IL FAUT DOTER LES NATIONS UNIES DES MOYENS NECESSAIRES POUR FAIRE FACE AU NOMBRE CROISSANT DE CONFLITS DANS LE MONDE
Communiqué de Presse
CPSD/174
IL FAUT DOTER LES NATIONS UNIES DES MOYENS NECESSAIRES POUR FAIRE FACE AU NOMBRE CROISSANT DE CONFLITS DANS LE MONDE
19991019Les délégations estiment que la communauté internationale doit s'attaquer aux causes profondes des conflits
"Plutôt que de se demander si l'Organisation des Nations Unies est en mesure de faire face au nombre croissant de conflits nouveaux dans le monde, il faut s'atteler à trouver les moyens qui la rend plus capable de relever ce défi" a déclaré le représentant de la Pologne prenant la parole dans le cadre de la suite du débat général de la Quatrième Commission sur l'étude d'ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Dans ce contexte, de nombreux intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de renforcer la capacité de déploiement rapide des Nations Unies, en particulier le système des forces et moyens en attente ainsi que le système d'alerte rapide. En outre, ils ont insisté sur les besoins de formation du personnel de maintien de la paix, élément d'autant plus important que les opérations de maintien de la paix se caractérisent de plus en plus par leur caractère pluridimensionnel.
La plupart des intervenants ont souligné que les missions de maintien de la paix ne constituent qu'une solution temporaire aux conflits, et que la communauté internationale doit s'attaquer aux causes profondes des conflits qui sont souvent d'ordre économique et social. A cet égard, l'accent a été mis sur l'importance de l'aide au développement car sans développement il ne saurait y avoir de paix durable.
En ce qui concerne la sécurité du personnel de maintien de la paix, le représentant de l'Uruguay a appelé les Etats qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et le personnel associé.
Les délégations suivantes ont participé au débat: Canada, Koweït, Ghana, Jamaïque, Inde, Chine, Venezuela, République démocratique populaire lao, Sénégal, Pérou, Malaisie, Pologne, Bangladesh, Uruguay au nom du Mercosur et du Chili et de la Bolivie et l'Ouganda.
La Commission poursuivra son débat général sur cette question le mercredi 20 octobre à 15 heures.
ETUDES D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Débat général
M. MICHEL DUVAL (Canada) a déclaré que son pays appuie vigoureusement les changements recommandés concernant les méthodes de travail du Comité spécial, en particulier ceux qui ont trait à un examen plus rapide de son rapport par la Quatrième Commission et l'Assemblée générale. Concernant les directives sur le droit humanitaire international destinées aux responsables du maintien de la paix, le Canada estime que le Secrétariat doit conserver le droit de décider de la méthode de consultation des Etats Membres la plus appropriée mais, qu'il doit leur laisser un délai suffisant pour pouvoir répondre et faire leurs commentaires. Le Canada estime que la version finale de ces directives contient toujours un nombre inacceptable d'imprécisions et d'ambiguïtés qui limitent l'utilité de ce document pour les responsables du maintien de la paix. Le Canada continuera à faire pression pour que les changements nécessaires soient apportés afin que ce bulletin permette aux responsables d'en tenir compte lors de la planification et de la conduite des opérations de maintien de la paix. Le Canada a exprimé sa réticence concernant l'empressement avec lequel le Secrétariat a publié ce bulletin, en dépit des graves préoccupations exprimées par plusieurs membres du Comité spécial concernant son contenu et le ton de l'annonce de cette publication aux médias et regrette que le Secrétariat semble avoir sacrifié la justesse, la précision et l'efficacité au profit des points qu'il pouvait marquer en matière de relations publiques auprès des médias internationaux.
Les opérations de maintien de la paix déployées au Kosovo et au Timor oriental prouvent à l'évidence la nécessité d'agir de toute urgence pour renforcer les capacités de déploiement rapide de l'ONU. Le Canada estime que le Département des opérations de maintien de la paix ne dispose pas des ressources nécessaires, notamment en termes de personnel, pour mener à bien les responsabilités qui lui incombent en termes d'organisations de nouvelles missions. Le Canada fournira à cet égard, toute l'assistance demandée par le Secrétariat pour soutenir ses efforts en la matière. Le Canada estime par ailleurs que, pour qu'à l'avenir le Groupe de la police civile soit capable de satisfaire aux exigences de planification d'opérations policières telles que celles organisées dans le cadre de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MINUTO), le Secrétaire général devrait agir de toute urgence et revoir les effectifs de ce groupe, pourvoir rapidement à tous les postes autorisés et mettre au point une capacité de planification efficace et rapide pour les périodes de surcharge.
