CPSD/154

LES VERTUS DE LA DIPLOMATIE PREVENTIVE ET DES ACCORDS REGIONAUX SONT AU CENTRE DES DEBATS DE LA QUATRIEME COMMISSION

2 novembre 1998


Communiqué de Presse
CPSD/154


LES VERTUS DE LA DIPLOMATIE PREVENTIVE ET DES ACCORDS REGIONAUX SONT AU CENTRE DES DEBATS DE LA QUATRIEME COMMISSION

19981102 La Quatrième Commission (Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation) a poursuivi ce matin son débat général consacré à l'étude de la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Les activités de diplomatie préventive et le rôle des organisations régionales ont été largement abordés par les délégations. Elles ont été nombreuses à estimer que les opérations de maintien de la paix ne constituent pas un moyen définitif de régler les conflits mais sont un outil temporaire permettant de les contenir. Faisant valoir le nombre accru de conflits régionaux et sous-régionaux, les délégations ont mis en avant les avantages des accords régionaux dans le domaine de la prévention et du règlement des conflits. Certains orateurs ont suggéré que c'était pour pallier un désengagement des Nations Unies que certaines organisations régionales avaient mis au point leurs propres mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits. C'est aux Nations Unies et au Conseil de sécurité que revient néanmoins la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, ont-ils souligné, tout en dénonçant les mesures coercitives prises à l'issue d'accords régionaux sans l'autorisation du Conseil de sécurité.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés: Egypte, République populaire démocratique de Corée, Burkina Faso, Koweït, Ethiopie, Ghana, Chine, Jamaïque, Inde, Myanmar, Bélarus, Botswana, Cuba, Chypre, Philippines, Croatie, République islamique d'Iran, Equateur et Indonésie.

La prochaine réunion aura lieu mardi 3 novembre à 15 heures.

Lettre datée du 26 octobre 1998 adressée au Président de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) par le Président de la Cinquième Commission (A/C.4/53/9)

Cette lettre fait suite à la décision prise par la Cinquième Commission à sa 12e séance dans le cadre de l'examen du point 114 de l'ordre du jour intitulé "Planification des programmes " demandant au Président de la Cinquième Commission de solliciter les avis des présidents des grandes commissions concernées de l'Assemblée générale sur les révisions proposées au plan à moyen terme pour la période 1998-2001. Ces révisions qui n'avaient pas été portées à l'attention des organes sectoriels et régionaux portent sur le programme 1 (Affaires politiques) et programme 3 (Utilisations pacifiques de l'espace). Le Président de la Cinquième Commission demande que les vues de la Quatrième Commission lui soient communiquées le vendredi 6 novembre 1998 au plus tard.

Débat général

M. HOSSAM ZAKI (Egypte) s'est félicité des efforts de l'ONU pour renforcer ses capacités de déploiement rapide. Nous espérons une coopération plus importante entre les Nations Unies et les pays qui participent à ce système. Nous sommes satisfaits de la création de deux opérations de maintien de la paix en République centrafricaine et en Sierra Leone et du fait que le Conseil de sécurité ait assumé à nouveau sa responsabilité après deux ans d'inactivité alors que de nouvelles opérations auraient été justifiées. En ce qui concerne l'Afrique, le représentant s'est dit favorable à la consolidation de la stabilité de tout le continent africain et non pas seulement d'une région ou d'une sous-région. Evoquant le caractère de plus en plus multiple des opérations de maintien de la paix des Nations Unies qui comprennent des activités humanitaires, de déminage, de réinsertion, d'édification des institutions nationales ou dans le domaine des droits de l'homme, il a insisté sur la nécessité d'harmoniser les mandats et les ressources de telles opérations. Regrettant les effets négatifs de la crise financière des Nations Unies sur le remboursement des pays contributeurs de troupes, le représentant a appelé les Etats Membres, et en particulier les cinq membres permanent du Conseil de sécurité, à régler leur quotes-parts en intégralité. Ce versement n'est pas une option mais une obligation.

