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CPSD/108

QUATRIEME COMMISSION: LE MAROC RESTE ATTACHE AU PLAN DE REGLEMENT ET A LA TENUE D'UN REFERENDUM TRANSPARENT AU SAHARA OCCIDENTAL

10 octobre 1996


Communiqué de Presse
CPSD/108


QUATRIEME COMMISSION: LE MAROC RESTE ATTACHE AU PLAN DE REGLEMENT ET A LA TENUE D'UN REFERENDUM TRANSPARENT AU SAHARA OCCIDENTAL

19961010 APRES-MIDI CPSD/108 Les délégations invitent les parties concernées à reprendre des négociations directes de haut niveau.

La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a achevé cet après-midi son débat général sur les questions de décolonisation. S'exprimant sur la question du Sahara occidental, le représentant du Maroc a déclaré que son pays n'est responsable ni de l'arrêt de l'identification ni de l'impasse que connaît le processus depuis plus d'un an. Le Maroc voudrait réaffirmer qu'il tient à l'organisation d'un référendum authentique auquel participeraient tous les sahraouis qui auraient été identifiés par la Commission d'identification des Nations Unies. Devant l'impasse du Plan de règlement et le refus de l'autre partie à coopérer avec la MINURSO pour achever le processus d'identification, condition sine qua none du référendum, il est du devoir du Maroc de se mobiliser et de mobiliser la communauté internationale. Les contacts ont lieu et continueront à avoir lieu comme cela est inscrit dans les traditions du Maroc sans perdre de vue bien sûr le Plan de règlement qui commande la mise en oeuvre du référendum.

Par ailleurs, les délégations ont signalé l'importance de dialogue pour le règlement des différends et appelé les parties concernées à reprendre la discussion directe de haut niveau.

Ont pris part au débat général, les représentants de Trinité-et-Tobago, de l'Iran, du Kenya, du Pakistan, du Cap-Vert, de Bahreïn, de la République de Tanzanie, de l'Ouganda, de la Grenade, du Zimbabwe, de la Bolivie, du Brésil et du Mozambique.

Le Royaume-Uni a exercé son droit de réponse.

La Quatrième Commission a entendu les pétitionnaires suivants sur la question du Sahara occidental: M. Moustapha Bouh Bazarani, Mme Bent Ebbi, M. El Houcine Bouida, M. Bahir Dkill, M. Mohamed Bahi. A la suite de leur déclaration, le représentant de l'Algérie est intervenu.

La prochaine séance de la Quatrième Commission aura lieu le 16 octobre à 10 heures.

Audition de pétitionnaires sur la question du Sahara occidental

M. MUSTAPHA BAZARANI a indiqué qu'il s'est engagé dans le POLISARIO dès sa création et qu'il y a occupé des postes élevés. Il a souligné que le POLISARIO a vu le jour en pleine guerre froide, étant ainsi un pur produit de cette époque. Le but originel était de créer un outil de déstabilisation aux portes du pays voisin, le Maroc. Les dirigeants du POLISARIO qui se sont prêtés à ce jeu sont devenus très vite de simples marionnettes. Il est important de rappeler que mêmes les proches parents de certains dirigeants du POLISARIO vivent dans le Royaume du Maroc. Par ailleurs, le pétitionnaire a rappelé que l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice a lui-même reconnu le lien d'allégeance du peuple sahraoui au Royaume du Maroc. La technique du POLISARIO a été de ramasser par force une population innocente pour l'engager dans sa lutte contre le Maroc, soumettant les nomades à un régime policier sans précédents et les femmes à des conditions de vie les plus drastiques.