M. NAJEEB AL-BADER (Koweït) a souligné la nature de plus en plus complexe des opérations de maintien de la paix. Il a tenu à soulever certains points: la nécessité pour les opérations de maintien de la paix d'avoir un mandat clair et un commandement unique; la responsabilité des Etats Membres à s'acquitter de leurs obligations financières vis-à-vis des Nations Unies afin que le Département des opérations de maintien de la paix puisse disposer des ressources financières nécessaires; l'importance du renforcement du système d'alerte rapide et de la diplomatie préventive ainsi que la nécessité de passer en revue les besoins en matière de formation. Le représentant a rappelé que le Koweït accueille depuis 1991 la MONUIK, et que cette mission s'acquitte de sa tâche et partant contribue dans une large mesure à la réduction des tensions à la frontière avec l'Iraq. Toutefois, les pratiques de l'Iraq font douter la partie koweitienne de ses bonnes intentions. Il a également expliqué que le Koweït appuie cette mission à la fois sur le plan financier et en lui offrant des facilités civiles et militaires. Le Koweït a créé un bureau de liaison entre les autorités koweitiennes et les responsables de la MONUIK pour trouver rapidement des solutions à tout problème possible. Le Koweït rend hommage à tout personnel des opérations de maintien de la paix. M. YAW O. OSEI (Ghana) a déclaré que les pays africains ont démontré leur capacité et leur volonté de prendre des initiatives pour résoudre les conflits sur leur propre continent, cependant cette capacité mérite encore d'être améliorer car le développement économique nécessite une atmosphère de paix stable et durable. A cet égard, le Ghana considère que l'Afrique doit jouer un rôle central, à travers l'Organisation de l'unité africaine, pour apporter la paix et la stabilité sur le continent africain et se réjouit que cette idée ait été acceptée par l'OUA qui a mis en place, en réponse, l'Organe central pour la prévention, la gestion et la résolution des conflits. Le Ghana a indiqué que l'aide des pays non africains jouait néanmoins un rôle crucial dans ce processus et appuie l'appel du Secrétaire général pour renouveler cette coopération et le soutien de la communauté internationale à l'amélioration des capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le Ghana apprécie le rôle du Département de l'information dans le développement de mécanismes de coopération qui permettent au Département des opérations de maintien de la paix de prendre les mesures appropriées en matière d'information sur la terrain, information qui joue un rôle important pour faire comprendre la réelle signification des opérations de maintien de la paix et par la même, améliore la sécurité du personnel des opérations à laquelle le Ghana est très sensible en tant que quatrième plus grand contributeur de contingents. A cet égard, le Ghana appuie les efforts du Département quant aux exigences de sécurité et appelle les Etats Membres à une pleine collaboration. Constatant le rôle de la police civile dans la consolidation de la paix après les conflits, le Ghana se réjouit des efforts fait par la police civile des Nations Unies afin d'améliorer les capacités de police civile de l'Afrique. Cependant, la délégation du Ghana demande au Département des opérations de maintien de la paix de soumettre les demandes aux pays contributeurs de police à temps pour leur permettre de satisfaire à leurs exigences.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés. Elle a souligné qu'au cours de l'année passée les missions de maintien de la paix ont dû relever des défis sans précédent, en particulier au Kosovo et au Timor oriental, et que, du fait de la nature plus complexe des conflits, les mandats de ces missions sont de plus en plus multidimensionnels. Au cours de cette année l'importance du rôle de ces missions a également été amplement démontré. Les conflits récents ont par ailleurs démontré le besoin d'une approche plus dynamique du maintien de la paix à la fois en termes de mandat et du niveau des compétences requises. A cet égard, la Jamaïque estime qu'il est nécessaire de renforcer la capacité de déploiement rapide des Nations Unies et le système des forces et moyens en attente. Par ailleurs, elle a déclaré qu'il fallait passer d'une culture de réaction à une culture de prévention des conflits et par conséquent