LA COMMISSION DU DESARMEMENT ACHEVE SON DEBAT GENERAL
Communiqué de Presse
CD/151
LA COMMISSION DU DESARMEMENT ACHEVE SON DEBAT GENERAL
19970423La Commission du désarmement, réunie ce matin sous la présidence de M. Andelfo Garcia (Colombie), a achevé son débat général. Elle a entendu la déclaration des représentants des pays suivants : Indonésie, Chine, Afrique du Sud, Uruguay, Mexique, Algérie, Pakistan, Inde, Pérou, Jamaïque, Iran, Ex-République Yougoslave de Macédoine, Azerbaïdjan et Gabon. Elle a élu, pour la présente session, deux de ses vice-présidents sur les trois qui lui restaient à désigner. Les représentants du Bélarus et de la Roumanie ont ainsi été élus pour le Groupe des Etats d'Europe orientale.
Les délégations ont souligné la nécessité de préparer de manière rigoureuse la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement afin de parvenir à des solutions concrètes et pratiques, dans l'objectif ultime d'un désarmement nucléaire général et complet. Certaines délégations ont demandé que les accords en matière de désarmement, et en particulier relatifs à l'établissement de zones exemptes d'armement nucléaire, ne soient pas discriminatoires et respectent les caractéristiques nationales et régionales. Le Pakistan a réitéré son engagement en faveur de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud. Certaines délégations ont insisté sur la nécessité de la création d'une telle zone au Moyen-Orient, afin d'assurer la paix et la sécurité dans la région.
La Commission du désarmement tiendra sa prochaine réunion plénière à une date qui sera annoncée ultérieurement au Journal des Nations Unies.
Fin du débat général :
M. SUDJADNAN PARNOHADININGRAT (Indonésie) s'est réjoui de l'introduction à l'ordre du jour de la Commission de la question des zones exemptes d'armes nucléaires sur la base d'accords librement consentis par les Etats concernés, car ces zones occupent désormais un rôle de premier plan pour parvenir à l'objectif final d'un monde sans armes nucléaires. Chacune de ces zones avec son caractère unique doit faciliter également la coopération en vue d'une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, recueillir l'appui des puissances extérieures à la région concernée et doit inclure les accords internationaux déjà existants sur la limitation des armes et le désarmement. Dernièrement avec le traité de Bangkok, c'est presque l'ensemble de l'hémisphère sud qui est désormais une zone sans armes nucléaires. L'extension de telles zones est à souhaiter pour les régions déchirées par des conflits.
La convocation de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale est justifiée par la situation actuelle et les progrès réalisés dans les accords de désarmement ou de limitation des armements, éléments d'une importance accrue pour assurer la sécurité internationale. De plus, près d'une décennie s'est écoulée depuis la troisième session spéciale et la communauté internationale a aujourd'hui une opportunité unique. Pour la saisir, il faut adopter une attitude différente fondée sur le principe de la coopération collective. Les Etats membres doivent utiliser de manière plus efficace les Nations Unies et s'engager plus fortement à son égard. L'importance des mesures pratiques de désarmement est pleinement justifiée par la prolifération des armes légères qui représentent la majorité des armes échangées dans le monde et sont utilisées par les pays les plus pauvres qui ont précisément le moins de moyens pour lutter contre le trafic illégal, ce qui menace l'ensemble de la sécurité internationale. Il faut du temps pour établir un climat de confiance après un conflit et cela exige l'intervention des Nations Unies par un programme de contrôle et d'encadrement coordonné entre les Etats concernés et les organisations internationales. A cet égard, il s'est réjoui du document officieux présenté par l'Allemagne qui aborde un grand nombre de ces domaines.
M. SHA ZUKANT (Chine) a indiqué que la situation internationale globale continue de se diriger vers l'assouplissement et la pacification mais un grand nombre d'éléments déstabilisateurs subsistent. Certains pays continuent de s'en tenir aux modes de pensée de la guerre froide et de s'ingérer dans les affaires internes d'autres Etats, tandis que les conflits se multiplient dans certaines régions du globe. Toutefois des avancées importantes ont déjà été réalisées, notamment avec la récente conclusion de la Convention sur les armes chimiques. La Commission doit apporter une nouvelle contribution au désarmement en s'adaptant à la situation actuelle. La quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale est un événement attendu car chacune
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des précédentes sessions a joué un rôle important dans le contrôle des armements. Il faut aujourd'hui affirmer et établir les principes du désarmement et du contrôle des armements pour le XXIème siècle. Les propositions faites par les différents pays devront donc y être discutées de manière approfondie, a-t-il ajouté.