Le POLISARIO est une organisation totalitaire qui n'hésite pas à entreprendre une grande purge au niveau des cadres qui pensent et posent des questions. Il expérimente les théories les plus folles du collectivisme et pour duper l'opinion publique internationale, il n'hésite pas à présenter l'image qui convient à quiconque vient le visiter. Le POLISARIO collectionne les supercheries dont une a consisté à faire admettre qu'il y avait 165 000 personnes dans les camps alors que les chiffres réels ne dépassent pas 25 000. Aujourd'hui le POLISARIO dénie le droit de vote à nombre de tribus alors même que ses propres dirigeants ne figurent pas sur le recensement de 1974, sur lequel il entend fonder le processus d'identification. Les éléments cités ici, a souligné le pétitionnaire, ne sont qu'un exemple d'un large éventail de supercheries. Le POLISARIO ne veut pas d'un référendum car celui ci, il ne l'ignore pas, donnerait l'occasion aux personnes concernées d'affirmer leur "marocanité". Demandant la libération de ses "frères" séquestrés à Tindouf, le pétitionnaire a conclu en rappelant les paroles du Roi Hassan II : "La patrie est clémente et miséricordieuse."

Mme GAJMOULA BENT EBBI a expliqué qu'elle est née à Laayoune et qu'elle a vécu dans les camps de Tindouf jusqu'en 1989, date à laquelle elle a quitté les camps avec de grandes difficultés. Elle a souhaité rectifier une situation mal comprise par les organisations non gouvernementales. Le POLISARIO a détruit tout le système de valeur d'une société stable et fortement ancrée. Les victimes en sont le peuple sahraoui, les femmes et les enfants, a-t-elle déclaré . La femme ne jouit d'aucun droit, mais en revanche le POLISARIO renvoie et exploite l'image d'une femme libérée pour profiter de la générosité des donateurs. Mais la femme n'a aucune maîtrise de sa vie familiale et ses enfants ne lui appartiennent pas car ils sont la propriété du POLISARIO depuis leur naissance.

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La femme est transformée en une machine reproductrice au service de la guerre, a insisté la pétitionnaire. Elle a été victime de nombreuses tortures et notamment en 1978 quand ordres ont été donnés pour que l'armée du POLISARIO entoure les camps de civils. Il n'est pas juste qu'une organisation qui se proclame en faveur des droits d'un peuple agisse de manière inhumaine, a souligné la pétitionnaire en insistant à nouveau sur les conditions de vie misérables des femmes des camps de Tindouf et a demandé à la Commission d'aider le peuple sahraoui.

M. EL HOUCINE BOUIDA a indiqué qu'il a rejoint le POLISARIO dès 1975. Au bout de quelques années, a-t-il poursuivi, les forces du POLISARIO m'ont capturé et fait vivre dans des conditions épouvantables. Jusqu'ici aucun jugement n'a été rendu. Décrivant les méthodes d'éducation du POLISARIO, le pétitionnaire a affirmé que nombreux étaient les adolescents et enfants qui se trouvaient dans des camps pour en fait être dressés et devenir ainsi d'utiles instruments de la guerre. Les idéologues du POLISARIO ont l'adresse nécessaire pour transformer ces adolescents en commandos suicides. L'enseignement dans les camps est un cauchemar où l'être humain est soumis à un cycle de dures épreuves. Il est difficile de décrire les peines et sanctions que ces générations ont subies. Cette comédie ne cesse de tromper les coeurs nobles et généreux, a conclu le pétitionnaire en appelant la communauté internationale à mettre fin à cette grande tromperie qui ne profite qu'au POLISARIO.

M. BAHIR DKILL, a indiqué qu'il était membre fondateur du POLISARIO, ancien prisonnier de conscience, ancien représentant du Croissant-Rouge à Alger et ancien représentant du POLISARIO à Genève, à Maputo et à Barcelone. La question du Sahara occidental est une source d'enrichissement financière pour le POLISARIO, a indiqué le pétitionnaire. En ce qui concerne la situation des camps de Tindouf, la vérité a été soigneusement dissimulée, a-t- il ajouté. Sous le couvert de mouvement de libération, on a assisté à de véritables dictatures. Depuis plus de 20 ans, dans la région de Tindouf, le POLISARIO détient des milliers de personnes originaires du Sahara. Nombreux sont ceux qui jouent avec l'intégrité physique et morale d'une population bâillonnée au milieu des tempêtes du désert algérien.

