LE COMITE SPECIAL DE LA DECOLONISATION OBSERVE LA SEMAINE DE SOLIDARITE AVEC LES PEUPLES COLONIAUX
Communiqué de Presse
AG/COL/139
LE COMITE SPECIAL DE LA DECOLONISATION OBSERVE LA SEMAINE DE SOLIDARITE AVEC LES PEUPLES COLONIAUX
19980522 Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a observé ce matin la Semaine de solidarité avec les peuples de tous les territoires coloniaux qui luttent pour la liberté, l'indépendance et les droits de l'homme.Il a entendu, dans ce cadre, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, qui a observé que si les droits de l'homme commencent avec l'indépendance, ils ne prennent pas fin avec elle. Aussi, a-t-il rappelé à toutes les nouvelles nations leur obligation d'honorer leur indépendance en reconnaissant à leurs peuples leurs droits de l'homme, en particulier le droit au développement et leurs droits civils et politiques. Le Comité a en outre entendu les personnalités suivantes : M. Bruno Rodriguez Parilla, Président en exercice du Comité chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux; M. Ibra Deguéne Ka, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien; M. Alvaro Forero, Représentant du Président du Mouvement des non-alignés. Les Présidents des Groupes régionaux d'Asie, d'Afrique et de l'Amérique latine sont intervenus. Les représentants du Portugal et de la Jamaique sont intervenus. L'Observateur de la Palestine et le Ministre en Chef et Ministre des finances, de l'économie et du développement de Montserrat sont intervenus. Les représentants du Portugal, de l'Indonésie, du Royaume-Uni et du Brésil sont intervenus dans l'exercice de leurs droits de réponse.
La semaine de solidarité a été institué par l'Assemblée générale dans sa résolution 2911 du 2 novembre 1972.
Déclaration à l'occasion de la Célébration de la Semaine de solidarité avec les peuples de tous les territoires coloniaux qui luttent pour la liberté, l'indépendance et les droits de l'homme
Le Président par intérim du Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. BRUNO RODRIGUEZ PARILLA, a rappelé que depuis 1972, conformément à la résolution 2911 (XXVII) du 2 novembre 1972, les Nations Unies observent chaque année, la Semaine de solidarité avec les peuples de tous les territoires coloniaux qui luttent pour la liberté, l'indépendance et les droits de l'homme. Cette célébration est pleinement en accord avec les buts et principes énoncés par la Charte des Nations Unies qui sont réaffirmés de manière éloquente dans la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, adoptée par l'Assemblée générale le 14 décembre 1960. C'est essentiellement une occasion pour les Nations Unies et pour la communauté internationale de réaffirmer leur engagement à la nécessité de mettre fin rapidement et de manière inconditionnelle au colonialisme sous toutes ses formes et manifestations par la pleine application de la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale. C'est également l'occasion de réaffirmer notre conviction dans les droits de l'homme fondamentaux, dans la dignité et le respect de la personne humaine, dans l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. Le plus important est que cette commémoration permet aux peuples de tous les territoires coloniaux de savoir que leur cause n'a pas été oubliée, que leurs efforts visant à construire un avenir meilleur pour eux-mêmes et pour régler les problèmes auxquels ils sont confrontés trouveront ici appui et assistance ainsi qu'un forum pour y faire entendre leur voix. En exprimant notre solidarité, a souligné M. Rodriguez Parilla , nous nous déclarons convaincus que tous les peuples ont le droit à l'autodétermination et, qu'en vertu de ce droit, ils devraient être en mesure de déterminer le statut politique et le développement socio-économique de leur choix.
Le Comité des 24 est particulièrement conscient de la nécessité de déployer des efforts plus importants et plus déterminés dans le domaine de la décolonisation. Les succès accomplis au cours des dernières décennies en la matière devraient inspirer et encourager les efforts en cours pour permettre au Comité de s'acquitter de son mandat. De nombreux territoires non autonomes sont de petites îles des Caraïbes et du Pacifique, peu peuplées, vulnérables aux catastrophes naturelles et dont les ressources naturelles sont faibles. L'Assemblée générale a constamment réitéré son appel aux organisations du système des Nations Unies et aux organisations régionales, ainsi qu'à la communauté internationale au sens large, pour continuer d'assister ces territoires afin de renforcer leur conditions de vie et d'explorer de nouvelles voies leur permettant de trouver une solution de leur choix. L'appui et la coopération des Puissances administrantes est indispensable pour les progrès réalisés dans les territoires autonomes en vue de leur autodétermination. Les Puissances administrantes doivent redoubler d'efforts pour assister les peuples des territoires coloniaux à réaliser les objectifs visés par la Déclaration.