M. HONG JE RYONG (République démocratique populaire de Corée) a noté que les opérations de maintien de la paix devraient fonctionner dans le respect des principes de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, de l'indépendance politique des Etats, et de la non-ingérence dans les affaires intérieures. Le Conseil de sécurité devrait lui aussi observer de manière plus stricte ces principes essentiels lorsqu'il décide de créer des opérations de maintien de la paix. Le représentant a également observé que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix devrait élargir ses activités et y inclure la surveillance de la conformité des opérations avec les principes de la Charte des Nations Unies. En ce qui concerne l'utilisation du nom des

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Nations Unies, il a estimé que tout acte d'établissement d'une force militaire en dehors des arrangements relatifs aux forces et moyens en attente des Nations Unies est inacceptable. A cet égard, le représentant a dénoncé le nom de "commandement des Nations Unies" donné arbitrairement par les Etats-Unis aux forces américaines installées en Corée du Sud, alors que les Nations Unies n'ont aucun contrôle politique, militaire ou financier sur elles. Dans ce contexte, il a appelé l'attention des Etats Membres sur le Document final de la réunion des chefs d'Etat des pays non alignés à Durban en septembre 1998, aux termes duquel le nom des Nations Unies ne peut être utilisé par un Etat ou un groupe d'Etats sans une résolution pertinente de l'Organisation.

M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a souligné l'importance des arrangements relatifs aux forces et moyens en attente dans le processus global des opérations de maintien de la paix. Le représentant a appelé au renforcement de tels arrangements et a indiqué que son pays souhaitait y participer. Citant le rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion de la paix en Afrique, il a estimé que la paix n'existera pas tant que la communauté internationale ne s'attaquera pas aux causes des conflits. Les opérations de maintien de la paix qui sont très onéreuses, ne remplacent pas l'élimination des causes des conflits. Il a suggéré de revoir la question de ces opérations dans son ensemble et d'y intégrer des paramètres susceptibles de concourir efficacement à l'élimination des causes des conflits. Notre organisation dispose des outils pour le faire. Le représentant, estimant que toutes les situations de conflits, où qu'elles soient, doivent bénéficier de la même attention, a regretté que les Nations Unies aient marqué le pas en Afrique même si les efforts en Angola, au Sahara occidental ou dans les opérations humanitaires restent indéniables. C'est pour pallier à ce déficit, a-t-il expliqué, que l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a mis en place un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) vient de procéder, il a y quelques jours, à Abuja au Nigéria, à la création de son propre mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits et de maintien de la paix. Le représentant a indiqué son soutien à la coopération entre l'ONU et les organisations régionales et a souhaité son renforcement.

M. MANSOUR AYYAD SH.A. AL-OTAIBI (Koweït) a noté que le rôle des opérations de maintien de la paix a évolué vers la préservation des droits de l'homme et l'aide humanitaire. Il a remarqué par ailleurs que le nombre des opérations a diminué. Dans ce contexte, le représentant a estimé qu'il est nécessaire de délimiter clairement les objectifs et les dirigeants de chaque opération. Il a également observé que tous les Etats Membres doivent payer leur contribution si l'on veut continuer à financer les opérations de maintien de la paix. Il a évoqué l'importance des consultations entre Conseil de sécurité et pays contributeurs et a exprimé son soutien au renforcement du rôle des Nations Unies dans les actions préventives. A titre d'exemple, le représentant a évoqué le rôle de la MONUIK qui, en contrôlant le cessez-le-feu au Koweït, contribue grandement à diminuer la tension sur les frontières. Il

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a cependant dénoncé les pratiques iraquiennes qui tendent à déstabiliser la région. Il a signalé que les deux tiers du budget de la Mission sont financés par le Koweït, soutien qui s'exprime aussi à travers une aide pour les services administratifs et militaires.

