'ONU d'en faire toujours davantage, a-t-il ajouté.

Les délégations ont souligné l'importance toute particulière de ce projet de budget-programme qui sera le premier du nouveau millénaire et témoignera de la capacité de l'Organisation à répondre aux nouveaux défis qui se posent. De nombreuses délégations, dont celle du Guyana, s'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont estimé qu'après plusieurs années consécutives de budget à croissance zéro, il était devenu difficile voire presque impossible pour l'ONU de mettre pleinement en oeuvre les programmes prévus. Notant que le budget proposé se situe en-deçà du niveau approuvé l'an passé dans l'esquisse budgétaire, plusieurs intervenants ont souhaité que davantage de ressources soient consacrées à certains domaines reconnus prioritaires, tels que le développement économique et social.

Pour sa part le représentant des Etats-Unis a jugé que le budget proposé est encore trop axé sur les apports et ne se concentre pas assez sur les objectifs à atteindre. Ce budget devrait selon lui être révisé à la baisse, et ramené au niveau budgétaire actuel. "Nous n'appuierons pas un montant plus élevé" a mis en garde le représentant, ajoutant que les efforts des Nations Unies pour améliorer l'efficacité, réduire les gaspillages et rationaliser le budget devraient suffire à empêcher toute hausse des coûts.

(à suivre 1a) - 1a - AG/AB/521 27 octobre 1999

Il a estimé que certaines dispositions adoptées l'an passé par l'Assemblée générale pour rendre l'Organisation plus efficace et plus performante n'ont pas été complètement respectées, en particulier dans le domaine administratif. Il a également annoncé que les Etats Unis ont effectué hier un paiement d'un peu de plus de 47 millions de dollars au titre de leur quote-part au budget ordinaire de l'Organisation.

Le représentant du Japon, rappelant que son pays contribue à hauteur de 20% au budget ordinaire de l'Organisation, a également plaidé en faveur d'une croissance nominale zéro pour le prochain exercice biennal. Le représentant a par ailleurs mis en avant la sous-représentation des Japonais au sein de l'Organisation, située nettement en-deçà de la fourchette souhaitable, pour expliquer les réticences de l'opinion publique et politique japonaises à financer ainsi l'Organisation.

La Commission a entendu les déclarations des pays suivants: Etats-Unis, Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Finlande (au nom de l'Union européenne), Norvège, Japon, Arabie Saoudite, Bangladesh, Philippines (au nom de l'ANASE), Tanzanie (au nom des Etats membres de la coopération de l'Afrique de l'Est), Pakistan, Guatemala, Burkina Faso, Chypre, Chine et Cameroun. Le Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, M. Conrad Mselle, et le Président du Comité du programme et de la coordination, M. Tommo Monthe, sont également venus présenter les rapports de leur organe respectif sur le projet de budget-programme.

En fin de séance, le représentant de la Norvège a souhaité savoir à quel moment l'ensemble de la documentation relative à la budgétisation axée sur les résultats sera disponible et à partir de quand la Commission comptait l'examiner. En réponse à cette question, le Président du CCQAB, appuyé par le représentant du Guyana, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a mis en garde contre les risques d'un examen trop hâtif, étant donné l'importance et les enjeux de cette question.

La prochaine réunion aura lieu demain, jeudi 28 octobre, à 10 heures. La Commission entamera son examen du système commun des Nations Unies.

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Projet de budget-programme pour l'exercice biennal 1999-2001 (point 121)

La documentation relative à ce point est présentée dans le communiqué de presse AG/AB/520 en date du 27 octobre 1999.

Présentation du projet de budget-programme par le Secrétaire général

En sa qualité de Secrétaire général et de plus haut fonctionnaire de l'Organisation des Nations Unies, M. KOFI ANNAN a présenté le budget-programme pour l'exercice biennal 2000-2001. Il s'élève au total à 2 milliards 535 millions de dollars, soit, en valeur réelle, quasiment le même montant que pour l'exercice biennal précédent. Des procédures doivent encore intervenir avant que le budget puisse être adopté sous sa forme définitive. Les propositions du Secrétaire général prévoient des augmentations modestes, qui ont néanmoins leur importance dans certains domaines prioritaires: les efforts de paix et de développement en Afrique; la fourniture d'assistance humanitaire d'urgence; les actions de promotion et de protection des droits de l'homme; la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée; et les programmes de formation qui doivent donner aux fonctionnaires de l'Organisation les qualifications et les connaissances nécessaires à l'exercice de leurs fonctions. Les services de contrôle interne et les dépenses d'équipement bénéficieront aussi de légères augmentations. Par ailleurs, des crédits sont prévus pour des missions politiques spéciales dont les mandats doivent normalement s'achever en 1999, mais qui pourraient être reconduites pour tout ou partie du prochain exercice biennal. Pour compenser ces augmentations, des économies seront réalisées dans les domaines de l'administration et des services communs d'appui, ainsi que grâce à d'autres gains de productivité.

En réponse aux priorités établies par les Etats Membres, le Secrétaire général a proposé le redéploiement de plus de 500 postes entre les différents programmes et sous-programmes. Il est essentiel selon lui que les Nations Unies soient en mesure de placer la personne qui convient là où il le faut, quand il le faut, et d'utiliser ses ressources là où elles sont le plus nécessaires. De l'avis du Secrétaire général, ce budget reflète également les réformes en cours. A cet égard, il s'est félicité de la résolution adoptée la semaine dernière par la Cinquième Commission au sujet des modalités d'utilisation du compte pour le développement. Cela nous permettra d'alimenter ce compte, de quantifier nos gains de productivité et d'affecter les économies ainsi réalisées à des activités de développement, a déclaré M. Annan, ajoutant qu'une première série de projets financés sur des fonds de l'exercice en cours a débuté. Un autre aspect crucial de la réforme consiste au passage à une budgétisation axée sur les résultats. Le budget proposé par le Secrétaire général est selon lui un premier pas dans ce sens, et prévoit un énoncé des réalisations escomptées pour tous les domaines d'activité. Par exemple, en matière de désarmement, les attentes sont précisées en ce qui concerne les processus de négociations, les publications et les programmes d'information, et même certaines mesures concernant telle ou telle région.

