En cours au Siège de l'ONU

CPSD/172

LA QUATRIEME COMMISSION ACHEVE SON DEBAT SUR LES PRATIQUES ISR'LIENNES

13 octobre 1999


Communiqué de Presse
CPSD/172


LA QUATRIEME COMMISSION ACHEVE SON DEBAT SUR LES PRATIQUES ISRAELIENNES

19991013

La Quatrième Commission (Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation) a achevé, ce matin, son débat général sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.

A l'exception du représentant d'Israël, les intervenants ont réaffirmé la pertinence et l'importance des travaux du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes, et cela aussi longtemps que les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés persistent. Pour certains, le Comité spécial est l'expression de la vigilance de la communauté internationale face aux violations continues de la part d'Israël du droit international et des dispositions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. La plupart des délégations ont insisté sur le fait que la poursuite de ces pratiques israéliennes, et en particulier les activités de peuplement à la fois dans les territoires palestiniens et dans le Golan syrien occupé, vont à l'encontre de l'établissement d'un climat de confiance entre les parties au conflit et partant, à la bonne marche du processus de paix. Certains ont déclaré qu'il ne saurait y avoir de paix au Moyen-Orient sous occupation, et ont réaffirmé la validité du principe de la terre contre la paix.

Pour sa part, le représentant israélien a rappelé que, le 4 septembre 1999, les parties israélienne et palestinienne se sont engagées à trouver les principes d'un règlement permanent des questions les plus importantes sous cinq mois et que le Premier Ministre d'Israël s'est engagé à retirer les troupes israéliennes du Liban l'année prochaine et qu'il déploie des efforts importants pour relancer les pourparlers de paix avec la Syrie.

Les délégations suivantes ont participé au débat: Ghana, République arabe syrienne, Liban, Bangladesh, Yémen, Cuba, Israël, Qatar, République islamique d'Iran et Tunisie. L'Observateur de la Palestine ainsi que les représentants des délégations suivantes ont exercé leur droit de réponse: République arabe syrienne, Egypte, Liban et Israël.

En outre, le Président a indiqué que la Commission se prononcera sur les projets de résolution relatifs aux points 88 et 89 respectivement relatifs à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche- Orient et aux pratiques israéliennes, en novembre.

La Commission poursuivra ses travaux le lundi 18 octobre à 10 heures. Elle entamera l'examen du point 89 relatif à l'étude d'ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.

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Débat général

M. YAW O. OSEI (Ghana) a déclaré que, malgré l'absence du point de vue d'Israël dans le trente et unième rapport du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes, sa crédibilité n'en est pas affectée du fait de la grande variété des sources dont le Comité a disposé. Le rapport démontre à nouveau que les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés sont contraires aux règles acceptées internationalement en matière de droits de l'homme et de valeurs humanitaires. Le Ghana réitère son soutien au droit inaliénable du peuple palestinien à l'établissement d'un Etat souverain indépendant. Il se réjouit de l'initiative audacieuse de M. Ehud Barak pour reprendre le dialogue avec les Palestiniens dont le point culminant est la signature du Mémorandum de Charm el-Cheikh concernant la mise en oeuvre du Mémorandum de Wye River. Le Ghana exhorte les deux parties à poursuivre leurs efforts pour instaurer une paix durable dans la région. A cet égard, nous accueillons favorablement les conclusions du rapport du Comité spécial concernant la reprise du dialogue dans le processus de paix et surtout le désir grandissant de la jeunesse de Palestine et d'Israël de se rencontrer et d'échanger ses vues. De tel engagements constructifs aideront à diminuer le climat de suspicion et de méfiance qui prévaut actuellement et permettront au processus de faire un mouvement vers l'avant.

Le Ghana estime que la réaffirmation par le Comité spécial, en 1998, de la recommandation concernant le rôle du Haut Commissaire aux droits de l'homme pour établir un système de communications continu visant à améliorer les conditions des peuples des territoires occupés, est importante pour réduire la tension dans la région et créer un climat de confiance qui conduira à un dialogue constructif. Le Ghana estime donc que la communauté internationale a pour devoir de soutenir l'action du Haut Commissaire aux droits de l'homme.