M. BERHANEMESKEL NEGA (Ethiopie) a déclaré que le succès des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dépend du respect des principes de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats, de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, du consentement des parties, de mandats clairs et réalistes et de ressources financières adéquates. Il va sans dire que les Nations Unies ont la responsabilité première de la paix et de la sécurité internationales. Néanmoins, l'expérience acquise au cours des dernières années a montré le rôle important que les organisations régionales pouvaient jouer dans la prévention et la résolution des conflits dans leurs régions respectives. Ainsi, la coopération entre ces organisations et les Nations Unies, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, est essentielle. Nous attachons une importance particulière à la coopération entre les Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et nous prenons note des mesures positives qui ont été prises à cet effet. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de l'utilisation maximale des potentiels de chaque organisation. Cette coopération devrait s'attacher à renforcer la capacité institutionnelle de l'OUA en mobilisant et en lui fournissant un soutien logistique, financier et technique. A cette fin, nous demandons instamment aux Etats Membres de contribuer au Fonds d'affectation spéciale. Les mesures visant le renforcement de la capacité de réaction rapide des pays africains doivent être coordonnées par les Nations Unies et l'OUA.

Le représentant a appelé les Etats Membres à régler leurs contributions et a demandé instamment au Secrétariat de procéder au remboursement des pays contributeurs de troupes, conformément à la nouvelle méthodologie adoptée par l'Assemblée générale. Au cours de ce processus de remboursement, la situation particulière des pays en développement devrait être prise en compte. Le représentant a par ailleurs estimé que l'élimination du personnel gratis ne devrait pas affecter le fonctionnement du Département des opérations de maintien de la paix. Evoquant la tendance visant à avoir de plus en plus recours au sein des opérations de maintien de la paix à des membres de la police civile, il a souligné la nécessité de respecter le principe de la répartition géographique équitable dans le processus de recrutement. D'autre part, le système d'alerte rapide devrait reposer sur des contributions plus importantes en terme de ressources humaines spécialisées et de moyens aériens et logistiques. Il a annoncé que la participation de l'Ethiopie à ce système est en cours de finalisation.

M. YAW OSEI (Ghana) a exprimé son inquiétude face aux menaces croissantes pesant sur le personnel des Nations Unies sur le terrain, dans le cadre des opérations de maintien de la paix, en particulier sur les observateurs militaires non armés et le personnel civil. En ce qui concerne

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les achats faits dans le cadre de ces opérations, il a estimé que les Nations Unies devraient donner la priorité aux pays en développement fournisseurs de troupes. Le représentant a également exprimé son inquiétude face à l'aggravation de la situation financière des Nations Unies, créée par le non- paiement des contributions par certains pays membres. Les conséquences pour les opérations de maintien de la paix sont regrettables, en particulier lorsqu'elles touchent certains pays en développement pauvres qui ne sont pas remboursés pour leur participation aux opérations. Le représentant a également souligné la nécessité de définir clairement et de développer les relations entre les Nations Unies et les organisations régionales dans les opérations de maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a souligné que le respect des principes contenus dans la Charte, tels que la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats, le consentement des parties, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, le règlement des conflits par des moyens pacifiques, sont des conditions préalables à tout succès d'une opération de maintien de la paix. Il a également mentionné le nécessité de s'assurer des ressources financières adéquates. Au cours des dernières années, les opérations de maintien de la paix ont considérablement souffert du montant important des arriérés dans le paiement des contributions. Nous demandons aux pays de régler leurs contributions sans retard mais nous nous opposons à la mise en place d'un plafond pour l'évaluation des coûts du maintien de la paix. Nous nous opposons encore plus fortement au report du poids financier sur les pays en développement et à l'imposition d'arrangements discriminatoires au détriment de ces pays. Le représentant a évoqué la gestion du Département des opérations de maintien de la paix et a souhaité que dans le processus d'élimination du personnel prêté à titre gratis, la représentation équitable des pays développés et des pays en développement soit prise en compte. La priorité devrait être donnée aux pays qui n'ont pas de ressortissants au sein du Département.

Le représentant s'est déclaré en faveur de l'intégration des membres de la police civile dans les opérations de maintien de la paix. Il a demandé que de nouvelles études soient menées sur le rôle et les fonctions d'une telle force de police civile. Le Département des opérations de maintien de la paix devrait en même temps élaborer des normes pour la formation d'une telle force et aider les pays en développement à y participer. Par ailleurs, la capacité de déploiement rapide des Nations Unies devrait être renforcée. Mais compte tenu de la situation financière de l'Organisation et de la baisse du nombre des opérations de maintien de la paix, cet effort devrait être déployé dans le cadre des mécanismes déjà existants, tels que les accords relatifs aux forces et moyens en attente. Le représentant a fait part du soutien de la Chine au renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, en particulier les organisations africaines. Il a néanmoins évoqué les dérives d'une telle coopération. Certaines organisations régionales ont mené des interventions militaires, sans l'autorisation du

