En cours au Siège de l'ONU

CPSD/175

DANS LE DOMAINE DU MAINTIEN DE LA PAIX LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DOIT PASSER D'UNE CULTURE DE REACTION A UNE CULTURE DE PREVENTION

20 octobre 1999


Communiqué de Presse
CPSD/175


DANS LE DOMAINE DU MAINTIEN DE LA PAIX LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DOIT PASSER D'UNE CULTURE DE REACTION A UNE CULTURE DE PREVENTION

19991020

Dans le domaine du maintien de la paix, la communauté internationale doit passer d'une culture de réaction à une culture de prévention. Cela signifie qu'il faut désormais s'attaquer aux causes profondes des conflits, en particulier au développement, à l'instabilité politique et à l'insuffisance de structures économiques et sociales. Tel est le constat d'un grand nombre de délégations ayant participé, cet après-midi, au débat général sur l'étude d'ensemble de toutes la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects de la Quatrième Commission. Certaines interventions ont également soulevé la nécessité de faire une distinction claire entre les activités humanitaires et les autres activités des Nations Unies notamment le maintien de la paix.

Dans ce contexte, le représentant du Comité international de la Croix-Rouge a évoqué les risques inhérents à la coordination de l'action humanitaire à partir d'une structure à l'origine prévue pour la poursuite d'objectifs politico-militaires, à savoir le Conseil de sécurité. De nombreux intervenants adhèrent à sa conclusion selon laquelle la confusion des genres ne peut être que néfaste pour le déroulement des actions tant militaires qu'humanitaires. Par ailleurs de nombreuses délégations se sont associées à la position du Mouvement des non alignés qui rejette la notion du "droit d'intervention humanitaire".

En ce qui concerne la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix, la plupart des intervenants ont réaffirmé la responsabilité première des Nations Unies, et que tout engagement doit faire l'objet d'une décision du Conseil de sécurité. Le représentant iranien a précisé, quant à lui, que le maintien de la paix ne doit pas devenir un terrain de compétition entre l'ONU et les organisations régionales. Dans l'ensemble, les délégations estiment qu'une telle coopération doit s'inscrire strictement dans le cadre du chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.

Les délégations suivantes ont participé au débat: Bélarus, République de Corée, Mongolie, Cuba, Mexique, Mozambique, Fédération de Russie, Algérie, Pakistan, Croatie, République arabe syrienne, Thailande, Etats-Unis, République islamique d'Iran, Chypre, Brésil, Guatemala. En outre, l'Observateur du Comité international de la Croix-Rouge a pris la parole.

La Commission achèvera son débat général sur cette question le jeudi 21 octobre à 15 heures. Elle se prononcera également sur le projet de résolution relatif à ce point.

ETUDE D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Déclarations

M. NIKOLAI BUZO (Bélarus) partage les opinions du Mouvement des non-alignés. Il estime que, dans le cadre du maintien de la paix, le recours à la force doit constituer une mesure exceptionnelle après avoir épuisé toutes les autres alternatives possibles. Le représentant a noté que la Charte de l'ONU ne régit pas expressément les opérations de maintien de la paix. Il a déclaré que le dialogue international dans ce domaine doit être essentiellement axé sur les aspects juridiques du recours à la force. Constatant que l'Organisation doit de plus en plus participer au règlement de conflits internes, le représentant a estimé que l'arsenal de l'ONU doit être réexaminé avec le plus grand soin afin d'être en mesure de répondre à cette nouvelle donne. Il a affirmé que réagir à titre préventif signifie également s'attaquer aux causes profondes des conflits et s'attacher à y trouver des solutions. Le Bélarus pense que le strict respect des mandats des missions permettra de couronner de succès les interventions de l'ONU au Kosovo et au Timor oriental.

Le Bélarus souhaite que le débat sur la question du maintien de la paix porte sur la codification des principes du recours à la force grâce à un instrument juridique contraignant. En ce qui concerne la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales, le Bélarus estime qu'il ne faut pas déléguer à ces organisations les pouvoirs de l'ONU mais plutôt mettre en place une coopération qui soit conforme au Chapitre VIII de la Charte et soit sous le contrôle du Conseil de sécurité.

Le Bélarus appuie les mesures visant une approche coordonnée des activités de maintien de la paix à la fois au sein du Secrétariat et avec les institutions des Nations Unies ayant pour objectif le développement durable. En outre, il souhaite renforcer sa participation aux activités pacifiques des Nations Unies qui n'ont pas de caractère militaire. Par ailleurs le Bélarus appuie la position du Mouvement des non alignés en ce qui concerne l'ingérence humanitaire.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a déclaré que son pays est préoccupé par la tendance qui consiste à prendre le personnel de maintien de la paix pour cible, A fortiori quand ces attaques ont des motivations politiques. A cet égard, la République de Corée appelle les Etats qui ne l'ont pas encore fait à signer la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé qu'elle considère comme la pierre angulaire d'une meilleure protection du personnel. La Corée partage les inquiétudes des autres Etats Membres concernant les effets négatifs de la diminution des effectifs sur la capacité du Département des opérations de maintien de la paix à répondre aux défis auxquels il fait face. Cependant, la Corée se réjouit du retrait progressif du personnel détaché à titre gracieux. La République de Corée appelle le Département et les Etats Membres à examiner les moyens de maintenir les capacités de maintien de la paix de l'Organisation au regard des besoins actuellement accrus. A cet égard, le système des forces et moyens en attente devrait servir d'instrument principal et la République de Corée espère que la participation des Etats Membres à ce système sera la plus grande possible. En outre, afin d'assurer une meilleure protection pour l'assistance humanitaire dans les situations de conflits, la Corée estime que les mandats des opérations doivent être appropriés, y compris en termes de ressources financières, et être réalisés à temps, dans l'efficacité et l'impartialité. Enfin, la Corée appelle au règlement rapide du problème du remboursement des pays contributeurs et plus généralement de la crise financière de l'Organisation.