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Mais ce n'est là qu'une première étape, a poursuivi M. Annan, qui a invité les délégations à avancer sur la voie ainsi tracée et à achever le processus de budgétisation axée sur les résultats grâce à l'utilisation généralisée d'indicateurs de résultats. Avec votre appui au cours de la présente session de l'Assemblée générale, et avec votre approbation, nous pourrons nous rapprocher du jour où le budget de l'Organisation sera intégralement axé sur les résultats, a déclaré le Secrétaire général.

Depuis cinq ans, le budget de l'Organisation des Nations Unies n'a absolument pas augmenté, même en valeur nominale, a-t- il ensuite souligné. Pendant chacune de ces cinq années, l'ONU a réduit ses dépenses pour compenser l'inflation, le montant total de ces réductions atteignant 350 millions de dollars depuis 1994. Au cours de cette période, elle a aussi absorbé des dépenses de plus de 100 millions de dollars au titre des missions spéciales. Tout cela, avec un budget global qui est inférieur aujourd'hui à ce qu'il était en 1994-1995. En dépit d'une discipline budgétaire rigoureuse, l'Organisation des Nations Unies a poursuivi sa tâche, a reconnu le Secrétaire général, faisant plus avec moins, déplorant les contraintes malheureuses qui lui étaient imposées mais toujours aussi déterminée à servir les peuples du monde. Toutefois, de l'avis de M. Annan, nous avons atteint le point où de nouvelles réductions de ressources compromettraient gravement la capacité de l'Organisation d'assurer les services que les Etats Membres lui ont demandé de fournir et qu'ils attendent du Secrétariat. La rigueur dans la discipline budgétaire est une chose; un régime de privations constantes, poursuivi d'année en année, en est une autre, a-t-il ajouté, en particulier lorsqu'il est demandé à l'ONU d'en faire toujours davantage. M. Annan a fait remarquer que, lorsqu'il a examiné le présent projet de budget, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires n'a rien trouvé qui justifie une modification du niveau global des ressources, réaffirmant même sa crainte que de nouvelles réductions n'en viennent à compromettre la qualité et la ponctualité des services, et n'entraînent la suppression ou le report de certains programmes.

Invitant son auditoire à regarder autour de lui, du Timor oriental à la Sierra Leone; à écouter les discours qui ont été prononcés à l'Assemblée générale le mois dernier sur le désarmement, le développement, la discrimination et d'autres questions urgentes; à se remémorer les effusions de sang qui ont marqué le XXe siècle, le Secrétaire général a estimé qu'il devrait alors comprendre pourquoi la communauté internationale continue de compter sur l'Organisation des Nations Unies et les services uniques et universels qu'elle lui rend. La liste des travaux est longue, les demandes affluent, et les attentes sont nombreuses, mais il nous faut y répondre, a poursuivi le Secrétaire général, estimant que son budget devrait permettre de le faire. Considérant en outre que ces propositions sont bien étayées, raisonnables, rationnelles, et représentent une bonne utilisation des ressources, il a émis le souhait qu'elles aideront à créer une ONU forte et à édifier un monde pacifique et plus humain à l'aube du XXIe siècle.

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Présentation des rapports du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires et du Comité du programme et de la coordination par leur Président respectif

M. CONRAD MSELLE, Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), a rappelé que l'esquisse budgétaire approuvée l'an passé par l'Assemblée générale représentait une augmentation de 0,6% par rapport aux crédits ouverts pour 1998-1999. Aujourd'hui dans son projet de budget-programme le Secrétaire général propose, après une première réévaluation, un niveau de ressources de 2 655 362 400 dollars. Deux éléments clefs, à savoir la réévaluation des coûts (119,8 millions de dollars) et les sommes prévues pour les missions spéciales (86,2 millions de dollars) explique cette différence. La réévaluation des coûts se divise en deux facteurs: les fluctuations des taux de change et l'inflation (estimées pour l'heure à 93,3 millions de dollars) et le taux de vacances appliqué (pour un taux de 5% au sujet des postes d'administrateurs et fonctionnaires supérieurs, le montant requis serait de 26,5 millions de dollars). L'examen de deux de ces facteurs en fin d'année pourrait mener à la conclusion qu'une augmentation ou une diminution des premières estimations du budget est justifiée, a prévenu le Président du CCQAB.

S'agissant du taux de vacances retenu et dont l'Assemblée générale décide en dernier ressort, M. Mselle a rappelé que ces dernières années les taux de vacances appliqués avaient été revus à la hausse. La question de savoir s'il faut prévoir ou non un montant de 26,5 millions de dollars au titre des vacances de postes dépend donc de ce que décidera l'Assemblée générale. Il faut toutefois prendre conscience que l'application d'un taux de vacances élevé affecte inévitablement la bonne mise en oeuvre des programmes et mandats, ce même s'il ressort que le niveau élevé du taux de vacances est aussi en partie dû à certaines faiblesses dans les procédures de recrutement et de provision des postes. En fait, un niveau arbitraire de budget peut conduire les directeurs de programme à ne pas pourvoir certains postes durant tout l'exercice biennal, car si tous les postes étaient pourvus il leur faudrait demander des ressources supplémentaires qui leur seraient vraisemblablement refusées. Il est par conséquent souhaitable de garder ces éléments à l'esprit avant de prendre une décision définitive, a insisté M. Mselle.

Evoquant ensuite le niveau d'effectifs proposé par le Secrétaire général (soit 8 933 postes permanents), le Président du CCQAB a noté une tendance très perceptible à engager du personnel temporaire pour réaliser des fonctions de nature persistante et ce, alors que le nombre des postes permanents décroît. Selon lui, il ne faut pas en vouloir aux responsables de programme d'engager du personnel temporaire pour réaliser les programmes permanents. Toutefois, il faut avoir conscience que la gestion d'un important secrétariat temporaire peut devenir très coûteuse et n'est pas une solution efficace à long terme.

