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AG/COL/128

LE COMITE SPECIAL DE LA DECOLONISATION PRIE L'ARGENTINE ET LE ROYAUME-UNI DE REPRENDRE LES NEGOCIATIONS SUR LA QUESTION DES ILES FALKLAND (MALVINAS)

16 juin 1997


Communiqué de Presse
AG/COL/128


LE COMITE SPECIAL DE LA DECOLONISATION PRIE L'ARGENTINE ET LE ROYAUME-UNI DE REPRENDRE LES NEGOCIATIONS SUR LA QUESTION DES ILES FALKLAND (MALVINAS)

19970616 Le Ministre des affaires étrangères de l'Argentine appelle à un renforcement du dialogue avec le Royaume-Uni et les habitants du territoire

Le Comité spécial chargée d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a examiné ce matin les question des îles Falkland et du Timor oriental. Au titre de la première question, le Comité spécial a adopté sans vote une résolution, présentée par le Chili, aux termes de laquelle il prie l'Argentine et le Royaume-Uni de consolider le processus de dialogue et de coopération en cours en reprenant leurs négociations afin de trouver dans les meilleurs délais, une solution pacifique au conflit de souveraineté touchant la question des îles Falkland (Malvinas). Il a entendu le Ministre des affaires étrangères de l'Argentine qui a plaidé pour un renforcement du dialogue avec le Royaume-Uni et les habitants des îles. Le Comité spécial a entendu la déclaration, du Paraguay, au nom du Marché commun de l'Amérique du sud, de Fidji, du Venezuela, de Cuba, de la Bolivie et de la Chine. Le Comité avait laissé la parole aux pétitionnaires, parmi lesquels deux représentants du Conseil législatif du Gouvernement des îles Falkland. Pour l'examen de cette question, le Comité spécial était saisi d'un document de travail établi par le Secrétariat.

Le Comité, s'agissant de la question du Timor oriental, était saisi du document de travail pertinent établi par le Secrétariat. Il a entendu des pétitionnaires représentant les organisations suivantes : Union des Timorais démocratiques; Réseau d'alerte des Timorais orientaux du Canada; et Réseau d'action du Timor oriental. Avant l'audition des pétitionnaires, le représentant de l'Indonésie a présenté une motion d'ordre pour s'opposer à la participation du Portugal au débat. Le représentant de ce pays a souligné qu'il y participe en sa qualité de puissance administrante du Timor oriental et que les Nations Unies ne reconnaissent pas la souveraineté de l'Indonésie sur ce territoire. Le représentant de l'Indonésie a présenté deux autres motions d'ordre pour s'opposer aux dires de deux pétitionnaires.

Le Comité spécial poursuivra l'audition de pétitionnaires sur la question du Timor oriental cet après-midi à 15 heures.

Question des îles Falkland (Malvinas)

Documentation

Le document de travail du Secrétariat relatif aux îles Falkland (Malvinas) (A/AC.109/2083) rappelle que la Constitution du territoire, administré par le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, stipule que "tous les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes et qu'en vertu de ce droit ils déterminent librement leur statut politique". La Constitution indique "qu'il convient de promouvoir et de respecter le droit à l'autodétermination, conformément à la Charte des Nations Unies". Le document indique également que le Ministre britannique de la défense, M. Mickael Portillo s'est rendu, en janvier 1997, dans le territoire. Dans une Déclaration faite le 2 janvier, il a notamment déclaré que "La politique qu'a suivie le Gouvernement britannique à l'égard des îles Falkland... témoigne de manière exemplaire de la conviction qui a toujours été la nôtre : les peuples doivent pouvoir choisir leur voie sans craindre l'oppression". Il a déclaré en outre que lors d'une conférence de presse qu'il a donnée durant sa visite que "notre position est sans appel : la question de la souveraineté n'est pas négociable".