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Conseil de sécurité. La responsabilité première du Conseil de sécurité pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales est irremplaçable.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a noté que la nature des opérations de maintien de la paix a évolué, et que les casques bleus traditionnels sont maintenant accompagnés d'officiers de police civile, d'observateurs électoraux et d'observateurs du respect des droits de l'homme. Elle a souligné que les opérations doivent s'adapter à chaque situation particulière afin de consolider le processus de paix. Elle a également mis en valeur le lien entre la pauvreté, la mauvaise gouvernance et la violation des droits de l'homme d'une part, et les conflits violents d'autre part. Dans ce contexte, Mme Durrant a rappelé la nécessité de travailler au développement tout en poursuivant les efforts de maintien de la paix et de prévention des conflits. En ce qui concerne le personnel fourni à titre gratuit, elle a observé que la fin de son utilisation ne doit pas entraîner de conséquences négatives sur la capacité des Nations Unies à déployer et gérer des opérations de maintien de la paix. Elle a également exprimé son inquiétude face à la réduction substantielle des effectifs du personnel du Département des opérations de maintien de la paix. Elle a par ailleurs mis en valeur l'importance de consultations institutionnalisées entre les pays fournisseurs de troupes et le Conseil de sécurité. Tout en exprimant son soutien aux arrangements concernant les forces en attente des Nations Unies, elle a souligné le rôle de plus en plus important joué par la police civile, en collaboration avec les forces de police locale, dans la restauration de l'ordre civil. Des directives plus claires devraient être définies dans ce domaine. La représentante a également salué les efforts de formation du personnel et le renforcement de la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales dans les opérations de maintien de la paix. Elle a dénoncé les retards persistants dans le remboursement aux pays fournisseurs de troupes, qui créent d'importantes difficultés aux pays en développement concernés.

M. MARGABANOHM (Inde) a estimé que les opérations de maintien de la paix constituent un acte de diplomatie et non de guerre. Leur succès est guidé par le consentement des parties et leur impartialité. Du fait de leur nature, elles ne sont que des mesures intérimaires qui doivent être limitées dans le temps. Elle ne peuvent pas se substituer au règlement politique des conflits et leur mandat ne doivent en aucun cas être importun ou interventionniste. Nous estimons également que la paix durable ne peut prendre racine qu'avec un développement socio-économique durable. Nous souhaitons que de tels facteurs soient pris en compte à l'avenir. Abordant la question de la participation accrue des membres de la police civile aux opérations de maintien de la paix, le représentant a fait valoir qu'une telle participation n'est guidée par aucun principe, disposition ou concept définissant les paramètres de leurs activités. Nous souhaitons qu'un tel sujet soit abordé au cours de cette session, lors de discussions intergouvernementales. Il faut tenir compte du principe de la répartition géographique équitable lors du recrutement d'un tel personnel. De même, il convient de disposer de règles d'engagement des

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troupes qui soient uniformes, quelle que soit l'opération de maintien de la paix. Le représentant a également plaidé en faveur de l'application d'un taux unifié de remboursement en cas de décès et d'invalidité au personnel des opérations de maintien de la paix.