M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de l'Afrique du Sud au nom du Mouvement des non-alignés en particulier en ce qui concerne la sélection du personnel de maintien de la paix, et de respect du droit humanitaire international dans le cadre des opérations du maintien de la paix.

Il a souligné que, en dépit de la réduction relative des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en taille et en nombre, le besoin de ces opérations est croissant, notamment du fait de la création de nouvelles missions et de l'extension de certaines autres. Cela signifie des besoins nouveaux pour l'Organisation en matière de personnel et de ressources financières et logistiques. En ce qui concerne l'efficacité de ces opérations la Mongolie appuie pleinement l'opinion selon laquelle elles doivent être conformes aux principes la Charte, avoir un mandat clair et faire l'objet du consentement des parties au conflit.

Le représentant a affirmé que les opérations de maintien de la paix ne peuvent représenter des solutions permanentes aux conflits, ni constituer une réponse à leur causes profondes. C'est la raison pour laquelle le Bélarus estime que la communauté internationale doit passer d'une culture de la réaction à une culture de la prévention ce qui permettra sûrement d'épargner de nombreuses vies humaines ainsi que d'affecter d'autres ressources au développement. Le représentant a insisté sur le fait que la stratégie de prévention exige une approche multidimensionnelle, comme cela s'est d'ores et déjà fait sentir dans certaines opérations. Il a ajouté que l'efficacité de l'ONU en matière de maintien de la paix dépend largement de sa capacité de prévention et de consolidation de la paix et de gestion stratégique de tous les aspects des missions. Le représentant a souligné que la Mongolie a signé un mémorandum concernant les arrangements des forces et moyens en attente des Nations Unies aux termes duquel elle s'apprête à participer à de futures opérations de maintien de la paix. En ce qui concerne la sécurité du personnel de maintien de la paix, le représentant de la Mongolie a invité les états à ratifier la Convention sur la sûreté du personnel des Nations Unies et personnel associé. Pour sa part, la Mongolie est en train de commencer la procédure constitutionnelle en vue de la ratification de cette Convention.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a exprimé son soutien à la déclaration de la Jordanie faite au nom du Mouvement des non alignés. Il a déclaré que bien que les opérations de maintien de la paix soient un instrument utile à l'ONU pour le maintien de la paix et la sécurité internationales, il convient de s'attaquer aux causes réelles des conflits. Cuba a souligné que ces opérations peuvent être un moyen valable de prévention dans la mesure où les principes de souveraineté, d'intégrité territoriale, de non-ingérence et de souveraineté égale des Etats soit respectés. Leur respect est une condition sine qua non. Dans ce contexte, on ne peut pas passer outre le rôle que le Conseil de sécurité joue avant et pendant les opérations de la paix. Cuba tient à souligner l'accroissement du risque que les opérations de maintien de la paix deviennent des instruments pour certains Etats de montrer leur puissance. A cet égard, il convient que le processus de recrutement du personnel se déroule dans la transparence et le respect de la répartition géographique équitable et de la sexospécificité. Cuba regrette que la publication des Directives sur le respect du droit international humanitaire ne se soit pas déroulée dans le cadre d'une consultation plus poussée avec les Etats Membres. Il a exprimé sa préoccupation quant aux retards pris dans le remboursement des pays contributeurs aux opérations et a condamné la pratique qui consiste à imputer des fonds du budget de maintien de la paix pour les affecter au budget général.

Cuba tient a souligné en outre que la distinction entre opérations de maintien de la paix et action humanitaire est primordiale surtout dans le contexte déjà décrit qui consiste à dissimuler les appétits hégémoniques de certains Etats. Enfin, regrettant que quand le monde dépense 3 dollars pour les opérations de maintien de la paix, il n'en dépense qu'un seul pour le développement, Cuba a déclaré que le développement et la paix sont indissociables et qu'il faut globaliser la coopération et l'assistance économique afin de créer un "Programme de développement".

M. PABLO PACEDO (Mexique) a remarqué que, cette année, les activités des Nations Unies en matière de maintien de la paix ont occupé une place de taille dans les préoccupations de la communauté internationale, en particulier face aux crises du Kosovo et du Timor. Ces crises, quoique différentes par leurs natures et leur traitement, ont mis en exergue certaines déficiences de l'ONU. En ce qui concerne le Kosovo, le représentant a déploré le fait que le Conseil de sécurité se soit trouvé marginalisé dans la décision du recours à la force. Pour ce qui est du Timor oriental, il a regretté que les Nations Unies n'aient pas pu limiter la violence après le référendum, du fait du manque de ressources de l'Organisation. Le délégué a également déclaré que le spectre du veto et les intérêts de certains ont à nouveau empêché l'Organisation d'avoir les moyens nécessaires pour intervenir en Sierra Leone.

