AG/694

LE CONGO SE SENT ABANDONNE PAR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE FAUTE DE DEPLOYER UNE FORCE MULTINATIONALE D'INTERPOSITION

3 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/694


LE CONGO SE SENT ABANDONNE PAR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE FAUTE DE DEPLOYER UNE FORCE MULTINATIONALE D'INTERPOSITION

19971003 La Jordanie et la Guinée engagent la communauté internationale à accroître son aide aux nombreux réfugiés présents sur leur territoire

L'Assemblée générale réunie cet après-midi en séance plénière, a poursuivi son débat général, sous la présidence de M. Hennadiy Udovenko (Ukraine), en entendant les déclarations de sept délégations. L'Assemblée générale a entendu l'intervention de M. Destin-Arsene Tsaty-Boungou, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie du Congo, qui a estimé que les Congolais ressentent le vif sentiment d'être abandonnés par la communauté internationale. En effet, la guerre qui ensanglante Brazzaville est l'aboutissement du refus par une partie de la classe politique d'accepter les rigueurs du jeu démocratique. Il s'est dit convaincu que la présence des troupes de la force multinationale, envisagée par le Secrétariat général, mais jamais mise en place, aurait permis d'aller le plus vite et le mieux possible vers une paix durable.

M. Fayez Tarawneh, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a demandé à Israël d'adopter des mesures de rétablissement de la confiance avec les peuples du Moyen-Orient et d'appliquer les accords conclus avec la partie palestinienne. Il a jugé qu'il était temps d'alléger les souffrances du peuple iraquien, tout en demandant au Gouvernement iraquien d'appliquer pleinement les résolutions du Conseil de sécurité.

M. Lamime Kamara, Ministre des affaires étrangères de la Guinée, a déclaré que l'ONU, dans sa forme actuelle, ne correspond plus aux réalités géopolitiques contemporaines. Les conflits au Libéria et en Sierra Leone ont forcé 650 000 personnes à se réfugier en Guinée, ce qui représente 10% de sa population et cause des problèmes de tous ordres. Le Ministre a évoqué l'appel lancé le 27 juin dernier par la CEDEAO en faveur de son pays.

M. Herizo Razafimahaleo, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, s'est réjoui du processus de réforme de l'ONU, mais a souligné que la réforme ne doit pas se limiter à un simple exercice de réduction budgétaire. Il a demandé un élargissement de la composition du Conseil de sécurité fondé sur une répartition géographique équitable et l'extension du droit de veto à tous les membres permanents ou son abolition.

(à suivre -1a)

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M. Fathulla Jameel, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a accueilli avec enthousiasme le processus de réforme des Nations Unies. Il a souligné l'importance de l'application rapide du Programme d'action de la Barbade pour le développement durable des petits Etats insulaires.

M. Patteson Oti, Ministre des affaires étrangères et du commerce des Iles Salomon, a souhaité que les petits pays en développement puissent participer au processus de réforme de l'ONU. Il a en outre apporté un soutien vigoureux au projet de protocole de l'Alliance des petits Etats insulaires à la Convention-cadre sur les changements climatiques et a exprimé sa préoccupation au sujet du transport et du stockage des déchets radioactifs dans le Pacifique.

En fin de séance, les représentants de la Turquie et de la République- Unie de Tanzanie ont exercé leur droit de réponse.

Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu le lundi 6 octobre, à 10 heures, la plénière de l'Assemblée générale entendra l'allocution du Président de Chypre. Elle poursuivra ensuite son débat général en entendant les interventions de Saint-Marin, de l'Azerbaïdjan, de la Barbade, de Djibouti, de la Mongolie et de la Gambie.

