AG/COL/130

LE COMITE SPECIAL DE LA DECOLONISATION POURSUIT L'AUDITION DE PETITIONNAIRES SUR LA QUESTION DU TIMOR ORIENTAL

17 juin 1997


Communiqué de Presse
AG/COL/130


LE COMITE SPECIAL DE LA DECOLONISATION POURSUIT L'AUDITION DE PETITIONNAIRES SUR LA QUESTION DU TIMOR ORIENTAL

19970617 Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a poursuivi ce matin l'examen de la question du Timor oriental. Il a procédé à l'audition de pétitionnaires. Ces derniers ont passé en revue la question des droits de l'homme, la situation économique et sociale et l'avenir des relations avec l'Indonésie. Ils ont pour la plupart appuyé les efforts du Secrétaire général des Nations Unies visant à trouver une solution à la question et se sont félicités de la nomination d'un représentant spécial sur le Timor. Ils ont appelé la communauté internationale à encourager les négociations entre l'Indonésie et le Portugal et ont plaidé pour une participation des représentants du peuple timorais.

Le Comité a entendu la déclaration des représentants des organisations suivantes : Pax Christi International; Ligue internationale des droits de l'homme; Association socialiste du Timor; Parlementaires pour le Timor oriental; Centre d'Asie pacifique pour la justice et la paix; et Association de défense des Angolais. Le Comité a également entendu des membres du Parlement portugais, et d'autres pétitionnaires qui se sont exprimés à titre personnel. Le représentant du Portugal a exercé son droit de réponse à la suite de l'intervention d'un des pétitionnaires. Le représentant de l'Indonésie a présenté une motion d'ordre.

Le Comité spécial entendra les derniers pétitionnaires sur la question du Timor oriental cet après-midi à 15 heures.

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Question du Timor oriental

Audition de pétitionnaires

Mme REBECCA KAUFFMAN, Pax Christi International, a affirmé que la Déclaration universelle des droits de l'homme et les résolutions 384 et 389 des Nations Unies fournissent la base de travail des activités de décolonisation. Les rapports des Nations Unies peuvent également fournir des mécanismes permettant de faire la lumière sur les violations des droits de l'homme. Les problèmes majeurs auxquels sont confrontés les Timorais sont les suivants: accès aux ressources naturelles, l'accès au travail, le contrôle du commerce qui se trouve entre les mains de la communauté indonésienne, les programmes de stérilisation, l'absence d'enceintes au sein desquelles les jeunes timorais peuvent s'exprimer. La présence militaire continue, a souligné la pétitionnaire, ne fait qu'accroître l'hostilité du peuple et engendre la suspicion et la division parmi la population. Des initiatives de réduction des troupes, un accès régulier des rapporteurs des Nations Unies au Timor oriental et l'édification de mesures de confiance doivent se poursuivre, a-t-elle observé.

M. ROGER CLARK, Ligue internationale pour les droits de l'homme, a dénoncé l'illégitimité des actions de l'Indonésie au Timor oriental. Les droits de l'homme du peuple Est-timorais, comme l'a rappelé la Commission des droits de l'homme en avril dernier, sont constamment violés. La Commission a attiré l'attention sur les violations des droits de l'homme ont fait état les rapports des différents Rapporteurs spéciaux. Toutes ces violations sont motivées par le déni du droit le plus fondamental, qui est celui du droit à l'autodétermination. Pour sa part, la Ligue internationale des droits de l'homme a attiré l'attention sur l'obligation juridique des Etats de ne pas reconnaître l'acquisition illégitime du territoire par l'Indonésie. Le pétitionnaire s'est dit surpris par certains écrits qui parlent de la résistance timoraise comme d'une campagne de sécession alors que cette résistance est comparable en tout point à la résistance française en 1943. Le statut non autonome du Timor oriental a été rétabli, il y a deux ans, par la Cour internationale de justice. La Cour a constaté le bien-fondé de la déclaration du Portugal qui souligne le droit du peuple timorais à l'autodétermination. Il en découle que tous les Etats Membres des Nations Unies ont l'obligation de reconnaître ce droit aux Timorais, en particulier la puissance coloniale et les pays voisins.