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Pour la première fois un montant pour les missions spéciales a été prévu au projet de budget, a poursuivi M. Mselle, qui a averti qu'il sera très difficile d'absorber des dépenses supplémentaires à ce titre, étant donné que le niveau général du budget laisse lui-même très peu de capacité d'absorbtion. Si le niveau de financement est réduit il faut que tout le monde comprenne clairement que si les dépenses liées aux missions spéciales dépassent le niveau autorisé, les ressources nécessaires devront être approuvées à la demande du Secrétaire général par l'Assemblée générale pour éviter les incertitudes précédentes. Ce problème ne serait pas critique si la résolution 41/213 pouvait être appliquée pleinement, a fait remarquer M. Mselle, ajoutant que la déviation continue de cette résolution rendra la tâche du CCQAB encore plus difficile. Le Président du CCQAB a précisé également que la proposition de 13,1 millions pour le Compte pour le développement doit encore être programmée et à cet effet, il est essentiel que le Secrétariat soumette sans délai les projets à financer à partir de ces fonds. Le CCQAB appelle l'attention sur les problèmes sérieux que l'on continue de connaître quant aux pratiques et politiques en matière de personnel, qui se traduisent notamment par des faiblesses dans le recrutement et par l'application d'un taux de vacances élevé. La question de savoir comment rajeunir un Secrétariat vieillissant mérite aussi une attention toute particulière de la part des Etats Membres, a estimé M. Mselle. Pour le CCQAB, les Nations Unies doivent aussi prendre des mesures urgentes pour moderniser les technologies d'information. Cette modernisation va exiger une planification très soigneuse et un investissement des ressources judicieux et détaillé. Aucune organisation ne peut continuer de manière indéfinie à faire des économies, notamment pour absorber le coût de l'inflation, alors que les demandes de services à fournir ne cessent d'augmenter. C'est pourquoi après une longue discussion, le CCQAB a conclu qu'il n'y a avait aucune raison de modifier le montant des ressources demandées par le Secrétaire général. Cette position est notamment justifiée par la dégradation de la qualité de certains services, dans les domaines linguistiques et de documentation, ainsi que par les besoins en matière de maintenance des bâtiments et des avoirs de l'Organisation. En conclusion, M. Mselle a réitéré les préoccupations du CCQAB quant au fait que l'approbation du budget, plus que le résultat d'un processus ordonné, apparaît désormais comme une réussite un peu heureuse, obtenue sans données et justifications suffisantes. A cet égard, les décisions et résolutions prises sous pression deviennent de plus en plus compliquées et ambiguës et pour le CCQAB, il est essentiel qu'une atmosphère de réalisme et de coopération prévale.

Le Président du Comité du programme et de la coordination (CPC), M. TOMMO MONTHE, a indiqué que durant sa 39ème session le CPC s'est interrogé sur l'existence des mandats à la base de chacune des activités proposées dans le projet de budget-programme, sur la conformité de l'interprétation de ces mandats par rapport aux décisions des organes délibérants, sur la rectitude technique de leur présentation, sur le respect, dans les propositions d'allocation des ressources, des priorités définies par l'Assemblée générale dans le Plan à moyen terme et sur le quantum général des crédits sollicités par le Secrétaire général.

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A propos du montant global des ressources, il a rappelé que les prévisions de 2 535 600 000 dollars présentées dans le document du Secrétaire général étaient inférieures à celles indiquées dans l'esquisse budgétaire adoptée l'an passé. Toutefois pour le CPC ce chiffre ne constitue ni un plafond, ni un plancher sacro- saint, le plus important étant sa "signification programmatique", c'est-à-dire s'il permet de mettre en oeuvre tous les programmes et en particulier ceux mandatés par les organes délibérants. Des assurances ont été données au Comité qu'il en sera ainsi, a précisé M. Monthe, ajoutant cependant que de telles assurances avaient été données par le passé sans résultats probants. Le problème est que la méthodologie de base visant les dispositions à prendre pour que les programmes et activités approuvées soient intégralement exécutées n'est pas encore au point. Il faut en outre relever une tendance à puiser de plus en plus dans les fonds extrabudgétaires pour des activités qui devraient être financées au moyen du budget ordinaire. Par ailleurs certains produits ont été différés ou éliminés sans l'avis des organes intergouvernementaux et en raison d'un manque de ressources. Pour le CPC, l'ensemble de toutes ces considérations donne matière à réflexion.

Débat général

M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a estimé que la discussion budgétaire est l'occasion de voir comment ont été utilisées les ressources attribuées à l'Organisation par le passé, et de s'entendre sur la meilleure façon de les attribuer à l'avenir. Les Etats-Unis remarquent que le budget proposé aujourd'hui prend en compte les priorités contenues dans le plan à moyen terme pour la période 1998-2001 et se félicitent du fait que plus de 25% des ressources soient allouées à des activités de développement. Le représentant a néanmoins jugé que le budget proposé est encore trop axé sur les apports et ne se concentre pas assez sur les objectifs à atteindre, pour lesquels des ressources ont été débloquées. Ce budget devrait selon lui être révisé à la baisse, et ramené au niveau budgétaire actuel, ce qui devrait être possible si l'on tient compte de toutes les mesures visant à rendre l'Organisation plus efficace et plus performante.

L'an dernier, l'Assemblée générale a recommandé une série de modifications modestes mais significatives aux règles de planification des programmes, dans le but de permettre aux Etats Membres de mieux évaluer l'efficacité des programmes d'activités. Elles consistaient notamment à inclure dans les sous-programmes budgétaires les résultats escomptés liés aux activités mises en place, conformément aux ressources allouées. En outre, le règlement prévoit que les directeurs de programmes évaluent régulièrement ces activités et déterminent leur pertinence et leur efficacité. Malheureusement, ces dispositions n'ont pas été complètement respectées, a estimé M. Burleigh, ajoutant que d'importants chapitres budgétaires, en particulier dans le domaine administratif, n'ont pas tenu compte des modifications prévues par l'Assemblée générale, ou les ont appliquées de manière vague. Il est en conséquence très difficile pour les directeurs de programmes et les organes intergouvernementaux, y compris pour la Cinquième Commission, de déterminer les progrès accomplis au cours de la période budgétaire.

