ECOSOC/304

LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL DISCUTE DE LA COORDINATION DES ACTIVITES DE DEVELOPPEMENT AVEC LES EQUIPES DES NATIONS UNIES EN EGYPTE

9 juillet 1996


Communiqué de Presse
ECOSOC/304


LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL DISCUTE DE LA COORDINATION DES ACTIVITES DE DEVELOPPEMENT AVEC LES EQUIPES DES NATIONS UNIES EN EGYPTE

19960709 MATIN ECOSOC/304

Le Conseil économique et social a commencé ce matin un dialogue informel avec les équipes de pays en Egypte. L'objectif de cette série de discussions, consacrées depuis hier aux activités opérationnelles de développement, est d'assurer une coordination et de définir les orientations voulues pour que les recommandations de politique générale formulées par l'Assemblée générale soient appliquées comme il convient, à l'échelle du système.

Intervenant ce matin, le Coordonnateur résident des Nations Unies en Egypte et Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans ce pays, M. Costante Muzio a indiqué que le choix de l'Egypte est la preuve de la reconnaissance des efforts de développement accomplis dans ce pays. Le système de l'ONU présent dans ce pays a établi un dialogue avec les autorités gouvernementales pour relancer la présence des Nations Unies en Egypte. Ainsi, vingt institutions, programmes et fonds y sont présents. L'aide au développement, très importante en Egypte est gérée par un groupe des donateurs composé de donateurs bilatéraux et multilatéraux.

La première approche thématique mise en oeuvre par l'ONU a trait au développement humain durable et notamment à la lutte contre la pauvreté. Le Gouvernement a créé un fonds social pour le développement avec l'appui des donateurs et du système des Nations Unies. L'approche par programme touche à la gestion rurale et urbaine intégrée. Un autre domaine d'action est la gestion des situations d'urgence.

L'Egypte a décidé que la note de stratégie serait préparée. L'état de son élaboration est assez avancé et elle constituera la base de travail à l'avenir. Pour le moment, il y a une note stratégique locale, traitant d'une région, en l'occurrence le Sinaï. Dans le cadre de l'initiative 20/20, le Gouvernement revoit ses priorités en vue d'une allocation plus judicieuse des ressources. Le Ministère des affaires étrangères, appuyé par le PNUD, a mis en place en 1993, un mécanisme en faveur de l'exécution nationale des programmes. Il s'agit du groupe opérationnel de l'aide au développement.

-- ECOSOC/304 9 juillet 1996

En 1994, et pour la première fois, l'Egypte a publié son rapport sur le développement humain, qui recueille des données à l'échelle des 26 gouvernances. Les efforts visent en outre à la promotion d'une image unifiée des Nations Unies, notamment une page unique sur le réseau Internet, une bibliothèque unifiée et une stratégie médiatique en Egypte.

Dans une série de questions qui a suivi l'exposé de M. Costante Muzio, le représentant de la Tanzanie a noté que d'après le rapport du Secrétaire général sur le suivi de la résolution 50/120, plusieurs coordonnateurs résidents ont confirmé que l'harmonisation et la simplification des procédures représente un obstacle à une action efficace. En Egypte, comment l'absence d'harmonisation affecte-t-elle les institutions nationales gérant différents programmes financés par des donateurs différents? La Tanzanie est confrontée au même problème et souhaite apprendre de l'expérience égyptienne.

Le représentant de la Chine s'est interrogé sur le rôle assumé par l'Egypte, dans le cadre du système de coordination. Quels sont les canaux utilisés par les institutions pour discuter avec le Gouvernement égyptien? Pour sa part, la représentante des Philippines a demandé au Coordonnateur résident quels étaient les problèmes qui peuvent surgir, au niveau de l'application des décisions que le Conseil économique et social ou les Etats Membres de l'ONU prennent au Siège, à New York. La représentante du Canada s'est également intéressée aux obstacles éventuels qui se posent en termes de coordination sur le terrain. Y a-t-il des rencontres ou des discussions bilatérales entre partenaires de développement pour renforcer la coordination? Comment le Coordinateur jugerait-il la qualité de la coordination?

La représentante des Pays-Bas a souhaité avoir des exemples concrets de coordination entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods? A propos de la coordination par pays, le Coordonnateur estime-t-il que la même "philosophie" régit l'approche des diverses institutions?

