En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/437

PREVENTION DES CRISES, RESPONSABILISATION DU SECTEUR PRIVE ET PROMOTION DES POLITIQUES SOCIALES, BASES DE LA NOUVELLE ARCHITECTURE FINANCIERE MONDIALE

29 avril 1999


Communiqué de Presse
ECOSOC/437


PREVENTION DES CRISES, RESPONSABILISATION DU SECTEUR PRIVE ET PROMOTION DES POLITIQUES SOCIALES, BASES DE LA NOUVELLE ARCHITECTURE FINANCIERE MONDIALE

19990429 L'accent est mis sur une réelle collaboration entre les Nations Unies et les Institutions de Bretton Woods

Carrefour de deux approches différentes du développement, la réunion de haut niveau entre le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods, deuxième du genre, a eu lieu ce matin au Siège de l'ONU, sous la présidence du Président du Conseil économique et social et Représentant permanent de l'Italie auprès des Nations Unies, M. Francesco Paolo Fulci. Pour assurer une certaine continuité avec le dialogue de la première réunion de haut niveau de 1998, qui portait sur les nouveaux enjeux de l'intégration financière et du développement, les participants ont choisi de se réunir, cette année, autour du thème "fonctionnement des marchés financiers internationaux et stabilité dans le financement du développement". A cet égard, le Secrétaire général de l'ONU a invité les participants à mettre un accent particulier sur les mesures propres à promouvoir le rétablissement des économies en développement et en transition; l'architecture financière et les flux financiers pour le développement; la politique internationale concernant la dette extérieure; et le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods.

Ainsi, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette a appelé, ce matin, les institutions financières internationales à davantage d'unité dans le propos et l'action afin que les Nations Unies soient à même de mieux répondre aux besoins de la communauté. Elle a jugé important que la réforme de l'architecture financière internationale se poursuive en tenant compte des impératifs sociaux et de ceux de la dette extérieure. A cet égard, Mme Fréchette a souhaité que les initiatives louables d'allègement de la dette comme l'Initiative HIPC du FMI et de la Banque mondiale à l'intention des pays pauvres les plus endettés, ne viennent pas remplacer l'aide publique au développement (APD). L'APD qui, comme l'a rappelé le Président du Conseil économique et social, M. Francesco Paolo Fulci, est à son niveau le plus bas depuis cinquante ans.

S'inquiétant également du déclin de l'APD, le Président du Comité pour le développement du FMI et de la Banque mondiale et Ministre des finances de la Thaïlande, M. Tarrin Nimmanahaeminda a toutefois mis l'accent sur les progrès en matière d'allègement de la dette. Il y a trois ans, a-t-il souligné, l'adoption d'une approche globale en matière de dette extérieure était presque impensable. Aujourd'hui, 6 milliards de dollars d'allègement de la dette ont été consentis pour sept pays et des efforts sont déployés pour élargir la portée de l'Initiative HIPC. Le Président du Comité pour le développement a reconnu, à l'instar des représentants des Nations Unies, le lien qui existe entre allègement de la dette, développement durable et réduction de la pauvreté. Le Président de la Banque mondiale, M. James Wolfensohn, a tout de même mis en garde contre toute tentative de considérer l'Initiative HIPC comme élément central du financement du développement. Il a ainsi souligné l'importance de la bonne gouvernance, du renforcement des capacités ou encore des autres mesures d'appui au développement.

Pour sa part, le Président du Comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) et Ministre du Trésor de l'Italie, M. Carlo Azeglio Ciampi, a fait part de l'état d'avancement des travaux en ce qui concerne la future architecture financière mondiale. Il a ainsi annoncé la création par le FMI d'une ligne de crédits de prévoyance afin de prévenir la contagion des crises financières; l'établissement de codes de transparence en matière de politique fiscale, monétaire et financière dont s'inspirera le FMI; et le renforcement des rôles du FMI et la Banque mondiale dans le domaine des politiques sociales. Il a aussi fait part des efforts visant à impliquer davantage le secteur privé dans la stabilisation des flux financiers vers les pays à marchés émergents et les pays moins développés. Le Directeur général du FMI, M. Michel Camdessus, a estimé que la création des lignes de crédit de prévoyance est une initiative révolutionnaire de prévention des crises. Il s'agit, a-t-il dit, d'inciter les pays à faire face à leur vulnérabilité en renforçant leurs relations avec le secteur privé qui devient partenaire du règlement des crises aux côtés du secteur public.

Le Président du Groupe des 10 du FMI, M. Mats Karlsson (Suède) et le Président du Groupe des 24 du FMI, M. Carlos Saito ont eux fait part des travaux de leur instance respective. La série de questions-réponses a permis à un grand nombre de délégations de demander des éclaircissements sur les analyses et les propositions avancées par les orateurs.

Informations de base

La première réunion de haut niveau entre le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods avait eu lieu le 18 avril 1998, dans le contexte de la crise financière partie en 1997 des marchés émergents d'Asie. Première turbulence majeure depuis la mondialisation, la crise financière a imposé une réflexion sur l'évolution de l'économie mondiale. Au titre des avantages de la mondialisation, les chiffres parlent d'eux-mêmes. La croissance économique mondiale a été de 2,9% à 3,1% par an entre 1980 et 1997; la croissance des finances étant plus impressionnante encore, avec 300 à 400

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trillions de dollars échangés chaque année. La crise financière a donc modéré les perspectives encourageantes et obligé la communauté internationale à reconnaître la vulnérabilité d'une économie où seuls 2% des 300 à 400 trillions de dollars cités plus haut font l'objet de réelles transactions commerciales. En effet, la masse de ces capitaux est constituée principalement de capitaux privés, chercheurs des seuls marchés porteurs et prêts à s'évaporer à la moindre alerte, avec les conséquences que cela comporte pour le développement économique et social.

