CPSD/176

LA QUATRIEME COMMISSION ACHEVE SON DEBAT GENERAL SUR L'ETUDE D'ENSEMBLE DE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

21 octobre 1999


Communiqué de Presse
CPSD/176


LA QUATRIEME COMMISSION ACHEVE SON DEBAT GENERAL SUR L'ETUDE D'ENSEMBLE DE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

19991021

Le Conseil de sécurité doit considérer en toute impartialité et tous les conflits indépendamment de leur emplacement

La Quatrième Commission a adopté, cet après-midi, sans vote un projet de résolution qui porte sur l'étude d'ensemble de toutes la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Aux termes de ce projet, l'Assemblée générale ferait siennes les propositions, recommandations et conclusions du Comité spécial et engagerait les Etats Membres, le Secrétariat et les organes compétents de l'Organisation des Nations Unies à prendre toutes les mesures nécessaires pour y donner suite.

Dans le cadre de la poursuite du débat général sur l'étude d'ensemble de toutes la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, de nombreuses délégations ont déclaré que le Conseil de sécurité doit considérer avec le même niveau d'intensité et d'engagement tous les conflits, quelle que soit leur emplacement, et en particulier les conflits qui se déroulent sur le continent africain. Par ailleurs, l'accent a été mis sur la nécessité de renforcer la capacité de maintien de la paix de l'Afrique. Pour sa part, l'Ethiopie estime que cela devrait notamment se traduire par des contributions financières au Fonds pour la paix de l'OUA ainsi qu'au fonds d'affectation spécial des Nations Unies destiné à améliorer la capacité de prévention des conflits et de maintien de la paix en Afrique.

Par ailleurs, tout en se félicitant de la restructuration en cours du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, de nombreux intervenants ont déploré le manque de ressources du Département dû au non paiement par certains Etats Membres de leurs contributions financières. Cela donne lieu à une "situation grotesque" qui affecte les pays en développement car cela se répercute directement sur les retards de remboursement aux pays fournissant des contingents.

Les délégations suivantes ont participé au débat: Turquie, Ethiopie, Equateur, Haïti, Népal, Géorgie, Tunisie, Kenya, Papouasie-nouvelle-guinée, Nouvelle-Zélande, Ukraine, République Unie de Tanzanie, Chili, Argentine, Costa Rica, Nigéria, Israël, Malawi, Angola et ex-République yougoslave de Macédoine.

La Commission poursuivra ses travaux le lundi 25 octobre à 15 heures. Elle abordera l'examen de la question relative à la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l'espace.

ETUDE D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

M. MEHMET KEMAL BOZAY (Turquie) a rappelé que la Turquie participe activement aux missions de maintien de la paix des Nations Unies. Par ailleurs, consciente de l'importance de la formation du personnel de maintien de la paix, la Turquie a accueilli le septième séminaire d'aide à la formation en juin 1999 à Ankara. Dans ce contexte, M. Bozay a tenu à souligner que le centre de formation de l'armée turque offre une formation à la fois au personnel local et international de maintien de la paix. Il a également réaffirmé le soutien de la Turquie aux efforts des Nations Unies en vue de renforcer la capacité de maintien de la paix en Afrique.

Partant du constat que, à la veille du nouveau millénaire, la communauté internationale doit faire face à des conflits de plus en plus complexes, le représentant a mis l'accent sur la nécessité de déploiement rapide d'une part et de mandats pluridimensionnels des missions de maintien de la paix, d'autre part. A cet égard, la Turquie estime que les états-majors de déploiement rapide sont un instrument efficace pour promouvoir la capacité de déploiement rapide de l'Organisation. Par ailleurs, le délégué a soutenu que le système des forces et moyens en attente devait être amélioré. Il a ajouté que les crises actuelles se caractérisent par leur spécificités, et que cela signifie qu'à chaque crise il faut trouver une nouvelle approche adéquate. Il a affirmé que le Département des opérations du maintien de la paix devait être renforcé car l'ONU reste la seule institution de sécurité collective à l'échelle mondiale.

La Turquie accorde une importance particulière à la diplomatie préventive dans les efforts de maintien de la paix pour éviter des crises ou l'aggravation de certains conflits. Elle soutient donc tous les efforts pour renforcer le système d'alerte rapide et les capacités de prévention des Nations Unies.

M. BERHANEMESKEL NEGA (Ethiopie) a déclaré que son pays s'associe à la déclaration de la Jordanie faite au nom du Mouvement des pays non alignés. L'Ethiopie considère que les événements passés montrent combien la communauté internationale attend des Nations Unies qu'elles assument des responsabilités plus larges. Il convient donc de renforcer les capacités de maintien de la paix de l'ONU mais non pas au mépris du respect des principes fondamentaux des opérations de maintien de la paix, à savoir la souveraineté, l'intégrité territoriale, la non- ingérence, le consentement des parties, l'impartialité et la neutralité qui restent des conditions valables et indispensables pour que les opérations de maintien de la paix soient légitimes et positives. Le représentant a ajouté que ces opérations devaient bénéficier de mandats clairs, établis en étroite consultations avec les Etats Membres et ce à toutes les étapes de la mise en place à la fin de la mission. Sur la question de l'intervention humanitaire,

M. Nega a déclaré qu'il reconnaît les préoccupations du Secrétaire général mais a précisé que, compte tenu de la tendance qui consiste à légitimer le recours à la force par les opérations de maintien de la paix, il convient d'examiner cette question au sein de l'Assemblée générale. En outre, il a déclaré que l'expérience montre que l'adoption des directives sur le respect du droit international humanitaire est largement opportune. Toutefois, il a regretté qu'elle n'ait pas donnée lieu à une consultation des Etats Membres plus poussée.