Le représentant s'est réjoui de constater que l'importance des zones exemptes d'armes nucléaires est largement reconnue par la communauté internationale. La Commission du désarmement se doit donc d'examiner cette question de manière approfondie et s'attacher à tirer les enseignements des expériences déjà obtenues dans ce domaine. Bien entendu ces zones doivent être établies en respectant les conditions particulières de chacune. Il a rappelé que la Chine s'est engagée à ne pas utiliser l'arme nucléaire contre les pays qui ne disposent pas de ce type d'armes et qui appartiennent à une de ces zones. La Chine a déjà ratifié plusieurs protocoles liés à ces traités et espère ratifier bientôt le protocole du Traité de Bangkok. En matière de contrôle et de limitation des armes classiques, il est très difficile d'examiner cette question avec le désarmement. Il faut plutôt se limiter au renforcement de la sécurité dans les zones de conflit. Les conflits régionaux ont, en effet, plusieurs origines et leur règlement appelle des solutions différentes. Le contrôle des armes classiques dans ces régions doit donc également être flexible. Il faut agir dans le plein respect de la Charte des Nations Unies.
M. KHIPHUSIZI J. JELE (Afrique du Sud) s'est félicité de la création de zones exemptes d'armes nucléaires, et en particulier de l'établissement d'une telle zone en Afrique, instaurée par le Traité de Pelindaba. Le représentant a exhorté le seul Etat de la zone à ne l'avoir pas encore fait à ratifier le Protocole qui le concerne. L'Afrique du Sud se félicite de la récente initiative des Etats d'Asie centrale d'établir une zone exempte d'armes nucléaires dans leur région. La Déclaration d'Almaty doit être reconnue et encouragée, de même que la prochaine conférence internationale sur cette initiative, qui doit se tenir à Tachkent en septembre afin de déterminer une stratégie pour réaliser une zone exempte d'armes nucléaires. L'Afrique du Sud en appelle à la création d'autres zones, en particulier dans des régions où elles n'existent pas, comme le Moyen-Orient ou l'Asie du sud. Lors du Comité préparatoire à la Conférence d'examen du TNP, les Etats parties au Traité ont conclu un accord sur plusieurs points. Ils se sont en particulier félicités des mesures prises afin de créer des zones exemptes d'armes nucléaires depuis 1995 et ont réaffirmé leur conviction selon laquelle de tels traités renforcent la paix et la sécurité régionale et mondiale. Ils ont par ailleurs reconnu l'importance accordée par les signataires des traités récents d'établir un mécanisme de coopération entre les organismes des Traités. L'Afrique du Sud a été déçue par le vote sur la résolution sur l'hémisphère sud et les régions environnantes et zone exempte d'armes nucléaires et travaillera à la réalisation d'un consensus sur cette résolution.
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En ce qui concerne la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement, le mouvement des non alignés a soumis une proposition sur ce sujet. L'Afrique du Sud continuera à travailler pour imposer sa conviction que l'obtention d'un consensus sur les objectifs fixés par la résolution 51/45C de l'Assemblée générale est essentiel à la convocation d'une réunion extraordinaire. Les délégations doivent travailler à un accord sur les objectifs et l'ordre du jour de la conférence spéciale lors de cette Commission.
S'agissant du contrôle de l'armement conventionnel et de la limitation de l'armement, l'Afrique du Sud, préoccupée par l'accumulation d'armes classiques, se félicite de l'accord sur les principes directeurs régissant le transport d'armes classiques de 1996. Elle espère que l'accent sera mis sur les armes classiques dans toutes les institutions désormais. La prolifération des armes légères est responsable de la plupart des souffrances causées par les conflits actuellement. Le Gouvernement sud africain a approuvé, le 30 août, une nouvelle politique sur le contrôle des armes conventionnelles le 30 août 1995. Elle prévoit un Comité de contrôle ministériel et un système d'inspection indépendant, ainsi que des contrôles effectués par le Parlement. L'Autorité sur le commerce des armements appartient à un groupe interministériel. La limitation des armements peut avoir un impact positif sur le développement économique et social. Un certain nombre d'éléments ont été pris en considération dans l'attitude de l'Afrique du Sud pour limiter le transfert des armes et des techniques servant à leur fabrication. Elle soumettra ultérieurement un document qui donnera des détails nouveaux sur la politique du Gouvernement sud africain en la matière.