Rappelant que le Comité spécial a examiné la question des îles Falkland (Malvinas) le 22 juillet 1996, le Secrétariat indique que le Ministre argentin des affaires étrangères, du commerce extérieur et du culte avait notamment déclaré que "la solution réside dans des négociations entre les deux Gouvernements, seul moyen de mettre fin à la situation coloniale, ce qui exclut en l'occurrence tout application du droit à l'autodétermination". Le Secrétariat rappelle que l'Assemblée générale avait décidé le 25 octobre 1996 de reporter l'examen du point intitulé "Question des îles Falkland (Malvinas)" et de l'inscrire à l'ordre du jour de sa cinquante- deuxième session.

Audition de pétitionnaires

Mme SHARON HALFORD, pétitionnaire, Conseil législatif des îles Falkland (Malvinas), a indiqué que les îles Falkland ont été habitées de façon permanente et occupées par les britanniques depuis plus de 160 ans. Nous entendons de nombreuses idées sur la façon dont le différend pourrait être réglé et dans ce cadre nous entendons souvent l'idée selon laquelle nous devrions retourner à une normalisation des relations entre nos îles et l'Argentine. Tout au long de notre histoire, à l'exception des dix années qui ont précédé 1982, nous n'avions pas de contacts avec l'Argentine, a-t-elle expliqué. Contre les voeux des habitants des îles Falkland, des communications ont été établies entre nos îles et l'Argentine en 1972. Mais plutôt que de mener à une meilleure compréhension, cela a mené à une guerre, a souligné la pétitionnaire.

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La pétitionnaire a indiqué qu'il a été suggéré que les parties devraient s'asseoir à la table des négociations. Indiquant en outre qu'elle a eu le privilège d'avoir pu participer à une discussion avec les Ministres des affaires étrangères du Royaume-Uni et de l'Argentine, la pétitionnaire a expliqué qu'il était apparu que les Falkland et l'Argentine sont deux mondes à part, en dépit de leur proximité géographique. Contrairement aux Argentins, les habitants des îles Falkland n'ont pas chassé les populations autochtones en s'installant sur le territoire, a-t-elle déclaré. Reconnaissant que de nombreuses questions pourraient être abordées, elle a néanmoins indiqué que la question de la souveraineté ne sera jamais à l'ordre du jour. La pétitionnaire a demandé un règlement pacifique du différend le plus tôt possible et a formé l'espoir que l'Argentine fera preuve de maturité en renonçant aux îles Falkland. Est-ce qu'une Argentine démocratique permet à son propre peuple l'usage du droit à l'autodétermination ? a-t-elle demandé. Si la réponse est positive, alors les membres du Comité doivent demander pourquoi l'Argentine ne reconnaît pas le même droit au peuple des îles Falkland qu'il considère comme sa propriété. Il faut que l'Argentine reconnaisse que nous sommes un peuple doté de ses propres valeurs culturelles, a-t-elle insisté.

M. WILLIAM R. LUXTON, Conseil législatif du Gouvernement des îles Falkland (Malvinas), soulignant que le peuple des îles Falkland jouit d'une démocratie parlementaire depuis près 160 ans, s'est dit convaincu que cette année encore, le Comité aura à entendre les "vieux arguments usés" de l'Argentine selon lesquels les Britanniques les ont chassés de leur prétendu territoire en 1833 et en 1982. La destruction causée par les Argentines pendant leur courte occupation ne peut être qualifiée que de catastrophique et n'eût été l'assistance généreuse de la Grande Bretagne, cette situation aurait perduré. L'intervention britannique a représenté un élan qui a donné au peuple la confiance et la détermination nécessaires pour justifier l'effort et les sacrifices consentis en leur nom. Il a été possible d'élargir les structures de pêche et les zones de conservation et de commencer à contrôler les navires de pêches dans les eaux territoriales. Ceci a produit une augmentation importante des revenus, multiplié les opportunités pour les îles, dégagé les fonds nécessaires à la construction des infrastructures nécessaires, et dynamisé le secteur privé. Aujourd'hui, l'administration des îles est sur le point d'entamer l'exploration des ressources pétrolières.

