En cours au Siège de l'ONU

CPSD/173

POUR LE SECRETAIRE GENERAL ADJOINT, LES EVENEMENTS RECENTS DONNENT A L'ONU L'OCCASION DE DEMONTRER SON POTENTIEL EN MATIERE DE MAINTIEN DE LA PAIX

18 octobre 1999


Communiqué de Presse
CPSD/173


POUR LE SECRETAIRE GENERAL ADJOINT, LES EVENEMENTS RECENTS DONNENT A L'ONU L'OCCASION DE DEMONTRER SON POTENTIEL EN MATIERE DE MAINTIEN DE LA PAIX

19991018

Au cours des six prochains mois, le personnel de maintien de la paix pourrait plus que doubler, affirme M. Miyet

Avec 18 opérations de maintien de la paix en cours et environ 14 000 soldats, observateurs militaires et membres de la police civile déployés sur le terrain, le maintien de la paix a pris, au cours des derniers mois, une ampleur considérable, a indiqué ce matin le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Miyet, devant la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) qui entamait l'examen de l'étude d'ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Les événements récents ont confirmé le rôle central des opérations de maintien de la paix dans les efforts entrepris par la communauté internationale pour faire progresser la paix, a-t- il fait remarquer, précisant que le personnel de maintien de la paix pourrait plus que doubler au cours des six prochains mois. Pour M. Miyet, il y a actuellement une occasion historique de démontrer le potentiel de l'ONU en matière de maintien de la paix. A cet égard, un partenariat fort entre le Secrétariat et les Etats Membres est essentiel pour la définition de mandats réalisables, cohérents et pleinement appuyés. Dans le cas contraire, il en résultera tout simplement la destruction d'un instrument riche de possibilités.

Parlant plus particulièrement de son Département, M. Miyet a déploré la diminution considérable de ses effectifs au cours de l'année passée. Il a rappelé que le départ du personnel détaché à titre gracieux s'était achevé en février 1999. Le Secrétaire général adjoint a aussi fait observer que le Département disposait souvent de très peu de temps pour préparer une mission, alors que les défis à relever sont de plus en plus importants.

Outre le Ministre de la défense du Danemark, les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Jordanie (au nom des Etats membres du Mouvement des non alignés), Norvège, Indonésie (au nom des Etats membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, ASEAN), Egypte, Philippines, Kazakhstan, Colombie et Japon.

M. Zaki (Egypte) a présenté le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, dont il est Rapporteur.

En début de séance, la Commission a observé une minute de silence à la mémoire de l'ancien Président tanzanien, Julius Nyerere, et des membres du personnel de l'ONU qui ont sacrifié leur vie pour aider les autres.

La Commission poursuivra son débat sur cette question demain mardi 19 octobre à 15 heures.

ETUDE D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (Point 90)

Rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (A/54/87)

Le rapport résume le débat général que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a tenu lors de ses séances du 24 au 26 mars 1999. A l'issue de ce débat et des discussions qui se sont tenues au sein du Groupe de travail informel à composition non limitée qui s'est réuni du 30 mars au 23 avril 1999, le Comité spécial a émis un certain nombre de propositions, recommandations et conclusions.

Dans ce document, il est indiqué que trois missions de maintien de la paix ont pris fin l'an passé, mais que deux nouvelles opérations ont été établies et que des plans de contingence sont mis au point en prévision d'autres opérations potentielles. Le Comité spécial prend, en outre, note du fait que l'effectif global des troupes déployées et le budget des opérations de maintien de la paix ont eu tendance à diminuer et que les opérations sont devenues de plus en plus complexes au cours des dernières années. En conséquence, il est essentiel que l'ONU se donne les moyens de maintenir la paix et la sécurité internationales en améliorant sa capacité d'évaluer les situations de conflit, en planifiant et gérant efficacement les opérations de maintien de la paix et en réagissant avec rapidité et efficacité à tout mandat émanant du Conseil de sécurité. Le Comité souligne qu'il est nécessaire d'avoir un Département des opérations de maintien de la paix disposant des structures et des effectifs voulus. Concernant les principes directeurs des opérations de maintien de la paix, le Comité spécial insiste sur le fait que le respect des principes de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique des Etats, ainsi que de la non-ingérence dans les affaires relevant essentiellement de leur juridiction nationale, le consentement des parties, l'impartialité et le non-emploi de la force sauf en cas de légitime défense sont essentiels dans la conduite des opérations de la paix et pour leur succès. Il estime que les opérations de maintien de la paix ne peuvent se substituer à l'élimination des causes profondes des conflits et par conséquent, le Comité indique qu'il conviendrait de les examiner de manière cohérente, bien planifiée, coordonnée et exhaustive à l'aide d'instruments politiques, sociaux et de développement. Il note aussi qu'il faudrait étudier les moyens de poursuivre ces efforts sans interruption après le départ des éléments d'une opération de maintien de la paix et note, à cet égard, la décision du Président du Conseil de sécurité, en date du 29 décembre 1998 (S/PRST/1998/38) selon laquelle il est bon d'inclure des éléments de consolidation de la paix, en vue d'assurer un passage sans heurts à une phase d'après-conflit qui donne des résultats. En outre, le Comité met l'accent sur le fait que ces éléments devraient être clairement identifiés avant d'être intégrés dans la mandat des opérations de maintien de la paix, le cas échéant. Le Comité spécial continue de souligner combien il importe de doter les opérations de maintien de la paix d'un mandat, d'objectifs et d'une structure de commandement clairement définis, ainsi que de moyens de financement assurés, à l'appui des efforts de règlement pacifique des conflits. Le Comité souligne la nécessité d'assurer l'unité du commandement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et rappelle que c'est au Conseil de sécurité qu'il appartient d'assurer la direction politique et la conduite générale des opérations de maintien de la paix décidées par l'Organisation, alors que l'exécution de ces opérations demeure la responsabilité du Secrétaire général. Le Comité spécial encourage par ailleurs le Conseil de sécurité à prêter attention au fait que les arrangements décrits dans la déclaration du Président du Conseil de sécurité en date du 28 mars 1996, au sujet des consultations avec les pays fournissant des contingents, ne sont pas exhaustifs et n'excluent pas diverses formes de consultations, y compris, le cas échéant, entre le Président du Conseil de sécurité (ou ses membres) et les pays fournissant des contingents, les pays particulièrement touchés par la situation de conflit à l'examen et d'autres pays de la région concernée.

Concernant la question des moyens dont l'ONU dispose pour assurer le maintien de la paix et notamment, la question du personnel, le Comité spécial note que le retrait progressif du personnel de type II fourni à titre gracieux au Département des opérations de maintien de la paix est achevé et s'inquiète de ce qu'il n'existe pas de plan de transition en matière de recrutement du personnel appelé à remplacer ces effectifs. A cet égard, le Comité prie le Secrétaire général de faire en sorte que la nomination des fonctionnaires se déroule dans le respect d'une répartition géographique équitable et constate la nécessité d'une participation croissante du personnel féminin. Constatant la complexité croissante des opérations de maintien de la paix, le Comité spécial estime encourageante la création d'un programme de formation de trois mois à l'intention des candidats aux postes de chef de l'administration et aux postes à responsabilité. Par ailleurs, Comité spécial prend note du travail appréciable accompli par le Groupe de la formation du Département des opérations de maintien de la paix et il demande que le Secrétaire général en renforce les effectifs afin qu'il puisse poursuivre ses programmes. Concernant la protection et la sécurité du personnel de maintien de la paix sur le terrain, le Comité est gravement préoccupé par la multiplication des attaques et des actes de violence commis contre le personnel des Nations Unies et le personnel associé. A ce sujet, il prend note des progrès accomplis dans le domaine juridique et notamment, de l'entrée en vigueur de la Convention consacrée à la question et souligne également la nécessité d'obtenir les ressources budgétaires voulues pour assurer la sécurité du personnel.

