AG/900

LA SESSION EXTRAORDINAIRE RECOMMANDE UNE SERIE DE MESURES POUR LA POURSUITE DE L'APPLICATION DU PROGRAMME D'ACTION DU CAIRE SUR LA POPULATION ET LE DEVELOPPEMENT

2 juillet 1999


Communiqué de Presse
AG/900
POP/722


LA SESSION EXTRAORDINAIRE RECOMMANDE UNE SERIE DE MESURES POUR LA POURSUITE DE L'APPLICATION DU PROGRAMME D'ACTION DU CAIRE SUR LA POPULATION ET LE DEVELOPPEMENT

19990702 COMMUNIQUE FINAL De nouveaux objectifs sont fixés en ce qui concerne la lutte contre l'analphabétisme, l'éducation, la prévention du sida, et la santé de la reproduction

L'Assemblée générale, réunie en session extraordinaire consacrée à l'examen et l'évaluation d'ensemble de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD, Le Caire, 1994) a adopté ce soir, à l'issue de ses travaux, une série de propositions d'actions prioritaires pour la poursuite de la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire. Les mesures proposées incluent notamment des recommandations sur les questions de population, développement économique et environnement; le vieillissement de la population; les migrations; l'urbanisation; l'éducation; l'autonomisation des femmes et l'égalité entre les sexes; la santé de la reproduction, y compris la planification familiale; la réduction des taux de mortalité et de morbidité maternelles; la santé des adolescents en matière de sexualité et de reproduction; les partenariats; et la mobilisation des ressources.

De nouveaux objectifs sont fixés en ce qui concerne la réduction de l'analphabétisme chez les femmes et les fillettes; l'accroissement de la scolarisation primaire; l'amélioration de l'accès aux méthodes de planification familiale et aux soins d'obstétrique essentiels, ainsi qu'aux programmes de prévention et au traitement des maladies sexuellement transmissibles; l'augmentation des accouchements avec l'assistance de personnel soignant qualifié; et la satisfaction du désir de tous ceux qui souhaitent espacer ou limiter les naissances au sein de leur famille. Reconnaissant que la situation en ce qui concerne le sida est plus grave que ne l'avait prévu la CIPD, le texte comprend de nouvelles recommandations en vue de réduire la vulnérabilité des jeunes à l'infection par le VIH/sida.

Le texte réaffirme que l'avortement ne devrait, en aucun cas, être promu en tant que méthode de planification familiale, mais les gouvernements et les organisations intéressées sont vivement invités à traiter les conséquences des avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité en tant que problème majeur de santé publique et tout faire pour éliminer la nécessité de recourir à l'avortement.

A l'issue de longues négociations, le Comité ad hoc plénier, issu de la session extraordinaire et chargé de la négociation des paragraphes du document encore en suspens, a réussi à s'accorder sur un texte consensuel jeudi soir, document qu'il a ensuite transmis pour examen et adoption à la plénière. Ce soir, la plénière de la session extraordinaire a adopté, par consensus, le rapport de son Comité ad hoc transmettant les "Principales mesures pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement".

Avant l'adoption du texte, qui a été présenté par le Rapporteur du Comité ad hoc plénier, Mme Gabriella Vukovich (Hongrie), le Président du Comité ad hoc, M. Anwarul Karim Chowdhury (Bangladesh) a indiqué que les négociations difficiles mais fructueuses sur le texte avaient permis d'avancer sur les principaux fronts. Ce document est tourné vers l'avenir, il réaffirme nos engagements et donne une orientation pour la réalisation de la tâche difficile que nous nous sommes fixés.

Certains paragraphes du texte ont suscité des réserves ou des commentaires de la part des pays suivants : Argentine, Soudan, Guatemala, Nicaragua, Jamahiriya arabe libyenne, Koweit, Malte, Chine, Egypte, Qatar, Yémen, République islamique d'Iran, Jordanie, Emirats arabe unis et Maroc. Les représentants des Etats-Unis et de l'Australie et l'Observateur du Saint- Siège ont fait des déclarations d'ordre général.

Par le biais de son Comité ad hoc plénier, la session extraordinaire de l'Assemblée générale - du 30 juin au 2 juillet - a donc dû principalement poursuivre la négociation des dispositions de fond restées entre crochets lors de la dernière session de son Comité préparatoire qui s'était réuni une première fois du 24 mars au 1er avril, et avait repris ses travaux du 24 au 29 juin. Parmi les dispositions qui ont fait l'objet de difficiles négociations figurent notamment les questions liées à l'éducation sexuelle des jeunes, à la santé génésique et de la reproduction, en particulier le problème de l'avortement et l'utilisation de la pilule du lendemain, et à la mobilisation des ressources.

Le préambule du texte rappelle que l'objectif de l'accord historique conclu lors de la Conférence du Caire est d'améliorer la qualité de la vie et le bien-être des personnes et de promouvoir le développement humain grâce à une prise de conscience des liens qui unissent les politiques et programmes relatifs à la population et au développement visant à la réalisation d'une série d'objectifs dont, en premier lieu, l'élimination de la pauvreté. L'objectif de l'émancipation et de l'autonomie des femmes et de l'amélioration de leur situation politique, sociale et économique ainsi que de leur état de santé est reconnu dans le Programme d'action comme une fin extrêmement importante en soi et essentielle à l'instauration d'un développement durable.

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Le Programme appelle à l'élimination de toutes les pratiques qui constituent une discrimination à l'égard des femmes et affirme que les progrès de l'égalité et de l'équité entre les hommes et les femmes, l'émancipation des femmes et l'élimination de toutes les formes de violence à l'encontre des femmes ainsi que la possibilité offerte aux femmes de contrôler leur propre fertilité sont les bases des programmes qui ont trait à la population et au développement. Il affirme que les droits en matière de reproduction reposent sur la reconnaissance du droit fondamental de tous les couples et de toutes les personnes de décider, librement et de façon responsable, du nombre de leurs enfants et de l'espacement et du calendrier des naissances et d'être informés des moyens de le faire, ainsi que du droit au meilleur état possible de santé en matière de sexualité et de procréation. La promotion de l'exercice responsable de ces droits par tous devrait être le fondement des politiques et programmes nationaux et locaux de santé en matière de reproduction, y compris de planification familiale.

Comme l'ont souligné de nombreux ministres et hauts responsables qui ont participé à la session extraordinaire, le document final stipule que l'application des recommandations énoncées dans le Programme d'action et des mesures proposées pour la poursuite de son application relève de l'autorité souveraine de chaque pays, eu égard aux lois nationales et aux priorités fixées en matière de développement, dans le plein respect des valeurs religieuses et éthiques et de l'héritage culturel de son peuple, et en conformité avec les droits de l'homme universellement reconnus sur le plan international.

Selon les estimations et prévisions des Nations Unies, le monde comptera pour la première fois plus de 6 milliards d'habitants en 1999, dont près de 80% vivront dans les pays en développement. Selon la qualité et l'ampleur des mesures qui seront prises au cours des 5 à 10 prochaines années dans le domaine de la politique démographique et dans celui de la santé en matière de reproduction, notamment en ce qui concerne les services de planification familiale, le monde comptera entre 6,9 et 7,4 milliards d'habitants en 2015. La plupart des pays tendent à enregistrer des taux de natalité et de mortalité faibles mais comme ils progressent à des rythmes différents, il apparaît que les situations démographiques dans le monde sont de plus en plus diverses. Selon les estimations, il faudra au moins encore 50 ans pour que la population se stabilise. C'est dans les pays les plus pauvres que les taux d'accroissement de la population restent les plus élevés.

Dressant le bilan des progrès réalisés depuis cinq ans, les auteurs du texte estiment que l'application des recommandations du Programme d'action a pris un bon départ. De nombreux pays ont pris des mesures pour intégrer les questions démographiques dans leurs stratégies de développement. Dans la plupart des pays, la mortalité n'a cessé de baisser depuis la Conférence du Caire. Les pays sont de plus en plus nombreux à accepter la définition de la santé en matière de reproduction dans son sens le plus large et nombreux sont ceux qui prennent des mesures pour fournir des services complets dans ce domaine, une importance croissante étant accordée à la qualité des soins.

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Le recours accru aux méthodes de planification familiale indique qu'il est plus facile d'accéder à ces services et qu'un nombre croissant de couples et d'individus peuvent choisir le nombre de leurs enfants et l'espacement des naissances. De nombreux pays - d'émigration comme d'immigration - ont pris des mesures importantes, en particulier au niveau régional, afin de mieux gérer les mouvements migratoires internationaux en concluant des accords bilatéraux et multilatéraux. En outre, de nombreuses organisations de la société civile contribuent à l'élaboration et à l'application de politiques, de programmes et de projets, soit de façon indépendante, soit en collaboration avec des organisations gouvernementales et intergouvernementales ainsi qu'avec le secteur privé.

Les progrès ont toutefois été limités en ce qui concerne certains pays et certaines régions, et il y a même eu parfois des échecs. Les femmes et les fillettes continuent d'être confrontées à la discrimination. En raison de la pandémie du VIH/sida, les taux de mortalité ont augmenté dans de nombreux pays, en particulier dans l'Afrique subsaharienne. Les taux de mortalité et de morbidité chez les adultes et les enfants résultant de maladies infectieuses, parasitaires et d'origine hydrique, comme la tuberculose, le paludisme et la schistosomiase, demeurent élevés. Les taux de mortalité et de morbidité maternelle se maintiennent à des niveaux inacceptables. Les adolescents restent particulièrement vulnérables aux risques en matière de reproduction et de sexualité. Des millions de couples et d'individus n'ont toujours pas accès à des informations et des services sur la santé en matière de reproduction. L'augmentation de la mortalité des adultes, notamment chez les hommes, préoccupe particulièrement les pays en transition et certains pays en développement. Les crises financières que connaissent les pays d'Asie et d'autres pays, de même que les problèmes environnementaux à long terme et à grande échelle en Asie centrale et dans d'autres régions, ont des effets préjudiciables sur la santé et le bien-être des individus et freinent l'exécution du Programme d'action. Bien que le Programme vise à réduire les pressions entraînant des courants de réfugiés et de personnes déplacées, la situation de ces personnes demeure inacceptable.

Répondant aux inquiétudes exprimées par de nombreuses délégations, le texte insiste sur le fait que la réalisation des buts et objectifs du Programme d'action exigera des ressources intérieures et extérieures suffisantes, une action gouvernementale résolue et des partenariats efficaces et transparents. Afin de poursuivre sa mise en oeuvre, il faudra surmonter un certain nombre de contraintes financières, institutionnelles et en matière de ressources humaines. L'application des principales mesures proposées et des diverses recommandations faites au Caire exigera une volonté politique accrue, un renforcement des capacités nationales, ainsi qu'une augmentation de l'aide internationale et des ressources intérieures. La détermination de priorités clairement définies dans chaque contexte national constitue un facteur également important pour le succès de la mise en oeuvre du Programme d'action.

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Avant l'adoption du document final, la session extraordinaire avait terminé son débat général en entendant les personnalités suivantes : M. Cha Heung Bong, Ministre de la santé et du bien-être de la République de Corée; M. Tertius Zongo, Ministre de l'économie et des finances du Burkina Faso; M. Chapson Butale, Ministre de la santé du Botswana; M. Somfeitcheou Pre, Ministre de la planification et du développement du Togo; M. Poul Nielson, Ministre de la coopération pour le développement du Danemark; M. Makhdoom Mohammad Javed Hashmi, Ministre de la santé et du bien-être du Pakistan; Mme Katrin Saks, Ministre de l'Estonie; M. Yeo Cheow Tong, Ministre de la santé de Singapour; Mme Dzhaganova, Présidente de l'Agence des migrations et de la démographie du Kazakhstan; M. Dalit Ezhilmalai, Ministre d'Etat de la santé et du bien-être familial de l'Inde; M. Isimeli Jale Cokanasiga, Ministre de la santé de Fidji; M. R.C. Hove, Commissaire de la planification du Zimbabwe; M. Omkar Prasad Shrestha, Ministre de l'industrie du Népal; Mme Kirsti Lintonen, Sous-Secrétaire d'Etat de la Finlande; M. Theodoros Kotsonis, Vice-Ministre de la santé de la Grèce; M. Valery Pavlov, Premier Vice-Ministre du travail du Bélarus; M. Andre Tsala Messi, Secrétaire d'Etat à la planification et au développement du territoire du Cameroun; Mme Yolanda Rojas Urbina, Vice-Ministre de la famille du Venezuela; M. Keiasipai Song, Ministre de la santé de Vanuatu; M. Maman Sambo Sidikou, Ministre et Directeur du Cabinet du Président du Niger; Mme Indra Chandarpal, Ministre des services humanitaires et de la sécurité sociale du Guyana; et M. Elijah Kipkoskei Sumbeiywo, Ministre assistant du Kenya.

Les représentants des pays suivants ont aussi fait une déclaration : Liechtenstein, Tadjikistan, Yémen, Malte, Albanie, ex-République yougoslave de Macédoine, Honduras, îles Marshall et Qatar. En outre, les observateurs des pays et institutions suivants ont pris la parole : Saint-Siège, Commission européenne, Organisation internationale pour les migrations, Suisse, Organisation de l'unité africaine (OUA), Ordre militaire souverain de Malte, Guam, Organisation de la Conférence islamique (OIC), Secrétariat de la Communauté des Caraïbes et Ligue des Etats arabes. Les représentantes des trois organisations non-gouvernementales suivantes sont également intervenues: Fédération internationale du planning familial, Fédération internationale du droit à la vie et Coalition des femmes, des enfants et de la famille et Coalition des femmes pour la CIPD.

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ADOPTION DU RAPPORT DU COMITE AD HOC PLENIER (A/S/21/5 et Add.1)

Le Comité ad hoc plénier a tenu quatre séances officielles et un certain nombre de réunions officieuses, les 30 juin et 1er juillet 1999 pour examiner le point 8 de l'ordre du jour relatif à l'examen et à l'évaluation d'ensemble de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement - Le Caire 1994). A l'issue de ses travaux, les Gouvernements dont les délégations ont participé aux travaux du Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale se sont accordés, par consensus, à émettre une série de mesures dont l'adoption réaffirme l'attachement aux principes, buts et objectifs du Programme d'action du Caire. Ces mesures figurent dans les différents chapitres du rapport du Comité ad hoc plénier.

PRINCIPALES MESURES POUR LA POURSUITE DE L'APPLICATION DU PROGRAMME D'ACTION DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DEVELOPPEMENT

Problèmes relatifs à la population et au développement

Les travaux et les consultations menés par le Comité ont conclu que les questions touchant à la population, au développement économique et à l'environnement sont d'une importance particulière. Le Comité recommande à cet effet aux Gouvernements de s'efforcer de faire prendre conscience aux responsables et aux décideurs de la relation qui existe entre les éléments suivants : population, pauvreté, absence d'équité et inégalité entre les sexes, santé, éducation, environnement, ressources financières et humaines et développement. Le Comité recommande de réexaminer les résultats des études menées récemment concernant les liens entre la réduction du taux de fécondité, la croissance économique et la répartition équitable de cette croissance.

Les Gouvernements, en coopération avec la communauté internationale, devraient réaffirmer qu'ils s'engagent à promouvoir des conditions favorisant une croissance économique soutenue dans le contexte du développement durable et à éliminer la pauvreté, en accordant une attention particulière aux questions liées aux sexospécificités, notamment en encourageant la mise en place d'un système commercial ouvert, équitable, sûr, non discriminatoire et prévisible; en stimulant les investissements directs; en réduisant la charge de la dette; et en veillant à ce que les programmes d'ajustement structurel tiennent compte des préoccupations sociales, économiques et environnementales. Les Gouvernements des pays en développement et des pays en transition devraient, avec l'aide de la communauté internationale, et en particulier des donateurs, prendre des mesures en vue de continuer à encourager la baisse des taux de mortalité infantile et postinfantile en renforçant les programmes de santé qui mettent l'accent sur l'amélioration des soins prénataux et de la nutrition, y compris l'allaitement maternel (sauf contre-indication médicale).

( suivre)

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Ces mesures devraient également porter sur la vaccination universelle, les thérapies de réhydratation par voie orale, les sources d'eau salubre, la prévention des maladies infectieuses, la réduction de l'exposition aux substances toxiques et l'amélioration de l'hygiène domestique. Elles devraient permettre de renforcer les services de planification familiale de qualité, de manière à aider les couples à échelonner la naissance de leurs enfants, ainsi que les efforts visant à prévenir la transmission du VIH/sida et autres maladies sexuellement transmissibles.

