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AG/COL/129

LE COMITE DE LA DECOLONISATION ENTEND UNE DEMANDE VISANT LA CREATION AU TIMOR D'UN BUREAU DU HAUT COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES POUR LES DROITS DE L'HOMME

16 juin 1997


Communiqué de Presse
AG/COL/129


LE COMITE DE LA DECOLONISATION ENTEND UNE DEMANDE VISANT LA CREATION AU TIMOR D'UN BUREAU DU HAUT COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES POUR LES DROITS DE L'HOMME

19970616 Il entend le prix Nobel de la paix 1996 sur la question timoraise

Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a poursuivi cet après-midi l'audition de pétitionnaires sur la question du Timor oriental. Ce faisant, il a entendu la déclaration du Prix Nobel de la paix de 1996, M. Jose Ramos-Horta qui a estimé que le règlement de la question du Timor oriental doit dépasser le cadre bilatéral entre le Portugal et l'Indonésie car elle concerne également les Nations Unies et le peuple du Timor oriental. Personne n'est innocent dans la tragédie du peuple du Timor oriental, a-t-il souligné, en arguant que le peuple timorais n'est que la victime de l'irresponsabilité collective, des erreurs de jugement de certains et de l'indifférence de beaucoup d'autres. Il a estimé que l'heure est venue pour toutes les parties de travailler de bonne foi avec le Secrétaire général et de trouver une formule acceptable par tous. Il appelé notamment à la réduction de la présence militaire indonésienne, à la cessation des activités armées de la résistance et à la constitution d'une zone de protection pour accueillir ces forces et leur famille. Le pétitionnaire a également plaidé pour l'installation, dans le territoire, d'un bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l'homme.

Le Comité spécial a entendu en outre la déclaration des représentants des organisations suivantes : Groupe des semences de l'espoir; Coalition japonaise pour un Timor oriental libre; Conseil national de la résistance maubere; Comité Hobart du Timor oriental; Plate-forme internationale des juristes pour le Timor oriental; FRETILIN; Comité pour l'indépendance du Timor oriental d'Auckland; Coalition Asie-Pacifique pour le Timor oriental; Human Rights/Asie; Fondation du Timor pour la réconciliation et le développement; Jeunesse timoraise pour la réconciliation; Groupe culturel timorais; Mouvement de soutien au dialogue intertimorais; et Centre timorais de recherche ethnique et culturel.

Le Comité spécial devrait achever l'audition de pétitionnaires sur la question du Timor oriental demain mardi 17 juin à 10 heures.

Question du Timor oriental

Audition de pétitionnaires

Mme LYNN FREDRIKSSON, Groupe des semences de l'espoir du Timor oriental, a exprimé sa honte quant aux ventes d'armes effectués par la Grande-Bretagne à l'Indonésie dans les années 70 par l'intermédiaire de British Space et quant au fait que 10 résolutions des Nations Unies sont restées ignorées. L'appui au Gouvernement indonésien ne provient pas du peuple mais des gouvernements, a-t-elle souligné. Sur cette toile de fond, nous avons empêché qu'un appareil britannique ne décolle pour une opération anti-rebelles au Timor oriental. Suite à cela, nous avons été accusés puis acquittés par le Jury de Liverpool ce qui témoigne d'un mouvement de sympathie en notre faveur de la part de l'opinion publique. L'Indonésie a sans cesse violé le droit international et le droit du Timor oriental à l'autodétermination. Cette occupation illégale s'est caractérisée par l'exploitation de ressources naturelles, l'exode forcé, l'exploitation sexuelle des femmes, la torture. Il faut que British Space et le gouvernement cessent ces ventes qui constituent une complicité de fait et dont l'enjeu est la vie et la mort de civils innocents. La pétitionnaire a appelé le Comité à jouer pleinement son rôle en vertu du droit international pour permettre au Timor d'exercer son droit à l'autodétermination.