En ce qui concerne les questions d'organisation, le Comité spécial prend note des informations données par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix sur les changements structurels proposés pour le Département des opérations de maintien de la paix et il demande au Secrétaire général d'inclure une évaluation de cette nouvelle structure dans son prochain rapport intérimaire. Notant que la coordination s'est améliorée au niveau supérieur, il souligne la nécessité de renforcer les consultations à celui de l'exécution entre départements et institutions des Nations Unies pour éviter les chevauchements et les doubles emplois. Il réaffirme que le processus de sélection des pays fournissant des contingents doit être transparent, notamment en ce qui concerne le recours au Système de forces et moyens en attente des Nations Unies et demande au Secrétariat d'énoncer, dans son prochain rapport, une politique relative au recours à ce système qui expose les procédures régissant la sélection des pays fournissant des contingents pour de nouvelles missions, ainsi que pour remplacer des contingents dans des missions existantes. Il note également qu'il faudrait encore améliorer le système des forces et moyens en attente afin de renforcer les capacités de déploiement rapide de l'Organisation, notamment en diversifiant l'origine géographique des Etats membres qui fournissent des ressources et en collaborant avec le Secrétariat pour raccourcir les délais de déploiement. A cet égard, il souligne l'importance fondamentale du système de remboursement au titre du matériel appartenant aux contingents et il appuie l'idée d'établir un lien entre cet élément et le Système des forces et moyens en attente, afin de tirer pleinement parti des possibilités ainsi offertes pour renforcer la capacité de déploiement rapide. Le Comité spécial accueille avec satisfaction les progrès réalisés pour améliorer la coordination des composantes militaire et civile des opérations de maintien de la paix et invite le Secrétariat à poursuivre son approche intégrée, tant au Siège que sur le terrain. Le Comité spécial souligne par ailleurs que les biens et services destinés aux opérations de maintien de la paix doivent être achetés à temps, de manière efficace et transparente et à bon prix et regrette les retards intervenus dans la mise en place de la base de données commune des Nations Unies sur les fournisseurs. Néanmoins, il se félicite des efforts énergiques déployés par la Secrétariat pour communiquer les informations relatives aux achats aux fournisseurs éventuels et il encourage l'adoption d'approches novatrices, accessibles et faciles à utiliser pour assurer une diffusion accélérée et rapide d'informations exactes en la matière.

Le Comité souligne la nécessité de faire la distinction entre les opérations de maintien de la paix et l'assistance humanitaire et estime que les deux éléments devraient être coordonnés afin qu'ils ne poursuivent pas des objectifs contradictoires et de garantir le caractère impartial de l'assistance humanitaire. En outre, il approuve énergiquement le rôle qu'une information efficace peut jouer dans le renforcement de la sécurité du personnel, et il encourage le Secrétariat à intégrer cet élément dans sa politique d'information pour les opérations de maintien de la paix et demande instamment que la capacité d'information soit renforcée au niveau des missions en élargissant l'accès du public à une information fiable et objective. Le Comité spécial invite également le Secrétariat à envisager la validation des conclusions du Groupe des enseignements tirés des missions de maintien de la paix du fait de leur caractère essentiel pour la conduite des opérations futures. Il déplore que ne soit pas encore achevé le recueil des cas dans lesquels l'Organisation a droit à restitution en raison de manquements aux accords sur le statut des forces ou autres instruments.

Concernant la police civile, le Comité spécial souligne à nouveau la nécessité de renforcer le Groupe de la police civile du Département des opérations de maintien de la paix, ainsi que le rôle du conseiller en matière de police civile et, réitère sa demande que le Secrétariat élabore dès que possible le projet de directives sur les principes généraux concernant le rôle de la police civile et fasse le point de la question dans le rapport intérimaire de 2000. Le Comité spécial estime par ailleurs qu'en menant une opération de maintien de la paix il conviendrait de veiller à différencier clairement les tâches des policiers et celles des militaires.

Considérant les questions financières, le Comité spécial souligne que tous les Etats membres doivent s'acquitter de leurs quotes-parts intégralement, ponctuellement et sans conditions. Le Comité spécial est gravement préoccupé par le retard mis à rembourser les pays fournissant des contingents et il rappelle qu'il existe une corrélation étroite entre les remboursements ponctuels et la volonté et la capacité des Etats Membres de participer de façon soutenue aux opérations de maintien de la paix. De plus, le Comité spécial demande au Secrétaire général de prendre des mesures pour que des ressources provenant des fonds d'affectation spéciale des Nations Unies puissent être consacrées sans retard et de manière efficace aux opérations de maintien de la paix.

Pour ce qui est de la coopération avec les organismes régionaux, le Comité souligne qu'aucune action coercitive ne sera entreprise en vertu d'accords régionaux ou par des organismes régionaux sans l'autorisation du Conseil de sécurité et demande instamment que soit renforcée la coopération entre les Nations Unies et les organismes régionaux compétents. Par ailleurs, le Comité souligne que les efforts internationaux visant à renforcer la capacité collective des pays africains de participer aux opérations de maintien de la paix devraient être axés sur l'amélioration de la capacité institutionnelle de l'OUA.

Enfin, le Comité spécial indique qu'il a entrepris un examen de ses relations avec l'Assemblée générale et estime qu'elles doivent être renforcées afin qu'il puisse améliorer l'efficacité de ses travaux et consulter de manière plus approfondie le Secrétariat au sujet des questions relatives au maintien de la paix.

Rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la capacité de l'Afique en matière de maintien de la paix ( A/54/63)

Ce rapport rappelle que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix avait recommandé que l'Organisation s'attache à renforcer la capacité institutionnelle de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), à organiser des programmes de formation à l'intention des militaires des pays africains et à mobiliser l'assistance, notamment le soutien logistique et financier nécessaire au renforcement de la capacité de maintien de la paix en Afrique et aux activités de l'OUA en matière de prévention, de gestion et de règlement de conflits. Ce rapport fait suite à la demande du Comité spécial priant le Secrétaire général de soumettre un rapport à l'Assemblée générale sur les mesures prises à cette fin.

Il indique que, en dépit des difficultés inhérentes au maintien de la paix, cette activité demeure pour l'ONU un instrument essentiel en vue d'aider les Etats africains à résoudre des conflits avec l'aide de la communauté internationale et à créer les conditions d'un développement pacifique. L'OUA et les organisations sous-régionales africaines jouent un rôle de plus en plus important dans la gestion des conflits sur le continent et contribuent au maintien de la paix et de la sécurité internationales. En outre, le Secrétaire général souligne que l'expérience acquise montre clairement que, pour que les activités de maintien de la paix aient un sens, les parties au conflit doivent être animées d'un réel désir de mettre en oeuvre les accords de paix et de progresser dans la voie d'une réconciliation. En même temps, il estime que, si un engagement régional et sous-régional est indispensable, l'appui durable de la communauté internationale peut par ailleurs beaucoup aider l'Afrique à surmonter les conflits. Le Secrétaire général indique que, ces dernières années, les mécanismes africains de règlement des conflits se sont beaucoup développés, en particulier ceux de l'OUA, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ainsi que de la Communauté de développement de l'Afrique australe. Toutefois, les efforts déployés pour renforcer la capacité de l'Afrique en matière de maintien de la paix n'exonèrent pas la communauté internationale des obligations collectives prévues par la Charte des Nations Unies. Le rapport souligne que les conflits survenus récemment en Afrique ont clairement montré combien la manière dont sont perçus des appartenances politiques ou des liens historiques pouvait compliquer les efforts régionaux de règlement de conflits, de sorte qu'un engagement international direct, dans le cadre du déploiement d'une opération de maintien de la paix, est parfois indispensable pour préserver la paix. Le Secrétaire général se félicite à cet égard du déploiement de deux nouvelles opérations de maintien de la paix des Nations Unies en 1998 respectivement en République centrafricaine et en Sierra Leone, qui ont permis d'appuyer les efforts régionaux.

