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AG/COL/126

LE COMITE SPECIAL DE LA DECOLONISATION ADOPTE UNE RESOLUTION SUR L'ENVOI DE MISSIONS DE VISITE DANS LES TERRITOIRES

12 juin 1997


Communiqué de Presse
AG/COL/126


LE COMITE SPECIAL DE LA DECOLONISATION ADOPTE UNE RESOLUTION SUR L'ENVOI DE MISSIONS DE VISITE DANS LES TERRITOIRES

19970612 Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a poursuivi ce matin ses travaux. Le Comité a adopté sans vote un projet de résolution relatif à la question de l'envoi de missions de visite dans les territoires. Aux termes de ce projet, le Comité spécial souligne la nécessité d'envoyer régulièrement des missions de visite dans les territoires non autonomes. Il engage les puissances administrantes à collaborer avec l'ONU ou à continuer de le faire en autorisant des missions de visite des Nations Unies à se rendre dans les territoires placés sous leur administration. Le Comité prie son Président de procéder à des consultations avec la Puissance administrante de Guam en vue de faciliter l'envoi d'une mission de visite des Nations Unies dans ce territoire.

Le Comité spécial a poursuivi l'examen de la situation dans les douze territoires non autonomes suivants : Samoa américaines, Anguilla, Bermudes, îles Vierges britanniques, îles Caïmanes, Guam, Montserrat, Pitcairn, Sainte- Hélène, Tokélaou, îles Turques et Caïques et îles Vierges américaines. Pour ce faire, le Comité spécial était saisi de documents de travail établis par le Secrétariat.

S'agissant de la question de Guam, le Comité spécial a procédé à l'audition de deux pétitionnaires, Mme Laura Torres-Souder, qui est intervenue au nom du Gouverneur du territoire, M. Carl Guitierrez, et M. Mark Forbes, Sénateur de la législature de Guam. Les représentant de Cuba, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de la République islamique d'Iran, de Fidji, du Chili et de la Côte d'Ivoire sont également intervenus.

Pour ce qui est de la question des Tokélaou, le Comité spécial a entendu la déclaration des représentants de la Nouvelle-Zélande, de la Grenade, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de Cuba et de Fidji.

En début de séance, le Comité spécial avait décidé d'accéder à la demande de trois pétitionnaires de Guam, des îles Turques et Caïques, et des îles Vierges américaines qui souhaitaient être entendus par les membres du Comité spécial au cours de sa présente session.

La prochaine séance du Comité spécial aura lieu cet après-midi, à 15 heures.

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Documentation

Question de l'envoi de missions de visite dans les territoires

Le Comité spécial était saisi du rapport de son Président (AC.109/L.1859) qui rappelle que le 24 juillet 1996, le Comité a adopté une résolution concernant la question de l'envoi de visite. Aux termes de ce texte, le Comité spécial engage les puissances administrantes à collaborer avec l'Organisation des Nations Unies ou à continuer de le faire en autorisant les missions de visite des Nations Unies à se rendre dans les territoires placés sous leur administration. Le Comité prie son Président d'engager des consultations avec la Puissance administrante de Guam en vue de faciliter l'envoi d'une mission des Nations Unies dans le territoire en question. Le Président indique également que le 27 mars 1997, l'Assemblée générale a adopté sans la mettre au voix la résolution 51/224 aux termes de laquelle elle souligne qu'il importe que le Comité spécial soit informé des vues et des voeux des populations de ces territoires et comprenne mieux leur situation. L'Assemblée générale réaffirme que les missions de visite des Nations Unies dans les territoires en temps opportun et en consultation avec la Puissance administrante, constituent un moyen efficace de connaître la situation dans les territoires.