M. JOSE RAMOS-HORTA, Prix Nobel de la paix, 1996, a estimé nécessaire que les puissances administrantes coopèrent pleinement avec le Comité spécial de la décolonisation en félicitant le Portugal pour ses efforts inlassables tendant à se décharger de ses responsabilités au profit du peuple colonisé du Timor oriental. La question de ce territoire n'est pas une question bilatérale entre le Timor oriental et le Portugal, a dit le pétitionnaire; elle concerne également les Nations Unies, le Portugal, le peuple du Timor oriental et un troisième pays, l'Indonésie. Tout examen de la question doit tenir compte de cet aspect essentiel. Le pétitionnaire s'est réjoui de la présence des représentants des protagonistes précités lors de ce débat et particulièrement de celle de l'Indonésie, autorité de fait bien qu'illégale. Il s'est également félicité de la présence de représentants d'organisations non gouvernementales qui, dans une certaine mesure, jouisse d'un statut juridique international. Nul n'est innocent dans la tragédie du peuple du Timor oriental, en particulier les Nations Unies, le Portugal, l'Indonésie, l'Australie, les Etats-Unis, le Japon et les dirigeants politiques du Timor oriental. Le peuple de ce territoire était et est encore la victime de l'irresponsabilité collective, des erreurs de jugement de certains et de l'indifférence de beaucoup d'autres.

Personne ne peut nier qu'en 1974 et en 1975, le Portugal a fait face à la fin traumatisante d'un empire, à l'effondrement virtuel d'une armée et d'autres institutions en n'ayant pas les moyens de contrôler la situation. L'Indonésie, pour sa part, a craint une emprise marxiste sur le territoire et le fait que l'indépendance ne conduise à une désintégration du territoire.

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Les Etats-Unis, quant à eux, se voyaient handicapés par leur retraite humiliante d'Indochine. L'heure est donc venue pour toutes les parties de travailler en bonne foi avec le Secrétaire général et de trouver une formule acceptable par tous. Rappelant la violence qui a présidé à la période électorale, le pétitionnaire a déclaré que la meilleure réponse aux allégations des uns et des autres serait le lancement d'une enquête internationale. L'escalade de la violence, enregistrée, ces derniers mois, a provoqué l'attaque coordonnée d'une guérilla à travers tout le pays, aggravant ainsi les conditions de vie de la population sans défense du Timor oriental.

Cette situation doit cesser. La présence militaire indonésienne doit être réduite au minimum et les troupes doivent être confinées dans leur caserne. La résistance timoraise doit observer une cessation des activités armées et une zone de protection doit être créée dans une région où les forces de résistance et leur famille pourront se rassembler sous protection internationale. Les prisonniers doivent être libérés et la torture doit cesser. Le pétitionnaire a plaidé pour l'installation, dans le territoire, d'un bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l'homme. Un tel bureau pourrait servir de pont de communication entre les populations locales et les autorités et pourrait faciliter le dialogue et servir de médiateur dans les conflits locaux.

Ce bureau devrait également fournir une formation en droits de l'homme et en droit humanitaire. Les Timorais orientaux devraient pouvoir jouir du droit de gouverner leur propre pays. Le statut juridique, qui est l'aspect le plus épineux de la question, devrait être examiné à un stade ultérieur. A la fin de cette semaine, les ministres des affaires étrangères du Portugal et de l'Indonésie rencontreront le Secrétaire général dans le premier cycle de discussions depuis l'élection de M. Kofi Annan. Ce dernier sait qu'il peut compter sur la pleine coopération de la résistance est-timoraise. Le pétitionnaire a conclu en se disant convaincu que l'Indonésie, qui a bénéficié de l'appui des Nations Unies dans sa lutte pour l'indépendance, coopérera pleinement avec l'Organisation. Elle ne peut oublier son passé honorable.