A propos de la simplification des règles et procédures, le représentant du Pakistan a noté que, dans son rapport, le Secrétaire général mentionne qu'il est possible d'utiliser les procédures nationales budgétaires, en respectant les règles de transparence. Est-ce vraiment possible? Cela a-t-il été le cas en Egypte, quel est l'avis du Coordonnateur résident? Par ailleurs, comment le Coordonnateur jugerait-il la vitesse de réaction ou la qualité de la capacité de réponse du Siège? Quels sont les domaines possibles d'amélioration? Quels sont les différences observées dans les activités en Egypte? Comment, enfin, le terrain est-il informé de l'évolution du processus de réforme de l'ONU, en matière d'exécution nationale des activités opérationnelles?

Le représentant de l'Egypte, soulignant que la question de l'assistance technique fait l'objet de plusieurs critiques et ce, même au sein du système des Nations Unies, a souhaité connaître le rôle du PNUD dans la coordination de cette assistance en Egypte. Qu'en est-il également de la coordination avec les institutions de Bretton Woods? Prenant la parole à son tour, le représentant des Etats-Unis a demandé des précisions sur le rôle du PNUD dans l'élaboration des politiques au niveau macro-économique. Le PNUD peut-il vraiment jouer un rôle important dans la mise en place de stratégies efficaces sans avoir la possibilité d'apporter les fonds nécessaires? Son rôle ne devrait-il pas se limiter à l'apport d'une "force intellectuelle"? Pour sa part, le représentant de la Fédération de Russie a voulu savoir dans quelle mesure les gouvernements participent aux activités du mécanisme interinstitutions d'évaluation des projets.

Répondant à cette première série de questions, le Coordonnateur résident

des Nations Unies et Représentant résident du PNUD en Egypte, a mis l'accent sur le fait que la question des règlements et procédures est une question qui, si elle n'est pas réglée, pourrait avoir des incidences fâcheuses dans les domaines administratifs ou opérationnels. Il serait bénéfique d'accélérer leur harmonisation et de les élargir à d'autres organisations. En ce qui concerne le rôle des gouvernements dans le mécanisme d'évaluation interinstitutions, le Coordonnateur résident a affirmé qu'en Egypte, le Gouvernement est au coeur de tout exercice. Il n'est pas une action qui ne soit entreprise sans son accord préalable. S'agissant de la question des ressources que l'ONU est susceptible de mettre à la disposition des gouvernements, le Coordonnateur résident a précisé que l'ONU ne doit pas être percue comme un "grand argentier" mais plutôt comme une organisation de services. Illustrant son propos, il a argué que le rôle de l'Organisation s'est révélé important dans des domaines tels que le renforcement des capacités nationales, la réforme de la fonction publique, la restructuration du marché des capitaux ou encore l'instauration de structures administratives permettant de faire face aux programmes d'ajustement structurel.

Le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM), parlant de la coopération avec les institutions de Bretton Woods, a déclaré que dans le désert du nord-ouest, le PAM aide les familles bédouines pauvres à assurer leur sécurité alimentaire. Pour sa part, la Banque mondiale apportait une contribution financière mais qui demeurait insuffisante. Le PAM et la Banque ont donc signé un accord de co-financement pour apporter les rations alimentaires suffisantes mais également pour acheter les outils de travail agricole et recruter des travailleurs qualifiés. Il s'agit de réduire le cycle de la pauvreté en luttant également contre l'érosion de l'environnement.

Le représentant de l'UNICEF a déclaré qu'au cours des dernières années, l'UNICEF prône, avec ses partenaires, la ratification de la Convention sur les droits de l'enfant. Toutefois, la simple ratification ne suffit pas.

Il s'agit de regrouper les droits similaires pour renforcer les droits de l'enfant. Ce type d'analyse a été utilisé pour rappeler aux gouvernements certains droits négligés. Le partenariat en faveur de la Convention peut bénéficier de l'action des ONG et de la société civile. Il faut passer pour ce faire, d'une approche de services à "une approche de droits".

Au sujet des aspects opérationnels, le représentant du Fonds des Nations pour la population (FNUAP) en Egypte, a indiqué que le FNUAP possède des bureaux décentralisés. Mais, malheureusement, cette décentralisation n'est pas appuyée par des capacités et des ressources suffisantes, au niveau local. Quant à la coordination en matière de politiques, celle-ci se fait avec le Ministère des affaires étrangères. D'autres Ministères, tels ceux de la Santé ou de la Population sont associés. La coordination avec les autres institutions multilatérales, y compris celles de Bretton Woods, permet d'appuyer les capacités de gestion nationales dans le domaine démographique. USAID est le donateur le plus important, en ce qui concerne les activités du FNUAP. En Egypte, le FNUAP travaille en étroite collaboration avec l'Union européenne et le Canada. Tous les projets disposent de mécanismes d'évaluation propres. Le FNUAP travaille ainsi avec l'UNICEF ou d'autres institutions, en milieu rural.