Devant les risques inhérents à cette volatilité des capitaux, la première réunion de haut niveau a tout naturellement été consacrée aux nouveaux enjeux de l'intégration financière et du développement. Elle a ainsi permis de définir les enjeux parmi lesquels figurent un meilleur contrôle des capitaux par la réforme de l'architecture financière internationale; le renforcement des systèmes économiques, financiers et bancaires nationaux; la prise en compte de l'interdépendance des politiques économiques et financières et, en conséquence, la prévention des risques de contagion des crises; le renforcement de la transparence dans les données politiques et économiques; et l'appel aux secteur privé dans le règlement des crises. Depuis, des efforts internationaux ont été déployés pour faire avancer ce nouvel ordre du jour et les deux acteurs du développement mondial que sont les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods n'ont cessé d'intensifier leurs consultations. Au mois de janvier de cette année, le Secrétaire général a publié des recommandations sur la réforme de l'architecture financière internationale. Pour lui, cette réforme doit d'abord améliorer la consistance des politiques macroéconomiques au niveau international. Elle doit aussi conduire à une réforme du FMI pour assurer des montants de liquidités adéquats en temps de crise. La réforme devrait également aboutir à l'adoption de codes de conduite, à l'améliorationn de l'information financière, et à la supervision et à la régulation financière aux niveaux nationaux et internationaux. Concernant les questions touchant aux comptes de capitaux, le Secrétaire général recommande une certaine autonomie des économies en développement et en transition de même que l'incorporation des réserves financières immobilisées dans les ressources destinées aux crédits et prêts internationaux. Enfin, la réforme devrait mener à la création d'un réseau d'organisations régionales et sous-régionales destinées à contribuer au règlement des questions financières et monétaires.

De son côté, le Président de la Banque mondiale a fait circuler une proposition sur un cadre de développement intégré fondé sur une vision globale du développement. Pour lui, on ne peut adopter un nouveau système dans lequel le macroéconomique et financier seraient envisagés indépendamment des aspects structurels sociaux et humains. Seule l'adoption d'une approche fondée sur les principes de l'intégration, de la transparence et de la responsabilité permettront de relever le défi global consistant à assurer un développement durable dans l'équité et à faire reculer la pauvreté. La mise en place d'une architecture financière internationale viable pour le prochain millénaire en dépend.

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Cette année, le thème "fonctionnement des marchés financiers internationaux et stabilité dans le financement du développement" traduit donc une volonté de poursuivre la recherche de solutions aux problèmes nés de la mondialisation. Dans un contexte mondial marqué notamment par le déclin de l'aide publique au développement, le poids de la dette extérieure et l'importance accrue des capitaux privés, la question du financement du développement devient de plus en plus urgente. Le segment de la réunion consacré à la stabilité du financement dans le développement présage d'ailleurs d'initiatives à venir. Au sein des Nations Unies, les préparatifs d'une conférence mondiale sur le thème du financement dans le développement sont déjà en cours. La Conférence devrait se tenir en 2001 et se concentrer sur des questions importantes pour le FMI et la Banque mondiale.

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Réunion de haut niveau extraordinaire avec les Institution de Bretton Woods

Dans son discours d'ouverture, M. PAOLO FULCI, Président du Conseil économique et social (ECOSOC) a souhaité la bienvenue aux participants de cette deuxième réunion entre les Institutions de Bretton Woods et d'un ECOSOC revitalisé. Il s'est félicité de la présence, cette année, du Président du Comité intérimaire du Fonds monétaire international et Ministre du Trésor de l'Italie, M. Carlo Azeglio Campi, du Président du Comité du développement de la Banque mondiale et Ministre des finances de la Thaïlande, M. Tarrin Nimmanaheminda, du Président du Groupe des 10 et Secrétaire d'Etat à la coopération pour le développement international au Ministère des affaires étrangères de la Suède, M. Mats Karlsson, et du Vice-Président du Groupe des 24, M. Carlos Saito, du Pérou. M. Fulci a également adressé un message de bienvenue au Directeur général du Fonds monétaire international, M. Michel Camdessus, et au Président de la Banque mondiale, M. James Wolfensohn, qui, a-t-il ajouté, nous ont souvent fait l'honneur de leur présence ces dernières années et font maintenant partie de notre famille. La Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, représente aujourd'hui le Secrétaire général, lequel poursuit à l'heure actuelle ses efforts en faveur de la paix, à Moscou. M. Fulci a demandé à Mme Fréchette d'assurer le Secrétaire général du soutien des participants à la réunion dans cette mission cruciale.

La réunion de cette année bénéficie de la participation de Ministres et d'officiels de haut-niveau, et plus grand nombre encore que l'an passé, a ajouté le Président de l'ECOSOC. La crise économique qui se poursuit souligne le besoin d'étudier plus avant une réforme du système financier international et les problèmes de développement. Le Conseil économique et social, tel qu'il a été envisagé par ses fondateurs, se présente naturellement comme un lieu de dialogue sur les problèmes économiques et sociaux mondiaux où il est possible de réfléchir en toute confiance. Notre réunion est un pas de plus dans la bonne direction, a souligné M. Fulci, ajoutant que le sujet du jour, "fonctionnement des marchés financiers internationaux et stabilité dans le financement du développement" est un thème que chefs de Gouvernement et décideurs politiques du monde entier ont à l'esprit. La stabilité des marchés financiers est également essentielle pour le développement. Il est aujourd'hui très clair qu'une structure financière doit reposer sur des bases sociales solides; la lutte contre la pauvreté dans le monde est bien plus qu'un noble concept de solidarité humaine. C'est la manifestation d'un intérêt éclairé, et probablement le meilleur moyen de préserver le bien-être de ceux qui ont la chance d'en profiter déjà. Dans cette perspective, il est particulièrement inquiétant que l'aide publique au développement soit actuellement à son plus bas niveaux depuis cinquante ans, a poursuivi M. Fulci. Il faut inverser cette tendance et soulager les pays les plus pauvres en particulier, en les libérant du poids d'une dette insoutenable et en leur donnant les moyens de répondre aux besoins les plus élémentaires de leurs populations. Des signes encourageants allant en ce sens ont été enregistrés lors de la réunion de Washington qui vient de se terminer. Nous sommes impatients d'en savoir plus grâce aux interventions des participants à cette réunion, présents ici aujourd'hui, a ajouté M. Fulci.

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Dans sa conférence de presse précédant la réunion de Washington, le Président de la Banque mondiale a clairement fait savoir que l'"on pouvait faire plus" en terme d'allégement de dette et de soulagement de la pauvreté, a poursuivi M. Fulci, exprimant le souhait que le Président Wolfensohn puisse dire bientôt que "l'on allait faire plus" en la matière. L'ECOSOC est prêt à apporter sa contribution. L'éradication de la pauvreté sera la thème majeur de sa réunion de juillet à Genève. Le Conseil se verra bientôt présenter un projet de Manifeste pour l'éradication de la pauvreté, destiné à faire prendre conscience au public de l'importance de ce défi pour notre temps. Enfin, M. Fulci a rappelé l'initiative de l'Assemblée générale, l'année dernière, quant à l'organisation d'un événement intergouvernemental de haut- niveau sur le financement du développement. Les deux Vice-Présidents du groupe de travail sur ce thème, MM. les ambassadeurs Sucharipa, d'Autriche, et Sharma, de l'Inde, ont préparé un document d'information pour la réunion d'aujourd'hui et sont prêts à répondre aux questions des participants.