développer le système d'alerte rapide. Soulignant le fait que le partenariat entre les organisations régionales et les Nations Unies s'est avéré être précieux, Mme Durrant a toutefois noté que cela ne dégage pas l'Organisation de sa responsabilité première dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Abordant la question de la sûreté du personnel de maintien de la paix, Mme Durrant a appuyé les recommandations de la Vice- Secrétaire général, Mme Louise Fréchette à ce propos et notamment celle relative aux investigations poussées sur les auteurs des crimes en vue de les faire passer en justice. Etant donné les défis complexes des opérations du maintien de la paix, Mme Durrant a mis l'accent sur les besoins de formation du personnel qu'on y affecte et s'est félicité des efforts de la Division de la formation dans ce domaine. Elle a déclaré que, non seulement ce personnel devait être bien formé, mais qu'il devait également être sensibilisé à la diversité culturelle. Mme Durrant a également insisté sur la nécessité de renforcer la capacité de maintien de la paix de l'Afrique et s'est félicité des efforts déployés en ce sens par les Nations Unies.
M. RAJA RAMANNA (Inde) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non alignés. Il a estimé que les missions de maintien de la paix doivent avoir le consentement des parties au conflit, et que leur mandat doit respecter les principes d'impartialité et de non- ingérence. Elles ne doivent en aucun cas se substituer à des règlements politiques négociés. Le maintien de la paix n'est pas une fin en soi mais plutôt un moyen vers une fin et doit s'inscrire dans le contexte d'un engagement international plus large. Le maintien de la paix ne saurait être un substitut au développement économique et à l'établissement d'un état a ajouté le représentant. Il a remarqué que souvent la prévention de conflits se limite à faire régner la paix et ne s'attaque pas aux causes socio-économiques sous-jacentes, ce qui aggrave le problème. L'Inde considère que toute paix durable ne peut se réaliser qu'à travers la croissance économique et le développement et, par conséquent, tout en accordant l'attention nécessaire au maintien de la paix, il faudrait que la communauté internationale accorde la priorité aux objectifs de développement.
Le représentant a réaffirmé le rôle central que jouent les Nations Unies en matière de maintien de la paix et que la responsabilité première revient à l'Organisation dans ce domaine même si les arrangements régionaux peuvent parfois jouer un rôle important. M. Ramanna s'est félicité de l'importance accordée par le Secrétariat au renforcement des capacités de maintien de la paix de l'Afrique. Il estime toutefois que les Nations Unies doivent s'engager davantage sur le continent africain plutôt que de souscrire aux arrangements régionaux dans le domaine du maintien de la paix. Il a déclaré que certains Etats Membres influents doivent dépasser leurs refus à participer à des missions de maintien de la paix en Afrique. L'Inde soutient pleinement les recommandations du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, le représentant a notamment mis l'accent sur le rôle croissant de la composante police civile des opérations et sur les retards de remboursements aux pays contributeurs de contingents. Par ailleurs, M. Ramanna a estimé que, dans la mesure où la 4ème Convention de Genève s'applique, le personnel de maintien de la paix des Nations Unies doit en respecter les dispositions. Il a toutefois déclaré que les directives du Secrétariat relatives au respect du droit international humanitaire par le personnel de maintien de la paix auraient du être finalisées seulement après que des consultations avec le Comité spécial sur cette question aient été tenues.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a réaffirmé que sa délégation considère que les opérations de maintien de la paix doivent respecter strictement les principes de la Charte des Nations Unies et les normes régissant les relations internationales, notamment le respect de la souveraineté des Etats et le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures. Il a noté que l'expérience a montré que le succès de ces opérations est attribuable au respect de ces deux principes ainsi qu'au consentement préalable des parties et à l'impartialité du personnel de maintien de la paix.