En ce qui concerne les efforts menés actuellement par le Secrétariat pour renforcer la capacité de maintien de la paix de l'Afrique, le rapport indique en particulier ce qui s'est fait en matière de coopération avec l'OUA et les organisations sous- régionales, et notamment l'ouverture d'un bureau de liaison politique des Nations Unies auprès de l'OUA à Addis-Abeba. L'ONU a également collaboré étroitement à l'action menée par les organisations régionales et sous-régionales pour régler divers conflits, notamment les conflits entre l'Ethiopie et l'Erythrée, en Guinée-Bissau et en République démocratique du Congo. Parmi les activités de renforcement des capacités en cours, le rapport mentionne le système des forces et moyens en attente des Nations Unies. Au cours des 12 derniers mois, le Secrétariat a surtout cherché à mieux sensibiliser les Etats africains au rôle de ce système et aux avantages qu'ils pourraient tirer de leur participation à ce dispositif auquel seulement 10 pays africains participaient en 1998. Par ailleurs, en matière de formation, le Secrétariat a organisé trois grandes rencontres sur le renforcement de la capacité de maintien de la paix de l'Afrique. Ces réunions ont souligné l'importance des principes de transparence, de légitimité et de partenariat dans le renforcement de la capacité africaine de maintien de la paix. Elles ont également permis de mieux connaître les ressources disponibles pour les activités de formation en faisant appel au système des Nations Unies et par le biais d'autres accords bilatéraux. Elles ont également servi de cadre d'échange d'informations et d'élaboration d'une approche pratique des activités futures dans ce domaine. Le rapport évoque également d'autres actions que mène l'ONU pour soutenir le processus, en particulier la constitutions d'un groupe de travail composé de représentants d'Etats africains qui participent directement aux activités d'aide à la formation; l'octroi de fonds, y compris sous forme de bourses, pour permettre aux officiers militaires africains de participer à des programmes d'échange avec le personnel des opérations de maintien de la paix de l'ONU; l'affectation éventuelle d'attachés de liaison de l'ONU auprès des Organisations régionales africaines ainsi que la mise en place d'un programme spécial de maintien de la paix à l'intention des officier de police africains. Pour ce qui est de l'appui financier et logistique, le rapport indique que l'existence de moyens logistiques a été l'un des problèmes majeurs sur lesquels a buté le déploiement efficace des opérations de maintien de la paix en Afrique. En dépit des besoins manifestes, les ressources destinées à soutenir l'action du Secrétariat en faveur du renforcement de la capacité de maintien de la paix de l'Afrique demeurent relativement modestes et continuent d'être fournies avec parcimonie au cas par cas. Le Secrétaire général affirme qu'il faudrait des ressources financières supplémentaires, et rappelle que le Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies destiné à améliorer la capacité de prévention des conflits et de maintien de la paix en Afrique a été créé pour aider les Etats Membres intéressés à soutenir l'action visée. Ce Fonds ne peut toutefois se substituer aux programmes bilatéraux et multilatéraux. Le Secrétaire général attire en outre l'attention des Etats Membres sur le Fonds pour la paix mis en place par l'OUA en tant que composante essentielle de son Mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement de conflits, et propose que l'ONU facilite les contacts entre les donateurs potentiel et l'OUA.

Le Secrétaire général conclu par le constat qu'il est à présent essentiel de donner un contenu concret à la volonté politique manifestée au cours de cette période, notamment aux résolutions et déclarations pertinentes du Conseil de sécurité. Cela suppose de la part des Etats Membres d'être disposés à mettre en commun informations et données d'expérience; de renforcer le soutien politique actuel, qui pourrait s'étendre à l'appui en faveur du déploiement d'opérations de maintien de la paix en Afrique; de renforcer également les activités de formation dans le domaine du maintien de la paix et d'allouer des ressources financières et logistiques suffisantes. Il estime en outre que, les revers subis par l'ONU ces derniers temps dans les opérations de maintien de la paix en Afrique et l'apparition récente de nouvelles menaces à la stabilité sur le continent, ne devraient inciter ni au découragement ni au désengagement. Ils devraient, au contraire, être perçus comme témoignant de la nécessité de resserrer la coopération entre Etats Membres de l'ONU en faveur de la paix, du développement et de la démocratie en Afrique. Le Secrétaire général ajoute que, pour la réalisation d'un progrès pacifique en Afrique et pour renforcer la contribution du continent au maintien de la paix et de la sécurité internationales, il est impératif que le dirigeants africains fassent preuve de lucidité, de détermination et de persévérance et que la communauté internationale s'engage à soutenir leurs efforts.

Projet de résolution sur l'étude d'ensemble de toutes la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects

Aux termes du projet de résolution A/54/L.2 qui porte sur l'étude d'ensemble de toutes la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, l'Assemblée générale ferait siennes les propositions, recommandations et conclusions du Comité spécial qui figurent aux paragraphes 43 à 130 de son rapport. Elle engagerait les Etats Membres, le Secrétariat et les organes compétents de l'Organisation des Nations Unies à prendre toutes les mesures nécessaires pour donner suite à ces propositions, recommandations et conclusions. En outre, l'Assemblée réaffirmerait que les Etats Membres qui, à l'avenir, fourniront du personnel aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies ou participeront aux travaux du Comité spécial pendant trois années consécutives en tant qu'observateurs, deviendront membres du Comité à sa session suivante, après en avoir fait la demande par écrit au Président du Comité. L'Assemblée déciderait que le Comité spécial continuera, conformément à son mandat, d'étudier toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects et qu'il fera le point sur la suite donnée à ses propositions précédentes et examinera toute nouvelle proposition tendant à renforcer la capacité de l'Organisation de s'acquitter de ses responsabilités dans ce domaine.

Déclaration liminaire

M. BERNARD MIYET, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a estimé que les événements récents avaient radicalement confirmé le rôle central que jouent les opérations de maintien de la paix dans les efforts entrepris par la communauté internationale pour faire progresser la paix. La création, l'an dernier, de deux nouvelles opérations, l'une en Sierra Leone et l'autre en République centrafricaine, a montré que cet instrument conservait toute son utilité. Au cours des 12 mois écoulés, le maintien de la paix a, en outre, pris une ampleur considérable. L'ONU est idéalement placée pour concilier de multiples divergences de vue et déployer des opérations que tous les acteurs concernés appuieront. Les organisations régionales et les forces multinationales peuvent parfois jouer un rôle important dans les efforts de la communauté internationale. Toutefois, la recherche d'une paix durable exige un appui politique et matériel plus vaste que seul l'ONU peut assurer. M. Miyet a souligné les avantages incontestables de l'ONU qui, face aux crises complexes, de par sa multidimensionalité et de la portée du système, est à même de coordonner l'action dans de multiples domaines tels que les secours humanitaires, l'assistance électorale et la police civile.