Depuis 1976, date de création du Croissant-Rouge, les aides humanitaires provenant de l'Occident sont accaparées par le POLISARIO. L'objectif du POLISARIO est de s'ériger en victime afin de séduire les donateurs. Depuis de longues années s'est crée un climat de confusion. Le POLISARIO est même parvenu à la purification ethnique des chefs tribaux qui ne satisfont pas les dirigeants, a souligné le pétitionnaire. Il a évoqué par ailleurs les viols et l'enrôlement forcé des enfants qui ont été dissimulés à la communauté internationale. D'autre part, les aides humanitaires sont systématiquement détournées quand elles arrivent au port d'Alger et les Sahraouis à Tindouf n'en reçoivent que des miettes. Les fonds destinés à financer les écoles et

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hôpitaux sont mis sur des comptes à l'étranger. Pour les quatre camps, il n'existe qu'une petite clinique mise en place par une organisation humanitaire, a dénoncé le pétitionnaire. Par ailleurs, les aides reçues ne sont pas distribuées par les donateurs.

Abordant la question de l'identification des votants, le pétitionnaire a indiqué que même le Haut Commissariat n'est pas parvenu à l'identification de la population de Tindouf tandis que le POLISARIO gonfle artificiellement ces chiffres. On parle d'une population de 200 000 habitants alors que seulement 40 000 personnes vivent dans les camps. Il apparaît donc que les aides sont calculées sur la base de 200 000 habitants et la différence est affectée au commerce et à la défense. Le POLISARIO est une grande entreprise usurpatrice. Son unique objectif est d'obtenir le statu quo et il démontre par là qu'il refuse le retour des enfants de Tindouf à la mère patrie.

M. MOHAMED BAHI a indiqué que lors d'un déplacement dans la région, il a été enlevé et arrêté sans aucune raison alors qu'il était en possession d'une invitation solennelle des dirigeants du POLISARIO. Les bons rapports que j'entretenais avec ce dernier, a expliqué le pétitionnaire, s'expliquent par le fait que j'étais journaliste marocain spécialiste des questions liées au territoire. Le séjour en prison a été un enfer d'années de souffrance due à l'isolement total, à la malnutrition, au manque de soin et à l'inhumanité des geôliers qui, jour après jour, torturaient les prisonniers. Les dirigeants du POLISARIO sont ceux là mêmes qui pratiquent la torture. L'objet des mesures d'isolement était de prévenir tout contact avec les autres prisonniers et entre les membres d'une même famille.

Le pétitionnaire a ensuite déclaré que des milliers de personnes, y compris des femmes et des enfants, appellent les membres de la communauté internationale à mettre fin aux conditions de vie épouvantables dans ces camps et à les libérer du joug qu'ils subissent depuis maintenant 20 ans, au nom du droit de la liberté de mouvement et du choix du domicile. Des milliers de femmes et d'enfants en appellent aux membres de la Quatrième Commission pour qu'ils veillent au respect des droits de l'homme par le POLISARIO. Des centaines d'hommes et de femmes ont en effet perdu la vie dans ces camps à la suite des tortures et de la violence. Des centaines de jeunes souffrent aujourd'hui encore de handicaps permanents à cause des tortures auxquelles ils ont été soumis. Des milliers de fillettes sont soumises au travail forcé, au viol ou encore à l'avortement forcé. Elles en appellent toutes à la conscience humaine pour que les droits de l'homme soient protégés dans la région.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a dit vouloir préserver un climat de paix et d'entente au sein de la Commission. La polémique, a-t-il dit, n'aidera pas les peuples non autonomes à exercer leur droit à l'autodétermination et à l'indépendance. En ce qui concerne le nombre des réfugiés en Algérie, le représentant a attiré l'attention sur les conclusions du rapport de la Mission du Commissariat aux réfugiés (HCR) qui s'est rendue à Tindouf du 10 au 16 juillet 1996. Cette Mission a constaté que 140 000 personnes étaient censées

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vivre dans les camps et conclu que ce chiffre était proche du nombre exact de réfugiés. Ce chiffre ne comprend pas les milliers de Sahraouis qui étudient à l'étranger ni les 25 000 personnes de l'armée sahraouie. La Mission estime que le chiffre de 80 000 réfugiés est exact et que le nombre de 165 000 utilisé à des fins statistiques n'exige aucune modification. Les camps sont ouverts, dit encore le rapport, et la Mission a admis qu'elle pouvait circuler sans obstacle et poser des questions aux réfugiés sans menace.