Il a tenu à réaffirmer que la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales incombe aux Nations Unies. Néanmoins, le rôle des organisations régionales doit être reconnu, en particulier quand elles sont impliquées dans la zone de conflit, dans la limite de leur mandat et en conformité avec le Chapitre VIII de la Charte· A cet égard, l'Ethiopie tient à souligner le rôle de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) dans le traitement des conflits en Afrique et la nécessité de mettre en oeuvre un mécanisme de suivi afin de maintenir la capacité de maintien de la paix de l'Afrique. Ce mécanisme doit être ouvert à la participation de tous les pays africains et autres Etats Membres des Nations Unies. Enfin, l'Ethiopie exprime son espoir de voir la coopération avec l'Afrique s'intensifier notamment en ce qui concerne la diplomatie préventive et le maintien de la paix. L'Ethiopie estime que ce soutien doit passer par des contributions financières au Fonds pour la paix de l'OUA ainsi qu'au fonds d'affectation spécial des Nations Unies destiné à améliorer la capacité de prévention des conflits et de maintien de la paix en Afrique.

M. SANTIAGO APUNTE (Equateur) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des pays non alignés. Il a noté que les opérations de maintien de la paix matérialisent la coopération internationale dans le domaine de la sécurité internationale. Il a toutefois déploré le fait que la pression financière à laquelle sont soumises les Nations Unies se répercute sur ces opérations et limite notamment la participation du monde en développement à ces missions. M. Apunte a déclaré que cela va à l'encontre de la Charte des Nations Unies et, sur le plan politique, n'est pas satisfaisant car cette activité ne doit pas être limitée à un petit nombre de pays développés. L'Equateur a manifesté sa volonté de participer au système des forces et moyens en attente des Nations Unies et espère y souscrire une fois l'évaluation de ses moyens achevée. M. Apunte a également soutenu que les opérations de maintien de la paix sont par nature des solutions provisoires et ne sauraient se substituer à un règlement pacifique négocié des crises.

Affirmant que, dans la recherche de la paix le développement intégral des sociétés est essentiel, M. Apunte a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle renforce son action en faveur du développement durable. Par ailleurs, il a mentionné expressément la question de la formation du personnel de maintien de la paix, soulignant notamment que certains pays manquent de l'expertise nécessaire et qu'il convient de consolider la formation de personnel de maintien de la paix des ressortissants de ces pays.

M. BERTRAND FILS-AIME (Haïti) a fait remarquer que la République d'Haïti continue de jouir des bénéfices des opérations de maintien de la paix. Après le sanglant coup d'Etat de 1991, l'ONU s'est mobilisée pour aider au rétablissement de l'ordre constitutionnel dans ce pays. Le représentant s'est élevé contre la diminution considérable des effectifs et des ressources du Département des opérations de maintien de la paix, et a exprimé son inquiétude face au retard dans le remboursement des pays contributeurs de troupes. Pour indispensables que s'avèrent ces opérations de maintien de la paix, elles ne sauraient servir de meures permanentes, a toutefois fait remarquer M. Fils-Aimé, estimant que la cause des conflits est parfois trop profonde pour espérer une solution-miracle. C'est pourquoi, il faut clairement définir le mandat de ces opérations, leurs objectifs et leur structure de commandement, tout en encourageant le dialogue entre le personnel de maintien de la paix et le peuple à qui il vient en aide. Il y va de la sécurité de ce personnel qui, le cas échéant, pourrait être considéré persona non grata.

Pour le représentant, le débat du troisième millénaire opposera les défenseurs de la souveraineté nationale aux partisans de l'universalité des droits de l'homme. Tout en reconnaissant l'importance du principe de souveraineté nationale, il a fait remarquer que, devant certains spectacles de génocide ou de fratricide, on ne peut plus fermer les yeux. Il y a des images qui révoltent la conscience universelle, il y a des frontières qu'il faudra franchir, malgré soi, pour épargner les femmes qui ne sont pas encore violées, les enfants, pas encore immolés, les maisons, pas encore enflammées, a-t-il déclaré. Dans ces cas d'extrême urgence, Haïti compte beaucoup sur la compétence, la promptitude et la sagesse du Conseil de sécurité pour garantir le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. ARJUN JUNG BAHADUR SINGH, Ministre adjoint des affaires étrangères du Népal, a estimé que les opérations de maintien de la paix représentent jusqu'ici le moyen le plus efficace de maintenir la paix et la sécurité internationales même si la Charte des Nations Unies ne contient aucune référence directe à leur création. Si pratique et utile qu'ait été cette innovation, les opérations de maintien de la paix n'ont pas été créées pour se substituer au règlement définitif d'un conflit. Leur pertinence réside dans leur contribution à l'instauration d'un environnement favorable à la fin des conflits et à la reconstruction pacifique. Au cours des années, a poursuivi le représentant, la nature et la complexité des opérations de maintien de la paix ont subi de nombreux changements. En dépit de ce fait, les piliers fondamentaux restent les mêmes à savoir le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique des Etats ainsi que le respect de la neutralité. Pendant ces derniers mois, a ajouté le représentant, les opérations de maintien de la paix sont devenues plus complexes et multidimensionnelles, comme en témoignent les opérations au Kosovo et la proposition d'une Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental. Pour le représentant, la participation à de telles opérations ne doit pas se limiter à une région particulière mais se fonder sur une base géographique la plus élargie possible.