Dans son rapport, le Président donne également un compte rendu des consultations qu'il a menées avec les représentants des Puissances administrantes, conformément au mandat que lui a confié le Comité. Il explique qu'il a indiqué aux Puissances administrantes l'importance qu'attache le Comité spécial à l'envoi de missions de visite des Nations Unies dans les territoires non autonomes afin de recueillir des renseignements directs sur ceux-ci et qu'il a demandé une fois de plus aux puissances administrantes de coopérer ou de continuer de coopérer avec l'Organisation des Nations Unies pour l'envoi de missions de ce type. Le Président a indiqué aux puissances administrantes que leur entière coopération était indispensable au succès du Plan d'action pour la Décennie internationale de l'élimination du colonialisme. Il a appelé l'attention des puissances administrantes sur les conclusions et recommandations du séminaire tenu à St John's et a noté avec satisfaction que le Comité spécial avait envoyé une mission de visite des Nations Unies aux Tokélaou en juillet 1994.

Le Président a expliqué que le représentant de la Nouvelle-Zélande a réaffirmé que son Gouvernement était disposé à continuer de fournir au Comité spécial tous renseignements pertinents concernant les Tokélaou. Le représentant de la Nouvelle-Zélande a émis le voeux que l'évolution constitutionnelle actuelle des Tokélaou permettrait à la population du territoire de se prononcer bientôt sur son statut futur, selon son propre calendrier.

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Le Comité spécial a adopté, sans vote, une résolution relative à la question de l'envoi de missions de visite dans les territoires (A/AC.109/L.1860) aux termes duquel il souligne la nécessité d'envoyer régulièrement des missions de visite dans les territoires non autonomes en vue de faciliter l'application intégrale, rapide et efficace de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux en ce qui concerne ces territoires. Le Comité engage les puissances administrantes à collaborer avec l'Organisation des Nations Unies ou à continuer de le faire en autorisant des missions de visite des Nations Unies à se rendre dans les territoires placés sous leur administration. Le Comité spécial prie les Puissances administrantes d'examiner ses nouvelles méthodes de travail et prie également son Président de procéder à des consultations avec la Puissance administrante de Guam en vue de faciliter l'envoi d'une mission de visite des Nations Unies dans ce territoire.

Examen des questions des territoires non autonomes : examen des questions des Samoa américaines, d'Anguilla, des Bermudes, des îles Vierges britanniques, des îles Caïmanes, de Guam, de Montserrat, de Pitcairn, de Sainte-Hélène, des Tokélaou, des îles Turques et Caïques et des îles Vierges américaines

Documentation

Question des Samoa américaines

Le Comité spécial était saisi d'un document de travail relatif aux Samoa américaines (A/AC.109/2080) qui indique que ce territoire, qui est administré par les Etats-Unis, est situé à 3 700 kilomètres au sud-ouest d'Hawaï et à 4 350 kilomètres au nord-est de l'Australie. Sa superficie totale est de 197 kilomètres carrés, dont 70% sont recouverts par une forêt dense. D'après les estimations, au 1er juillet 1995, le nombre d'habitants était de 56 350. L'accroissement de plus de 21% depuis le recensement de 1990 fait peser une charge sur les infrastructures publiques et la capacité du Gouvernement de fournir les services nécessaires.

Les informations sur l'évolution constitutionnelle et politique du territoire n'ont pas changé par rapport à celles qui figurent dans le document A/AC.109/2023. Les Samoa américaines souffrent des mêmes contraintes économiques que de nombreux pays insulaires du Pacifique Sud - isolement géographique et modicité des ressources. L'économie du territoire est restée tributaire des conserveries de thon. Seul le tourisme offre de bonnes perspectives de croissance. En 1993 le taux de chômage était de 16,7%. Le nombre des immigrants illégaux aux Samoa américaines s'établirait entre 1 000 et 5 000, ce qui, selon les responsables du territoire, impose une charge croissante aux services de santé, à l'enseignement et aux autres services du territoire, qui sont gratuits pour tout le monde.

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On trouvera des informations sur la participation du territoire à des organisations et arrangements internationaux dans le document de travail A/AC.109/2023. S'agissant du statut politique futur du territoire, le document indique que le 27 mars 1997, l'Assemblée générale a adopté sans vote la résolution d'ensemble 51/224 B sur 10 territoires non autonomes dont la section I est expressément consacrée aux Samoa américaines. Dans son explication de vote, le représentant des Etat-Unis a déclaré que pour la première fois la résolution était bien équilibrée, évitant la rhétorique caractéristique de l'époque de la guerre froide et reconnaissant les progrès réalisés au niveau international vers l'autonomie dans les territoires concernés. Il a dit que la résolution reconnaissait que l'autodétermination telle qu'elle avait évolué n'était pas un concept unique qui ne pouvait se satisfaire que de l'indépendance complète, mais qui couvrait un éventail bien plus large d'options acceptables, tant qu'elles étaient librement choisies par le vote des personnes concernées qui devaient s'exprimer en connaissance de cause.