La Mission du HCR a par ailleurs rappelé que l'ONU organisait des missions régulières dans la région et que les 15 missions qui ont eu lieu se sont toutes déroulées dans de bonnes conditions. Tous les efforts ont été faits pour assurer la libre circulation de la Mission du HCR. Depuis juillet 1996, l'ONU dispose d'un bureau opérationnel à Tindouf. Pour ce qui est de la détention des réfugiés, les représentants des Nations Unies ont confirmé que les fonctionnaires seraient libres d'identifier les individus qui souhaiteraient retourner au Sahara occidental et que les autorités algériennes étaient disposées à coopérer. Les représentants de la Mission du HCR ont entendu des réfugiés qui voulaient retourner dans le territoire, non pas à titre individuel, mais dans le cadre d'un accord collectif. Enfin, le HCR a reconnu que l'aide apportée parvient bien aux destinataires.

Débat général

Mme ROSLYN KHAN-CUMMINGS (Trinité-et- Tobago) s'exprimant au nom de la CARICOM, a rappelé qu'à l'approche de la Décennie internationale pour l'éradication du colonialisme il reste 17 Etats non autonomes. Elle a estimé que pour atteindre les objectifs fixés, il faut favoriser les interactions entre les représentants des peuples, les experts dans les domaines pertinents, et les organisations régionales et internationales. Les séminaires régionaux sont l'exemple de cette interaction. La représentante a également insisté sur l'importance des missions qui permettent l'évaluation de la situation dans ces territoires. Notant le déclin du nombre des membres du Comité spécial, elle a suggéré de procéder à un examen de la situation afin de remplir les sièges vacants et de relancer ainsi les travaux du Comité. Par ailleurs, la coopération avec les puissances administrantes est essentielle tout comme l'est le rôle des organisations et des institutions régionales.

Abordant la situation à Montserrat, elle a indiqué que la CARICOM attachait une attention particulière à ce territoire et a convenu de la libre circulation des habitants de Montserrat dans les pays de la CARICOM. Par ailleurs la CARICOM est préoccupé par le blocage du processus d'identification au Sahara occidental et appelle les parties à reprendre ce processus. Une des plus grandes préoccupations de la CARICOM est en outre la vulnérabilité des territoires non autonomes par rapport aux catastrophes naturelles. Il faut concevoir une stratégie globale pour la réduction de ces catastrophes pour le XXIe siècle et les progrès dans ce domaine doivent être liés à la protection de l'environnement et au développement économique. Une action collective de soutien doit avoir lieu à tous les niveaux et les peuples non autonomes ne méritent pas moins que cela, a souligné Mme Khan-Cummings.

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M. JALAL SAMADI (Iran) a regretté que certaines puissances administrantes continuent à refuser de participer aux travaux du Comité spécial de la décolonisation et à empêcher ce dernier d'envoyer des missions de visite dans les territoires non autonomes. Ces missions, a insisté le représentant, constituent le meilleur moyen d'évaluer la situation de ces territoires et de connaître les voeux et aspirations des populations. Ces dernières années, a-t-il poursuivi, certaines délégations, dont quelques puissances administrantes, ont proposé une longue liste d'amendements aux projets de résolution et de décision du Comité spécial. De telles pratiques ne peuvent contribuer aux travaux de la Quatrième Commission et, de l'avis de l'Iran, elles ont été initiées pour affaiblir les travaux du Comité spécial. Il est en outre regrettable de voir que le Secrétariat des Nations Unies ne prête plus l'attention requise aux questions de décolonisation, en général, et aux travaux du Comité spécial, en particulier. Le plan à moyen terme pour la période allant de 1998 à 2001 en est une preuve édifiante puisque le Secrétariat est allé jusqu'à supprimer la publication des communiqués de presse sur les réunions du Comité spécial.