Mme LOUISE FRECHETTE (Vice-Secrétaire générale des Nations Unies) a déclaré que depuis qu'il est devenu Secrétaire général, l'un des objectifs premiers de M. Kofi Annan a été de forger plus d'unité de propos et d'action dans les opérations des différentes entités du système des Nations Unies, de manière que l'Organisation puisse répondre plus efficacement aux besoins de la communauté internationale. Lorsque nous nous sommes rencontrés l'an dernier, a dit Mme Fréchette, nous étions au milieu d'une crise financière internationale aiguë dont l'impact a entraîné un large accord sur la nécessité de créer une nouvelle architecture financière internationale qui répondrait mieux aux besoins de la nouvelle économie mondiale. Aujourd'hui nous pouvons être reconnaissants du fait que notre peur d'une récession économique mondiale ne se soit pas concrétisée. L'économie américaine, pour ne parler que d'elle, continue sa croissance, et l'Europe a lancé sa nouvelle monnaie. Même certains pays en développement montrent des signes de redressement. Mais l'heure n'est pas à la satisfaction, car les effets de la crise continuent de se faire sentir et ce serait une erreur de baisser les bras. Je ferai ici trois remarques. La première est que le taux de croissance de l'économie mondiale est à la baisse, et les risques de glissement demeurent grands. Le présent taux de croissance demeure trop faible pour compenser les risques élevés de chômage dans de nombreux pays industrialisés ou même pour soutenir les niveaux actuels d'importation des pays en développement. Le déclin des prix des matières premières, qui sont la principale source de revenus à l'exportation pour beaucoup de ces pays, réduit toujours plus l'espoir d'une croissance durable dans le monde en développement. Ma deuxième remarque porte sur la crise qui, dans de nombreux pays en développement, a remis en question les acquis sociaux de plusieurs décennies. Son impact continuera de se faire sentir pour quelque temps, et nous nous devons de trouver une solution aux problèmes qui en résultent. Enfin, une grande partie du monde en développement reste à l'écart du marché mondial et ne peut ne jouir des bénéfices de la mondialisation de l'économie libéralisée. Des centaines de millions de personnes continuent d'avoir tout juste de quoi vivre, avec très peu d'espoirs de voir leurs enfants bénéficier d'un meilleur avenir.

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Face à ces constats, il nous semble que nos priorités devraient être claires. Nous devons inverser le déclin du taux de croissance de l'économie mondiale, et nous devons compléter le travail qui a été fait en vue de créer une nouvelle architecture financière internationale. Beaucoup reste à faire en vue d'améliorer la capacité des gouvernements et des agences internationales à réduire l'instabilité des marchés de capitaux privés, et nous devons arriver à prévenir le genre de crises auxquelles nous avons eu à faire face l'an dernier. Les Nations Unies ont, à ce propos, avancé des idées sur la réforme du système financier international que nous recommandons à votre attention. La question de la gouvernance de ce système renforcé revêt une importance particulière. Ni sa conception ni sa gestion ne doivent être l'apanage de quelques Etats quels qu'ils soient. Nous devons d'autre part, aider les pays en développement à se doter de la capacité de s'engager dans l'économie mondiale de manière durable. La libéralisation en elle même, n'est pas seule suffisante pour atteindre cet objectif. Les prescriptions des institutions financières et économiques multilatérales devraient soutenir le besoin qu'ont les pays en développement de mettre en place les politiques et les mécanismes nécessaires à la sécurité économique et au bien-être social de leurs peuples. A ce propos, nous accueillons favorablement l'importance que donnent désormais les Institutions de Bretton Woods aux questions sociales, et nous pensons que les résultats des différentes conférences internationales tenues au début de cette décennie devraient servir de cadre de référence commun sur ces questions. Enfin nous pensons que des ressources adéquates devraient être disponibles pour la réaliser les objectifs dont nous parlons. Bien que le rôle du commerce et des investissements privés soient aujourd'hui reconnu comme important, l'assistance publique au développement joue et continuera de jouer un rôle critique dans beaucoup de pays pauvres. Il est donc important que le déclin de l'aide publique au développement s'arrête et que des mesures supplémentaires soient prises en vue de soulager les pays fortement endettés du fardeau de la dette. Nous soutenons sur cette question les récentes propositions visant à étendre l'initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés et de réduire la dette publique bilatérale. Nous devons enfin, réitérer le besoin de renforcer la coopération et la coordination au niveau de toutes les parties prenantes et actionnaires du processus de développement. A cet égard une approche globale s'impose, approche qui doit prendre en compte des objectifs à la fois économiques, sociaux, politiques et environnementaux.

M. CARLO AZEGLIO CIAMPI, Président du Comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) et Ministre du trésor de l'Italie, a fait part des principaux éléments de la future architecture financière mondiale ébauchée par le Comité intérimaire. Il d'abord rappelé que l'année dernière lorsque son prédécesseur s'est adressé à la première réunion de haut niveau, le monde était plongé dans le tourbillon de la crise asiatique qui s'est ensuite répandue d'un point à l'autre de la planète, frappant durement des pays tels que la Fédération de Russie et le Brésil. Aujourd'hui, même si la crise est derrière nous, l'économie mondiale est loin de connaître une pleine croissance, a estimé le Ministre du trésor. Les politiques doivent donc être ajustées et viser une croissance durable, en particulier en Europe et au

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Japon, afin de donner un véritable élan à l'économie mondiale. Le défi fondamental que la communauté internationale doit relever, a dit le Ministre, consiste à amoindrir l'impact des crises et à prévenir les crises futures. Après des mois de négociations au sein de différentes instances, les institutions financières internationales ont fixé différents objectifs.

Ainsi, le FMI a établi une ligne de crédit de prévoyance afin de prévenir et de contenir la contagion des crises. Ces crédits serviront à encourager les pays à poursuivre des politiques saines pour maintenir une certaine stabilité. Pour être éligibles à ces crédits, les pays doivent adopter des politiques d'échanges durables, mettre en oeuvre une gestion saine de la dette, adhérer aux normes internationales relatives à la dette et impliquer le secteur privé dans le financement des prêts. Sur le front de l'information, des progrès ont également été enregistrés. Ainsi des codes de transparence relatifs aux politiques fiscales, monétaires et financières ont été élaborés grâce au concours des institutions et organes internationaux. Le FMI entend utiliser ces normes dans ses activités de contrôle. Le renforcement du système financier international exige également une participation active de tous les pays, en particulier dans la conduite des politiques macroéconomiques saines. De plus, des efforts sont déployés au sein du FIM et ailleurs pour trouver les moyens d'impliquer le secteur privé dans la stabilité des flux financiers vers les pays à marchés émergents et les pays moins développés.