Concernant la modification de la structure par âge et le vieillissement de la population, les Gouvernements devraient répondre aux besoins des jeunes, particulièrement des jeunes femmes, avec l'appui, les conseils et la participation, selon le cas, des parents, des familles, des collectivités, des organisations non gouvernementales et du secteur privé, en investissant dans l'élaboration et la mise en oeuvre de plans nationaux, régionaux et locaux. Les politiques, plans et programmes en question devraient être mis en oeuvre dans le respect des engagements pris à la Conférence internationale sur la population et le développement et conformément aux conventions et accords internationaux pertinents. On s'emploiera particulièrement à susciter un dialogue entre les générations en améliorant la communication et en encourageant la solidarité. Les Gouvernements et la société civile, y compris les ONG, devraient donner aux personnes âgées la possibilité de continuer de mettre leurs compétences au service de la famille, du monde du travail et de la communauté, et éliminer les obstacles qui compromettent leur participation, afin de contribuer à promouvoir la solidarité entre les générations et de renforcer le bien-être de la société.

En ce qui concerne les migrations internationales, il est instamment demandé aux Gouvernements des pays d'origine et des pays d'accueil, par le biais de la coopération internationale, d'intensifier les efforts en vue de protéger les droits fondamentaux et la dignité des migrants quel que soit leur statut juridique; assurer aux migrants une protection efficace; leur fournir des services de santé de base et des services sociaux, y compris des services de santé en matière de sexualité et de reproduction et des services de planification familiale.

Egalité des sexes, principes d'équité et émancipation des femmes

Ce chapitre contient en premier lieu les mesures importantes recommandées en vue de la promotion et de la protection des droits fondamentaux des femmes. Les Gouvernements devraient assurer le respect, la protection et la promotion de ces droits en élaborant et en appliquant des politiques et une législation sexospécifiques et en veillant à ce qu'elles soient effectivement respectées.

( suivre)

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Tous les Gouvernements sont invités à signer, ratifier et appliquer la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Ils sont aussi encouragés à promouvoir l'examen du Protocole facultatif par le Conseil économique et social et l'Assemblée générale, et les Etats parties et les pays concernés sont encouragés à lever progressivement toutes les réserves qu'ils ont formulées et qui sont incompatibles avec l'objet et le but de la Convention.

Les droits en matière de reproduction devraient toujours être incorporés dans les politiques des gouvernements relatives à la population, conformément aux dispositions des paragraphes 1.15, 7.3 et 8.25 du Programme d'action. Les Gouvernements devraient promouvoir et protéger les droits fondamentaux des fillettes et des jeunes femmes, y compris les droits économiques et sociaux ainsi que la protection contre la coercition, la discrimination et la violence, notamment les pratiques dangereuses et l'exploitation sexuelle.

Droits et santé en matière de reproduction

Ce chapitre s'inspire spécialement des principes du Programme d'action. Il traite en premier lieu de la santé en matière de reproduction, y compris la planification familiale et l'hygiène sexuelle. Selon ses recommandations, les Gouvernements, en collaboration avec la société civile, les ONG, les donateurs et le système des Nations Unies, devraient accorder un rang de priorité élevé à la santé en matière de sexualité et de reproduction dans le contexte plus large de la réforme de santé, y compris le renforcement des systèmes de santé de base, dont peuvent bénéficier en particulier les pauvres. Ils devraient veiller à ce que les politiques, les plans stratégiques et les services de santé en matière de sexualité et de reproduction sous tous leurs aspects, respectent tous les droits fondamentaux, y compris le droit au développement, et que ces services répondent aux besoins en matière de santé à tous les stades de la vie, y compris les besoins des adolescents, remédient aux inégalités et aux injustices dues à la pauvreté, au sexe et à d'autres facteurs, et assurent un accès équitable à l'information et aux services.

En ce qui concerne la réduction des taux de mortalité et de morbidité maternelle, les gouvernements devraient veiller à ce qu'elle soit considérée comme une priorité dans le secteur de la santé et que les femmes aient facilement accès à des services de santé bien équipés et bien pourvus en personnel, en particulier du personnel qualifié pour les accouchements, y compris les soins d'obstétrique essentiels et les soins d'urgence, des services d'aiguillage efficaces et des moyens de transport pour des niveaux de soins élevés, le cas échéant, ainsi que des soins post-partum.

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L'avortement ne devrait, en aucun cas, être promu en tant que méthode de planification familiale. Tous les Gouvernements et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales intéressées sont vivement invités à renforcer leur engagement en faveur de la santé de la femme, à traiter les conséquences des avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité en tant que problème majeur de santé publique et à réduire le recours à l'avortement en étendant et en améliorant les services de planification familiale.

Pour ce qui est de la prévention et traitement des maladies sexuellement transmissibles, dont l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine et le syndrome d'immunodéficience acquise, il est notamment recommandé aux pouvoirs publics, avec l'assistance d'ONU-SIDA et des donateurs, de faire en sorte que, d'ici à 2005, au moins 90% et, d'ici à 2010, au moins 95% des jeunes âgés de 15 à 24 ans aient accès à l'information, à l'éducation et aux services nécessaires pour acquérir les connaissances leur permettant de mieux se protéger contre l'infection au VIH. Les pouvoirs publics devraient utiliser comme référence les taux de séropositivité chez les 15-24 ans, avec l'objectif d'en diminuer la prévalence, d'ici à 2005, dans le monde entier, de la réduire à 25%, dans les pays les plus touchés, et de 25% dans le monde entier d'ici à 2010. Les gouvernements devraient prendre des mesures visant à atténuer les effets de l'épidémie en mobilisant tous les secteurs et segments de la société afin de réduire l'impact des facteurs socioéconomiques qui favorisent la contamination et accroissent la vulnérabilité au virus. Le texte leur recommande en outre de promulguer des lois ou adopter des mesures en vue de garantir la non-discrimination à l'égard des personnes vivant avec le VIH/SIDA afin qu'elles puissent bénéficier de soins et de traitements sans craindre d'être en butte à l'opprobre, à la discrimination ou à la violence. Il est aussi conseillé aux gouvernements d'élaborer des directives nationales pour le traitement de l'infection VIH, de distribuer de façon massive des préservatifs masculins et féminins et de multiplier les projets pilotes destinés à empêcher la contamination mère-enfant. Un appel est lancé aux secteurs public et privé pour qu'ils investissent davantage pour faire progresser la recherche sur les microbicides et les autres méthodes contraceptives dont les femmes ont le contrôle, les tests de dépistage moins coûteux, les traitements à dose unique et les vaccins.

En ce qui concerne les adolescents, le texte recommande notamment aux pouvoirs publics de reconnaître et promouvoir le rôle central de la famille, des parents et tuteurs dans l'éducation des enfants et la formation des systèmes de valeurs. Les pouvoirs publics devraient faire en sorte que les adolescents reçoivent les conseils et les services sanitaires qui leur permettent de prendre des décisions concernant leurs besoins dans le domaine de la santé en matière de sexualité et de reproduction, notamment pour réduire le nombre des grossesses chez les adolescentes.

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Ceci doit se faire en tenant dûment compte des droits, devoirs et responsabilités des parents et dans le respect des valeurs culturelles et des croyances religieuses des adolescents. Le texte appelle entre autres, les pays à supprimer les obstacles juridiques, réglementaires et sociaux qui empêchent les adolescents d'être informés et soignés sur le plan de la santé en matière de reproduction.

S'agissant du partenariat et des collaborations, les gouvernements sont notamment encouragés à faciliter la participation de la société civile aux débats d'orientation au niveau national et à l'élaboration, à la mise en oeuvre, au suivi et à l'évaluation des stratégies et programmes conçus pour atteindre les objectifs du Programme d'action. Il est dit que les gouvernements, la société civile et le système des Nations Unies devraient développer leur collaboration et leur coopération en vue de favoriser un climat propice aux partenariats aux fins de la mise en oeuvre du Programme d'action. Tout comme aux gouvernements, il est recommandé aux organisations de la société civile de se doter de mécanismes propres à assurer la transparence et à permettre les contrôles afin que les fonds alloués visent effectivement à financer les programmes et activités liés au Programme d'action. Les gouvernements, les organisations internationales et les organisations de la société civile sont également encouragés à établir des partenariats avec le secteur privé et le secteur non structuré, afin de renforcer leur engagement et leur collaboration aux fins de l'application du Programme d'action. Il est recommandé au secteur privé de veiller à mener les activités de façon socialement responsables, dans le respect des cultures et de respecter entièrement les diverse religions, les valeurs éthiques et les héritages culturels de la population de chaque pays.

Mobilisation des ressources

Ce chapitre souligne que les ressources financières versées par les pays donateurs n'ont pas été à la hauteur des engagements pris au Caire et qu'il est urgent que ces pays intensifient leurs efforts afin de répondre aux besoins en ce qui concerne les ressources extérieures complémentaires pour la mise en oeuvre des éléments du Programme d'action, dont le coût a été chiffré à 5,7 milliards de dollars en l'an 2000; 6,1 milliard en 2005; 6,8 milliards en 2010; et 7,2 milliards en 2015. Par ailleurs, les pays donateurs sont instamment priés d'accroître substantiellement le montant des ressources allouées au titre de l'aide publique au développement pour d'autres éléments du Programme d'action et d'intensifier leurs efforts afin d'aider les pays à éliminer la pauvreté. Ils doivent aussi d'urgence s'efforcer d'atteindre l'objectif convenu pour l'aide publique au développement, à savoir 0,7% du Produit national brut. Ils sont par ailleurs, encouragés, avec les pays en développement, à examiner en détail l'application de l'Initiative 20/20.

( suivre)

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Afin d'accroître les ressources financières, le texte encourage aussi les gouvernements et la communauté internationale à promouvoir l'adoption de moyens et mécanismes supplémentaires. Ainsi il faudrait notamment recourir aux activités de plaidoyer en faveur d'un financement accru de la part des institutions financières internationales et des banques régionales de développement; à la tarification sélective des services fournis, vente subventionnée, participation aux coûts et autres formes de recouvrement des coûts; et à la participation accrue du secteur privé. Il conviendrait également selon le texte, d'envisager la possibilité d'adopter des mécanismes pour régler le problème de la dette, y compris l'allégement de la dette extérieure au moyen de diverses mesures telles que la remise de la dette ou la conversion de la dette en investissements dans les secteurs de la population, de la santé et autres domaines sociaux. Le texte invite, par ailleurs, les pays en développement, les pays développés et les pays à économie en transition à promouvoir la coopération internationale et à développer la coopération technique et le transfert de technologie par le biais de la coopération sud-sud afin d'appliquer pleinement le Programme d'action. Les pays donateurs et les institutions financières internationales sont priés d'appuyer l'inclusion d'éléments sud-sud dans les programmes et projets de coopération en matière de développement, afin de promouvoir leur rentabilité et leur durabilité.

Déclaration du Président du Comité ad hoc plénier

M. ANWAURL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh), Président du Comité ad hoc plénier de la session extraordinaire : le Comité ad hoc plénier a repris le processus là où l'avait laissé le Comité préparatoire. A la fin de ses travaux le 29 juin, les paragraphes les plus difficiles étaient toujours en suspens, malgré les efforts inlassables en vue de parvenir à un consensus en Comité préparatoire. J'ai le plaisir de vous faire part maintenant du fait que nos efforts ont été couronnés de succès, un grand succès. La participation des délégations aux négociations sur les questions en suspens a été très active et celles-ci n'ont épargné aucun effort pour parvenir à un résultat tangible. Leur engagement a été intense et elles ont fait preuve d'une volonté sans pareil. L'obtention d'un consensus a été extraordinairement difficile mais le résultat est satisfaisant. Nous sommes parvenus à construire sur les fondations jetées au Caire en 1994.

Alors que nous nous heurtions constamment aux questions controversées, nous étions hantés par le spectre de la session extraordinaire sur "Rio+5" en 1997. Beaucoup craignaient que nos efforts n'aboutissent pas. Heureusement, cette fois, les choses ont tourné autrement. Nous avons un document tourné vers l'avenir, qui réaffirme nos engagements, fait le bilan de nos efforts et donne une direction quant à la voie à suivre pour réaliser davantage. Par dessus tout, il renforce la volonté de faire face aux plus grandes difficultés auxquelles l'humanité est confrontée pour assurer une meilleure vie à tous.

( suivre)

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Un élément qui a contribué à ce succès est la transparence totale des négociations. Nous avons fait des progrès sur les principaux fronts en renouvelant nos engagements. Nous avons mis en avant la nécessité de progresser en ce qui concerne l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes. Nous avons ardemment défendu les droits des femmes. Nous nous sommes prononcés pour que soit mis fin à la discrimination à l'égard des petites filles. La question des mesures nécessaires pour prévenir la propagation de VIH/sida a été largement couverte. Les besoins des jeunes ont été traités davantage en profondeur. Nous avons reconnu que nous pouvons clairement tirer des bénéfices d'un partenariat avec le secteur privé et de la collaboration avec la société civile. Nous avons renouvelé nos engagements en ce qui concerne la mobilisation des ressources. Nous avons non seulement réaffirmé les buts et objectifs fixés au Caire, mais nous les avons aussi développés plus avant en vue de leur application pleine et effective.

Nous disposons d'un document qui peut orienter la poursuite de la réalisation de la tâche difficile que nous nous sommes fixés. Nos réalisations ont suscité beaucoup d'enthousiasme et d'aspirations. Nous sommes convaincus que ce processus donnera une nouvelle vigueur à l'élan qui est né au Caire. Dans le passé, nos progrès ont souvent été entravés par l'écart entre nos anticipations et la réalité. Nous espérons que l'expérience ne se répétera pas et que nos programmes ne souffriront pas de l'assèchement des ressources. Nous avons entendu au cours du débat en plénière les délégations faire part de leur engagement politique à poursuivre le processus. Nous sommes confiants que c'est le début d'un processus dont l'élan se renforcera au cours des prochaines années. Nous nous reverrons tous en 2004.

Explications de position

Le représentant de l'Argentine a déclaré que le texte des principales mesures est axé sur certains aspects spécifiques et met de côté d'autres aspects du Programme d'action. L'Argentine émet des réserves au sujet des notions de santé en matière de reproduction, de sexualité et de droits en matière de reproduction. On ne peut admettre que ces notions englobent l'avortement. Le droit à la vie commence dès la conception et se poursuit jusqu'à la mort, au terme naturel de l'existence. L'Argentine émet une réserve au sujet des notions de santé en matière de sexualité et de santé en matière de reproduction qu'elle entend dans le cadre de la santé de la personne tout entière. L'Argentine émet également des réserves au sujet des expressions "contraception", "planification familiale", de même que sur l'inclusion de l'"IVG". Les applications pratiques de ces notions ne peuvent s'entendre que dans les limites établies par la Constitution nationale.

( suivre)

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Le représentant a rappelé les devoirs et responsabilités des parents en ce qui concerne l'éducation de leurs enfants et notamment en matière de sexualité. L'Argentine émet une réserve sur la planification familiale, qui doit être fondée sur le respect mutuel des conjoints. L'Argentine signale que le document ne fait pas état de la nécessité de renforcer la famille, bien que ce soit un élément essentiel du développement. L'expression "mise à disposition de services de planification familiale de qualité" doit s'entendre comme excluant toute forme de contrainte, d'incitation, de dissuasion. Les réserves formulées se fondent sur la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Convention relative aux droits de l'enfant, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention américaine des droits de l'homme.

Le représentant du Soudan a indiqué que son pays s'associait au consensus mais continuerait à appliquer les recommandations du Programme d'action et du texte adopté ce soir conformément à ses lois nationales, ainsi qu'à ses valeurs religieuses, éthiques et culturelles et aux droits des l'homme internationalement reconnus. En outre, pour le Soudan, l'avortement ne peut en aucun cas être promu comme méthode de planification familiale.

Le représentant du Guatemala a fait une réserve similaire à celle faite lors de l'adoption du Programme d'action au Caire. Le Guatemala se joint au consensus sans pour autant souscrire aux dispositions qui ne sont pas conformes à ses lois nationales.

Le représentant du Nicaragua s'est joint au consensus en réaffirmant les réserves émises au Caire. Il a indiqué que son pays formulait une réserve sur l'utilisation dans le texte des termes "méthodes utilisées par les femmes", "méthodes peu connues ou sous-utilisées" et "toute la gamme de services de planification familiale" qui ne peuvent en aucun cas impliquer l'avortement ou l'interruption de grossesse. L'éducation des enfants est un droit prioritaire des parents au Nicaragua, a-t-il indiqué. Il a encore précisé que le Nicaragua accepte le terme "genero" pour autant qu'il désigne exclusivement les hommes et les femmes.

Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a déclaré que l'application des dispositions du Programme d'action du Caire et du texte adopté ce soir doit se faire en conformité avec les lois nationales et les priorités des pays en matière de développement, et dans le respect de leurs valeurs éthiques et culturelles. La Jamahiriya arabe libyenne émet une réserve générale sur toute disposition qui serait contraire aux dispositions de la Charia islamique ou de toute loi nationale.

