En cours au Siège de l'ONU

CPSD/144

QUATRIEME COMMISSION : TOUTE REFORME DES ACTIVITES D'INFORMATION DOIT PERMETTRE AUX NATIONS UNIES DE MIEUX TRANSMETTRE LEUR MESSAGE

18 novembre 1997


Communiqué de Presse
CPSD/144


QUATRIEME COMMISSION : TOUTE REFORME DES ACTIVITES D'INFORMATION DOIT PERMETTRE AUX NATIONS UNIES DE MIEUX TRANSMETTRE LEUR MESSAGE

19971118 L'intégration réussie des nouvelles technologies de l'information ne doit pas faire oublier le rôle des médias traditionnels

Réunie sous la présidence de M. Machivenyika Tobias Mapuranga (Zimbabwe), la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi son débat général sur les questions relatives à l'information. Les intervenants ont évoqué les recommandations de l'Equipe spéciale chargée de la réorientation des activités d'information des Nations Unies en précisant que tout train de réforme devrait permettre aux Nations Unies de mieux transmettre son message et de mobiliser un plus grand appui en faveur de la mise en oeuvre de programmes importants. Avant la mise en oeuvre de toutes recommandations, ont-ils souligné, il est indispensable que les points de vue des Etats Membres soient pris en compte. De nombreuses délégations se sont félicitées de l'intégration des nouvelles technologies de l'information dans le travail de l'Organisation tout en appelant à la promotion des médias traditionnels, comme la radio, qui revêtent une importance particulière pour les pays en développement. Plusieurs délégations ont réitéré la nécessité d'élaborer un système d'information équilibré en réduisant le fossé existant dans le domaine des nouvelles technologies entre pays développés et pays en développement, condition sine qua non à la réalisation du développement durable. Certaines délégations ont souhaité que le Comité de l'information soit plus actif et plus efficace et que son rôle soit plus adapté aux activités actuelles de l'Organisation.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Singapour, Ukraine, Emirats arabes unis, République de Corée, Jamaïque au nom du CARICOM, Tunisie, Etats-Unis et Israël.

La prochaine réunion de la Commission aura lieu demain à partir de 15 heures. Elle achèvera son débat général sur les questions relatives à l'information.

Débat général

Mme HAN LIANG YUAN (Singapour) a déclaré que pour un petit pays en voie de développement comme Singapour, sa survie dépend de sa capacité à s'adapter au modifications technologiques à l'échelle mondiale. L'accès instantané à toutes les sources d'information continuera de jouer un rôle clef pour notre futur. Dans ce cadre, nous procédons à l'édification de nos propres autoroutes de l'information. Nous avons initié, notamment, le développement d'un projet de réseau multimédia auquel participent 5 000 foyers. Fin 1998, les 800 000 foyers que compte Singapour seront en mesure d'être connectés à ce réseau. Alors que nous surfons sur la vague du changement, a précisé la représentante, il est essentiel de préserver notre identité. Singapour a adopté une approche de gestion de l'information en deux volets, à savoir à travers des mesures de prévention telles que le contrôle et la censure des documents qui nous parviennent et à travers la promotion de l'utilisation responsable des médias et de l'information.

Pour ce qui est des recommandations de l'Equipe spéciale chargée de la réorientation des activités d'information des Nations Unies, la représentante a indiqué que son pays soutient ce train de réforme qui permettra aux Nations Unies de mieux transmettre son message et de mobiliser un plus grand appui en faveur de la mise en oeuvre de programmes importants. Comme le disait le Secrétaire général, il faut que le récit des Nations Unies soit transmis avec plus de dynamisme. Mais avant de mettre en oeuvre ces recommandations, il est indispensable que l'Organisation tienne en compte des points de vue des Etats Membres. Nous devons nous assurer que ceux-ci bénéficieront toujours des programmes et activités des Nations Unies. Cela signifie, a précisé la représentante, que les Nations Unies continuent de faire usage des technologies traditionnelles de l'information telle que la radio afin de subvenir aux besoins des pays qui sont technologiquement moins avancés que les autres. De plus, les Nations Unies, dans le cadre des ressources et programmes disponibles, devraient aider ces pays à avoir accès à l'évolution de l'industrie de la communication et à en bénéficier.