M. JOSEPH B. ODHIAMBO (Kenya) a déclaré que la mise en oeuvre de la Déclaration sur l'application de l'indépendance n'est pas achevée tant que les territoires non autonomes ne peuvent exercer leur droit à l'autodétermination. Dix-sept territoires non autonomes demeurent sur la liste des Nations Unies, a-t-indiqué. Par ailleurs, il s'est félicité de la résolution de l'Assemblée générale sur la Décennie pour l'élimination du colonialisme et du fait que le Comité des 24 a poursuivi la mise en oeuvre de séminaires en vue de faire le bilan des progrès réalisés. Il a lancé un appel à toutes les puissances administrantes pour qu'elles coopèrent avec le Comité spécial et a félicité le Gouvernement de la Nouvelle-Zélande pour sa volonté d'assister le peuple des Tokélaous.

Quant au Sahara occidental, le représentant a exprimé son profond dépit car les parties n'ont pas fait de progrès suffisants en vue de la tenue d'un référendum. Il a regretté le manque de volonté politique et a exhorté le Gouvernement du Maroc et le POLISARIO à s'engager dans des négociations directes. Il a par ailleurs constaté que les Nations Unies ont enregistré des progrès considérables dans le domaine de la décolonisation et a exprimé l'espoir que les Nations Unies et l'OUA sortiront rapidement de l'impasse dans laquelle se trouve la question du Sahara occidental pour mettre en oeuvre le plan de règlement.

M. HAMID NAWAZ KHAN (Pakistan) a déclaré que de nos jours la décolonisation est remplacée par d'autres formes de colonialisme. De nouvelles expressions d'autodétermination continuent à être réprimées dans plusieurs parties du monde. Le droit à l'autodétermination est un droit fondamental pour tous les peuples. Le monde qui pourtant a choisi d'octroyer ce droit à la majorité des nations continue de se montrer plus timide lorsqu'il s'agit de reconnaître le même droit à des peuples sous occupation. Citant en exemple le cas du Jammu-Cachemire, le représentant a souligné que le droit à l'autodétermination a été dénié à ce peuple depuis plus de 50 ans.

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La lutte continue contre une armée de 650 000 hommes de l'armée d'occupation. L'assertion de l'Inde selon laquelle le Jammu-Cachemire fait partie intégrante de son territoire est aussi honteuse et fausse que la tenue de prétendues élections libres.

Le cas du Jammu-Cachemire est un simple cas de néo-colonialisme qui doit être condamné et combattu car il s'agit bien d'une violation de la Charte des Nations Unies et du droit international. Après la deuxième guerre mondiale, l'Inde est ainsi devenue le plus grand Etat colonisateur du monde. En vue de mettre en oeuvre sa politique, elle s'est employée à déstabiliser tous les Etats voisins en encourageant et parrainant le terrorisme. La communauté internationale ne saurait permettre à l'Inde de poursuivre son ordre du jour hégémonique. Il convient de combattre toutes nouvelles formes et manifestations du colonialisme et les peuples des territoires non autonomes devraient être autorisés à décider de leur avenir sans intervention ou coercition extérieure. La suppression de ce droit naturel ne viole pas seulement un droit humain fondamental mais menace également la paix et la sécurité internationales.

M. MANUEL COUTO DE MATOS (Cap-Vert) a déclaré que la situation politique internationale actuelle a créé de meilleures conditions pour le règlement des conflits et pour atteindre les grands objectifs de la Charte. Dans le cas du Sahara occidental, la négociation pacifique est une nécessité. Dans ce domaine, les Nations Unies ont déployé tous leurs efforts dont la pièce maîtresse est le référendum. Le cessez-le-feu est également extrêmement précieux et il doit être préservé. Dans le cas contraire, la région du Maghreb pourrait s'embraser, a indiqué le représentant. Il faut qu'une dynamique se produise pour relancer le processus et le dialogue apparaît comme irremplaçable. A cet effet, le représentant a encouragé les deux parties à intensifier ce dialogue et à conclure de véritables négociations assorties de la flexibilité nécessaire.