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M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que depuis sa création, les Nations Unies constituent un havre pour les peuples du monde qui continuent de lutter pour l'indépendance. Depuis l'adoption de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux peuples et territoires coloniaux, environ soixante anciens territoires coloniaux peuplés de plus de 80 millions d'habitants ont accédé à l'indépendance et sont devenus membres des Nations Unies. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. A la veille de la fin de la Décennie internationale pour l'éradication du colonialisme, il faudrait redoubler d'efforts pour mettre fin à ce processus. A l'occasion du cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il est crucial de rappeler que les droits de l'homme sont au centre de la lutte pour l'indépendance, a déclaré M. Annan. La lutte pour l'indépendance, pour le droit d'un peuple d'être maître de son propre avenir, est la lutte pour les droits de l'homme. Alors que les droits de l'homme commencent avec l'indépendance, ils ne prennent pas fin avec elle. C'est le devoir solennel de toutes les nouvelles nations - qu'elles se trouvent en Afrique ou en Asie - d'honorer leur indépendance en reconnaissant à tous des droits de l'homme véritables, y compris le droit au développement et les droits civiles et politiques.
M. IBRA DEGUENE KA, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré qu'aujourd'hui, l'accession à la souveraineté internationale de beaucoup de pays et territoires sous administration coloniale a permis de renforcer le caractère universel de l'ONU dont les efforts soutenus ont engrangé des succès universellement reconnus qu'il convient de consolider et d'étendre. Le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien inscrit son action et ses initiatives dans cette perspective. Cette Semaine de solidarité est donc aussi celle de la Palestine et de tous les Palestiniens vivant sous l'occupation, privés de leur liberté et dépossédés de leurs territoires. Elle est également celle de tous les Palestiniens en exil forcé et qui rêvent de retourner la terre de leurs ancêtres. Elle est enfin la Semaine de tous les Palestiniens de leurs droits les plus élémentaires, dont le droit d'aller et de venir, de travailler et de vivre dans la paix, dans la dignité et la sécurité. La célébration de cette Semaine, cette année, intervient dans le contexte de crise aiguë du processus de paix israélo-arabe. En cette année de célébration du 5oême anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme, il est temps d'agir pour arrêter l'escalade, a appelé M. Ka.
M. ALVARO FORERO a déclaré, au nom du Président du mouvement des non- alignés, que les activités les plus notables des Nations Unies ayant contribué à l'obtention de l'indépendance d'un grand nombre des ses membres n'est pas une raison pour que l'Organisation repose sur ses lauriers. Afin que les Nations Unies puissent réorienter leur oeuvre, elles doivent d'abord achever certaines de ses fonctions principales. C'est aux citoyens qu'il revient de décider de leur statut tant que des voix s'élèveront en faveur de l'autodétermination, l'Organisation devra y répondre. Il est important que le Comité spécial reçoive la collaboration requise des puissances administrantes pour exécuter son mandat. Le représentant a réaffirmé le caractère
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irremplaçable du Comité des 24 et il a salué la décision du Secrétaire général de maintenir la décolonisation au sein du Département des affaires politiques. A moins de deux ans de la Décennie, les Nations Unies sont toujours responsables de 17 territoires non autonomes. Si nous voulons voir un siècle sans colonialisme, il faudra accélérer le pas. Pour cela il faut que les territoires non autonomes bénéficient d'un développement économique et social durable. Le Mouvement a toujours appuyé le Comité des 24 et réaffirmé l'importance des missions de visite et des séminaires régionaux.