M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a mis l'accent sur l'importance de la poursuite des travaux du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes car ce Comité représente la vigilance de la communauté internationale. Toute tentative de porter atteinte à ce Comité ou d'affaiblir son rôle revient à renforcer la protection d'Israël afin qu'il poursuive ses violations des droits de l'homme dans les territoires occupés. Il a rappelé que, depuis la création du Comité spécial, Israël refuse systématiquement de coopérer avec lui et de le recevoir, ce qui n'est pas surprenant, dans la mesure où il est chargé de démasquer et de dénoncer les pratiques israéliennes, notamment l'expropriation des terres et de l'eau ainsi que la politique de peuplement israélienne. M. Wehbe a également rappelé les mesures juridiques prises par Israël pour judaïser les territoires occupés au détriment de la population arabe syrienne du Golan qui se voit refuser ses droits inaliénables. Israël continue de violer tous les instruments et toutes les résolutions internationales dans le but de coloniser et de judaïser le Golan syrien occupé a-t-il déclaré. Il convient de souligner que les forces d'occupation ont expulsé les Arabes syriens qui étaient au nombre de 130000, de leurs maisons, de leurs villages et de leurs terres. Israël poursuit la mise en oeuvre de ses plans de peuplement israélien. M. Wehbe a souligné que les Syriens qui ont été expulsés de leurs terres en 1967 étaient au nombre d'un demi million et qu'ils attendent toujours d'être compensés. Les colonies israéliennes dans le Golan sont actuellement au nombre de 40. En dépit du processus de paix qui se base sur l'application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, ces pratiques se poursuivent. Israël a également imposé des impôts très élevés à la population arabe du Golan. En outre, l'environnement du Golan a été partiellement endommagé du fait des activités israéliennes, en particulier le dépôt de déchets nucléaires dans les territoires occupés.

M. Wehbe a affirmé que les politiques pratiquées par Israël qui violent les droits de l'homme des populations des territoires occupés représente une politique continue dirigée contre le peuple palestinien qui lutte pour son droit à l'autodétermination qui a été reconnu par la communauté internationale. A la lumière de toutes ces vérités, il convient de se poser des questions sur l'avenir du processus de paix et sur le principe de la terre contre la paix a-t-il ajouté. Il apparait clairement qu'Israël ne souhaite pas voir la paix juste et totale qui assure la dignité à tous et qu'Israël recherche une paix qui satisfasse ses intérêts et ses ambitions et, à cette fin, poursuit ses pratiques affectant les droits de l'homme. A cet égard, M. Wehbe a rappelé les encouragements du Gouvernement israélien actuel aux colons désirant s'installer au Golan.

M. Wehbe estime qu'il convient de mentionner la Déclaration de l'Union européenne d'août 1998 qui demande à Israël de mettre fin à l'agrandissement des colonies de peuplement dans le Golan syrien occupé. A la lumière des faits qui ont été révélés par le Comité spécial M. Wehbe se pose les questions suivantes: est-ce que la poursuite par Israël de sa politique de peuplement peut être perçue comme un des éléments du processus de paix et cette politique contribue-t-elle à la paix? Il a affirmé que la paix ne peut s'harmoniser avec l'occupation et l'usage de la force telles que pratiquées au Sud-Liban et dans le Golan syrien occupé. M. Wehbe a déclaré que la Syrie s'engage à poursuivre ses efforts pour une paix juste sur la base du principe de la terre contre la paix de façon à garantir le retrait d'Israël du territoire syrien occupé depuis 1967 ainsi que du territoire libanais. La Syrie demande à la communauté internationale d'exercer une pression sur Israël afin qu'elle revienne à la table de négociations et qu'elle respecte ses engagements dans le cadre du processus de paix. Si Israël souhaite la paix totale, Israël n'a qu'à mettre fin à ses pratiques et se retirer de tous les territoires occupés, a-t-il affirmé en conclusion.