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En terme de nombre de pages et de poids, le document présentant le budget est impressionnant, a fait remarquer M. Burleigh, ajoutant qu'il ne s'agit pas là d'un critère de valeur. De la même manière, a-t-il poursuivi, on ne peut pas présumer de l'efficacité d'un programme d'activités au regard de la quantité de documents produits ou du nombre de réunions organisées. De l'avis du représentant, il serait utile d'effectuer un recentrage en se concentrant sur les résultats. Des démarches en ce sens fourniraient des rétroinformations utiles aux Etats Membres et aux directeurs de programmes à propos de la qualité, du coût et de l'efficacité des programmes. C'est pourquoi, la délégation américaine continue d'encourager une budgétisation axée sur les résultats pour l'Organisation, de la même manière que les Etats- Unis et d'autres Etats Membres le font au sein de leurs administrations nationales.

En ce qui concerne le montant du budget proposé, les Etats- Unis souhaitent qu'il soit ramené au niveau, ou au-dessous du niveau, du budget de l'actuel exercice biennal, soit 2 milliards 533 millions de dollars. Nous n'appuierons pas un montant plus élevé, a spécifié le représentant, ajoutant que les efforts des Nations Unies pour améliorer l'efficacité, réduire les gaspillages et rationaliser le budget devraient suffire à empêcher toute hausse des coûts. S'il est vrai que des efforts en ce sens ont été réalisés dans certains chapitres budgétaires, tels que la gestion et les services de conférences, permettant le financement d'autres activités, il n'en est pas de même pour d'autres secteurs, a-t-il noté. Certaines institutions des Nations Unies, telles que l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation internationale du Travail ont adopté des budgets à croissance nominale zéro pour le prochain exercice biennal et amélioré l'efficacité de leurs programmes, a poursuivi le représentant, estimant que les Nations Unies devraient faire de même. Il faut que les Etats Membres se mettent d'accord sur la maîtrise des dépenses, a-t-il déclaré, avant d'annoncer que les Etats Unis ont déposé hier plus de 47 millions de dollars sur le compte de l'ONU pour paiement au titre de leur quote-part au budget ordinaire de l'Organisation.

De l'avis de M. SAMUEL R. INSANALLY (Guyana), qui s'exprimait au nom du groupe des 77 et de la Chine, le budget programme doit être examiné dans le contexte de la grave crise financière que traverse l'Organisation, due en grande partie au non paiement de la quote-part de certains Etats Membres, en particulier celui dont la quote-part est la plus élevée. En conséquence, il est devenu difficile et presque impossible pour l'ONU de mettre en oeuvre les programmes prévus. Tous les Etats Membres doivent s'acquitter de leurs obligations en vertu de la Charte, a indiqué le représentant, estimant toutefois qu'il faut traiter avec bienveillance les Etats rencontrant des difficultés particulières indépendantes de leur volonté. Il a salué le récent paiement des Etats-Unis d'une part de leur dette envers l'ONU, le qualifiant de "petit pas dans la bonne direction".

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Une organisation en faillite ne peut relever les défis auxquels elle aura à faire face lors du prochain siècle, a-t-il ensuite fait remarquer, ajoutant que le groupe des 77 et la Chine s'inquiètent que le budget proposé n'ait pas tenu compte de l'esquisse budgétaire approuvée auparavant dans une résolution, qui se fondait sur un équilibre politique très délicat.

De l'avis du représentant, un niveau minimal de 2,545 milliards de dollars avant réévaluation des coûts devrait constituer la base du budget. Le Groupe des 77 et la Chine examineront le projet et proposeront des augmentations de ressources pour certains chapitres, estimant en outre très important que le Secrétariat se conforme au plan à moyen terme. Ils proposeront, le cas échéant, des mesures correctives. De l'avis du représentant, le processus budgétaire adopté par l'Assemblée générale doit être scrupuleusement respecté; il a demandé des éclaircissements au Secrétariat s'agissant des règles permettant à d'autres organes d'examiner le projet de budget des Nations Unies. Le budget doit selon lui être examiné sous forme de fascicule et paraître sous sa forme définitive uniquement après son adoption par l'Assemblée générale. M. Insanally s'est également prononcé contre l'emploi de l'expression "dans les limites des ressources disponibles" dans les résolutions, estimant que cela peut avoir des incidences budgétaires. Le groupe des 77 et la Chine regrettent que le projet de budget ne traduise pas les priorités mises au point auparavant, et souhaitent que davantage de ressources soient consacrées à certains domaines tels que le développement économique et social. Ils pensent en outre qu'il faut accélérer le processus de recrutement afin de fournir au Secrétariat les ressources humaines dont il a besoin, et partage la préoccupation du CCQAB au sujet de l'utilisation de personnels temporaires pour assurer des fonctions de nature durable.

De l'avis du représentant, il faut mettre fin à ces pratiques et l'on ne devrait avoir recours à des consultants et des vacataires que lorsque le personnel interne n'est pas disponible, et leur recrutement devrait se faire selon une répartition géographique la plus large possible. Le groupe des 77 et la Chine sont préoccupés par les accusations selon lesquelles l'Assemblée générale joue un rôle de micro-gestion excessive. Le groupe des 77 et la Chine sont prêts à travailler dans un esprit de compréhension mutuelle pour atteindre un accord le plus large possible sur toutes ces questions, a conclu le représentant.

Mme MARJATTA RASI (Finlande), - au nom de l'Union européenne, de la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, Chypre et Malte - a estimé que l'examen biennal du projet de budget-programme est sans aucun doute la tâche la plus importante et la plus difficile confiée à la Commission. Alors qu'elle entame aujourd'hui son examen du premier budget du prochain millénaire, la Commission se doit d'être particulièrement attentive et d'avoir une véritable vision de l'avenir. A l'aube d'une nouvelle ère, l'objectif premier doit être de garantir l'allocation des ressources nécessaires à la mise en oeuvre des activités, mandats et programmes prescrits.