Le Mexique pense qu'aujourd'hui plus que jamais, il est indispensable de préserver les principes notamment celui du consentement des parties ainsi que les dispositions du droit international. Soulignant qu'on ne pouvait pas importer la paix, il a affirmé que le rôle de l'ONU est de veiller à la mise en place d'une paix à laquelle les parties au conflit sont parvenues par la négociation. Le Gouvernement du Mexique est préoccupé par les coalitions d'intéressés, ce qui se traduit par le fait que les Nations Unies renoncent à leurs responsabilités et les confient à un groupe d'Etats. Par ailleurs, il estime que les opérations de maintien de la paix ne doivent pas servir de prétexte pour ne pas régler les causes profondes des conflits à savoir le développement, l'instabilité politique et l'insuffisance de structures économiques et sociales. Dans ce contexte, le représentant a déclaré que la paix est indissociable du développement et la sécurité est inséparable de la prospérité. Fort de ce constat, l'ONU doit continuer à promouvoir à travers ses programmes le développement et l'élimination de la pauvreté.

Le Mexique reconnait que les organisations régionales peuvent contribuer efficacement au règlement de conflit régionaux. Toutefois, toute intervention de ces organisations doit se faire sous le contrôle des Nations Unies qui gardent la responsabilité première en matière de paix et de sécurité internationales.

Constatant que la nouvelle génération des opérations de maintien de la paix se voit confiée un grand nombre de tâches civiles, le représentant a expliqué que son Gouvernement estime que la responsabilité dans le domaine civile revient à l'Assemblée générale alors que le Conseil de sécurité garde la responsabilité des aspects militaires. Par ailleurs, le Mexique partage l'opinion selon laquelle le renforcement des capacités de déploiement rapide passe par celui du système des forces et moyens en attente. Abordant la question de l'intervention humanitaire, le Mexique estime que le recours à la force, même s'il est motivé par des considérations humanitaires, est source d'instabilité. Par conséquent, le Mexique rejette la notion de droit d'ingérence humanitaire et s'associe partant à la position du Mouvement des non-alignés. Le représentant a déclaré qu'il est indispensable d'établir une distinction très claire entre les activités humanitaires et les activités de maintien de la paix.

M. ANTONIO INACIO JUNIOR (Mozambique) a affirmé qu'à l'aube du nouveau millénaire, nous sommes toujours témoins de violents conflits, le continent africain étant à cet égard particulièrement touché. Partant, il a appelé au déploiement d'efforts importants, notamment à travers des opérations de maintien de la paix, afin d'assurer la promotion d'une paix durable sur le continent. le représentant a rappelé la décision prise lors du Sommet de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) de juillet 1999, de déclarer l'année 2000 "Année de la paix". Cette décision, a-t-il expliqué, démontre sans équivoque l'émergence chez les africains de la volonté politique de régler par eux mêmes leurs problèmes. Le représentant a toutefois fait remarquer que l'installation d'une paix durable sur le continent africain passe également par la promotion d'un développement durable dans tous les pays de la région. Dans ce contexte, il a précisé que les opérations de maintien de la paix devraient non seulement apporter des réponses à des situations d'urgence mais encore favoriser la reconstruction dans les pays, puis le développement durable.

Soulignant que de telles opérations ne sont pas une fin en soi, il a insisté sur la nécessité de s'attaquer aux causes mêmes des conflits. Dans ce contexte, il a demandé que des mesures soient prises en vue de l'allégement de la dette et du renversement de la tendance au déclin de l'aide au développement. Le représentant s'est enfin félicité de la récente proposition faite par le Secrétaire général de déployer une force de maintien de la paix de 6 000 hommes en Sierra Leone. Il a affirmé que cette force devrait être dotée des moyens adéquats et que son mandat devrait être fondé sur le Chapitre VII de la Charte. Evoquant la mise en place par la Communauté de développement des Etats d'Afrique australe, d'un mécanisme autonome de maintien de la paix et de la sécurité dans la région, le représentant a insisté sur l'importance pour la communauté internationale d'oeuvrer au renforcement de ses capacités.

M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) a déclaré que la participation aux opérations de maintien de la paix reste une mission qui comporte des risques pour la vie du personnel de ces opérations. Toute attaque perpétrée à leur encontre devrait faire l'objet d'une enquête précise et les auteurs de ces actes devraient être poursuivis en justice. Il convient également de souligner la composante humanitaire des opérations de maintien de la paix qui prend une importance toujours plus grande dans les opérations actuelles. L'expérience des dernières décennies atteste du fait que le maintien de la stabilité régionale et internationale dépend directement de la prévention et de la solution apportée aux crises humanitaires. C'est en cela que nous déterminons notre approche quant au concept d'intervention humanitaire. Il est clair que les opérations de maintien de la paix ne sont pas un but en soi, mais qu'elles représentent un instrument important pour parvenir à un règlement politique des conflits, en créant tout d'abord des conditions favorables aux activités des médiateurs internationaux et en amorçant le dialogue. Cette fonction clé des opérations de maintien de la paix devrait clairement apparaître dans leurs mandats.