M. TAYE WAH MICHEL WAN CHAT KWONG, Président du Groupe des Etats africains, a rappelé que le continent africain a été découpé en "puzzle" par des chancelleries occidentales. La décolonisation est un des grands succès accomplis par les Nations Unies. Le Comité spécial doit poursuivre tous les efforts nécessaires pour assister les peuples et territoires coloniaux en vue de réaliser les objectifs de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance. Le Groupe des Etats africains s'engage à apporter son plein appui aux travaux du Comité dans ce domaine.
M. ARIZAL EFFENDI, s'exprimant au nom du Président du Groupe asiatique, a estimé que cette réunion a lieu à un moment important de l'histoire. Il s'agit d'une occasion unique de réaffirmer notre attachement à la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. En repensant aux accomplissements de l'Organisation, peu d'entreprises ont été autant couronnées de succès. On ne peut nier que l'adoption de la résolution 1514 de l'Assemblée générale est un témoignage durable de l'attachement de la communauté internationale à la justice et à l'autodétermination. Les pays d'Asie ont été influencés par le lutte pour l'indépendance des peuples coloniaux et ils se sont inspirés de ces luttes. Ce sentiment de solidarité a conduit les pays asiatiques à jouer un rôle positif dans l'expression du droit à l'autodétermination. Nombre des objectifs fixés par la Décennie ont été obtenus mais il reste encore 17 territoires non autonomes. Il est important que ces territoires soient en mesure de déterminer librement leurs aspirations politiques. La complexité du processus d'autodétermination est due à la petite taille des territoires, leur vulnérabilité et leur éloignement géographique qui ne doivent néanmoins pas nous décourager. Nous espérons que le palmarès admirable des Nations Unies dans ce domaine nous inspirera pour reléguer l'ère coloniale à l'histoire.
M. JOSE EDUARDO FELICIO (Brésil), au nom du Groupe des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes, a déclaré que la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux peuples et aux territoires coloniaux revêt la plus haute importance. A la veille de la clôture de la Décennie pour l'élimination de la colonisation, il reste encore dix-sept territoires non autonomes. Il a souligné la nécessité de créer les conditions nécessaires pour leur permettre de déterminer leur propre avenir. La délégation brésilienne souhaite qu'il soit trouvé une solution internationalement acceptable à la question du Timor
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oriental, conformément aux résolutions pertinentes de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Le Brésil, au nom des Etats Membres du Mercosur et des pays associés, réaffirme son appui à l'Argentine en ce qui concerne sa souveraineté sur les îles Malvinas.
M. MARWAN JILANI, au nom de la Délégation d'observateur de la Palestine, a évoqué le Décennie pour l'élimination du colonialisme et a formulé l'espoir que d'ici l'an 2000, tous les peuples auront acquis leur indépendance et que le monde entrera dans une nouvelle ère libérée du colonialisme. Le représentant a estimé que élimination du colonialisme est une des plus grandes réalisations des Nations Unies. Il a qualifié le droit à l'autodétermination de droit fondamental qui repose sur le principe général selon lequel tout peuple a le droit de choisir son statut. Le 15 du mois, le peuple palestinien célébrait la "catastrophe " menant à la spoliation de ses biens et à son déracinement. La moitié de la population palestinienne a fui son foyer en 1948 et après cinq décennies celle-ci se bat toujours pour son autodétermination. Le peuple palestinien a créé ses propres institutions et elle s'est donnée sa propre autorité politique et administrative. Nul aujourd'hui ne peut douter de l'existence du peuple palestinien. Le représentant a évoqué la politique actuelle menée par le Gouvernement israélien et a estimé que celui-ci n'est pas ouvert à une solution pacifique au conflit israélo-palestinien.
M. DAVID S. BRANDT, Ministre en chef et Ministre des finances, de l'économie et du développement de Montserrat, a salué les efforts du Comité qui ont abouti à la participation des représentants des territoires non autonomes aux délibérations du Comité. Il a salué en outre les efforts du Comité qui visent à ce que les territoires non autonomes traitent directement avec les pays donateurs en matière économique. Le Ministre a évoqué l'éruption volcanique de Montserrat de 1995 et a remercié, en particulier le Gouvernement du Royaume-Uni pour l'aide qu'il continue d'apporter à l'île. Cette aide n'est pas suffisante pour que nous puissions survivre a-t-il noté. Nous avons été une colonie britannique mais rien ne nous préparait à cette catastrophe qui nous amène à revoir nos relations sur une base positive et à collaborer. Précisant que le peuple de Montserrat ne quittera pas le territoire, M. Brandt a souligné que celui-ci est résolu à se battre bien que les deux tiers de l'île et 90 % des biens immobilier ont été détruits, y compris un hôpital, un lycée, l'aéroport, l'école technique, et les trois stations de radio.