Le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu'en Egypte, l'OMS travaille avec divers Ministères qui ne dépendent pas directement des affaires étrangères. La coordination et la programmation doivent être prévues à l'avance. Elles ne doivent pas demeurer une idée abstraite. Récemment, un projet de la Banque mondiale a été lancé pour aider le Gouvernement à mener une réforme en matière de santé; mais les

institutions de Bretton Woods devraient d'elles-mêmes consulter les entités de l'ONU. Dans ce cas-là, ce sont les institutions spécialisées de l'ONU qui sont allées vers les institutions de Bretton Woods; c'est l'inverse qui devrait se produire. En tant que médecin, le représentant de l'OMS a déclaré que les différents "médecins" devraient d'abord se consulter sur les remèdes à administrer au "malade". Trop souvent, l'on attend la dernière minute, le moment où il est difficile d'agir avec succès.

Le représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), revenant sur la question relative au rôle des institutions des Nations Unies par rapport à celui des institutions de Bretton Woods, a souligné que l'importance des Nations Unies se justifie par l'apport d'une compétence technique souvent bien reçue par les gouvernements et les institutions de prêts comme la Banque mondiale. Dans ce contexte, le rôle des gouvernements dans la coordination des activités est important et se concrétise généralement au niveau des Ministères des affaires étrangères ou de la coopération. Se félicitant de cette nouvelle tendance, le représentant de l'UNESCO a expliqué qu'auparavant la difficulté résidait dans le fait que les institutions avaient en face d'elles différents interlocuteurs dispersés dans plusieurs ministères.

Le représentant de la France a soulevé la question de la difficulté de la mise en oeuvre des résolutions sur le terrain et notamment de la résolution 50/120. Dans ce cas, le Siège prend-il la peine d'y adjoindre des directives claires quant à leur application? Quel type d'actions peuvent être programmées? L'élément coordination devrait-il être pris en compte dans l'évaluation des coordonnateurs résidents? L'UNICEF estime-t-il que les processus de réforme en cours en son sein vont dans le sens d'une meilleure coordination. Les déclarations de mission ont-elles été circulées?

Répondant à ces interrogations, le coordonnateur résident du PNUD a indiqué que différentes instructions sont en effet reçues au siège. Parfois, les résolutions arrivent sans commentaires, d'autres fois, elles sont peaufinées par les Conseils d'administration. Tous les fonds disponibles sur le terrain sont utilisées. Les exercices de programmation sont également tributaires du dialogue avec les gouvernements. Le travail du Coordonnateur résident est évalué par le PNUD.

Le représentant du PAM a décrit les efforts que fait le PAM, en vue de la coordination de toute l'action du système. Pour cela, il faut avoir conscience des problèmes. Récemment, le Directeur général du PAM a adressé une lettre à tous les bureaux du PAM sur le terrain, demandant une évaluation très franche des problèmes et obstacles. La compilation des communications reçues des bureaux a été communiquée au Représentant résident du PNUD. Le PAM est engagé à faire réussir l'action du système.

Le représentant du FNUAP, pour sa part, a noté que son organisation mène une action en matière de formation. Il a partagé les suggestions de l'UNESCO.

Le représentant de l'UNICEF a souhaité que l'institution ait l'autorité de prendre les décisions localement. Il est nécessaire, a-t-il insisté, de céder la place à la créativité et de reconnaître l'existence des possibilités d'amélioration. En ce qui concerne la réforme de l'UNICEF, le représentant s'est félicité de l'adoption d'une approche participative qui a déjà montré toute sa pertinence.

Le représentant du Bangladesh a demandé dans quelle mesure l'harmonisation est possible sur le terrain. Ce qui n'est pas clair, c'est l'harmonisation des activités programmatiques. Comment les

gouvernements participent-ils dès le début? Quelles sont les options pour renforcer l'harmonisation? La coordination ne se limite pas à la seule discussion. La note de stratégie ne saurait résoudre tous les problèmes du pays. Le Coordonnateur résident a-t-il suffisamment d'autorité et peut-il s'appuyer sur des arrangements institutionnels?