S'agissant des opérations de maintien de la paix en cours, M. Miyet a indiqué qu'actuellement 18 opérations de maintien de la paix sont en cours et qu'environ 14.000 soldats, observateurs militaires et membres de la police civile sont sur le terrain. Ce personnel pourrait plus que doubler au cours des six prochains mois. Les drames récents au Burundi, au Kosovo et en Géorgie rappellent les circonstances difficiles dans lesquelles travaille ce personnel, a fait remarquer M. Miyet, remerciant les Etats Membres qui mettent du personnel et des ressources à la disposition du Département alors même que l'ONU ne peut pas toujours les rembourser à temps. A cet égard il a évoqué la situation au Timor oriental, où, au milieu des événements tragiques, la communauté internationale a réussi à maintenir l'espoir du fait de la présence et de l'héroïsme du personnel de l'ONU resté jusqu'au bout sur le terrain. A l'heure actuelle, tout en jouant un rôle dans le maintien de la paix, l'ONU collabore étroitement avec la force multinationale pour répondre aux besoins immédiats, et prépare activement la mise en place de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental. Au Kosovo, le déploiement des membres de la police civile et des administrateurs nécessaires pour la réussite de l'opération se poursuit à mesure que les ressources financières et humaines nécessaires deviennent disponibles. M. Miyet s'est félicité de l'excellent esprit de coopération avec l'Union européenne et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ainsi qu'avec les forces militaires internationales. En Sierra Leone, la communauté internationale s'emploie à élargir son appui au processus de paix. On envisage de donner à la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) comprenne des composantes politiques et des composantes civiles qui aideront à faire appliquer l'Accord de paix de Lomé, des éléments qui apporteront leur appui au respect des droits de l'homme et à la protection des enfants, et une composante militaire qui aidera le Gouvernement à réaliser son programme de désarmement et de mobilisation et contribuera à réunir les conditions nécessaires pour faire régner la confiance et la stabilité. Il est aussi prévu que la police civile supervise la réforme et la restructuration de la force de police sierra-léonaise. S'agissant des nouveaux déploiements prévus en Afrique, M. Miyet a indiqué que des officiers de liaison avaient déjà été déployés en République démocratique du Congo et dans les pays voisins et que l'on examine actuellement les moyens d'étendre cette présence. Le Département étudie également les moyens de contribuer aux efforts de paix le long de la frontière entre l'Ethiopie et l'Erythrée. M. Miyet a rappelé que deux opérations, à savoir en Haïti et en République centrafricaine, s'approchaient de leur terme.

M. Miyet a fait remarquer que dans un nombre important de missions récemment établies ou renforcées, l'ONU n'avait disposé que d'un temps limité pour préparer l'opération. Ainsi, pour une opération aussi lourde que le Kosovo, 15 jours avant la décision du Conseil de sécurité, l'ONU et le Secrétariat ne savaient pas qu'ils allaient être engagés dans ce pays. Le fait qu'une opération aussi importante ait pu être déployée si rapidement est remarquable. Or, la même chose est en train de se produire pour le Timor oriental où la planification prévue a dû être remise en cause et les délais réduits. Il s'agit là de défi majeurs pour l'ONU. Pour répondre aux priorités dégagées par le Comité spécial pour le Secrétariat, le Département a organisé fin juillet au Siège un atelier de suivi sur la police civile afin de mieux faire connaître le problème et renforcer les capacités. Les participants ont notamment souligné la nécessité que les membres de police déployés sur le terrain aient les capacités et la formation requises pour s'acquitter de leur tâche. Ils ont souligné la nécessité d'un soutien logistique et défini un certain nombre de points de doctrine essentiels qui devront être approfondis. Il a été suggéré que le Secrétariat s'attache à renforcer la représentation de la police dans le système de forces et moyens en attente. Aussi, au cours des 12 derniers, la participation de la police civile à ce système a été presque doublée, les effectifs passant de 1300 à environ 2200 personnes, et devrait être encore augmentée d'ici à la fin de l'année. Ces progrès ont toutefois été réduits par les événements récents qui ont diminué les effectifs. Pour répondre au souci d'une plus grande précision quant aux effectifs nécessaires, M. Miyet a suggéré d'adopter le système de recrutement plus détaillé qui est en cours de mise au point pour l'opération en Bosnie-Herzégovine. Il faudrait, en outre, faire en sorte que l'ONU puisse obtenir rapidement les ressources matérielles et humaines dont elle a besoin. Des efforts doivent en outre être faits pour simplifier les procédures et obtenir des fonds suffisants pour ce qui est des besoins matériels. L'importance de ces mesures ressort clairement de l'épuisement rapide du matériel stocké à la Base de soutien logistique des Nations Unies durant le déploiement des récentes opérations de maintien de la paix. Enfin, sur le plan du personnel, les nouvelles opérations font appel à de nombreux spécialistes qui ne s'occupent pas traditionnellement du maintien de la paix, notamment des juristes, des ingénieurs civils et des administrateurs. Ces opérations ont également un besoin urgent de compétences en matière d'information. Il peut être utile d'élargir encore le système des forces et moyens en attente en y incluant des experts des établissements militaires, tels que juristes de l'armée, professionnels de l'information et ingénieurs militaires, a suggéré M. Miyet.

M. Miyet s'est félicité de l'entrée en vigueur de la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Estimant qu'il reste encore beaucoup à faire pour assurer la sécurité du personnel sur le terrain, il a fait part de l'intention du Département de se pencher sur cette question dans le contexte de l'étude qu'il mène sur la nature et la fréquence des actes d'hostilité perpétrés contre les responsables du maintien de la paix et le personnel associé. Il a émis l'espoir qu'une fois achevée, cette étude faciliterait la poursuite du dialogue avec les Etats Membres et entre eux au sujet des mesures qui peuvent être prises. M. Miyet a indiqué que les directives sur le respect du droit international humanitaire avaient été publiées le 6 août dernier.

Pour ce qui est de la capacité de l'Afrique en matière de maintien de la paix, M. Miyet a déclaré que la nouvelle opération en Sierra Leone montrait le rôle capital que peuvent jouer des partenaires régionaux. De concert avec l'OUA, le Département a organisé au début de l'année une troisième réunion de haut niveau sur le renforcement des capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix. A la suite de cette réunion, le Secrétariat s'emploie à faciliter les consultations entre les Etats Membres quant à la création d'un groupe de travail qui servirait de tribune pour l'échange régulier d'informations, la coordination des activités et le renforcement de la coopération. Le Secrétariat continue aussi de participer directement à la formation et au renforcement des capacités ainsi qu'à l'appui de la coopération bilatérale avec les Etats africains. 21 pays d'Afrique participent actuellement à des opérations de maintien de la paix de l'ONU, non seulement en Afrique, mais aussi en Europe, en Asie et en Amérique. En renforçant les capacités de l'Afrique en matière de maintien de la paix, la communauté internationale peut du même coup renforcer celles dont dispose l'ONU pour promouvoir la paix dans le monde entier.

Abordant les questions de gestion, M. Miyet a indiqué que le Département avait examine les réponses des pays fournissant des contingents à un questionnaire sur le rôle et le statut de la femme dans les forces militaires et de police civile nationales qui avaient permis d'avoir une image plus claire de la capacité des divers pays à fournir du personnel féminin. Le Département continuera à se servir de ces données pour améliorer la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, tout en facilitant simultanément l'équilibre sur le plan géographique. Au niveau du Département, M. Miyet a indiqué qu'une femme exceptionnellement qualifiée allait diriger le Groupe de la formation du Département, dont les travaux sont particulièrement importants étant donné les efforts réalisés en vue d'incorporer dans les programmes de formation un élément de sensibilisation aux sexospécificités. Le Département a entrepris, à l'intention de tout son personnel au Siège, un programme de formation d'une durée de trois mois concernant la prise en compte des sexospécificités.