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Pour réaliser cet objectif avec efficacité, une bonne discipline budgétaire, une approche efficiente et une démarche globale d'optimisation des ressources financières sont essentielles, dans l'intérêt collectif de tous les Etats Membres. Pour l'Union européenne, les délibérations de la Commission sur le projet de budget doivent se fonder comme par le passé sur les dispositions de la résolution 41/213, pilier du processus budgétaire, établi afin de faciliter le consensus.

L'Union européenne estime que le projet de budget présenté aujourd'hui constitue une bonne base de travail pour les négociations. Une meilleure évaluation des programmes et le suivi des programmes sont des éléments fondamentaux du processus. Mme Rasi a estimé que les énoncés concernant les résultats escomptés sont un pas dans la bonne direction. Il est regrettable toutefois, a-t-il ajouté, que de telles informations n'aient pas été fournies pour tous les sous-programmes et que certaines demeurent vagues. L'Union européenne est convaincue que les fonctions fondamentales des Nations Unies devraient être financées par le budget ordinaire et réparties entre tous les Etats Membres. Malheureusement ce principe n'est pas reflété dans l'ensemble du budget, et c'est pourquoi des activités essentielles continuent d'être financées au moyen de ressources extrabudgétaires. L'Union se félicite en revanche de l'inclusion des prévisions de ressources pour les missions politiques spéciales. L'Union tient à réitérer son appui à l'égard des réformes budgétaires prônées par le Secrétaire général et, à cet égard, elle attend avec impatience la présentation du rapport complet du Secrétaire général sur la budgétisation axée sur les résultats. La représentante s'est ensuite félicitée de l'accord survenu récemment quant aux modalités de fonctionnement du Compte pour le développement. Elle a émis l'espoir que les projets devant être financés au moyen du Compte seront présentés très rapidement pour examen à la Commission.

L'Union européenne rappelle par ailleurs que le taux de vacances de postes ne devrait pas être utilisé comme critère pour réaliser des économies supplémentaires. Elle est également préoccupée par la persistance d'une hiérarchie trop nombreuse au sommet et d'une faible proportion de postes d'administrateurs auxiliaires. La pyramide des âges étant présentement déformée, il y a lieu de la rectifier, a insisté Mme Rasi. Elle s'est dite en revanche satisfaite de la double approche en matière d'investissement en faveur de l'adoption de nouvelles technologies et de la formation du personnel. En conclusion, elle a indiqué que l'efficacité de l'Organisation dépend de l'état des bâtiments et de ses avoirs. Or, il s'avère que pour l'heure, l'état des équipements au Siège laisse à désirer. L'Union européenne suggère l'élaboration d'un plan relatif à la remise de l'ensemble.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré qu'établir un budget revenait à fixer des priorités et la Norvège est convaincue à cet égard que le projet de budget présenté par le Secrétaire général reflète bien les priorités retenues dans le Plan à moyen terme et dans l'esquisse budgétaire adoptée l'an passé. La Norvège appuie les augmentations de ressources demandées par le Secrétaire général, qui, représentant une croissance nette de 0,2%, sont loin d'être déraisonnables.

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"Souvenons-nous simplement que ce chiffre est même inférieur à celui de l'esquisse budgétaire adoptée l'an passé" a fait observer le représentant. La réelle nouveauté de ce projet de budget, est, selon lui l'inclusion d'un montant de ressources pour les missions politiques spéciales, ce qui est positif car le maintien de la paix et de la sécurité internationales est l'une des activités fondamentales de l'Organisation.

Le représentant a rappelé également son attachement envers les activités en faveur du développement. A cet égard, il s'est félicité de la priorité donnée au Nouvel Agenda pour l'Afrique. Le représentant a ajouté que les droits de l'homme mériteraient quant à eux de recueillir davantage de ressources. Il a estimé que le montant proposé dans le projet de budget ne suffirait pas à financer toutes les activités prévues dans ce domaine et a fait remarquer que seules les activités moins importantes en la matière devraient dépendre des ressources extrabudgétaires. De manière générale, la Norvège est préoccupée par l'équilibre actuel entre les ressources ordinaires et les ressources extrabudgétaires pour financer des activités fondamentales notamment dans le domaine de la coordination des activités humanitaires. Celles-ci devraient être financées au moyen du budget ordinaire, a insisté le représentant, indiquant que la situation actuelle implique notamment qu'un nombre important de personnel essentiel continue d'être financé au moyen du Compte d'appui.

La Norvège continue de soutenir que les ressources nécessaires au titre du maintien de la paix devraient provenir du budget ordinaire. Les activités essentielles ne devraient pas en effet dépendre des contributions volontaires, ce qui rend la planification et la gestion plus complexe encore, ne permet pas de résoudre les problèmes planétaires auxquels le monde est confronté, et détruit le principe de la responsabilité partagée. Le représentant a indiqué également qu'il soutenait les propositions de réformes budgétaires faites par le Secrétaire général, notamment pour ce qui est de la budgétisation axée sur les résultats. La Norvège appuie également l'introduction de clauses-couperets, c'est-à-dire de limites temporelles aux nouveaux mandats. Même si elle ne s'oppose pas à certains changements pour permettre l'adoption du projet de budget présenté aujourd'hui, la Norvège est toutefois fermement convaincue que la poursuite d'une politique de croissance zéro du budget n'est plus une incitation suffisante et nécessaire à la mise en place de la réforme. Au contraire, elle risque de compromettre la capacité de l'Organisation, qui voit son personnel diminuer, à relever les défis de plus en plus nombreux qui se présentent à elle.

M. YUKIO SATOH (Japon) a fait remarquer que son pays a toujours assumé ses responsabilités envers l'ONU et payé ses contributions, qui sont très importantes puisque la part du Japon atteint 20%, ce qui fait de ce pays le deuxième contributeur de l'ONU, immédiatement après des Etats Unis. Sa part représente 7% de plus que l'ensemble de quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité.