La Chine partage la préoccupation du Secrétaire général relative à la faible réponse de la communauté internationale face aux besoins des victimes de catastrophes naturelles et de conflits en Afrique. La Chine a le sentiment que, en matière de maintien de la paix, le principe de deux poids deux mesures est de plus en plus souvent appliqué. Par conséquent, elle demande aux Nations Unies de traiter les conflits dans différentes parties du monde sur un même pied d'égalité. Dans ce contexte le représentant a rappelé le déploiement des opérations de maintien de la paix au Kosovo et au Timor oriental, alors même que la situation sur le continent africain se dégrade et que les peuples africains attendent des Nations Unies des actions plus concrètes et surtout un engagement des casques bleus. Il est grand temps que les Nations Unies honorent leur engagement sans quoi elles perdraient leur crédibilité en matière de maintien de la paix internationale a déclaré le représentant. Face à l'importance croissante des opérations de maintien de la paix, il a également souligné l'impact négatif sur les activités du non-paiement par certains Etats Membres de leurs quotes-parts, ajoutant que le manque de moyens a été utilisé comme excuse par certains pays pour s'opposer au déploiement de missions par les Nations Unies. Fort du constat de
l'importance croissante de la composante police civile dans les opérations de maintien de la paix, le représentant a insisté sur la nécessité de définir des règles d'engagement claires et des directives relatives au statut et au rôle de la police civile dans les missions.
M. NORMAN MONAGAS-LESSEUR (Venezuela) a déclaré que, comme l'a déjà indiqué le Secrétaire général, la structure des conflits mondiaux et les réponses apportées par la communauté internationale ont changé, changements qui nécessitent de la part de l'Organisation, pour faire face à ces nouveaux défis, une vigueur renouvelée. Le Venezuela note que les opérations de maintien de la paix ont aujourd'hui un caractère pluridisciplinaire puisqu'elles incluent dans leurs mandats des tâches de police civile, d'assistance humanitaire, de surveillance des droits de l'homme, mais souligne que le respect des principes de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, de l'indépendance politique des Etats et de non-ingérence dans les affaires relevant essentiellement de leur juridiction nationale demeure un impératif. Comme l'a rappelé le Mouvement des non alignés, il faut distinguer l'assistance humanitaire et les opérations de maintien de la paix et ne pas confondre l'assistance humanitaire et le droit à l'assistance humanitaire, notion qui se doit d'être discutée dans une autre enceinte que la Quatrième Commission. Les opérations de maintien de la paix doivent donc être dotées de mandats bien définis et aussi des bases financières appropriées afin d'atteindre les objectifs de maintien de la paix et de la sécurité internationales dont le Conseil de sécurité porte la responsabilité principale. Le Venezuela a également fait les louanges des efforts menées pour améliorer la capacité de maintien de la paix des pays africains.
Le Venezuela tient à réaffirmer que les situations qui font l'objet de rupture de la paix doivent bénéficier de réponses impartiales où qu'elles se déroulent. A cet égard, il convient de renforcer la capacité de déploiement rapide, en particulier celles de l'OUA. Il convient de réaffirmer sans équivoque le rôle des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales pour que les cas comme le Kosovo ne se reproduisent pas. Concernant la sécurité du personnel, le Venezuela estime que le Conseil de sécurité et le Secrétariat doivent tenir compte des consultations avec les Etats Membres pour améliorer la transparence et l'efficacité des mandats des opérations de maintien de la paix et, par ailleurs, que le recrutement du personnel doit tenir compte du principe de représentation géographique équitable. Enfin, le Venezuela a exprimé ses préoccupations quant aux retards pris dans le remboursement des pays contributeurs aux opérations de maintien de la paix.
Mme PHAVANH NUANTHASING (République démocratique populaire du lao) considère que les opérations de maintien de la paix doivent respecter les propos et principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que les principes de la souveraineté nationale, du non-recours à la force, de l'impartialité et du consentement des parties. Toutefois, ces opérations doivent être une mesure de dernier recours pour la représentante qui estime qu'elles ne peuvent se substituer à une solution durable ou à un règlement politique des conflits. La représentante s'est dite préoccupée par l'importance du montant des arriérés de paiement de certains Etats Membres aux opérations de maintien de la paix, et en particulier les Etats- Unis, et elle leur a demandé instamment de s'acquitter en entier et sans condition de leurs engagements financiers. Dans ce contexte elle a rappelé que ce sont les pays fournissant des troupes et du matériel, et en particulier les pays en développement qui sont affectés par le fait que les remboursements ne peuvent se faire en raison du manque de ressources financières.