M. JORGE PEREZ-OTERMIN (Uruguay) a déclaré qu'en tant que pays partie au Traité de Tlatelolco, l'Uruguay attache la plus grande importance à l'établissement d'accords librement consentis entre les Etats d'une région et souhaite exprimer sa reconnaissance chaque fois qu'un Etat s'engage en faveur du renforcement d'une zone exempte d'armes nucléaires. Ce qui importe, c'est la position réaliste qui consiste à donner des garanties de sécurité aux Etats qui sont parties au Traité de non-prolifération, a-t-il précisé. Aujourd'hui il est utile d'échanger les informations et les expériences obtenues dans le domaine des zones exemptes d'armes nucléaires. Le représentant a soutenu les efforts du Brésil pour consolider le régime de ces zones. Toutefois le tableau général est loin d'être idéal car le danger présenté par le transport des déchets nucléaires ne fait que croître. Les Etats nucléaires devraient prendre pleine conscience du danger du transport de ces déchets par voie maritime et s'engager au niveau international pour ne pas mettre en péril tous les progrès qui ont été réalisés ces derniers mois dans le domaine du désarmement. Cette question mérite d'être examinée par la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale, qui doit saisir cette occasion pour apporter des solutions concrètes.
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Le représentant s'est particulièrement félicité des efforts déployés par l'Allemagne en faveur de la limitation et du contrôle des armes conventionnelles. Il s'est prononcé en faveur d'une Convention interdisant le commerce, la production, la vente et le trafic illicite de telles armes, ainsi qu'il en a été discuté récemment à Cancún. La lutte contre le trafic illégal doit être harmonisée au niveau international.
M. ANTONIO DE ICAZA (Mexique) a estimé que les zones exemptes d'armes nucléaires représentent une mesure de désarmement très importante et doivent être utilisées pour obtenir un monde totalement exempt d'armes nucléaires. Désormais l'hémisphère sud et les zones proches sont en train de se transformer en zone totalement exempte de ces armes ainsi que l'Assemblée générale l'a reconnu à sa dernière session. Toutefois les zones exemptes d'armes nucléaires ne sont pas une fin en soi et il faut mettre en place des mécanismes de coopération entre ces différentes zones, car chaque Etat a la responsabilité de s'engager en faveur du désarmement. Bien que chacun des traités sur ces zones a ses caractéristiques propres, il existe toutefois un certain nombre de traits communs, parmi lesquels le principe d'un accord librement consenti, la garantie de l'exemption effective des armes nucléaires, le respect par les puissance nucléaires de la qualité de la zone exempte d'armes nucléaires et par conséquent leur abstention de recourir à la menace nucléaire envers ces pays. Il faut encourager la création de nouvelles zones, a jouté le représentant.
Quant aux directives pour le contrôle et la limitation des armes classiques, elles doivent d'abord faire l'objet d'une étude sur leur portée exacte. Un accent particulier est porté sur les mesures pratiques dans ce domaines et sur les efforts à déployer dans les régions victimes de conflits. Il faut s'attacher à préciser plus en détail ces aspects. Le désarmement classique au niveau régional a de grandes perspectives et c'est pourquoi le Groupe de Rio, sous l'impulsion du Mexique, a déjà décidé d'établir une Convention sur cette question. Ce document aura un caractère juridiquement contraignant et son application permettra de contrôler efficacement le trafic illégal d'armes et pourra servir de modèle au reste des Etats.
Le représentant a estimé que la tâche principale de la présente session de la Commission est de définir le programme de travail de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement, prévue en 1999. Certes, il faut atteindre un équilibre entre le désarmement nucléaire, la question des armes conventionnelles et l'établissement de mécanismes institutionnels, mais la mission principale de la communauté internationale demeure l'interdiction et l'élimination complète des armes qui mettent en péril l'existence même de toute l'humanité.
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M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a souligné que la Commission du désarmement devient de plus en plus importante en raison des accords réalisés ces dernières années dans le domaine du désarmement. Il faut tirer parti de ses potentialités dont elle a fait la preuve en parvenant, comme elle l'a fait lors de la session de 1996, à dégager un accord sur une question aussi controversée que celle relative aux transferts internationaux d'armes. Les pays membres, particulièrement les pays producteurs d'armes, devraient à cet égard s'employer à mettre en oeuvre les directives et les recommandations visant à éviter que ces transferts internationaux d'armes ne viennent alimenter des réseaux, des groupes et des organisations terroristes dont l'objectif ne vise qu'à fomenter des entreprises de déstabilisation violente contre les Etats, et notamment dans leur mission de protection des biens et des personnes.