Il est regrettable que l'Australie continue de s'efforcer de jouer sur deux tableaux, considérant, d'un côté, le Timor oriental comme partie intégrante de l'Indonésie, et de l'autre, les Timorais comme des citoyens portugais ne nécessitant pas de protection particulière. S'agissant de la question des transmigrations, le pétitionnaire a rappelé que la Commission des droits de l'homme a, en avril dernier, exprimé sa vive préoccupation. Ce flux migratoire de personnes conjugué aux pertes en vies humaines, rend de plus en

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plus évidente la possibilité que les Timorais deviendront un jour minoritaires dans leur propre pays. Le pétitionnaire a appelé le Comité spécial à adopter une résolution de fond sur la question de l'autodétermination du Timor oriental, ce que le Comité n'a jamais encore fait, a-t-il noté.

M. AZANCOT DE MENEZES, Association socialiste du Timor, a évoqué les délibérations de l'Assemblée générale du 12 décembre 1975 et la Charte des Nations Unies. Ces résolutions demandent, entre autres, le respect du droit inaliénable des Timorais à l'autodétermination et demandent à la Puissance administrante de n'épargner aucun effort en vue d'un règlement pacifique. Elles appellent également l'attention du Conseil de sécurité sur la situation au Timor oriental et lui recommandent de prendre des mesures d'urgence en vue du respect de l'intégrité territoriale du Timor. Ceci illustre bien la situation au Timor oriental qui a fait l'objet par la suite d'autres résolutions, a précisé le représentant. Ces mesures suffisent à accorder le statut de légitimité au peuple martyr du Timor. Le pétitionnaire a présenté les recommandations suivantes au nom de son association: le représentant de l'Association socialiste du Timor devrait être invité par le Secrétaire général des Nations Unies à participer à toutes les réunions des Nations Unies sur le Timor oriental. Les Nations Unies doivent rejeter toute solution qui ferait allusion à toute autonomie du Timor oriental sous contrôle indonésien. Les Nations Unies doivent créer des conditions objectives qui mèneraient à une réelle autodétermination au Timor oriental, a-t-il souligné.

Mme SHARON SCHARFE, Parlementaires pour le Timor oriental, a indiqué que pour la première fois, une lueur d'espoir est née en ce qui concerne le Timor oriental. En effet, la nomination par le Secrétaire général de M. Marker, Ambassadeur du Pakistan auprès des Nations Unies, comme Représentant spécial au Timor oriental constitue une étape dans la bonne direction. En outre, au mois d'avril dernier, la Commission des droits de l'homme a adopté une résolution qui figure parmi les textes importants jamais adoptés. Cependant, il faut souligner que les négociations de paix resteront vaines si elles tiennent à l'écart les représentants du Timor oriental. Les Timorais continuent de faire l'objet de violations accrues dans le domaine des droits de l'homme en raison de la présence renforcée des forces de l'armée indonésienne. Plus du tiers de la population a trouvé la mort depuis l'occupation indonésienne. La pétitionnaire a prié le Comité spécial d'envoyer une déclaration au gouvernement indonésien demandant le retrait des troupes. Le moment est venu pour les Nations Unies, a-t-elle dit, de poser un acte d'autodétermination dans le territoire. Il faut aider l'Assemblée générale à prendre des dispositions en coopération avec les puissances administrantes pour assurer une présence des Nations Unies dans le territoire pour superviser les étapes menant à l'autodétermination.

Mme RODICA PINTEA-AUSTIN, Pétitionnaire, Membre de l'Université de Londres, a indiqué que les arguments relatifs au Timor font ressortir une lutte entre idéalisme et réalité. L'annexion du Timor oriental en 1975 par l'Indonésie était motivée par des exigences politiques et économiques.

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L'histoire de la démocratie en Indonésie n'était alors pas considérée dans cette équation. A l'époque, il a été dit que le peuple du Timor oriental n'était pas en mesure d'exercer son droit à l'autodétermination. Au fil des années, l'opinion publique a changé et a constitué une unité de mesure de popularité politique pour les gouvernements. L'absence d'un recensement en 1975 de dénuement de l'économie ne permettaient pas alors de se faire une meilleure idée des victimes de l'intervention indonésienne. Elle a formé l'espoir que le Comité spécial reconnaîtra les faits de l'annexion qui ne sont pas négociables car l'histoire ne l'est pas. Il faut avoir la volonté politique d'agir.