( suivre)

- 14 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Elle réaffirme les réserves émises lors de la CIPD et émet une réserve spéciale sur le paragraphe 41 (qui évoque les droits en matière de reproduction), estimant que les droits fondamentaux sont uniquement ceux stipulés dans les instruments relatifs aux droits de l'homme internationalement acceptés. En ce qui concerne les droits des adolescents, la Jamahiriya arabe libyenne accepte la formule de la CIPD, notamment ce qui est dit à propos des croyances et valeurs culturelles des pays et rejette tout ce qui s'en écarte.

Le représentant du Koweït a réaffirmé son appui au document adopté. Le Koweït soutient tous les aspects positif de ce document dans l'intérêt de l'épanouissement de l'être humain. Mais le Koweït émet aussi des réserves sur tout ce qui pourrait être contraire à la Charia, la loi islamique, notamment au chapitre 5 du document.

Le représentant de Malte a dit que son pays appuyait fermement ce document. En s'associant au consensus, Malte tient cependant à émettre des réserves sur ce tout ce qui concerne l'avortement, le Gouvernement maltais n'ayant aucune intention de faire de cette procédure quelque chose de légal dans la régulation des naissances.

Le représentant de la Chine a dit que la session extraordinaire vient d'adopter des mesures qui méritent des félicitations en matière de population. La Chine pense cependant que la mise en oeuvre du Programme du Caire exige le plein respect de la souveraineté des Etats et une large collaboration de la communauté internationale, notamment en matière de ressources. La population du monde atteindra bientôt les 6 milliards d'habitants, et tous les pays devraient respecter les droits de l'homme, qui commencent par le droit à la survie et au développement. Nous sommes le pays le plus peuplé du monde, et sommes disposés à continuer notre collaboration avec les institutions internationales en vue de faire partager notre expérience en matière de population.

Le représentant de l'Egypte a réitéré la réserve faite par son pays lors de la Conférence du Caire en 1994 sur l'expression "couples et individus". Sa délégation souhaite la suppression du terme "individu", car toutes les questions relevant du Programme d'action doivent être réglées harmonieusement dans le cadre de la famille.

Le représentant du Qatar, se référant au paragraphe 5 du rapport du Comité ad hoc plénier, a déclaré que son pays ne saurait admettre aucune notion qui transgresserait la loi islamique ou la constitution du pays. Par ailleurs, l'expression "gender" signifie homme et femme et rien de plus.

Le représentant du Yémen, se félicitant des efforts consentis pour parvenir au consensus, a affirmé son soutien au document final et aux aspects positifs qu'il contient en ce qui concerne le développement. Le représentant a réaffirmé les réserves faites par son pays lors de la Conférence du Caire.

( suivre)

- 15 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Il a également réitéré la conviction que le Yémen parviendra à la réalisation des objectifs fixés dans le document, qui ne peuvent toutefois enfreindre la loi islamique et les normes de la société yéménite.

Le représentant de l'Iran, tout en s'associant au consensus, a émis une réserve sur toute disposition qui favoriserait des rapports sexuels en dehors des liens du mariage. Par ailleurs, les relations sexuelles s'entendent exclusivement comme des relations entre un homme et une femme.

Le représentant de la Jordanie a apprécié les efforts du Comité ad hoc plénier ayant pour objectif de parvenir au consensus. Il a déclaré que son pays interprétera les dispositions du texte comme devant respecter les droits et lois de chaque pays.

Le représentant des Emirats Arabes Unis a déclaré que son pays s'oppose à tout ce qui est contraire à la religion islamique.

Le représentant du Maroc a estimé que la définition de la famille doit être très claire. La définition de la famille c'est le mariage. Tout quiproquo doit être élucidé. C'est pourquoi ma délégation émet des réserves.

Déclarations générales

La représentante des Etats-Unis a déclaré qu'en mettant au point le document adopté aujourd'hui, les délégués ont apporté chacun le fruit des expériences nationales et des efforts de leurs pays depuis 1994. Nous nous sommes mis d'accord sur la manière dont nous pouvons continuer de bâtir nos actions sur ces expériences et rendre nos efforts encore plus effectifs. Nous avons posé des jalons et des normes en vue de pousser plus avant nos efforts dans les domaines de l'éducation, de la mortalité maternelle, du planning familial et de la lutte contre le VIH/sida. Nous venons indéniablement de réaffirmer notre volonté politique et notre engagement à respecter l'agrément que nous avions atteint au Caire. Nous savons que cet engagement renouvelé doit s'accompagner de ressources financières , et j'aimerais déclarer que si les Etats-Unis n'ont pas approuvé les objectifs d'assistance au développement figurant au paragraphe 69 du rapport, nous espérons augmenter notre assistance au cours des années qui viennent.

Le représentant de l'Australie a déclaré que son pays appuyait fermement les recommandations et mesures contenues dans le document adopté . Le programme d'aide australien ne financera cependant pas l'avortement à travers les mesures proposées.

( suivre)

- 16 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Le représentant du Saint-Siège a déclaré que sa délégation s'est associée avec réserves au consensus qui a mené au document adopté. Mais le Saint-Siège me modifie en rien ses positions sur l'avortement. Il souhaite présenter sa compréhension de ce document : nous pensons que les termes de santé en matière de sexualité et de reproduction se situent dans le cadre des règles qui président aux relations entre hommes et femmes dans les règles bien définies du mariage. Les techniques de planning familial qui ne respecteraient pas l'aspect sacré de la vie et de la personne ne sont acceptables et le Saint-Siège émet de fortes réserves sur ce point. En ce qui concerne le terme "couple", le Saint-Siège le comprend comme une relation exclusivement homme-femme. Le Saint Siège d'autre part, estime que les droits des parents à guider l'éducation de leurs enfants me doivent pas être remis en question et réaffirme qu'il n'acceptera pas la notion d'avortement dans le domaine de la santé de la reproduction.

Examen et évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement

Fin du débat

M. CHA HEUNG-BONG, Ministre de la santé et du bien-être de la République de Corée : bien que son pays ait achevé avec succès le processus de transition démographique en maintenant un taux de fertilité à 1,7% depuis 1997, de nouveaux défis ont surgi, au nombre desquels figure un taux élevé d'avortements à risques. Il en découle un surplus de problèmes sexuels chez les jeunes et dans une certaine mesure la désintégration des familles concernées. Nous pensons qu'une nouvelle politique nationale en matière de population, adoptée à temps, répondra de manière appropriée aux nouveaux défis auxquels le pays est confronté. En application de cette nouvelle politique, le Gouvernement a promulgué une loi pour la promotion de la santé, en mettant l'accent sur la santé génésique. Considérant les dimensions des soins de santé génésique, la République de Corée estime qu'il est impératif de créer des systèmes de santé au niveau national, qui pourraient offrir un ensemble de services, y compris dans les domaines de la planification familiale, des grossesses sûres, ainsi que dans celui de la prévention et du traitement des maladies sexuellement transmissibles. Dans ce contexte, le Gouvernement assure un projet de démonstration en matière de santé maternelle et infantile dans 23 centres de santé publique. Pour faire face au taux de croissance des jeunes, nous devons nous doter de services de santé génésique appropriés. Des programmes d'éducation sexuelle sont intégrés dans les écoles pour prévenir les grossesses précoces et la violence sexuelle et les rendre plus responsables. Une série de mesures législatives a été prise pour assurer la protection des femmes contre la violence sexuelle et dans les familles, pour promouvoir leur participation active dans la société et pour augmenter leurs chances sur le marché du travail. Une attention particulière est accordée aux groupes les plus vulnérables, notamment les personnes âgées, les handicapés et les chômeurs qui bénéficient des services de santé de base et de santé génésique.

( suivre)

- 17 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Fermement convaincue que parmi les nombreux aspects de la coopération Sud-Sud la question de la population est d'une importance particulière dans la mesure où elle est étroitement liée à la structure socioéconomique des pays, la République de Corée met en oeuvre des programmes de coopération liés à la population par le biais de l'Agence coréenne pour la coopération internationale. Dans ce contexte, la République de Corée continuera d'établir des partenariats constructifs avec les pays en développement pour mettre en oeuvre le Programme d'action du Caire.

M. ABDOULAYE ABDOULKADER CISSE, Ministre délégué auprès du Ministre de l'économie et des finances chargé du développement économique du Burkina Faso: compte tenu du faible niveau de développement humain au Burkina Faso, le Gouvernement burkinabé s'est fortement inspiré du Programme d'action du Caire ainsi que de ceux issus des autres grandes conférences internationales pour la formulation des politiques et stratégies de développement du pays. Ainsi, en octobre 1995, le Gouvernement a adopté la lettre d'intention de politique de développement humain durable dont la finalité est de centrer la stratégie de développement du pays sur le concept de sécurité humaine. Il s'agit en l'occurrence de la sécurité économique; la sécurité sanitaire entendue comme l'accès à moindre coût aux soins de santé primaires, notamment aux services de santé de la reproduction, y compris la planification familiale; la sécurité alimentaire, la sécurité environnementale; et la sécurité individuelle et politique par l'instauration d'une bonne gouvernance mettant en oeuvre de nouveaux principes organisationnels et administratifs qui garantissent une plus grande participation des population, en particulier celle des femmes, au processus de développement.

Malgré les importants efforts consentis et en dépit de la volonté politique, les défis à relever demeurent importants. La principale contrainte qui s'oppose à la réalisation des buts des programmes démographiques est sans conteste le manque de ressources financières dans de nombreux pays en développement, notamment en Afrique. Nous saluons l'initiative d'allégement de la dette en faveur des pays pauvres très endettés et la récente décision d de la dette prises par le G8 à Cologne.

Près de 50% de la population burkinabé a moins de 20 ans. En raison de l'activité sexuelle précoce, les jeunes sont exposés à de nombreux risques, tels que des grossesses non désirées, les maladies sexuellement transmissibles et le sida, et les avortements clandestins. Ces cas sont si nombreux qu'ils constituent aujourd'hui un problème de santé publique.

D'importants efforts financiers ont été consentis pour la mise en oeuvre des programmes démographiques. Toutefois, les besoins financiers demeurent encore importants, notamment dans les pays en développement. Bien évidemment, il revient à ses pays de développer des initiatives pertinentes pour mobiliser plus de ressources et en assurer une meilleure utilisation pour le développement social.

( suivre)

- 18 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Mais, il est nécessaire, compte tenu de la modicité des ressources de nos Etats, que les pays donateurs et les institutions financières internationales nous accompagnent dans la réalisation de nos programmes démographiques.

M. CHAPSON BUTALE, Ministre de la Santé du Botswana : le Gouvernement du Botswana attache une grande importance à la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire. Il faudra que la communauté internationale fasse preuve d'une véritable volonté politique et favorise le développement de partenariat. Il faudra en outre qu'elle aide à la mobilisation des ressources nécessaires afin de trouver des solutions durables aux problèmes liés à la santé et au développement. Depuis la conférence du Caire, le Botswana s'est engagé dans la voie d'une politique nationale sur la population qui reconnaît le lien étroit entre les questions de développement et de population. Le Botswana a mis en place un programme de diversification économique qui devrait lui permettre de pleinement mettre en oeuvre des stratégies relatives à la population et au développement. Le Botswana a une population jeune, puisque les 44% de celle-ci a moins de 15 ans. De plus, sa croissance démographique est importante. Un programme de planification familiale a été mis en place et a permis de réduire le taux de fertilité. Le Gouvernement est en train de reformuler le Programme de santé pour les mères et les enfants et de planification familiale. Le Botswana reconnaît que les hommes doivent participer davantage aux activités ayant trait à la santé en matière de reproduction.

Le Gouvernement, en investissant dans le secteur de la santé, a permis que des progrès soient faits dans le domaine de la mortalité et plus particulièrement celle des enfants en bas âge. L'épidémie du VIH/sida continue de frapper la population. Afin de répondre à ce problème, le Gouvernement a mis en place plusieurs structures dans le cadre d'une politique nationale multisectorielle sur le sida. Le Botswana reconnaît le rôle que jouent les femmes dans le développement. Une politique visant une participation plus active des femmes aux activités de développement est mise en oeuvre afin de promouvoir leur intégration dans le processus de développement. Des obstacles législatifs et socioculturels perdurent cependant et il est nécessaire de les faire disparaître afin de promouvoir le rôle des femmes.

Les questions relatives à la jeunesse sont au centre des programmes de développement du pays. Une politique nationale pour la jeunesse a été définie, et porte essentiellement sur la santé des adolescents en matière de reproduction, la création d'emplois, et la formation des jeunes. Le Botswana est fier de son système éducatif auquel ont accès gratuitement tous les enfants au niveau primaire et secondaire. L'emploi et la pauvreté restent les deux plus importants problèmes auxquels doit faire face le Botswana. Le Botswana poursuit activement des stratégies visant la création durable d'emplois et la réduction de la pauvreté. Il reste plus que jamais engagé à atteindre les objectifs fixés dans le Programme d'action du Caire.

( suivre)

- 19 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

M. SIMFEITCHEOU PRE, Ministre de la planification et du développement du Togo : en dépit des nombreuses difficultés que rencontrent les pays en développement, il ne serait pas exagéré d'affirmer que les actions entreprises dans le cadre du Programme d'action du Caire commencent à donner des résultats encourageants. Avec l'appui de ses partenaires au développement, notamment les institutions des Nations Unies, le Togo s'est engagé résolument dans le processus de lutte contre la pauvreté en intégrant la population dans tous les programmes de développement. A cet égard, le Togo a adopté un certain nombre de mesures dont une politique nationale de population, une loi interdisant les mutilations génitales des femmes et la mise en place d'organes de suivi des politiques et programmes en matière de population. Le Gouvernement a également procédé à une réforme du système de santé, en créant des services d'éducation et de santé génésiques dans les établissements scolaires. La promotion de l'éducation des filles a été renforcée.

L'enquête démographique et de santé conduite en 1998 a permis de déterminer que le taux de croissance de la population a connu une baisse sensible et est passé de 3,2% en 1988 à 2,4% en 1998. Pour la même période, de 6,6 enfants par femme, on est passé à 5,4. Le taux de la mortalité infantile a également diminué de manière remarquable. Dans ce contexte, et au vu des efforts accomplis et des actions restant à engager dans le domaine de la population, le Togo apprécierait hautement les appuis de tous genres que les partenaires au développement pourraient lui apporter pour la poursuite des programmes destinés à améliorer les conditions de vie des populations.

M. POUL NIELSON, Ministre de la coopération pour le développement du Danemark : comment répondons-nous aux besoins des adolescents ? Certains disent qu'il est du ressort des parents de leur donner l'information nécessaire et de les diriger vers les services adéquats afin qu'ils puissent prendre de bonnes décisions en matière de santé sexuelle et reproductive. Or, de nombreux parents ne le font pas, ou pas assez bien. Les ravages du VIH/sida chez les jeunes, le nombre croissant de très jeunes femmes enceintes et le nombre d'avortements illégaux ou dangereux en sont autant de preuves. Au Danemark et dans les pays nordiques, le nombre de grossesses adolescentes et de cas de maladies sexuellement transmissibles ont sensiblement diminué grâce à une éducation sexuelle de qualité et un accès facile aux moyens de contraception. Ces méthodes ne peuvent peut-être pas être appliquées dans des pays de culture et de religion différentes, mais certains principes peuvent être respectés partout, comme par exemple celui de la reconnaissance des droits des adolescents.

Que faisons-nous pour lutter contre l'épidémie de sida ? Problème largement sous-estimé en 1994, le virus affecte 46 millions de personnes dans le monde, et environ 14 millions en sont mortes. Les jeunes, et tout particulièrement les jeunes filles de l'Afrique sub-saharienne sont très exposés.

( suivre)

- 20 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Il est grand temps de se rendre compte que les jeunes sont actifs sexuellement et de reconnaître que leur comportement sexuel futur sera décisif dans la lutte contre l'épidémie. C'est pourquoi, les Gouvernements, avec l'aide de la communauté internationale, doivent redoubler d'efforts pour combattre ce fléau, en commençant par lancer des campagnes claires et directes à l'intention des adolescents.

Comment réduire le fort taux de mortalité maternelle ? En 1998, plus d'un demi million de femmes sont mortes des suites de complications liées à la grossesse. Pour faire face à ce problème, il ne suffit pas d'améliorer l'information des couples et leur accès au planning familial. Il faut installer des services de santé génésique dans les campagnes, avec des moyens de transports suffisants et des équipements de qualité. Le taux de mortalité maternelle est étroitement lié aux conditions de vie des femmes. Il est à cet égard indispensable de réduire les inégalités entre hommes et femmes en facilitant notamment l'accès des filles à l'école, même si elles sont enceintes. La responsabilisation des hommes est aussi essentielle. Des moyens financiers suffisants sont par ailleurs indispensables à la mise en oeuvre des engagements du Caire. Les pays donateurs et ceux en voie de développement doivent se mobiliser pour consacrer plus d'argent aux programmes de développement.