M. AHMED SNOUSSI (Maroc) a déclaré que son pays n'est responsable ni de l'arrêt de l'identification ni de l'impasse que connaît le processus depuis plus d'un an. Le Maroc n'est pas responsable parce qu'il veut que le référendum réussisse. Il a choisi de le proposer comme solution pacifique et n'a aucun intérêt à ce qu'il ne soit pas transparent. Soucieux d'honorer ses engagements, le Maroc voudrait réaffirmer qu'il tient à l'organisation d'un référendum authentique auquel participeraient tous les Sahraouis qui auraient été identifiés par la Commission d'identification des Nations Unies conformément aux critères établis par le Secrétaire général, dans le cadre de son mandat, acceptés par les parties et endossés par le Conseil de sécurité. Le représentant a souligné que le droit à l'identification de tous les Sahraouis, qui n'est contesté que par l'autre partie, a été consacré par le Plan de règlement, par les critères d'identification et enfin par les diverses résolutions du Conseil de sécurité et le Rapport du Secrétaire général. C'est l'opposition de l'autre partie à ce droit qui a conduit à l'arrêt de l'identification et au blocage du processus comme en témoigne clairement le Rapport pertinent du Secrétaire général du 24 novembre 1995. Devant l'impasse

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du Plan de règlement et le refus de l'autre partie à coopérer avec la MINURSO pour achever l'identification, condition sine qua non du référendum, il est du devoir du Maroc de se mobiliser et de mobiliser la communauté internationale pour mettre un terme à la séquestration et à la souffrance que connaissent les Sahraouis des camps de Tindouf, et que le HCR n'a apparemment visités qu'une seule fois depuis quelques mois alors que durant 20 ans ces soi-disant réfugiés dont la plupart ont été enlevés et kidnappés n'ont jamais été sollicités pour un rapatriement volontaire.

Nous demandons aux Nations Unies de s'enquérir auprès de ces Sahraouis en vue d'assurer le rapatriement volontaire, sous les garanties internationales habituelles de tous ceux qui le souhaitent. On a parlé de contacts. Ces contacts ont lieu et continueront à avoir lieu comme cela est inscrit dans les traditions du Maroc sans perdre de vue bien sûr le Plan de règlement qui commande la mise en oeuvre du référendum. Le Roi Hassan II ou ses représentants reçoivent et recevront ceux que le Maroc considère comme ses frères égarés en vue de les ramener à la raison et à la mère patrie. "Je dis bien nos frères égarés parce que ceux qui parlent de nations soeurs veulent à tout prix oublier qu'il s'agit, de l'autre côté, de Marocains, nés pour la plupart dans le Nord du Maroc, éduqués dans les écoles et universités marocaines", a précisé M. Snoussi. Il convient, a-t-il poursuivi, de laisser les choses se faire comme elles se font naturellement et au lieu de renforcer les animosités, de mobiliser les forces à bien conseiller ceux qui ont besoin de l'être. Ne ressassons plus les slogans éculés et apportons notre part à un véritable avenir qui permettra enfin à toutes ces personnes déplacées et qui ont tellement souffert de retrouver les leurs et de participer avec eux au développement du Maroc en marche.

M. AL ZAYANI (Bahreïn), a salué les Nations Unies pour le rôle qu'elles ont joué depuis leur création et pour les résultats heureux obtenus dans le domaine de la décolonisation. L'histoire écrira en lettres d'or le rôle extrêmement important qu'a joué l'Organisation afin de compléter la décolonisation sur la base du droit des peuples à l'indépendance, a insisté le représentant. Depuis l'adoption de la résolution 1514, les Nations Unies ont oeuvré dans ce domaine en mettant en oeuvre toutes les mesures et notamment la résolution sur la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance et le Plan d'action pour l'application de cette résolution. Depuis 1960, a rappelé le représentant, la plupart des peuples colonisés ont acquis leur indépendance grâce aux efforts conjugués des peuples et des Nations Unies. Il s'agit là d'une oeuvre commune véhiculant l'idée que le colonialisme entrave le développement des peuples sous domination.