M. GEOFFREY C. CUNN, Coalition du Japon pour un Timor oriental libre, a déclaré qu'en dépit de la réthorique de coopération du Gouvernement indonésien avec les Nations Unies, la situation au Timor oriental continue de se détériorer. Il n'y a aucun signe que le Gouvernement indonésien relâche sa poigne de fer. La violence qui a accompagné les élections générales au Timor oriental, le 29 mai, est symbolique du problème de légitimité qui se pose. Ce serait travestir le droit international si le Comité acceptait les arguments de l'Indonésie selon lesquels l'acte d'autodétermination a été consommé il y a vingt ans. Aucun acte d'autodétermination, reconnu internationalement, n'est intervenu au Timor oriental, a-t-il souligné. Il serait bon que le Comité fasse adopter des mesures pour parachever le processus de décolonisation qu'il supervise et mette en mouvement un mécanisme pour prendre connaissance des souhaits des Timorais, a-t-il proposé. Le pétitionnaire a invité le Comité à

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suivre le modèle de la mission des Nations Unies au Sahara occidental et à adapter ce processus aux langues et traditions du pays. Une présence du Haut Commissariat des droits de l'homme devrait aider ce processus. Par ailleurs, il a dénoncé une tendance en Indonésie visant à tourner en ridicule les défenseur du Timor oriental en les accusant de ne pas connaître l'histoire du territoire. Cela est une insulte pour l'intelligence de tous.

M. CONSTANCIO PINTO, Conseil national de la résistance maubere, a raconté son expérience de prisonnier politique en 1991 en soulignant qu'à sa libération, en 1992, il a été forcé de chercher refuge ailleurs. Il a expliqué que le Conseil national de la résistance maubère est la maison mère d'une organisation qui lutte en faveur de la libération du Timor oriental. Alors que l'Indonésie continue de décrire le peuple du territoire comme un peuple pauvre et peu civilisé qui a reconnu son intérêt dans la Déclaration de Balibo, il faut souligner, a dit le pétitionnaire, que le Timor oriental se trouve en réalité au carrefour de trois grandes cultures et que son peuple, par sa richesse culturelle, se distingue des territoires avoisinants. Parlant de la situation politique du territoire, le pétitionnaire a plaidé pour la création d'un tribunal pour juger des crimes contre l'humanité. Seule, a-t-il affirmé, la reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple Est-timorais permettra de mettre fin, de manière définitive, aux violations des droits de l'homme comme celle qui a eu lieu lors de la période électorale. Revenant à son expérience personnelle, le pétitionnaire a fait état des sessions de torture dont il a été victime et affirmé que l'armée indonésienne continuera de faire subir ses mauvais traitements tant qu'aucune réaction ferme de la communauté internationale ne se sera fait connaître. Les Nations Unies doivent envoyer des observateurs des droits de l'homme sur le terrain, a conclu le pétitionnaire.

Mme ELISABETH SISSONS, Comité Hobart pour le Timor oriental, a évoqué la situation raciale au Timor oriental. Elle a expliqué que l'on n'a pas caractérisé le comportement de l'Indonésie de raciste car l'on part du principe que les Indonésiens et les timorais partagent les mêmes origines et la même culture. Ceci est faux, a insisté la pétitionnaire qui a cité en exemple des abus de nature raciste. Ces abus sont fondés sur une compréhension de l'histoire et de la culture du premier occupant. Les structures et le comportement indonésiens comportent de forts éléments racistes. L'autre question a trait à la discrimination des sexes. Dès les premiers mois de l'occupation, les femmes ont été arrêtées, asservies, torturées, violées à maintes reprises. Le viol a été utilisé comme une arme de terreur et les enfants ainsi nés ne sont pas reconnus par le gouvernement indonésien et pourtant ils constituent une part de la population importante au Timor oriental. Le troisième élément porte sur la discrimination religieuse. A partir de 1516, de nombreux habitants du Timor oriental sont devenus catholiques. En 1975, 40 % étaient catholiques et les 60 % restant étaient de religion "Lulic". Avec l'occupation indonésienne, la religion "Lulic " a été interdite et ceux qui la pratiquaient étaient tués ou torturés. Ainsi, avec

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la complicité de la communauté internationale, l'Indonésie a fait preuve de discrimination raciale, religieuse et de sexe. La pétitionnaire a appelé le Comité à plus de vigilance et à prendre des mesures énergiques.