M. MAKHDOOM MUHAMMAD JAVED HASHMI, Ministre de la santé et du bien-être du Pakistan : le Pakistan, septième pays le plus peuplé du monde, s'efforce de mettre en oeuvre les engagements du Caire. Les mesures engagées visent notamment à harmoniser progressivement la planification familiale avec les services de santé reproductive. Le secteur privé et les organisations non gouvernementales sont invités à contribuer à tous les domaines du développement social. Pour ce qui est de la promotion de la femme, le Pakistan a adhéré en 1996 à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et un plan d'action national pour les femmes a été lancé par le Premier Ministre en mars 1998. En matière démographique, le taux de fécondité a baissé, le recours aux moyens de contraception est de plus en plus fréquent, les taux de mortalité maternelle et infantile ont sensiblement reculé. En dépit de ces progrès, les 134 millions d'habitants qui peuplent aujourd'hui le Pakistan constituent un défi permanent pour les autorités. Au rythme actuel, la population pourrait en effet doubler en 29 ans. Les ressources manquent pour mettre en oeuvre des politiques efficaces et l'aide internationale a beaucoup diminué. Malgré les efforts en cours, la population mondiale devrait atteindre 7 à 7,5 milliards en l'an 2015. Depuis 1994, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté ne cesse d'augmenter, et 4,4 milliards de personnes vivant dans les pays en développement ont une espérance de vie ne dépassant pas 40 ans.

( suivre)

- 21 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Le Pakistan est le pays au monde qui reçoit le plus grand nombre de réfugiés, lesquels, faute de ressources, ne peuvent avoir qu'un accès limité aux services de base. Le Pakistan se joint à l'appel de l'Assemblée générale demandant que des services sociaux et de santé, notamment génésique, soient mis à la disposition des réfugiés, mais fait toutefois remarquer que cela requiert un investissement humain et financier très lourd. De fait, les pays en développement ne peuvent mettre en oeuvre les engagements pris au Caire sans le soutien de la Communauté internationale.

Mme KATRIN SAKS, Ministre sans portefeuille des affaires ethniques de l'Estonie : la population est la ressource la plus précieuse de chaque nation, et plus particulièrement pour les nations qui ne possèdent pas de ressources naturelles importantes, comme c'est le cas de l'Estonie. Au cours des dix dernières années, la population de l'Estonie a diminué de 7%. Les prévisions indiquent que dans 25 ans, si les tendances actuelles se poursuivent, il y aura 12% d'habitants en moins en Estonie. Il est clair que les changements de l'environnement socio-économique ont influencé le processus démographique en Estonie. Malgré la diminution de sa population, la priorité du Gouvernement n'est pas axée sur l'accroissement du nombre des naissances mais vise plutôt l'amélioration du niveau de vie et du bien-être de la population. Une enquête menée avec l'appui du PNUD montre que les familles ayant des enfants sont le groupe le plus vulnérable et le plus touché par la pauvreté. 48% des enfants ayant moins de 10 ans et 44% des enfants entre 10 et 19 ans vivent dans la pauvreté. Il est urgent d'agir afin d'améliorer les conditions de vie des enfants et d'assurer que chaque enfant ait la possibilité de développer pleinement son potentiel. Le futur de la société dépend de ce que l'on fait aujourd'hui pour les enfants.

Chaque individu a le droit d'exploiter le meilleur de lui-même. L'éducation est, bien entendu, une priorité du Gouvernement de l'Estonie. Le niveau d'éducation de la population est élevé en Estonie. Une femme sur cinq et un homme sur sept, entre 20 et 60 ans, ont un diplôme universitaire. Le nombre d'étudiants augmente chaque année. Obligatoire en Estonie, l'éducation élémentaire est garantie pour les enfants jusqu'au niveau secondaire. Des décisions récentes du Gouvernement de l'Estonie ont permis d'accroître le nombre de garderies pour les enfants et d'apporter une aide financière aux mères. La participation des femmes au monde du travail est semblable à celle des hommes. 83% d'hommes et 76% de femmes en âge de travailler ont un emploi. Créer les conditions d'une vie familiale saine et permettre le développement de chaque personne reste prioritaire pour l'Estonie.

M. ABDULLAH TARMUGI, Ministre pour le développement communautaire de Singapour : à son indépendance en 1965, Singapour avait un taux de chômage d'environ 10% et un avenir incertain. Le PNB était faible, le taux de mortalité infantile élevé. Le Gouvernement décida ensuite de limiter la croissance démographique figurant parmi la stratégie de développement.

( suivre)

- 22 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Notre politique démographique actuelle est favorable à la famille et offre un soutien solide aux mères qui travaillent. Nous sommes conscients des difficultés des femmes qui travaillent et doivent jongler entre leurs différents rôles de travailleuses, mères et épouses. Afin de les aider, nous avons introduit des mesures fiscales qui leur sont favorables.

Singapour offre des services de planification familiale complets au public. L'amélioration des services de santé génésique au fil des ans a eu des résultats tangibles. La mortalité maternelle est tombé de 4 pour 10 000 naissances en 1965 à 1 pour 10 000 en 1998. La mortalité infantile est passée de 26 pour 1000 naissances en 1965 à 4 pour 1000 naissances en 1998. De plus, l'éducation sexuelle fait partie du programme scolaire de tous les adolescents. La plus haute priorité doit être accordée aux investissements dans l'éducation et la formation. Une attention particulière doit être accordée aux jeunes. Une part importante des ressources nationales de Singapour va à son système éducatif.

L'un des défis que Singapour doit affronter est le vieillissement de la population. La proportion des personnes âgées de plus de 65 ans passera de 7% en 1998 â 19% de la population en 2030. Dans le même temps, le nombre et la proportion des plus jeunes et de ceux en âge de travailler va diminuer en raison d'une baisse de la fertilité.

Les négociations sur le texte que nous allons adopter aujourd'hui sur la poursuite de l'application du Programme d'action du Caire ont été difficiles. Le Programme d'Action du Caire et le document que nous allons adopter aujourd'hui serviront de guides pour les questions démographiques de chaque gouvernement et leur permettra d'atteindre une croissance économique et un développement durables. Le nouveau document servira de manuel supplémentaire pour nos efforts nationaux. Il doit compléter nos efforts de parvenir aux objectifs du Caire. Nous avons chacun notre part de responsabilité et un intérêt commun à parvenir aux objectifs fixés au Caire.

MME DZHAGANOVA, Présidente de l'Agence pour les migrations et la démographie du Kazakhstan : cinq ans après la Conférence, des progrès importants ont été réalisés par de nombreux pays. Le Kazakhstan a pris une série de mesures, en application des engagements exprimés au Caire. La politique nationale en matière de santé a permis d'améliorer les services de santé de base et de santé génésique. En conséquence, les femmes peuvent désormais faire des choix. Comme la plupart des pays en transition, le taux de natalité a décliné sensiblement. Le taux des divorces des jeunes couples a augmenté et contribue de ce fait à la baisse du taux de fertilité. Le recours aux différentes méthodes de contraception ne favorise pas non plus une stabilité du taux de fertilité. Le taux de mortalité chez les femmes est plus élevé que chez les hommes. La fuite des cerveaux kazakhs devient plus fréquente. Ces dernières années, le pays a perdu plus d'un million de personnes.

( suivre)

- 23 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Les conditions environnementales ont des incidences négatives sur la santé de la population, notamment dans la région de la Mer d'Aral. L'anémie affecte 49% des femmes en âge de procréer. Le Kazakhstan ne pourra faire face seul à ces nombreux problèmes. C'est pourquoi, il est essentiel que la communauté internationale l'assiste dans la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire.

M. DALIT EZHILMALAI, Ministre d'Etat de la santé et du bien-être familial de l'Inde : l'Inde a mis en place un Programme national de planification familiale dès 1951. Ce programme et les efforts du gouvernement ont visé à assurer des services et à encourager les Indiens à en bénéficier par le biais de l'information, de l'éducation et de la communication. Les programmes ont été réorganisés dans un ensemble global de santé génésique et de santé infantile, qui insiste sur l'approche holistique à l'égard des besoins en santé génésique. Ils visent également à placer la qualité des services et la satisfaction des bénéficiaires au centre des priorités. Dans le cadre du Programme d'action du Caire, l'Inde a réalisé d'importants progrès visant à réaliser les objectifs en matière de santé infantile et de santé génésique. Fondé sur une approche de santé publique, le programme de santé infantile et génésique vise à assurer une couverture maximale et à promouvoir l'équité en améliorant l'accès et en offrant des choix, en particulier pour les femmes, les adolescents et les groupes les plus vulnérables. Ce programme vise à faire participer les partenaires de la société civile aux efforts d'appuis à la décentralisation et à la planification dans les domaines bien définis. Un des succès du programme de bien-être familial a été la décision courageuse de retirer le système de contrôle des programmes de bien-être familial en insistant sur la qualité des soins et des services de santé génésique essentiels. Le schéma de la croissance et de la structure démographiques souligne la nécessité d'axer les efforts sur les besoins des jeunes et des personnes âgées.

M. ISIMELI JALE COKANASIGA, Ministre de la santé de Fidji : Fidji s'associe à la déclaration qui a été faite au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Les politiques en matière de population sont partie intégrante du développement. Les progrès faits pour atteindre les objectifs du Programme d'action du Caire peuvent être jugés par deux indicateurs : l'espérance de vie et le taux de mortalité infantile. L'espérance de vie à Fidji est de 69 ans et on s'attend à ce qu'elle atteigne 75 ans en 2015. Le taux de mortalité infantile à Fidji est actuellement de 20 pour mille naissances. Le niveau de l'éducation a été amélioré. L'inscription dans les écoles primaires est de presque 100% des enfants tandis qu'environ 60% des enfants sont inscrits dans les écoles secondaires. Fidji reconnaît l'importance de la relation entre la population et le développement et a décidé de deux objectifs nationaux à atteindre. Le premier est d'assurer que la croissance de la population est compatible avec une amélioration durable du niveau de vie. Ceci est reflété dans les politiques en matière de santé de Fidji.

( suivre)

- 24 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Le second objectif est de donner à la population les capacités de répondre aux nouveaux besoins de l'économie. Fidji, avec l'aide de l'Organisation internationale pour le Travail (OIT), a établi un Programme intégré pour le développement des ressources humaines et pour la promotion de l'emploi. Le Programme inclut des formations dans des domaines clé comme l'hôtellerie ou le tourisme, l'agriculture, les pêcheries, et a pour but d'améliorer la productivité et la croissance économique.

Pour des pays en développement comme Fidji, il est nécessaire de répondre aux besoins des personnes vivant en dessous du niveau de pauvreté. Le Gouvernement de Fidji a mis en place des programmes dans le secteur informel et le secteur agricole, qui proposent des alternatives d'emploi indépendant pour ceux qui n'ont pas réussi à trouver un emploi dans le secteur formel. Le Plan national stratégique quinquennal pour les ressources humaines doit permettre de renforcer la capacité de disposer d'informations en matière de ressources humaines permettant d'identifier les tendances en matière d'offre d'emploi. Fidji accorde une grande importance à la promotion du droit des femmes. Fidji a ratifié la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en 1995. Fidji soutien la définition de la santé en matière de reproduction de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et reconnaît le droit des hommes et des femmes à avoir accès aux méthodes de contraception. Chaque individu doit avoir le droit de décider librement du nombre et de l'espacement de ses enfants. Fidji a établi des directives pour la santé en matière de reproduction dans le Plan national pour la santé pour 1998-2002. Le Gouvernement est conscient de la nécessité d'avoir des services médicaux accessibles à tous.

M. R.C. HOVE, Ministre, Commissaire de la planification du Zimbabwe : à la suite de la Conférence du Caire, le Zimbabwe a adopté une politique démographique exhaustive nationale. Cette politique a bénéficié de façon importante du Programme d'action du Caire sur le plan méthodologique et sur le fond. Après le Caire, le Zimbabwe a conclu son plan d'action à long terme, Vision 2020, et a élaboré sa stratégie de développement à long terme. De ce fait la population du Zimbabwe devrait se stabiliser et sa croissance devrait être inférieure à la croissance économique.

Dans la lutte contre la pandémie du VIH/sida, il est évident que les efforts pour prévenir les maladies sexuellement transmissibles, en particulier le sida, par un changement des comportements et la distribution des préservatifs, devient plus efficace. Toutefois, il faut prendre des mesures supplémentaires pour poursuivre la prévention dans ce domaine. Les programmes de santé génésique au niveau des soins de santé primaires incluent désormais des activités de prévention du VIH/sida. Le Zimbabwe fait également des progrès considérables dans sa lutte contre la pandémie du sida grâce à l'étude d'un programme complet sur la santé génésique des adolescents. Ce programme préparera les jeunes à une vie responsable, et visera à réduire les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida.

( suivre)

- 25 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

En ce qui concerne la promotion des femmes, une politique en faveur de l'égalité des sexes a été lancée et un Département sur ce sujet a été créé dans le Bureau du Président. 80% des femmes du Zimbabwe sont maintenant alphabétisées et leur représentation politique augmente. Dans le domaine du partenariat, il faudrait si l'on veut assurer de meilleures relations entre les gouvernements et les organisations non gouvernementales, que des directives opérationnelles plus efficaces soient conclues. Dans le domaine de la mobilisation des ressources, tous les efforts doivent être déployés pour parvenir aux objectifs fixés afin de ne pas faire marche arrière par rapport aux progrès déjà enregistrés.

M. OMKAR PRASAD SHRESTHA, Ministre de l'industrie du Népal : le Népal a pris de nombreuses initiatives ces cinq dernières années pour atteindre les objectifs de la Conférence du Caire, en dépit des contraintes qu'il connaît en tant que pays en développement enclavé. Le Gouvernement népalais a créé une Commission nationale de la population, ainsi qu'un ministère de la population et de l'environnement pour faciliter, coordonner et suivre les actions visant à intégrer les problèmes démographiques du pays dans ses politiques et programmes de développement. Des mesures législatives ont été prises pour promouvoir les femmes et assurer qu'elles défendent leurs droits génésiques. Une politique nationale de santé a été adoptée, qui reconnaît les droits de santé génésique des femmes, des adolescents et des jeunes. Le Népal a accordé une part plus importante de son budget national aux programmes du secteur social et, en particulier, aux soins de santé primaires et à l'éducation de base. Un cadre législatif est désormais en place pour promouvoir les communautés et organisations communautaires à gérer leurs ressources naturelles et leurs efforts de développement.

Les efforts du Népal ont donné des résultats encourageants. Les taux de fertilité et de mortalité ont baissé. Les services de santé sont devenus plus accessibles. Les femmes participent davantage au processus politique et leur représentation à la législature nationale a augmenté. En dépit de ces tendances positives, les indicateurs de développement humain et social sont encore parmi les plus faibles du monde. Le Népal estime que les principales mesures pour la poursuite de l'application du Programme d'action du Caire sont pratiques et vont de l'avant et méritent que nous les appuyons.

M. KIRSTI LINTONEN, Sous-Secrétaire d'Etat à la coopération au développement au Ministère des affaires étrangères de la Finlande : on ne peut ignorer le rôle crucial que la coopération internationale peut jouer pour garantir les services de base. La coopération internationale - multilatérale ou bilatérale - devient de plus en plus importante à mesure que le monde se rapproche, par le biais du renforcement des contacts et des communications entre les pays et les peuples, mais également par le biais de problèmes communs qui exigent une lutte commune, notamment les problèmes environnementaux à l'échelle mondiale. Il faut constamment garder à l'esprit la nécessité d'établir des priorités et de s'assurer que les efforts déployés au sein des différentes instances internationales soient cohérentes et coordonnées.

( suivre)

- 26 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

S'agissant des ressources, la Finlande souligne qu'elles sont vitales tant sur le plan national que sur le plan international pour réaliser les objectifs fixés au Caire et réaffirmés à la session extraordinaire de l'Assemblée générale. En assurant la promotion des objectifs définis au Caire, on ne peut que souligner le rôle essentiel des organisations non gouvernementales et de la société civile toute entière. Les meilleurs résultats et les plus durables en matière de développement ne peuvent être obtenus que lorsque les partenaires participent directement à la planification, à la mise en oeuvre et à l'évaluation de toutes les activités. Le développement durable ne peut se réaliser que sur la base de priorités et de programmes nationaux, en gardant à l'esprit les besoins des communautés locales et en mettant l'accent sur les besoins des groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. L'engagement des organisations non gouvernementales en faveur des jeunes est nécessaire dans la mise en oeuvre des plans d'action qui seront adoptées ici pour l'avenir. Concernant les programmes pour les adolescents - une des priorités de l'Union européenne dans le cadre de la présente session extraordinaire - il est clair que les jeunes souhaitent participer activement et directement à leur mise en oeuvre. Faisant observer que plus d'un milliard de jeunes aujourd'hui sont âgés entre 15 et 24 ans, la Finlande estime que l'éducation, la santé et les services de santé génésique détermineront l'avenir économique et social de tous les pays. A la clôture de cette session extraordinaire, outre la réaffirmation des principes établis par la Conférence du Caire, les délégations repartiront avec de nouvelles conclusions et un consensus sur les actions futures, en particulier, la santé sexuelle et génésique des adolescents, la mortalité maternelle, le VIH/sida et l'égalité des sexes.