En ce qui concerne le gouvernement des îles, la Grande-Bretagne continue d'être responsable de la défense et des affaires étrangères bien que l'administration des îles disposent de sa propre force de défense. La Grande-Bretagne est, en outre, tenue de consulter l'administration locale en ce qui concerne les détails de la politique étrangère. Le peuple des îles Falkland demande au monde de reconnaître son droit absolu à déterminer son propre avenir. A ses yeux, c'est l'Argentine qui est la puissance colonisatrice. Libéré, grâce à la Grande-Bretagne, le peuple des Falkland

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entend préserver sa condition. Il ne se pense pas en termes de colonie britannique et il a choisi d'être un territoire dépendant car c'est la seule façon d'assurer une sécurité à long terme face à la menace que continue de faire peser l'Argentine.

M. ALEJANDRO JACOB BETTS, Pétitionnaire, a contesté le "droit" du Royaume-Uni à revendiquer sa souveraineté sur les îles Falkland et estimé que ce pays essaye de défendre ses prétentions en arguant, de manière fallacieuse, du droit à l'autodétermination des peuples. Le principe de l'autodétermination n'est pas applicable aux îles Falkland, a souligné le pétitionnaire en s'appuyant sur le fait que l'Assemblée générale a elle-même rejeté les deux amendements du projet de résolution pertinent qui aurait permis d'avaliser ce principe. En matière de droit à l'autodétermination des peuples, force est de souligner l'incohérence de la politique britannique. Alors que d'un côté, le Royaume-Uni a déploré la déclaration d'indépendance de la population turque de Chypre, il accepte, de l'autre, de rendre le territoire de HongKong à la Chine sans consulter, au préalable, la population concernée. S'agissant des îles Malvinas, il faut rappeler qu'elles étaient sous juridiction argentine en 1833 et qu'elles ne pouvaient donc pas faire l'objet d'une colonisation. C'est ce point précis qui différencie la colonisation britannique dans ces îles des autres cas de colonisation. Les lois internationales de l'époque stipulaient en effet que la colonisation ne servait qu'à acquérir un titre sur un territoire qui devait obligatoirement être inoccupé. En outre, l'occupation du Royaume-Uni n'a jamais été légalisé par un traité de cession de la part de l'Argentine. L'absence d'un tel document est importante pour l'évaluation du conflit.

L'Argentine n'émet aucune réserve quant à la légitimité de la souveraineté sur les îles par leurs propres habitants et à l'intégrité territoriale du territoire. L'Argentine souhaite entamer des négociations diplomatiques directes portant sur la question de la souveraineté en tenant compte des aspirations des populations concernées. Il est important de noter qu'il a eu une transition rapide de la composition démographique des îles. En effet, le rapport de recensement de 1996 indique que seuls 1267 personnes sur 2067 sont natifs des îles. En outre, un noyau de 680 habitants ont déclaré être sur les îles depuis moins de 5 ans. En 14 ans, les insulaires sont devenus une minorité. Il devient donc incohérent de parler d'une nation des îles Falkland. Le Royaume-Uni ne peut continuer à ignorer les résolutions des Nations Unies et à vouloir accorder l'indépendance aux îles au risque de violer le principe de l'intégrité territoriale. La seule alternative est donc la négociation.

M. JUAN SCOTT, pétitionnaire, a souligné la nécessité de conclure un règlement durable entre les deux parties. Cette question est de portée nationale pour l'Argentine et elle a toujours été inscrite dans la conscience collective du peuple argentin. La question des îles Malvinas est une question qui concerne également tout l'hémisphère car les îles appartiennent au continent sud américain et se trouvent dans la zone du Traité de Rio.

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Pour l'Argentine il s'agit d'un territoire saisi par la force et qui n'a jamais été récupéré. L'objectif du plan politique suivi par l'Argentine a consisté à intégrer les îles dans le patrimoine national. La situation actuelle imposée par la Grande-Bretagne constitue un phénomène anachronique du colonialisme et non pas un phénomène d'autodétermination. De 1977 à 1981, les pourparlers ont été stériles.