M. NUNO KRUS ABECASIS, Membre du Parlement portugais -Parti populaire social démocrate, s'est félicité de l'élection du nouveau Secrétaire général des Nations Unies qui, dès la prise de ses fonctions, a fait part de sa détermination à rechercher une solution équitable, globale et internationalement acceptable pour la communauté internationale et a nommé un assistant qui se consacrera exclusivement à la question du Timor oriental. Un autre événement marquant est le fait que le Comité du Prix Nobel ait décidé de conférer le Nobel de la paix à deux Timorais. Ce geste est censé attirer l'attention du monde sur la question du Timor oriental. Lors de sa déclaration, le Président du Comité du Prix Nobel a regretté que les impératifs de la realpolitik aient permis une forme de colonisation brutale dans le territoire du Timor oriental en appelant la communauté internationale à ne pas oublier les cris de souffrance de ce peuple. Ces propos indiquent très clairement que le peuple timorais est maintenant reconnu par le monde entier. Aujourd'hui au Timor oriental, deux diocèses qui ne font partie de la Conférence épiscopale de l'Indonésie ont décidé de faire directement rapport au Pape. C'est dire l'importance que le Saint-Siège accorde à la question. Le Pape Jean-Paul II a lui-même déclaré que l'on verrait très vite le jour où les Timorais pourraient jouir de leur droit à l'autodétermination.

M. ANTONIO BARBOSA DE MELO, Membre du parti démocratique socialiste, a indiqué qu'en juillet 1996, il a participé à New York à une réunion pour examiner la situation du Timor oriental. Au cours de cette réunion, l'oppression politique et militaire du gouvernement indonésien a été dénoncée. Mais en dépit de ces dénonciations, la situation réelle du peuple timorais ne s'est pas améliorée. Le rapport présenté par le Portugal, en vertu de la Charte, rend compte de nombreuses violations des droits de l'homme par la puissance occupante: exécution de peines de prison sans procédure pénale, actes de violence sur des personnes choisies au hasard, actes de profanation de lieux sacrés....la liste est longue. En outre, l'Indonésie fait obstruction au gouvernement portugais dans l'accomplissement de ses compétences sur le territoire. Le pétitionnaire a observé que depuis le mois de juillet 1996, des changements d'attitude positifs sont apparus. Il a cité l'attribution du prix Nobel de la paix à deux timorais. Cette attribution constitue des mesures décisives dans le processus de reconnaissance des droits des Timorais.

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M. PEDRO RICARDO CAVACO CASTANHEIRA, Membre du Parlement portugais, Parti socialiste, a souligné que les jeunes du Timor oriental ont été au long de ces années la cible préférée des forces indonésiennes. Le gouvernement indonésien a découvert que, en anihilant la liberté de la jeunesse, il pourrait hypothéquer le futur, neutraliser le passage de témoins culturels, historiques, sociaux et linguistiques. Le Timor oriental a été annexé par l'Indonésie, qui a soumis le peuple maubère à une politique de génocide, provoquant plus de 200 000 morts. La politique de nettoyage ethnique, renouvelée tous les jours dans les rues de Dili, a eu avec le massacre de Santa Cruz son expression la plus vive, que la présence occasionnelle d'une caméra a apportée au monde. Le maintien en prison de Xanana Gusmao, leader de la résistance, est le témoignage d'une acceptation internationale de la politique de génocide et des crimes commis contre un peuple. A l'époque de la communication, l'établissement d'un système international interparlementaire qui puisse avoir la possibilité de diffuser rapidement et fréquemment des informations sur le territoire serait une étape déterminante. Plus encore, la création d'un observatoire international pour suivre la situation et permettre aux organes de communication sociale de jouer un rôle privilégié dans la collecte d'informations à l'intention des Etats, des parlements, des opinions publiques serait une action décisive. L'analyse du dossier du Timor oriental par la communauté internationale exige des approches politiques à la fois fermes et diplomatiques.

M. MANUEL MACEDO, Entrepreneur, a déclaré que les politiciens portugais ne peuvent pas continuer à répandre des mensonges sur la façon dont ils ont mené la décolonisation du Timor oriental. Dans la majorité des anciennes colonies en Asie, a-t-il expliqué, le pouvoir a été transféré à des partis politiques qui se trouvaient dans la mouvance communiste chinoise. Au Timor oriental, la population s'est révoltée contre la transmission des armements au parti politique FRETILIN et ceci a mené à une violente guerre civile. Ainsi le Timor s'en est trouvé déstabilisé et le peuple divisé. Si le Portugal a réduit ses troupes militaires, pourquoi a-t-il augmenté l'armement du Timor oriental, a demandé le représentant. Les militaires étaient tous affiliés au parti communiste et au Fretilin qui a pris le contrôle des arsenaux et s'est emparé de quartiers généraux militaires en violation des principes démocratiques. Le Commandant de la police qui s'est révolté contre le Fretilin a été exécuté, a indiqué le pétitionnaire. Les assassins sont bien connus et sont protégés par le Portugal. Les leaders des partis politiques ont envoyé des messages au gouvernement portugais pour que celui-ci revienne sur le territoire mais Lisbonne n'a jamais répondu à cet appel. Lorsque que le Fretilin a déclaré l'indépendance du Timor oriental, le gouvernement portugais n'a pas réagi. Interrompant le pétitionnaire, le représentant du Portugal a exercé une motion d'ordre reprochant au pétitionnaire de faire allusion à des hommes politiques librement élus. Le Comité a oeuvré à l'indépendance de nombreux pays, a souligné le représentant du Portugal qui a qualifié de mensonges les arguments du pétitionnaire. Le pétitionnaire pourra rentrer au Portugal et travailler sans être inquiété par le gouvernement du Portugal ce qui montre que les timorais ont toute latitude de vivre librement.