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Suite du débat général

M. HERIZO RAZAFIMAHALEO, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a accueilli avec satisfaction la démarche de rénovation de l'ONU axée sur les principes de bonne gouvernance, de bonne gestion, de transparence et de démocratisation des relations internationales qui sont les mêmes que celles dont le Gouvernement malgache s'inspire. A Madagascar en effet, le gouvernement s'efforce de faire en sorte que le respect des droits de l'homme, la justice sociale, la participation de tous à l'effort de développement national ainsi que la mise en oeuvre des réformes économiques et la pratique de la démocratie soient effectifs. Le Ministre s'est en particulier arrêté sur les points concernant la restructuration, la réforme financière et celle du Conseil de sécurité. Il a souscrit aux propositions du Secrétaire général en soulignant néanmoins que la réforme ne doit pas être réduite à un simple exercice de diminution des coûts. Il a ainsi reconnu la nécessité de renforcer le rôle de l'Assemblée générale, seul organe à même d'assurer au plus grand nombre une participation effective à la gestion des affaires du monde et a appuyé un système de contribution basé sur la capacité de paiement des Etats.

Concernant la réforme du Conseil de sécurité, Madagascar, a-t-il déclaré, adhère à la position de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et opte pour l'élargissement de la composition du Conseil fondé sur la démocratisation, la transparence et la répartition géographique équitable. Le Ministre a en outre plaidé pour que le droit de veto soit étendu à tous les membres permanents du futur Conseil ou simplement aboli. Il s'est d'autre part félicité de la coopération entre l'ONU et l'OUA et a encouragé l'extension de cette coopération à toutes les activités relatives au maintien de la paix, y compris la prévention des conflits.

Après avoir rappelé que les pays les plus faibles en matière de capacités économiques, institutionnelles, matérielles et technologiques sont les plus vulnérables face aux nouvelles formes de la criminalité organisée, M. Razafimahaleo s'est déclaré profondément préoccupé par les menaces qui déstabilisent la paix dans le monde, principalement en Afrique. Ainsi, Madagascar lance un appel aux antagonistes du conflit au Congo en vue d'un cessez-le-feu définitif afin de permettre le déploiement de la Force internationale d'interposition sous l'égide de l'ONU et de l'OUA. Pour ce qui est de la crise interne aux Comores, Madagascar réaffirme son soutien à la République fédérale islamique des Comores dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale et appuie la tenue d'une Conférence internationale pour la restauration de la paix dans cette république soeur. Si le Ministre se réjouit par ailleurs de l'instauration de dialogues directs entre le Maroc et le Front Polisario, il lance en revanche un appel vibrant aux parties concernées pour qu'elles sauvegardent les acquis du processus de paix au Moyen Orient.

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Enfin, M. Razafimahaleo, rappelant la nécessité d'intégrer les facteurs écologiques, aux priorités économiques, condition préalable au développement durable, a réitéré les demandes qu'il avait formulées lors de la 19ème session extraordinaire de l'Assemblée générale, notamment, qu'une "prime à l'environnement" soit consentie aux Pays les moins avancés (PMA). Madagascar pour sa part est fier de se conformer aux mesures préconisées par Action 21, en sa qualité de sanctuaire de la nature.

M. FAYEZ TARAWNEH, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a indiqué que son pays après avoir récupéré ses terres et ses ressources en eau en vertu du Traité de paix signé avec Israël en octobre 1994, a maintenu son rôle central dans le processus de paix et a poursuivi ses efforts avec les autres parties pour parvenir à une paix juste, globale et durable. La Jordanie a toujours appuyé les résolutions du Conseil de sécurité, en particulier les résolutions 242, 338 et 425 ainsi que le principe de l'échange des territoires arabes occupés contre la paix. Elle est d'avis que la question de Jérusalem mérite la plus grande attention de la part de la communauté internationale. La Jordanie réaffirme que Jérusalem-Est est un quartier arabe palestinien occupé auquel s'applique la résolution 242 comme à tous les territoires arabes occupés.

Le Ministre a demandé à Israël de faire tout son possible pour établir et consolider la confiance avec les peuples de la région et avec le peuple palestinien en particulier. Une première étape en ce sens pourrait consister à ne plus utiliser en matière de sécurité le langage de la force. Dans le même temps, Israël doit respecter la quatrième Convention de Genève en renonçant à sa politique d'implantation de colonies et à sa politique du fait accompli sur le territoire palestinien. Israël doit également mettre en oeuvre les accords conclus avec la partie palestinienne. Il importe également que l'Etat hébreu, afin d'instaurer la confiance avec les gouvernements et les peuples de la région, abandonne la production et le développement des armes de destruction massive, en particulier des armes nucléaires. Pour ce faire, le Ministre a préconisé l'établissement d'une zone exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient. Il a également annoncé l'intention de son gouvernement d'adhérer à la Convention sur les armes chimiques.