M. THEODOROS KOTSONIS, Vice-Ministre de la santé et de la protection sociale de la Grèce : mon pays doit comme d'autres Etats européens faire face au vieillissement de sa population, ainsi qu'aux conséquences d'un faible taux de fécondité, de l'urbanisation accrue et des migrations internationales. C'est pourquoi, il est particulièrement important, en ces temps difficiles, de renforcer la cohésion sociale et d'élaborer des politiques de prévention des problèmes sociaux, tels que l'exclusion, la pauvreté et les inégalités de tout genre. Pour faire face aux difficultés présentes, il faut notamment tirer les enseignements donnés par des institutions, au premier rang desquelles la famille, qui nous ont permis de surmonter les obstacles rencontrés dans le passé. C'est pourquoi, dans nos politiques, nous cherchons toujours à renforcer ces institutions et dans tous les cas à ne pas les affaiblir. Nous nous concentrons également sur l'éducation et l'emploi, car ce sont deux domaines importants en matière d'intégration et de cohésion sociale. Notre région devant aujourd'hui subir les conséquences d'une dure crise, il est très important également de promouvoir le rétablissement, la restructuration et le développement rapides pour les populations de tous les pays affectés. C'est dans cette perspective que nous avons offert sept millions de dollars en aide humanitaire, en espèce et sous d'autres formes; une large part parvenant aux bénéficiaires par le biais des ONG.

( suivre)

- 27 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Au sein du pays, nous avons développé des mesures visant à améliorer la santé sexuelle et génésique, en mettant la priorité sur la planification familiale, la santé maternelle, la prévention et le traitement du VIH/sida, la santé reproductive des adolescents et l'éducation sexuelle. En raison de la forte mobilité des populations de notre région, nous avons lancé un plan de coopération entre les pays de l'Europe du Sud-Est, afin de créer un véritable rempart contre le sida. Nous avons également amélioré les bénéfices sociaux pour les familles. Grâce à notre système de santé national, nous continuons de fournir gratuitement des soins médicaux, pharmaceutiques et hospitaliers, ainsi que le libre accès au système éducatif public aux personnes immigrées, aux réfugiés et aux demandeurs d'asile. Cependant, nombre des problèmes auxquels nous sommes confrontés, tant au niveau local, régional, que national, ont en fait leurs racines au niveau international et mondial. Nous savons, par exemple, que les aspects positifs de la mondialisation pourraient être remis en question si nous ne promouvons pas des actions internationales concertées, une bonne coopération régionale et la volonté de penser au-delà de nos propres frontières.

M. VALERY PAVLOV, Premier Vice-Ministre du travail du Bélarus : depuis la Conférence du Caire en 1994, le Bélarus a, à tous les niveaux de son administration, accordé une attention particulière à la question du développement durable et aux problèmes de population. Un Comité national sur la population a été instauré en 1995 pour élaborer une politique démographique d'Etat et coordonner les activités au sein du pays. Après la tenue de la Conférence "Bélarus, trois ans après le Caire" en 1997, des normes et principes directeurs pour la conception et l'application de la politique démographique nationale ont été rédigées. Le passage à l'économie de marché au Bélarus s'est accompagné depuis 1993 d'une détérioration grave de la situation démographique. En réaction à la crise économique et à la diminution du niveau de vie, la population a modifié ses comportements démographiques, qui se traduisent désormais par une baisse des naissances et d'importantes migrations. Ce qui fait qu'au Bélarus la population diminue et continue de vieillir. Les conséquences désastreuses de la catastrophe de Tchernobyl ne doivent pas non plus être oubliées. C'est pourquoi, plus de 10 programmes d'Etat sont actuellement en place. Ils visent à renforcer le système de santé, la santé génésique de la population, la prévention du VIH/sida, la promotion de la femme, les conditions de vie de la famille, des jeunes et des personnes âgées, ainsi que l'assistance fournie aux réfugiés présents sur le territoire.

Atteindre les objectifs fixés par le Programme d'action du Caire exige des ressources internes et externes considérables, des mesures gouvernementales claires et des liens efficaces et transparents entre tous les partenaires. Nous partageons la préoccupation de nombreux Etats devant la diminution des ressources allouées aux fonds et programmes du système des Nations Unies.

( suivre)

- 28 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Les recommandations visant au renforcement de l'application du Programme d'action du Caire méritent d'être envisagées de manière positive et nous nous réjouissons tout particulièrement qu'il y soit fait mention du renforcement de la protection et de la dignité des personnes migrantes, de la prévention du trafic illégal des personnes, de la lutte contre le VIH/sida, de la situation de santé génésique des populations et de la mobilisation des ressources. Les événements internationaux récents montrent également l'importance énorme du maintien de la paix et de la sécurité internationales dans les problèmes de population et dans la mise en oeuvre du Programme du Caire en général. L'opération militaire de destruction menée dans les Balkans a engendré l'afflux de 700 000 réfugiés, provoqué la résurgence de maladies infectieuses dangereuses et ramené 10 ans en arrière un pays européen relativement prospère économiquement. La crise des Balkans devrait selon nous conduire la communauté internationale à mieux saisir l'importance fondamentale de mener des activités de manière réellement conjointe dans le cadre des mandats donnés par les organes de l'ONU pour ce qui est de la résolution pacifique des conflits ethniques.

M. ANDRE TSALA MESSI, Secrétaire d'Etat aux investissements publics et à l'aménagement du territoire du Cameroun : le Cameroun s'est toujours joint au reste de la communauté internationale pour l'élaboration des plans d'action en faveur du développement humain durable et la recherche de voies et moyens pour leur mise en oeuvre. Le Président Paul Biya a décidé de placer son premier septennat sous le signe de la justice sociale et de la lutte contre la pauvreté. Une déclaration de stratégie de lutte contre la pauvreté a été adoptée. L'initiative 20/20 a également été adoptée en vue de l'affectation de ressources plus importantes au financement des secteurs sociaux. A la suite de la Conférence du Caire, de nombreux programmes et politiques sectorielles de référence ont été adoptés et mis en oeuvre au Cameroun. Dans le domaine de l'éducation et de la santé on peut citer l'adoption d'une loi cadre définissant les mécanismes de mise en oeuvre de la santé en matière de reproduction, et la tenue des états généraux de l'éducation, qui ont conduit à la loi d'orientation de l'éducation au Cameroun. En matière de production des familles et couches sociales vulnérables on peut relever l'élaboration en cours du code de la famille camerounaise, le renforcement et la poursuite du programme de l'éducation à la parenté responsable, et la mise en place des mesures réglementaires et législatives de protection des handicapés, des personnes âgées et des populations marginales. Par ailleurs, une politique nationale de la population a été élaborées et des mesures ont été prises en vue d'assurer la préservation de l'environnement. En outre, l'expression de la volonté politique en vue de la promotion de la femme s'est traduite par la mise en oeuvre d'un Plan national multisectoriel d'intégration de la femme au développement.

Toutes les différentes mesures qui ont été évoquées tendent à l'amélioration des conditions de vie et du bien-être des populations. Malheureusement, force est de reconnaître que diverses pesanteurs ne permettent pas à ces politiques courageuses de produire tous les effets escomptés.

( suivre)

- 29 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Ces pesanteurs correspondent, sur le plan social, aux diversités religieuses et culturelles et, sur le plan économique, à la diminution constante de l'Aide publique au développement, au poids excessif de la dette extérieure, aux difficultés d'accès des produits au marché. L'apport de la communauté internationale demeure indispensable. Le Cameroun espère que l'engagement pris par les pays pour de meilleurs résultats au cours des prochaines années rencontrera une mobilisation effective des ressources humaines.

MME YOLANDA ROJAS URBINA, Vice-Ministre de la famille du Venezuela : son pays réaffirme son engagement en faveur des objectifs du Caire. Toutefois, la dette extérieure du Venezuela a eu un impact négatif profond sur la situation économique et social du pays.

La qualité de la vie de la population vénézuélienne s'est considérablement détériorée, affectant essentiellement les personnes âgées, les femmes, les adolescents et les enfants. Le Venezuela connaît une situation sociale explosive. On compte 86% des familles vivant dans la pauvreté et 46% d'entre elles vivent dans la pauvreté extrême. Dans le contexte de cette situation difficile, la qualité de l'éducation et celle de la santé sont aussi très touchées. L'abandon scolaire a atteint un niveau très élevé et la couverture et la qualité des services de santé se sont détériorées. Les taux de mortalité infantile et maternelle ont augmenté au cours de cette dernière décennie, faisant obstacle à la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire. La situation des adolescents constitue un des problèmes les plus graves. La pandémie du VIH/sida continue d'affecter gravement les groupes les plus vulnérables, à savoir les jeunes et les femmes. Pour renverser ces tendances, le gouvernement vénézuélien a engagé une réforme structurelle profonde, renforçant le système démocratique afin de garantir des services à une société fondée sur l'égalité. L'accent a été mis sur les investissements humains pour contribuer à un développement durable fondé sur l'importance de l'éducation, le respect des droits de l'homme et le bien-être de tous les hommes et de toutes les femmes du Venezuela. La convocation d'une Assemblée nationale constituante, largement représentative, permettra de réorienter les politiques, de restructurer l'appareil administratif de l'Etat et le système judiciaire. L'adoption d'une nouvelle Constitution devra garantir à la population la jouissance de ses droits et établir l'équilibre politique, social, économique, écologique et territorial nécessaire.

Le Venezuela a promulgué une Loi sur la violence à l'encontre des femmes et au sein de la famille, qui prévoit des mécanismes de protection et de défense des droits de la femme en cas de violence familiale, ainsi que la Loi pour la protection des enfants et des adolescents. Cette dernière crée un cadre juridique pour le système national de protection intégrale des filles, garçons et adolescents. Le Gouvernement accorde également la priorité à la santé sexuelle et génésique.

( suivre)

- 30 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Les mesures prises dans ce cadre permettent d'assurer l'accès des adolescents et adolescentes à l'information en vue de prévenir les grossesses précoces et de dépister à temps les maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida, tout en accordant une importance particulière au dépistage des cancers du sein et de l'utérus, grâce à la participation active des ONG.

Mme CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) : la Conférence du Caire a favorisé un important changement dans les approches des questions de la population et de la santé, en soulignant que les politiques démographiques et celles de santé génésique doivent être fondées sur les droits des individus. C'est l'une des réalisations majeures de la Conférence. L'investissement dans les soins de santé et l'éducation est un élément clé pour traiter des questions démographiques et un investissement qui en vaut la peine pour notre futur à tous. L'éducation des fillettes, en particulier, est une contribution essentielle à l'exécution du Programme d'action du Caire. Elle leur permet de mieux contrôler leurs vies. Cela est particulièrement vrai de la santé génésique. En effet, la prévention des grossesses non désirées et la protection contre les maladies sexuellement transmissibles, en particulier le virus du VIH/sida, demeure un défi majeur.

Au Liechtenstein, les campagnes d'information et l'éducation sexuelle visant à prévenir la propagation du sida ont réussi. Alors que le sida continue d'avoir des effets dévastateurs dans la plupart des régions du monde, il convient d'élaborer d'urgence une action globale concertée. Il faut prendre conscience que, comme dans d'autres domaines, non seulement l'action des gouvernements est indispensable, mais que le rôle de la société civile est particulièrement importante. Circonscrire la menace du VIH/sida ne sera possible que si les comportements sexuels deviennent plus responsables.

Il est clair que l'application du Programme d'action du Caire est étroitement liée à la réalisation de l'égalité entre les sexes et à la promotion de la femme. Le problème de la violence sexuelle et domestique, un phénomène complexe et répandu, et qui continue d'avoir des impacts négatifs sur les femmes dans le monde entier, demeure une question importante. Le Gouvernement du Liechtenstein a pris des mesures pour combattre ce problème. Les principales mesures pour la poursuite de l'application du Programme d'action du Caire, qui seront adoptées à la fin de cette session extraordinaire, renforceront la volonté politique de mettre en oeuvre ce Programme d'action, serviront de fondation à la réalisation de ces objectifs et, en conséquence, auront des effets positifs sur la qualité de la vie des générations futures.

M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) : le Tadjikistan est fermement attaché aux objectifs du Programme d'action du Caire. Il fait de grands efforts pour résoudre ses problèmes démographiques. Le Tadjikistan connaît un certain nombre de difficultés du fait du conflit civil. L'un des problèmes les plus graves est la pénurie de moyens.

( suivre)

- 31 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

La structure héritée par le Tadjikistan de l'ancienne Union soviétique ne correspond pas aux exigences de l'économie de marché. Le relief montagneux est également un facteur important dans le développement du pays. Le Tadjikistan est reconnaissant à la Banque mondiale et au FMI de l'avoir aidé à surmonter ses difficultés. Le Gouvernement tadjik a défini un certain nombre d'activités prioritaires. Le nombre de personnes déplacées contre leur gré a parfois été de 700 000 personnes. Il y a eu une modification ethnique de la population. Il faudra mettre en oeuvre les décisions de la Conférence de Genève sur les réfugiés dans la communauté d'Etats indépendants. L'éducation est cruciale pour le Gouvernement tadjike. Le niveau d'alphabétisation est satisfaisant mais l'Etat continue d'avoir des difficultés pour assurer un système éducatif adéquat dans les régions où il y a eu des destructions du fait du conflit civil. Le Gouvernement tadjik continue à travailler pour renforcer le système de santé, notamment afin de réduire la mortalité infantile et maternelle et d'augmenter la durée de vie.

La promotion de la femme est une question prioritaire pour le Gouvernement. Il existe au Tadjikistan un mécanisme national en cours d'élaboration visant à accorder des droits égaux aux hommes et aux femmes dans le domaine de la planification de la famille. Des centres indépendants en matière de santé génésique pour les femmes ont été mis en place. Des mesures sont prises pour réduire le nombre d'avortements comme moyen de planification familiale. L'augmentation des maladies sexuellement transmissibles et du virus VIH/sida est inquiétante. Le Tadjikistan donne une grande importance au recensement de sa population qui n'a pas eu lieu depuis la déclaration de l'indépendance. De nombreuses difficultés restent à surmonter au Tadjikistan. Celui-ci reste cependant fermement engager à mettre en oeuvre les objectifs énoncés au Caire.

Droits de réponse

Le représentant d'Israël a regretté que l'Observateur de la Palestine a soulevé ce matin des polémiques qui ne relèvent pas de la compétence de cette instance. C'est le processus de paix en cours qui doit régler la question des réfugiés. En Israël, le nouveau Gouvernement qui entrera en fonctions très prochainement, s'engage à faire progresser le processus de paix.

Réagissant à ces observations, l'Observatrice de la Palestine a fait remarquer que la déclaration faite ce matin par sa délégation était appropriée. La question des réfugiés est prévue par le Programme d'action du Caire. Cette question ne peut être écartée. Pour ce qui est du nouveau Gouvernement israélien, elle a émis l'espoir que des mesures positives seront prises pour accélérer le processus de paix et que ses représentants auprès des Nations Unies feront des interventions plus constructives.

( suivre)

- 32 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

M. KEIASIPAI SONG SHEM, Ministre de la santé de la République de Vanuatu : nous souhaitons assurer à cette auguste Assemblée et à cette session extraordinaire que notre Gouvernement s'engagera à mettre en oeuvre les résolutions et le Programme d'action approuvé par la Conférence du Caire. En ce qui concerne les questions de population et de développement, à la suite des changements structurels adoptés par notre Gouvernement pour mettre en place un programme général de réformes destiné à améliorer les performances de notre fonction publique, notre pays a donné la priorité dans le domaine économique à la croissance du secteur privé et à la création d'emplois. Nous nous sommes engagés à améliorer la qualité de vie des personnes à revenu moyen ou intermédiaire, et à encourager une redistribution équitable des ressources, ainsi que des biens et des services au sein du secteur économique et social, tout en respectant les valeurs et les traditions auxquelles sont attachées nos communautés.

Quel que soit la manière dont nous abordons les questions qui se posent à nous, que nous mettions ou pas l'accent sur les aspects économiques, sociaux ou culturels des problèmes de population et de développement, notre Gouvernement pense que le Programme d'action du Caire ne peut être mis en oeuvre que si nous acceptons comme principe fondamental des règles et des procédures précises et concertées en la matière. Concernant la mise en oeuvre du Programme d'action et des activités qui lui sont liées, nous estimons qu'une certaine souplesse devrait être accordée aux différents pays selon leurs besoins spécifiques.