M. TIMOTHY MUSINGA BANDORA (République-Unie de Tanzanie) a souligné que l'indépendance ne représente pas la seule option disponible pour les peuples des territoires non autonomes. Il existe en effet d'autres options de partenariat et d'association. Toutefois, le choix de ces options gagnerait en validité s'il s'effectuait après l'accession d'un territoire à l'indépendance. En effet, seul un peuple indépendant est en mesure d'exercer librement le droit au choix. Maintenant que nous sommes arrivés à l'aube du deuxième

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millénaire, force est donné au Comité spécial de la décolonisation les moyens et l'appui politique requis pour qu'il puisse imprimer le mot fin au bas du chapitre de la décolonisation, a indiqué le représentant. Il a, d'autre part, renouvelé son appel aux puissances administrantes pour qu'elles appuient les travaux du Comité spécial afin que la communauté internationale puisse avancer rapidement vers la finalisation du processus de décolonisation.

Se déclarant, par ailleurs, préoccupé par l'impasse dans laquelle se trouve la mise en oeuvre du Plan de règlement au Sahara occidental, le représentant a estimé que les parties concernées devraient être encouragées à reprendre le processus tendant à la tenue d'un référendum. Un retour à la guerre n'est souhaitable ni pour les parties ni pour la communauté internationale. La Tanzanie est préoccupée par le fait que le Conseil de sécurité ait choisi l'option la plus facile qui consiste à abandonner progressivement le Sahara occidental. "Nous avons vu de quelle manière un tel abandon a conduit à la catastrophe dans d'autres pays d'Afrique" a-t-il souligné. L'impasse actuelle a renforcé la nécessité de négociations directes de haut niveau entre les parties. Elles doivent réaliser que c'est le futur de leur population qui est en jeu et qu'elles ont la responsabilité première d'oeuvrer à un règlement. La seule responsabilité qui incombe à la communauté internationale est de les aider.

M. ROGERS BYAMUGISHA (Ouganda) a réitéré son soutien à la lutte justifiée de tous les peuples colonisés pour déterminer leur propre futur librement et démocratiquement. Il a rappelé le soutien de son pays à lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination. Il a par ailleurs salué les efforts déployés par les Nations Unies et la communauté internationale dans la lutte contre le colonialisme.

En ce qui concerne la situation au Sahara occidental, le représentant a exprimé sa profonde préoccupation devant l'impasse dans laquelle se trouve la mise en oeuvre du règlement et la suspension du processus d'identification. Il a appelé les parties concernées à engager des pourparlers de haut niveau et la communauté internationale et les Nations Unies à soutenir le peuple sahraoui. Rappelant que son pays à souffert de terribles conflits mais que ce cycle de violence à été brisé par une politique de dialogue et de réconciliation nationale, il a appelé ses frères et soeurs du Sahara occidental et du Royaume du Maroc à faire de même afin qu'une solution juste, pacifique et durable soit trouvée.

M. LAMUEL STANISLAUS (Grenade) a invité les parties concernées au Sahara occidental à reprendre des discussions directes qui pourront mener au rétablissement de la confiance et permettre la tenue d'un référendum libre, juste et impartial conformément au Plan de règlement. Les principes de la Charte des Nations Unies qui stipulent que tous les peuples ont un droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance doivent s'appliquer à la présente situation.

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M. JEPISI CHEKENYERE (Zimbabwe) a indiqué que son pays attache une grande importance au rôle joué par les Nations Unies dans le domaine de la décolonisation et a lancé un appel aux puissances administrantes pour qu'elles coopèrent avec les travaux du Comité spécial. Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation quant au fait que le Sahara occidental reste un des points en suspens de l'agenda du Comité spécial. Le processus d'identification des votants ne doit pas être pris en otage, a-t-il insisté, en précisant que le plan de règlement est la meilleure solution et qu'il n'est pas trop tard pour le mettre en oeuvre. Il a lancé un appel aux deux parties pour qu'elles établissent un dialogue direct. Le peuple du Sahara occidental ne peut pas attendre plus longtemps, a-t-il souligné.