Un autre aspect important que revêt l'amélioration du potentiel de maintien de la paix des Nations Unies réside dans le développement des capacités matérielles et techniques afin de réagir rapidement aux crises. Le représentant a estimé, à cet égard, que le moyen le plus efficace pour y parvenir est d'achever la formation des systèmes d'accords dits en attente et d'accroître, sur cette base, la rapidité du déploiement des opérations. L'interaction entre les Nations Unies et les organisations régionales revêt également une grande importance pour la Fédération de Russie, en particulier dans le contexte de la coopération étroite qui unit les Nations Unies et la Communauté des Etats indépendants (CEI) dans le but de résoudre les conflits qui sévissent actuellement sur leurs territoires. La Fédération de Russie partage enfin les préoccupations soulevées par d'autres délégations face aux retards injustifiés dans le remboursement aux pays qui mettent à disposition des troupes et des équipements pour les opérations de maintien de paix. Pour sa part, la Fédération de Russie, malgré de graves difficultés économiques, s'est récemment acquitté d'un paiement de 31 millions de dollars américains et ne conserve des arriérés que pour une seule opération de maintien de la paix. M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré en sa qualité de représentant du Président en exercice de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) que la question des opérations de maintien de la paix n'a jamais pris des dimensions aussi importantes qu'elle n'en a eu ces dernières années, tant dans son concept en constante évolution que dans l'effort collectif fourni par la communauté internationale. Il faut bien reconnaître cependant que l'expression de la volonté des Etats qui composent les Nations Unies reste en deçà de la réflexion réelle et souhaitable de l'ensemble des volontés, en particulier en ce qui concerne la conception des mandats et le déroulement des opérations de maintien de la paix ainsi que l'évaluation de leurs résultats. Le véritable pouvoir est en fait entre les mains d'un nombre limité de pays dont les motivations ne traduisent pas toujours la volonté collective des autres Etats Membres. La mise en minorité en certaines occasions de l'avis d'une grande majorité d'Etats, quand ce n'est pas leur exclusion pure et simple de la décision finale, risque de conduire l'ONU à de graves dérives. Il en est ainsi de ce concept désormais au goût du jour que l'on appelle "le devoir d'ingérence humanitaire" qui ne dispose d'aucune base légale ni dans le droit internationale, ni dans la Charte des Nations Unies.

Le représentant a par ailleurs insisté sur la nécessité pour l'Organisation de pouvoir réagir promptement aux exigences d'une opération de maintien de la paix et dans ce contexte, le cas de l'Afrique interpelle tout particulièrement les consciences. Le manque de détermination de la communauté internationale a valu à l'Afrique un génocide et des centaines de milliers de morts. Face à la multiplication des conflits, le continent africain n'est pas resté inactif. Ses chefs d'Etat et de gouvernement rassemblés à Alger ont pris sur eux de s'atteler avec vigueur et détermination au règlement des conflits afin de pouvoir consacrer leurs ressources au développement économique et social de leurs pays. Dans cet ordre d'idée, le représentant a cité les efforts de la Commission militaire mixte en République démocratique du Congo, l'action du Président en exercice de l'OUA ainsi que le rôle important joué par l'Organe central du mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits en Afrique. Cela ne signifie pas pour autant que l'ONU puisse se sentir déliée de ses obligations envers l'Afrique. Le représentant a accueilli avec satisfaction la proposition faite par le Département des opérations de maintien de la paix de mettre sur pied un groupe de travail chargé d'étudier les moyens de renforcer les capacités africaines pour autant que ces propositions s'inscrivent dans le cadre de coopération ONU/OUA. Il est par ailleurs urgent de remédier à la crise financière de l'ONU qui doit de son côté s'acquitter convenablement de ses dûs envers les pays contributeurs de troupes. Le représentant a en outre estimé que la rédaction du code de conduite applicable au personnel des opérations de maintien de la paix s'est faite dans la précipitation sans véritables consultations avec les Etats Membres.

M. INAM UL HAQUE (Pakistan) a déclaré que son pays s'associe à la déclaration faite au nom du Mouvement des pays non alignés. Il a indiqué que la paix n'est pas la simple absence de guerre et nécessite des efforts multidimensionnels pour éliminer les causes sous-jacentes des conflits en veillant au respect des principes fondamentaux qui régissent les opérations de maintien de la paix. Le Pakistan estime qu'il convient de tenter d'apporter une solution politique aux conflits par des recours plus fréquents au chapitre VI de la Charte des Nations Unies car les mesures de prévention sont plus prudentes et plus efficaces en termes de coût que les opérations de maintien de la paix.