M. Miyet a indiqué que la nouvelle structure du Département avait été en grande partie mise en place et que les premiers résultats étaient favorables. Toutefois, l'état des effectifs s'est considérablement détérioré durant l'année passée. Le départ échelonné du personnel détaché à titre gracieux s'est achevé en février 1999. Par la suite, l'Assemblée générale a approuvé, à un niveau de 287 postes, le tableau d'effectif du Département à imputer au compte d'appui, ce qui représente une diminution nette des postes du Département. Malheureusement, a souligné M. Miyet, cette décision a coïncidé avec la montée en flèche des activités de maintien de la paix, ce qui a empêché le maintien d'un effectif à la fois réduit et efficace. Le Département se prépare donc à présenter une nouvelle demande de postes supplémentaires. Toutefois, a fait remarquer M. Miyet, il faut beaucoup de temps pour chercher et obtenir des postes puis recruter les personnes compétentes, tandis que la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement procède d'un problème fondamental à long terme. Il nous est impossible de prévoir quels seront à un moment donné nos besoins en matière de maintien de la paix. Il est donc impératif de combiner capacité et souplesse dans la manière dont nous opérons. M. Miyet a demandé aux Etats Membres de tenir compte de certaines contraintes auxquelles le personnel du Département est soumis lorsqu'ils envisageront toute modification des méthodes de travail du Comité spécial. Il a fait remarquer que toute nouvelle exigence majeure en matière de présentation de rapports imposerait une tâche très lourde au personnel du Département déjà surchargé.

M. Miyet a estimé qu'il y a actuellement une occasion historique de démontrer le potentiel de l'ONU en matière de maintien de la paix. Un partenariat fort entre le Secrétariat et les Etats Membres est essentiel si nous voulons tirer tout le parti qu'offre cette occasion. Ce partenariat est crucial pour veiller à ce que les mandats soient réalisables, cohérents et pleinement appuyés, a-t-il dit. Le Secrétariat est chargé de fournir en temps voulu des informations fiables, de proposer diverses mesures possibles et d'évaluer avec précision les risques et les coûts entraînés par les différentes options. Il incombe aux Etats Membres d'être prêts à agir, de veiller à ce que la création d'opérations de maintien de la paix soit effectivement cohérente et d'assurer l'appui matériel et politique nécessaire. Les mandats des opérations de maintien de la paix de l'ONU relèvent tous de la responsabilité de l'ensemble des 188 Etats Membres. Si ces derniers demandent à l'ONU de faire l'impossible, s'ils ne la dotent pas des moyens nécessaires ou s'ils l'abandonnent au moment où elle a besoin d'eux, il en résultera tout simplement la destruction d'un instrument riche de possibilités. De l'avis de M. Miyet, ce partenariat va au-delà de la conduite des diverses opérations. Il sous-tend la collaboration actuelle à la gestion du maintien de la paix, où les Etats Membres et le Secrétariat ont un rôle complémentaire à jouer. Il est crucial que cette opération étroite entre le Secrétariat et les Etats Membres soit préservée si l'on veut que l'ONU évite de se retrouver dans une situation où les attentes dépassent les moyens disponibles. Les opérations de maintien de la paix constituent un instrument unique et incontournable pour faire progresser la paix. Il nous incombe de bien utiliser cet instrument afin de veiller à ce que les générations futures puisse continuer à en disposer, a conclu M. Miyet.

M. HANS HAEKKERUP Ministre de la défense du Danemark a déclaré que le Danemark soutient la déclaration du représentant de la Finlande faite au nom de l'Union européenne. Rappelant une déclaration du Secrétaire général selon laquelle "le travail de l'ONU est d'intervenir, de prévenir les conflits où elle peut, de les arrêter quand ils sont déjà ouverts, et au moins de les empêcher de s'élargir", le Ministre a déclaré que les Nations Unies ont besoin pour agir de la capacité et des instruments adéquats ainsi que du soutien de la communauté internationale.

On ne peut attendre d'action efficace sans des ressources adéquates aussi bien en termes de ressources humaines que de ressources financières. La coupure de près de 20% des effectifs des opérations de maintien de la paix a créé une situation qui n'est pas satisfaisante. Le Danemark demande aux Etats Membres de traduire leur engagement politique en décisions financières au sein

de la Cinquième Commission, notant que les ressources adéquates incluent un personnel qualifié, bien formé et avec un bon équipement à sa disposition. Il faut se concentrer sur l'effectif de l'unité de formation, car il est de notre intérêt qu'un nombre le plus grand possible, de nations participe aux opérations de maintien de la paix.

Le système de forces et moyens en attente doit être plus ciblé et plus efficace. Sur le papier, l'ONU a plus de 140 000 troupes à sa disposition, mais l'expérience nous a montré que la réalité est tout autre. Ce système doit être rendu plus opérationnel. A cet égard, un premier pas dans cette direction devrait être un dialogue plus constructif concernant la contribution des individus car l'ONU a là aussi besoin de plus de personnel. Le dialogue avec les Etats Membres est le mot clé pour permettre l'amélioration des capacités de déploiement rapide des Nations Unies. L'ONU doit aussi chercher à améliorer de manière systématique la composante de police du système. Le Danemark se félicite de l'établissement de l'Etat major de mission à déploiement rapide. Etant donné le nombre croissant des missions, il faudrait peut être envisager un Etat major supplémentaire afin de pouvoir déployer rapidement une deuxième mission. Le mot clé est la réaction rapide pour empêcher une situation de paix précaire d'évoluer en conflit ouvert.

Le Danemark se félicite des progrès enregistrés en matière d'information pour les missions de maintien de la paix, car il considère l'information comme devant fonctionner comme une partie intégrante des missions notamment dans la phase de consolidation après les conflits. Le Ministre a noté avec satisfaction les progrès en matière de logistique ainsi que l'incorporation des enseignements tirés des missions de maintien de la paix aux nouvelles opérations et les efforts du Secrétariat pour réaliser une cohésion interdépartementale dans les missions de maintien de la paix.

L'alerte rapide est une condition nécessaire à l'efficacité des actions de prévention a déclaré le représentant. Notant que le système d'alerte rapide des Nations Unies est efficace, il a regretté le manque de volonté politique pour agir avant que les problèmes gagnent les premières pages des journaux. Les Nations Unies devraient faire plus pour porter les situations à l'attention du Conseil de sécurité. A cet égard, le Timor oriental fait figure de cas d'école, a constaté le Ministre. Une alerte rapide efficace doit être accompagnée de plans de contingence efficaces car les Nations Unies ne peuvent attendre les décisions du Conseil de sécurité avant de lancer les plans logistiques et opérationnels pour une opération potentielle.

Concernant la coopération avec les organisations régionales, le Danemark insiste sur le fait que le maintien de la paix est une responsabilité global qui ne peut pas être laissée aux organisations régionales malgré le potentiel que représente leur coopération et leur aide en matière de prévention. Le Danemark soutient les efforts de la Communauté de développement de l'Afrique australe pour développer leurs propres moyens de prévention des conflits, apporte son appui notamment à la construction d'un centre de formation régional à Harare et participe à l'échange des expériences avec les ministres de la SDAC. Pour conclure, le Danemark a rappelé que l'ONU est la seule organisation qui bénéficie d'une légitimité internationale et que le maintien de la paix n'est pas une solution mais un moyen de contribuer à un monde plus pacifique.

Mme MARJATTA RASI (Finlande) au nom de l'Union européenne et des Etats associés, s'est félicitée de l'esprit de coopération qui règne au sein de la Commission et qui a eu pour résultats une série de recommandations et de propositions pour l'amélioration des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et notamment la réforme des méthodes de travail qui donnera à la Commission un nouveau dynamisme dès le printemps 2000.