Tout en soulignant l'importance de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans les opérations de maintien de la paix, la représentante a mis en exergue le fait que ces efforts devaient s'inscrire dans l'esprit et la lettre de la Charte des Nations Unies. A cet égard, elle estime que toute intervention au niveau régional doit avoir au préalable l'aval du Conseil de sécurité. Par ailleurs, le Lao s'associe à l'opinion exprimée par le Mouvement des non alignés qui s'oppose au concept du "droit à l'intervention humanitaire", concept qui n'a pas de fondement juridique dans la Charte et dans le droit international selon la représentante.
M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré que les efforts des organisations régionales et sous-régionales en matière de règlement des conflits n'exonèrent pas la communauté internationale des obligations collectives prévues dans la Charte des Nations Unies qui confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Pour éviter la multiplication des conflits, il faut favoriser le déploiement de forces à titre préventif afin d'éviter des drames ou des situations de génocide. L'ONU doit poursuivre ses efforts pour coordonner les besoins et les ressources du programme des forces et moyens en attente des Nations Unies, dans le cadre d'un partenariat entre les Etats Membres qui fournissent des contingents et les pays qui sont en mesure de fournir des équipements. Le Sénégal qui fait partie des 22 pays africains fournissant un effectif total de 2 500 hommes aux opérations de l'ONU, continuera d'apporter son appui, comme il le fait depuis quarante ans.
Le Sénégal appuie les recommandations contenues dans le rapport du comité spécial notamment l'exécution de principes directeurs du mandat des opérations; la consultation entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité; la formation des personnels des opérations de maintien de la paix pour laquelle il a accueilli un important séminaire en 1998; la participation croissante de la police civile pour laquelle le Sénégal est opérationnel, en ce moment même, notamment au Timor oriental et enfin, la coopération avec les mécanismes et organismes régionaux. Le Sénégal considère qu'il faut continuer à insuffler un élan d'efficacité et de modernité au fonctionnement des missions de la paix, ce qui passe par la définition d'objectifs clairs, de structures de commandement bien établies et de moyens de financement assurés afin de ne pas hypothéquer leur rôle primordial de sauvegarde de la paix dans le monde.
M. FRANCISCO TUDELA (Pérou) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non alignés. Il a noté que les opérations de maintien de la paix sont de plus en plus pluridimensionnelles, mais a toutefois souligné la différence conceptuelle et pratique entre ces opérations et les "interventions humanitaires". Soulignant que ces opérations ne se limitent plus aux fonctions traditionnelles, mais touchent à tous les aspects de la construction de la paix, le représentant a insisté sur l'importance de la mise en place, sur le terrain, d'un minimum d'organisation. Le Pérou partage l'opinion selon laquelle ces opérations sont des mesures provisoires et ne remplacent pas une solution durable aux causes profondes des conflits. Le Pérou octroie une importance particulière aux éléments de consolidation de la paix, ce qui n'exclue pas qu'il faille définir clairement ce que cela suppose. Cet exercice permettra aux opérations de maintien de la paix d'avoir des mandats clairs qui prennent en compte les spécificités de chaque situation de conflit et de doter ces opérations des ressources suffisantes pour s'acquitter de leur tâche. Dans ce contexte, il se félicite de la présence de la composante de police civile dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies en tant que composante garantissant un minimun d'organisation pour permettre la mise en place de structures durables.