M. Tarawneh a jugé qu'il était temps que les Nations Unies commencent à alléger les souffrances et à panser les plaies du peuple iraquien. Il a réaffirmé la nécessité de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Iraq, demandant au Gouvernement iraquien de mettre pleinement en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité et de déployer des efforts pour parvenir à un règlement du problème des prisonniers koweïtiens et des personnes disparues. Le Ministre a souhaité qu'un accord pacifique soit conclu en ce qui concerne la catastrophe de Lockerbie dans le cadre du droit international. Il a engagé la République islamique d'Iran à entamer des négociations avec les Emirats arabes unis pour trouver une solution pacifique permettant la restitution des trois îles occupées d'Abu Moussa, de la petite et de la grande Tomb.

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Le Ministre a estimé que la question des réfugiés, qui sera examinée au cours de la phase finale des négociations, est l'un des problèmes les plus complexes auxquels est confronté le Moyen-Orient. Il a regretté les difficultés financières croissantes rencontrées par l'Office pour les secours et les travaux des Nations Unies aux réfugiés de Palestine dans le Proche- Orient (UNRWA) qui ont obligé son pays à augmenter ses contributions volontaires pour couvrir un déficit de 20 millions de dollars. Il a rappelé que son pays accueille près d'1,5 million de réfugiés, dont 20% vivent dans des camps de l'UNRWA et qu'en dépit de ressources limitées, la Jordanie dépense chaque année 340 millions de dollars pour venir en aide aux réfugiés. Ce faisant, il a réaffirmé qu'il incombe à la communauté internationale de soutenir les activités de l'UNRWA jusqu'à ce qu'une solution durable, juste et globale soit trouvée à la situation des réfugiés palestiniens.

Le Ministre, tout en rendant hommage aux efforts du Secrétaire général pour promouvoir la réforme de l'Organisation, a souligné le fait que celle-ci ne doit pas se limiter à des restrictions budgétaires. Il a déploré les difficultés financières rencontrées par les pays contributeurs de troupes, dont fait partie son pays, en raison du fait que les remboursements ne sont pas effectués à temps. Il s'est également interrogé sur les moyens d'éviter les effets négatifs de la mondialisation et a évoqué les politiques économiques dont s'est doté son pays, se félicitant du partenariat instauré avec l'Europe et des mesures préparatoires prises afin que la Jordanie devienne membre de l'Organisation mondiale du commerce.

M. FATHULLA JAMEEL, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a accueilli avec enthousiasme le processus de réforme des Nations Unies engagé pour renforcer l'efficacité de l'Organisation et l'amener à jouer un rôle central dans le maintien de l'ordre mondial et peut-être à participer à l'élaboration d'un nouvel ordre. Il a cependant constaté que l'on était encore loin d'un consensus au sujet de la restructuration du Conseil de sécurité. Les Maldives souhaitent une augmentation du nombre de membres non permanents au Conseil et encouragent les membres permanents à ne pas abuser de leur pouvoir de veto.

A propos des grandes questions telles que l'environnement, le développement social, la sécurité alimentaire, le Ministre a souligné l'importance des conférences internationales qui ont abouti à une série de plans d'action convergeant vers l'objectif durable du développement. Il a espéré que la communauté internationale respectera ses engagements et fera preuve de la volonté politique pour appliquer ces plans.

Par ailleurs, au niveau international, la session extraordinaire qui s'est tenue en juin dernier n'a pu que constater l'absence de progrès pour la préservation de l'environnement. Les Maldives et les autres petites îles restent les plus affectées par les émissions de gaz, le réchauffement de la planète et l'élévation du niveau de la mer. Les Maldives travaille étroitement avec l'Alliance des petits Etats insulaires pour défendre

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l'environnement. Le Gouvernement accorde la plus grande importance à la mise en application rapide du Programme d'action de la Barbade pour le développement durable des petits Etats. Par ailleurs, les Maldives poursuiveront les actions en ce domaine au niveau national en y impliquant les organisations non gouvernementales et le secteur privé.