Le soutien de l'Union européenne au rôle crucial des Nations Unies en matière de maintien de la paix est illustré par le fait que les pays de l'Union européenne représentent l'essentiel des contributeurs des contingents et des ressources financières des opérations de maintien de la paix. Les événements de ces derniers mois, notamment au Kosovo, au Timor oriental et en Afrique, ont fait s'accroître les attentes vis à vis de l'ONU. Aussi bien le Secrétariat que les Etats Membres doivent répondre à la vraie question de savoir comment améliorer les capacités de l'Organisation en matière de maintien de la paix. L'Union européenne estime que le niveau actuel des effectifs ne permet pas à l'Organisation de relever les nouveaux défis. Comme le montre le mandat donné à la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), les opérations de maintien de la paix sont devenues de plus en plus multidimensionnelles et le Département des opérations de maintien de la paix doit avoir une structure et un personnel en conséquence. La question des compétences de police civile et militaire doit être étudiée d'urgence ainsi que la rationalisation des ressources notamment en termes de personnel. Résoudre ces problèmes permettrait d'apporter aussi une réponse à la question de la sécurité du personnel de maintien de la paix à celle de la qualité et de l'efficacité des opérations. L'amélioration de la capacité de déploiement rapide permettrait aussi d'améliorer la capacité de maintien de la paix de l'Organisation. A cet égard, le système des forces et moyens en attente est un élément central auquel l'Union européenne réaffirme son soutien. L'Union européenne considère que l'augmentation des compétences de polices civile et militaire doit permettre de répondre au manque de rapidité en ce qui concerne le déploiement rapide du personnel sur le théâtre des opérations. Cette question est une priorité et elle est vitale pour la crédibilité du concept de maintien de la paix des Nations Unies. Le fait que la demande de personnel de police civile augmente alors même que l'offre est réduite dans certains pays, notamment en Europe appelle une réflexion constructive notamment en ce qui concerne la représentation géographique équitable et le déploiement rapide des capacités de police civile. Les nouveaux mandats des opérations de maintien de la paix appellent de manière toujours plus pressante les Etats Membres à remplir leurs obligations financières et à traduire leur volonté politique en ressources suffisantes.

Concernant la question du droit humanitaire dans les opérations de maintien de la paix, l'Union européenne soutient l'idée générale de directives pour le personnel du maintien de la paix et, souhaiterait à ce sujet, des consultations plus poussées. L'Union européenne déplore le mépris grandissant pour les normes internationales illustré récemment en Géorgie et considère par conséquent la sécurité du personnel de maintien de la paix comme d'une importance primordiale qui doit être une des priorités des Nations Unies.

M. ZEID RA'AD ZEID AL HUSSEIN (Jordanie), prenant la parole au nom des Etats Membres du Mouvement des non alignés, a déclaré que l'ONU devait, lors de la création d'une nouvelle opération, respecter les piliers fondamentaux permettant d'assurer le succès d'une mission, à savoir le consentement des parties, la non- utilisation de la force, sauf en cas de défense, l'impartialité, des mandats clairement définis, et un financement sûr. Pour le Mouvement des non alignés, le maintien de la paix ne peut jamais remplacer une solution définitive et régler les causes sous- jacentes d'un conflit. Il estime en outre que la question de "l'intervention humanitaire" doit être examinée au sein de l'Assemblée générale et non au sein de cette Commission. Il a rappelé à cet égard le fait que le concept de droit d'ingérence humanitaire avait été rejeté par le Mouvement des non alignés le mois dernier. Celui-ci estime, en outre, qu'il faut maintenir une distinction claire entre les opérations humanitaires et toutes les autres activités du système des Nations Unies, y compris le maintien de la paix. Le représentant s'est réjoui du fait que le rapport du Comité spécial pour 1999 inclue les vues du Mouvement des non alignés. Soulignant le fait que les activités de maintien de la paix de l'ONU se trouvent progressivement réhabilitées, il a jugé essentiel que le Conseil de sécurité traite tous les conflits de la même manière. Le Mouvement reconnaît que le Secrétariat fait l'objet de pressions pour répondre au rythme soutenu des demandes du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et voudrait savoir comment le Secrétariat fait face à la multiplication des opérations, étant donné notamment le départ du personnel fourni à titre gracieux. Le Mouvement insiste sur la nécessité de voir tous les postes occupés conformément aux articles 100 et 101 de la Charte, et selon une répartition géographique équitable, non seulement au Siège, mais aussi sur le terrain. Ainsi, le Mouvement note qu'aucun officier de police de la mission de l'ONU au Kosovo ne vient d'un pays en développement.

S'agissant de la publication des directives sur le respect du droit international humanitaire, le représentant a déploré le laps très court dont avaient disposé les délégations pour examiner le document avant sa publication. Le Mouvement des non alignés estimait normal que le Groupe de travail du Comité spécial se réunisse officiellement pour examiner le document de travail avec les Etats Membres et le Secrétariat avant sa publication. Le Secrétariat a néanmoins décidé de publier les directives telles quelles. Un tel comportement de la part du Secrétariat est inacceptable et n'est pas conforme à l'esprit du processus de consultation envisagé dans le rapport du Comité spécial. Le Mouvement des non alignés considère que cette question n'est pas close et estime que des discussions supplémentaires sont nécessaires, qui doivent être menées en consultation avec les Etats Membres. Le Mouvement des non alignés déplore également la manière dont les membres de la police civile pour la Mission de l'ONU au Kosovo ont été recrutés. Prétextant le manque de temps et l'urgence de la situation, le Secrétariat n'a pas envoyé, dans les pays potentiellement contributeurs, des équipes chargées d'aider à la sélection du personnel, et a indiqué qu'il ferait preuve de flexibilité dans le recrutement. Or, les candidats ont été testés pour des niveaux d'anglais supérieurs à ceux requis pour les autres missions. Nombre d'entre eux ont été jugés inaptes pour le service et ont été rapatriés. Cette situation soulève la question de savoir s'il est approprié dans de telles circonstances d'établir de nouveaux tests et de nouveaux critères. Les officiers de police sélectionnés ont été soumis à un nouveau test d'anglais à leur arrivée au Kosovo. Tout ceci a entraîné la déception d'un grand nombre de pays du Mouvement des non alignés dont la seule faute a été de répondre positivement aux demandes initiales du Secrétariat. Au minimum, les coûts de rapatriement devraient être supportés par l'ONU dans de tels cas. Le Mouvement des non alignés estime de manière générale que la responsabilité première en ce qui concerne la nomination des officiers de police appartient aux Etats Membres. Il reconnaît la nécessité de tester le personnel sur le terrain pour qu'il soit à même de s'adapter aux conditions de la mission. Mais la politique à suivre doit être celle définie par le Secrétariat à l'attention des Etats Membres dans sa note du 8 juillet 1998.

Le Mouvement des non alignés est très préoccupé par les retards importants dans le remboursement aux pays contributeurs de troupes. Il estime, en outre, qu'en ce qui concerne l'achat de matériel, l'ONU devrait donner la priorité aux pays en développement, en particulier ceux qui fournissent des troupes, lorsque les biens et services sont de même qualité et de même prix. L'ONU devrait aussi envisager de donner la priorité la plus faible aux Etats Membres ayant la capacité de payer et qui ne remplissent pas leurs obligations financières à l'égard de l'ONU.

M. PETER KOLBY (Norvège) a affirmé que les Nations Unies étaient l'Organisation la plus à même de mener et coordonner des opérations de maintien de la paix multifonctionnelles et complexes en ayant notamment recours à une combinaison de différents instruments tels que la diplomatie, l'aide humanitaire ou encore des forces de police et militaire. Toutefois, pour que l'ONU puisse s'acquitter de cette tâche il faut s'assurer que son personnel de maintien de la paix ait une formation adéquate, d'où l'importance de l'Unité de formation et du Groupe des enseignements tirés des missions de maintien de la paix. En ce qui concerne les opérations sur le terrain, la Norvège soutient pleinement les initiatives visant à former les instructeurs de différentes organisations. Par ailleurs, M. Kolby a affirmé qu'un commandement professionnel est une condition essentielle pour le succès des opérations de maintien de la paix. A cet effet, la Norvège organise le quatrième séminaire "Senior Peacekeeping management"- UNSMAS 2000.