M. U TIN WINN (Myanmar) a noté que les opérations de maintien de la paix doivent continuer à être un des moyens les plus efficaces pour maintenir la paix et la sécurité internationales, ce qui constitue le rôle premier des Nations Unies. A cet égard, ces opérations doivent observer strictement les principes de la Charte, incluant le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique dans les problèmes relevant de la juridiction intérieure. Le représentant a également rappelé les principes de base de maintien de la paix, à savoir le consentement des parties, l'impartialité et la non-utilisation de la force, sauf en cas de légitime défense. En ce qui concerne les ressources financières, il a souligné le devoir pour les Etats Membres de payer l'intégralité de leur contribution en vertu de l'Article 17 de la Charte. Dans le cadre du processus de réforme des Nations Unies, le représentant a évoqué la nécessité de tenir des consultations entre les pays fournisseurs de troupes et le Conseil de sécurité le plus tôt possible dans le processus de décision de lancement d'opérations de maintien de la paix. Abordant la question du système des forces en attente des Nations Unies, il a exprimé son soutien aux efforts visant au développement d'arrangements permettant d'accélérer le déploiement des opérations de maintien de la paix, dans les situations d'urgence en particulier. Le rôle du personnel de police civile des Nations Unies dans ces opérations devrait être également défini de manière plus claire. Cependant, les opérations de maintien de la paix ne doivent pas se substituer à l'étude des cause des conflits. A cet égard, le représentant a souligné la relation entre le développement et la paix. Tout en notant que les principes de la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies doivent être basés sur le chapitre VIII de la Charte, il a exprimé l'attachement de son gouvernement aux initiatives de réforme au sein du Département des opérations de maintien de la paix.

M. ALYAKSEI SKRYPKO (Bélarus) a estimé qu'il fallait s'attaquer en priorité aux causes des conflits et accorder une importance particulière aux activités de diplomatie préventive et au développement d'un système d'alerte rapide. Les opérations de maintien de la paix ne constituent pas un moyen de régler les conflits mais un outil temporaire permettant de les contenir. A cet égard, nous soutenons le concept intégré de "mesures préventives d'édification de la paix". Le représentant a cité en exemple les efforts de médiation du Secrétaire général en Iraq ainsi que l'escalade des tensions au Kosovo qui selon lui ont donné un élan au renforcement des mesures préventives. Compte tenu du nombre accru de conflits régionaux et sous- régionaux, le rôle des accords et des institutions régionaux dans le domaine de la prévention et du règlement des conflits s'est accru considérablement. Nous accueillons avec satisfaction le renforcement de tels accords qui dans certains cas se sont révélés plus efficaces que ceux mises en place sous les

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auspices des Nations Unies. En même temps, nous réaffirmons que les Nations Unies et le Conseil de sécurité ont la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Nous estimons inacceptable que des mesures coercitives soient prises à l'issue d'accords régionaux sans l'autorisation du Conseil de sécurité. Le représentant, citant des accords de coopération régionale réussis, a plaidé en faveur du développement des mécanismes de coordination et de coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Pour ce qui est des efforts en vue d'accroître la capacité de réaction rapide des Nations Unies, il a fait part de sa préoccupation quant au peu de progrès réalisés dans le financement et l'octroi de personnel à l'état-major de mission à déploiement rapide.

M. SHIMANE KELAOTSWE (Botswana) a observé que les Nations Unies ont besoin de trouver des approches et des stratégies nouvelles en matière de maintien de la paix afin de répondre à des conflits internes aux Etats. Il faut notamment continuer à chercher des solutions permanentes à toute situation pouvant menacer la paix et la sécurité régionales, en Afrique en particulier. A cet égard, le représentant a estimé que le Département des opérations de maintien de la paix devrait attacher une plus grande importance à la réconciliation nationale en tant que base pour une paix durable. Il a exprimé son soutien à la coopération avec les organisations régionales, telles que l'Organisation de l'unité africaine (OUA) ou l'Organisation du traité Nord-Atlantique (OTAN), en précisant toutefois que cette coopération ne peut se substituer au rôle directeur du Conseil de sécurité dans les situations de conflit. Notant que l'expérience africaine des opérations de maintien de la paix s'avère pour le moins décevante, le représentant en a attribué la responsabilité aux limitations inhérentes à la Charte des Nations Unies. La réponse de l'Organisation aux situations de conflit doit être améliorée afin d'effacer l'impression qu'elle donne de ne pas considérer les problèmes de l'Afrique comme des problèmes concernant l'ensemble de la communauté internationale. Par ailleurs, le représentant a rappelé que les Etats Membres doivent payer leur contribution au budget des Nations Unies pour le maintien de la paix. Il a mis l'accent sur le concept de diplomatie préventive, qui doit être pratiquée à chaque fois que cela est possible, avant même de déployer des opérations de maintien de la paix.