M. HASSAN KACEM NAJEM (Liban) a constaté que l'occupation par Israël des territoires palestinien, syrien et libanais s'accompagne de violations flagrantes des règles internationales et des droits de l'homme dans ces territoires occupés. Il a souligné que, en Cisjordanie et à Gaza cela s'illustre par la torture, la confiscation de propriétés, la fermetures des écoles et des universités, le blocage des routes ainsi que par des opérations continues d'expansion des colonies de peuplement sur des terres confisquées. En ce qui concerne le Golan syrien occupé, M. Najem a rappelé que le Comité spécial fait état des actes arbitraires de la part de la puissance occupante contre la population arabe notamment l'imposition d'impôts prohibitifs et d'expropriation des terres ainsi que de la tentative de gommer l'identité syrienne de la population du Golan et de lui imposer une identité israélienne. En ce qui concerne le Sud Liban et la Bekaa, il a également évoqué des actes arbitraires et injustes perpétrés par les forces d'occupation israéliennes qui sont en violation flagrante de la Convention de Genève et de la résolution 425. M. Najem a souligné que, en plus des pratiques mentionnées ci-dessus, des avions et des mortiers israéliens ont attaqué récemment les zones libérées au Sud Liban, ce qui a entraîné 29 morts et 110 blessés ainsi que la destruction de 28 maisons. Il a affirmé qu'Israël avait pour but de contrôler le rythme de la vie au Sud Liban à travers ses raids et ses actions d'occupation brutales au cours de la période considérée. Il a également insisté sur le fait qu'Israël a utilisé toute sorte d'armes interdites par la communauté internationale contre la population libanaise. M. Najem a insisté sur l'importance du retrait inconditionnel et total des forces d'occupation israéliennes du Sud Liban, ainsi que des autres territoires arabes occupés, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale.

M. SHAFI SAMI, Ministre d'Etat du Bangladesh a félicité le Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes pour avoir accompli son travail en dépit des obstacles délibérément mis devant lui par la puissance occupante. La délégation du Bangladesh est préoccupée par le fait que le Gouvernement israélien poursuit sa politique de colonie de peuplement, de confiscation de terre, d'arrestations, de détentions et de refus d'accès à des recours juridiques, qui contreviennent systématiquement aux résolutions de l'ONU et aux accords internationaux, y compris au Traité de paix qui a été signé entre les Palestiniens et les Israéliens. Cela est d'autant plus regrettable que les espoirs qui sont nés des changements politiques survenus récemment sont étouffés par la politique de colonisation d'Israël dans les territoires occupés.

L'occupation étrangère est en elle-même une violation flagrante des droits de l'homme. Le Bangladesh regrette qu'Israël continue sa politique de blocus économique, de punition collective et d'opposition à la circulation des biens et des personnes en Cisjordanie et à Gaza de même que dans les endroits sous contrôle palestinien et en Israël.

La communauté internationale exhorte Israël à ne pas mettre en oeuvre sa décision concernant l'expansion des frontières de Jérusalem qui a été discutée au Conseil de sécurité en juin 1998. Nous sommes préoccupés par le fait que la politique de colonisation soit pour Israël une "priorité nationale". La politique d'Israël de confiscation des terres, de restriction des ressources en eau et de démolition de maisons n'apportera en aucun cas un désir de paix dans la région. Le Bangladesh condamne fortement la politique israélienne de violation systématique des droits fondamentaux de l'homme dans les territoires occupés et rappelle à Israël que d'après la Convention de Genève de 1949, elle est tenue de garantir les droits fondamentaux de l'homme dans ces territoires. Le Conseil de sécurité a reconnu dans vingt-cinq de ses résolutions l'applicabilité de cette Convention aux territoires occupés depuis 1967 y compris Jérusalem. Il n'y a pas de place pour un refus unilatéral. Le Bangladesh réaffirme sa solidarité envers ses frères palestiniens et arabes et note que la question cruciale pour les peuples sous occupation israélienne est de rétablir leur dignité personnelle, leur droit à la propriété privée et aussi à leur liberté de décision. Le Bangladesh appelle Israël à arrêter complètement sa politique d'occupation sans délais. Ce serait un pas significatif vers la réduction des violations des droits de l'homme commises dans les territoires occupés. Israël doit coopérer avec le Comité spécial et le laisser enquêter sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés.