Compte tenu de la diversité des opérations de maintien de la paix, il faut trouver, selon M. Kolby, des solutions qui prennent en compte la répartition régionale des rôles et des capacités. Dans ce contexte, les Nations Unies sont de plus en plus amenées à compter sur les organisations régionales, et, par conséquent, il est important de renforcer les capacités régionales de maintien de la paix. M. Kolby considère que les Etats majors de mission à déploiement rapide peuvent jouer un rôle important dans la coordination et la planification multifonctionnelle.

Partant du constat que les conflits récents ont prouvé qu'il ne suffit pas de rétablir la paix, M. Kolby a notamment évoqué le fait que la présence d'un nombre important d'armes de petit calibre constitue un facteur des déstabilisation dans les environnements post-conflits, et qu'il fallait dés lors inclure les activités de démobilisation des combattants et de collecte des armes dans les mandats des opérations de maintien de la paix. Par ailleurs, la Norvège considère qu'il est important que les efforts de maintien de la paix portent également sur la réforme des système de sécurité, en particulier de la police et des systèmes judiciaire et pénal. Il estime qu'il serait à propos de se demander si les Nations Unies ne devraient pas développer une stratégie globale pour la participation de l'Organisation aux réformes des systèmes de sécurité. M. Kolby a affirmé que, en ce qui concerne la formation et la restructuration des forces de police locales, il est important de mettre en place des programmes de formation communs et des normes pour les différentes catégories de forces de police civile avec le soutien des pays développés.

M. SUSANTO SUTOYO (Indonésie), prenant la parole au nom des Etats membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), s'est déclaré préoccupé par la sécurité du personnel de l'ONU et du personnel associé et a souligné la nécessité de déployer tous les efforts pour assurer leur protection. Il est tout aussi important de veiller à ce que la conduite des opérations et leur personnel adhèrent au principe de l'impartialité. Les pays de l'ASEAN sont préoccupés par la manière dont se fait le recrutement du personnel de l'ONU, en particulier pour ce qui est du personnel local. Ainsi, dans l'une des missions de l'ONU, pratiquement tout le personnel local a été recruté au sein d'une seule des parties au conflit. Cela va tout à fait à l'encontre du caractère impartial de l'ONU. Cette question doit donc être examinée d'urgence. De l'avis de l'ASEAN, les organisations régionales peuvent jouer un rôle important dans les opérations de maintien de la paix. Pour sa part, elle explorera les moyens de renforcer sa coopération avec l'ONU en vue de promouvoir la paix et la stabilité dans la région. Une attention particulière sera accordée au renforcement des capacités. Les efforts régionaux ne peuvent toutefois remplacer le rôle de l'ONU dans le maintien de la paix. Ils doivent, en outre, être fondés sur les principes de la Charte et supervisés par le Conseil de sécurité. L'ASEAN appuie la participation universelle aux opérations de maintien de la paix. Des opportunités équitables doivent être offertes pour faciliter la participation la plus large possibles de tous les Etats Membres. Lorsque le Secrétariat refuse les offres de contributions de certains Etats Membres, ceux-ci devraient être avertis des raisons justifiant ces décisions.

L'ASEAN appelle le Secrétariat à favoriser la plus grande transparence et la consultation dans ses politiques affectant directement la participation d'Etats Membres dans des opérations de maintien de la paix. Il reconnaît à cet égard les efforts réalisés récemment par le Secrétariat pour améliorer le mécanisme d'information des Etats Membres concernant les incidents dans les zones de mission et l'appelle à poursuivre ces efforts pour veiller à ce que les Etats contributeurs de troupes soient informés immédiatement. L'ASEAN se félicite du fait que pour la première fois en quatre ans, l'ONU emprunte moins sur le budget du maintien de la paix pour couvrir les dépenses au titre du budget régulier. Il est toutefois regrettable que l'ONU continue d'emprunter sur les fonds du maintien de la paix pour financer des activités au titre du budget régulier, affectant ainsi négativement la capacité de l'Organisation à rembourser rapidement les pays contributeurs de troupes et de matériel. L'ASEAN est particulièrement préoccupée par les longs retards dans les remboursements et prie instamment le Secrétaire général de se pencher d'urgence sur cette question. L'ONU doit actuellement quelque 30 millions de dollars aux pays de l'ASEAN. Les pays en développement contributeurs de troupes ne devraient pas être pénalisés par l'incapacité d'autres Etats à honorer leurs obligations. Enfin, l'ASEAN plaide en faveur d'une plus grande transparence dans les achats au titre du maintien de la paix et prie le Secrétariat de poursuivre ses efforts pour rationaliser les procédure et pour que des données soient mises à la disposition des pays intéressés. L'ASEAN insiste également pour que le Secrétaire général intensifie ses efforts pour élargir la base géographique des fournisseurs et prenne des mesures pour augmenter les achats dans les pays en développement.

M. HOSSAM ZAKI (Egypte) a déclaré que son pays souscrit entièrement à la déclaration de la Jordanie faite au nom du Mouvement des non-alignés et considère que les opérations de maintien de la paix sont un des moyens les plus efficaceS à la disposition des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Rappelant que la première opération de maintien de la paix a été établie sur le territoire de l'Egypte en 1967 par l'Assemblée générale et non le Conseil de sécurité, l'Egypte souhaite réaffirmer le rôle de l'Assemblée générale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales tout en rappelant que le Conseil de sécurité en porte la responsabilité principale.

Concernant le débat en cours sur l'opportunité de faire traiter par les Nations Unies des crises ayant un aspect humanitaire, l'Egypte adhère à l'opinion développée par le Mouvement des non-alignés qui consiste à différencier les opérations de maintien de la paix de l'action humanitaire. L'Egypte réaffirme que l'Assemblée générale doit porter la responsabilité principale dans la discussion des ces questions qui ne relèvent pas de la Quatrième Commission. Les événements de 1999, nous amènent à examiner au plus près les questions relatives aux méthodes et structures de travail du Secrétariat, les bénéfices du système des forces et moyens en attente, et les directives sur le rôle des forces de police civile qui sont devenues un élément crucial dans la plupart des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. L'Egypte est très préoccupée par le retard pris dans le remboursement de sa participation aux opérations des Nations Unies. Nous ne sommes pas responsables de la crise financière que connaît l'Organisation et ces retards affectent notre capacité à participer aux opérations dans la mesure et au niveau souhaités, a précisé le représentant de l'Egypte. L'Egypte se félicite de la publication par le Secrétaire général de directives sur le droit international humanitaire pour le personnel des opérations de maintien de la paix et considère que ces directives devraient être soumises à l'examen des Etats Membres, au sein de cette Commission en consultation et en coordination avec la Sixième Commission. L'Egypte approuve l'examen proposé par le Comité spécial de ses méthodes de travail par la Quatrième Commission, à laquelle il appartient, et par l'Assemblée générale et elle se réjouit de l'amélioration de la collaboration entre le Comité spécial et le Secrétariat.

M. ROBERT BARBERS (Philippines) a constaté que de nombreux pays contributeurs de troupes avaient commencé à montrer des signes de "fatigue", alors qu'on leur demande, opération après opération, de contribuer en troupes et financièrement à la paix. Le nombre croissant de demandes va de pair avec l'augmentation de notes et de messages de la part du Secrétariat sur les détails concernant l'envoi de troupes dans les régions troublées du monde. L'ONU, quoique loin de la perfection, est devenue un expert des opérations de maintien de la paix. Il serait toutefois dangereux de considérer que les problèmes disparaissent vu la familiarité croissante qu'a l'ONU avec ces opérations. En effet, les divisions sont de plus en plus visibles en ce qui concerne les concepts fondamentaux et les stratégies de mise en oeuvre des missions de maintien de la paix.