Mme JENNIFER COON, Plate-forme internationale des juristes pour le Timor oriental, a expliqué que la répression accrue au Timor oriental montre que l'Indonésie continue de nier à la population locale le droit à l'autodétermination. L'attribution du Prix Nobel à deux Est-Timorais devait encourager les efforts tendant à trouver une solution acceptable par toutes les parties. Jusqu'ici aucun progrès n'a été enregistré, a souligné la pétitionnaire en se déclarant particulièrement préoccupé par le sort du chef du syndicat Est-timorais le plus important qui est encore en détention malgré sa tumeur cancéreuse au poumon droit. La situation des droits de l'homme montre que les Timorais ne sont pas considérés comme des Indonésiens à part entière. En effet, l'acquisition des terres par ces derniers a pour but de marginaliser les populations autochtones. A cet égard, la pétitionnaire s'est déclarée préoccupée par la complicité de certains Etats qui agissent sans le consentement du peuple du Timor oriental. Il est indispensable, a-t-elle affirmé, que la communauté internationale prenne les mesures qui s'imposent. Nombre de pays continuent de vendre des armes aux Indonésiens, il serait utile d'imposer un embargo sur les armes à l'Indonésie en soulignant que les pays qui fournissent des armes sont les complices de ce pays au Timor oriental. L'aide internationale ne peut se faire malgré les violations des droits de l'homme.

M. MARI ALKATIRI, FRETILIN, a rappelé que le Secrétaire général a soulevé des espoirs nouveaux et a, dès le départ, imprimé un sens des responsabilités plus profondes. Jusqu'en 1974, a rappelé le pétitionnaire, l'Indonésie n'a jamais eu de revendications sur le Timor oriental mais elle avait tenté de saper tous les efforts diplomatiques du Portugal en vue de l'indépendance du Timor oriental. Puis elle a commencé des manoeuvres d'intimidation condamnées par les Nations Unies, ce qui a interrompu les efforts du Portugal dans ses efforts de décolonisation. Le coût en vie humaine s'est traduit par des milliers de victimes, des centaines de milliers d'exilés et d'orphelins, des exécutions sans procès, en bref, vingt années de persécution du peuple timorais. Toutes les résolutions des Nations Unies indiquent clairement que le Timor oriental n'a jamais exercé son droit à l'autodétermination. Evoquant la vague de répression dont ont été victimes les mouvements de résistance en début du mois de juin, le pétitionnaire a souhaité que soit créé un Tribunal international pour juger les crimes au Timor oriental. Il a indiqué qu'il était résolu à entamer un dialogue constructif avec Djakarta pour éliminer la question à l'ordre du jour d'ici l'an 2000.

M. ALYN WARE, Comité d'indépendance du Timor oriental d'Auckland, a souligné que le Gouvernement néo-zélandais a effectué un changement dans sa politique à l'égard du Timor oriental. Ne qualifiant plus d'"irréversible"

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l'occupation indonésienne, la Nouvelle-Zélande appuie maintenant l'action des Nations Unies et les discussions tripartites sur le Timor oriental. Trente membres du Parlement néo-zélandais ont signé une déclaration les engageant à appuyer un changement dans la politique gouvernementale. La déclaration, qui reconnaît le droit des Est-Timorais à l'autodétermination, demande la libération des prisonniers, le retrait des troupes indonésiennes et la fin des relations militaires avec l'Indonésie.