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M. ANTONIO TAVARES, SOS-Association de défense des Angolais, a dit intervenir dans ce débat pour exprimer sa solidarité au peuple du Timor oriental. Il a dénoncé la position contradictoire des Nations Unies qui ne parvient pas à faire appliquer ses résolutions relatives au Timor oriental alors que ce n'est pas le cas pour d'autres questions. Le progrès des peuples constitue un fait historique et il se trouve que bien souvent les intérêts économiques divergents constituent des obstacles au progrès et à la jouissance des droits. Il est donc nécessaire que la paix et la coopération règnent afin d'assurer le progrès pour tous. L'Association de défense des Angolais condamnent la politique indonésienne au Timor oriental. Elle appelle la communauté internationale à faire en sorte que le prix des intérêts économiques ne soit pas le sang des Timorais. Il faut poursuivre la lutte afin que le pétrole ne se mêle pas au sang. Le pétitionnaire a lancé un appel au Comité spécial pour qu'il fasse pression sur l'Indonésie afin qu'il respecte les résolutions des Nations Unies. Il a recommandé aux Nations Unies de soutenir la poursuite du dialogue entre le Portugal et l'Indonésie avec la participation des Timorais.

M. GENERAL CARLOS GALVARO DE MELO, pétitionnaire, a déclaré que la décolonisation a fait fi de l'unité des peuples et n'a pas pris la tournure que de nombreuses personnes attendaient. Un seul mouvement politique a émergé à la suite du départ du Portugal du Timor oriental. Ce mouvement, appelé le FRETILIN, appuyé par Moscou, a exercé sa tyrannie sur le peuple timorais. Une guerre civile a suivi et elle pris fin grâce à l'intervention de l'Indonésie. La présence de l'Indonésie est le résultat d'une intervention demandée par les partis non communistes, a indiqué le pétitionnaire. Aujourd'hui, grâce à l'Indonésie, des centaines de constructions sont en cours et une université a été créée. Il existe des hôpitaux et des ponts qui relient les populations isolées des unes et des autres en période de mousson. Du point de vue religieux le christianisme est lui aussi appuyé. Aujourd'hui, a précisé le pétitionnaire, le peuple du Timor peut regarder l'avenir avec espoir.

M. OCTAVIO OSORIO SOARES, au nom du Mouvement des étudiants du Timor oriental, a déclaré qu'avant l'intégration à l'Indonésie, le Timor oriental était complètement inconnu. Après son intégration à l'Indonésie, les conditions de vie ont considérablement évoluées grâce à des efforts de promotion de la dignité des timorais. L'intégration pour les timorais a représenté un acte d'autodétermination sur lequel il n'y a pas lieu de revenir a estimé le pétitionnaire. L'intégration du Timor à l'Indonésie a créé une société prospère et éduquée. Le nombre des diplômés d'université est de 500 personnes contre 3 au moment de la colonisation portugaise. Le pétitionnaire a remis en question la remise du Prix Nobel de la paix en 1996 à l'homme qui dirigeait le Fretilin. Les jeunes générations de timorais, produits de l'intégration, ont une juste cause à défendre. Aujourd'hui, si nous sommes prospères et intelligents c'est grâce à l'intégration à l'Indonésie. Cette intégration est la meilleure voie vers le progrès, a-t-il souligné.