Le Ministre a fait part de son inquiétude quant à la baisse de l'aide publique au développement (ADP) qui a eu des conséquences graves sur les pays les moins avancés. Il a lancé un appel aux pays industrialisés, leur demandant de consacrer 0,7 % de leur PNB à l'ADP. Le Ministre rappelant qu'il était prévu de retirer les Maldives de la liste des pays les moins avancés en l'an 2000, a expliqué que les résultats satisfaisants de l'économie de son pays étaient dûs à la stabilité politique, aux stratégies adoptées mais aussi au soutien apporté par les pays amis et les organisations multilatérales. Il a insisté sur la vulnérabilité de l'économie des Maldives, qui est tributaire du tourisme et de la pêche. Comme les autres petits pays insulaires, les Maldives sont touchées par le trafic de drogue.

M. PATTESON OTI, Ministre des affaires étrangères et du commerce des Iles Salomon, a souligné l'importance pour les petits pays en développement d'une Organisation des Nations Unies efficace et financièrement stable qui fasse face aux défis du développement. Les discussions sur la réforme doivent cependant avoir lieu au sein d'un seul forum afin que les petites délégations puissent pleinement y participer. Les îles Salomon comme d'autres Etats de l'Océanie sont très sensibles aux changements écologiques, c'est pourquoi son pays a ratifié la Convention sur la diversité biologique ainsi que la Convention cadre sur le changement climatique et apporte son soutien vigoureux au projet de protocole de l'Alliance des petits Etats insulaires à la Convention-cadre.

Rappelant l'engagement des Iles Salomon au régime international de non- prolifération nucléaire, M. Oti a exprimé sa préoccupation au sujet du transport et du stockage des déchets radioactifs dans le Pacifique. Les Iles Salomon qui ont ratifié le Traité de Rarotonga et ont saisi la Cour internationale de Justice pour que le recours à l'arme nucléaire soit considéré comme une violation du droit international et humanitaire, soutiennent également la création d'un hémisphère Sud exempt d'armes nucléaires et de zones similaires ailleurs. M. Oti a par ailleurs demandé une assistance des pays qui se sont battus autour des Iles Salomon pendant la Seconde guerre mondiale pour débarrasser leurs fonds marins des épaves pleines de fuel et de munitions non explosées qui font peser une menace sur l'environnement et la population.

Dans l'effort qu'ils font en vue de restructurer leurs économies, les Iles Salomon ont besoin de l'aide des institutions financières internationales et des pays développés. Avec 80% de sa population vivant en zone rurale dans une centaine d'îles dispersées sur plus de 1600 km d'océan, les Iles Salomon ont adopté une stratégie de développement, centrée sur l'unité villageoise,

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symbole de démocratie et attentive aux valeurs culturelles d'un peuple ethniquement et linguistiquement divers. L'agriculture et la pêche sont vitales pour le pays ainsi que l'exploitation des forêts dont le gouvernement tire la moitié de ses revenus. La reforestation est en conséquence devenue un élément essentiel de la politique du pays en matière d'environnement. Les Iles Salomon accordent aussi un rang de priorité élevé au développement des sources d'énergie, solaires ou hydroélectriques.

Il a déploré les menaces proférées à l'égard de son pays et d'autres Etats Membres qui se sont exprimés au nom de la République de Chine. "Les menaces n'ont pas leur place aux Nations Unies", a estimé M. Oti.

M. LAMINE KAMARA, Ministre des affaires étrangères de la Guinée, a déclaré que l'ONU, dans sa forme actuelle, ne correspond plus aux réalités géopolitiques du monde d'aujourd'hui. Instrument obsolète, nous devons insuffler à l'Organisation une nouvelle vie. Il a reconnu que des résultats positifs ont été enregistrés dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cependant, de nombreux défis majeurs restent à relever, notamment en ce qui concerne la mondialisation, le poids de la dette et le protectionnisme qui ferme l'accès de nombreux marchés aux produits africains. De plus, la baisse de l'aide publique au développement, la prolifération des armes légères ont des effets néfastes sur les efforts de développement. Approuvant la réforme de l'ONU proposée par le Secrétaire général, le Ministre a estimé qu'une réforme courageuse et consensuelle devrait permettre de conjurer ces fléaux.