Evoquant les difficultés financières auxquelles fait face le Département des opérations de maintien de la paix, le représentant a estimé que les retards enregistrés par les pays développés dans les paiements de leurs quotes-parts donnent lieu à une "situation grotesque" qui affecte les pays en développement. On assiste à une situation où les pauvres aident les riches, a expliqué le représentant en prenant pour exemple le fait que les sommes dues par les Nations Unies aux pays en développement et aux pays les moins avancés peuvent parfois s'élever à 125 fois les quotes-parts annuels dues par ces pays à l'ONU. Le représentant a, par ailleurs, souligné que la crédibilité et l'efficacité de toute nouvelle opération dépendent largement de la rapidité avec laquelle elle est déployée. Il a donc estimé qu'il est temps de doter du personnel adéquat l'état- major de mission à déploiement rapide. Le représentant s'est, d'autre part, félicité de la prochaine entrée en vigueur de la Convention sur la sécurité du personnel de l'ONU et du personnel associé après avoir rappelé qu'au cours de ses 41 ans de participation aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le Népal a perdu 39 soldats. Comme gage de fidélité à cette politique de participation aux opérations des Nations Unies, le Népal organise, en janvier 2000, en coopération avec le Département des Nations Unies et certains pays amis, un séminaire de trois semaines sur les activités de maintien de la paix ainsi que des exercices auxquels participeront des sections venues de plusieurs pays. Les exercices se dérouleront au Centre népalais de formation de maintien de la paix, a indiqué le représentant.

M. PETER CHKHEIDZE (Géorgie) a évoqué la question de la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix notamment à la lumière de la prise d'otages récente des membres de la Mission des Nations Unies en Géorgie (MONUG). La Géorgie est déterminée à garantir la sécurité du personnel de maintien de la paix conformément à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé et aux statuts de la Cour pénale internationale. Compte tenu du climat de violence en Géorgie, en particulier dans le district de Gali, dont souffrent l'ensemble de la population et le personnel des Nations Unies, nous envisageons d'intégrer des unités d'autodéfense et de police civile aux effectifs de la MONUG. La sécurité des populations déplacées et de ceux qui retournent dans leurs foyers devraient incomber à la Mission des Nations Unies.

Comme l'ont démontré les opérations menées au Kosovo et au Timor oriental, le caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix est devenu un élément central des efforts de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cette tendance résulte de la prolifération de conflits internes. Pour que les Nations Unies puissent relever les défis inhérents à la nature complexe des conflits, il faut les doter des outils appropriés. Ainsi, il faudrait développer le système des accords relatifs aux forces et moyens en attente, y compris le plein déploiement de l'Etat major de missions à déploiement rapide qui reposerait sur des connaissances militaires appropriées. Le représentant a par ailleurs fait part de son soutien aux mesures visant la rationalisation du Département des opérations de maintien de la paix et celles visant une étroite coopération avec les organisations régionales. Il a également appuyé le concept de "formation des formateurs" et a proposé d'accueillir de telles activités.

M. MOHAMED SALAH TEKKAYA (Tunisie) a déclaré que le renforcement des instruments de la diplomatie préventive, de la sécurité collective et du règlement pacifique des conflits ainsi que l'attachement à la légalité internationale représentent des fondements sur lesquels la communauté internationale devrait s'appuyer davantage dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales. L'Afrique a fait du règlement des conflits une de ses priorités, en raison du nombre de foyers de tension qui y sévissent. Dans ce contexte, les efforts internationaux visant à renforcer la capacité collective des pays africains en matière de maintien de la paix devraient soutenir en particulier la capacité institutionnelle de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) . Ma délégation apprécie l'intérêt accordé par l'Organisation des Nations Unies à cette question et se félicite de la coopération et de la collaboration étroites engagées entre l'ONU et l'OUA pour régler certains conflits sur le continent, a indiqué le représentant.

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix s'est engagé, au cours de sa dernière session, dans un effort tendant à explorer une nouvelle procédure pour l'adoption de ses recommandations et leur soumission à l'Assemblée générale. Nous nous félicitons, a poursuivi le représentant, des résultats auxquels le Comité est parvenu, en espérant qu'après son adoption par l'Assemblée générale la nouvelle procédure permettra d'améliorer l'examen des questions des opérations de maintien de la paix. Convaincue que les activités de maintien de la paix représentent un des instruments importants dont disposent les Nations Unies, la Tunisie a participé à des opérations de maintien de la paix depuis les années 60 et est actuellement présente dans différentes opérations. Au mois de juin dernier, elle a réaffirmé son soutien à l'action des Nations Unies dans ce domaine en signant avec les Nations Unies un mémorandum d'accord pour la participation au système des forces et moyens en attente, traduisant ainsi sa disponibilité à contribuer, à la mesure de ses possibilités, à d'autres opérations de maintien de la paix.

M. FARES KUINDWA (Kenya) a fait part des initiatives diplomatiques de son pays dans le cadre de l'Autorité intergouvernementale de développement et de sa contribution aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. L'Afrique a-t-il ajouté, a déployés des efforts louables en vue de résoudre les conflits sur le continent. Le Kenya estime néanmoins que la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales incombe au Conseil de sécurité. Toutes les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes de la Charte des Nations Unies et dans ce contexte, nous demandons instamment au Conseil de sécurité d'établir des critères clairs en vertu desquels l'on donne le feux vert à des activités de maintien de la paix ou d'imposition de la paix. Ces activités doivent bénéficier du même degré d'intensité et d'engagement, où qu'elles soient menées. Le représentant a regretté l'inertie du Conseil de sécurité au sujet de certains conflits en Afrique. La délégation des pouvoirs du Conseil de sécurité aux organisations régionales est inacceptable. De telles initiatives jetteraient de sérieux doutes sur la crédibilité et la pertinence du Conseil.