Question des Tokélaou

Le Comité spécial était saisi d'un document de travail établi par le Secrétariat relatif aux Tokélaou (A/AC/109/2090). Au titre du chapitre relatif à l'évolution politique et constitutionnelle, le Secrétariat indique que le premier projet de Constitution des Tokélaou a été présenté en janvier 1997 à l'Assemblée nationale. Les dispositions de la Constitution pouvant être appliquées dans l'immédiat, telle que l'élection des députés à l'Assemblée nationale, sont actuellement en cours d'examen. Les Tokélaou ont également progressé dans le domaine législatif puisqu'elles ont adopté leurs propres lois telles que celles portant création des compagnies de télécommunications et de transport, celles régissant différents aspects du système financier des Tokélaou, et des règles administratives.

Pour ce qui est du statut futur du territoire, le Secrétariat rappelle que le représentant de la Puissance administrante avait déclaré devant la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation le 7 octobre 1996, que les Tokélaou progressaient sur la voie de l'autonomie politique. Il apparaissait alors que les ressources locales ne suffiraient pas à couvrir les coûts matériels du processus d'autodétermination. Pour réussir la décolonisation, il fallait la participation des habitants du territoire, de la Puissance administrante et de l'ONU. Le document (A/C.4/51/SR.3) aborde la question des relations entre les Tokélaou, la Puissance administrante et l'ONU. Le peuple Tokélaou s'est prononcé nettement en faveur du statut de libre association avec la Nouvelle-Zélande, rappelle la Secrétariat qui renvoit pour plus d'informations au document (A/AC.109/ 2009, par.106). En outre, la résolution de l'Assemblée générale 51/145 est consacrée aux Tokélaou.

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Question des îles Turques et Caïques

Dans le document de travail relatif aux îles Turques et Caïques (A/AC.109/2088), il est indiqué que le Gouverneur Martin Bourke est rentré au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord à l'issue de son mandat, mettant fin à la controverse qui avait incité les partis au pouvoir et les partis d'opposition du territoire à demander à la Puissance administrante de le rappeler. Des précisions se trouvent dans le document A/AC.109/2051. Comptant 15 000 habitants en 1995, le territoire continue de compter parmi ceux dont la croissance économique est la plus rapide dans les Caraïbes même si la croissance du produit intérieur brut se soit ralentie pour tomber à 4,5 % en 1994 et à 2,7 % en 1995. En 1995, le secteur touristique était resté très dynamique avec 78 956 visiteurs. Au cours du premier trimestre de 1996, les entrées de visiteurs avaient augmentées de 19 %.

Un résumé des faits nouveaux relatifs à la Constitution et à la vie politique est donné dans les documents de travail du Secrétariat (A/AC.109/1185, par. 3,4 et 7 à 9; et A/AC.109/2051, par. 3 à 5). La position de Puissance administrante à l'égard de ses territoires dépendants est résumée dans les documents A/AC.109/1137, par. 17, A/AC.109/1139, par. 17; et A/AC.109/1180 par. 30 à 36 tandis que les déclarations faites pendant la cinquante et unième session de l'Assemblée générale se trouvent dans le document A/AC.109/2071, par. 36. La section X de la résolution 51/224 B de l'Assemblée générale est consacrée aux îles Turques et Caïques.

Autres rapports sur les territoires non autonomes

Les autres documents relatifs aux territoires non autonomes examinés ont été publiés dans notre précédent communiqué de presse, daté du 9 juin 1997.