M. MAMAN SAMBO SIDIKOU, Ministre, Directeur du Bureau du Président du Niger : dans le cadre de la mise en oeuvre de sa politique de population, le Niger a adopté en collaboration avec le secteur privé, les organisations non gouvernementales et d'autres composantes de la société civile, un programme d'action et d'investissements prioritaires pour la période 1996-2000. A travers cet instrument de programmation, le Niger a pris en compte les recommandations du Caire, notamment l'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique nationale de santé en matière de reproduction. Des instances appropriées ont été mises en place pour assurer le suivi de cette politique. L'impact d'une telle politique aurait été encore plus grand, si des moyens financiers conséquents avaient appuyé les capacités limitées du Niger.

Le secteur privé, les ONG et la société civile jouent aujourd'hui un rôle primordial dans la conception et la mise en oeuvre des initiatives et mesures d'application de la politique nationale en matière de population. Aucune politique démographique ne peut réussir sans la participation des femmes. C'est pourquoi, le Niger a adopté une politique nationale de promotion de la femme. En vue de permettre une évolution rapide des mentalités, le Niger a engagé une politique d'information, d'éducation et de communication, avec la collaboration du FNUAP, qui a permis, entre autres, la création d'un Comité interministériel appelé à soutenir l'action du Gouvernement dans les domaines de la santé en matière de reproduction et de la promotion de la femme.

( suivre)

- 33 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Mme INDRA CHANDARPAL, Ministre des services humanitaires et de la sécurité sociale du Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine : notre examen des actions menées depuis le Sommet du Caire a montré que beaucoup de progrès avaient été faits au cours des cinq dernières années dans le domaine de la population et du développement. Les gouvernements ont fait face de façon déterminée aux questions de population, et les peuples du monde entier ont bénéficié des résultats positifs des changements de politiques institués en vue d'atteindre les objectifs que nous nous étions assignés dans le Programme d'action. Là où l'attention a été accordée à l'éducation et notamment à celles des filles, les avancées ont été visibles et ont profité à la société dans son ensemble. L'objectif de l'amélioration des services de santé de base pour tous et en particulier pour les femmes, dont les besoins sont souvent négligés, a porté des fruits à plusieurs égards. Mais les objectifs du Caire dans le domaine des systèmes de santé de base, y compris ceux de la santé génésique et sexuelle sont poursuivis avec des taux de succès variables selon les lieux. La pandémie du VIH/sida continue de faire des ravages au sein des populations, en même temps que la mortalité et la morbidité résultant d'autres maladies infectieuses ou parasitaires telles que la tuberculose et le paludisme, font aussi de nombreuses victimes.

Selon les évaluations que nous avons faites des progrès accomplis depuis 1994, nous pensons que l'approche globale recommandée par le sommet du Caire sur les questions de population et de développement doit être clairement réaffirmée et redéfinie. Nous pensons que les questions de développement sont trop occultées par des considérations centrées exclusivement sur les problèmes de population. En tant que pays en développement, nous continuons à concentrer nos efforts et nos ressources à l'amélioration, par le développement, de la qualité de vie de nos populations. Nos problèmes sont clairement liés les uns aux autres et il doit en être de même des solutions à leur apporter. Les ressources visant à soutenir le développement doivent donc être accrues, et dans ce cadre, nous avons favorablement accueillis les décisions du récent Sommet du G8 à Cologne.

Mme MARIAM MIRIANASHVILI, Présidente du Sous-comité parlementaire sur la protection des droits des femmes et des enfants et le développement familial de la Géorgie : l'éclatement de l'Union soviétique a entraîné des effets dévastateurs pour la vie économique, sociale et politique de la Géorgie. Les conflits non résolus en Abkhazie et en Ossétie du Sud ont entraîné un départ massif des populations de ces régions. Cette situation touche essentiellement les femmes, les enfants et les personnes âgées. Selon les ONG, le nombre total des personnes ayant quitté la Géorgie est de 500 000 sur une population de 5,4 millions. Les difficultés socio-économiques sont la raison principale de cette migration.

( suivre)

- 34 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

La Géorgie a défini des priorités en matière de santé génésique. Des lois ont été adoptées et des programmes spéciaux mis en place, notamment pour la lutte contre le Sida, des programmes éducatifs sur la planification familiale et l'accès aux contraceptifs. Il convient de mentionner les besoins spécifiques des jeunes en matière d'éducation, de santé et de développement, notamment ceux liés à la santé génésique. Les traditions culturelles de la Géorgie font que les personnes âgées ont toujours été respectées. L'amélioration des services médicaux et des conditions de vie meilleures pour les personnes âgées sont au coeur des priorités du Gouvernement géorgien. Il est prévu de créer des instances institutionnelles et de renforcer le rôle des femmes dans le processus de prise de décision. En dépit de ses ressources limitées, le budget de l'Etat géorgien envisage la mise en place d'un fond spécial pour le développement de la société civile. Ceci sont juste les premiers pas d'une nouvelle démocratie, qui émerge d'une crise profonde. Elles ont pour but de préserver et de développer notre principal atout : les ressources humaines.

M. ELIJAH K. SUMBIYWO, Ministre adjoint au Bureau du Vice-Président et Ministre du plan et du développement national du Kenya : le Kenya a enregistré des succès patents en matière de santé de la reproduction. Notre Gouvernement a lancé des politiques spécifiques destinées aux femmes et aux fillettes qui ont entraîné une baisse notable du taux de fécondité. Ce taux baissera davantage avec la pandémie du VIH/sida. Notre objectif primordial vise à améliorer le bien-être de tous les Kényens et à les encourager à opter pour des familles de taille plus modeste. Nous voulons aussi combattre et éliminer les abus contre les femmes et les fillettes. Nous voulons, d'autre part, rendre les services de santé de la reproduction mieux accessibles à la majorité des femmes, même quand il s'agit des zones les plus reculées du pays.

Nous voulons réduire la mortalité infantile, qui s'est aggravée des suites des mauvaises conditions économiques que traverse notre pays. L'objectif reste d'enrayer sa croissance et de ramener son taux de 74, aujourd'hui, à 63 pour mille en l'an 2005. Concernant la mortalité maternelle, nous voulons la ramener de 590 pour 100 000 naissances à 230 pour 100 000 en 2005.

M. GEORGE SALIBA (Malte) : la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire doit être abordée par chaque Etat souverain en fonction de ses lois nationales, de ses besoins en matière de développement, de ses préoccupations et de ses valeurs éthiques, religieuses et culturelles. Pour Malte, la priorité doit être accordée à la relation entre les paramètres écologiques et la croissance démographique. Une stratégie de gestion intégrée doit donc être adoptée qui tienne compte de tous les aspects. A cet égard, le Parlement de Malte avait adopté, dans les années 90, un certain nombre de lois complétées par la création d'une Autorité de planification et d'un Département de protection de l'environnement. En matière de population, Malte considère qu'une des préoccupations majeures des années à venir naîtra de la longévité sans précédent des individus, phénomène appelé à s'accélérer dans les deux prochaines décennies.

( suivre)

- 35 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

C'est à la lumière de ces faits, que Malte a accueilli en mai 1998, la septième Conférence des Ministres européens chargés de la sécurité sociale autour du thème de la sécurité sociale et de la transition vers le XXIème siècle. Pour Malte, il est urgent de procéder à une mise à niveau des ressources humaines en matière de gériatrie. Il se félicite donc des activités de l'Institut international des Nations Unies sur le vieillissement, installé sur son sol. Depuis sept ans, l'Institut, avec l'assistance du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Gouvernement de Malte, fournit une formation au personnel des pays en développement du monde entier.

Bien qu'à Malte, le pourcentage de personnes vivant au-dessous des normes acceptables est de 1%, la mise en oeuvre des mesures sociales et économiques a toujours formé l'ossature des politiques du Gouvernement. Il suffit de dire que plus de la moitié des dépenses publiques sont consacrées à la santé, à l'éducation et à la sécurité sociale. Tout comme les soins médicaux, l'éducation est gratuite et ce, de la maternelle à l'université. C'est d'ailleurs grâce à cela que Malte a enregistré une baisse du taux de fertilité puisque l'égalité d'accès des femmes à l'éducation, l'affirmation de leur rôle et leur développement social général ont suffi à juguler la croissance démographique. Malte tient à faire part de ses réserves quant aux parties du document final de la session extraordinaire qui peuvent être interprétées comme contraires à la législation nationale qui déclare illégale l'interruption volontaire de grossesse.

Mme VALENTINA LESKAJ, Présidente de l'Association pour le planning familial de l'Albanie : l'Albanie a déjà atteint les buts fixés par la Conférence du Caire dans les domaines de la mortalité infantile et maternelle et cherche à améliorer la santé génésique et la situation démographique dans son ensemble. Le Gouvernement travaille actuellement à une réforme du système de santé et de la protection sociale. L'Albanie s'engage également à parvenir à l'égalité entre les sexes. Un Comité national des femmes a été créé l'an passé et une stratégie nationale pour les femmes a été élaborée et approuvée.

Les besoins en matière de santé génésique et les violences contre les femmes dans les situations d'urgence sont devenus manifestes avec l'arrivée des réfugiés kosovars en Albanie. Nous faisons tout pour que les réfugiés kosovars, et en particulier les jeunes et les femmes, reçoivent les soins nécessaires, y compris en matière de santé génésique, une contraception d'urgence et des informations appropriées. La jeunesse de la population albanaise (en 1997, 41,7% de la population avait moins de 17 ans) explique la forte demande en matière de services génésiques. S'il n'existe pas de barrières juridiques pour que les jeunes aient accès à l'information et aux soins dans ce domaine, ces services sont toujours limités par les barrières économiques et socio-culturelles. Toutefois depuis cinq ans des succès ont été obtenus. Il existe une attitude plus ouverte et plus tolérante envers les questions de santé génésique et la planification familiale.

( suivre)

- 36 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Les ONG et le secteur privé sont nouveaux en Albanie. La société civile s'édifie lentement. Il reste donc beaucoup à faire dans ce domaine. Ce qui est important est qu'il faut prendre plus d'actions concrètes pour favoriser le développement de la société civile. La période de transition a été difficile pour l'Albanie. La plus grande barrière pour un accès universel et égalitaire aux services de santé de reproduction est l'allocation des ressources.

M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) : l'adoption du document final de cette session extraordinaire devrait renforcer la résolution de la communauté internationale de faire davantage dans les domaines de la population et du développement à l'avenir. La mise en oeuvre des engagements et des mesures proposées dépendra toutefois de la situation politique, économique et sociale de chaque pays. Nous avons en commun le désir et la demande de nos peuples d'améliorer les conditions de vie, d'assurer un développement réellement durable et une croissance soutenue, ainsi que le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

L'une nos préoccupations en ce moment est le retour des réfugiés du Kosovo dans leurs foyers et les conséquences négatives du conflit au Kosovo sur notre pays et notre région, ainsi que la question de la reconstruction de la région après la guerre au Kosovo. Cette situation affecte directement les conditions de vie de notre population. On estime à plusieurs milliards de dollars les pertes subies en raison du conflit au Kosovo. Depuis 1991, c'est la troisième fois que des événements extérieurs à notre pays ont provoqué des pertes importantes. Malheureusement, jusqu'à présent, nous n'avons pas reçu de compensation, ni d'aide étrangère sérieuse. Nous espérons que les activités internationales en cours, sur la base en particulier du Pacte pour la stabilité en Europe du Sud-Est, adopté récemment bénéficiera de l'attention de la communauté internationale. La priorité de la République de Macédoine est de s'assurer que la guerre au Kosovo est la dernière dans les Balkans. Au cours de ce siècle, notre région a connu huit guerres, dont quatre ont eu lieu au cours de la dernière décennie. Nous sommes optimistes pour l'avenir car les idées expansionnistes ont finalement été défaites et l'objectif de restaurer, dans la région, la démocratie, la stabilité, de bonnes relations de voisinage et un développement durable, a prévalu. Pour que cet objectif devienne réalité, le processus d'intégration des Etats balkaniques dans l'Union européenne devrait être accéléré.

La République de Macédoine est un pays enclavé qui comprend 66,7 % de Macédoniens, le reste de la population étant composé de minorités. La politique démographique accorde une attention particulière à la lutte contre la mortalité maternelle, au renforcement de la planification familiale, du secteur de la santé et de l'éducation sexuelle, à des actions plus décisives contre le sida, aux problèmes des adolescents, au vieillissement de la population et aux problèmes des migrations.

( suivre)

- 37 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

La première priorité du Gouvernement macédonien est l'emploi, le chômage touchant environ 40 % de la population active. Une autre priorité est l'éducation des jeunes, la santé et la protection d'un environnement sain. Le Gouvernement macédonien s'inquiète, à l'instar du Secrétaire général, de la diminution de l'aide publique au développement.

M. EDMUNDO ORELLANA MERCADO (Honduras) : les conférences mondiales placées sous le signe du développement durable ont abouti à des conclusions allant dans le sens de l'interrelation entre population et développement. La population est effectivement liée au développement, et son accroissement rapide constitue un défi à relever. Le Honduras veut minimiser et diminuer les inégalités injustifiées dues aux problèmes de santé. Nous nous attachons à mettre en oeuvre des programmes qui visent à soigner les couches les plus pauvres de notre population. Notre Secrétariat à la santé a également adopté une ordonnance qui stipule que les citoyens ont la liberté de décider du nombre d'enfants et de l'espacement entre chaque naissance. Nous avons mis d'autre part en place un programme de lutte contre le sida, et sur le plan des activités sociales, nous mettons en ce moment en oeuvre des politiques essentiellement sexospécifiques.

Concernant les adolescents, notre Gouvernement a mis en place un système de soins pour les mineures enceintes, et nous menons des campagnes d'information et de prévention destinées à les préserver de la pandémie du VIH/sida. Les actions que nous menons à cet égard sont menées à la fois par l'Etat et par les ONG dans le cadre de notre politique de coopération avec le secteur privé. Le Gouvernement estime, d'autre part, important d'incorporer les questions de population dans tous les programmes d'enseignement scolaire et universitaire de notre pays. Nous espérons que notre dynamique de population sera bien adaptée aux exigences du développement durable. C'est un impératif moral que d'assurer un meilleur bien-être social à tous, mais notre pays a souffert récemment de catastrophes naturelles comme l'ouragan Mitch, ce qui nous oblige à consacrer une bonne partie de nos ressources à la reconstruction. Nous avons donc plus que jamais besoin de l'appui et de la coopération internationale.

M. JACKEO A. RELANG (îles Marshall) : son pays continue d'appuyer fermement le Programme d'action du Caire et s'est engagé à le mettre en oeuvre au niveau national, en dépit des maigres ressources disponibles. En 1994, peu après la Conférence du Caire, le Gouvernement des îles Marshall a créé un Conseil national pour la population composé de représentants des différents ministères, ainsi que des organisations non gouvernementales et de religieux. L'année suivante, le Conseil a élaboré et mis en oeuvre une politique nationale pour la population et le développement. La participation individuelle et de la communauté dans la prestation des services de santé - santé publique, santé génésique et maternelle, planification familiale et santé sexuelle - constitue la pierre angulaire des services de santé de base.

( suivre)

- 38 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

En 1997, le Gouvernement a établi un Programme d'action quinquennal pour la population et le développement pour renforcer la politique nationale existante et intégrer les stratégies démographiques au processus de planification pour le développement afin de réaliser un développement économique et social durable. Les objectifs à long terme visent notamment à réduire le taux de croissance démographique à un niveau compatible avec la base et le potentiel des ressources nationales, à réduire les taux de natalité, de morbidité et de mortalité et à améliorer la condition des femmes. Les objectifs à court termes visent à améliorer la qualité de l'éducation, à renforcer la sensibilisation aux problèmes de l'environnement, à améliorer l'accès aux services de planification familiale, ainsi qu'à promouvoir la participation des femmes à l'emploi. Conscient de l'importance des jeunes, les îles Marshall ont créé un Conseil national pour les jeunes qui est assisté d'une organisation non gouvernementale pour promouvoir les services de santé génésique et la prévention de difficultés auxquelles les adolescents pourraient être confrontés. Les institutions internationales, notamment le FNUAP, l'UNICEF et l'OMS, constituent les sources principales de financement de la mise en oeuvre des programmes et projets liés à la population.

M. MOHAMMAD ABDO AL-SINDI, Chef de la délégation du Yémen : nos pays essayent dans la mesure de leurs moyens, et conformément à leurs cultures, valeurs, traditions et situation sociale, économique et politique, d'amorcer une renaissance véritable dans le but de promouvoir le développement économique qui permettra d'assurer un avenir à leurs citoyens sur la base de l'égalité et de l'exercice d'une véritable démocratie. Le Yémen est confronté à de graves difficultés dans le domaine du développement et de la démographie.