Nous souhaitons tirer avantage de l'adversité, a souligné le Ministre, qui a expliqué que cette catastrophe naturelle a attiré des scientifiques du monde entier. Par conséquent, notre connaissance des volcans a énormément progressé. Il a invité les universités et organisations non gouvernementales à venir à Montserrat. La perspective de créer une nouvelle île à l'aube du 21ème siècle présente des possibilités pour les architectes, ingénieurs, et pour ceux qui étudient et comprennent les bienfaits des nouvelles technologies. Peut-être que les grands maîtres de la communication et futuristes que sont M. Nicholas Negroponte, Ted Turner ou Alvin et Heidi
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Toffler, pourront nous dispenser des conseils sur des programmes qui bénéficieraient à Montserrat. Il ne s'agit pas de faire l'aumône mais de reconstruire un pays et une économie. Nous voulons mettre en place des programmes qui consolideront les bases de notre économie. Le Ministre a exprimé le souhait de discuter de cette question avec les institutions spécialisées des Nations Unies.
Mme ANA MARTINS GOMES (Portugal) a indiqué que son pays, en tant que Puissance administrante, a toujours coopéré avec le Comité spécial. Les Nations Unies par le biais de celui-ci, ont apporté une contribution significative au processus d'autodétermination qui a été une entreprise couronnée de succès. L'autodétermination s'applique à tous les territoires non autonomes indépendamment de leur taille, du nombre de leurs habitants et de leurs ressources naturelles. La représentante a rappelé l'importance qu'attache son pays à l'indépendance du territoire non autonome du Timor oriental. Nous avons cherché à améliorer la situation pour ce qui est des droits de l'homme dans un esprit de conciliation avec le Gouvernement indonésien,a-t-elle expliqué. Nous espérons que les vents du changement qui soufflent sur l'Indonésie se traduiront par le respect des droits de l'homme et la fin de l'occupation illégale du territoire par l'Indonésie. La participation du Gouvernement du Portugal à cette réunion doit être vue comme un signe de soutien au processus d'autodétermination.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a appuyé les objectifs fixés dans le programme de la Décennie pour l'éradication de la colonisation. Les territoires des pays non autonomes peuvent déterminer leur autodétermination s'ils l'expriment librement. Les séminaires, visites et missions organisés par le Comité spécial peuvent contribuer à réaliser ce processus. La représentante a exprimé l'appui de sa délégation à la population de Montserrat, victime d'une éruption volcanique.
Droits de réponse
Le représentant de l'Indonésie a déclaré que la déclaration faite par le Brésil sur le Timor oriental n'est pas appropriée dans le cadre de cette réunion. L'Indonésie n'a jamais reconnu le Portugal comme Puissance administrante du Timor oriental. Le représentant a souhaité que ce droit de réponse soit reflété dans le rapport du Comité spécial.
La représentante du Royaume Uni a évoqué la déclaration du Brésil au sujet des îles Falkland et rappelé que la position de son pays est bien connue et a été exprimée à maintes reprises.
Le représentant du Brésil a précisé que sa délégation, en évoquant la situation au Timor oriental, avait pour objectif d'appuyer les efforts du Secrétaire général, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. Pour ce qui est des références faites au Royaume Uni, il a précisé qu'il parlait en sa capacité nationale et non pas au nom des pays du MERCOSUR.
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La représentante du Portugal a rappelé que son pays avait quitté le Timor oriental lorsque l'Indonésie l'avait occupé. Elle a émis l'espoir que l'Indonésie assumera ses obligations et que le vent qui souffle actuellement en Asie aura des répercussions sur les travaux du Comité spécial.
Le représentant de l'Indonésie a regretté l'ironie exprimée par la déléguée du Portugal.
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