M. ABDELAZIZ BAEISA (Yémen) a déclaré que sa délégation a pris note du rapport du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes et déplore qu'Israël persiste dans son refus de reconnaître la volonté des Nations Unies et d'autoriser le Comité à se rendre dans les territoires occupés. Il a affirmé que l'on vit dans une époque où il n'est plus possible de cacher les faits et que le monde est conscient de la tragédie que vivent les populations arabes des territoires occupés. Il a regretté que la situation sur le terrain se dégrade en dépit des progrès réalisés par le processus de paix au Moyen-Orient. Ces pratiques israéliennes ne contribuent en rien à l'établissement d'un climat de confiance nécessaire à la bonne marche du processus de paix a- t-il affirmé. A cet égard il a évoqué la situation préoccupante, voire choquante, qui prévaut dans le Golan syrien occupé. Il estime que ces pratiques entraînent la détérioration de la situation, ce qui a motivé la convocation de la Conférence de Genève de cette année sur l'applicabilité de la quatrième Convention de Genève aux territoires palestiniens occupés. Le représentant considère que la communauté internationale doit exercer des pressions sur les forces d'occupation israéliennes afin qu'elles respectent sans condition les instruments juridiques internationaux et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a réaffirmé que pour la population de Cuba, la solidarité avec le peuple palestinien est une question de principe. La délégation cubaine estime que les travaux du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes sont de plus en plus importants pour parvenir à la paix au Moyen-Orient ainsi qu'au respect des droits inaliénables du peuple palestinien. Cuba regrette que le Comité spécial n'ait toujours pas pu se rendre dans les territoires occupés du fait du refus d'Israël. A la lumière des révélations du rapport du Comité spécial, la délégation cubaine lance un appel pour demander à ce qu'il soit mis fin aux violations des droits de l'homme par les forces d'occupation israéliennes et que l'on respecte tous les droits du peuple palestinien. Cuba partage pleinement le souci de la communauté internationale de trouver une solution aux problèmes du Moyen-Orient, ce qui signifie une solution définitive à la question palestinienne qui constitue le coeur du problème. Toutefois, une paix durable et juste ne peut se concevoir tant que le peuple palestinien et les autres Arabes des territoires occupés ne peuvent jouir pleinement de leurs droits fondamentaux. A cet égard, il a insisté sur l'applicabilité de la Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre à la situation dans les territoires occupés.

Le représentant a souligné que le début de cette décennie a été marqué par des signes prometteurs dans le processus de paix au Moyen-Orient, et que le Mémorandum de Wye River a relancé, pour un moment, l'espoir de la communauté internationale de trouver une solution à la question de Palestine et à la paix dans cette région. Toutefois, a-t-il constaté, de nombreux obstacles ont été mis sur la voie de la paix, en particulier l'établissement de nouvelles colonies de peuplement, la violation du statut international de Jérusalem-Est, la violation flagrante des droits de l'homme du peuple palestinien ainsi que la suspension unilatérale du Mémorandum de Wye River, ce qui prouve que les autorités israéliennes ne sont pas disposées à faire des progrès dans le cadre du processus de paix. En ce qui concerne les Accords de Charm el-Cheikh de septembre dernier, le délégué a déclaré que, tout en étant porteurs d'espoir, il fallait en attendre les résultats. La délégation cubaine constate avec préoccupation que, en dépit des accords passés, le Gouvernement israélien a continué à violer les dispositions du droit international et du droit humanitaire international dans les territoires occupés. La communauté internationale exige donc cette fois que les espoirs du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés ne soient plus bafoués.