Le Ministre du trésor a poursuivi en indiquant que le FMI a coopéré étroitement avec la Banque mondiale et la Banque asiatique du développement pour mettre en place le plus rapidement possible des politiques sociales propres à contenir le chômage, accroître les transferts de revenus et élargir les filets de sécurité sociale. Dans le même temps, les pays ont la responsabilité d'allouer des ressources dans les domaines de l'éducation, de la santé et d'autres services sociaux et de s'abstenir de les gaspiller dans des dépenses militaires. Le Ministre du trésor a évoqué également le sort "des pays qui risquent d'être exclus de l'économie mondiale". Il a ainsi indiqué que le Comité intérimaire a appuyé l'appui continu du FMI à l'Initiative HIPC en lui demandant ainsi qu'à la Banque mondiale de travailler à l'élaboration d'un cadre pour fournir un secours plus efficace à un nombre plus grand de pays et ce, de façon à les encourager à adopter des programmes de réformes et à renforcer le respect des droits de l'homme. Le Ministre du trésor a enfin évoqué la situation au Kosovo. Faisant part des initiatives prises, il a notamment souligné que le Comité intérimaire a convenu que le financement de la balance des paiements et des coûts budgétaires des pays concernés par le conflit doit être accordé dans des termes très favorables.

M. TARRIN NIMMANAHAEMINDA, Président du Comité du développement de la Banque mondiale et Ministre des finances de Thaïlande, a souhaité que la réunion d'aujourd'hui se concentre sur deux points particuliers : la politique internationale en matière de dette extérieure et la crise économique et les politiques sociales. Rendant compte de la réunion d'hier à Washington, il a fait savoir que les Ministres avaient apprécié les progrès accomplis ces

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dernières années en faveur des pays pauvres très endettés. Il y a 3 ans, l'idée d'une approche globale face à la dette des pays les plus pauvres semblait inconcevable, et pourtant, on constate aujourd'hui que plus de 6 milliards de dollars d'allégement de la dette ont été consentis pour sept pays, et que d'autres devraient en bénéficier cette année. L'allégement de la dette doit être associé à une politique de résultats solides dans les pays intéressés, a poursuivi M. Nimmanahaeminda, ajoutant que les Ministres avaient insisté sur la nécessité d'un lien étroit entre l'allégement de la dette, le développement durable et la réduction de la pauvreté.

Selon M. Nimmanahaeminda, le Comité du développement de la Banque mondiale insiste sur la nécessité de préserver l'intégrité financière des grandes instances internationales. De l'avis des Ministres réunis à Washington, l'allégement de la dette ne suffira pas pour atteindre l'objectif très ambitieux de réduire le nombre de personnes vivant aujourd'hui dans la pauvreté de moitié d'ici l'an 2015. De nouvelles sources de financement doivent être trouvées, notamment sous forme de don. La baisse du montant de l'aide publique au développement est très inquiétante.

Prenant l'exemple de ce qui a été fait dans son pays, M. Nimmanahaeminda a indiqué que les institutions sociales de la Thaïlande ont été mises à mal par la crise financière. Pour faire face à ce problème, il a indiqué que son Gouvernement agit d'urgence selon trois principes : "la politique sociale doit être compatible avec nos valeurs et notre culture, nos valeurs de base étant le travail, l'autonomie, la cohésion au niveau de la famille et des collectivités et la force spirituelle. Deuxièmement, les efforts doivent être durables. Troisièmement, les politiques sociales doivent permettre d'approfondir notre programme de réformes". Il s'agit d'encourager une participation de la société civile à tous les niveaux, a résumé le Ministre des finances de la Thaïlande, ajoutant que la priorité du Gouvernement thaïlandais est l'allégement du chômage et du sous-emploi, notamment par l'intermédiaire de la mise en place de grands travaux ou de larges programmes de formation. Un financement additionnel a également été prévu en matière de santé. Il permet notamment d'apporter des soins aux malades du Sida, de financer l'assurance sociale, des bourses d'étude et la distribution de repas gratuits à l'école.

M. MATS KARLSSON (Secrétaire d'Etat à la coopération pour le développement international de la Suède et Président du Groupe des 10) a dit que la pauvreté peut être éradiquée plus vite que les déceptions et les échecs actuels ne le laissent croire . Les progrès accomplis au cours de ce siècle à la fois dans les pays développés et dans le monde en développement permettent de pouvoir croire en ce message. Les leçons que l'on peut tirer de tous côtés sont claires: investir dans la culture démocratique, et dans la prise en charge par les individus de leur propre avenir à travers l'éducation permettrait de donner aux personnes laissées pour compte une bonne chance de prendre en charge leur propre destin. Le recueil des indicateurs du développement dans le monde, que vient de publier la Banque mondiale il y a quelques jours, devrait attirer notre attention. Les précisions actuelles

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montrent que seules l'Asie du Sud et la Chine réduiront de moitié leur taux de pauvreté d'ici à l'an 2015, en supposant que les inégalités ne s'aggravent pas. L'objectif de réduire de moitié la pauvreté en 2015 est né au cours des conférences internationales qui se sont tenues au cours de cette décennie, dont le Sommet social de Copenhague qui a probablement été la conférence majeure. Cet objectif a été développé au sein de l'ONU, à la Banque mondiale et au FMI et nous devons le considérer sérieusement, a dit M. Karlsson.

Permettez moi de dire que bien que l'assistance au développement ne soit pas la clef de tous les problèmes, elle reste essentielle. Tous les faits prouvent que nous en avons besoin si nous voulons atteindre nos objectifs et que nous pouvons en faire un usage efficace et judicieux. Nous nous devons d'atteindre le taux de 0.7% du produit national que nous nous étions fixés pour l'aide au développement. Nous ne pouvons continuer d'attendre beaucoup de nos institutions internationales si nous ne mettons pas de l'argent où il faut. Des marchés financiers fiables sont nécessaires au développement et arriver à les mettre en place est un défi majeur de la mondialisation. Nous assistons, à travers le monde, à une croissance rapide de l'intégration économique qui va plus vite que l'intégration politique. Il y a des forces énormes de changement en marche, qui ne sont pas contrebalancées par un système commun de normes pour faire face aux chocs et aux instabilités et autres effets négatifs qui voient aussi le jour. La stabilité financière devrait être traitée comme un bien public, son opposé, l'instabilité financière devant quant à elle, être considérée comme un mal public. Quand les flots de capitaux se déversent ou se contractent sur de courtes périodes de temps, non seulement le secteur privé doit-il faire face à des incertitudes, mais les autorités nationales doivent elles aussi, faire des choix difficiles dans l'immédiat. Dans ce genre de contexte, les choix rationnels qui devraient être faits sont mis en danger. D'une certaine manière, l'instabilité financière provient des échecs de marché, et les corriger devrait être l'un de nos objectifs centraux. Aussi soutenons nous le processus actuel de révision du système financier international, l'opportunité de s'attaquer à cette question ne s'étant point présentée de manière aussi adéquate depuis longtemps. Cette révision doit se faire sur une base globale prenant en compte les questions macroéconomiques et financières, et les questions sociales et structurelles. Nous avons besoin de développer des instruments pour prévenir les crises et non pas juste pour les gérer, et les besoins spécifiques aux économies en émergence et aux nations dont les institutions sont encore fragiles doivent être pris en considération.