Déclarations et audition de pétitionnaires

Question de Guam

Mme LAURA SONDER-BETANCES, pétitionnaire, (intervenant au nom du Gouverneur de Guam, M. Carl Gutierrez) a tout d'abord abordé les questions ayant trait au processus de communication entre les représentants élus des territoires non autonomes et les membres du Comité spécial. La pétitionnaire a appuyé la recommandation formulée lors du récent séminaire régional des Caraïbes selon laquelle les représentants des gouvernements des territoires non autonomes devraient obtenir le statut d'observateur auprès des Nations Unies. Mme Sonder-Betances a déploré le manque de progrès après dix ans de négociations entre Guam et la puissance administrante, les Etats-Unis, notamment en ce qui concerne les questions d'immigration et de transfert de la propriété foncière. La pétitionnaire a souligné la nécessité de répondre à certaines préoccupations spécifiques relatives à la partie consacrée à Guam

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dans la résolution d'ensemble sur la décolonisation des territoires non autonomes. Selon elle, il importe de noter dans cette résolution que le peuple Chamorro est un peuple colonisé. Evoquant les recommandations dont il serait souhaitable de tenir compte dans le projet de résolution qui sera adopté en 1997, Mme Sonder-Betances, a adressé une mise en garde contre les fausses impressions qui se dégagent des formulations contenues dans un "projet de résolution consensuel". La pétitionnaire a indiqué que le gouvernement de Guam serait heureux d'accueillir l'an prochain le Séminaire régional du Pacifique organisé par le Comité spécial.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a indiqué que le Comité spécial ne peut que tirer avantage des interventions faites devant lui par les représentants des territoires non autonomes. Rappelant le mandat confié au Comité spécial à l'aube du 21ème siècle, qui doit en principe voir sonner le glas du colonialisme, le représentant a estimé que les informations fournies par la pétitionnaire sont fort intéressantes et fort importantes. Le représentant a déploré que le processus de décolonisation de Guam accuse un certain retard et que les accords relatifs à la Constitution n'aient connu aucun commencement de mise en oeuvre. Le problème n'est pas nouveau, puisqu'il date de 1878. Le représentant a souhaité savoir si les élections constituent un instrument permettant au peuple d'exprimer véritablement sa volonté sur le statut futur du territoire.

Mme SONDER-BETANCES, pétitionnaire, a indiqué que le peuple a déjà été sollicité. Mais que pour le moment il n'a pas été tenu compte de sa position.

M. ROSARIO (Cuba) a souhaité avoir davantage d'éclaircissements, étant donné l'importance que revêt le sujet. Cuba est d'avis que la volonté d'un peuple ne peut s'exprimer que par un référendum ou un plébiscite. En revanche, un processus électoral pour élire un fonctionnaire ou un représentant, ne peut être considéré comme une consultation populaire. Par conséquent, la pétitionnaire doit répondre à la question qui est de savoir si les élections ordinaires peuvent être considérées comme telles. Le représentant a voulu connaître la nature des relations qui existent entre les représentants du peuple chamorro et ceux de la Puissance administrante et s'est interrogé sur le type d'aide que les Nations Unies peuvent apporter.

M. JIMMY OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a estimé que la résolution d'ensemble et de consensus devra tenir compte des nouvelles informations apportées par la pétitionnaire sur Guam.

Mme SONDER-BETANCES, pétitionnaire, s'agissant de la question des discussions et des consultations avec la Puissance administrante, a indiqué qu'il existe une profonde différence entre échanger des informations et conduire des négociations sur des engagements précis. La pétitionnaire a estimé que les élections des représentants à la législature, des maires et du Gouverneur ne représentent pas un acte d'autodétermination.

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M. JALAL SAMADI (République islamique d'Iran) a estimé que toute modification du libellé de la résolution d'ensemble devra tenir compte des aspirations du peuple chamorro. Le représentant a souhaité savoir s'il existe un recensement fiable sur la population totale de Guam et sur sa composition, notamment l'importance du peuple chamorro.

Mme SONDER-BETANCES, pétitionnaire, a indiqué qu'en 1950, la population chamorro représentait 98% de la population, en 1990 elle n'était plus que de 47% et en 1997 elle était tombée à 40% et cette tendance semble se poursuivre.