M. AUGUSTO N. MICLAT, Coalition Asie-Pacifique pour le Timor oriental, a fait état de réalités troublantes au sein de l'ANASE qui continue de maintenir sa politique injuste de non intervention dans les affaires intérieures de ses Etats membres. Cela indique que ses Etats membres vivent dans des maisons de verre. Illustrant ses propos, le pétitionnaire a expliqué par exemple que l'Indonésie avait menacé de quitter la réunion si la proposition du Portugal visant à introduire la question du Timor oriental à l'ordre du jour était adoptée. La conception anachronique quant aux droits de l'homme et l'entrée de la Birmanie au sein de l'ANASE n'a fait que conforter la mainmise de l'Indonésie sur le Timor oriental. Interrompant le pétitionnaire, le représentant de l'Indonésie a exercé une motion d'ordre reprochant au pétitionnaire de faire trop référence à l'ANASE. Poursuivant, le pétitionnaire a indiqué que les membres de l'ANASE tentent d'étouffer toutes discussions publiques sur le Timor oriental. Le représentant de l'Indonésie a exercé une deuxième motion d'ordre sur le même point. Le Président du Comité a indiqué que les références à l'ANASE étaient justifiées et il a demandé au pétitionnaire de poursuivre. Le pétitionnaire a souligné que le rôle des Nations Unies est de mobiliser l'opinion publique contre un accord tacite avec la tyrannie. Il a demandé à l'Assemblée générale de travailler à la décolonisation par le biais d'un partenariat complémentaire avec l'association Fretilin.

M. AUGUSTO N. MICLAT, Coalition Asie-Pacifique pour le Timor oriental, a fait état de réalités troublantes au sein de l'ANASE qui continue de maintenir sa politique injuste de non-intervention dans les affaires intérieures de ses Etats membres. Cela indique que ses Etats membres vivent dans des maisons de verre. Illustrant ses propos, le pétitionnaire a expliqué, par exemple, que l'Indonésie avait menacé de quitter la réunion si la proposition du Portugal visant à introduire la question du Timor oriental à l'ordre du jour était adoptée. La conception anachronique quant aux droits de l'homme et l'entrée de la Birmanie au sein de l'ANASE n'a fait que conforter la mainmise de l'Indonésie sur le Timor oriental. Interrompant le pétitionnaire, le représentant de l'Indonésie a exercé une motion d'ordre reprochant au pétitionnaire de faire trop référence à l'ANASE. Poursuivant, le pétitionnaire a indiqué que les membres de l'ANASE tentent d'étouffer toutes discussions publiques sur le Timor oriental. Le représentant de l'Indonésie a exercé une deuxième motion d'ordre sur le même point. Le Président du Comité a indiqué que les références à l'ANASE étaient justifiées et il a demandé au pétitionnaire de poursuivre. Le pétitionnaire a souligné que le rôle des Nations Unies est de mobiliser l'opinion publique contre un

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accord tacite avec la tyrannie. Il a demandé à l'Assemblée générale de travailler à la décolonisation par le biais d'un partenariat complémentaire avec l'association Fretilin.

Mme SIDNEY JONES, Human Rights Watch/Asie, s'est déclaré préoccupée par l'escalade de la violence au Timor oriental dont elle a rendu les autorités indonésiennes et les forces de résistance responsables. Elle a souligné que cette situation de violence constante est due au fait que personne jusqu'ici n'a tenu compte des abus précédents. Aucun effort, a-t-elle dit, n'a été déployé pour examiner le comportement des troupes indonésiennes à l'égard des populations locales depuis l'occupation. Il est indispensable pour que la paix se fasse de rétablir les responsabilités passées comme ce fut le cas du Chili et de l'Afrique du Sud. La colère des populations est profonde et ne saurait s'éteindre avec un éventuel développement économique. Parlant de la constitution de milices, la pétitionnaire a souligné que chaque recrutement d'Est-Timorais s'est soldé par une recrudescence des violations des droits de l'homme sans écraser pourtant la résistance locale. Les milices ont été créées pour former des informateurs et selon les chiffres, 400 à 600 personnes ont eu droit à cette formation. L'entraînement achevé, ces personnes exercent des métiers civils en ayant pour fonction véritable celle d'agents provocateurs. En ce qui concerne les élections, la pétitionnaire a expliqué que les résultats obtenus sont dus en majeure partie à la peur. La question d'un changement de statut du territoire a été soulevée au cours de la campagne électorale et le responsable politique qui s'était prononcé en faveur d'une autonomie a été obligé de revenir sur ses propos en raison des pressions exercées par l'Indonésie. La situation des droits de l'homme n'a cessé d'inquiéter la Commission des droits de l'homme des Nations Unies qui demande, depuis plusieurs années, que toutes les parties observent les droits humanitaires et les droits de l'homme.