M. CARLOS SAITO, Vice-Président du Groupe des 24 du FMI et Conseiller du auprès du Président de la Banque centrale du Pérou, a indiqué qu'au cours de sa session du 26 avril, le Groupe s'est penché sur les trois questions que sont l'économie mondiale et le système monétaire international; le renforcement de l'architecture financière mondiale; et le financement du développement. En ce qui concerne la première question, le Groupe a marqué sa satisfaction face à l'assouplissement des conditions monétaires imposées par les pays développés. Le Groupe a jugé nécessaire que certains pays développés donnent un plus grand accès aux exportations des pays en développement. Pour

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le Groupe, il faudrait maintenir une plus grande stabilité des taux de change des devises internationales. Le Groupe a estimé qu'il faudrait assurer le suivi des mesures économiques afin de permettre les ajustements nécessaires à la croissance. Pour ce qui est de la question liée à l'architecture financière mondiale, le Groupe a appelé à l'adoption de mesures propres à maîtriser les crises financières. Pour le Groupe, les institutions financières actuelles doivent en assumer la responsabilité première puisque ce sont des instances où les pays en développement sont représentés de façon équitable. Le Groupe réaffirme sa demande de créer un groupe de travail réunissant pays développés et pays en développement. Se félicitant de l'établissement par le FMI d'une ligne de crédit d'urgence, le Groupe estime qu'il faut établir des critères précis d'éligibilité. Le Groupe s'est également félicité des efforts visant à faire participer davantage le secteur privé à la recherche de solutions aux crises.

L'intégration au marché international continuant d'être un objectif important pour les pays en développement, le Groupe appelle à des mesures pour mettre un frein à l'instabilité des flux financiers à court terme. A cet égard, la libération des comptes de capitaux doit se faire graduellement et en tenant compte des conditions propres à chaque pays. Pour ce qui est du financement du développement, le Groupe a examiné les propositions d'allégement de la dette dans le contexte de l'Initiative HIPC de la Banque mondiale et du FMI et s'est déclaré satisfait du consensus en la matière. Le Groupe n'a, en revanche, pu cacher sa préoccupation face au déclin de l'aide publique au développement. Se penchant plus particulièrement sur la situation de l'Afrique sub-saharienne, le Groupe a invité les Institutions de Bretton Woods à fournir une assistance plus consistante au renforcement des capacités de cette région. Le Groupe a souligné l'importance qu'il attache à la tenue en 2001 d'une conférence sur le financement dont le succès dépendra de la participation active des Institutions de Bretton Woods.

Table ronde

Le représentant du Guyana, au nom du groupe des 77 et de la Chine, a remarqué que de nombreux pays en développement sont préoccupés par des questions de procédure. La plupart des pays en développement se réjouissent des grandes déclarations d'intention qui sont faites, mais notent que des difficultés apparaissent au moment de la mise en oeuvre de ces politiques; ils se sentent alors exclus des initiatives les concernant. Le représentant a demandé aux panélistes ce qu'ils peuvent faire pour donner l'impression aux pays en développement qu'ils participent activement à la conception des réformes. Les pays qui ne représentent pas des risques systémiques n'ont pas accès aux niveaux supérieurs de la Banque mondiale et du FMI, a fait remarquer le représentant.

La représentante de l'Allemagne, au nom de l'Union européenne, a indiqué que les institutions financières doivent concevoir de nouvelles formes d'intervention en cas de crise. Le fonctionnement des marchés financiers internationaux est une question qui a été beaucoup discutée, a-t-elle rappelé,

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ajoutant qu'il faut accroître la transparence et réduire la volatilité des flux afin d'empêcher de nouvelles crises financières qui détruisent les résultats d'années d'efforts en matière de développement. Les pays de l'Union européenne sont prêts à fournir une aide, à condition qu'elle ne serve pas à couvrir des risques privés. En ce qui concerne l'aide publique au développement (APD), l'Union Européenne souhaite accroître ses efforts et demande à tous ses membres de consacrer 0,7% de leur produit national brut à l'APD.

La plupart des représentants sont revenus sur la question de la dette des pays les plus pauvres. La représentante de l'Union européenne a ainsi déclaré qu'il est important de réduire le poids du fardeau des pays les plus endettés. Des efforts doivent être faits dans les secteurs publics et privés; il faut stabiliser les revenus des Etats par un système d'imposition sain et un financement interne efficace. La représentante a également plaidé pour l'établissement d'un système de sécurité sociale et d'un contrôle démocratique du fonctionnement de l'Etat en matière de politique sociale. Evoquant à son tour le problème de l'endettement, le représentant des Etats-Unis a indiqué qu'il fallait lutter contre ce fléau qui empêche certains pays de répondre aux besoins essentiels de leur population tels que l'éducation et la santé ou encore la formation professionnelle, comme l'a fait également remarquer le représentant de la Turquie, qui a demandé à la communauté internationale d'appuyer les processus de réforme des pays les plus pauvres. Les représentants du Guyana, de Cuba et de l'Afrique du Sud ont aussi évoqué le problème de la dette. Ce dernier a indiqué qu'il faut accélérer le processus d'allégement, souvent trop tardif. Le représentant du Pakistan a demandé s'il était envisageable de mettre au point un plan mondial d'action visant à annuler la dette pour les pays les plus pauvres et à alléger celle d'autres pays à économie en transition.

Le représentant des Etats-Unis a fait remarquer que la famille constitue une unité économique et sociale cruciale pour le développement. Pour faire face aux crises, il est essentiel de redonner confiance aux familles et, donc, de mettre en place des réseaux de sécurité. Le représentant a ensuite posé une série de questions aux panélistes : les institutions financières mondiales et les Nations Unies peuvent-elles travailler ensemble pour encourager l'investissement et créer des emplois, notamment par le biais des petites et moyennes entreprises? Que faire pour que les citoyens puissent bénéficier de la croissance, et éviter qu'elle ne soit diminuée par la corruption et le gaspillage? Que faire pour créer un environnement propice aux investisseurs étrangers et nationaux prêts à assumer des investissements à long terme? Comment aider les pays à mettre en oeuvre des politiques qui rendent leurs marchés intéressants et pour que les citoyens puissent participer aux décisions qui régissent leur vie?