Le représentant a en revanche réitéré l'importance qu'attache son pays à la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Dans ce contexte, le Kenya accueille favorablement les efforts déployés par le Département des opérations de maintien de la paix pour accroître les compétences des pays africains relatives aux divers aspects d'une opération de maintien de la paix. Nous demandons instamment à la communauté internationale d'attacher plus d'importance aux besoins matériel du continent. Le représentant a en outre fait part de sa préoccupation quant à la situation financière alarmante des Nations Unies, en particulier celle du budget alloué au maintien de la paix. Les Etats membres doivent régler entièrement leurs contributions et à temps. Il a ajouté qu'un autre sujet de préoccupation est la tendance visant à emprunter des fonds sur le budget du maintien de la paix pour financer des activités qui dépendent du budget ordinaire ainsi que les retards accumulés dans le remboursement des pays contributeurs de troupes. Il est également important de garantir la transparence des procédures d'achat. Il faudrait qu'à prix égal et à qualité équivalente, la priorité soit davantage donnée aux pays en développement, en particulier aux pays contributeurs de troupes lors d'achat de biens ou de services. Au sujet du personnel, le représentant a demandé instamment au Secrétariat des Nations Unies de renforcer l'unité de police civile des opérations de maintien de la paix en pourvoyant les postes vacants.

M. JIMMY U. OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) s'est associé à la déclaration faite par la Jordanie au nom du Mouvement des pays non alignés. Il partage les préoccupation du Mouvement en ce qui concerne les directives du Secrétaire général pour le personnel de maintien de la paix des Nations Unies dans le domaine du droit humanitaire, ce qui est particulièrement inquiétant pour les pays fournissant des contingents. Dans ce contexte, il a demandé au Département de maintien de la paix d'être plus transparent dans ses consultations avec les Etats Membres. Le représentant a également lancé un appel aux Etats Membres afin qu'ils s'acquittent, sans conditions et intégralement, de leurs contributions financières. Il partage l'opinion selon laquelle, pour pousser les Etats à payer leurs contributions, les Nations Unies devraient envisager, dans ces procédures d'achat, de ne donner aucune priorité aux Etats Membres qui ont les moyens de payer et ne le font pas. Dans le même contexte, tout en étant favorable à la proposition que les opérations de maintien de la paix devraient être financées par des contributions préétablies plutôt que par des contributions volontaires, M. Ovia a estimé que l'abolition de ces dernières irait à l'encontre du consensus qui commence à se faire au sujet de la capacité de réponse rapide aux situations de crise des Nations Unies. En ce qui concerne les procédures d'achat, il a réaffirmé que les Nations Unies devraient accorder une priorité aux pays en développement, en particulier ceux d'entre eux qui fournissent des contingents, lorsque ces pays produisent des biens et services de qualité et prix équivalents. M. Ovia a également insisté sur la nécessité pour les Nations Unies d'aborder toutes les situations de crise sur un pied d'égalité indépendamment du lieu où elles se déroulent.

Par ailleurs, sa délégation a exprimé sa gratitude aux membres du Forum du Pacifique Sud pour avoir soutenu son Gouvernement dans la gestion du processus de paix sur l'île de Bougainville. Compte tenu du fait que la situation sur place n'est toujours pas totalement normalisée, la Papouasie-Nouvelle- Guinée souhaite que le Conseil de sécurité proroge le mandat du personnel de maintien de la paix des Nations Unies présent à Bougainville car ce personnel favorise le rétablissement d'un climat de confiance entre le Gouvernement et les parties de Bougainville, ce qui facilite la poursuite du processus de paix.

M. TREVOR HUGHES (Nouvelle-Zélande) s'est félicité de la confirmation, ces derniers mois, du rôle central des opérations de maintien de la paix des Nations Unies comme en témoignent les interventions au Kosovo et au Timor oriental. La Nouvelle- Zélande, a rappelé le représentant, a fait une contribution substantielle à la Force multinationale au Timor oriental qui représentera bientôt le déploiement le plus important de ses troupes depuis la deuxième Guerre mondiale. Le bataillon néo- zélandais de 800 hommes déployés le long de la frontière ouest du Timor oriental constitue l'élément le plus important de la Force. La Nouvelle-Zélande a d'ailleurs indiqué au Secrétaire général son intention de rendre disponible, aussi tôt que possible, sa contribution à la force des Nations Unies qui devrait succéder à la Force multinationale. La contribution néo-zélandaise devrait comprendre notamment des éléments aérien et naval. Le représentant a poursuivi en se montrant préoccupé par la campagne de désinformation qui semble avoir été menée récemment contre la Force multinationale, la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MINUTO) et les pays contributeurs. Réaffirmant le lien entre information et sécurité du personnel, le représentant a souligné que la Force multinationale a été déployée à la demande du Gouvernement indonésien et que son mandat lui a été confié à l'issue d'une décision adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité.