Il est indispensable que tous les Etats se penchent sur ce conflit de souveraineté qui se trouve depuis de nombreuses années en suspens. Accorder l'autodétermination à un peuple qui occupe illégalement un territoire, revient à annuler ce principe et à approuver l'usurpation, a souligné le représentant. L'Argentine est d'avis que la population des îles Malvinas ne présente pas les conditions requises pour qu'il s'agisse d'un peuple. Le droit à l'autodétermination n'est pas supérieur aux autres droits et dans le cadre des îles Falkland (Malvinas) ne s'y applique pas, a-t-il estimé. L'Argentine recherche une solution pacifique tandis que la Grande-Bretagne s'y refuse et utilise les souhaits de la populations des îles pour justifier ses prétentions. La question de la souveraineté et des droits des habitants est importante. Mais si les habitants doivent être consultés, ils ne faut pas qu'ils gênent les négociations. Le pétitionnaire a appelé les parties intéressées à faire preuve de plus d'imagination et à trouver une solution de compromis qui soit soumise au public dans les deux pays. Il n'est pas dans l'intérêt des parties de faire durer ce conflit.

Adoption sans vote du projet de résolution présenté par le Chili (A/AC/109/L.1863)

Aux termes du texte, le Comité spécial réaffirme que le règlement pacifique et négocié du conflit de souveraineté entre les Gouvernements de la République d'Argentine et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord est le seul moyen de mettre fin à la situation coloniale particulière propre aux îles Falkland (Malvinas). Le Comité spécial prie les Gouvernements de l'Argentine et du Royaume-Uni de consolider le processus de dialogue et de coopération en cours en reprenant leurs négociations afin de trouver dans les meilleurs délais, une solution pacifique au conflit de souveraineté touchant la question des îles Falkland (Malvinas).

Déclarations

M. GUIDO DI TELLA, Ministre des affaires étrangères de l'Argentine, a affirmé que dans le cas des îles Malvinas, aucun progrès ne sera réalisé en matière d'autodétermination sans un règlement préalable du conflit territorial. Le droit à l'autodétermination, a souligné le Ministre des affaires étrangères, doit tout d'abord viser à protéger les territoires préexistants. Cette interprétation est d'ailleurs confortée par une résolution de l'Assemblée générale qui indique que toute situation coloniale qui détruit l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un pays est contraire à la Charte des Nations Unies. La restitution de Hong-Kong et la

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réintégration de Macao en sont des preuves édifiantes. Les déclarations de l'Assemblée générale plaident pour une approche au cas par cas et pour la reconnaissance du fait qu'une situation particulière mérite un traitement spécifique. La résolution 2075 de l'Assemblée établit l'existence d'un conflit de souveraineté entre l'Argentine et le Royaume-Uni. Le dernier Séminaire régional du Comité de la décolonisation a une nouvelle fois recommandé la reprise des négociations tant il est que le Comité est au fait des fondements historiques de la revendication argentine. Etant donné sa particularité, la question des îles doit être résolue par le biais de négociations entre le Royaume-uni et l'Argentine car le contraire équivaudrait à la fracture de l'intégrité territoriale de l'Argentine.

Le principe de l'autodétermination, a poursuivi le Ministre, ne peut être applicable qu'à un peuple colonisé par un autre. Or il est impossible, dans le cas des îles Malvinas, de distinguer le peuple colonisé du colonisateur puisque le premier est le descendant du dernier qui s'est employé en son temps à chasser les Argentins des îles. Il est donc incohérent que 2000 britanniques deviennent aujourd'hui les arbitres d'un différend territorial qui implique leur propre pays d'origine. Il est important, aujourd'hui, d'explorer des alternatives qui mènent au règlement des différends. L'Argentine ne constitue pas une menace pour les insulaires et tient à souligner qu'elle ne souhaite que leur bien-être. Il est urgent de plaider pour des négociations entre l'Argentine et le Royaume-Uni et d'encourager toutes discussions directes entre l'Argentine et les insulaires.

M. RAMON A. DIAZ-PEREIRA (Paraguay) a évoqué, au nom du Marché commun du Cône-Sud (MERCOSUR), la réunion du Mercosur du 25 juin 1996 au cours de laquelle les Chefs d'Etats ont réaffirmé les droits de l'Argentine dans le conflit qui l'oppose au Royaume-Uni. Ils ont demandé une solution rapide et conforme aux résolutions des Nations Unies et à celles de l'Organisation des Etats américains.