Le Pakistan prie le Secrétaire général de renforcer le Groupe d'observateurs militaires des Nations Unies en Inde et au Pakistan (UNMOGIP). Etant donnée la nucléarisation de l'Asie du Sud, le Pakistan demande à la communauté internationale de permettre au peuple de Jammu-et-Cachemire d'exercer son droit à l'autodétermination. Le Pakistan, pays de paix, considère que l'Inde doit respecter les résolutions des Nations Unies et ses engagements, arrêter la répression et respecter les droits fondamentaux des populations du Cachemire. Le représentant a annoncé une désescalade militaire unilatérale et le commencement du retrait des forces des frontières avec l'Inde, mesures qui serviront, il espère, la confiance mutuelle entre les parties.

Le Pakistan considère que le opérations de maintien de la paix doivent bénéficier d'une direction politique et de mandats clairs ainsi que d'une structure de commandement et de contrôle efficace et de règles d'engagement uniformes et clairement définis. En outre, une fois les opérations engagées, les clauses d'extinction ne devraient pas être imposées car l'ONU doit s'assurer que le conflit est réglé avant de se désengager. Le but du maintien de la paix n'est pas simplement de séparer les factions mais d'identifier les causes des conflits et d'aider à leur résolution. Le Pakistan a tenu à souligner que la coopération avec les organisations régionales doit se faire dans le respect du chapitre VIII de la Charte. La responsabilité ultime du maintien de la paix incombe à l'ONU. Le Pakistan note que la décision d'engager des opérations doit être impartiale, et souligne à cet égard que les Nations Unies doivent se préparer à réagir rapidement aux futures situations d'urgence en Afrique. Concernant la question du personnel, le Pakistan se réjouit du retrait progressif du personnel détaché à titre gracieux et s'opposera à toute résurgence du phénomène dans l'avenir. En outre, le Pakistan soutien tous les efforts qui visent à améliorer la capacité de déploiement rapide des Nations Unies. Enfin, le Pakistan a tenu à faire valoir ses préoccupations quant aux retards pris pour rembourser des pays fournissant des contingents et des équipements aux opérations. Il a indiqué que l'ONU doit, à cet égard, plus de 40 millions de dollars au Pakistan et que cette situation est inacceptable. Il a indiqué par ailleurs que les procédures d'achat sont largement inéquitables et insatisfaisantes pour les pays en développement et a appelé à une plus grande transparence dans la diffusion de l'information en la matière.

Mme JELENA GRCIC POLIC (Croatie) a déclaré que le rôle de l'ONU dans le règlement des crises est toujours plus important et doit viser au règlement des causes sous-jacentes des conflits et à la prévention et non pas seulement au règlement de leurs symptômes. La Croatie estime que le Groupe des enseignements tirés des missions de la paix a déjà prouvé son utilité notamment, dans le cadre de l'Administration transitoire des Nations Unies pour la Slavonie orientale, la Baranja et le Srem occidental (ATNUSO). Les organisations régionales portent de plus en plus de responsabilités dans les différentes phases des opérations de maintien de la paix, ce qui implique une évolution de concept du maintien de la paix qui évolue entre le concept de la souveraineté et celui de la légitimité des réponses apportées par la communauté internationale aux crises humanitaires. Néanmoins, la Croatie tient à souligner que l'ONU, à travers l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité et la Cour internationale de Justice, reste la seule institution à avoir un mandat international pour le maintien de la paix et de la sécurité. internationales.

La Croatie soutient les efforts du Secrétariat pour régler les problèmes concernant le budget, l'effectif et la sécurité du personnel mais regrette la manière dont le Secrétariat a publié les directives sur le respect du droit humanitaire au mépris d'une contribution plus grande des Etats Membres, et espère que le nécessaire sera fait dans un proche avenir pour y remédier. La Croatie se joint à l'appel des autres Etats Membres visant au remboursement rapide des pays contributeurs aux opérations de maintien de la paix car de cette question dépend la capacité même de participation aux opérations de l'ONU.

M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non alignés. Il a rappelé que les opérations de maintien de la paix sont des mesures intérimaires pour éviter une détérioration des situations de crise, mais ne représentent pas des solutions aux causes profondes des conflits. Il a rappelé que les Nations Unies ont commencé les opérations de maintien de la paix il y a 50 ans au Moyen-Orient et s'acquittent depuis de leur responsabilités. La responsabilité première du Conseil de sécurité consiste à préserver la paix et la sécurité internationales ainsi qu'à veiller au respect de ses résolutions. La Syrie veut fournir les meilleures conditions de travail aux soldats de la paix de la FNUOD et espère que le problème de financement de cette mission sera réglé le plus rapidement possible. M. Mekdad pense qu'il est important que les Nations Unies disposent d'une force de déploiement rapide de réserve. Par ailleurs, la Syrie souligne la nécessité de séparer les activités humanitaires des autres activités des Nations Unies, y compris le maintien de la paix et partant s'aligne sur la position du Mouvement des non-alignés. A cet égard, M. Mekdad estime que le Conseil de sécurité est uniquement responsable des aspects militaires du maintien de la paix.