M. SAKUISA RABUKA (Fidji) a souhaité que la pétitionnaire lui indique les raisons pour lesquelles le droit d'élire des représentants de la Législature ou un Gouverneur n'équivaut pas à l'exercice du droit à l'autodétermination.

La pétitionnaire a indiqué que M. Mark Forbes souhaitait répondre à la question au cours de la déclaration qu'il fera devant le Comité spécial.

M. MARK FORBES, pétitionnaire, Sénateur de la Législature de Guam, a indiqué qu'en vertu de la législation de la Puissance administrante, Guam dispose d'un représentant à la Chambre des représentants des Etats-Unis qui n'a pas le droit de vote. Toute décision du Gouverneur de Guam peut être annulé par la Puissance administrante. "Guam a en fait une démocratie formelle", a déclaré M. Forbes. Par conséquent, Guam n'a pas d'autonomie dans la mesure où les personnes élues par le peuple n'ont pas de pouvoir souverain. "Mon mandat s'apparente plus à celui d'un membre d'un Conseil d'étudiants aux Etats-Unis, où seul le Directeur de l'école prend des décisions", a ajouté M. Forbes.

M. Forbes, donnant ensuite lecture de la déclaration qu'il souhaitait faire devant le Comité spécial, a indiqué que le peuple chamorro souhaite que la Puissance administrante reconnaisse son droit à l'autodétermination. Or, les Etats-Unis semblent n'avoir aucun plan pour réaliser la décolonisation à Guam. Les rares progrès accomplis en ce sens au cours de ce siècle ont été obtenus à la suite d'initiatives prises par Guam. M. Forbes a estimé que les changements proposés par la Puissance administrante en ce qui concerne le projet de résolution d'ensemble que doit adopter le Comité spécial n'étaient pas fondés et ne vont pas dans le bon sens. Une nation qui prône les droits de l'homme à l'échelle internationale refuse que la population d'un petit territoire qu'elle administre puisse en jouir. La Puissance administrante n'a jamais restitué pleinement les terres prises au peuple chamorro, préférant transférer les propriétés foncières d'une institution fédérale à une autre. En vertu des lois fédérales relatives à l'immigration, la Puissance administrante privilégie la protection de la population qui n'est pas d'origine chamorro. Sans justice et sans restitution des terres, le territoire de Guam n'enregistrera aucun progrès.

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M. FORBES, pétitionnaire, a estimé que Mme Sonder-Petances est plus optimiste que lui-même sur l'attitude des Etats-Unis, soulignant que la Puissance administrante a toujours cherché, particulièrement depuis dix ans, faire échouer le processus de décolonisation. Même si les négociations avec la Puissance administrante aboutissent, cela permettra tout au plus de poser les bases de pourparlers sur un processus de décolonisation. En fait, tant que la Puissance administrante contrôlera les propriétés foncières de Guam, le peuple chamorro ne sera pas décolonisé.

M. WALDEMAR COUTTS (Chili) évoquant le processus qui a permis d'adopter une résolution consensuelle d'ensemble sur les petits territoires, le représentant a exhorté le Comité spécial à poursuivre ses relations avec les puissances administrantes et les représentants des populations des territoires non autonomes.

M. FORBES, pétitionnaire, a souhaité que les Etats-Unis maintiennent leur dialogue avec le Comité spécial. Or, il semble que depuis plusieurs années, la Puissance administrante ait adopté l'attitude inverse. Elle prétend qu'il n'existe aucun problème, ce qui est véritablement insultant pour le peuple chamorro. La Puissance administrante devrait retirer les malheureuses déclarations qu'elle a faites. M. Forbes s'est déclaré encouragé par le fait que les Nations Unies sont une des rares instances à reconnaître l'existence du peuple chamorro. Il a souhaité que les Etats-Unis en fassent de même.

M. SAMADI (République islamique d'Iran), évoquant la proposition faite par Mme Sonder-Batances d'accueillir en 1998 le Séminaire régional du Pacifique, s'est demandé si son pays, en raison des relations qu'il entretient avec la Puissance administrante, pourra participer à ce Séminaire.