En ce qui concerne la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, le groupe de travail sur la question devrait intensifier ses efforts pour parvenir à un accord sur les objectifs et sur son ordre du jour tel qu'il ressort de la résolution 51/45C, afin de convoquer cette session en l'an 1999. Il convient de tout entreprendre pour parvenir à une avancée substantielle sur cette question. La délégation de l'Algérie reste disposée à contribuer à cet effort.
En ce qui concerne les zones exemptes d'armes nucléaires, l'Algérie considère qu'il existe un consensus selon lequel l'établissement de ces zones est de nature à renforcer la paix et la sécurité régionales. Aussi, il y a lieu pour cette première année au moins, d'approfondir la réflexion sur les directives visant à apporter une contribution substantielle au maintien de la paix et de la sécurité internationales et ce d'autant que pas moins de 100 pays sont aujourd'hui liés à des engagements dans le cadre de zones exemptes d'armes nucléaires.
S'agissant de la limitation des armes classiques et du désarmement, l'accent est mis sur la consolidation de la paix conformément à la résolution 51/45N de l'Assemblée générale. La délégation de l'Algérie avait eu quelques difficultés avec cette résolution dont l'examen devrait pouvoir intervenir ailleurs qu'au niveau de la première Commission mais participera au débat sur la question sans a priori. L'Algérie est résolument engagée en faveur du désarmement. Ses dépenses en équipements de défense nationale sont maintenues à un pourcentage bas de son PNB, elle a volontairement soumis ses deux réacteurs nucléaires au système de garanties de l'AIEA, et a ratifié le traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
M. KHALID AZIZ BABAR (Pakistan) a déclaré qu'au cours de l'année dernière des faits notables s'étaient produits dans le domaine de la sécurité internationale et du désarmement. Cependant, le but de réaliser la sécurité mondiale n'a pas été atteint du fait de l'existence d'armes de destruction
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massive. Pour réaliser l'objectif du désarmement nucléaire, 28 membres du Groupe des 21 ont proposé un programme pour le désarmement nucléaire qui peut servir de base aux négociations de la Conférence du désarmement. La Conférence du désarmement doit aussi entamer les négociations sur l'extension des garanties négatives de sécurité à tous les Etats non dotés de l'arme nucléaire. Des propositions ont été faites pour que ces assurances soient restreintes aux seuls Etats parties au TNP ou d'autres régimes de non- proliférations. Ceci est contraire aux principes de la Charte sur l'égalité des Etats souverains.
La présente session de la Commission doit permettre de répondre aux défis nouveaux. Les Nations Unies ont un rôle central à jouer dans le domaine du désarmement. Une session extraordinaire devrait être convoquée pour tracer un plan d'action future. Le Pakistan espère que la Commission pourra obtenir un consensus sur les dates et l'ordre du jour de la session, et qu'elle fera des recommandations concrètes sur la date du premier comité préparatoire à la Session.
La prolifération des armes nucléaires constitue la menace la plus grave à la paix et la sécurité internationales. Les zones exemptes d'armes nucléaires se sont avérées une méthode efficace pour lutter contre la prolifération. Un consensus doit être obtenu sur le renforcement des Traités. Le Pakistan a fait une proposition sur une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du sud, mais elle ne s'est pas encore matérialisée et le processus de négociations a été bloqué. Le Pakistan espère que la Commission fera des recommandations concrètes à ce sujet. Les Nations Unies devraient mettre l'accent sur la suppression des causes des conflits. L'un des point inscrits à l'ordre du jour traite des mesures de désarmement. Les Nations unies devraient prendre des mesures préventives en la matière et énoncer des principes qui serviraient de cadre à des mesures de contrôle au niveau régional et sous-régional. La Commission du désarmement constitue un Forum approprié. La réduction de la tension mondiale n'a pas produit de relâchement de la tension régionale. Une solution aux problèmes de sécurité de l'Asie du sud est indispensable à la sécurité mondiale, a affirmé le représentant.