- 11 - AG/AB/521 27 octobre 1999

Cette position devient de plus en plus difficile à défendre au sein de l'opinion publique et politique au Japon, et les efforts fournis par les Nations Unies pour rationaliser ses activités nous y aideront, a fait remarquer le représentant, estimant que de nouvelles économies peuvent être réalisées, notamment en ce qui concerne les dépenses administratives et de gestion, qui représentent une part importante de ce budget. Le Japon plaide pour une croissance nominale zéro pour le prochain exercice biennal. Il reconnaît que les fonds et les programmes font de leur mieux pour réduire les coûts administratifs et de gestion et note que le programme des Nations Unies pour le développement, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, tout comme l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation mondiale du travail ont présenté des budgets à croissance nominale zéro pour le prochain exercice biennal. Il est selon lui essentiel que l'Assemblée générale applique de façon plus stricte les règles visant à établir des priorités dans l'application des programmes. Il est aussi essentiel que l'ONU revoie ses priorités budgtéaires. Le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général visant à créer des "clauses couperets" qui inclueraient un mécanisme prévoyant des limites dans les temps spécifiques. Le Secrétaire général aurait ainsi la possibilité d'arrêter ou de remettre à plus tard certains programmes.

Le représentant a également soulevé le problème de la sous- représentation des Japonais au Secrétariat, qui engendre une véritable incompréhension de la part de l'opinion publique japonaise. Le nombre réel de Japonais recrutés au Secrétariat était de 102 au début de l'année, alors que le nombre minimal calculé selon la fourchette souhaitable est de 250; cet écart entre la représentation souhaitable et la réalité est de loin le plus important au sein des Nations Unies, et la sous- représentation de citoyens japonais existe aussi dans les autres institutions du système de l'Organisation. De l'avis du représentant, il faut tout faire pour essayer de corriger ce déséquilibre, car cela est fondamental pour obtenir le soutien des Japonais à la fourniture de ressources aux Nations Unies.

M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie Saoudite) a soutenu le projet de budget-programme présenté cet après-midi par le Secrétaire général. Il a appuyé les efforts destinés à étendre le recours aux technologies de l'information ainsi que la formation du personnel. Le représentant s'est particulièrement félicité des ressources prévues pour mettre en application les recommandations des divers organes de contrôle, interne et externe, de l'Organisation. Il a exprimé son appui aux efforts de réduction des dépenses d'équipement. En revanche, il s'est dit inquiet de l'augmentation prévue au titre de l'engagement de consultants et d'experts. Pour l'Arabie Saoudite, le principe de la répartition géographique équitable doit aussi s'appliquer pour le recrutement des consultants. Le représentant a renouvelé l'invitation lancée aux responsables de la Division des achats de l'Organisation pour qu'ils se rendent en Arabie saoudite et puissent y évaluer la qualité et la variété des fournisseurs de ce pays auxquels l'Organisation pourrait faire appel. Ce voyage participerait aux efforts généraux d'élargissement de la liste des fournisseurs de l'Organisation sur la base d'une meilleure répartition géographique, a fait remarquer en conclusion le représentant.

- 12 - AG/AB/521 27 octobre 1999

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) s'est dit préoccupé par la diminution désormais chronique des ressources du budget programme. Il a espéré que cette réduction n'entravera pas la réalisation des activités et programmes déjà approuvés. Une telle situation ne peut que susciter des préoccupations. "Il faut que l'ONU soit plus forte pour pouvoir satisfaire les besoins croissants, notamment en matière économique, sociale et humanitaire", a-t-il insisté. M. Chowdhury a estimé que le travail du Secrétariat dans l'élaboration du budget avait été orienté de manière générale par les résolutions pertinentes de l'Assemblée. Il a noté, comme le CPC, une dépendance accrue de l'Organisation à l'égard des ressources extrabudgétaires, ainsi qu'un véritable déséquilibre dans la structure des effectifs. De manière plus générale, il s'est dit très préoccupé par la diminution des ressources disponibles, due essentiellement au non-paiement des contributions par certains Etats Membres et par la réduction du niveau des ressources destinées aux activités de développement. Le représentant s'est en outre associé à certaines observations du CPC relatives notamment à l'application de taux de vacances. Il a également appuyé pour une large part les observations et recommandations du CCQAB, principalement celles qui ont trait à la présentation du projet de budget. Il a estimé que la méthodologie de préparation du budget était conforme aux règles et règlements financiers actuels. Il a recommandé que l'introduction de la budgétisation axée sur les résultats soit envisagée en attendant de procéder à l'examen global des règles et règlements financiers.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines), au nom de l'ANASE, a rappelé que depuis 1994, les budgets biennaux de l'ONU n'ont pas augmenté, et que le montant proposé aujourd'hui est inférieur à celui mentionné dans l'esquisse budgétaire. Il a demandé que l'on s'assure que le niveau proposé de ressources sera suffisant pour mettre en oeuvre tous les programmes prescrits, et s'est inquiété du non paiement de leur quote-part par certains Membres de l'organisation. Il a estimé que l'ONU a su tirer parti des gains de productivité consécutifs à la grande réforme financière et souhaité que les économies réelles soient réalisées tout en améliorant la rentabilité plutôt qu'en accumulant les retards ou en procédant à des réévaluations des programmes. Notant que le projet de budget pour 2000-2001 comporte des ressources pour des missions politiques spéciales dont les mandats n'ont pas encore été examinés par l'Assemblée générale, le représentant a fait remarquer qu'il s'agit en l'occurrence d'une politique nouvelle. A son avis, les énoncés des résultats escomptés devront être révisés car ils sont encore trop vagues et donc difficiles à vérifier. Il a par ailleurs insisté sur l'importance qu'il y a à mieux former le personnel, ce qui permettra de bien répondre aux besoins de l'Organisation. Le délégué a appuyé la proposition du Secrétaire général de consacrer 1,4 millions de dollars aux programmes de formation, soit une hausse de plus de 10%.