La première déclaration faite par le Gouvernement yéménite après sa réunification réaffirmait que sa principale préoccupation était ses citoyens car ils représentent la ressource la plus précieuse. Notre objectif est d'améliorer la santé publique et notamment la santé des femmes et des enfants, renforcer le potentiel humain pour renforcer le développement durable, améliorer le développement économique et renforcer l'appareil institutionnel et législatif. Notre Gouvernement est conscient des problèmes démographiques et de ses répercussions sur l'économie et le développement. Nous essayons de mettre en oeuvre de nombreux programmes démographiques. Mais l'aide financière n'atteint pas le minimum stipulé dans les programmes. Dans le cadre de la stratégie nationale en matière de population, le Gouvernement a adopté des programmes concernant le planning familial. Le Gouvernement yéménite invite le Secrétaire général, M. Kofi Annan, et Mme Nafis Sadik, Directrice exécutive du FNUAP, à se rendre au Yémen pour venir constater la situation du pays.

M. ALI FAHAD FALEH AL-HAJRI (Qatar) : malgré les progrès réalisés, il y a encore de grands efforts à accomplir pour atteindre les objectifs fixés lors de la Conférence du Caire. De grandes disparités subsistent, en effet, de par le monde, la grande majorité des pauvres vivant dans les pays en développement. Le redressement de cette situation nécessite des efforts accrus de la part des pays développés.

( suivre)

- 39 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Les pays en développement doivent être intégrés au système économique mondial. A cette fin, les programmes de l'ONU doivent être appuyés en vue de faciliter le transfert nécessaire de technologies pour que ces pays puissent participer sur un même pied d'égalité aux bénéfices de la mondialisation.

En dépit de la chute des prix du pétrole, le Qatar a poursuivi ses efforts dans les domaines du développement. Ceux-ci ont été particulièrement importants dans les secteurs de la santé et du développement socioéconomique. Une attention particulière est accordée au bien-être de la famille. Ainsi, l'Etat fournit le logement, des opportunités d'emploi, et les soins de santé aux familles, avec une attention particulière aux mères. L'enseignement est gratuit à tous les niveaux pour les hommes et les femmes et des cours du soir ont été instaurés pour ceux qui ne peuvent assister à l'enseignement de jour. L'Etat s'efforce également par des mesures spécifiques d'intégrer les personnes handicapées à la vie de la société. Un Conseil supérieur des affaires de la famille a été créé qui est chargé notamment d'élaborer des programmes en faveur des familles nécessiteuses afin de les aider à subvenir à leurs besoins. Les politiques et programmes du Qatar ont pour objectif d'assurer le bien-être de toute la population. Le Qatar tient toutefois à rappeler que l'application du Programme d'action du Caire et des mesures proposées pour la poursuite de sa mise en oeuvre relève du droit souverain des Etats, compte tenu de leurs priorités nationales, dans le respect de leurs spécificités et des droits de l'homme universellement reconnus.

Mgr RENATO R. MARTINO, Observateur du Saint-Siège : le Saint-Siège s'était joint au consensus sur certaines parties du document du Caire. Il l'a fait parce que, pour la première fois, le développement était lié à la population en tant que thème central du débat. En même temps, le Saint-Siège avait attiré l'attention sur des aspects du Programme d'action qu'il jugeait problématiques. Ces problèmes continuent de préoccuper le Saint-Siège. Lorsque le processus préparatoire de la Session extraordinaire a débuté en mars dernier, ma délégation était attachée aux résolutions de l'Assemblée générale qui demandait de ne pas renégocier le Programme d'action du Caire. C'est pourquoi, le Saint-Siège estime perturbant, alors qu'on assiste à une épidémie de violence chez les jeunes et que l'on demande aux parents d'assumer la responsabilités des actions de leurs enfants, que certains Etats occidentaux souhaitent d'une part enlever aux parents leurs droits et responsabilités parentaux et leur demandent, d'autre part, d'exercer ces responsabilités.

Le Saint-Siège n'a pas manqué d'exprimer sa profonde inquiétude en ce qui concerne l'introduction de la prétendue "contraception d'urgence", qui est en fait un instrument d'avortement empêchant l'implantation d'un oeuf humain fécondé. Le Saint-Siège note également avec un profond regret qu'en appelant à des services de santé élargis, y compris ceux qu'on appelle "avortement sans risque", le texte présenté ne rappelle pas la protection du droit de conscience des prestataires de soins de santé, droit de l'homme fondamental énoncé, entre autres, dans l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

( suivre)

- 40 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Le Saint-Siège ne perd pas de vue le fait que la personne humaine est au centre du développement et que tout ce qui est accompli aux Nations Unies doit viser à renforcer et à protéger cette place centrale de la personne humaine.

Il est évident que nombre des objectifs du Caire et des grandes conférences internationales n'ont pas été atteints et qu'il reste beaucoup à faire. Le Saint-Siège a déjà émis des objections sur le document qui va être présenté et approuvé par l'Assemblée générale. Cela ne signifie pas pour autant que le Saint-Siège renonce à ce qui a été engagé au Caire et qui doit se poursuivre. Il continuera à demander à la famille des nations de protéger la dignité et les droits de chaque individu, et plus spécialement des plus vulnérables. Rien dans ce que le Saint-Siège a fait dans ce processus préparatoire ne doit être entendu ou interprété comme une approbation d'idées que le Saint-Siège ne peut appuyer pour des raisons morales. Rien ne peut être interprété comme un changement de position du Saint-Siège en matière d'avortement ou de contraception. Le Saint-Siège réaffirme que la vie commence dès la conception et que la vie humaine doit être protégée dès les premiers moments de la vie jusqu'à la fin du cycle de la vie.

M. LUIGI BOSELLI, Commission européenne, au nom de la Communauté européenne : les questions de population touchent à la dignité, à la liberté et à l'égalité entre les hommes et les femmes lorsqu'ils s'engagent dans une relation personnelle et sexuelle, conscients de leurs droits et de leurs responsabilités et exerçant librement leur choix de procréer. L'examen quinquennal de la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire a démontré le travail énorme qu'il reste à accomplir dans les domaines du plaidoyer, des politiques, des stratégies de développement et de la fourniture des services pour satisfaire les besoins des populations, en particulier des groupes les plus pauvres de la société. Une table ronde de l'Union européenne sur l'examen quinquennal a été tenue cette année au mois de janvier et a fourni aux représentants des gouvernements et de la société civile l'occasion de partager leurs points de vue sur un certain nombre de questions importantes. Les participants ont convenu sans difficulté de la nécessité de s'assurer que le travail effectué sur la santé en matière de sexualité et de reproduction se fasse sous l'angle des droits de l'homme. Ils ont également convenu de la nécessité de traduire le langage du Caire en une langue compréhensible pour l'homme de la rue et de la nécessité pour les gouvernements et les parlements d'assurer la mise en place d'un cadre législatif et politique approprié. Ils ont encore convenu du rôle important que peut jouer la société civile.

Au cours des cinq dernières années, la Commission européenne a consacré plus de 700 millions d'euros à l'appui aux activités liées à la population et à la santé en matière de sexualité et de reproduction dans les pays en développement. Elle continuera à appuyer les actions dans les pays en développement pour permettre aux populations, en particulier, aux femmes et aux jeunes, d'avoir accès à l'information et aux services pertinents.

( suivre)

- 41 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Pour l'heure, la Commission européenne est à la recherche de partenariats sûrs pour s'assurer que les ressources sont utilisées de manière efficace et qu'elles contribuent à l'amélioration des segments pauvres et marginalisés de la société. Ce processus, y compris les réunions internationales de La Haye, a été important en ce qu'il a permis de mettre l'accent sur des questions clés qui méritent d'être placées au rang de priorité. Ainsi pour la Commission européenne, il faut maintenir et augmenter les résultats positifs des programmes intégrés de santé de reproduction; intensifier les efforts pour réduire la mortalité maternelle et les complications de l'accouchement; garantir aux jeunes l'accès à l'information et aux conseils sur la santé en matière de sexualité et de reproduction; renforcer l'appui aux programmes relatifs au VIH/Sida; et lutter contre la violence domestique.

M. PETER SCHATZER, Directeur, Département des relations extérieures et de l'information de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) : depuis 1996, les gouvernements des pays d'Amérique du Nord et d'Amérique centrale, avec l'appui logistique de l'OIM, tiennent des consultations régionales régulières - appelées désormais "Pueblo process" - pour renforcer la communication et la coopération entre les Etats participants et pour les encourager à des processus de migrations plus ordonnés. Le même processus de consultations a été établi pour la région d'Asie de l'Est et d'Asie du Sud - intitulé "Processus de Manille" - axé davantage sur les migrations régulières et le trafic. Dans la Communauté des Etats indépendants (CEI) et les pays voisins, une Conférence des Nations Unies tenue à Genève en 1996 pour examiner la question des réfugiés et des personnes déplacées dans la région de la CEI, a donné lieu à un programme global de coopération technique visant à élaborer, améliorer et harmoniser la législation nationale en matière de migrations, ainsi qu'à créer des structures administratives. Des mécanismes identiques ont été institués pour la région ouest-méditerranéenne et l'Afrique australe.

Dans le monde, la gestion efficace des migrations régulières et irrégulières constitue une question prioritaire. Les actions individuelles ou collectives prises par les Etats sont souvent entravées par une capacité de gestion nationale insuffisante en matière de migrations. C'est pourquoi, l'UNITAR, l'OIM et le FNUAP ont lancé conjointement en 1998 un programme de formation et de renforcement des capacités nationales dans différentes régions du monde. On note aujourd'hui un nombre croissant de femmes qui - avec leurs familles ou à titre individuel - participent aux migrations internationales. Elles représentent presque 50% de l'ensemble de la population migrante. Les femmes dans les conflits armés sont davantage victimes de violence.

( suivre)

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M. WERNER HAUG, Observateur de la Suisse : la mise en oeuvre du Programme d'action dans les différentes régions du monde a connu des rythmes variés. Cela est lié aux difficultés du développement, mais aussi souvent à la dimension culturelle ou religieuse des questions relatives à la sexualité, aux relations entre les hommes et les femmes et au rôle respectif des parents et de l'Etat. Il n'en reste pas moins que les nouveaux concepts relatifs à la santé et aux droits génésiques ont connu une large diffusion et ont commencé à trouver une application dans bon nombre de pays.

En matière de financement, force est de constater que les objectifs sont malheureusement loin d'être atteints. La baisse généralisée et inquiétante de l'Aide publique au développement constitue une des causes principales de cette insuffisance des ressources financières. La Suisse souhaite continuer et renforcer l'appui aux programmes de santé et d'éducation, à la promotion d'un partenariat équilibré entre les femmes et les hommes, au renforcement de la dimension sociale du développement et à la lutte contre la pauvreté. Dans ce contexte, la Suisse attache une importance particulière à l'initiative 20/20.

A l'avenir, la Suisse entend mettre un accent particulier sur les points suivants : faire du libre choix du moment d'avoir ou pas un enfant une dimension essentielle du projet de vie de chaque personne; lutter contre les grossesses non désirées, les avortements à risques et la mortalité maternelle; lutter contre les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/sida; promouvoir l'éducation pour une vie sexuelle sans risque; offrir l'information et l'accès à des services de santé génésique de qualité, particulièrement pour les adolescents et lutter contre la violence faite aux femmes. Ces priorités constituent naturellement des éléments essentiels de la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire en Suisse.

Les défis les plus difficiles auxquels est confrontée notre société sont notamment le vieillissement de la population, l'apport des migrants dans une société multiculturelle. Le suivi de la Conférence du Caire a pour mérite d'attirer l'attention et de mobiliser à nouveau la communauté internationale autour des thèmes importants du Programme d'action. La délégation suisse se félicite de la volonté manifestée de poursuivre l'engagement pour un développement qui repose sur la dignité et le plein épanouissement de la personne humaine.

M. AMADOU KEBE, Organisation de l'unité africaine : la Conférence du Caire a marqué un jalon important dans les efforts que déploie la communauté internationale pour la promotion d'un développement économique et social équitable de tous les pays. La présente session extraordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU offre à la communauté internationale une occasion exceptionnelle de réfléchir sur de nouvelles stratégies susceptibles de permettre la mise en oeuvre intégrale du Programme d'action du Caire. Nous réaffirmons l'engagement de l'Afrique pour la réalisation intégrale de ce Programme.

( suivre)

- 43 - AG/900 POP/722 2 juillet 1999

Nous considérons aussi que le développement durable exige la prise en compte de variables démographiques aux niveaux des stratégies de développement, de la planification socioéconomique, de la prise de décision et de l'allocation des ressources. C'est pourquoi le continent africain a proposé le Programme d'action du Kilimandjaro, adopté à Arusha lors de la Deuxième Conférence africaine sur la population. Il est souligné dans ce Programme que les problèmes de population devraient être traités dans le contexte général du développement socioéconomique de l'Afrique. D'autre part, les chefs d'Etat et de gouvernement africains, réunis à Tunis, en juillet 1994, ont adopté la "Déclaration de Tunis sur la population et le développement de l'Afrique", dans laquelle ils prennent en compte la Déclaration de Dakar en insistant entre autres, sur la nécessité de mettre en place, en Afrique, des politiques démographiques plus hardies.

La Déclaration de Tunis entérine la création de la Commission africaine de la population qui sera appelée, en collaboration avec d'autres institutions, à mener à bien les activités en matière de population. La Commission africaine de la population bénéficie de l'étroite coopération et du soutien du FNUAP, et l'OUA a apporté son soutien politique pour que les questions de populations soient considérées comme prioritaires dans les plans de développement de ses Etats membres. Mais l'expérience acquise dans la mise en oeuvre des déclarations et des programmes d'action en Afrique, ont démontré que tous progrès dans ce domaine sont subordonnés à la levée d'un certain nombre de handicaps dont la pauvreté, l'instabilité politique, les guerres civiles, les crises économiques et le manque de clarté dans les stratégies d'application des politiques en matière de population. A ces handicaps, il faut ajouter l'insuffisance des ressources financières et humaines, le manque d'infrastructures sanitaires et la forte prévalence de la pandémie du VIH/sida. Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu'elle renforce son engagement vis-à-vis du Programme d'action du Caire. Cela demande une détermination politique renouvelée et l'apport d'un soutien financier conséquent à sa mise en oeuvre.

M. HREINNE LINDAL, Observateur de l'Ordre militaire souverain de Malte : institution la plus ancienne dans le monde, l'Ordre de Malte a pour mission de fournir une assistance humanitaire. L'objectif premier de l'Ordre est d'alléger les souffrances et d'apporter le réconfort aux personnes qui souffrent et de fournir une assistance à ceux qui sont dans le besoin. L'Ordre oeuvre à cet objectif partout en offrant des centres de santé et des services individuels à domicile, dans les centres de refuge et les quartiers pauvres et déshérités. L'Ordre s'occupe non seulement des malades, mais aussi des personnes marginalisées, persécutées et déplacées, protégeant ainsi les droits de l'homme et la dignité humaine. Partant, l'Ordre de Malte ne peut rester passif devant la pauvreté extrême dans laquelle vivent plus de 800 millions de personnes dans le monde. Sa présence dans plus de 100 pays témoigne de ses préoccupations à cet égard.

( suivre)

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Ceux qui vivent dans la pauvreté ne peuvent revendiquer l'exercice de tous leurs droits et libertés, inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ce texte appelle pourtant à une action coordonnée contre la pauvreté partout dans le monde. En conséquence, l'Ordre de Malte estime qu'il faut prendre d'urgence les mesures suivantes : coordonner les efforts et capacités, y compris ceux des Etats, des organisations humanitaires et du secteur privé; investir dans la culture, l'éducation et la santé; veiller au respect du droit à la naissance, de l'accès à l'éducation primaire et à l'éducation professionnelle; garantir le traitement en hôpital et assurer des soins spécifiques aux mères et aux enfants. La réalité montre à quel point nous sommes loin des objectifs fixés. L'Ordre de Malte offre son appui aux Nations Unies pour faire face à la situation actuelle et se déclare prêt à coopérer à la lourde tâche de l'allégement des souffrances humaines.

M. CARL T.C. GUTTIEREZ, Gouverneur de Guam : en tant que territoire insulaire, Guam fait face à de nombreux défis. De par sa petite taille, Guam est naturellement plus vulnérable aux effets des catastrophes , des changements économiques régionaux et aux pressions démographiques. Nous sommes aussi un des 17 territoires qui ne s'autogouvernent pas, comme cela est inscrit dans la Charte de l'Organisation. Et cette question non résolue de statut est certainement la plus grande menace qui handicape notre capacité à faire face aux diverse évolutions sociales et économiques. En 1995, les leaders de notre communauté, venant de tous horizons sociaux, ont rédigé un document reflètant notre vision de l'avenir. Nos y reconnaissions les limites au nombre de personnes que notre territoire et ses ressources peuvent faire vivre. Nous y évoquions aussi des objectifs réalistes, qui une fois réalisés, nous permettraient de jouir d'une meilleure qualité de vie. Nous sommes aujourd'hui fiers d'annoncer que nous avons atteint 70% des buts que nous nous étions assignés, et que nous sommes en train de réévaluer nos visées pour pouvoir nous projeter vers le futur.