M. POSECI W. BUNE (Fidji) s'exprimant sur le projet de résolution, a fait remarquer que celui-ci ne différait pas de ceux que le Comité a adopté précédemment. A cet égard, il a estimé que ce texte devrait insister sur le principe contenu au paragraphe 2 de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux qui stipule que tous les peuples ont le droit à l'autodétermination. Indiquant par ailleurs que ce projet de résolution porte plus particulièrement sur la question de souveraineté, il a estimé qu'il fallait trouver l'instance appropriée pour en discuter, arguant du fait que la question de souveraineté ne fait pas partie des attributions du Comité. Si le Comité spécial est d'avis que la question des îles Falkland (Malvinas) touche au principe de souveraineté et non pas du droit à l'autodétermination, il faudrait alors éliminer le nom de ce territoire de la liste des territoires non autonomes et examiner ce différend au sein d'une autre instance.

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M. OSCAR R. DE ROJAS (Venezuela) a déclaré que ce projet de résolution, constitue un pas en avant dans la voie de l'élimination du colonialisme. Son pays est convaincu que la seule façon de mettre un terme à cette situation est la négociation pacifique entre les parties sur la base des critères fixés par les résolutions de l'Assemblée générale et de l'Organisation des Etats d'Amérique.

M. PEDRO NUNEZ-MOSQUERA (Cuba) a réitéré son soutien aux droits légitimes de l'Argentine dans ce conflit de souveraineté et à l'exercice de la souveraineté argentine sur les îles Malvinas. Il a formé l'espoir que des solutions pacifiques, qui tiendront compte des souhaits de la populations des îles, seront trouvées prochainement. Le projet de résolution contribuera à la solution pacifique de ce conflit.

M. EDGAR CAMACHO OMISTE (Bolivie) a réitéré son appui à l'Argentine et à l'appel au dialogue avec le Royaume-Uni afin qu'ils trouvent une solution pacifique et durable au différend sur la souveraineté des îles Malvinas. Il s'est dit convaincu que le climat amical qui prévaut actuellement entre les deux protagonistes conduira à une solution prompte du différend.

M. LIU JIEYI (Chine) a défendu la position de son pays qui est de privilégier les solutions négociées aux conflits internationaux. Il a émis l'espoir que l'Argentine et le Royaume-Uni appliqueront dans un proche avenir les résolutions pertinentes des Nations Unies. C'est dans cet esprit que la Chine appuie le projet de résolution présenté.

M. OTTO DURING (Sierra Leone) s'est dit convaincu de l'importance des efforts de l'Argentine et du Royaume-Uni pour trouver une solution négocié à leur différend tout en accordant une importance particulière aux voeux des populations concernées. Le mandat du Comité étant d'accélérer l'autodétermination des peuples coloniaux, rien ne saurait le détourner de ce principe.

Question du Timor oriental

Documentation

Le document de travail du Secrétariat relatif au Timor oriental (A/AC.109/2079.add 1) comprend un chapitre consacré à l'évolution de la situation politique qui indique que l'Indonésie maintient sa présence militaire au Timor oriental. Selon le commandant en chef de la région militaire d'Udyana, moins de 100 rebelles séparatistes étaient présents sur le territoire en novembre 1996. Selon des sources indonésiennes, cinq bataillons ( soit environ 3 000 hommes) était stationnés au Timor oriental à la fin de l'année 1996. Selon d'autres sources, il y a aurait entre 7 000 et 10 000 soldats indonésiens dans le territoire. Le document indique en outre que les Timorais continuent de résister à la domination indonésienne.

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Les communiqués de presse faisaient état, à la fin janvier 1997, d'une montée de la tension à Dili du fait que les forces de sécurité indonésiennes recherchaient toujours les jeunes gens qu'elles soupçonnaient d'avoir participé à l'assassinat d'un soldat. Lors de la visite au Timor oriental et en Indonésie de M. Jamsheed Marker, Représentant personnel du Secrétaire général, de jeunes Timorais ont manifesté à Dili et à Jakarta et le 23 mars 1997, un certain nombre de jeunes auraient investi l'hôtel dans lequel séjournait l'Ambassadeur en lançant des slogans indépendantistes. Deux jours plus tard, 33 Timorais ont rencontré M. Marker et lui ont remis une pétition.