Parmi les réformes proposées, le Ministre a adhéré à l'Initiative de la création du Groupe des Nations Unies pour le développement, du Bureau du Financement du développement, ainsi que du nouveau système d'annonces pluriannuelles pour la coopération et le développement et du renforcement du Conseil économique et social. Il a affirmé l'intérêt de son pays dans la proclamation de la Décennie de la lutte contre la pauvreté et soutenu la mise en oeuvre de l'Agenda des Nations Unies pour le développement de l'Afrique (UNADAF). De même, le regroupement des institutions de l'Organisation ayant des activités similaires a été approuvé. Il a accueilli favorablement l'organisation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'environnement et au développement.

Le Ministre a envisagé la réforme du Conseil de sécurité. "Deux sièges permanents au Conseil de sécurité, avec les mêmes droits pour tous, conformément aux résolutions du Sommet d'Harare, serait un résultat considéré comme positif", a-t-il déclaré. Cependant, la réforme doit être accompagnée de ressources financières conséquentes ; le paiement des arriérés de tous les Etats Membres doit précéder l'ouverture de toutes négociations sur ce point.

Abordant la question des conflits en Afrique, le Ministre a estimé que les élections démocratiques et transparentes organisées au Libéria le 19 juillet 1997 ont été couronnées de succès. Il a salué le soutien qu'apporte la communauté internationale à la CEDEAO en vue de la restauration de la

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légalité constitutionnelle en Sierra Leone. Les conflits dans ces deux pays ont fait entrer 650 000 réfugiés de ces pays en Guinée, soit un dixième de sa population, causant de nombreux problèmes de tous ordres. Le 27 juin 1997, un appel a été lancé en faveur d'une aide internationale à la Guinée. En ce qui concerne la région des Grands Lacs, il a encouragé toutes les initiatives visant à instaurer un climat de paix et de stabilité dans cette zone et exprimé sa préoccupation face à la détérioration de la situation au Congo et exhorté les parties en conflit à observer un cessez-le-feu. Il s'est réjoui de la désignation d'un nouveau représentant du Secrétaire général au Sahara occidental. En conclusion, le Ministre a estimé que si les pays développés consacraient 0,7 % de leur produit national brut à l'aide publique au développement, comme il en a été décidé, les progrès amorcés sur le continent s'accélèreraient de manière considérable.

M. ABDULKARIM AL-ERYANI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Yémen, a exprimé son soutien au processus de réforme en cours mais s'est inquiété des velléités visant à réduire le rôle des Nations Unies dans le domaine du développement qu'il estime faire partie intégrante de l'objectif principal de cette institution, à savoir la paix et la sécurité internationales. A cet égard, le Yémen soutient l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif et plus transparent aussi bien dans ses activités que dans l'usage du droit de veto dont il a souhaité la limitation ou l'abolition.

Une menace pèse sur la paix et la sécurité internationales : la question de Palestine et le conflit israélo-arabe avec toute ses complexités, a estimé M. Al-Eryani qui a rappelé que le déplacement de millions et l'arrestation de dizaines de milliers de Palestiniens, l'occupation et la confiscation de leur terre, l'établissement de colonies de peuplement et la violation de la plupart de leurs droits fondamentaux, constituent une violation flagrante des principes de la Charte ainsi qu'un déni des résolutions internationales pertinentes. Il s'est étonné de l'incapacité de la communauté internationale de ramener à la raison un Etat moins peuplé que la ville de New-York et qui après avoir fait naître l'espoir au moment des Accords d'Oslo, peut décider de renvoyer toute une région à la case départ, c'est-à-dire au conflit et à la destruction. A l'autre extrême du spectre du soi-disant nouvel ordre mondial, on nous demande d'appliquer les sanctions les plus dures contre le peuple iraquien, alors qu'on serait en droit de se demander quel pays les Iraquiens occupent encore et pourquoi les Iraquiens devraient être privés de leurs droits légitimes élémentaires. Le Yémen a plaidé pour l'instauration d'une paix juste et durable sur la base de la terre contre la paix, le retrait de tous les territoires palestiniens et l'établissement d'un Etat palestinien indépendant avec pour capitale Jérusalem-Est, le retrait total du Golan syrien et du Sud Liban. Il a demandé que soit mis fin aux souffrances du peuple iraquien et que soit levé l'embargo contre la Jamahiriyah arabe libyenne.