M. YOSSEF LAMDAN (Israël) a déclaré que depuis 21 ans, les choses ont peu changé et qu'année après année, le Comité spécial produit des rapports particulièrement partisans. Cependant le Comité n'est pas vraiment à blâmer du fait qu'il n'est qu'un produit illégitime de l'atmosphère anti-Israël qui prévaut aux Nations Unies depuis la fin de la guerre des Six jours. Il a fait remarqué que, encore aujourd'hui, deux des trois membres fondateurs du Comité spécial refusent d'établir des relations diplomatiques avec Israël qui cependant entretient des relations avec plus de 90% des Etats Membres de l'ONU. En effet, Israël s'est abstenu de coopérer avec le Comité mais, tout Etat qui se respecte en ferait autant, a déclaré M. Lamdan tout en indiquant que les auteurs de la résolution de 1968 créant le Comité spécial avaient plutôt en tête la guerre diplomatique que le dialogue. Le Comité spécial a souffert d'une vision "tunnel" depuis le début et la lecture de ses rapports ne permet pas d'avoir connaissance du processus de paix tel qu'il évolue depuis 8 ans. Il ne permet notamment pas non plus de savoir qu'Israël est engagé dans un processus de redéploiement dans 40% des territoires et que depuis 3 ans, 98% des Palestiniens qui vivent dans les territoires sont sous le contrôle de l'Autorité palestinienne qui y est responsable de la protection des droits de l'homme et de leur réalisation. Le rapport ne permet pas non plus de savoir que plus de 100 000 Palestiniens travaillent tous les jours en Israël et que la semaine prochaine, une route permettant le "passage en sécurité" entre la Cisjordanie et la bande de Gaza devrait être ouverte. Le rapport ne fait pas non plus cas de la libération de prisonniers palestiniens en cours, prisonniers qui étaient impliqués dans des attentats contre des civils innocents. Le représentant a aussi rappelé que le rapport n'indique pas qu'Israël avait été obligé de fermer les territoires à la suite d'attaques terroristes dans le coeur de Tel Aviv, Jérusalem et d'autres villes. Il n'indique pas non plus que depuis les deux derniers siècles, la population juive a toujours été majoritaire à Jérusalem. Le représentant d'Israël a regretté que le rapport ne fasse pas mention du fait que le 4 septembre de cette année, Israël et les Palestiniens se sont engagés à trouver les principes d'un règlement permanent des questions les plus importantes sous cinq mois. Il a rappelé que le Premier Ministre d'Israël s'est engagé à retirer les troupes israéliennes du Liban l'année prochaine et qu'il fait de grands efforts pour relancer les pourparlers de paix avec la Syrie.

Le représentant d'Israël estime que la réponse honnête est que le Comité spécial ne sert aucune cause utile. Il manque de pertinence et est anachronique. Ses rapports ne font pas avancer la cause de la paix et se mêlent à des affaires qui ne pourront être réglées qu'au travers de négociations directes entre les parties aux conflits. M. Lamdan a déclaré que la plupart des "questions sur le statut permanent" sont sur la table des négociations entre Israël et Palestiniens. Il estime que ce Comité est au mieux redondant, au pire injurieux. Le délégué d'Israël a déclaré qu'il devait même aller plus loin et dire que le Comité spécial était un des multiples instruments des Nations Unies qui jettent le discrédit sur l'Organisation et porte atteinte à la crédibilité de l'Organisation pour ce qui est du conflit arabo-israélien. Le Comité devrait être dissolu. M. ALI FAHAD FALEH A. Al-HAJRI (Qatar) a mis l'accent sur l'importance du rapport du Comité spécial pour fournir des renseignements précis sur les pratiques israéliennes en violation des droits de l'homme des populations des territoires occupés. Il a insisté sur le fait que ces pratiques violent toutes les normes internationales, y compris la 4ème Convention de Genève, et les résolutions pertinentes du Conseil. Il a rappelé la Conférence des Hautes parties contractantes à la 4ème Convention de Genève qui s'est tenue cette année, et a souligné que cette Conférence a réaffirmé l'applicabilité de la Convention à la situation dans les territoires arabes occupés. Le Qatar estime qu'il faut trouver une solution à la situation au Moyen-Orient et il a adopté la position arabe qui a choisi la paix comme position stratégique. Dans ce contexte, le Qatar a déployé tous les efforts possibles pour appuyer cette position en vue de parvenir à une solution juste et globale au Moyen-Orient. Il a regretté que les pratiques entravant la paix se poursuivent sous le Gouvernement israélien actuel, en particulier la poursuite de la construction de nouvelles colonies de peuplement et l'expropriation de terres palestiniennes ce qui entrave tout progrès dans le processus de paix. Le représentant a lancé un appel au Gouvernement israélien pour qu'il se plie aux normes internationales et mette fin à ces pratiques. Il a également noté que le rapport du Comité spécial démontre qu'Israël poursuit une politique visant à changer le caractère démographique dans les territoires occupés.