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Mme NATERCIA OSORIO SOARES, Pétitionnaire, a dénoncé la politique du Portugal qui a incité à la guerre civile au Timor oriental. L'Indonésie a toujours souhaité aider le Portugal à maintenir l'ordre sur ce territoire. Ses missions de bons offices ont pourtant pour la plupart été rejetés. En septembre 1975, le Ministre portugais des affaires étrangères n'a pas été sérieux dans la mise en oeuvre de sa mission en refusant par exemple de rencontrer les chefs de file politique. Tant que le processus de décolonisation ne sera pas terminé, l'Indonésie doit être considérée comme la seule autorité. Le Portugal ne possède plus les droits et les devoirs qui lui incombaient car sa souveraineté a été détruite lorsqu'il a transformé le pays en un no man's land. Il faut demander contre qui le FRETILIN a été créé puisque que le Timor oriental a toujours été libre de déterminer son propre sort. Le but était en fait d'ouvrir un front de combat entre les Timorais et de diviser pour mieux régner. Cette anarchie a donné lieu à une intervention indonésienne qui ne cherchait qu'à préserver un certain ordre. L'attitude du Portugal montre sa volonté de tromper le monde entier en se proclamant défenseur des droits de l'homme alors que pendant la période de colonisation, ce pays n'a pas hésité à réprimer la population.

M. FLORENTINO SARMIENTO, Président d'une ONG pour le développement communautaire, a dénoncé les violations des droits de l'homme perpétrés par le FRETILIN en se disant convaincu qu'il faut oublier le passé et comprendre que tous les protagonistes ont agi sincèrement pour le bien de leur pays. Il a regretté que le Timor oriental soit aujourd'hui un produit qui permette à certains de poursuivre leur objectif aux dépens des intérêts réels des Timorais. En tant que membre de la communauté des ONG du Timor oriental, le pétitionnaire a confirmé que nombre d'informations données sur le territoire ont été partisanes. Au lieu de contribuer à la solution du problème, elles ne font qu'empirer la situation. Il est temps de rappeler l'amère expérience du temps de la colonisation portugaise. Après plus de 400 ans d'exploitation du territoire, le Portugal a tourné son dos au peuple timorais en négligeant le processus de décolonisation. Si coloniser est un crime, le crime le plus grave a été d'abandonner à son sort un peuple au moment le plus crucial de sa vie. Si le Portugal a pu négocier la rétrocession de Macao à la Chine sans consulter le peuple, pourquoi ne fait-il pas de même avec le Timor oriental où il existe une réelle volonté de s'intégrer à l'Indonésie. A une époque de mondialisation, les pays ne peuvent plus être identifiés par les frontières géographiques. Partant, une intégration à l'Indonésie ne met en aucun cas en danger l'identité du Timor oriental. Le Portugal pose un acte irresponsable en incitant des milliers de personnes à s'élever contre une intégration à l'Indonésie. La question du Timor oriental doit être éliminée de la liste des territoires non autonomes car le peuple se prononce, dans sa majorité, pour son intégration à l'Indonésie.

M. SIMAO DE ASSUNCAO, Pétitionnaire et Parlementaire, a déclaré que depuis l'intégration du Timor à l'Indonésie, il a été reconnu que le progrès économique et social était indispensable pour l'avenir des Timorais. A la

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suite de l'abandon du territoire par le Portugal, le peuple timorais a souffert de façon considérable. En 1975 , il n'y avait que deux écoles secondaires, a précisé le pétitionnaire. Aujourd'hui, tous les enfants ont le droit à l'éducation. L'analphabétisme qui était de l'ordre de 80 % n'est plus aujourd'hui que de 14 %. Deux professeurs de l'université de Georgetown enseignent à l'université de Dili. Du point de vue économique, la situation s'est considérablement améliorée. L'économie enregistre une croissance de 10 % par an. Le revenu par habitant est passé de 34, 20 dollars des Etats-Unis dans les années 70 à 265 dollars aujourd'hui. Au cours des dernières années, des centaines de jeunes timorais ont été employés dans les autres provinces indonésiennes et ont été recrutés grâce à des activités de répartition des emplois dans les provinces indonésiennes. Des projets d'investissement ont été approuvés par le gouvernement central pour un montant de 150 millions de dollars. Pour servir les intérêts de la population catholique qui représente 92 % de l'ensemble de la population, le Pape a ordonné un Evêque. Au vu de ces progrès il est étrange de lire la note verbale du Portugal, a indiqué le pétitionnaire. Pourquoi la puissance coloniale se prétend Puissance administrante alors qu'elle a abandonné le Timor à son sort en 1975. A l'époque le Portugal n'a jamais démontré un intérêt particulier au sort du Timor oriental. Le pétitionnaire a prié les membres du Comité spécial d'analyser les sources d'information fiables.

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