M. ABILIO ARAUJO, Fondation du Timor pour la réconciliation et le développement, a indiqué que le problème politique du Timor est du à l'héritage colonial et les indices économiques expliquent l'inexistence d'une élite capable de comprendre les événements historiques. Pendant les dix premières années de guerre, les timorais s'affrontaient sur différents points tandis que le Portugal restait à l'écart des grandes batailles menées au sein des organisations internationales. Bon nombre des résolutions adoptées par l'Assemblée générale ont été parrainées par le Portugal et ceci montre à quel point celui-ci avait pris ses distances vis-à-vis du Timor oriental. Au cours de la réunion de réconciliation de 1993 à Londres, a-t-il rappelé, il y avait une déclaration commune tendant à mettre en oeuvre des accords relatifs aux mesures de confiance. Les dirigeants avaient encouragé le gouvernement indonésien à continuer d'examiner la situation particulière des timorais en détention et la nécessité d'introduire dans les écoles les disciplines qui peuvent contribuer à préserver le patrimoine timorais. A la fin de la guerre froide, le Timor ne s'est pas adapté au rythme de la région, a regretté le pétitionnaire. Il faut relever les défis de l'avenir sans perdre notre identité multi-éthnique et refuser le statu quo qui n'aurait que des

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conséquences négatives sur nos jeunes et sur l'avenir. Il faut mettre fin à tous les facteurs qui font obstacle à l'harmonie, a-t-il insisté. Reconnaissant que le gouvernement indonésien a travaillé à la promotion du développement économique du Timor, il a réitéré son soutien au dialogue tripartite entre le gouvernement indonésien et le Portugal sous les auspices des Nations Unies. Il a rappelé l'importance de la création d'un centre culturel dans la capitale du Timor oriental et a appelé à la réconciliation de tous les timorais.

M. ROGERIO PEREIRA, Jeunesse timoraise pour la réconciliation, a estimé que le moment n'est pas au triomphalisme en insistant sur la nécessité de tourner la page sur le passé. On a souvent dit, a poursuivi le pétitionnaire, que l'intervention indonésienne de 1975 a mis fin à tout espoir de décolonisation et à tout rêve d'un Etat indépendant au Timor oriental. Pourtant, les faits sont là qui disent le contraire. Au tout début de la présence indonésienne, le Mouvement politique du FRETILIN avait mené une campagne sanglante sans l'assentiment de la majorité des Timorais, forçant ainsi de nombreuses personnes à demander l'aide de l'Indonésie. C'est dire que la situation n'est pas simple. Il ne faut pas revenir sur le passé mais privilégier plutôt les impératifs de développement. Il faut tourner le dos à l'attentisme et aller de l'avant. Les jeunes pour la réconciliation sont conscients que bon nombre de problèmes constituent un sujet de préoccupation pour la communauté internationale. Or ces jeunes estiment qu'aujourd'hui, la priorité doit être la résolution des problèmes sociaux. Il faut aplanir les difficultés et rappeler aux dirigeants timorais qu'ils doivent être prêts à participer au développement du Timor oriental. Il faut renforcer le dialogue intertimorais et régler la question de la souveraineté à l'échelle internationale. La décision des Nations Unies de désigner le Portugal comme puissance administrante est irréaliste puisque ce pays a cessé toute relation avec le Timor oriental en 1975. Par ailleurs, la tenue d'un référendum sur l'autodétermination ne ferait que raviver les antagonismes. Il faut, au contraire, encourager le dialogue intertimorais et les négociations entre le Portugal et l'Indonésie.

Mme INOCIENTA XIMENES NEVES, Groupe culturel timorais, a expliqué que la révolution des oeillets au Portugal n'avait pas été significative pour les Timorais qui n'étaient pas en mesure de présenter un programme d'action politique cohérent en raison de leur immaturité politique. La pétitionnaire a souligné l'importance de créer des projets culturels qui défendent l'identité culturelle des timorais qui a décliné avec la présence coloniale. Vivant actuellement au Portugal, elle a expliqué qu'elle travaille à faire connaître la culture timoraise au Portugal par divers biais et en collaboration avec l'association KDADALAK. Il existe un grand répertoire de musique et de danses inspiré par les souffrances du peuple timorais, a-t-elle indiqué. Après être retournée au Timor oriental après vingt années d'absence, elle a constaté que les conditions économiques sont bien meilleures. Le niveau de vie s'est élevé et les jeunes ont accès aux universités. Toutefois le mouvement de contestation existe encore au sein de la société timoraise, a-t-elle souligné.