Le représentant s'est également arrêté sur le manque de personnel au Département des opérations de maintien de la paix. Pour lui, la nécessité de structurer le Département et de le doter d'un personnel adéquat doit devenir la priorité. Malgré les améliorations apportées au Département, il faut dire, a estimé le représentant, que les Etats Membres sont encore loin de se mettre d'accord sur la capacité permanente que doit avoir le Département pour répondre, de manière appropriée, aux demandes changeantes en matière d'activités de maintien de la paix. Le représentant a également plaidé pour l'octroi de ressources humaines et financières au Service d'action antimines des Nations Unies. Il a ensuite dénoncé une "tendance troublante" qui veut que l'on recoure aux contributions volontaires plutôt qu'aux quotes-parts pour financer les opérations de maintien de la paix. Cette pratique, a souligné le représentant, compromet la sécurité financière des opérations de maintien de la paix et fait que certaines régions reçoivent des fonds pour leurs opérations de maintien de la paix alors que d'autres en manquent. Toutes les opérations, a insisté le représentant, doivent être dotées d'une base financière égale et saine provenant des quotes-parts. A propos de la situation financière de l'ONU, il a fait remarquer que les arriérés du plus grand contributeur au budget des opérations de maintien de la paix et au budget ordinaire continuent de jeter une ombre sur l'Organisation. Il a lancé un appel à tous les Membres qui sont en violation de leurs obligations de faire leurs paiements intégralement et en temps voulu et "naturellement sans conditions".

M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine) a constaté que, en dépit des difficultés auxquelles les Nations Unies font face, l'Organisation a été en mesure de répondre de manière politique aux défis qui lui ont été posés au cours de l'année dernière dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, et que la responsabilité première du Conseil de sécurité dans ce domaine a été confirmée par la création de deux nouvelles missions multinationales ainsi que de missions de Nations Unies au Kosovo et au Timor oriental. Il a déclaré que, aujourd'hui, il est important de venir en aide au continent africain, et a exprimé son souhait de voir le Conseil de sécurité autoriser de nouvelles missions de maintien de la paix à la fois en Sierra Leone et en République démocratique du Congo. En tant que membre entrant au Conseil de sécurité, l'Ukraine fera son possible en ce sens car elle estime que le Conseil doit aborder les situations de conflits dans toutes les régions du monde de manière juste et non discriminatoire. Abordant la question de l'intervention humanitaire, le délégué a déclaré que tant qu'il n'existe pas de normes internationales universellement acceptées dans ce domaine, aucune mesure coercitive ne devraient être adoptée sous le prétexte humanitaire que ce soit dans le cadre d'arrangements régionaux ou du fait d'un Etat vis-à-vis d'un autre, sans avoir au préalable l'aval du Conseil de sécurité.

Par ailleurs, l'Ukraine est persuadée que le succès des opérations de maintien de la paix dépend dans une large mesure de la sécurité du personnel de maintien de la paix sur le terrain et que cet aspect doit être une priorité absolue à tous les stades, de la planification au retrait des opérations. Dans ce contexte il a appelé les Etats à ratifier la Convention internationale sur la sûreté du personnel des Nations Unies et personnels associés. En outre, l'Ukraine se félicite de la finalisation des directives du Secrétariat qui porte sur le respect du droit international humanitaire par le personnel de maintien de la paix, tout en regrettant la manière hâtive avec laquelle ces directives ont été promulguées sans avoir eu au préalable un accord final de tous les Etats membres du Comité spécial. En ce qui concerne le développement de la capacité de réponse rapide des Nations Unies, l'Ukraine est en faveur du renforcement du système des forces et moyens en attente de l'Organisation. Par ailleurs, compte tenu de l'importance croissante de la composante de police civile dans les opérations de maintien de la paix, le représentant demande au Secrétariat de développer le plus rapidement possible des principes directeurs du rôle de la police civile.

M. MUSINGA T. BANDORA (Tanzanie) a déclaré que son pays adhère à la déclaration faite par la Jordanie au non du Mouvement des non alignés et s'associe aux déclarations qui ont souligné qu'il est impératif que les opérations de maintien de la paix soient conduites dans le respect des principes de la Charte, notamment la souveraineté, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique des Etats, et la non-ingérence. Il convient donc de veiller à ce que le concept émergent de l'intervention humanitaire ne soit pas utiliser contre ces principes cardinaux. La Tanzanie considère que trouver l'équilibre entre capacité de réponse rapide et le respect des principes de la Charte implique un large processus de consultations qui demandera du temps. La Tanzanie a pris note des efforts menés afin d'améliorer la capacité de planification, de conduite et de soutien des opérations de maintien de la paix mais a regretté de constater que ces efforts ne bénéficient qu'à une minorité d'opérations et que pour la plupart, la planification et le financement restent lents et incertains, particulièrement en Afrique. Les préoccupations sont d'autant plus aigües que les opérations au Rwanda, au Libéria, au Congo Brazzaville font face à de graves lacunes en matière de financement et de logistique. La Tanzanie a exprimé en outre ses craintes de voir les missions planifiées en Sierra Leone rencontrer le même destin. La Tanzanie considère qu'une partie des causes de ces difficultés vient du mode de financement des missions en Afrique et estime qu'il n'est plus concevable que ces opérations soient financées sur le Fonds d'affectation spéciale et qu'il n'y a pas de substitut possible à un engagement direct des Nations Unies au financement des opérations de maintien de la paix en Afrique.