En ce qui concerne la situation des droits de l'homme, le document cite les rapports de Human rights Watch, du Département d'Etat américain et d'Amnesty International, selon lequel les détentions arbitraires, la torture et les mauvais traitement sont monnaie courante et les disparitions et les assassinats politiques se poursuivent. Dans un rapport particulier, Amnesty fait la lumière sur les irrégularités des procès politiques qui se déroulent sur le territoire et estime qu'au moins 57 prisonniers d'opinion ont été condamnés à la prison à vie pour s'être opposés pacifiquement au Gouvernement indonésien au Timor oriental.

Passant en revue l'examen de la situation par l'ONU, le document indique que le 3 février 1997, lors du Sommet économique de Davos, le Secrétaire général a rencontré le Président du Conseil des ministres du Portugal et le Ministre indonésien des affaires étrangères pour étudier les moyens de faire avancer les pourparlers sur le Timor oriental. En mars 1997, le Représentant personnel du Secrétaire général pour le Timor oriental s'est rendu au Portugal, en Indonésie et au Timor oriental et a eu des entretiens avec des responsables de haut niveau au sujet de la poursuite des activités de bons offices du Secrétaire général. Pour ce qui est de l'examen de la situation par les organisations régionales, le document souligne que l'Union européenne a proposé en janvier 1997, de mettre sur pied des programmes d'assistance économique et sociale en faveur du Timor oriental. Le Ministre indonésien des affaires étrangères aurait rejeté la proposition. D'après des nouvelles parues dans la presse, les participants à une réunion entre l'Union européenne et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, tenue en février 1997 à Singapour, ne sont pas parvenus à un accord sur un nouveau traité renforçant les liens entre l'Union et l'Association, car l'Union tenait à ce que le traité ne soit pas limité à la coopération économique, mais soit étendu aux questions politiques et aux droits de l'homme, en particulier au Timor oriental.

Déclarations

M. DOMINGOS AUGUSTO FERREIRA (Sao-Tomé-et-Principe) a déploré les événements qui sont survenus au cours des élections récentes au Timor oriental. Il a regretté que le Gouvernement de l'Indonésie continue de nier la liberté d'expression des habitants du territoire. Appuyant les bons offices du Secrétaire général, il a appelé l'Indonésie à revenir sur sa

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position et à faciliter les négociations. Le représentant a rappelé à l'Indonésie les obligations qui lui incombent en vertu des instruments internationaux sur les droits de l'homme et les libertés fondamentales. Les violations des droits d'homme sur le territoire constitue une question très grave. Les autorités indonésiennes doivent répondre favorablement aux demandes en matière des droits de l'homme et permettre l'accès aux organisations intéressées. Le représentant a prié le Gouvernement indonésien d'accorder un traitement humain aux prisonniers et de garantir que les procès soient menés conformément aux normes établies. Il est important également pour l'Indonésie de mettre fin à l'exploitation des ressources naturelles du Timor oriental au détriment des intérêts des habitants du territoire. La Sierra Leone demeure convaincue de la nécessité d'un dialogue entre les parties concernées.

M. MARTY MULIANA NATALEGAWA (Indonésie) a exercé une motion d'ordre objectant que les questions abordées par le représentant de Sao-Tomé-et- Principe ne sont pas pertinentes aux travaux du Comité.

Audition de pétitionnaires

Mme HELENA PIRES, Union démocratique timoraise, a déclaré qu'en dépit de l'adoption de 19 résolutions de l'Assemblée générale et du conseil de sécurité condamnant l'Indonésie, la situation n'a pas évolué. La pétitionnaire a dénoncé les obstacles qu'a mis le gouvernement indonésien à la participation de l'ex Gouverneur du Timor oriental à la deuxième réunion du dialogue intra- timorais organisée par les Nations Unies. Evoquant une thèse réalisée par un Timorais, elle a expliqué que l'auteur de la thèse pose la question de savoir à qui profite les aménagements d'ordre structurel réalisés par l'Indonésie. Il apparaît que la réalisation du réseau routier n'a fait que renforcer la présence indonésienne sur le territoire timorais.