Mme ARUNDHATI GHOSE (Inde) a déclaré qu'en tant qu'organe de délibération d'importance universelle, la Commission du désarmement représente un forum au sein duquel il est possible d'identifier et d'améliorer les moyens de promouvoir le désarmement. Cette question est aujourd'hui à un moment clef où il ne suffit pas seulement d'examiner les problèmes du désarmement mais également les différentes approches. Une paix durable et des progrès dans le domaine du désarmement ne sont possibles que s'il existe une véritable volonté de prendre en compte les intérêts des Etats en matière de sécurité et s'il y a flexibilité et volonté de régler les problèmes d'une manière égalitaire. Or l'on peut se demander si l'on veut en fait réellement régler des problèmes qui nous concernent tous ou simplement promouvoir une certaine idée de la paix et de la sécurité internationales?
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C'est pourquoi la responsabilité première de la Commission est de garantir que la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale ne soit pas un échec. A cet égard, un consensus sur le programme de travail et un comité préparatoire bien structuré sont essentiels. A l'instar des pays du Mouvement des non alignés, la représentante a estimé que la première priorité de cette session extraordinaire est d'examiner la question du désarmement nucléaire, sans toutefois omettre la question de l'élimination des armes de destruction massive et les mesures relatives aux armes conventionnelles. Indiquant que l'Inde a ratifié les deux conventions relatives aux armes chimiques et aux armes biologiques, elle a souligné l'importance du caractère universel de telles conventions. Tant que tous les pays, et principalement ceux qui possèdent ce type d'armes, ne ratifient pas de tels accords, les menaces qui pèsent sur la sécurité internationale demeurent.
La quatrième session extraordinaire devra également centrer son attention sur la Convention pour l'élimination des armes nucléaires. A cet égard, l'Inde a déjà accepté des restrictions en termes de transfert technologique. Une convention sur les armes nucléaires devrait imposer des obligations non discriminatoires à tous les pays et les puissances nucléaires doivent abandonner leur attitude récalcitrante en faveur d'une action urgente. Il faut sortir de l'impasse, les mécanisme sont là et les propositions sont nombreuses, a-t-elle fait valoir. La quatrième session extraordinaire doit également se pencher sur la question des armes classiques et parvenir à leur maîtrise. Il existe déjà un consensus sur le transfert illicite des armes conventionnelles. Les régimes d'exportation ad hoc sont des obstacles aux transferts de technologie pacifiques et ils devraient faire l'objet d'accords multilatéraux, négociés universellement et non discriminatoires. L'établissement de zones exemptes d'armes nucléaires ne peut constituer qu'une étape intérimaire vers l'élimination totale des armes nucléaires. Leur établissement doit passer par une définition claire de la zone géographique concernée. Cependant, les zones exemptes d'armes nucléaires ne sont que des zones de sécurité partielle, car les armes nucléaires ne respectent pas les frontières ou les zones régionales et leur danger ne saurait être éliminé avec de telles mesures. Le monde ne peut pas continuer à être mis en péril par un petit nombre d'Etats qui souhaitent conserver cette force destructrice. La seule solution est l'élimination totale des armes nucléaires. En ce qui concerne le contrôle des armes conventionnelles, la représentante s'est déclarée profondément inquiète de l'accumulation d'armes légères dans certaines parties du monde. Il ne convient pas toutefois d'adopter une démarche trop restrictive à cet égard, même s'il faut être prudent et ne pas entreprendre des discussions sur des sujets étudiés en profondeur ailleurs, notamment par le Groupe d'experts sur les armes légères.
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M. FERNANDO GUILLEN (Pérou) a estimé que le document fourni sur le trafic illicite des armes représente une avancée remarquable dans la lutte contre ce type de délinquance. Le respect des obligations juridiques contractées par les Etats telles qu'elles figurent à la Charte des Nations Unies est une condition indispensable à la paix et à la sécurité internationale. Le risque d'une déflagration nucléaire demeure présent, malgré la fin de la guerre froide et il est impératif de parvenir à l'élimination des armes nucléaires. Rien ne peut justifier le refus de mettre tous les efforts en oeuvre à cette fin, a déclaré le représentant, qui s'est félicité de l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires dans tout l'hémisphère sud. Le représentant a déploré que la résolution pertinente de l'Assemblée générale n'ait pas pu être adoptée par consensus. Il faut prendre conscience que les armes nucléaires ne connaissent aucune frontière, a-t-il ajouté.