M. VICTOR SEMENENKO (Ukraine) a apporté son soutien aux principales conclusions du rapport de l'Equipe spéciale de réorientation des activités d'information de l'Organisation des Nations Unies et notamment à celle concernant l'élaboration d'une stratégie d'ensemble des communications. Il a également approuvé l'idée que le message de l'Organisation devrait répondre aux attentes des individus moyens. L'Ukraine est tout à fait favorable à une unification des centres d'information de l'ONU avec les autres missions de l'Organisation afin d'améliorer la coordination et l'efficacité de leurs activités. Rappelant par ailleurs que la question des libertés fondamentales et des droits de l'homme en matière d'information est d'une importance vitale et qu'elle a des répercussions sur les événements politiques dans le monde entier, il a noté l'importance de l'indépendance des moyens de communication de masse qui devrait reposer sur des normes démocratiques reconnues internationalement.

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Les valeurs humaines authentiques, a-t-il noté, sont intimement liées à l'élargissement de l'idéal démocratique qui n'a été investi de son sens véritable qu'après la fin de la guerre froide. L'Ukraine, pour sa part, procède actuellement à une modification des mécanismes juridiques qui affectent le domaine de l'information et elle a adopté en juillet dernier plusieurs lois concernant la couverture par les moyens de communication de masse des activités des différents organes étatiques. Le rôle principal de l'Etat est de faciliter les activités de ces moyens et l'Ukraine les voudrait libres et démocratiques. M. Semenenko a par ailleurs déploré le manque d'objectivité dont certaines presses se sont rendues coupables en rendant compte des événements en Ukraine et il a estimé que le professionnalisme et l'objectivité de la presse sont inséparables de la responsabilité et de la démocratie réelle. Dans ce contexte, il est revenu sur l'importance de la journée mondiale de la liberté de la presse à laquelle il a souhaité donner un nouveau sens.

M. AL-TUNAIJI (Emirats arabes unis) a fait valoir les conséquences positives mais également négatives des modifications apportées au cours de cette ère caractérisée par la révolution des technologies de l'information. La coopération qui s'est accrue entre les peuples est certes positive mais la discrimination et le lancement de campagnes de désinformation contre la culture de certains pays du tiers monde sont sans aucun doute négatifs. Le représentant a appelé à la mise en oeuvre d'un code de conduite dans le domaine de l'information pour faire respecter les différences culturelles. Le monde souffre toujours du déséquilibre entre pays développés et pays en développement. Les technologies modernes ont contribué à la marginalisation des peuples en voie de développement qui ne disposent pas de technologies modernes. Dans ce contexte, a souligné le représentant, nous devons nous efforcer de garantir un système d'information équilibré. Convaincu de l'importance de l'information, les Emirats arabes unis ont agi en vue de moderniser leur législation relative à la diffusion des programmes et des ressources basée sur les valeurs arabes authentiques. Nous nous dirigeons vers la consolidation matérielle et morale de nos médias pour que ceux-ci participent à l'évolution des technologies modernes. Pour ce qui est du Département de l'information, le représentant a évoqué l'importance de ses activités dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales et dans le domaine du développement. Les orientations prises pour la rationalisation de ses dépenses ne doivent pas influer négativement sur la politique du Département qui doit réaliser complètement son mandat et ses programmes et notamment ceux relatifs aux problèmes des pays du tiers monde et à la cause palestinienne.

M. HAE-JIN CHUN (République de Corée) a estimé que l'Organisation des Nations Unies devrait chercher à tirer parti des avantages qu'offrent les progrès technologiques. Le Département de l'information en particulier pourrait en tirer profit en faisant le meilleur usage possible des nouvelles technologies de l'information. D'autant plus que si l'Organisation souhaite s'assurer le soutien du public qui lui sera nécessaire pour faire face aux défis auxquels elle sera confrontée au siècle prochain, il lui faudra faire un

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usage efficace de ces technologies. L'Organisation continue à avoir du mal à s'assurer la compréhension et l'appréciation du public pour ses activités et même si elle est respectée de par le monde, elle a du mal à obtenir l'appui dont elle a besoin pour sa mission du fait que les individus ne voient pas en quoi cette mission affecte leur vie de tous les jours. Il faut donc qu'elle améliore l'image que le public se fait d'elle en se servant des techniques avancées d'information. Le représentant s'est prononcé à cet égard en faveur de la recommandation de l'Equipe spéciale sur la réorientation des activités d'information de l'Organisation selon laquelle l'information devrait faire partie intégrante des programmes de fond de l'Organisation et non pas se contenter d'un rôle d'appui.