La Tanzanie approuve la coopération entre les Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine visant l'amélioration des capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix. Elle considère que ce partenariat doit être renforcé, notamment en ce qui concerne les capacités d'anticipation, de prévention, de négociation et de maintien de la paix. Néanmoins, M. Bandora a affirmé que la dualité des rôles qui incombent aux Nations Unies, premier responsable du maintien de la paix, et aux organisations régionales doit être maintenue. Il a d'ailleurs tenu à signaler que le concept "d'Etats leaders" et de leur tendance à diriger les initiatives régionales peut contribuer à marginaliser le rôle de l'ONU dans le maintien de la paix et doit faire l'objet de l'attention de l'Organisation. Enfin, la Tanzanie se réjouit des efforts menés en matière de formation du personnel de maintien de la paix et souhaite que de telles initiatives se développement dans un plus grand nombre de pays. Concernant la procédure de recrutement du personnel, la Tanzanie tient à ce qu'elle tienne compte des principes de représentation géographique équitable.

M. JUAN LARRAIN (Chili) s'est associé à la déclaration faite par l'Uruguay au nom du Mercosur et pays associés ainsi qu'à celle de la Jordanie au nom du Mouvement des pays non alignés. M. Larrain a noté que les opérations de maintien de la paix actuelles ne s'inscrivent plus dans la problématique traditionnelle et sont de plus en plus multidisciplinaires par nature, ce qui se apparait clairement dans les cas du Kosovo et du Timor oriental. Cette réalité nouvelle signifie que le Conseil de sécurité, dans l'exercice des fonctions qui sont les siennes, doit clairement définir les mandats des missions et les assortir des ressources financières nécessaires. Par ailleurs, il faut veiller au respect des principes qui donnent la légitimité aux opérations de maintien de la paix à savoir le consentement des parties, l'impartialité et le non recours à la force sauf en cas de légitime défense. Dans ce contexte, le Chili se félicite de la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix. Toutefois il convient, selon M. Larrain, de perfectionner et d'accroître l'efficacité du Département en formant le personnel des opérations de maintien de la paix. Il a rappelé que le Chili vient de célébrer les 50 ans de sa participation aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, et, à cette occasion, a organisé plusieurs cérémonies commémoratives. Le Gouvernement chilien a en outre décidé de renforcer sa participation au système des forces et moyens en attente des Nations Unies.

M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a déclaré que son pays soutien la déclaration de l'Uruguay faite au nom du MERCOSUR et des pays associés, Bolivie et Chili. Il constate que la vulnérabilité de la communauté internationale face aux nouveaux conflits est manifeste mais que les opérations de maintien de la paix demeure le seul instrument valable pour y répondre. En conséquent, l'Argentine considère qu'il faut renforcer le mécanisme d'alerte rapide des Nations Unies, ainsi que la diplomatie préventive et les efforts de consolidation de la paix post-conflit. Il faut mettre à la disposition des opérations de maintien de la paix les ressources adéquates, notamment en termes de formation et de mesures visant l'amélioration de la sécurité du personnel. L'Argentine considère que l'envoi de forces multinationales doit être utilisé de manière restreinte et dans le respect de la Charte des Nations Unies, avec des mandats clairement définis, adaptés et disposant des ressources nécessaires à leur réalisation.

L'Argentine appelle les pays qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé et se réjouit que les résolutions du Conseil de sécurité contienne désormais une mention expresse en référence à cette Convention. L'adoption d'un instrument légal est très encourageante mais, il convient de prendre parallèlement des mesures concrètes pour assurer la sécurité du personnel de maintien de la paix. Par ailleurs, l'Argentine soutien l'idée exprimée par Mme Frechette, de mener une enquête pour poursuivre les personnes responsables des attaques contre le personnel de maintien de la paix, de les sanctionner et d'éviter toute impunité. En outre, a noté le représentant, il convient de renforcer la formation du personnel civil et militaire ainsi que de mettre à la disposition du Département des opérations de maintien de la paix une structure lui permettant de fonctionner à plein. On ne peut pas exiger l'efficacité si les ressources sont insuffisantes, a précisé le représentant. Enfin, il a fait valoir la nécessité d'imaginer de nouveaux mécanismes pour faire face aux besoins en effectif, dans le respect de la répartition géographique équitable.

Mme MARIA ELENA CHASSOUL MONGE (Costa Rica) a affirmé qu'il ne peut y avoir de paix et de démocratie sans justice sociale et développement. Elle a déclaré que sa délégation n'était pas satisfaite de la manière dont sont gérées les questions humanitaires dans les situations de conflit et a souligné la nécessité d'envisager des façons différentes d'aborder cette question. Dans ce contexte, Mme Chassoul préconise d'élargir le champs d'action traditionnel des opérations de maintien de la paix afin qu'il ne se limite plus aux aspects militaires, mais englobe également les aspects politique, humanitaire, économique et social. Elle a souligné l'importance de la recommandation du Comité spécial qui porte sur le renforcement de la capacité institutionnelle africaine de maintien de la paix, en particulier les activités de l'OUA, et a souscrit à l'appel lancé en vue de la participation active de tous les Etats Membres et institutions du système des Nations Unies aux efforts déployés en ce sens.

Elle a fait remarquer que, malgré les difficultés intrinsèques, les opérations de maintien de la paix sont un instrument fondamental pour aider les Etats africains à régler leurs conflits et à créer les conditions propices à leur développement. Le renforcement de la capacité de maintien de la paix reste une priorité pour le Secrétariat, et l'appui des Etats non africains à cette initiative reste nécessaire. Le Costa Rica envisage l'appui financier de la communauté internationale au continent africain comme un moyen d'encourager les Etats africains à s'engager dans la voie d'une paix durable et partant du développement durable pacifique. Toute opération des Nations Unies consacrée au maintien de la paix et ayant pour but ultime le développement durable et non pas simplement un cessez-le-feu, aura toujours le soutien du Costa Rica, a-t-elle déclaré.