M. FORBES, pétitionnaire, a indiqué que sa qualité de Sénateur de la Législature de Guam, ne lui permet pas de répondre à cette question. Seule la Puissance administrante, est habilitée à y répondre. M. Forbes a indiqué qu'il posera la question, au cours de la réunion qu'il aura aujourd'hui avec la Puissance administrante.

M. ROSARIO (Cuba) a cru comprendre que les Etats-Unis, en tant que puissance administrante, souhaitent être consultés avant toute mission de visite des Nations Unies dans les territoires non autonomes. Le représentant de Cuba a demandé à M. Forbes si la Puissance administrante avait été sollicitée en ce sens. Le représentant a également voulu connaître la position de M. Forbes sur la relation entre le processus électoral et le processus d'autodétermination.

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M. FORBES, pétitionnaire, a indiqué que le suffrage universel direct en vigueur à Guam permet à tous les citoyens du territoire, et pas seulement au peuple chamorro, de participer aux élections. M. Forbes a estimé que le peuple de Guam dans son ensemble a paru apprécier les positions qu'il a prises jusqu'à présent en sa qualité de Sénateur de la Législature de Guam. Le peuple de Guam fait siennes ces opinions. Guam n'a pas entamé de consultations formelles avec la Puissance administrante afin qu'une mission de visite des Nations Unies ait lieu dans le territoire. Cette question sera abordée au cours de la réunion d'aujourd'hui. Pour autant, pour une simple question de fierté, il paraît difficile de demander l'autorisation à la Puissance administrante de favoriser une telle mission de visite.

M. OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a jugé particulièrement déconcertant que M. Forbes se présente comme un "conseiller" dans le système représentatif actuellement en vigueur à Guam. Selon le représentant, il appartient au gouvernement territorial de saisir la Puissance administrante de l'envoi d'une mission de visite à Guam. Le représentant a également voulu connaître la valeur et la signification du projet de Commonwealth que souhaitent mettre en place le Gouvernement de Guam.

M. FORBES, pétitionnaire, a indiqué que le gouvernement de Guam a souhaité connaître l'avis du peuple de Guam en ce qui concerne le projet de Commonwealth avant d'entamer des négociations avec la Puissance administrante. Le peuple de Guam a eu l'occasion d'approuver ou de rejeter ce texte. Si un jour, grâce à cette loi de Commonwealth, le territoire parvenait à bénéficier d'un statut transitoire, il serait alors possible d'aborder la question de l'autodétermination et de sortir de l'impasse et du statu quo qui caractérisent actuellement la situation du territoire.

M. TANOH-BOUTCHOUE (Côte d'Ivoire) a estimé que la tâche du Comité spécial s'annonce des plus ardues. D'un côté, les pétitionnaires font part au Comité spécial de leurs desiderata, de l'autre les Puissances administrantes semblent se réjouir des situations qui prévalent dans les territoires dont elles ont la responsabilité. Il convient de se demander comment le Comité spécial va-t-il s'y prendre pour convaincre les Puissances administrantes que le processus consensuel engagé avec elles va permettre au Comité spécial de s'acquitter de son mandat qui consiste à décoloniser les 17 territoires non autonomes restants.

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Question des Tokélaou

M. RIDER (Nouvelle-Zélande) a indiqué que le processus d'autodétermination est caractérisé par un grand degré de liberté. La situation des Tokélaou ne rentre pas dans le cadre colonial traditionnel dont s'occupe le Comité spécial, a expliqué le représentant. La Puissance administrante n'a jamais résidé physiquement sur le territoire, chaque village est, dans une large mesure, resté autonome et il n'y a pas eu de peuplement issu de l'extérieur. Le style d'administration est resté non-interventionniste. Les actions de décolonisation dans le passé ont constitué en une exportation des modèles gouvernementaux, souvent le modèle de Westminster, mais cette approche n'a pas permis de lancer une réflexion réelle sur de tels modèles politiques. Mais pour les Tokélaou cela n'a pas été le cas. Ils doivent en conséquent trouver une approche alternative, développer leur langue et leurs idées et s'appuyer sur leurs traditions. Les Tokélaou ont atteint un tournant dans le parcours constitutionnel contemporain. Les consultations, y compris avec les villages, se poursuivent et fin 1997, les Tokélaou auront adopté certaines parties clés de leur Constitution. Ce travail est complété par un effort visant à assurer que le village retrouve son autorité historique.