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M. SEIF IDDI (Tanzanie) - au nom des Etats Membres de la Coopération des Etats l'Afrique de l'Est (Kenya, Tanzanie, Ouganda) a rappelé que l'esquisse budgétaire pour l'exercice biennal s'élevait a 2 milliards 545 millions de dollars, soit une hausse de seulement 0,6% par rapport au budget de l'exercice biennal précédant. Le représentant a déclaré ne pas comprendre le montant proposé aujourd'hui, révisé à la baisse, d'autant que le Comité des questions administratives et budgétaires avait lui- même proposé une augmentation de budget pour certains domaines. De l'avis du représentant, il est évident que certains programmes ne sont pas appliqués par manque de ressources. Selon lui, l'austérité a eu pour conséquence de faire baisser la qualité des services au Siège de New York. Les délégations souffrent de la fourniture de services d'interprétation inadéquats; la reproduction et la distribution de documents sont otages d'un financement insuffisant. Certains responsables de programme, surtout hors Siège, essaient même de compléter des ressources budgétaires trop rares par des activités de collecte de fonds, souvent sans succès, a indiqué le représentant. Tous ces facteurs amènent à conclure que l'affirmation "faire plus avec moins" n'est pas recevable. Certaines réductions sont incompréhensibles car elles ne sont pas justifiées, a-t-il poursuivi, ajoutant qu'au sujet des services de conférences, par exemple, il y a une limite au-delà de laquelle on ne peut pas aller sans porter atteinte à la qualité des réunions. Le représentant a demandé des précisions concernant l'organisation de la conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés prévue à Bruxelles en 2001, notamment en matière de coût.

Pour ce qui est du Centre de conférences de Nairobi, il s'est dit déçu par le traitement défavorable dont cette instance continue de faire l'objet. De nombreux Etats Membres procèdent à des réformes et à un réexamen de leurs institutions publiques en vue de plus d'efficacité, a-t-il fait remarquer, et les Nations Unies peuvent subir le même traitement. Cependant, l'objectif de la réforme doit être de renforcer l'Organisation et non pas de l'affaiblir. Si des réductions arbitraires sont encore imposées, cela voudra dire que l'ONU restera limitée dans la mise en oeuvre de ses activités. De l'avis du représentant, aucune organisation ne peut survivre à une pression budgétaire aussi impitoyable. Depuis 1986, des changements importants ont lieu et le budget n'a pas augmenté, ce qui prouve que l'Organisation a fait preuve d'une discipline dont il faut tenir compte, a-t-il déclaré, estimant que, si la tendance actuelle se poursuit, les tensions qui existaient entre certaines délégations avant 1995 risquent de resurgir.

M. INAM UL HAQUE (Pakistan) a déclaré que le projet de budget-programme proposé aujourd'hui avait une signification particulière, dans la mesure où il s'agit de fournir les ressources nécessaires à l'Organisation pour entamer le prochain millénaire. Au vu des nombreuses recommandations d'amendement formulées par le CPC, il semblerait que le Secrétariat ne s'en soit pas strictement tenu aux mandats approuvés par l'Assemblée générale dans le Plan à moyen terme, a fait remarquer le représentant, invitant par conséquent la Commission à procéder à un examen détaillé et attentif.

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Notant que le montant proposé aujourd'hui par le Secrétaire général est inférieur à celui de l'esquisse budgétaire approuvée l'an passé par l'Assemblée générale, le représentant a demandé au Secrétaire général de fournir toutes les assurances que le niveau de ressources demandé permettra une mise en oeuvre pleine et entière des programmes prescrits.

Le Pakistan relève par ailleurs la forte dépendance de l'Organisation envers les ressources extrabudgétaires. Il estime que ce n'est pas une pratique budgétaire prudente, qui par ailleurs ignore le principe de la responsabilité collective et partagée dans le financement des activités prescrites. Le Secrétariat doit se fonder sur des bases de financement solides et prévisibles pour faire en sorte qu'il n'y ait pas d'effet néfaste sur la réalisation des programmes. Le représentant s'est aussi inquiété du lien qui a été récemment établi entre le Compte pour le développement et les mesures d'économies dégageant les ressources nécessaires à son fonctionnement. Selon lui, ces deux questions ne sauraient être liées. La réforme et la modernisation de l'Organisation doivent servir à améliorer la qualité des services rendus et non pas devenir un exercice de réduction budgétaire, a-t-il prévenu. Réitérant la position de son pays concernant le personnel fourni à titre gracieux, il a rappelé que les mandats et activités prescrits ne devraient être réalisés que par des fonctionnaires de l'Organisation.

Abordant la question des "clauses-couperets", proposition visant à instaurer des limites dans le temps pour l'application des nouveaux programmes, le représentant a estimé qu'il fallait que les Etats Membres et les organes d'experts procédant à un examen approfondi de cette question, avant que toute décision ne soit adoptée. Il a insisté pour qu'on ne tente pas de "court- circuiter" le processus législatif intergouvernemental sur ce point et a fait néanmoins remarquer que, selon lui, il sera difficile sinon impossible d'établir arbitrairement des limites temporelles aux nouvelles initiatives et opérations. M. Ul Haque a également estimé que la proposition relative à la budgétisation axée sur les résultats, donnant lieu à de nombreuses interrogations, ne devrait pas être mise en oeuvre avant que l'Assemblée générale l'ait formellement approuvée. Il a ajouté que dans le contexte de la nature politique de l'Organisation, la budgétisation axée sur les résultats lui semblait d'une utilité douteuse.

M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a estimé que l'écart qui sépare aujourd'hui les délégations ne semble pas insurmontable. Certains pays souhaitent une légère augmentation du budget, d'autres réclament une croissance nominale zéro. De l'avis du représentant, cela dépend du degré d'engagement politique de chacun envers l'ONU. Si l'on pense qu'elle travaille de façon pertinente, il faut lui donner les ressources nécessaires à la mise en oeuvre de ses activités. Il ne faut pas lui retirer d'une main les moyens de mettre en oeuvre les mandats que nous lui avons confié, de l'autre main, a déclaré le représentant, faisant en outre remarquer que l'austérité de ces dernières années a eu des conséquences néfastes.

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Il est par exemple de plus en plus difficile de recruter des talents nouveaux dans l'Organisation, au sein de laquelle on semble ressentir une démoralisation générale. Pour le Guatemala, le moment est venu de mettre fin à cette spirale descendante. A son avis, la Cinquième Commission doit d'une part veiller à ce que les ressources soient utilisées de façon rationnelle, efficace, économique, et surtout, utile.