D'autre part, les deux décennies de domination indonésienne ont facilité l'arrivée d'immigrants qui bénéficient des ressources investies dans le territoire. Il y a 300 000 migrants au Timor oriental. Ils occupent des fonctions importantes et vivent sur des terres ayant appartenu à des timorais. Ces transmigrants occupent les meilleurs postes de la fonction publique, a-t-elle indiqué. Il s'agit d'un processus de colonisation par le biais de la transmigration et de la confiscation des terres et en conséquence, pourquoi est-il nécessaire de disposer sur place de trente bataillons militaires et pourquoi la délégation indonésienne ne fournit pas d'analyse sur l'absence de cohésion sociale et l'impact sur les femmes de cette colonisation, a demandé la pétitionnaire. On ne peut masquer les violations grossières des droits de l'homme qui sont liées au refus à l'autodétermination. La pétitionnaire a en outre critiqué le dernier rapport du PNUD qui a rattaché le Timor oriental au territoire indonésien et a demandé le retrait de ce rapport.

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Mme ISABEL GALHOS, Réseau d'alerte des Timorais orientaux du Canada, a raconté qu'en 1991, elle a participé à une manifestation pacifique pour revendiquer le droit de son peuple à l'autodétermination. En réaction, les troupes indonésiennes ont ouvert le feu, tuant des centaines de personnes. La seule voie de survie a été de prétendre faire allégeance au gouvernement indonésien. Arrivée au Canada dans le cadre d'une mission de propagande organisée par le Gouvernement indonésien, il a été possible d'expliquer clairement au monde les souffrances du peuple du Timor oriental. L'appui croissant du Canada à la cause du Timor oriental se voit par la réaction du Gouvernement Indonésie qui montre depuis une certaine fébrilité face à la position politique du Canada. Parlant des réunions d'information organisées par son association, la représentante s'est fait interrompre par le représentant de l'Indonésie qui, présentant une motion d'ordre, s'est opposé à toute référence aux réunions qui n'impliquent pas les deux parties. Il a appelé l'orateur à traiter seulement des questions pertinentes pour le Comité.

Poursuivant, la représentante du Réseau d'alerte des Timorais orientaux du Canada a indiqué que les réunions organisées ont été suivies par l'ambassadeur de l'Indonésie au Canada qui s'est employé en vain à intimider les participants. Les journalistes présents ont demandé pourquoi le gouvernement Indonésie n'organise pas de référendum pour confirmer ses dires selon lesquels les Timorais orientaux sont pour la plupart favorables à la souveraineté indonésienne. La pétitionnaire a conclu en demandant à la communauté internationale d'imposer un embargo sur les armes à l'Indonésie tant qu'elle continuera à occuper le Timor oriental.

M. CHARLES SCHEINER, Réseau d'action du Timor oriental, a indiqué que la décolonisation du Timor oriental occupe depuis deux décennies cette assemblée et que c'est beaucoup trop. Le représentant de l'Indonésie a exercé une motion d'ordre critiquant le langage insultant du pétitionnaire. Poursuivant, le pétitionnaire a indiqué qu'au cours des trois dernières semaines, la violence s'est accrue au Timor oriental. L'Indonésie a fermé le territoire et nous ne recevons plus que les informations fragmentaires de Timorais terrorisés, tandis que les articles du Monde ou du Guardian n'accordent d'interviews qu'a des militaires indonésiens. Le pétitionnaire a demandé l'ouverture du territoire aux observateurs des Nations Unies pour qu'ils enquêtent sur le respect des droits de l'homme. Sans l'intervention des Nations Unies, la souffrance et le génocide se poursuivront. D'autre part, l'Indonésie n'a pas respecté les promesses quant à la venue d'observateurs impartiaux et l'ouverture d'un Bureau des Nations Unies. Ouvrir le territoire aux Nations Unies et aux observateurs indépendants permettraient à l'Indonésie de faire preuve de sa bonne foi, a souligné le pétitionnaire. Il a évoqué les déclarations des membres du Congrès américain qui ont demandé la mise en oeuvre de mesures de réduction militaire et le relâchement des personnes détenues pour motifs politiques.

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