Le représentant a déclaré que l'Accord de Charm el-Cheikh a suscité un nouvel espoir de voir le processus de paix aller de l'avant mais que cela dépendait de la volonté d'Israël d'appliquer tous les Accords signés avec la partie palestinienne et de reprendre les négociations sur les questions du Golan syrien occupé et du Sud-Liban. Le Qatar estime que la poursuite de la construction de nouvelles colonies dans les territoires occupés, et surtout à Jérusalem-Est mettra fin au processus de paix et videra les Accords de tout sens. Il a exprimé son espoir de voir le Gouvernement israélien respecter ses engagements afin de parvenir à une paix juste et globale au Moyen-Orient.

M. MOHAMED FADAIFARD (République islamique d'Iran) a déclaré que comme le montre le rapport du Comité spéciale pendant que la confiscation de la terre qui appartient aux palestiniens continue, le fait que l'établissement de nouvelles colonies et l'expansion de celles existantes soient accélérées dans la bande de Gaza, la Cisjordanie et spécialement autour de Béthléhem et dans le Golan syrien occupé illustre, une fois encore, Israël est non seulement engagée dans ses actions mais aussi qu'elle cherche à consolider son occupation. Cela fait partie intégral d'une campagne israélienne plus globale de judaïsation des territoires occupés qui passe par le changement de son statut juridique, de ses caractéristiques et de sa composition démographiques. Comme l'indique le rapport, les conditions dans les territoires occupés présentent de graves violations de la Convention de Genève qui s'applique aux territoires occupés. La puissance occupante ignore complètement et intentionnellement non seulement les résolutions des Nations Unies mais aussi l'opinion consensuelle exprimée par la communauté internationale. Il est impératif que la puissance occupante accepte l'applicabilité de la Quatrième Convention de Genève à tous les territoires occupés. La communauté internationale doit continuer de contrôler la situation des droits de l'homme dans ces territoires et manifester son engagement et son soutien aux droits inaliénables du peuple palestinien qui vit sous occupation israélienne. La puissance occupante a, dans l'impunité, piétiné les droits les plus fondamentaux du peuple palestinien. La République islamique d'Iran tient donc à souligner que la solution complète et juste au problème de la Palestine réside dans la restauration des droits du peuple palestinien, y compris le retour des réfugiés palestiniens, l'exercice plein et libre de leur droit à l'autodétermination et la libération des territoires occupés.

M. MOHAMED SALAH TEKAYA (Tunisie) a pris note du contenu du rapport du Comité spécial qui confirme la persistance des pratiques israéliennes en violation des droits de l'homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés. Ces pratiques sont en contradiction avec les dispositions de la quatrième Convention de Genève ainsi qu'avec les résolutions pertinentes des Nations Unies. Le représentant a passé en revue certaines mesures et restrictions imposées par les autorités israéliennes et il a mentionné, en particulier les textes juridiques et autres qui ont influencé tous les aspects de la vie des populations arabes des territoires occupés. La Tunisie espère que le dynamisme qu'a connu le processus de paix au cours des derniers mois contribuera à ce qu'il soit mis fin aux pratiques israéliennes sur le terrain.