En ce qui concerne la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale, tous les Etats doivent faire preuve de bonne volonté pour assurer le succès de cette session. Il est notamment essentiel de parvenir à définir des solutions pratiques et concrètes au problème du désarmement. L'Amérique latine est une des régions les plus actives dans ce domaine, a-t-il déclaré, évoquant la déclaration d'Ayacucho visant à la limitation des dépenses envers les armes classiques, effectuée dès les années 70. Il existe plusieurs éléments à prendre en considération pour renforcer l'élan régional, notamment les caractéristiques de chaque région et la situation spécifique de chaque région. Le représentant a appelé tous les Etats à respecter leurs engagements à l'égard du Registre des Nations Unies sur les armes conventionnelles. Le Pérou, quant à lui, a toujours respecté ses obligations et a toujours déclaré toutes ces acquisitions de matériels militaires. Il est important d'appuyer l'initiative d'Ottawa prise par le Canada, en octobre 96, a-t-il déclaré. Les obligations contractées par les Etats ne peuvent être justifiées unilatéralement lorsqu'il s'agit d'armes de destruction massive, c'est pourquoi les Etats qui produisent ou utilisent des mines anti-personnels sont internationalement responsables et doivent s'engager à les retirer et à les détruire. Abordant la prochaine entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques, le représentant a appelé tous les Etats à s'y rallier le plus rapidement possible.
M. WAYNE MC COOK (Jamaïque) a déclaré que le désarmement nucléaire général et complet doit être une priorité pour la communauté internationale. Des mesures importantes ont été prises dans ce domaine, et il faut poursuivre sur cette voie jusqu'au désarmement nucléaire véritable. Il est urgent de prendre des mesures afin de mettre un terme au trafic illicite d'armes légères. Cette question constitue une grave préoccupation pour les petits Etats comme la Jamaïque qui déploient des efforts pour traiter les problèmes causés par le trafic illégal d'armes, souvent en relation avec le trafic de
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stupéfiants. La Jamaïque exhorte tous les Etats Membres, et en particulier les producteurs d'armes, à prendre note de la recommandation qui figure dans la résolution 46/36H de l'Assemblée générale, aux termes de laquelle il est demandé aux Etats Membres d'harmoniser leurs procédures, de même que les mesures d'application, en vue d'éliminer le trafic illégal d'armement. Les Etats doivent également surveiller de près les exportations afin de prévenir les transferts d'armes, de la même façon qu'est surveillé le trafic de stupéfiants.
Tous les jours des personnes sont tuées par des armes légères qui se trouvent aux mains de criminels. Il faudrait examiner le coût pour la société de l'accès à de telles armes. Il faut mettre un terme à ce trafic dans le cadre des recommandations faites dans le rapport de l'année dernière. Les Etats producteurs qui alimentent le trafic illicite d'armes légères, de même que les Etats destinataires, doivent prendre des mesures afin de mettre un terme à ce flux. Les discussions en cours au sein de la Commission devraient permettre de traiter plus efficacement ce problème.
La délégation de la Jamaïque est également préoccupée par le problème des mines anti-personnel est s'est engagée dans les efforts déployés afin de négocier et de conclure un accord sur l'interdiction de ces armes dont l'utilisation militaire ne peut être justifiée face à ses conséquences sur les populations civiles. Elle appuie l'initiative d'Ottawa de 1997 et l'initiative de l'organisation des Etats américains à cet égard. Elle espère que des mesures seront prises pour la conclusion d'un Traité. Elle se félicite des accords récemment conclus sur les zones exemptes d'armes nucléaires et de l'initiative pris par les Etats d'Asie centrale.
M. MEHDI DANESH-YAZDI (Iran) a déclaré que le rôle de la Commission, en présentant des recommandations qui facilitent la mise en oeuvre de résolutions pertinentes, est d'une grande importance. Il s'est félicité de ce que la Commission du désarmement a pris des mesures pour rationaliser son travail. L'Iran note avec satisfaction qu'elle a réussi à mener à bien son travail sur les initiatives relatives aux transferts internationaux. La quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sera une session consacrée au désarmement. Une session à un niveau élevé permettra de faire le bilan de ce qui a été fait et de faire des plans pour le siècle prochain. Une session extraordinaire de l'Assemblée générale pourra traiter efficacement d'un tel problème. La quatrième session devrait avoir un ordre du jour équilibré qui tiendra compte des résultats de la présente session de la Commission du désarmement. L'Iran espère que tous les membres de la Commission feront tout ce qui est en leur pouvoir pour mener à bien les discussions sur la question.