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Elle a prié le Secrétaire général de continuer à travailler à l'élaboration d'une solution pour le Timor oriental et a souligné le nécessité de poursuivre les réunions intratimoraises afin de jeter les bases d'une participation de tous les timorais au processus d'autodétermination.

M. ANTONIO MARIA ARAUJA, Mouvement de soutien au dialogue intertimorais, a souligné que la révolution du 25 avril 1975 a ramené le Portugal au sens des réalités en le forçant à entamer un processus de décolonisation que l'on peut qualifier aujourd'hui d'irresponsable. Le Portugal et l'Indonésie sont depuis 1982 à la recherche d'une solution au conflit et il faut regretter qu'aucun progrès n'ait été enregistré jusqu'ici. Devant cette situation, un groupe de Timorais vivant à l'étranger a proposé une réunion avec les Timorais de l'administration indonésienne. Car sans vouloir se substituer aux négociations tripartites, les Timorais ont compris la nécessité de dégager les divergences et les points communs pour en venir à bout de la situation. Des jalons sont jetés et diverses propositions existent qui s'opposent à un radicalisme paralysant. 22 années se sont écoulées depuis l'intervention indonésienne et le moment est venu pour toutes les personnes de déployer les efforts tendant à la paix. Il faut favoriser le consensus et consulter la population timoraise dans son ensemble. Les Timorais de l'étranger devraient pouvoir participer à la réalisation de la paix dans leur terre d'origine. Le Mouvement de soutien appelle à l'abandon des divergences et encourage un dialogue ouvert et réaliste qui commencerait dans un cadre formel en mettant l'accent sur la qualité des relations humaines.

15-Ms. MARIA LOURDES SOARES, Centre de recherche culturel et éthnique timorais, évoquant la destruction de la culture timoraise à la suite de l'annexion indonésienne, a souligné l'urgence qu'il y a à lancer des actions de préservation de la culture timoraise. L'avenir de notre peuple dépend maintenant des négociations entre les Nations Unies, l'Indonésie et le Portugal, a-t-elle déclaré. Même s'il existe un sentiment d'animosité contre le gouvernement indonésien, il faut reconnaître que le niveau de vie s'est amélioré tout comme le niveau de développement des infrastructures, a-t-elle reconnu. Expliquant que les représentants du Timor oriental ont déployé inlassablement des efforts pour trouver une solution au problème, elle a estimé que des possibilités résident dans le processus de réconciliation lancé par des timorais. Le processus de réconciliation a pour but de promouvoir le dialogue entre tous les timorais de tous bords politiques. Les pourparlers de réconciliation se sont déroulés pour la première fois à Londres. L'histoire prouve que la paix découle des peuples eux-mêmes. A l'issue de ces pourparlers de réconciliation, il est apparu qu'il était nécessaire de réduire les troupes militaires et d'introduire dans les écoles les disciplines scolaires permettant de sauvegarder la culture timoraise. Ce processus de réconciliation a fait prendre conscience à tous que des thèmes comme les droits de l'homme ou le développement économique pouvaient être étudiés dans d'autres instances. Il s'agit d'un défi à la façon traditionnelle de régler un conflit, a-t-elle souligné. Certains groupes ont prédit que le processus

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de réconciliation ne favorisera pas l'inscription de la question du Timor à l'ordre du jour des Nations Unies, mais il n'en a été rien. Ce processus, a insisté la pétitionnaire, est un pont qui doit compléter le processus diplomatique international actuel dont le résultat final dépend du Gouvernement du Portugal, de l'Indonésie et des Nations Unies.

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