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M. Al-Eryani a rappelé l'engagement de son pays dans la consolidation de la paix et de la stabilité tant aux niveaux régional qu'international, prenant comme exemple l'attitude de son pays dans le conflit qui l'oppose à l'Erythrée après l'occupation de l'île yéménite de Grand Hanish en 1995 et son application à résoudre les conflits frontaliers avec ses voisins de façon pacifique.

Le Yémen a enfin exprimé sa solidarité avec le peuple frère de Somalie qu'il a exhorté à trouver une solution pacifique afin de permettre aux réfugiés, dont des milliers se trouvent au Yémen, de rentrer chez eux.

M. DESTIN-ARSENE TSATY-BOUNGOU, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie du Congo, a exprimé sa douleur pour toutes les victimes qui continuent de tomber dans le camp du Président Lissouba comme dans celui de l'ex-Président Sassou-Nguesso sous les feux croisés des obus du fait de la guerre civile qui endeuille son pays. Les Congolais ressentent "le vif sentiment d'être abandonnés à eux-mêmes par la communauté internationale face au drame qu'ils vivent". Le déroulement, sans heurt et dans la transparence de l'élection présidentielle qui a mené à la tête de l'Etat Pascal Lissouba augurait d'un avenir radieux pour le processus de démocratisation du Congo. La guerre qui ensanglante Brazzaville est l'aboutissement du refus par une partie de la classe politique d'accepter les rigueurs du jeu démocratique. Et les germes de cette guerre sont à trouver dans les difficultés économiques.

Le Ministre a déclaré comprendre l'indifférence de la communauté internationale face au sort "de quelques milliers d'Africains perdus dans un coin du globe et dont la vie importe peu". Il s'est demandé si le peuple du Congo, "dont une partie meurt chaque jour sous les roquettes et les canons vendus ou cédés par quelques philanthropes occidentaux, ne méritait pas de bénéficier du droit d'ingérence humanitaire".

Les négociations entreprises au mois de septembre à Libreville par Omar Bongo, Président du Comité international de médiation et visant à faire gérer le pays par un collège présidentiel composé du Président de la République actuel et de trois Vice-Présidents ont signifié pour de nombreux Congolais la fin de la guerre. Mais ce qui apparaissait comme un espoir s'est transformé en cauchemar par les exigences nouvelles de l'ex-Président Sassou-Nguesso. A la suite de ce refus, un nouveau gouvernement a été formé à la tête duquel a été nommé M. Bernard Kolélas, leader de l'opposition. Divers postes ministériels ont été réservés à l'ancien parti unique de l'ex-Président Sassou-Nguesso. Dans le but de rechercher une solution négociée, le Président Lissouba et le Premier Ministre Kolélas ont récemment signé un projet de cessez-le-feu. Seul M. Sassou-Nguesso n'y a pas apposé sa signature. Le Ministre a exprimé ses craintes qu'ici, "la non-ingérence ne devienne, devant la complaisance ou le silence de l'ONU, la pire des ingérences contre ces peuples massacrés ou ces Etats déstabilisés".