La création de zones exemptes d'armes nucléaires est considérée comme une étape nécessaire vers le désarmement. Elle devrait être encouragée dans certaines zones comme le Moyen-Orient. Il faut prendre des mesures dans
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le sens de l'accession de tous les Etats au TNP. La possession par Israël de l'arme nucléaire et son refus d'accéder aux demandes d'inspection de l'AIEA est inquiétante. La Commission du désarmement des Nations Unies doit pouvoir formuler des directives pour créer de telles zones dans des régions sensibles, et en particulier au Moyen-Orient. Il faut identifier les obstacles qui empêchent la création de telles zones.
En ce qui concerne les armes classiques et le désarmement pour la consolidation de la paix, le contrôle des mesures prises exige des solutions fondées sur la coopération internationale et la Commission pourrait jouer un rôle constructif à cet égard. Il ne faut toutefois pas détourner l'attention des Nations Unies du problème du désarmement nucléaire, qui doit être la priorité.
Mme ORTAKOVA (Ex-république yougoslave de Macédoine) a espéré que la présente session de la Commission soit productive et permette de contribuer au désarmement avec une vigueur encore plus grande que par le passé. Tous les Etats nucléaires ou non sont concernés par le processus futur du désarmement nucléaire. Mais ce qui importe avant tout, c'est le résultat du processus de désarmement, qu'il soit ou non issu d'une négociation multilatérale ou bilatérale. La question des zones exemptes d'armes nucléaires devrait faire l'objet d'une proposition à l'Assemblée générale qui représente une plate-forme crédible et acceptable par tous les pays membres.
Dans beaucoup de régions, il y a des quantités immenses d'armes classiques de différentes fabrications qui mettent en danger la sécurité de la région, même s'il est légitime que chaque Etat dispose des armes nécessaires à sa défense. Les efforts qui ont été faits dans ce domaine jusqu'à maintenant sont insuffisants. C'est pourquoi la représentante s'est félicitée de la mise en place d'un processus de négociation en faveur d'une convention sur les armes classiques. Elle a ajouté que la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale doit comporter à son ordre du jour la création d'un mécanisme international de limitation des armes classiques.
M. YASHAR ALIYEV-AZ (Azerbaïdjan) a estimé qu'au cours de cette période clef, avant le nouveau millénaire, la mission essentielle de la communauté internationale est la définition claire et égalitaire des priorités en matière de désarmement. Des résultats très satisfaisants ont déjà été obtenus, notamment avec la prorogation du Traité de non-prolifération nucléaire et la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Les zones exemptes d'armes nucléaires sont un élément de plus en plus importants du désarmement nucléaire. La convocation de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale doit déboucher sur des résultats concrets et donner une nouvelle impulsion au désarmement nucléaire, mais également au désarmement classique. La situation militaire internationale a, en effet, un caractère
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éclectique. Actuellement le problème de la définition d'un nouveau schéma de sécurité est très important, notamment en Europe. Les solutions proposées pour les Etats en marge de l'accord sur les armes classiques en Europe ne respectent pas les caractéristiques de chaque Etat et l'Azerbaïdjan ne peut pas accepter ces solutions en l'état. La situation est aggravée par l'absence de contrôle des armes dans la région et la fourniture illégale d'armes en Arménie, a déploré le représentant. Il s'est toutefois déclaré disposé à poursuivre un dialogue approfondi sur la question pour parvenir à une solution satisfaisante.
M. GNANGA ANYANGA (Gabon) a souligné l'intérêt de sa délégation aux délibérations de la Commission du désarmement, qui constitue un cadre privilégié de concertation. Au cours de la présente session, la Commission inaugurera l'examen de deux nouvelles questions et tentera d'harmoniser ses vues sur les zones exemptes d'armes nucléaires. Le climat devrait encourager les régions, qui ne l'ont pas fait, à conclure des accords visant la création de zones exemptes d'armes nucléaires, contribuant par là à accélérer le processus de dénucléarisation totale de la planète. La tenue de la session extraordinaire est indispensable si l'on veut évaluer les efforts de désarmement et de limitation des armements entrepris et si l'on veut fixer des objectifs pour que la communauté internationale soit débarrassée des armes de destruction massive. La délégation du Gabon est convaincue que la Commission abordera le point relatif aux armes classiques dans un esprit de concertation dès cette première session.
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