La Commission de la population et du développement examine la question de l’équité en santé
Au troisième jour de sa session annuelle, la Commission de la population et du développement a tenu, cet après-midi, une table ronde sur le thème « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », précédée d’un exposé thématique sur la promotion de l’équité en santé et le financement des soins et des services de santé. Cette séance a permis aux acteurs étatiques, d’organisations internationales et d’ONG de poser le diagnostic de moyens de santé insuffisants dans le monde, avant de proposer la posologie de la couverture sanitaire universelle.
Diagnostic des besoins de santé à travers le monde
En 2021, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a établi que 4,5 milliards de personnes n’avaient pas accès aux soins de santé primaire, a déclaré M. Deus Mubangizi. Le Directeur du Département politiques et normes pour les produits de santé à l’OMS a expliqué qu’établir une couverture santé universelle apparaît comme la panacée. Cela veut dire, a-t-il précisé, que dans chaque pays, tout citoyen a accès à tous les services de santé en temps voulu. Et la voie pour y parvenir est de commencer par les services de base, les soins de santé primaire. Malheureusement, a-t-il prédit, il est peu probable que la couverture sanitaire soit universelle d’ici à l’année 2030, évoquant des obstacles liés aux défis démographiques et aux changements climatiques.
Il a ensuite annoncé que l’OMS publiera bientôt une feuille de route pour tracer le chemin devant mener à la couverture sanitaire universelle, et qui s’articulera autour de deux grands objectifs: assurer la qualité des technologies et produits de santé et rendre plus abordables et accessibles tous les soins de santé.
Il faudrait commencer par renforcer la part du budget national dédiée à la santé, une tendance que l’on ne voit pas encore dans tous les pays, s’est désolé le Directeur du Bureau de l’OMS à New York. M. Werner Obermeyer a en effet fait observer que 3,5 milliards de personnes vivent dans des pays dans lesquels la portion du budget national consacrée à la santé est inférieure au service de la dette. Il a suggéré des taxes spécifiques sur les produits liés au tabac, afin de faire baisser la consommation tout en dégageant de nouvelles recettes fiscales. Certains pays ont déjà engagé de telles mesures en taxant les sodas en fonction de leur teneur en sucre, une mesure qui permet aussi de lutter contre l’obésité et le diabète.
Après ces constats introductifs, la République islamique d’Iran et Cuba ont tour à tour fait valoir leur volonté de poursuivre un investissement majeur dans le domaine de la santé, malgré les sanctions dont ces États sont victimes de la part des États-Unis. La Türkiye a déploré le fait que le droit à la santé et même à la vie ne soit pas assuré pour les Palestiniens du fait des actions de la Puissance occupante.
Les défis de la couverture sanitaire universelle
Au vu des nombreux défis du secteur de la santé, la modératrice de la table ronde, Mme Pascale Allotey, Directrice, Santé sexuelle et reproductive, et recherche à l’Organisation mondiale de la Santé, a demandé aux intervenants de proposer des voies et moyens d’améliorer la situation et parvenir à la couverture sanitaire universelle. Pour Mme Hanna Mulugeta, il faut commencer par donner plus d’espace et de responsabilités aux jeunes. Cette activiste éthiopienne des droits de la santé sexuelle et reproductive a expliqué que les jeunes veulent se sentir valorisés et ne pas être uniquement considérés comme des bénéficiaires des soins de santé.
« Les partenariats public-privé peuvent aussi aider », a suggéré la Directrice adjointe de l’équité des soins de santé à la Clinton Global Initiative qui évoquant la contraction « considérable » du financement provenant du Gouvernement américain, a souligné qu’il faudra des solutions créatives et des partenariats innovants pour combler efficacement les déficits de financement et continuer à faire progresser l’équité en santé et en soins de santé universels.
Mme Ashley Ambrose a appelé à mettre en commun les ressources disponibles, y compris en tirant parti des fondations et entités privés comme la Gates Foundation. Il est aussi crucial, a-t-elle dit, d’innover dans le financement des services de santé en actionnant, par exemple, l’option de financements participatifs.
Pour le Mexique, il est question aujourd’hui d’un changement total du système de gouvernance sanitaire, a relevé le docteur Hugo López-Gatell. Pour le médecin-chercheur à l’Institut national de santé publique du Mexique, le pays a délaissé ses politiques néolibérales et a inscrit le droit à la santé dans sa Constitution. Les partenariats multipartites permettent ainsi d’impliquer davantage le secteur privé et de rompre avec la privatisation des soins de santé qui a empêché à de nombreux mexicains l'accès aux soins des cliniques
Malheureusement, de nombreux pays d’Afrique n’ont pas de programme ou de plan pour gérer les questions de santé en rapport avec la population du troisième âge, a déploré la Cheffe de l’unité du vieillissement et du développement de l’Africa Population and Health Research Centre (APHRC). Mme Gloria Langat a indiqué que même si l’Afrique ne connaît pas encore une crise du vieillissement comme c’est le cas dans de nombreux pays développés, le continent devrait anticiper en adaptant son système de santé. Les spécialités en gériatrie sont presque inexistantes dans les cursus de médecine sur le continent, s’est-elle émue, précisant que dans un pays comme le Kenya, on ne compte que cinq médecins spécialisés en gériatrie.
Au cours du dialogue interactif, un membre d’une ONG a regretté le fait qu’il n’y ait pas assez de données liées aux impacts et conséquences de l’avortement sur la santé des femmes, alors qu’une autre représentante de la société civile a appelé à plus d’implication de la jeunesse sur les questions de santé publique.
La Commission de la population et du développement poursuivra ses travaux demain jeudi à 10 heures avec un débat d’experts nationaux en matière de population.
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