M. RAFAEL DAUSA (Cuba) a évoqué les modifications intervenues dans les travaux du Comité spécial qui a atteint un tournant dans son histoire. Le nombre accru de conflits au cours des dernières années a mené à une activité plus importante et plus efficace du Comité spécial. Le représentant a par ailleurs rappelé l'importance du respect des principes contenus dans la Charte des Nations Unies qui doivent guider toute opération de maintien de la paix. Il a également insisté sur la nécessité d'éliminer les causes de conflit qui sont la pauvreté, la misère et le sous-développement socio-économique. Il est paradoxal d'assister à la baisse de l'aide publique au développement, et de voir des justifications aux mécanismes de maintien de la paix de plus en plus imposants élaborées et imposés par les membres du Conseil de sécurité.

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Nous estimons qu'il est essentiel de fournir des mécanismes dynamiques à l'Organisation des Nations Unies pour réduire les délais entre l'autorisation donnée par le Conseil de sécurité à une mission et son déploiement. L'instrument idéal pour le faire est les accords relatifs aux forces et aux moyens en attente. Le représentant a par ailleurs estimé que le concept de l'état-major de missions à déploiement rapide mérite un examen plus poussé. Il ne faut pas oublier qu'une telle proposition avait été formulée en 1995 au moment où l'on assistait à un accroissement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. La situation a changé et nous avons assisté à une baisse du nombre de mandats autorisés, à la liquidation de nombreuses missions, à une réduction du nombre total de casques bleus et à une situation financière de plus en plus délicate. Le représentant s'est demandé si un tel état-major est toujours valide. Comment pouvons être certains que l'Organisation financera un tel projet sans recommandation spécifique du Comité spécial?

M. JAMES DROUSHIOTIS (Chypre) a noté qu'aujourd'hui les opérations de maintien de la paix sont multidimensionnelles et complexes, comprenant une combinaison d'activités de renforcement de la sécurité. Elles sont devenues l'élément clé dans le système des Nations Unies pour le maintien de la sécurité et de la paix internationales. En tant qu'Etat associé à l'Union européenne, Chypre appuie les déclarations du représentant de l'Autriche faites au nom de l'Union européenne. Cependant, le représentant a insisté sur l'histoire de l'UNFICYP établie à Chypre en 1964 à la suite de l'agression de la Turquie. Il a observé à cet égard que le problème n'est pas résolu, en dépit des résolutions adoptées par les Nations Unies. Cet exemple apporte la preuve qu'un effort intensif d'imposition de la paix doit être mené en parallèle avec les opérations de maintien de la paix. Le représentant a considéré que l'une et l'autre de ces activités sont complémentaires, et qu'en cas d'échec de la stratégie d'imposition de la paix, le Conseil de sécurité devrait employer tous les moyens à sa disposition pour redresser la situation le plus rapidement possible. Il a également souligné que la stabilité financière des Nations Unies est indispensable si l'on veut assurer une meilleure efficacité des opérations de maintien de la paix. A cet égard, il a appelé tous les pays membres à payer la totalité de leurs contributions.

Mme MARIA LOURDES RAMIRO-LOPEZ (Philippines) a indiqué son soutien à l'élimination du personnel prêté à titre gratuit au sein du Département des opérations de maintien de la paix et a souligné l'importance de la répartition géographique équitable et de l'égalité des sexes pour le recrutement du personnel du Département à l'avenir. Pour ce qui est de l'intégration de la composante de police civile dans les opérations de maintien de la paix, elle a insisté sur la nécessité de tracer une distinction nette entre leurs activités et celles menées par les éléments militaires. Les Philippines soutiennent le concept des accords relatifs aux forces et aux moyens en attente visant à accroître la capacité de réaction rapide des Nations Unies. Nous sommes disposés à participer, dans la limite de nos ressources nationales, à ce système. Elle a estimé par ailleurs que la coopération régionale constitue la

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clé du règlement des conflits. Nous soutenons à cet égard, l'appel lancé en faveur d'une plus grande coopération régionale dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales tout en sachant que les Nations Unies ont la responsabilité première en la matière.