Le représentant de la Fédération de Russie a fait remarquer que les institutions financières internationales se sont avérées incapables d'empêcher la crise en Asie du Sud-Est et son élargissement à d'autres pays. Il a également souligné que la Russie a été le seul pays touché par la crise à ne

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pas recevoir de soutien en temps voulu. Le représentant s'est interrogé sur le meilleur moyen de prévenir de telles crises, déplorant l'absence de mécanismes d'alerte rapide et de prévention et d'une base juridique solide en la matière. Où en est la réforme de l'architecture financière mondiale, s'est-il-interrogé? Le représentant de la Turquie a lui aussi évoqué l'importance de mettre en place un mécanisme de prévention des crises financières et fait remarquer que les pays émergents ont été les plus touchés par les conséquences de ces crises.

Les représentants de la Fédération de Russie et de la Turquie ont également évoqué la nécessité de prendre des mesures pour réformer le système bancaire des pays touchés par la crise. De son côté, le représentant de l'Afrique du Sud a indiqué qu'on ne peut pas considérer que la crise est terminée.

Le représentant de Cuba a soulevé la nécessité d'une plus grande transparence des informations concernant le secteur bancaire. Comment réglementer les activités des acteurs des marchés financiers, s'est-il interrogé?

Le Président du Comité intérimaire du FMI, M. CIAMPI, a indiqué que le Gouvernement italien a décidé d'annuler les crédits commerciaux des pays où le revenu par habitant est inférieur à 300 dollars par an. Cela représente 1,6 milliard de dollars et s'applique à 40 pays. S'agissant de la nouvelle architecture financière, nous travaillons à rendre plus efficace le fonctionnement du Comité intérimaire en utilisant toutes les possibilités du cadre institutionnel actuel. Il faut également plus d'efficacité et de coordination entre toutes les institutions. Le principal objectif reste de prévenir les crises, et non pas de les "guérir".

Répondant au représentant du Guyana, le Président de la Banque mondiale, M. WOLFENSOHN, a fait savoir que des représentants sont prévus pour chaque pays. Il ne devrait pas y avoir de difficulté de communication. De son côté, le Directeur général du Fonds monétaire international, M. CAMDESSUS, a assuré que tous les efforts sont déployés pour faire participer tous les pays, même les plus petits, toutes les décisions étant prises par consensus. Il a assuré avoir lui-même pour principe d'accepter de recevoir personnellement les représentants de n'importe quel pays. La dette par rapport au niveau de revenus est un sujet complexe, a ensuite rappelé M. Camdessus. Des réunions ont eu lieu pour modifier le calcul des ratios. Le problème est que lorsque les politiques sont trop laxistes une fois le soutien apporté, les ratios commencent à se détériorer. Sur ce même problème de l'allégement de la dette, M. WOLFENSOHN a indiqué que sept pays ont fait l'objet d'accord et que d'autres vont en bénéficier d'ici la fin de l'année. M. CAMDESSUS s'est déclaré en plein accord avec les remarques faites par le représentant des Etats-Unis, notamment en ce qui concerne la réduction de la dette à des fins sociales (éducation, santé). Il s'est demandé si une division par tranches de la réduction de la dette ne permettrait pas de l'alléger plus vite. En réponse à la proposition du Pakistan concernant la dette, M. Camdessus a

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indiqué que la prudence s'impose en la matière. S'il en croit les opinions des Ministres, la question de la dette des pays à revenus intermédiaires ne semble pas être d'actualité.

M. Camdessus s'est déclaré surpris par l'intervention du représentant de la Russie qui accusait le FMI de ne pas avoir été en mesure de prévoir la crise financière. Je me suis moi-même rendu en Fédération de Russie pour mettre en garde les autorités, a-t-il indiqué, ajoutant que la Communauté internationale appuie les efforts des autorités russes pour remédier à la crise. Le FMI est habitué aux critiques; ses efforts se basent sur le respect d'un principe-clé : l'équité dans notre travail. Concernant le renforcement de l'architecture du système de financement international, M. Camdessus a fait savoir qu'un document résumant les mesures à ce sujet était à la disposition des participants à la réunion d'aujourd'hui. Répondant au représentant de Cuba, M. Camdessus a reconnu que le problème de la transparence des fonds de couverture est réel.

Le Vice-Président du Groupe des 24, M. SAITO, a fait part des efforts de son groupe en matière de communication. Des groupes de travail pour débattre de questions concrètes telles que la dette ont été créés; des représentants d'institutions internationales et de pays industrialisés peuvent y être invités.

Poursuivant le débat sur la question du fonctionnement des marchés financiers internationaux et la stabilité du financement du développement, le représentant du Canada a dit que son pays a annulé la dette des pays les plus endettés et a transformé l'aide qu'il fournit aux pays les plus pauvres en dons. Le Canada aimerait cependant que ces actions s'inscrivent dans une stratégie globale et viable de développement. Les aspects sociaux doivent être d'autre part, beaucoup plus pris en considération, et à cet égard, le Canada accueille favorablement le fait que la Banque mondiale tienne compte des recommandations de l'ONU en ce domaine. Nous pensons qu'il faut créer un cadre de partenariat avec les pays en développement et que le Cadre intégré des Nations Unies pour le développement (UNDAF) serait le cadre approprié à cet égard, a dit le représentant. Concernant la coordination entre l'ONU,la Banque mondiale et le FMI, il ne faudrait pas oublier d'y joindre le rôle que peuvent jouer les banques régionales qui ont une expérience de leur environnement qui serait fort utile.

Le représentant de la Colombie a dit que les pays d'Asie continuent de subir les contrecoups de la crise qu'ils ont connue il y a un an, et que le redressement de l'économie et de la dynamique de l'emploi reste désormais le défi le plus immédiat et le plus important à relever. Nous demandons que les ressources du FMI soient désormais disponibles avant que ne se produisent les crises, a dit le délégué. La Colombie s'efforce de respecter les programmes qu'elle a discutés avec les institutions de Bretton Woods, et bien que notre pays ne compte pas à l'heure actuelle faire usage des lignes de crédits auxquelles elle a droit, nous aimerions que ces lignes de crédit soient disponibles et accessibles à tous moments. L'impact social des mesures

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d'ajustement structurel est énorme sur nos sociétés, et nous apprécions les récentes propositions allant dans le sens d'une plus grande considération des aspects sociaux du développement. La paix étant un objectif important à atteindre chez nous, nous apprécions que des initiatives soient prises en vue d'aider les pays en conflits dans leur efforts de reconstruction.