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Il a exprimé ses regrets et sa compassion au Gouvernement et au peuple de la République démocratique du Congo, pour les dommages et les pertes en vie humaine qui sont le fait de la guerre à Brazzaville. Selon lui, les peuples des deux Congo veulent vivre en paix l'un vis-à-vis de l'autre. Il a apprécié hautement l'engagement de certains gouvernements qui, devant le drame congolais, ont fait connaître la disponibilité de leurs troupes pour constituer la Force multinationale d'interposition face "aux atermoiements des Nations Unies". En conclusion , il s'est dit convaincu que la présence des troupes de la force multinationale, envisagée par le Secrétariat général, mais jamais mise en place, aurait permis d'aller le plus vite possible et le mieux possible vers une paix durable.

Droits de réponse

Le représentant de la Turquie, répondant à l'intervention faite le 26 septembre par le Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a déploré que cette déclaration contienne des fausses allégations et une déformation des faits concernant la Turquie. En revanche, l'attitude positive et constructive de la Turquie a été reflétée dans la déclaration faite par son Ministre des affaires étrangères qui a fait observer que les relations de la Turquie avec la Grèce visent principalement à régler, grâce à un dialogue concret et pragmatique, les questions encore en suspens entre les deux pays. Comme l'a indiqué le Ministre grec, les Présidents des deux Etats ont adopté en juin à Madrid une déclaration commune visant à améliorer leurs relations bilatérales. Cependant, l'attitude de la Grèce n'a pas été conforme jusqu'ici à ce qu'on aurait pu attendre. En fait, le porte-parole du Gouvernement grec a annoncé le 23 septembre dernier que la Grèce suspendait la réunion prévue entre les membres turcs et grecs du Groupe de personnalités de haut niveau en raison du fait que les conditions nécessaires à sa tenue n'étaient pas réunies.

Le représentant, évoquant les différentes revendications de la Grèce concernant les territoires et l'espace aérien de la mer Egée, s'est interrogé sur la pertinence de ces demandes alors que les îles en question sont démilitarisées en vertu de traités internationaux. Il s'est également demandé si la Grèce, qui insiste pour que la Cour internationale de Justice examine la question de Kardak, est également disposée à ce que la Cour connaisse celle des îles orientales de la mer Egée. Pour le représentant, ces réalités montrent la volonté de la Grèce d'adopter une approche "à la carte" en matière de droit international.

Le représentant, abordant la question de Chypre dont l'ONU est saisie depuis 34 ans, s'est dit convaincu que la communauté internationale qui est familière de cette question distingue facilement les faits de la fiction, la propagande de la vérité. Le représentant s'est demandé pourquoi, à un moment ou tant d'efforts sont déployés pour trouver des solutions à ces problèmes, la Grèce préfère l'acrimonie et la propagande et refuse de serrer la main de la conciliation et de l'amitié tendue par la Turquie. Il y a lieu de se demander si la Grèce n'a pas intérêt à voir se perpétuer le conflit qui l'oppose à la Turquie.

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Le représentant de la République-Unie de Tanzanie, en réponse à la déclaration faite hier après-midi par le Ministre des affaires étrangères du Burundi, a estimé que cette allocution n'a été qu'une litanie de contre- vérités au cours de laquelle le Ministre burundais a tenté d'imputer les problèmes du Burundi à la Tanzanie. Au cours des années, la Tanzanie a accueilli des réfugiés du Burundi; elle est donc impliquée dans les problèmes de réfugiés que connaît le Burundi. Le représentant a déclaré que la Tanzanie n'avait pas l'intention de soutenir une agression armée menée par qui que ce soit contre le Burundi. Les prétendues incursions armées émanant des camps de réfugiés sont au mieux des illusions véhiculées par les autorités du Burundi pour justifier l'oppression qu'elles exercent sur leur peuple. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a conclu de façon catégorique que de tels camps d'entraînement militaire n'existent pas dans les camps de réfugiés en Tanzanie. En conclusion, il a rejeté l'allégation selon laquelle la Tanzanie aurait cédé l'ambassade du Burundi à une partie au conflit burundais.

Le représentant du Burundi a indiqué qu'il souhaitait reporter à la semaine prochaine son intervention afin de bien montrer le bien-fondé de tout ce qu'a déclaré hier le Ministre des affaires étrangères du Burundi.

Le représentant de la République-Unie de Tanzanie s'est réservé le droit d'intervenir après la déclaration que fera le Burundi la semaine prochaine.

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