Notant par ailleurs que son pays est favorable à la création d'un Bureau des communications et de l'information sous la direction d'un secrétaire général adjoint, il a estimé que la coordination entre les divers départements de l'Organisation devrait être renforcée pour que le même message clair puisse parvenir au public du monde entier. Les divers organismes de l'ONU doivent absolument projeter une image unie aussi bien au niveau des pays que sur le terrain. Il faut donc établir des liens étroits avec les responsables locaux qui pourraient aider à mettre au point une image positive et cohérente de l'Organisation à l'intention du public de chaque région. Le représentant a toutefois estimé que les centres d'information de l'ONU devraient respecter les particularités propres au public régional, aussi bien au niveau de l'information qu'au niveau des outils de l'information. Ceci, a-t-il indiqué, s'applique aussi bien aux efforts d'information entrepris dans les pays industrialisés que dans les pays en développement.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque), au nom des pays du CARICOM, s'est félicitée de l'intégration des technologies modernes de l'information dans le travail de l'Organisation. La tenue de vidéo-conférences, le lancement de sites toujours plus nombreux sur le Web témoignent de progrès réalisés dans ce domaine. Faisant valoir l'importance des activités de formation, elle a demandé à l'Organisation de poursuivre ses activités dans ce domaine ainsi que la mise en place de programmes de soutien. Tout en affirmant l'appui de son pays à la mise en oeuvre des nouvelles technologies de l'information, elle a plaidé en faveur de la promotion du rôle des médias traditionnels tels que la radio. La radio demeure le média le plus puissant et le plus efficace dans les pays en développement, a-t-elle souligné. Elle a demandé instamment au Département de l'information de prendre des mesures appropriées pour mettre en oeuvre la décision de l'Assemblée générale contenue dans le paragraphe 9 du dispositif de la résolution 38/82 B relative à l'introduction d'un programme en franco-créole au sein du programme de l'unité radiophonique des Caraïbes. Elle a également demandé instamment au Département de continuer à explorer les moyens de créer une plus grande coopération avec les organisations de médias et de promouvoir une meilleurs compréhension des Nations Unies par des programmes et des stratégies de communication efficaces.

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Pour ce qui est des centres d'information des Nations Unies, la représentante a fait valoir leur rôle dans le cadre de l'élaboration d'une stratégie globale de l'information aux Nations Unies. Elle a rappelé la recommandation formulée précédemment visant à établir une présence dans le domaine de l'information en Jamaïque ainsi qu'en Haïti au sein des centres d'information ou des bureaux extérieurs du PNUD. Pour ce qui est des publications, la représentante a appuyé le point de vue selon lequel le Comité des publications devrait être renforcé. Elle a également appuyé l'observation selon laquelle les Nations Unies devraient éliminer la duplication des publications entre et au sein des divers organes des Nations Unies. Néanmoins, elle a appelé à un examen de la proposition visant à financer certains postes dans le domaine des ventes par les bénéfices tirés de ces ventes. Pour ce qui est de la réforme des activités d'information des Nations Unies, et prenant note du rapport de l'Equipe spéciale, la représentante a estimé que le Secrétaire général n'a pour l'instant pas élaboré de plan général touchant au nouveau secteur de la communication. Nous espérons que ce plan sera en conformité avec les mandats accordés au Comité de l'information par les Etats Membres. Notant par ailleurs les coupures de poste au sein du Département de l'information, elle a souhaité que ces réductions en personnel n'affectent pas les programmes en cours et la capacité des Nations Unies à remplir ses mandats. Nous attendons avec impatience l'élaboration de propositions relatives à l'information comme l'a promis le Secrétaire général dans son rapport. Pour ce qui est du rôle du Comité de l'information, la représentante a estimé que celui-ci devrait être plus vigoureux et plus pertinent dans ses relations avec les Nations Unies aujourd'hui. Nous sommes en faveur d'un Comité de l'information qui ne soit pas paralysé par la rigidité d'opinion mais qui reconnaisse la nécessité de remplir le fossé entre pays développés et pays en développement dans le domaine des technologies de l'information. Sans ces réajustements, a précisé la représentante, le développement durable demeurera un but inaccessible.