M. T.O OSANG (Nigéria) a déclaré que du fait de l'évolution des crises nationales ou internationales, dont la nature et les dimensions ont profondément changé, les responsabilités des Nations Unies en matière de maintien de la paix, se doivent de s'adapter à ces nouvelles circonstances. Les crises sont aujourd'hui multidimensionnelles, et les conflits, qui manquent d'unité de commandement, transforment souvent tout un pays en zone de guerre. De ce fait, notre délégation, a poursuivi le représentant, tient à s'associer aux concepts de "diplomatie préventive", de "déploiement préventif" et de "désarmement préventif" dans le domaine du maintien de la paix, qui sont proposés et défendus par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, comme une stratégie de construction de la paix après-conflit susceptible de s'attaquer aux causes mêmes des conflits armés. La nature de plus en plus complexe des opérations de maintien de la paix exige, plus qu'auparavant, que les Nations Unies travaillent en partenariat, dans ce domaine, avec d'autres organisations régionales. A ce sujet, bien que l'ONU et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) partagent les mêmes objectifs en matière de paix et de sécurité internationale, les Nations Unies n'ont pas suffisamment soutenu l'OUA dans ses efforts pour garantir la paix, la stabilité et la sécurité sur le continent africain. L'ONU doit accorder autant d'attention au sort des peuples d'Afrique souffrant de conflits qu'elle en accorde à d'autre, vivant ailleurs.

Le succès de l'ECOMOG en Afrique de l'Ouest, où elle a réussi à résoudre les crises libérienne et sierra-léonaise, devrait encourager l'ONU et toute la communauté internationale à soutenir ce genre d'efforts. A cet égard, le Nigéria apprécie la récente décision onusienne de créer une opération en Sierra Leone, la MONUSIL, qui déploiera un contingent militaire de 6 000 hommes capable de prendre la relève de l'ECOMOG et de soulager financièrement les pays membres. Nous lançons un appel au Conseil de sécurité pour la mise en oeuvre de cette opération et de ses objectifs. Nous sommes, d'autre part, très concernés par la fréquence avec laquelle le personnel de maintien de la paix de l'ONU est attaqué, enlevé, brutalisé ou même tué, sur le terrain. Rien que pendant ce mois, trois membres du personnel de l'ONU ont perdu la vie au Kosovo et au Burundi. Le Nigéria condamne ces actes et espère que les perpétrateurs de ces crimes en rendront bientôt compte.

M. YOSSEF LAMDAN (Israël) a déclaré que les mandats, les objectifs et les structures des opérations de maintien de la paix doivent être clairement définis. Il indiqué que dans le cadre d'un conflit de frontières, il conviendrait que les Nations Unies obtiennent au moins le consentement du deuxième pays partie au conflit avant de mettre en place une opération de maintien de la paix. Il a précisé que des objectifs clairs doivent s'entendre aussi comme des objectifs qui soient réalisables et rappelé que le Conseil de sécurité, auquel incombe le rôle principal du maintien de la paix et de la sécurité, est l'organe de décision approprié pour offrir aux opérations une structure de commandement claire. M. Lamdan a par ailleurs évoqué le fait que les mandats ne doivent pas être renouvelé indéfiniment et a appelé l'attention sur la nécessité de clauses d'extinction. Il a insisté en outre sur la nécessité de faire la distinction entre les différentes tâches auxquelles font face les opérations de maintien de la paix désormais multidimensionnelles, notamment entre les tâches de polices civile et militaire. A cet égard, Israël considère qu'il faut mettre en oeuvre une plus grande coordination entre les composantes militaires et civiles des missions de maintien de la paix, y compris par l'intermédiaire d'organisations telles que l'Organisation internationale des migrations et les organisations non-gouvernementales. Israël se félicite qu'une des priorités du Département des opérations de maintien de la paix soit la compréhension du rôle de la police civile dans le maintien de la paix et appelle le Secrétariat à soumettre au plus tôt une version remise à jour des directives sur les principes généraux du rôle de la police civile dans son prochain rapport sur les progrès réalisés. Regrettant qu'il n'ait pas été cité en annexe du rapport du Comité spécial, Israël a en outre évoqué l'organisation annuelle d'un séminaire international sur la liaison militaire basé sur l'expérience des forces de défense israéliennes avec les forces de maintien de la paix des Nations Unies. Enfin, constatant que les événements récents ont montré que l'ONU n'a pas un rôle exclusif dans le maintien de la paix, en particulier dans la réalisation de la paix, Israël a invité l'ONU à continuer à prouver qu'elle a les moyens de réaliser cette tâche et de garder la confiance des parties en conflit.

M. MEKKI MTEWA (Malawi) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des pays non alignés. Rappelant la mort tragique de trois membres des forces de maintien de la paix des Nations Unies la semaine dernière, le délégué a déclaré qu'il est essentiel que tous les Etats Membres ratifient la Convention sur la sûreté du personnel des Nations Unies et personnel associé, en soulignant que l'entrée en vigueur de cette Convention ne signifie pas pour autant qu'il n'y a plus rien à faire. Il estime qu'il faut explorer de nouvelles voies pour que les missions de maintien de la paix puissent s'acquitter de leur tâche sans que les populations locales les dénigrent. Dans ce contexte il pense qu'il faut faire la distinction entre les opérations humanitaires et les missions de maintien de la paix.

