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CS/779

SOMALIE : LE CONSEIL DE SECURITE DEMANDE AUX FACTIONS DE CESSER IMMEDIATEMENT LES HOSTILITES ET DE COOPERER AUX EFFORTS POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION

27 février 1997


Communiqué de Presse
CS/779


SOMALIE : LE CONSEIL DE SECURITE DEMANDE AUX FACTIONS DE CESSER IMMEDIATEMENT LES HOSTILITES ET DE COOPERER AUX EFFORTS POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION

19970227 Il demande à tous les Etats d'appliquer l'embargo et de s'abstenir de tout acte qui pourrait exacerber la situation en Somalie

A la suite de consultations officieuses tenues ce matin sur la situation en Somalie, le président du Conseil de sécurité, M. Njugura Mahugu (Kenya), a fait, au nom des membres du Conseil, la déclaration suivante:

Le Conseil de sécurité a examiné le rapport du Secrétaire général sur la situation en Somalie en date du 17 février 1997 (S/1997/135).

Le Conseil réaffirme sa volonté résolue d'oeuvrer à un règlement global et durable de la situation en Somalie, dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du pays, conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies. Il réaffirme que c'est au peuple somalien qu'incombe la responsabilité pleine et entière de la réconciliation nationale et du rétablissement de la paix.

Le Conseil appuie résolument les efforts déployés par les États de la région et les autres États intéressés, ainsi que par les organisations internationales et régionales, en particulier l'Organisation de l'unité africaine (OUA), l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et la Ligue des États arabes, en vue de favoriser un dialogue politique direct et de faciliter un règlement politique recueillant une large adhésion en Somalie.

Le Conseil demande à toutes les factions somaliennes de mettre fin immédiatement à toutes les hostilités et de coopérer aux efforts déployés, dans la région et ailleurs, en faveur de la paix et de la réconciliation nationale en Somalie, y compris les initiatives de Sodere (S/1997/17) et de Nairobi (S/1997/135, annexe I).

Le Conseil encourage tous les États à répondre généreusement aux appels lancés par l'Organisation des Nations Unies afin que celle-ci puisse poursuivre ses activités de secours et de reconstruction en Somalie, notamment celles qui visent à raffermir la société civile. Il les encourage également à participer aux efforts régionaux de médiation en Somalie.

Le Conseil demande à nouveau à tous les États de s'acquitter de leur obligation d'appliquer l'embargo sur toutes les livraisons d'armes et d'équipements militaires à la Somalie imposé par sa résolution 733 (1992). Il demande à cet égard à tous les États de s'abstenir de tout acte qui pourrait exacerber la situation en Somalie.

Le Conseil remercie une fois encore tous les organismes des Nations Unies et les autres organisations, ainsi que toutes les personnes qui mènent des activités humanitaires en Somalie. Il demande aux factions somaliennes de veiller à la sécurité et d'assurer la liberté de circulation de tout le personnel des organisations à vocation humanitaire et de faciliter l'acheminement des secours humanitaires destinés au peuple somalien, notamment grâce à la réouverture de l'aéroport et du port de Mogadishu.

Le Conseil invite le Secrétaire général à poursuivre les consultations qu'il a engagées avec les parties somaliennes et les États et organisations de la région au sujet du rôle que l'Organisation des Nations Unies peut jouer à l'appui des efforts de paix, y compris les formules expressément mentionnées dans son rapport (S/1997/135). Il lui demande de maintenir la question à l'étude et de lui faire rapport de la manière appropriée sur le déroulement de ces consultations ainsi que sur l'évolution générale de la situation en Somalie.

Le Conseil demeurera saisi de la question.

Aux fins de cet examen, le Conseil de sécurité était saisi d'un rapport du Secrétaire général sur la situation en Somalie (S/1997/135).

Auparavant, les membres du Conseil de sécurité ont observé une minute de silence, à la mémoire de M. Deng Xiaoping, chef suprême de la République populaire de Chine, décédé le 19 février dernier. Le Président du Conseil, transmettant les condoléances du Conseil de sécurité à la délégation chinoise, a souligné que le décès de M. Deng Xiaoping est une grande perte pour la Chine et la communauté internationale. Il a rappelé que la communauté internationale se souviendra de la contribution de M. Deng Xiaoping à la paix, la sécurité et au développement mondial et de son rôle d'architecte des réformes de la Chine, de son ouverture, de sa modernisation et de son développement économique sans précédent.

Les membres du Conseil ont également, au nom de leur pays respectif, transmis leurs condoléances à la délégation chinoise.

Le représentant de la Chine, M. Qin Huasun, remerciant les membres du Conseil de sécurité de leurs condoléances, a rappelé que M. Deng Xiaoping s'est dévoué toute sa vie à la libération et au développement de la nation chinoise et a apporté une contribution indélébile à l'indépendance nationale de la Chine, à la libération de son peuple et à la création d'une nouvelle Chine.