M CAMACHO-OMISTE (Bolivie), au nom du Groupe de Rio, a indiqué que dans sa Déclaration adoptée à l'occasion du cinquantième Anniversaire des Nations Unies, le Groupe de Rio a reconnu le droit inaliénable des peuples à l'autodétermination. Il s'est engagé à garantir et à protéger les droits des personnes appartenant à des minorités. Il est juste de reconnaître, a poursuivi le représentant, le rôle important des Nations Unies en matière de décolonisation. En ce sens, il convient de rendre hommage au Comité spécial de la décolonisation pour son travail remarquable. Toutefois, pour qu'il s'acquitte de son mandat, le Comité doit pouvoir compter sur la participation active des puissances administrantes. La situation de Tokélaous montre combien la coopération d'une puissance administrante permet de faire avancer les choses.

Par ailleurs, le Groupe de Rio encourage l'adoption de toutes les mesures visant à doter les territoires non autonomes des moyens d'assurer un développement économique et social durable. En outre, le moment est venu d'exempter les régions non autonomes de tout déploiement d'armes nucléaires et de toutes armes de destruction massive. En ce qui concerne la situation au Sahara occidental, le Groupe de Rio apporte son appui à la mise en oeuvre du Plan de règlement et lance un appel à toutes les parties pour qu'elles tiennent des pourparlers directs et encouragent la tenue d'un référendum juste et impartial. Par ailleurs, le Groupe émet l'espoir que l'évolution positive entre le Royaume-Uni et l'Argentine permettra de trouver une solution pacifique et durable sur la souveraineté des îles Malouines, de la Georgie du sud et des îles Sandwichs.

M. JOSE EDUARDO MARTINS FELICIO (Brésil), a indiqué le soutien de son pays à la déclaration faite par la délégation Bolivienne tout en ajoutant qu'à trois années de la fin de la Décennie pour l'éradication du colonialisme, la communauté internationale peut se sentir encouragée. L'augmentation du nombre d'Etats membres est la preuve des résultats positifs enregistrés par les Nations Unies. Néanmoins, il a rappelé qu'il reste encore 17 Etats sur la liste des territoires non-autonomes. Le concept de la décolonisation est large et son application est complexe. Il faut donc mettre au point des solutions ad hoc tandis qu'une démarche globale devrait comprendre la consolidation des fondements politiques et économiques. En ce qui concerne le Sahara occidental, le représentant a appelé les parties à travailler avec le

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Comité et a indiqué que le cessez-le-feu durable était un succès en soi. Le Brésil a par ailleurs remercié le Secrétaire général pour ses efforts déployés pour trouver une solution acceptable au problème du Timor oriental. Il a réitéré le soutien de son pays aux droits de l'Argentine dans son différend sur les îles Malvinas.

M. ISAAC MAMUDO MASSAMBY (Mozambique), commentant la situation au Sahara occidental, a estimé que le retrait, en mai dernier, de la Commission d'identification des Nations Unies à la suite de l'absence d'engagement et de coopération entre les parties concernées, souligne la nécessité absolue de la tolérance et d'une souplesse mutuelle pour parvenir à un règlement définitif de la question. Le Mozambique est d'avis que le dialogue entre les parties concernées est la meilleure alternative pour résoudre les différends. C'est à travers le dialogue que les Nations Unies et les peuples du monde peuvent effectivement promouvoir la paix et la sécurité internationales. A ce stade et en vue de trouver un règlement politique à la question du Sahara occidental, le Mozambique encourage les deux parties à coopérer de manière mature et responsable.

Droit de réponse

Le Représentant du Royaume-Uni, en réponse aux déclarations du Brésil et de la Bolivie au sujet des îles Falkland, de Géorgie du Sud et Sandwich, a indiqué que la position de son Gouvernement à ce sujet était bien connue. Celle-ci a été exprimée récemment lors de l'Assemblée générale du 24 septembre.

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