Abordant la question des achats du Département des opérations de maintien de la paix, il a souligné que les pays en développement ne représentent qu'une partie infime des fournisseurs du Département, et a appelé à un redressement rapide de cette situation de fait. Par ailleurs, il a demandé à ce que les pays fournissant des contingents puissent participer aux consultations officieuses du Conseil de sécurité. M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a déclaré qu'étant donné le caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix où le personnel peut être confronté à des violations des droits de l'homme dans l'exercice de leurs activités quotidiennes, il est impératif que ce personnel assume également un rôle dans la promotion et la protection des droits de l'homme. Le personnel de maintien de la paix ayant des obligations morales et humanitaires ne peut ignorer les atrocités flagrantes commises autour de lui. Ainsi, soit par le biais d'une action directe soit par une action menée en coopération avec les autres organes tels que la Commission des droits de l'homme, le Haut Commissariat pour les réfugiés et le Comité internationale de la Croix-Rouge, les opérations de maintien de la paix devraient être mandatées pour faire ce qui est dans leur pouvoir afin de protéger les victimes contre les violations des droits de l'homme. Si l'opération de maintien de la paix vise à jeter une base ferme pour le règlement du conflit et pour restaurer la société, elle doit être en mesure de promouvoir le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire.

Alors que les opérations de maintien de la paix peuvent être souples dans leur conception, il faut faire preuve de fermeté à l'égard des principes sur lesquels elles sont fondées. Le maintien de la paix se trouve en premier lieu entre les mains du Conseil de sécurité et devrait respecter strictement les principes et buts énoncés par la Charte. Il est absolument essentiel que les Nations Unies reçoivent le consentement du pays hôte. Les organisations régionales, si elles sont disposées à le faire, peuvent également jouer un rôle dans le domaine du maintien de la paix conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Mais les organisations régionales ne peuvent se substituer en aucun cas aux Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix. En pratique, les Nations Unies, et en particulier le Conseil de sécurité, doivent se tenir prêtes et agir rapidement pour déployer une opération de maintien de la paix avant que la crise ne s'aggrave. Elles doivent également être en mesure de faire face à une crise de manière non discriminatoire ni sélective. Sur le terrain, les opérations de maintien de la paix doivent se dérouler strictement en conformité avec les règles d'engagement des Nations Unies et avec le mandat accordé par le Conseil de sécurité. A ce jour, 18 opérations de maintien de la paix sont en place et d'autres sont en cours de préparation. Leur contribution inestimable pour empêcher que les hostilités n'éclatent et pour jeter des bases solides pour la paix est incontestable. Néanmoins, il ne faut jamais oublier que le maintien de la paix n'est pas une fin en soi. Il s'agit juste d'un moyen parmi d'autres pour contribuer à établir les conditions pour la paix. Le maintien de la paix des Nations Unies ne peut jamais, et ne devrait jamais, remplacer les efforts déployés par les parties concernées pour faire face aux causes sous-jacentes du conflit.

M. REVIUS ORTIQUE (Etats-Unis) a déclaré qu'avec le déploiement de nouvelles missions au Kosovo, au Timor oriental et en République démocratique du Congo, les Nations Unies sont pleinement engagées dans des opérations de maintien de la paix qui devront répondre à une variété de défis. Comme l'a relevé le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, les Nations Unies ont entrepris une tâche sans précédent et au cours des six prochains mois, les effectifs de maintien de la paix pourraient doubler. Dans ce contexte, les activités du Comité spécial sont plus importantes que jamais. Nous adhérons à l'analyse du Secrétaire général selon laquelle l'Organisation des Nations Unies doit disposer d'une capacité d'alerte accrue pour faire face à l'émergence de crises. Nous estimons en particulier que le Secrétaire général doit bénéficier de suffisamment de flexibilité pour faire en sorte que l'Organisation dispose des ressources et compétences nécessaires. Le représentant a dit appuyer le développement des accords relatifs aux forces en attente qui constitue un excellent outil mais dont le mandat devrait être élargi. Le Département des opérations de maintien de la paix doit disposer de connaissances militaires et civiles appropriées. Cette expertise doit être pleinement intégrée à tous les aspects des missions. La mise en place d'un état-major de missions à déploiement rapide améliorera la capacité des Nations Unies à relever les défis de demain.

A l'avenir, a indiqué le représentant, une composante de police civile continuera d'être nécessaire au sein des opérations de maintien de la paix. Nous demandons aux Etats Membres de déployer des efforts particuliers pour renforcer la capacité des Nations Unies à fournir une aide dans ce domaine. Pour cela, il faudrait établir des procédures de recrutement systématiques, fournir des formations pour ceux qui manque de connaissances au niveau international, et accorder un statut officiel à un groupe permanent pour faciliter la mobilisation, la discipline et un contrôle de qualité générale. Nous devons également veiller à répondre aux besoins des Etats Membres. Notre gouvernement, à travers son initiative de réponse aux crises en Afrique vise la formation de 10 000 soldats de la paix sur le continent. Le représentant a fait part de sa déception quant à la publication du bulletin consacré au droit humanitaire international et aux forces des Nations Unies qui s'est faite sans que des consultations avec des parties concernées n'aient eu lieu.

M. MEHDI YOUSEFI (République islamique d'Iran) a déclaré que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies doivent respecter les principes de la Charte, y compris ceux de la souveraineté des Etats, de l'intégrité territoriale et de la non- ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Par ailleurs, toute mission des Nations Unies doit être conçue dans le cadre des piliers fondamentaux du maintien de la paix à savoir l'impartialité des forces de maintien de la paix, le consentement des parties au conflit, le non recours à la force, sauf en cas de légitime défense, ainsi que la nécessité d'avoir des mandats et objectifs clairs.