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M. Deng Xiaoping a contribué d'une manière significative et historique à tous les stades de développement de la Chine depuis la fondation de la République populaire de Chine. Il a appuyé une voie de développement qui convenait aux conditions nationales de la Chine, a créé et développé la théorie d'un socialisme à la chinoise, mettant en place des réformes, ouvrant son pays et le modernisant. Il a développé des relations amicales avec tous les pays du monde sur la base des cinq principes de la coexistence pacifique, tout en réalisant la modernisation. Son décès est une perte immense pour le peuple chinois, toutes ethnies confondues.

Le représentant chinois a indiqué que la direction collective chinoise, avec, au centre, M. Jiang Zemin, permettra à la Chine de poursuivre l'oeuvre de M. Deng Xiaoping, faisant de la Chine un pays socialiste civilisé, prospère et démocratique, et développant des relations amicales avec tous les pays du monde.

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Somalie (S/1997/135)

Le présent rapport fait suite à la demande du Conseil au Secrétaire général d'engager des consultations avec les pays de la région sur la situation en Somalie dans le dessein d'épauler les récentes initiatives régionales du Gouvernement kényan et du Gouvernement éthiopien et, et de lui présenter un rapport assorti de recommandations sur le rôle que l'ONU, notamment le Conseil, pourrait jouer dans ce sens, dans le cadre de son mandat. Il rend compte de l'évolution de la situation en Somalie depuis le dernier rapport que l'ancien Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, a présenté sur la question le 19 janvier 1996 (S/1996/42).

Le Secrétaire général rappelle que lors de consultations officieuses tenues le 15 janvier 1997, le Conseil de sécurité a examiné la situation en Somalie après avoir entendu un exposé du Secrétariat et en se fondant sur la documentation que lui avait fait tenir le Ministre éthiopien des affaires étrangères (S/1997/17 du 8 janvier 1997). Cette documentation consistait notamment dans une déclaration solennelle d'engagement national et une déclaration solennelle adoptées le 3 janvier 1997 par la Réunion consultative de haut niveau des mouvements politiques somaliens, qui s'était tenue à Sodere (Éthiopie) à l'initiative du Gouvernement éthiopien.

Les membres du Conseil de sécurité ont salué les déclarations de Sodere comme représentant un pas dans la bonne direction et ont exprimé l'espoir de voir les factions somaliennes qui n'avaient pas participé à la Réunion rallier rapidement le processus de paix. Ils ont pris acte avec satisfaction des efforts déployés par le Gouvernement kényan puis par le Gouvernement éthiopien en faveur de la paix.

Dans ses observations, le Secrétaire général indique que l'Organisation des Nations Unies a, tout au long de la période considérée, poursuivi ses efforts, lesquels ont revêtu différentes formes : a) missions de bons offices

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du Secrétaire général; b) action menée par le Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie en vue de faciliter les efforts de médiation; c) coopération avec les organisations régionales et les États voisins; d) examens périodiques de la situation par le Conseil de sécurité; e) secours humanitaires et aide à la réinsertion; et f) efforts visant à assurer un plus strict respect des droits de l'homme. Cette action se poursuivra.

S'agissant des secours humanitaires et assistance au relèvement fournis par les Nations Unies à la Somalie, le Secrétaire général indique qu'il n'y a pas eu en 1996 de crise humanitaire majeure, mais que la vie quotidienne, pour le Somalien ordinaire, demeure très difficile, en particulier dans la moitié méridionale du pays. L'insécurité dans laquelle vivent ceux qui mènent les opérations de secours et de relèvement touche aussi les collectivités locales et reste le principal obstacle à l'acheminement d'une assistance aux Somaliens.

Le Secrétaire général note que durant la période considérée, l'absence prolongée de règlement pacifique a entraîné de graves violations du droit humanitaire et des droits de l'homme. Pendant l'essentiel de 1996, la situation humanitaire en Somalie ne s'est pas améliorée ou s'est même nettement dégradée. La stratégie suivie par les Nations Unies pour le relèvement et la reconstruction en Somalie continue à privilégier la réalisation d'activités communautaires permanentes pour soutenir les moyens locaux de survie, et encourager ainsi l'autonomie. Malgré ces progrès, la réponse de la communauté internationale à l'appel lancé par les Nations Unies en vue d'une assistance à la Somalie s'est considérablement amenuisée, au point que le montant total apporté est bien inférieur à ce qui est nécessaire.

Le Secrétaire général rappelle que dans la déclaration solennelle de Sodere, les dirigeants somaliens ont lancé l'appel suivant : "La reconstruction de la Somalie est une tâche d'une telle ampleur qu'il faudra une aide internationale massive pour appuyer les efforts de réconciliation, de réinsertion et de reconstruction. En conséquence, nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu'elle maintienne son aide." Les signataires de la déclaration ont en outre remercié l'ONU et les autres organisations "des efforts sans relâche qu'elles déployaient pour promouvoir la paix et la réconciliation dans le pays". La déclaration de Nairobi contenait un appel analogue.