Mais le statut de Guam reste, comme nous le disions précédemment, notre point faible, car alors que nous essayons de réduire le taux de croissance naturel de notre population, l'immigration légale ou illégale, dont l'administration de la Puissance administrante gère le régime, menace l'équilibre fragile de notre économie et de notre environnement. Nous avons à coeur sur un autre plan, le respect des droits de la personne humaine et en ce qui concerne la question de l'égalité des sexes, nous sommes guidés par nos traditions culturelles. Le peuple Chamorro a, en effet, toujours considéré que les femmes sont les gardiennes de l'avenir. Le rôle des femmes dans la société continue d'être ce qu'il a toujours été au sein de notre culture : c'est à dire une puissante force dans la définition des décisions internes à notre île où dans celles qui régissent nos relations avec l'extérieur.

( suivre)

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M. MOKHTAR LAMANI, Observateur de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) : plusieurs dispositions de la Déclaration des droits de l'homme en Islam, adoptée au Caire en 1990, sont à la base des principes énoncés par le Programme d'action du Caire, à savoir les droits de la femme, le caractère sacré du mariage et l'appui pour une structure familiale forte et interdépendante. La Déclaration des droits de l'homme en Islam, le Programme d'action du Caire et les propositions d'une mise en oeuvre accrue de ce Programme d'action, soulignent tous le rôle des gouvernements dans l'élaboration des politiques pour un développement sain et constructif qui garantissent des services liés à la population. Il s'agit notamment du renforcement des services nationaux d'information, des indicateurs communs sur les programmes de santé génésique, la mise en oeuvre de programmes d'assistance aux personnes âgées, ainsi que le renforcement des droits et intérêts des réfugiés et migrants. Le Etats membres de l'OCI demeurent résolus à poursuivre leurs meilleurs efforts et à mobiliser leurs ressources nationales et autres pour réaliser les objectifs du Caire sur les plans national, régional et international.

M. OSMOND GORDON, Secrétariat de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) : Les études effectuées sur la santé en matière de sexualité et de reproduction chez les adolescents ont dévoilé une situation qui se caractérise par un très haut pourcentage de jeunes sexuellement actifs; la présence de partenaires multiples à un âge précoce; la non-utilisation de contraceptifs; et une ignorance complète des risques du SIDA. L'augmentation rapide de la transmission de ce virus constitue une réelle préoccupation dans la région. Les problèmes identifiés montrent une grande prévalence du sida chez les jeunes; un taux de mortalité élevé chez les personnes âgées de 15 à 25 ans; une absence de programmes abordant spécifiquement le traitement chez les individus séropositifs; et le coût très élevé des médicaments contre le sida. Selon les prévisions, le coût direct de l'épidémie ajouté au coût dû à la perte des revenus dépassera d'ici l'an 2006, la somme de 500 millions de dollars. En septembre et octobre 1998, un Sommet de la jeunesse s'est tenu à la Barbade qui a conduit à l'élaboration d'une déclaration régionale sur la santé et les droits de l'adolescent et d'un Plan d'action régional. Pour leur part, les paramètres de l'égalité entre les hommes et les femmes montrent la persistance de problèmes importants caractérisés par un taux élevé du chômage chez les femmes; une protection inadéquate pour certaines catégories de travailleuses; et un taux préoccupant de violence domestique.

LE CARICOM essaye de résoudre ces problèmes sociaux dans un contexte rendu difficile par l'impact négatif de la migration. La fuite des cerveaux; les risques accrus de maladies transmissibles, et l'expulsion des immigrés illégaux constituent des préoccupations majeures. Le contexte est également rendu difficile par les facteurs écologiques; les tâches de reconstruction économique et de stabilisation des vies sociales et émotionnelles des populations de la sous-région constituant bien souvent un très lourd fardeau pour les économies fragiles des pays du CARICOM.

( suivre)

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Ces économies sont en plus étranglées par le fardeau de la dette. En dépit de ces contraintes, le CARICOM reconnaît et défend la relation étroite entre population, croissance économique durable et développement durable. Le CARICOM mérite donc la compréhension et l'appui constants de la communauté internationale.

M. DAW SWEDAN, Sous-Secrétaire général chargé des affaires sociales de la Ligue des Etats arabes : nous aimerions attirer l'attention sur le fait que la Ligue des Etats arabes a pris part à tous les travaux et à toutes les conférences préparatoires de la présente session extraordinaire. Ceci démontre notre attachement à l'amélioration du bien-être social de nos peuples et à l'avancement du statut des femmes. Nous avons créé dans les pays membres de la Ligue, des comités travaillant dans les domaines de la femme, de la mère et de l'enfant. Nous avons d'autre part, créé en accord et avec la coopération du FNUAP, de l'UNICEF et de l'OMS une série de programmes visant l'amélioration de la santé de la mère et de l'enfant. Ce projet vise aussi à assurer une meilleure formation de nos ressources humaines, et notamment des personnels travaillant dans le domaine des soins maternels et infantiles. Nous venons aussi de démarrer une nouvelle phase de projets qui incluent les besoins de la famille dans son ensemble. Mais nous faisons face comme la majorité des pays en développement à une pénurie de moyens. Nous espérons que le nouveau millénaire pourra réduire les différences de développement qui existent entre les Etats du Nord et du Sud, de façon à généraliser le bien- être social à tous les habitants de la planète.

MME INGAR BRUEGGEMANN, Directrice générale de la Fédération internationale du planning familial : la fédération internationale du planning familial (IPPF), qui travaille avec 140 associations de planning familial dans plus de 170 pays, a fait de sa priorité les questions suivantes: continuer à fournir des services de santé génésique accessibles, abordables et appropriés, y compris la planification familiale, l'information et l'éducation; assurer une maternité sans risque; satisfaire les besoins et les droits en matière de santé génésique des jeunes. Plus de la moitié des nouvelles infections du VIH/sida survient chez les jeunes. Un adolescent sur 20 dans le monde souffre d'une maladie sexuellement transmissible. Une naissance sur 10 survient chez des adolescentes, posant des risques tant à la jeune mère qu'à l'enfant.

C'est pour cette raison que l'IPPF fait appel à vous, organisations gouvernementales et non-gouvernementales pour adopter des politiques et des législations qui assureront que les besoins des jeunes en matière de santé génésique soient satisfaits grâce à des services de qualité appropriés, accessibles et abordables et pour s'assurer que ces services respecteront les droits de ces jeunes.

( suivre)

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En ce qui concerne la tragédie silencieuse des femmes qui meurent en donnant la vie, nos efforts sont fondés sur le principe que l'acte naturel de donner la vie ne doit pas priver une femme du droit à la vie. Dans ce contexte, de meilleurs services de planification familiale, comprenant une vaste palette de méthodes contraceptives, y compris la contraception d'urgence, jouent un rôle important dans la réduction de la mortalité maternelle due aux avortements à risque, mais aussi dans la prévention des grossesses non désirées, particulièrement chez les jeunes.

L'IPPF, avec l'aide de ses associations et la participation active de millions de volontaires de par le monde, s'engage à appliquer de façon continue et accélérée le Programme d'action du Caire. Cela ne peut se faire que par le biais de partenariats: partenariat entre les gouvernements, les instances internationales, les organisations de la société civile et les jeunes. L'IPPF croit fermement que la réduction de la pauvreté, la croissance démographique en harmonie avec celle des ressources existantes et le développement durable sont des problèmes vitaux dans le domaine du développement.

Mme GITA SEN, Coalition des femmes pour la CIPD : ce soir, la Coalition des femmes pour la Conférence du Caire célèbre l'appui ferme des gouvernements pour les progrès importants accomplis au cours de ces derniers jours. Ces progrès concernent la promotion et la protection de la santé sexuelle et de la santé et des droits génésiques des jeunes, en respectant la confidentialité; les mesures importantes visant à réduire la tragédie de la mortalité maternelle en renforçant l'accès à des services de santé appropriés; les moyens de prévention et de traitement du VIH/sida, ainsi que le renforcement du partenariat entre les gouvernements et la société civile tout en respectant pleinement l'autonomie des ONG. Tout en célébrant ce qui a été accompli, on constate qu'il reste encore beaucoup à faire. N'oublions pas qu'à chaque minute, une femme meurt en couches pour des causes qui pourraient être évitées ou que les jeunes, et surtout, les filles demeurent vulnérables à la violence et aux abus sexuels, ou encore que les ressources sont insuffisantes. Mais en oeuvrant ensemble, il est possible de réaliser des progrès et il vaut mieux tard que jamais. Le nouveau millénaire sera le millénaire des droits des femmes, de l'égalité des sexes et de la justice entre les sexes.

Mme JEANNE E. HEAD, Fédération internationale du choix à la vie et Coalition des femmes, des enfants et de la famille : l'échec enregistré en matière de mortalité maternelle dans les pays en développement s'explique par le fait que les ressources aux fins du développement ont été surtout consacrées aux programmes de contrôle des naissances plutôt qu'à l'amélioration des soins de santé générale et maternelle. Devant cette tribune, il faut dénoncer l'affirmation fausse et dangereuse qui consiste à faire croire que la légalisation de l'avortement constitue le meilleur moyen de réduire la mortalité maternelle dans les pays en développement. Il faut dire la vérité et souligner que la légalisation de l'avortement dans les pays en développement aura une seule conséquence : l'augmentation de la mortalité maternelle.

( suivre)

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Aux Etats-Unis où l'avortement est légalisé, depuis 26 ans, et où les normes de santé sont élevées, les femmes continuent de mourir quand même des suites d'un avortement. La mortalité maternelle y est quatre fois plus élevée qu'en Irlande où le caractère illégal de l'avortement a permis au pays de maintenir le taux de mortalité maternelle le plus bas du monde. Il est essentiel que le processus de mise en oeuvre du Programme d'action du Caire protège les droits et responsabilités des parents en ce qui concerne l'éducation, la santé de reproduction, et l'éducation sexuelle et ce, conformément aux recommandations du Programme et aux documents des Nations Unies relatifs aux droits de l'homme. La Déclaration universelle des droits de l'homme ne dit-elle pas que "les parents ont le droit de choisir l'éducation qu'ils donneront à leurs enfants" et le Pacte international des droits civils et politiques n'ajoute-t-il pas que "les Etats parties s'engagent à respecter la liberté des parents... à donner une éducation religieuse et morale à leurs enfants conformément à leur propre conviction". Ce qui est sûr et décevant c'est qu'une fois encore, le document final de la session ne traite pas des véritables problèmes rencontrés par les femmes et les enfants dans les pays en développement : la maladie et la faim.

Aperçu des travaux de la Session extraordinaire

Au cours du débat général, tenu en plénière du 30 juin au 2 juillet, et qui a porté sur l'examen et l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994), les délégations gouvernementales, représentées pour la plupart à haut niveau, ont évoqué un large éventail de questions. Elle se sont penchées, entre autres, sur le lien entre la croissance démographique et le développement durable, la lutte contre la pauvreté, l'émancipation des femmes, la planification familiale, les migrations internationales et internes, l'avortement et le droit à la vie, ainsi que le respect des spécificités culturelles, religieuses, éthiques et politiques de chaque société.

Tout en réaffirmant leur attachement résolu aux principes, buts et objectifs du Programme d'action, les participants au débat ont demandé une réévaluation des moyens financiers consacrés aux programmes de développement, en particulier dans les pays les plus pauvres, où les problèmes de population sont les plus aigus. Les pays donateurs ont été rappelés aux promesses qu'ils ont faites lors de la Conférence du Caire. La CIPD avait, en effet, pris l'engagement de mobiliser à l'échelle mondiale un montant de 17 milliards de dollars par an d'ici à l'an 2000 et de plus de 21 milliards de dollars d'ici à 2015 en faveur des programmes de population et de santé en matière de reproduction.

( suivre)

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Les pays donateurs s'étaient engagés à fournir un tiers de ce montant, les pays en développement assumant deux tiers de la charge. Selon la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population, Mme Nafis Sadik, les pays donateurs ont versé à ce jour 1,9 milliard de dollars sur les 5,7 milliards auxquels ils s'étaient engagés, alors que les pays en développement ont déjà investi 7,8 milliards sur les 11,3 milliards de dollars qu'ils devaient fournir. Cette situation est aggravée par la diminution globale de l'Aide publique au développement et le fait que, dans un certain nombre de pays, une situation économique difficile et l'instabilité politique entravent les efforts visant à mobiliser les ressources intérieures nécessaires pour mettre en oeuvre les politiques et programmes nationaux relatifs à la population.

Le débat général a souligné que la tâche essentielle des stratégies en matière de population et de développement est de trouver rapidement un équilibre entre la croissance de la population mondiale et la capacité des gouvernements à satisfaire les besoins fondamentaux de chaque individu. A cet égard, il importe, en premier lieu, de veiller à améliorer l'accès aux services sociaux de base en vue de les rendre universellement accessibles. Les soins de santé primaires, y compris les services de santé sexuelle et de la reproduction, doivent être mis à la disposition de tous. La santé génésique des adolescents et des jeunes doit bénéficier d'une attention accrue et un effort particulier doit être fait pour les sensibiliser aux risques du sida et des maladies sexuellement transmissibles. Réaffirmant le statut de la famille en tant que fondement unique de la société, plusieurs délégations ont fait valoir, à cet égard, que l'union responsable entre un homme et une femme, fondée sur les valeurs traditionnelles, reste le meilleur moyen d'inculquer aux jeunes un comportement respectueux d'eux-même et de l'autre, et donc de prévenir les grossesses précoces et non désirées, et les avortements.

Sur cette question controversée, le Saint-Siège, appuyé par plusieurs délégations, a réaffirmé que la vie commence dès la conception et qu'elle doit être protégée dès les premiers moments jusqu'à la fin de son cycle. Le Saint- Siège n'a pas non plus manqué d'exprimer sa profonde inquiétude en ce qui concerne l'introduction de la "soi-disant contraception d'urgence", que son représentant a qualifiée d'instrument d'avortement empêchant l'implantation d'un oeuf humain fécondé.

De manière générale, plusieurs pays ont insisté sur le fait que la planification familiale et le contrôle de la population ne peuvent être considérés comme norme sociale universelle et qu'aucun groupe de pays ne peut imposer à d'autres une ligne d'action dans ces domaines.

( suivre)

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Le rôle central des femmes dans la société et dans le développement a été reconnu à l'unanimité. Dans ce contexte, l'accent a été mis sur l'importance de l'éducation et de la promotion universelle de l'équité et de l'égalité entre les sexes. L'autonomisation des femmes passe aussi par l'accès aux services de santé, la possibilité de choisir librement le nombre et l'espacement des naissances, et la participation aux processus de décision qui les concernent, a-t-il été souligné.

Les migrations internationales et internes ont également figuré en bonne place dans le débat. Plusieurs intervenants ont, dans ce cadre, demandé que l'on examine plus avant les causes diverses des mouvements de population et qu'une attention accrue soit accordée aux problèmes spécifiques des travailleurs migrants, des personnes déplacées et des réfugiés, notamment en ce qui concerne la protection de leurs droits.

Particulièrement affectés par les conséquences des migrations dans leur région, les pays en transition ont demandé que leur situation particulière soit prise en considération par la communauté internationale. Confrontés à un déclin net des taux de natalité, alors que leurs taux de mortalité restent élevés, ces pays doivent faire face à des difficultés économiques, aggravées par des catastrophes écologiques et l'instabilité qui continue de prévaloir dans certaines régions.

Lors de sa première séance, la session extraordinaire avait élu à sa Présidence M. Didier Opertti, Président actuel de l'Assemblée générale. La Commission de vérification des pouvoirs était composée des pays suivants : Chine, Fidji, Jamaïque, Mali, Nouvelle-Zélande, Fédération de Russie, Etats- Unis, Venezuela et Zimbabwe.

La Conférence internationale sur la population et le développement qui s'est tenue au Caire en 1994 était la troisième du genre organisée sous les auspices des Nations Unies, mais la première à intégrer les questions de population et de développement. La première Conférence internationale sur la population s'est tenue à Bucarest (Roumanie) en 1974 et la deuxième à Mexico en 1984. La Conférence du Caire s'inscrit dans le droit fil de ces deux événements. Son Programme d'action, établi sur vingt ans, insiste sur la nécessité de répondre aux besoins des individus, femmes et hommes, plutôt qu'à des objectifs démographiques.

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