Le Pérou croit fermement à la validité des principes de la Charte des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et encourage une participation plus large aux missions afin de les doter de personnel international et de cultures différentes. Cela suppose qu'il y ait des critères de recrutement clairs au sein du Département, en fonction des besoins spécifiques de chaque mission. M. Tudela a également insisté sur l'importance de la formation du personnel de maintien de la paix ainsi que de sa sécurité.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a déclaré, en réponse aux doutes soulevés quant à l'opportunité du rôle de la Malaisie en matière de maintien de la paix, que malgré des ressources financières limitées, la Malaisie a participé à 22 opérations de maintien de la paix impliquant plus de 17 000 personnes, participation particulièrement appréciée par les Nations Unies. La Malaisie considère que les organisations régionales ont et devraient jouer un rôle dans les opérations de maintien de la paix en collaboration avec l'ONU, mais que toutefois ce rôle ne devrait pas supplanter celui de l'ONU, en particulier le rôle du Conseil de sécurité qui porte la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le maintien de la paix ne doit plus être considéré comme un élément isolé mais comme un maillon de la chaîne des moyens utilisés pour répondre aux conflits actuels de plus en plus complexes à l'égard desquels il faut apporter une réponse multidisciplinaire. La Malaisie a indiqué que la disponibilité des armes de petit calibre contrevient à l'objectif de l'établissement d'une paix durable et rend urgent l'examen complet de la question du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration. La Malaisie a exprimé sa préoccupation devant les retards pris pour le remboursement des pays contributeurs et devant le fait que ces retards mettent en péril la participation future des Etats Membres. A cet égard, la Malaisie désapprouve la pratique qui consiste à imputer des fonds au budget général pour les affecter au budget du maintien de la paix. Le représentant de la Malaisie a d'ailleurs indiqué que malgré le montant de la dette de l'ONU pour sa participation aux opérations de maintien de la paix évalué à 20,5 million de dollars, la Malaisie continue à payer ce qu'elle doit à temps et sans conditions ce qui témoigne de son soutien inébranlable à l'Organisation.
M. FANCISZEK GAGOR (Pologne) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Finlande au nom de l'Union européenne. Les développements récents et le besoin croissant d'opérations de maintien de la paix des Nations Unies témoignent, selon M. Gagor, de la confiance de la communauté internationale en l'Organisation des Nations Unies et de l'appréciation de ses réalisations en matière de maintien de la paix. Il a déclaré que, plutôt que de se demander si les Nations Unies sont en mesure de gérer le nombre croissant de conflits, il faut s'atteler à trouver les moyens la rendant plus capable de relever ce défi. Dans ce contexte, il a souligné l'importance du renforcement de la capacité de déploiement rapide de l'Organisation à travers un certain nombre d'initiatives et notamment par une participation plus importante des Etats Membres au système de forces et moyens en attente ou encore le renforcement des états-majors de mission à déploiement rapide.
Le représentant a affirmé que la complexité des conflits actuels, en particulier ceux à caractère régional, nécessite une coopération et coordination étroite entre l'ONU et les organisations régionales, tout en veillant à ce que l'ONU garde le rôle clef. Rappelant que le Département des opérations de maintien de la paix a achevé le retrait progressif du personnel militaire fourni à titre gratuit cette année, M. Gagor a estimé qu'il faut faire maintenant un bilan général de l'impact de la situation actuelle sur la capacité du Département à planifier, déployer et gérer les opérations de maintien de la paix, en particulier dans le contexte actuel de demande croissante de ces opérations. En ce qui concerne la sécurité du personnel de maintien de la paix, il s'est félicité de l'initiative du Département de faire une évaluation globale des exigences de sécurité des opérations et a déclaré que la Pologne est disposée à participer activement à cette initiative.
M. Gagor a fait remarquer que la création de nouvelles missions ainsi que l'extension de missions en cours entraînera une demande exceptionnelle de personnel, en particulier de police civile, et de ressources, ce qui constitue en soit un nouveau défi pour la capacité organisationnelle et financière de l'Organisation. Il a également souligné le fait que les remboursements aux pays fournisseurs de contingents et de matériel ne se faisant pas, cela pouvait affecter la capacité de ces derniers à répondre à l'appel de Nations Unies.
M. HEMAYETUDDIN, Bangladesh a déclaré que son pays soutien l'établissement au plus tôt de l'état-major de mission à déploiement rapide et adhère à la proposition concernant son financement qui consiste à créer un compte de soutien permettant plus de souplesse dans l'utilisation des fonds. Le Bangladesh se félicite du retrait progressif du personnel détaché à titre gracieux et recommande que le recrutement du personnel appelé à le remplacer, comme celui du personnel militaire, respecte le principe de répartition géographique équitable. Ce principe vaut aussi pour les procédures d'achat et de passation de marché qui, par ailleurs, doivent être transparentes et efficaces.