Les États et les organisations de la région qui mobilisent les efforts en faveur de la paix ont eux aussi décrit le type d'appui qu'ils souhaitaient recevoir de l'Organisation des Nations Unies. Ainsi, le Secrétaire général de l'OUA, M. Salim, a demandé instamment à l'Organisation d'appuyer les processus de Nairobi et de Sodere. Le Gouvernement éthiopien, auquel l'OUA et l'Autorité intergouvernementale pour le développement ont confié un mandat en ce qui concerne la Somalie, et le Gouvernement kényan, en sa qualité de président de l'Autorité intergouvernementale, ont eux aussi donné des

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indications claires sur le type d'assistance qu'à leur avis l'ONU était en mesure de fournir (voir annexe II du rapport).

A la lumière des considérations qui précèdent, le Secrétaire général estime que le Conseil de sécurité pourrait peut-être examiner les options suivantes :

a) Intensification des opérations de secours et de l'aide à la réinsertion. Les Nations Unies ont, en décembre 1996, lancé un appel dans lequel elle demandait 46,5 millions de dollars destinés à financer des programmes exécutés conjointement par plusieurs organismes des Nations Unies, et 54 millions de dollars pour des actions menées par des organismes individuels. Le Conseil de sécurité pourrait insister auprès des États Membres pour qu'ils répondent plus généreusement à ces appels;

b) Assurer la coopération de toutes les factions somaliennes, en leur signifiant qu'il reconnaît la volonté des Somaliens représentés par les signataires des déclarations de Sodere et de Nairobi et qu'il ne tolérera d'aucunes factions qu'elles refusent de coopérer avec ceux qui s'efforcent de donner effet auxdites déclarations;

c) Mission d'enquête commune ONU/OUA. Le Secrétaire général souligne toutefois que depuis que la proposition de mettre en place une mission d'enquête a été faite, des progrès sensibles ont été accomplis sur le plan politique, grâce aux efforts déployés par les pays voisins, et il n'est pas dit qu'une mission d'enquête permettrait en ce moment de compléter utilement ces efforts. Toutefois, si les acteurs régionaux indiquaient à l'un ou l'autre moment qu'une telle mission serait utile, le Conseil de sécurité pourrait reconsidérer la question;

d) Désignation d'un envoyé spécial du Secrétaire général pour la Somalie, si les acteurs régionaux le souhaitaient. Cet envoyé spécial de haut niveau aurait pour mission d'assurer la liaison entre les acteurs régionaux et d'appuyer leurs efforts de rétablissement de la paix. Entre-temps, cette fonction continuera d'être confiée au Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie;

e) Respect de l'embargo sur les armes. Le Conseil de sécurité souhaitera peut-être, comme l'ont proposé les Gouvernements éthiopien et kényan, engager tous les États à observer strictement les obligations qui leur incombent en ce qui concerne l'embargo sur les armes décrété par la résolution 733 (1992);

f) Appui financier aux efforts régionaux de rétablissement de la paix. En effet, le Secrétaire général indique que les efforts qui ont abouti aux déclarations de Nairobi et de Sodere, et en particulier dans ce dernier cas, ont entraîné des dépenses considérables pour les gouvernements hôtes. La mise en oeuvre de ces déclarations entraînera de nouvelles dépenses considérables

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pour ces pays et pour d'autres. Si ces gouvernements le souhaitaient, le Conseil de sécurité pourrait prier le Secrétaire général d'établir un fonds d'affectation spéciale et inviter les États Membres à y verser une contribution.

Le Secrétaire général demeure convaincu, de même qu'à son avis, le Conseil de sécurité, que le meilleur espoir de restaurer la paix en Somalie réside dans la négociation d'un règlement politique prévoyant la mise en place d'un gouvernement largement représentatif auquel participeraient toutes les principales factions somaliennes. Il déplore cependant que toutes les factions n'aient pas participé aux négociations de Nairobi et de Sodere, mais il ne faut pas pour autant minimiser les progrès sensibles qui ont été accomplis récemment par les acteurs régionaux, dont les efforts méritent un soutien sans réserve de la part de la communauté internationale. Le Secrétaire général estime que la balle est désormais dans le camp de ceux qui ont choisi de ne pas participer à la négociation des déclarations de Nairobi et de Sodere : si le peuple somalien continue de souffrir, ils en porteront la responsabilité. Le peuple somalien doit savoir que la communauté internationale continuera d'appuyer les efforts de ceux qui sont prêts à oeuvrer au rétablissement de la paix et à l'instauration d'un nouvel ordre politique en Somalie.

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