La Tunisie suit avec satisfaction la mise en oeuvre des Accords de Wye river à la suite du Mémorandum de Charm el-Cheikh, ce qui a permis de redonner un élan au processus de paix. Elle a toutefois noté que les mesures de construction de colonies de peuplement entrave ce processus de paix qui se base notamment sur le principe de la terre contre la paix. La Tunisie espère que les négociations sur le statut final des territoires occupés seront couronnées de succès. Elle tient à soutenir le processus de paix et réaffirme la nécessité du retrait total et inconditionnel d'Israël du Sud-Liban et du Golan syrien.

Droits de réponse

L'Observateur de la Palestine regrette d'avoir à prendre la parole pour exercer son droit de réponse mais souhaiterait répondre aux commentaires formulés par la délégation d'Israël qui pense qu'il faut mettre un terme aux travaux du Comité spécial. Des violations flagrantes des droits des Palestiniens sont encore en cours et donc le Comité est toujours nécessaire et non pas anachronique.

Le processus de paix a été relancé, mais le changement doit venir de la vision d'Israël sur le droit international. C'est la clé de la poursuite du processus de paix. Israël doit respecter les normes du droit international et les droits inaliénables du peuple palestinien. La situation d'apartheid qui est présentée par Israël comme une solution est inacceptable.

Le représentant de la République arabe syrienne a estimé que la déclaration du représentant d'Israël est pleine d'hostilité et d'insultes de la part de la Puissance occupante. C'était une nouvelle tentative de déformer les faits et d'induire en erreur l'ONU a-t-il déclaré. Cette déclaration remet en question l'attitude de certains représentants imminents et tente de dénigrer les efforts déployés par le Comité spécial. La Syrie affirme qu'Israël avait bel et bien planifié l'acte d'agression de 1967 afin de poursuivre sa politique expansionniste et réaffirme que le Golan syrien demeurera toujours une terre de tranquillité et de prospérité en dépit du fait que les Israéliens s'y opposent. Le représentant d'Israël reflète le point de vue de la puissance occupante, à savoir qu'Israël est venu s'installer en Palestine parce que c'était une terre non peuplée. Une fois en Palestine, Israël a poursuivie ses visées expansionnistes sur les terres syriennes du Golan. Le représentant a également rappelé qu'Israël n'a cessé d'essayer d'imposer l'identité israélienne à la population arabe du Golan syrien occupé. Par ailleurs, il a affirmé que c'est Israël qui a lancé de nombreux actes d'agression contre la Syrie avant 4 juin 1967. Soulignant que la Syrie est la partie qui a ouvert la porte au processus de paix au Moyen-Orient en acceptant l'initiative des Etats Unis, il a affirmé que, partant, la Syrie a adopté la paix en tant qu'option stratégique. Il a déclaré par ailleurs que les Gouvernements israéliens qui se sont succédés dernièrement ont eu recours à des pratiques qui vont à l'encontre du processus de paix. Quel genre de paix peut se fonder sur des colonies de peuplement, sur l'occupation ou encore sur le recours à la force a demandé le représentant syrien. Rappelant les propos du représentant d'Israël selon lesquels les rapports du Comité spécial discréditent les Nations Unies, le représentant syrien a affirmé que ceux qui discréditent l'Organisation sont ceux qui occupent la terre des autres. La Syrie est disposée à reprendre le processus de paix là où elle l'a laissé, à savoir dans le cadre de la mise en oeuvre de tous les engagements pris par les parties dans les différents accords.