La représentante des Pays-Bas a déclaré que l'allégement de la dette devrait se faire sur un rythme plus rapide. D'autre part, a-t-elle ajouté, plusieurs propositions allant dans le sens du bien-être social dans l'établissement des mesures en faveur du développement ne s'accompagnent curieusement pas des mesures de financement adéquates, et les Pays-Bas, pays qui consacre 0,8% de son PNB à l'aide publique au développement, aimerait que les autres pays riches respectent la parole donnée en ce domaine. Trop souvent les institutions internationales elles mêmes ne donnent pas le bon exemple. La Banque mondiale, par exemple, devrait s'intéresser plus à ce que font les autres agences de l'ONU, car plus de coordination s'impose si on veut atteindre de meilleurs résultats. On voit trop souvent des Ministres des finances dire des choses à Washington, alors que leurs collègues des affaires étrangères disent tout à fait le contraire à New York. Ce qui nous parait important en ce moment c'est qu'après des décennies de batailles idéologiques, un consensus se fasse jour sur ce qu'il faut mettre en place en matière de politique internationale.

Le représentant de l'Arabie saoudite a indiqué que les Etats Membres et les institutions des Nations Unies et de Bretton Woods ont beaucoup à apprendre les uns des autres. L'Arabie saoudite appuie vigoureusement l'initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés et pense que quels que soient les changements qui peuvent être apportés au système financier actuel, ils ne doivent pas diminuer ou remettre en cause les mesures jusqu'ici prises en faveur des pays les plus pauvres. Il est assez troublant de constater que les marchés des pays développés continuent d'être presque fermés aux produits des pays en développement et cette situation devrait être examinée. On entrave, d'autre part, la capacité des pays que l'on veut aider en prenant parfois des mesures qui sont plutôt favorables aux desirata des donateurs et non pas aux récipiendaires. L'ONU doit jouer un rôle accru dans la définition des normes de la mondialisation et plus de respect et une meilleure application des recommandations du Sommet social de Copenhague doivent voir le jour. Sur une autre question, notre pays est profondément préoccupé par ce qui se passe en ce moment au Kosovo et nous aimerions que les efforts soient accrus en vue de porter une assistance supplémentaire aux réfugiés.

Le représentant de la Norvège a dit que son pays veut annuler la dette de tous les pays remplissant les normes et conditions de l'initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés. Mais il est assez curieux de voir que certains pays richesse parlent seulement du bout des lèvres d'aider ces pays, car on ne les voit concrètement prendre aucune action allant dans ce sens. Le principe d'un nouveau traitement des questions économiques telles qu'elles sont désormais abordées par la Banque mondiale qui prend en compte

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les besoins sociaux, est encourageant, mais nous aimerions que ce principe soit étudié beaucoup plus en profondeur, a dit le représentant. Notre pays a beaucoup appris de la Banque mondiale en ce qui concerne certains aspects du développement et nous approuvons la proposition faite par cette institution à propos d'un nouveau cadre intégré pour le développement. Nous pensons que la coopération avec l'ONU devrait s'accroître, le contenu des propositions de la Banque mondiale recoupant énormément le travail fait par les Nations Unies en ce domaine.

Le représentant de l'Iran a dit que les marchés financiers internationaux qui fonctionnent mal sont le talon d'Achille de l'économie mondiale actuelle. Il faudrait faciliter une meilleure intégration des différents intérêts mondiaux. Toute réforme de l'architecture financière internationale demande le renforcement de la capacité institutionnelle du FMI et du rôle de la Banque mondiale. La proposition du Ministre des finances de la France, M. Strauss-Kahn allant dans le sens d'une nouvelle répartition des rôles et des fonctions au sein du FMI devrait être sérieusement considérée. Les problèmes de la mondialisation pourraient être discutés avec la Banque et le FMI au sein du Groupe de travail à composition non limitée sur les questions économiques dont le résultat des travaux devrait être discuté lors de la 55ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Le représentant du Royaume-Uni a dit en parlant de la dette qu'un ensemble de propositions a été récemment avancé par tous les grands pays créanciers. Des atténuations sérieuses du montant de la dette sont en mesure d'être accordées bientôt aux pays les plus affectés par la dette, et il est important que les aspects sociaux du développement soient totalement intégrés aux études de création d'une nouvelle architecture financière internationale. Nous pensons aussi, d'autre part, qu'il ne devrait pas y avoir de conflits entre le cadre de développement intégré proposé par la Banque mondiale et l'UNDAF de l'ONU.

Le représentant de l'Irlande a dit, à propos de la coordination que les différentes institutions semblent ne pas s'écouter les unes les autres. On a l'impression que ce que disent les experts commerciaux à Genève, New York et Washington n'est pas le fruit d'un dialogue concerté a dit le délégué. La lutte contre la pauvreté et le renforcement des mesures en faveur d'un développement durable doivent devenir notre préoccupation. Concernant le développement et la croissance, nous avons l'impression que la Banque est plus pessimiste que le FMI, en ce qui concerne notamment l'Afrique, et nous aimerions avoir des éclaircissements sur ces attitudes. Le rétablissement de la confiance est essentielle et l'attitude des institutions internationales devrait veiller à la rétablir, notamment auprès des investisseurs, a-t-il ajouté. Il est d'autre part paradoxal qu'au moment où l'on parle de réduction de la dette du fait de l'appauvrissement croissant des pays affectés, l'aide publique au développement soit en chute libre, elle qui devrait venir en aide aux pays les plus pauvres.

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Le représentant du Soudan a indiqué que son pays souhaite avoir des explications sur l'exclusion de certains pays de l'initiative en faveur des pays pauvres endettés. D'autre part, le Soudan pense que certaines conditionnalités, comme la bonne gouvernance, sont utilisées pour barrer certains pays de toutes politiques d'aide et de soutien. Les initiatives récentes de financement du développement des pays donateurs sont à saluer prises individuellement, mais des failles existent concernant les pays en conflit, car l'aide semble n'être destinée qu'aux pays sortant d'un conflit. Cette politique ne tient pas compte des conséquences des conflits sur les pays limitrophes, ni de leur durée.