Tout en constatant que plus de 90% des conflits actuels sont des conflits internes, l'Iran estime que les Nations Unies ne doivent pas autoriser qu'un certain nombre de facteurs tels que la couverture médiatique ou d'ordre politique et géographique influencent la réponse que l'Organisation apportera à ces crises et les ressources qu'elle y allouera. Dans ce contexte le délégué a indiqué que, alors que la crise du Kosovo faisait "la une" au cours de l'année dernière, d'autres crises aussi sérieuses, voire plus, ont été ignorées par la communauté internationale. Il a ajouté qu'il est important que le Conseil de sécurité aborde tous les conflits qui menacent la paix et la sécurité internationales, sans considération de l'endroit où ils ont lieu, sur un pied d'égalité. Par ailleurs, l'Iran considère qu'il est impératif que les Nations Unies fassent une distinction claire entre les activités humanitaires et les autres activités du système, y compris le maintien de la paix. Le délégué a déclaré en outre que le manque de consensus au sein du Conseil de sécurité ne donne pas le droit à un pays ou un groupe de pays à s'engager unilatéralement dans un conflit, car il n'existe pas d'alternative viable aux Nations Unies pour garantir la paix et la sécurité internationales. Fort du principe de la responsabilité collective et de la sécurité collective, l'Iran participe désormais au système des arrangements des forces et moyens en attente des Nations Unies. Ce système est un élément clef pour renforcer l'efficacité de l'Organisation en matière de maintien de la paix.

Par ailleurs, M. Yousefi a déclaré que le maintien de la paix ne doit pas devenir un terrain de compétition entre l'ONU et les organisations régionales. Dans ce contexte, sa délégation adhère à la position du Mouvement des pays non alignés à savoir que ce type de coopération doit s'inscrire dans le cadre du chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. En outre, l'Iran reconnaît que si la formation du personnel de maintien de la paix relève de la responsabilité nationale, cela ne dégage toutefois pas les Nations Unies de leur rôle en matière de formation.

M. JAMES DROUSHIOTIS (Chypre) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Finlande au nom de l'Union européenne. Il a souligné le caractère pluridimensionnel et complexe des opérations de maintien de la paix d'aujourd'hui qui portent souvent sur plusieurs aspects allant de la prévention, au maintien de la paix ainsi qu'à la consolidation de la paix après conflit, ce qui suppose une coordination importante. Parmi les autres recours possibles au règlement de conflit, le représentant a mis en exergue le rôle que pouvait jouer la Cour internationale de justice. Il a également rappelé que Chypre est un test de la pertinence et de l'efficacité du maintien de la paix, puisqu'elle accueille depuis 1964 l'UNFICYP. Il a toutefois déploré que, en dépit des résolutions adoptées par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité ainsi que de la mission des bons office du Secrétaire général, le problème de Chypre n'est toujours pas résolu. Cela l'amène à dire que la leçon à tirer de l'expérience chypriote est que, tant que l'une des parties n'est pas disposée à respecter les directives de la communauté internationale, et tant que les membres de la communauté internationale ne veulent pas ou ne peuvent pas agir en vue de faire respecter les résolutions pertinentes, le maintien de la paix essuie des revers et le problème se perpétue à long terme. Il a ajouté que ce constat négatif ne devait pas pousser à remettre en question les efforts de maintien de la paix, mais, face à l'intransigeance continue de l'une des parties, à exercer des pressions en vue de l'application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il a affirmé que le maintien et la consolidation de la paix sont complémentaires.

Le représentant a également mis l'accent sur le fait que l'efficacité des opérations de maintien de la paix dépend dans une large mesure des ressources financières suffisantes et sûres. A cet égard il a insisté sur la nécessité pour les Etats Membres de s'acquitter pleinement et sans condition de leurs contributions financières. Il a également exprimé sa préoccupation face au nombre croissant des attaques dont le personnel de maintien de la paix est victime et s'est félicité de l'entrée en vigueur de la Convention sur la sûreté du personnel des Nations Unies et personnel associé.

M. BENEDITO O. B. LEONEL (Brésil) a exprimé son soutien à la déclaration faite par le représentant de l'Uruguay au nom du MERCOSUR et des pays associés. Le Brésil considère que les opérations récentes au Timor oriental, en Sierra Leone et au Congo illustrent les attentes des gouvernements et de l'opinion publique à l'égard de la capacité d'agir de l'ONU. Le souci doit ainsi être l'efficacité de la capacité de réaction, capacité qui doit reposer exclusivement sur les principes de la Charte et disposer d'un appui financier et politique adéquat. Les opérations de maintien de la paix sont désormais multidimensionnelles et l'aspect militaire n'est pas une fin en soi. Ces opérations font partie d'un continuum qui comprend notamment la prévention, l'assistance, les droits de l'homme, et aussi la consolidation de la paix après les conflits par le développement économique et social. Cette multidimensionnalité qui implique des tâches supplémentaires comme la sécurité et la police civile, l'assistance humanitaire, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des combattants, impose de mettre en place des ressources et du personnel en conséquence. A cet égard, le Brésil se réjouit de l'achèvement du retrait progressif du personnel détaché à titre gratuit et partage les préoccupations déjà exprimées sur les conséquences que ce retrait pourrait avoir sur la capacité opérationnelle du Département des opérations de maintien de la paix.