D'autre part, a-t-il poursuivi, en notre qualité d'utilisateurs des services de l'Organisation, il faut la doter des ressources dont elle a besoin. Il faut lui fournir un secrétariat d'excellence, lui permettre de s'adapter aux évolutions et veiller à ce qu'elle demeure utile. Notre attitude doit être compréhensive, constructive, et volontariste, a conclu le représentant, précisant enfin que le Guatemala appuie une croissance budgétaire modérée, à hauteur de 2 milliards 545 millions de dollars, en vertu de l'esquisse contenue dans la résolution 53-206.

M. HILAIRE SOULAMA (Burkina Faso) s'est étonné de la proposition budgétaire faite aujourd'hui par le Secrétaire général, qui est inférieure à l'esquisse budgétaire de 2 milliards 545 millions de dollars stipulée dans une résolution de l'Assemblée générale. Depuis une décennie, a-t-il poursuivi, les changements intervenus dans le monde ont conduit à des sollicitations pressantes et multiformes des Nations Unies, et un nombre croissant de programmes et d'activités ont été inscrits à l'agenda de l'Organisation. Conscients de cette évolution des choses, le Burkina Faso a soutenu le programme de réforme proposé par le Secrétaire général, qui visait à adapter l'ONU afin qu'elle puisse relever les défis du nouveau contexte international. De l'avis de sa délégation, les réformes ne doivent pas se faire au détriment de l'avenir même de l'Organisation, mais plutôt se traduire par des allocations de ressources, à la hauteur des mandats prescrits. Pour le représentant, le plan à moyen terme, principale directive politique de l'Organisation, devrait servir de point de repère pour l'établissement du budget, et le Secrétariat ne devrait pas pouvoir faire de propositions qui s'écartent des priorités qui y sont établies. Or, le Burkina Faso estime que la répartition des ressources allouées aux différents programmes ne reflète nullement ces priorités, et la délégation demande au Secrétariat de préciser les critères ayant conduit à la nouvelle ventilation. Le représentant a souhaité que la réduction budgétaire ne signifie pas une réduction du rôle de l'Organisation.

M. DEMETRIOS THEOPHYLACTOU (Chypre), a réaffirmé son attachement aux activités économiques et sociales de l'Organisation et notamment aux principes et engagements pris lors du Sommet social de Copenhague. Il s'est dit confiant que les ressources nécessaires pour aider les pays en développement à mettre en oeuvre les recommandations du Sommet, ont été prévues au projet de budget. Il a insisté ensuite sur l'importance de prévoir toutes les ressources adéquates pour le maintien de la paix et les missions politiques spéciales.

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Or les besoins croissants en matière de maintien de la paix, couplés à la modestie des ressources disponibles à cette fin, constitue pour Chypre une source de grave préoccupation, qui a même un effet néfaste sur le bon fonctionnement des opérations de maintien de la paix.

Mme SUN MINQIN (Chine) a rappelé que le montant proposé pour le prochain exercice biennal était légèrement inférieur aux ressources approuvées pour l'exercice en cours. Elle s'est réjouie des efforts entrepris pour améliorer l'efficacité de l'Organisation et pour réduire les coûts. Toutefois, elle a estimé que les réductions successives du budget ces dernières années commençaient à avoir un effet néfaste sur la mise en oeuvre des programmes et mandats prescrits et sur l'efficacité des activités entreprises. Le budget doit être élaboré avec pour objectif de répondre aux besoins des mandats prescrits et les mesures d'économie ne devraient pas intervenir aux dépens de la pleine mise en oeuvre de ces programmes. Au moment où l'on examine le premier budget du prochain millénaire, il est indispensable de tenir compte des réels besoins de ressources à mettre à la disposition des programmes futurs.

La représentante a ajouté que l'élaboration du projet de budget exigeait par ailleurs de poser des priorités, en respectant les intérêts et les besoins de tous et en procédant sur la base d'une véritable consultation entre les Etats Membres. Or, selon elle les ressources prévues dans le projet présenté par le Secrétaire en faveur des activités directement destinées aux pays en développement n'étaient pas suffisantes. Elle a noté qu'à l'inverse les ressources prévues pour les droits de l'homme et les activités de contrôle interne avaient augmenté de manière spectaculaire. La représentante a fait part des inquiétudes de sa délégation devant ce phénomène et a espéré que les priorités en matière d'essor économique des pays en développement se verront accorder davantage d'attention et de ressources.

M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a rappelé que, le 18 décembre dernier, après de longues et difficiles négociations, une esquisse de budget avait fixé les grandes orientations du projet de budget, à hauteur de 2 milliards 545 millions de dollars. Cette décision ayant fait l'objet d'un large consensus, elle mériterait d'être définitivement consacrée. Le représentant a fait remarquer que le taux de croissance du budget tourne autour de zéro et que l'Organisation risque de ne plus être en mesure de relever les défis qui l'attendent au 21e siècle en matière de maintien de la paix, de sécurité, de développement, ou encore de défense des droits de l'homme. L'ONU a besoin d'un budget ayant un taux de croissance positive mesuré, capable de permettre la mise en oeuvre totale des programmes mandatés et d'assurer un financement adéquat des activités de développement.

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De l'avis du représentant, les questions de maintien de la paix, surtout quand il s'agit de sécurité du personnel, de diplomatie préventive et de mesures propres à instaurer ou à accroître la confiance entre les Etats mériteront d'être adéquatement budgétisés. En outre, le développement de l'Afrique, qui est une priorité déclarée pour l'Assemblée générale, commande une attention particulière dans l'allocation de ressources. De même, dans les domaines de l'information, des droits de l'homme, de la démocratie, ou encore de la promotion et du maintien de la paix, les initiatives prises par les pays en développement, en particulier ceux d'Afrique, doivent être soutenues. Le représentant a, enfin, lancé un appel pour que cette dernière session du millénaire se déroule dans un esprit de franche collaboration et de recherche de consensus.

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