Le représentant de Saint-Kitts-et-Nevis a dit que les pays de sa sous- région sont désireux de créer un marché financier unique au niveau de leur sous-région. Les petits Etas insulaires ont des problèmes qui leur sont particuliers du fait de leur petite taille et du petit nombre de leur population. Nous devons accélérer notre propre intégration à l'économie et au commerce mondial, bien que cette intégration aggrave les risques d'effondrement systémique qui se produisent chaque fois qu'une crise éclate. Les catastrophes naturelles et la chute des cours des matières premières dont nous dépendons sont pour nous un sujet de grande inquiétude. D'autre part, notre retard en matière de ressources technologiques nous handicape fortement et nous demandons que nos difficultés soient prises en considération car nous risquons, au cas où cela ne se ferait pas, de plonger dans une plus grande pauvreté. Une nouvelle architecture financière doit clairement définir les rôles de chaque institution. Quel serait par exemple le rôle de l'OMC? Le cas de l'effondrement des industries bananières est un exemple flagrant.

Répondant aux remarques des représentants, M. NIMMANAHAEMINDA a dit qu'il faut définir de meilleures politiques en matière de bien-être et de structures sociales. Le représentant de l'Irlande a fort justement mentionné le fait que la crise en Asie du Sud-est perdurait. Dans le cas de la Thaïlande, nous avons réussi à rétablir les facteurs macroéconomiques et nous sommes confiants qu'un taux de croissance modeste pourra être atteint cette année. La crise en elle même, selon les observateurs qui parlaient encore de récession mondiale il y a un an, continue d'exister, mais fort heureusement la récession globale s'est éloignée. Parlant de la question des fonds de pension et de couverture, qui ont été dans certains pays à la source des crises financières, des mesures de contrôle pourront dans l'avenir éviter la répétition des scénarios auxquels on a assisté. Sur le plan de l'agriculture, nous pensons que la modernisation des structures et des méthodes de production seront nécessaires si l'on veut assurer de meilleurs revenus et conditions de vie aux agriculteurs. La mise en place de mesures de transparence et de participation des citoyens et de la société civile aux décisions et orientations sont également à l'ordre du jour dans notre pays.

Pour sa part, M. KARLSSON, est revenu sur la question de la participation des petits pays à la prise de décisions. Il a ainsi estimé qu'il faut d'abord mettre en oeuvre des politiques de renforcement des capacités et créer des réseaux d'information et de dialogue entre ces pays.

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Ces pays doivent, en outre, encourager le dialogue avec d'autres partenaires au lieu de se bloquer dans des positions de groupes.

Reprenant la série de questions, le représentant de l'Autriche a demandé de quelle manière il est possible d'encourager la complémentarité entre le cadre global pour le développement de la Banque européenne de développement et celui des Nations Unies. Pour sa part, le représentant du Bangladesh a souhaité une définition plus précise de la nouvelle architecture financière mondiale qui selon lui, doit se fonder sur un processus participatif et égalitaire. L'architecture exige aussi une meilleure coordination entre les institutions de Bretton Woods et les Nations Unies.

Déclarations de clôture

M. WOLFENSOHN a relevé un certain consensus quant à la priorité qu'il faut donner à la lutte contre la pauvreté plutôt qu'à l'élaboration d'une architecture financière mondiale. Il a rappelé, à cet égard, les termes de la Déclaration de Copenhague qui appellent à la création d'un environnement favorable au développement social. C'est cet engagement, a dit M. Wolfensohn, qui doit inciter la Banque mondiale et les Nations Unies à travailler davantage de concert. La question de savoir qui des deux instances doit mener la lutte en la matière, n'a aucun sens, a estimé M. Wolfensohn. Les deux organes travaillent tous deux pour les groupes de pauvres qui augmentent dans le monde. Le cadre global de développement proposé par la Banque mondiale vise en fait à réunir les protagonistes du développement au sein des institutions tant bilatérales que multilatérales sans oublier la société civile. A cet égard, le programme-pilote de la Banque mondiale a montré toute l'importance de la coopération entre les différents acteurs du développement. M. Wolfensohn a donc jugé que les liens entre politiques financières, économiques, sociales et structurelles sont telles qu'ils exigent un examen commun par la Banque mondiale, le FMI et les Nations Unies.

Revenant sur la question de l de la dette, M. Wolfensohn a souhaité que l'Initiative HIPC ne soit vue que comme un aspect du financement du développement. Elle doit être placée en effet aux côtés de la bonne gouvernance, du renforcement des capacités ou encore des mesures d'appui au développement. L'Initiative HIPC est une partie intégrante du processus du développement. Tout en se déclarant satisfait de l'attention accordée à la question de la dette, M. Wolfensohn a invité les délégations à placer les choses dans leur contexte.

M. CAMDESSUS a estimé que l'heure n'est pas encore venue de parler de la fin de la crise financière. Il faut plutôt, a-t-il souhaité, parler du rétablissement d'une certaine stabilité. Il s'est félicité, à cet égard, des réformes entreprises par la République de Corée en invitant d'autres pays à faire de même. Il a rappelé qu'à l'heure actuelle, tous les efforts du FMI sont dirigés vers la lutte contre la crise et l'amélioration de l'architecture financière. Evoquant, dans ce cadre la question des normes de transparence, M. Camdessus n'a pas caché que leur adoption généralisée prendra du temps. Le

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monde, a-t-il dit, est dans une période de transition qui exige une intensification de la coopération entre tous les Etats. Répondant à la question de la participation au sein du FMI, M. Camdessus a une nouvelle fois exprimé son appui à l'idée de transformer le Comité intérimaire en Conseil. Pour lui, cette idée mettrait "les responsabilités là où elles sont" et non pas seulement aux mains des technocrates.

Poursuivant, M. Camdesssus a dit avoir particulièrement apprécié le message du Président du Groupe des 10 appelant à des mesure de prévention des crises. A cet égard, il a estimé que la création des lignes des crédits est une initiative révolutionnaire parce qu'au lieu de réagir aux crises, le FMI consacrera ses ressources, sans limites d'accès, à la prévention des crises. C'est là une façon d'inciter les pays à faire face à leur vulnérabilité en renforçant leurs relations avec le secteur privé qui devient vraiment un partenaire de la résolution des crises avec le secteur public. M. Camdessus a conclu en plaidant pour une augmentation de l'APD, la création dans les pays de filets de sécurité sociale avant les crises; et l'établissement d'un lien plus étroit entre la pauvreté et l de la dette. Il a aussi plaidé pour un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods.

Mme FRECHETTE a elle aussi souligné l'importance d'une collaboration entre ces trois institutions en arguant que la concurrence ne devrait pas avoir de place dans une question aussi importante que la lutte contre la pauvreté et le développement. Elle s'est félicitée des changements dans le système des Nations Unies mais aussi dans les relations entre l'ONU et les Institutions de Bretton Woods.

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