Le représentant de l'Egypte a exercé son droit de réponse par rapport à certaines idées contenues dans la déclaration israélienne. Il a souligné que ce qui a été dit dans cette déclaration sur la guerre de 1967 est tout à fait contraire à la réalité. Le but de cette guerre, déclenchée par Israël en 1967, était multiforme: en ce qui concerne l'Egypte, Israël voulait occuper les terres égyptiennes pour s'en servir comme monnaie d'échange contre la paix. En ce qui concerne Jérusalem Est le but était de mettre fin à la question palestinienne. L'Egypte persistera à répéter ces éclaircissements même s'il y a actuellement un processus de paix en cours. La délégation égyptienne regrette que le délégué d'Israël l'ait obligé à évoquer ces questions.

Le représentant du Liban a répondu à la déclaration du représentant des forces d'occupation dont la déclaration était, à son avis, pleine de fautes et de mensonges. Il a déclaré que, pour un instant, il a même cru comprendre que c'était le Liban qui occupait une partie d'Israël, or force est de constater que cela ne correspond pas à la réalité. Il a rappelé les raids israéliens quotidiens au Sud-Liban ainsi que le présence sur place d'une force des Nations Unies. Il a affirmé que le Liban poursuivra sa lutte pour récupérer ses terres et exige le retrait sans condition d'Israël de ses terres.

Le représentant d'Israël a constaté que, 20 ans plus tard, peu de choses ont changé dans cette Commission de la part de certains membres, alors même qu'un processus de paix est en cours. Il ne veut pas rentrer dans un débat qui consiste à réécrire l'histoire. Si quelqu'un pense qu'Israël avait des vues sur les hauteurs du Golan, cela fait abstraction des faits historiques étayés par une ample documentation a-t-il affirmé. En outre, le représentant a contesté la position égyptienne qui impute le début de la guerre des 6 jours à Israël. Réaffirmant que les travaux du Comité spécial sont anachroniques et que son mandat est tendancieux, il a toutefois souligné que, actuellement, Israël n'est plus la seule entité à laquelle il faut parler du respect des droits des Palestiniens. Il faut également s'adresser à l'Autorité palestinienne qui ne respecte pas les droits de l'homme des Palestiniens. En ce qui concerne le manque de pertinence du Comité spécial, le délégué a expliqué que le processus de paix ne sera pas affecté par les rapports de ce Comité spécial. Il a saisi cette occasion pour demander aux voisins syriens et libanais de son pays de s'associer aux consultations et négociations en cours dans le cadre du processus de paix.

Le représentant de la Syrie a souligné qu'Israël continue d'être coupable des mêmes violations et ce, en dépit du processus de paix, et que cette réalité a été largement étayée dans les médias internationaux. Il a insisté sur une faute d'interprétation dans sa première intervention, qui a été reprise par le représentant israélien, alors même que le représentant syrien avait corrigé cette faute. Il a réaffirmé que la Syrie est la partie qui a ouvert la voie au processus de paix et que la communauté internationale est consciente de ce fait. Il a ajouté que le nouveau Gouvernement israélien doit respecter sans condition les accords passés jusque là dans le cadre du processus de paix, or dans la pratique, Israël cherche à imposer certaines conditions, ce qui contrevient à la culture de paix. A quel moment Israël prêtera-t-elle attention à l'opinion publique internationale a-t-il demandé, affirmant par ailleurs qu'il ne saurait y avoir de paix sous occupation.

Le représentant du Liban a rappelé qu'Israël est la puissance occupante et a également évoqué les dispositions de la résolutions 425 qui prévoit notamment le retrait total et sans condition d'Israël des territoires occupés. Rappelant que cette résolution a été acceptée par Israël l'année dernière, le représentant a souligné qu'Israël a par la suite réinterprété son dispositif. Le Liban rejette toute condition au retrait israélien du Sud-Liban et estime qu'il appartient à Israël de se soumettre aux dispositions internationales en la matière. Le représentant a également rappelé qu'en juillet 99 les forces d'occupation israéliennes ont détruit une centrale électrique à proximité de Beyrouth. Israël est un pays fort, la force ne fait toutefois pas la paix.

Le représentant d'Israël a déclaré qu'il avait plaidé sa cause.

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