Le Bangladesh tient à souligner que des efforts doivent être menés afin de doter les opérations de maintien de la paix de mandats clairs qui différencient les tâches de police civile des tâches de police militaire. A cet égard, le Bangladesh rappelle l'importance de s'accorder sur les directives concernant le rôle du personnel de police civile dans les opérations de maintien de la paix. En outre, le Bangladesh a souligné que des ressources financières et un soutien adéquats sont d'une importance cruciale pour l'efficacité de ces opérations. M. Hemayetuddin a aussi noté que le non-paiement des contributions avait un impact néfaste sur la capacité des Nations Unies à rembourser les pays fournisseurs de contingents et qu'il était impératif de remédier à cette situation qui affecte surtout les pays en développement et notamment le Bangladesh lui-même. Concernant la formation du personnel, il a réitéré l'offre de son gouvernement pour l'établissement au Bangladesh d'un centre de formation pour les pays d'Asie-Pacifique.
M. JORGE PEREZ OTERIM (Uruguay) au nom des pays membres du Mercosur, et des pays associés, la Bolivie et le Chili, a noté qu'à l'heure actuelle, compte tenu de la complexité croissante des conflits, il faut redéfinir les opérations de maintien de la paix afin de les rendre plus à même de répondre aux défis nouveaux. Abordant la question de la sécurité du personnel de maintien de la paix, M. Oterim a invité les pays qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention sur la sûreté du personnel des Nations Unies et du personnel associé.
Fort du constat que les conflits ont souvent des causes sociales et économiques, il a insisté sur l'importance de fournir le soutien nécessaire aux Etats concernés afin qu'ils puissent se développer et partant assurer le bien-être de leurs populations. M. Oterim s'est félicité des efforts déployés par les Nations Unies en matière de formation, en particulier des forces de police civile. Toutefois il a estimé qu'il faut définir clairement le rôle de cette composante civile des opérations de maintien de la paix. Remarquant les développements importants en matière de coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, le représentant a estimé qu'il faut en faire de même avec les agences humanitaires. En ce qui concerne le Département des opérations de maintien de la paix, le représentant a insisté sur la nécessité d'établir un processus de recrutement qui soit plus juste et tienne compte de la répartition géographique et de la sexospécificité.
M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a souligné que le maintien de la paix est désormais multidimensionnel, mais que l'accent doit être mis sur la prévention. Celle-ci implique non seulement l'alerte rapide mais surtout la prévention et l'action rapides avant que le conflit éclate. Il convient donc d'identifier les causes sous-jacentes des conflits et, à cet égard, l'Ouganda a souligné le rôle de la croissance économique et du développement économique et social dans la réduction des conflits. Le représentant a déclaré qu'une paix durable nécessitait des institutions durables et a ainsi appelé au renversement de la tendance à la diminution de l'aide au développement. Constatant le rôle des armes de petit calibre dans le déclenchement des conflits, le représentant a fait valoir combien il était important de respecter strictement les embargos établis par le Conseil de sécurité et de renforcer les législations nationales et le cadre régulateur en matière de trafic des armes de petits calibres. A cet égard, l'Ouganda se félicite de la décision de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) de promouvoir un moratoire sur les armes de petits calibres et de détruire les armes collectées lors de la guerre civile au Libéria. Concernant la coopération de l'ONU avec les organisations régionales, l'Ouganda s'est félicité du rôle de la CEDEAO au Libéria et en Sierra Leone et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SDAC) en République centrafricaine : ce rôle est vraiment le plus grand témoignage de la contribution que peuvent apporter les organisations régionales. M. Kiwanuka a réaffirmé le rôle primordial de l'ONU, et notamment du Conseil de sécurité dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales. En outre, il a souligné l'importance de la disponibilité des ressources nécessaires au déploiement rapide des missions. Il a par ailleurs réaffirmé l'engagement de l'Ouganda à l'Accord de paix de Lusaka.
* *** *