Le représentant a déclaré que le Malawi était disposé à fournir des contingents au service de la paix en Afrique, ainsi que dans d'autres parties du monde, soulignant que la participation, dans le passé, aux opérations de maintien de la paix ainsi que la volonté de participer au système des forces et moyens en attente des Nations Unies traduisent l'engagement pour la paix du Malawi. Son Gouvernement est toutefois conscient de ses limites en tant que pays en développement.

M. Mtewa a fait part de son inquiétude relative aux retards des remboursements aux pays fournissant des contingents. Cette fâcheuse tendance pourrait, selon lui, avoir un impact négatif sur la participation des pays en développement aux missions de maintien de la paix des Nations Unies, or cette participation est essentielle pour assurer le caractère multinational de ces missions. Par ailleurs, pour avoir eu à expérimenter le problème de la prolifération des armes de petit calibre, le Malawi pense que cette question doit faire intégralement partie des opérations de maintien de la paix car la prévalence de ce type d'arme est une source d'activités criminelles et de menaces pour la paix. M. Mtewa a également souligné l'importance du renforcement du système d'alerte rapide des Nations Unies dans le cadre de la prévention des conflits.

M. MELDER LUCAS (Angola) a associé sa délégation à la déclaration faite par la Jordanie au nom du Mouvement des non alignés. Chaque fois qu'elles créent une opération de maintien de la paix, les Nations Unies devraient adhérer aux principes fondamentaux qui régissent ces actions, notamment le consentement des parties en conflit; le non usage de la force, sauf en cas d'autodéfense; l'impartialité; un mandat clairement défini, et des

financements adéquats, qui sont essentiels au succès de ces missions. Nous tenons, aussi, a poursuivi le délégué, a souligner la position exprimée par les non-alignés, qui stipule que le Conseil de sécurité devrait considérer avec le même niveau d'intensité et d'engagement, tous les conflits, quelle que soit leur emplacement.

Nous apprécions les efforts entrepris par l'ONU en vue de renforcer la capacité africaine de maintien de la paix, au moment où les pays de notre continent font face à d'énormes forces de désintégration. Nous encourageons, d'autre part, un approfondissement du dialogue et du partenariat entre les Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine, tout en gardant à l'esprit la responsabilité première de la communauté internationale et particulièrement du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le rapport du Secrétaire général sur le renforcement des capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix souligne que ces activités ne prennent un sens que si les parties au conflit font preuve de la volonté de respecter les accords de paix et de s'engager dans la voie de la réconciliation. C'est ce qui, précisément, a fait défaut en Angola. Grâce aux efforts de l'ONU et du Représentant spécial du Secrétaire général, le regretté Maître Alioune Blondin Beye, un accord de paix avait été atteint à Lusaka, bien que l'absence du chef de l'UNITA, Jonas Savimbi, lors de sa signature, ait tout de suite fait comprendre que ce mouvement n'en respecterait pas les termes. Quand cela devint clair, M. Beye dénonça l'attitude de l'UNITA. Mais un étrange accident, en mettant fin à sa vie, devait aussi arrêter, de manière frustrante, l'intervention de l'ONU en Angola. Le monde attend toujours les résultats de l'enquête sur cet accident. La solution militaire semble être la seule option laissée au gouvernement de l'Angola face à l'UNITA, dont le chef, M. Savimbi, porte la seule responsabilité du conflit en cours. Nous pensons que la communauté internationale devrait inscrire Jonas Savimbi sur la liste des criminels de guerre, et devrait le faire arrêter et traduire devant les tribunaux criminels internationaux.

MME SANJA ZOGRAFSKA-KRSTESKA (Ex-République yougoslave de Macédoine), constatant que les coûts des opérations de maintien de la paix sont nettement supérieurs à ceux des coûts de la prévention des conflits, a déclaré qu'il faut renforcer les mécanismes d'alerte rapide pour étouffer les conflits potentiels avant qu'ils n'éclatent. Il convient donc de s'attaquer aux causes sous-jacentes des conflits et d'orienter la formation du personnel de maintien de la paix dans cette direction. L'Ex- République yougoslave de Macédoine a rappelé néanmoins que la pertinence des opérations de maintien de la paix reste entière et, à cet égard a rappelé combien la force de déploiement préventif des Nations Unies en Ex-République yougoslave de Macédoine (FORDEPRENU) a été considérée comme un succès par le gouvernement macédonien et les Nations Unies. L'Ex-République yougoslave de Macédoine soutient la réalisation totale du mandat de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). Par ailleurs, elle a appelé de ses voeux la réalisation complète du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud- Est, Pacte que les pays d'Europe de l'Est et du Sud voient non seulement comme l'expression d'engagement politique ferme quant à leur intégration dans les structures euro-atlantiques mais aussi comme la base d'une reconstruction et d'un développement complets de la région. Elle a tenu à attirer l'attention des Etats Membres sur l'importance des causes socio-économiques des conflits et sur la nécessité de les traiter de manière appropriée.

L'Ex-République yougoslave de Macédoine est consciente de la nécessité de déployer des missions de maintien de la paix dans les pays africains. Elle considère que cela contriburait à mettre en place les conditions pour un développement pacifique et, partant à éviter de nouveaux conflits sur le continent. Par ailleurs, forte du constat que les missions de maintien de la paix doivent avoir un financement approprié, la représentante appelle les Etats Membres à honorer intégralement et sans conditions leurs engagements financiers vis à vis des Nations Unies.

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