L'ONU fait face à une transition. La conscience universelle croissante en ce qui concerne les droits de l'homme remet en question les concepts traditionnels de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Pour leur part, les Philippines adhèrent aux principes de la souveraineté des Etats et de l'universalité des droits de l'homme. Ces deux principes ne sont pas en conflit mais se complètent pour former, à côté d'autres valeurs et intérêts nationaux fondamentaux, l'identité nationale. A l'approche du prochain millénaire, l'ONU doit trouver un équilibre entre le maintien de la souveraineté des Etats et la promotion des droits de l'homme. Si l'ordre international est la règle de droit, la décision de la communauté internationale de donner au Conseil de sécurité le droit exclusif d'utiliser la force doit être respecté dans tous les cas. Si des interventions unilatérales sont permises ou tolérées, on risque de créer un précédent dangereux pour les générations à venir et de remettre en cause la règle de droit. Les Etats ne peuvent, pour leur part, se cacher derrière le voile de leur souveraineté pour violer les droits de l'homme de leurs citoyens. La communauté internationale ne peut rester passive lorsque la légitimité politique d'un gouvernement est détruite pas les violations des droits de l'homme qu'il commet contre son peuple.

M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a déclaré que l'analyse des causes principales des conflits passés montre que la transformation de conflits potentiels en violences incontrôlable peut seulement être empêchée par un système d'alerte rapide fondé sur une stratégie de prévention efficace sous l'auspice des Nations Unies. Le Kazakhstan estime, lui aussi, qu'il faut augmenter le potentiel de l'Organisation en matière de prévention des conflits, y compris les stratégies de diplomatie préventive , de déploiement préventif et de désarmement préventif. Le Kazakhstan estime que les mesures proposées dans le rapport visant à assurer une approche intégrée, coordonnée et complète des situations de conflits prennent en compte la nature complexe des nouveaux conflits dont l'exigence principal est l'action préventive des Nations Unies. En effet, le Kazakhstan considère que le problème principale en ce qui concerne le maintien de la paix est le besoin de créer un mécanisme complet de prévention des conflits. Il faut trouver un moyen de réagir plus efficacement face aux conflits de plus en plus complexes d'aujourd'hui, conflits qui nécessitent une action simultanée de maintien de la paix et de promotion du développement. La communauté internationale devrait faire plus pour encourager des politiques qui améliorent la sécurité centrée sur les populations dans les régions instables car un minimum de sécurité est une condition préalable au développement. Il est également important que l'Organisation applique un nouveau concept intégré de la sécurité au niveau local couvrant un large éventail de questions notamment les droits de l'homme, la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement car l'expérience montre que les opérations de maintien de la paix facilitent non seulement le progrès dans la sphère politique mais aussi dans la sphère socio- économique.

Le Kazakhstan appuie les efforts du Secrétariat et du Département des opérations de maintien de la paix accordant l'attention voulue aux propositions concernant la participation aux opérations de maintien de la paix dans le cadre des accords des forces et moyens en attente, compte tenu des limitations dans ce domaine. Le potentiel de ce système est illustré par le nombre croissant d'Etats y participant et qui dépasse 80 et par le fait que 60 autres Etats ont exprimé le fait qu'ils étaient prêts à y participer. Concernant la formation du personnel de maintien de la paix, le Kazakhstan estime que la coopération entre les Nations Unies et les Etats Membres doit rencontrer un appui sans conditions. A cet égard, le représentant a fait valoir les exercices multidimensionnels et multilatéraux conduits ces deux dernières années sur les territoires du Kazakhstan, de l'Ouzbekhistan et du Kirghizistan avec la participation du bataillon collectif de maintien de la paix "Centrazbat" et des unités militaires des Nations Unies, de la Fédération de Russie, de la Turquie, de l'Azerbaïdjan et de la Géorgie.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a estimé qu'il n'y a pas de méthode universelle qui garantisse le succès des actions de l'ONU et qui lui permette de faire face à tous les conflits avec la même efficacité dans des conditions différentes. Le maintien de la paix exige une vaste gamme d'opérations, allant de la prévention des conflits à la consolidation de la paix. Partant, le représentant a jugé important de renforcer les mécanismes d'alerte rapide des situations pouvant dégénérer en conflit et de se préparer à répondre à ces situations avant de recourir à l'utilisation de la force. Le maintien de la paix et de la sécurité internationales ne peut pas être laissé entre les mains de quelques pays, alors que la responsabilité en incombe à tous, a fait remarquer le représentant, estimant que l'on ne pouvait, non plus, s'éloigner des principes fondamentaux et de la légalité qui doivent être à la base des actions communes. La complexité des conflits exige une révision des actions de l'ONU car le système de sécurité collective constitue clairement l'une des pierres angulaires du multilatéralisme.

Le rapport du Secrétaire général indique la manière dont on utilise de plus en plus couramment les principes humanitaires et les droits de l'homme pour justifier l'utilisation de la force, sans l'autorisation du Conseil de sécurité. A cet égard, la Colombie appuie la déclaration de la Jordanie au nom du Mouvement des non alignés et estime, elle aussi, qu'il faut maintenir une distinction claire entre les actions humanitaires et les opérations de maintien de la paix. Pour les actions humanitaires, il faut utiliser les mécanismes d'appui humanitaire existant au sein du système des Nations Unies. Le caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix exige que ces opérations disposent de mandats clairs et aient obtenu le consentement des parties afin d'assurer leur réussite. A cet égard, la Colombie salue la publication du Bulletin du Secrétaire général sur le respect du droit humanitaire international et rend hommage au personnel humanitaire qui a perdu la vie sur le terrain. La Colombie se réjouit de l'appui accordé à une adoption rapide du rapport du Comité spécial, ce qui permettra la mise en oeuvre rapide des propositions y figurant.

M. YUKIO SATOH (Japon) a déclaré que les expériences passées, notamment les opérations de maintien de la paix au Kosovo, au Congo et au Timor oriental, posent à l'Organisation de nouvelles questions qui requièrent l'attention urgente de la communauté internationale notamment, l'efficacité des Nations Unies et surtout du Conseil de sécurité à répondre aux crises humanitaires et le besoin de donner à l'Organisation une base financière stable.

Concernant la question financière, vu le nombre croissant de tâches que l'Organisation se voit confiée, il est nécessaire que les Etats membres paient leur contribution financière à temps, complètement et sans conditions car on ne doit pas compter sur les contributions volontaires. Le représentant du Japon a d'ailleurs noté que le cas du Timor oriental n'était pas encourageant à cet égard car la phase 1 de la MINUTO a été financée presque entièrement par des contributions financières volontaires. Le Japon est en outre préoccupé par la sécurité du personnel de maintien de la paix qu'il qualifie de condition préalable à toute opération de maintien de la paix et il estime nécessaire de prendre des mesures pour assurer la sécurité du personnel ainsi que de créer un cadre juridique international. A cet égard, le Japon se félicite de l'entrée en vigueur de la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé qui va fournir les mécanismes nécessaires pour traduire en justice les criminels responsables d'attaques criminelles sur le personnel international. Le Japon constatant qu'assurer la sécurité a un coût, souligne l'importance du Fonds d'affectation spécial pour la sécurité du personnel des Nations Unies et sur ses activités de formation. Pour sa part a indiqué le représentant, le Japon a organisé des séminaires de formation pour les Volontaires des Nations Unies et a participé à hauteur de un million de dollars à des activités consacrées à la formation du personnel international dans les situations d'urgence.

Avant de conclure, le Japon a fait valoir sa contribution de 100 millions de dollars au Fonds d'affectation des Nations Unies pour faciliter la participation des Etats d'Asie et des pays en développement à la force multinationale établie au Timor oriental sous l'autorité de l'Australie. Le Japon appelle les Etats, en particulier ceux qui ne fournissent pas de contingents, à participer au Fonds.

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