Néanmoins, en ce qui concerne le recrutement du personnel appelé à le remplacer, le Brésil souscrit au critère de répartition géographique équitable. Il approuve la proposition du Secrétariat concernant la création de postes supplémentaires et appelle à une réflexion collective sur la gestion de l'effectif du Département. En outre, le Brésil a tenu à exprimer ses préoccupations quant aux conséquences négatives de la crise financière des Nations Unies qui limite les capacités de participation des Etats aux opérations de maintien de la paix. A cet égard, il a souligné que tous les Etats Membres ont l'obligation, en vertu de la Charte, de s'acquitter de leur contribution financière. Enfin, le Brésil a recommandé que le processus de passation des contrats et des marchés se déroule dans la transparence et permette une participation plus large des pays en développement.

Mme MARIA ROSA NODA-NUNEZ (Guatemala) a affirmé que son pays reconnaît le rôle essentiel joué par la Mission des Nations Unies au Guatemala en tant qu'entité chargée de surveiller le respect des droits de l'homme et la mise en oeuvre des Accords de paix signés en décembre 1996. Il a souligné le fait que les périodes qui suivent un cessez-le-feu sont chargées à la fois de défis et d'espoir et reconnu que la MINUGUA a joué un rôle de catalyseur dans la transition vers la paix. Le représentant a également loué le rôle positif de la Mission des Nations Unies en ce qui concerne l'enracinement des institutions démocratiques au Guatemala. Il a indiqué que pour la première fois, l'Unité nationale révolutionnaire guatémaltèque prendra part en tant que parti politique, aux élections présidentielles à venir.

LA représentante a ensuite fait part des progrès de la paix au niveau régional. Dans ce contexte il a salué la contribution utile apportée par les missions des Nations Unies à ce processus. Ce dont nous avons besoin à présent, a-t-il affirmé, c'est de consolider cette paix en construisant des fondations solides de justice, de solidarité, d'équité et de participation démocratique. Les causes qui ont été à l'origine de la naissance des conflits doivent être traitées de façon prioritaire, a-t-il ajouté. En conclusion de son intervention, le représentant s'est dit convaincu que si les efforts de la communauté internationale se concentrent sur le développement, la promotion de la tolérance et du respect mutuel, les risques de conflits lors du prochain millénaire diminueront de façon substantielle.

M. PATRICK ZAHND, Observateur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a rappelé que le 12 août 1999, le Secrétaire général des Nations Unies a lancé un appel solennel aux citoyens, peuples et gouvernements du monde, portant sur la nécessité du respect des principes d'humanité dans les situations de conflit armé et a promulgué le même jour la Circulaire sur le respect du droit international humanitaire par les forces des Nations Unies. Le CICR tient à le remercier pour avoir publié ce règlement.

La récente recrudescence de la demande pour les activités de maintien de la paix des Nations Unies témoigne, selon le CICR, du rôle unique de l'Organisation dans le règlement de conflits puis dans la phase post-conflictuelle. L'Observateur a regretté que, dans la pratique, la connaissance qu'a le personnel de maintien de la paix du droit humanitaire se révèle très variable. Dans ce contexte, il a souligné que la Circulaire du Secrétaire général ne s'applique qu'aux forces de l'ONU menant des opérations sous le commandement et le contrôle des Nations Unies et ne s'applique pas aux opérations autorisées par le Conseil de sécurité et qui sont placées sous le commandement d'un Etat ou d'une organisation régionale. A cet égard, il a rappelé que, dans un tel cas, le groupe d'Etats concernés doit respecter les règles coutumières et conventionnelles et il lui incombe donc de prendre des mesures disciplinaires et pénales à l'encontre de leur personnel responsable de violations du droit humanitaire. Le CICR participe actuellement à de nombreux cours de formation en droit humanitaire pour les forces de maintien de la paix dans leur pays d'origine ou dans leur lieu d'affectation.

Le CICR tient à souligner les risques inhérents à la coordination de l'action humanitaire à partir d'une structure à l'origine prévue pour la poursuite d'objectifs politico- militaires, à savoir le Conseil de sécurité. Le représentant a affirmé que, puisque la confusion des genres ne peut être que néfaste pour le déroulement des actions tant militaires qu'humanitaires, il est primordial que chacun agisse selon son mandat et ses capacités. Il a reconnu que certaines situations se sont présentées dans lesquelles l'action humanitaire s'est trouvée dans l'impasse et que l'engagement des militaires dans les activités humanitaires s'est avéré bénéfique à court terme. Il a cependant insisté sur le fait qu'un tel engagement ne devait être pris qu'en dernière instance et que les organisations humanitaires doivent pouvoir continuer à travailler selon les critères d'humanité et d'impartialité. Elles doivent pouvoir préserver le caractère non politique de leur mission et, pour ce faire, garder une indépendance en matière de prise de décision et d'action.

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