Le représentant a rappelé que les relations entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande ont changé en 1994 et en 1996 quand les pouvoirs législatif et exécutif ont été restitués. A l'avenir, certains services essentiels seront décentralisés au niveau du village. Pendant vingt ans, a-t-il rappelé, le service public des Tokélaou s'était développé sur le modèle de la Nouvelle- Zélande. Le Service public, était assuré par un pays tiers, les Samoa occidentale et la structure se composait de départements séparés. L'élan vers l'autodétermination provient de cette situation historique. Le sentiment selon lequel le service public n'a servi qu'à éroder l'autorité des villages s'est en effet développé. Maintenant, les Tokélaou ont besoin de temps et d'une aide extérieure pour mettre en place un plan d'action. L'objectif est de renforcer la confiance ainsi que les capacités locales. A cet égard, les relations entre les villages et le gouvernement national sont un élément clé, le village étant le ciment de la nation.

Abordant le lien entre la capacité des Tokéalou à gouverner et la fourniture d'infrastructures de base, le représentant a rappelé qu'en 1994 les Tokélaou ont exprimé leur volonté de mettre en place leur propre système de transport et de communication avant l'auto-détermination. Le 10 avril 1997, les Tokélaou ont inauguré leur nouvelle ligne téléphonique internationale et la constitution de la société de Télécommunication Tokélaou Corporation, a été le premier acte législatif. Ceci est un exemple d'une collaboration entre les Tokélaou, la Nouvelle-Zélande et les Nations Unies. Il y a deux mois, les Tokélaou et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont signé un projet de document relatif au développement constitutionnel. Le PNUD, a expliqué le représentant, accorde un soutien législatif au Tokélaou.

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Le PNUD a également accordé une aide pour l'élaboration du Tokélaou Law Project qui a donné lieu, en partie, à la première mission de visite des Nations Unies en 1976. Le séminaire du mois dernier, qui a réuni les représentants des Tokélaou, les Nations Unies, et la Puissances administrante, est un exemple visible de la volonté de ces trois acteurs de travailler dans la même direction.

M. STANISLAVS (Grenade) a souhaité que le mode d'administration des Tokélaou par la Nouvelle-Zélande servira d'exemple à d'autres territoires. La Nouvelle-Zélande donne la priorité aux villages et cette approche qui consiste à construire à partir de la base est de bon augure et constitue une conclusion heureuse des relations entre les Tokélaou et la Puissance administrante.

M. OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a remercié le représentant de la Nouvelle-Zélande et a souhaité que leur coopération avec le Comité spécial soit reconnue. Il a déclaré prendre note avec intérêt de l'évolution dans le domaine socio-économique au fur et à mesure que le territoire progresse vers l'autodétermination. Il a lancé un appel aux puissances administrantes pour qu'elles coopèrent avec les travaux du Comité. Ni les puissances ni le Comité spécial ne doivent penser qu'ils décident de l'avenir des territoires non autonomes. Ce sont les territoires, eux-mêmes, qui doivent décider de leur avenir.

M. RIVERO ROSARIO (Cuba) a exprimé sa reconnaissance au représentant de la Nouvelle Zélande pour sa déclaration qui témoigne du zèle avec lequel les autorités de la Nouvelle-Zélande se préoccupent de la situation des Tokélaou du point de vue constitutionnel et socio-économique. Il a rendu hommage à la Nouvelle-Zélande pour sa contribution aux travaux du Comité.

M. RABUKA (Fidji) a souligné l'importance de renforcer la base économique dans tout acte d'autodétermination. Le Comité doit tirer des leçons de l'évolution de la situation dans les Tokélaou.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) reprenant la déclaration du représentant de la Grenade, a souligné l'importance du gouvernement au niveau du village car c'est la population qui doit décider de son avenir.

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