En réponse, le Coordonnateur résident de l'ONU a noté que l'harmonisation équivaut à atteindre de meilleurs résultats. Une partie de la responsabilité incombe au Gouvernement. Concernant la note de stratégie par pays, il s'agit de disposer d'un message sur les choix de développement. Il faut que le Gouvernement définisse ses priorités. Le système du Coordonnateur résident ne fonctionne que lorsqu'il y a un appui du gouvernement.

La représentante des Philippines, soulevant la question des ressources, a souligné que trop souvent les contribuables nationaux s'opposent à l'appui que peut apporter leur pays aux activités des Nations Unies. Comment traiter de ce problème et quelle suggestion peut présenter le PNUD en vue d'intensifier la mobilisation des ressources? Comment rendre populaire l'action du PNUD pour accroître les contributions nationales?

Le Représentant du PNUD a expliqué que le problème des ressources varie d'un pays à l'autre. En Egypte par exemple, cette question n'a jamais représenté un problème majeur. Par ailleurs, le représentant a souligné que le PNUD et d'autres institutions des Nations Unies ont connu un certain succès dans la mobilisation des ressources au niveau local en faisant appel à différentes sources de financement. De manière générale, a-t-il affirmé, un gouvernement persuadé de la pertinence du travail accompli dans son pays est toujours disposé à apporter sa contribution.

La représentante de la Côte d'Ivoire a indiqué que les ressources allouées aux programmes par pays ont une double source, celles du budget ordinaire et celles provenant de ressources volontaires. Faut-il se limiter aux seules ressources du budget ordinaire quand les ressources complémentaires sont insuffisantes pour la réalisation de projets?

Le coordonnateur résident du PNUD a déclaré que la démarche doit inclure les ressources mobilisables et non pas seulement celles disponibles.

Le représentant de l'UNICEF a déclaré qu'en général, la situation des ressources complémentaires a tendance à s'améliorer. La prise de décision revient au pays bénéficiaire et aux donateurs aussi. En Egypte, la situation des ressources est bonne car le pays est populaire parmi les donateurs.

La représentante des Philippines a évoqué la situation des pays en développement qui, à la différence de l'Egypte, ne peuvent apporter une contribution en matière de financement. Les Philippines ont demandé comment il est possible d'expliquer le sens et la portée de l'action de l'ONU aux contribuables du pays donateur.

Le coordonnateur résident du PNUD a déclaré que si les programmes sont suffisamment bons, ils peuvent être "vendus" à la communauté des donateurs et appuyés. Il est difficile d'expliquer les sentiments des contribuables. Mais, l'ONU peut jouer le rôle de médiateur entre la communauté des donateurs et le pays.

Le représentant du Bangladesh s'est dit préoccupé par la diminution des ressources de base et l'incertitude qui persiste quant à la collecte de ressources additionnelles. Il revient donc au système des Nations Unies d'aider les gouvernements à mobiliser les ressources. Dans quelle mesure

l'harmonisation et la coordination des programmes des différentes institutions du système des Nations Unies permettent-elles de mobiliser les ressources nécessaires? Une institution particulière pourrait-elle être utilisée à cette seule fin?

Le représentant du PNUD a estimé que la mobilisation des ressources au niveau local peut s'améliorer si l'on s'y attelle à l'échelle du système et non plus sur une base individuelle. Des idées sont actuellement à l'étude sur la manière de négocier les ressources additionnelles. Il est nécessaire, par ailleurs, de diversifier les sources de financement. Les Nations Unies doivent, à cet égard, mettre en place une stratégie commune.

Le représentant de la France a demandé si les représentants des institutions sont optimistes quant à la réalisation de l'objectif de locaux communs.

Le représentant de l'UNICEF a indiqué que des locaux communs pourraient même installer un centre d'information commun rentable. Davantage d'autorité accordée aux chefs d'équipes pourrait améliorer l'efficacité du travail sur le terrain.

La représentante de la Côte d'Ivoire a noté que l'ONU doit encourager l'utilisation du personnel local et national. Jusqu'à 50% des ressources de financement des projets sont consacrées aux experts expatriés. Quelle est la situation en Egypte?

Le PNUD a noté qu'il est rarement fait recours aux expatriés, dans le cas des projets menés en Egypte. L'Egypte possède des experts dans bien des domaines. Des barèmes locaux existent pour les cadres locaux.

Le Conseil économique et social discutera, cet après-midi, à partir de 15 h 00, de la coordination des activités de développement au Malawi, avec la participation des équipes de l'ONU dans ce pays.

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