M. VICE SKRACIC (Croatie) a rappelé l'expérience de son pays en matière d'opérations de maintien de la paix et a souligné l'importance de la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales. Il a noté que son gouvernement a pris l'initiative de mettre en place de nouveaux arrangements régionaux avec l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il a également noté la nécessité, pour le succès des opérations de maintien de la paix, de définir un mandat clair et des directives solides. L'identification des causes des conflits permet également d'établir des stratégies de maintien de la paix plus efficaces et plus réalistes. Il est à cet égard important que le Conseil de sécurité mesure l'originalité de chaque conflit avant de décider d'un plan d'action. Le représentant a annoncé l'intention de son pays de joindre les rangs des pays contributeurs de troupes, et le soutien de son gouvernement à la mise en place d'une brigade multinationale d'intervention rapide des forces en attente. Il a par ailleurs exprimé son soutien à l'institutionnalisation des consultations entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité. Ces consultations pourraient être étendues aux pays affectés par les conflits traités, les autres pays des régions concernées, y compris les pays hôtes.

M. MEHDI YOUSEFI (République islamique d'Iran) a rappelé que les Nations Unies ont la responsabilité première pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales. L'expérience acquise au cours des années a montré l'importance du respect des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale, du consentement des parties, du non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, pour le succès de toute opération. Celles-ci doivent également bénéficier de mandats clairs et d'un financement adéquat. De plus, elles doivent refléter l'effort collectif des Etats-Membres. Ainsi, chacun devrait pouvoir participer sur un pied d'égalité à tous les aspects d'une opération. Tout en respectant l'autorité des Nations Unies pour choisir les pays contributeurs de troupes, nous estimons que toute offre devrait être examinée sur une base non discriminatoire et transparente. Nous réaffirmons le rôle positif que peuvent jouer les pays contributeurs de troupes et les pays voisins dans la conclusion d'un cessez-le-feu et de la restauration de la paix, de la démocratie et de la tranquillité dans une région ravagée par la guerre. Par ailleurs, nous accueillons avec satisfaction la mission d'évaluation que le Service d'action antimines des Nations Unies et les institutions du système s'apprêtent à mener dans le pays.

M. APUNTE (Equateur) a affirmé l'alignement de son gouvernement sur les déclarations de la Jordanie, au nom du Groupe des pays non alignés. Il a signalé que les opérations de maintien de la paix ne constituent pas le meilleur moyen de répondre aux conflits car la négociation assure des solutions plus durables. Dans ce contexte, les opérations doivent être

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l'exception et non la règle. Le représentant a estimé qu'il faut encourager des mesures préventives, et résoudre les problèmes économiques et sociaux avant toute chose, car ils sont souvent à l'origine des conflits. Par ailleurs un effort de formation est nécessaire car beaucoup de pays ne disposent pas d'expérience suffisante en la matière, afin de permettre la participation de tous aux mesures de maintien de la paix. Ainsi, il a demandé que des efforts soient accomplis pour que les publications des Nations Unies sur le sujet soient disponibles dans toutes les langues officielles de l'Organisation. Le représentant a également encouragé la coopération avec les organisations régionales, en particulier dans le cadre de la tenue de réunions de consultations entre ces organisations et les Nations Unies pour une meilleure connaissance des problèmes sur le terrain.

M. HAZAIRIN POHAN (Indonésie) a estimé que les efforts déployés par les Nations Unies pour mettre un terme à ou contenir les conflits armés ont épuisé ses capacités financières et institutionnelles. Compte tenu des difficultés accrues dans le domaine du maintien de la paix et de la stabilité internationales, l'Organisation a recherché des modalités de coopération régionale. Indéniablement, la promotion de la paix et de la stabilité régionale a prouvé être des facteurs de paix et de stabilité globales. Les organisations régionales peuvent jouer un rôle actif dans l'amélioration de l'efficacité des efforts de maintien de la paix des Nations Unies sans qu'il n'y ait d'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays. Les modalités d'une telle coopération doivent être améliorées et par conséquent l'examen complet des moyens permettant de renforcer l'interaction entre les Nations Unies et les organisations régionales dans les domaines économiques, sociaux et de la sécurité, a pris de plus en plus d'importance. Pour que cette coopération soit remplie de succès, il faut qu'elle repose sur le respect des principes contenus dans la Charte des Nations Unies et tienne compte des mécanismes existants au sein des organisations régionales.

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