M. WALID DOUDECH (Tunisie) s'est félicité de l'initiative de réforme du Département de l'information prise par le Secrétaire général pour permettre le renforcement de ses activités. Il a estimé que toute réforme intéressant les activités des Nations Unies en matière d'information devrait s'élaborer en tenant compte des besoins de la communauté internationale dans ce domaine. Ces besoins ne devraient pas être axés seulement sur l'amélioration de l'image de l'Organisation auprès de l'opinion publique mondiale mais également aller dans le sens du renforcement des activités visant la promotion des idéaux de l'ONU ainsi que la sensibilisation de la communauté internationale aux différents dangers qui guettent l'humanité et aux mesures nécessaires pour leur prévention. C'est aux Etats Membres qu'il appartient de fixer les priorités à cet égard et lorsqu'il s'agit d'arrêter des priorités, cela devrait se faire en ciblant des domaines qui constituent une nécessité impérieuse pour la communauté internationale. A cet égard, M. Doudech a indiqué que la crise financière ne devrait pas provoquer de changements aux programmes déjà décidés.

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Le représentant a également noté que la réforme du Département de l'information devrait en fait permettre à l'ONU de se doter des moyens qui la mettront en mesure de s'acquitter de ses tâches convenablement en tant qu'organe universel avec des domaines de compétences multiples et variés. L'information, a-t-il rappelé, joue un rôle stratégique dans l'édification d'un monde meilleur et les fonctions de communication devraient être placées au coeur de la gestion stratégique de l'Organisation. Il s'agit de rendre l'Organisation plus proche des individus pour qu'elle se tienne toujours à l'écoute de leurs préoccupations et de leurs espérances en même temps qu'elle les oriente et les éclaire. Le message de l'ONU doit donc être formulé de manière à produire l'effet voulu. Notant que le fait que l'accès aux technologies dans le domaine de la communication n'est pas égal pour toutes les populations du monde, M. Doudech a mis l'accent sur l'importance de la coopération internationale en vue de développer les capacités des pays en développement dans ce domaine. Cette question, a-t-il noté, s'inscrit dans la droite ligne des objectifs de l'Organisation.

Mme TANIA CHOMIAK-SALVI (Etats-Unis) a indiqué le soutien de son pays au programme de réforme du Secrétaire général et notamment à ses efforts visant à accorder une place centrale aux activités d'information. Il ne fait aucun doute qu'un programme d'information actif doit faire partie intégrante de la gestion stratégique d'une Organisation réformée. Pour pouvoir soutenir ces réformes, a-t-elle précisé, nous avons besoin d'un Département de l'information efficace et efficient. Evoquant la participation des Etats-Unis aux travaux du Comité spécial, la représentante a fait valoir les circonstances particulières qui ont caractérisé ses délibérations. Elle a néanmoins exprimé sa satisfaction quant à l'esprit de consensus qui a prévalu à la fin des travaux du Comité et a indiqué que son pays y participera activement à l'avenir.

M. DAVID TOURGEMAN (Israël), notant que le droit des peuples à la connaissance est un droit de l'homme essentiel, a indiqué que ce droit ne saurait se matérialiser sans le libre échange de l'information dans les domaines politique, culturel, économique et social. La liberté de l'information trouve sa manifestation dans la liberté totale d'expression et dans celle de la presse. Cette liberté peut par ailleurs s'exprimer uniquement dans un régime démocratique et pluraliste dans lequel les droits du citoyen sont respectés. M. Tourgeman a estimé qu'une presse libre a le droit et la liberté de critiquer les défauts du gouvernement et sa politique intérieure ou extérieure. Lorsque les autorités interdisent la publication de ce qui est en désaccord avec leurs politiques, il est clair qu'il n'y a pas de liberté de l'information ni d'opinion. Toutefois, même dans les pays bénéficiant de régimes démocratiques ou semi-démocratiques, il faut faire preuve de courage pour dire et écrire ce qui n'est pas populaire. C'est pourquoi il appartient parfois aux écrivains et aux journalistes d'aller à l'encontre des opinions de leurs collègues et de s'exprimer en leur âme et conscience.

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