Rapport du PNUE sur les besoins en matière d’adaptation à la crise climatique: c’est maintenant qu’il faut agir, avertit le Secrétaire général
On trouvera ci-après le message vidéo du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, diffusé à l’occasion de la publication du rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’adaptation, à Nairobi aujourd’hui:
Le rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’adaptation est clair et net: les catastrophes climatiques sont la nouvelle réalité. Et nous sommes à la traîne.
La Terre est en feu! Et l’humanité entière est en danger. Cette année, nous avons connu la journée la plus chaude de l’Histoire, et la température de la mer n’a jamais été aussi élevée. Sur les seize derniers mois, quinze ont battu des records de température.
Aujourd’hui, l’Organisation météorologique mondiale et ses partenaires nous annoncent que 2024 est en passe de devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée, et ce, près de deux mois avant la fin de l’année.
L’humanité incendie la planète et paie le prix fort.
Il suffit de se remémorer les six derniers mois. Mai: des inondations submergent l’Afrique de l’Est et le Brésil. Une vague de chaleur s’abat sur l’Asie. Juin: des chaleurs meurtrières envahissent le Mexique, le Moyen-Orient et les États-Unis. Juillet: un ouragan de catégorie 5 se déchaîne dans les Caraïbes, du jamais vu si tôt dans la saison. Août: des villes grecques sont la proie des flammes. Septembre: le typhon Yagi frappe l’Asie du Sud-Est. Des incendies de forêt records sont signalés en Amérique du Sud. Les États-Unis connaissent le pire ouragan depuis Katrina. Et octobre: les inondations aggravent la crise au Sahel. Et font des ravages en Espagne, où il serait tombé en huit heures l’équivalent d’une année de pluie.
Chacun de ces gros titres cache une tragédie humaine, des destructions économiques et écologiques et des échecs politiques. Les catastrophes climatiques mettent à mal la santé, creusent les inégalités, nuisent au développement durable et ébranlent les fondements de la paix. Les personnes vulnérables sont les plus durement touchées.
Et ce sont les contribuables qui paient la facture. Tandis que les responsables de toutes ces destructions – en particulier le secteur des combustibles fossiles – engrangent des profits et des subventions considérables. Dans le même temps, l’écart entre les fonds nécessaires à l’adaptation et les fonds disponibles pour les pays en développement devrait atteindre 359 milliards de dollars par an d’ici à 2030.
Une action urgente s’impose sur quatre fronts.
Premièrement, les nouveaux plans d’action nationaux pour le climat (contributions déterminées au niveau national) doivent énoncer clairement les besoins en matière de planification, de financement et de mise en œuvre de l’adaptation, en s’appuyant sur des données de qualité. Deuxièmement, il faut que chaque personne sur Terre soit protégée par un dispositif d’alerte rapide d’ici à 2027, comme prévu dans l’initiative de l’Organisation des Nations Unies dite « Alertes précoces pour tous ».
Troisièmement, il faut augmenter massivement le financement de l’adaptation provenant de sources publiques et privées. Chaque pays doit avoir les moyens de se protéger contre les événements climatiques extrêmes. Et chaque pays doit tirer parti des avantages de l’adaptation pour faire des progrès dans la réalisation de tous les objectifs de développement durable. Il faut que les pays développés doublent le financement de l’adaptation pour qu’il atteigne au moins 40 milliards de dollars par an d’ici à 2025; c’est une étape importante pour combler le déficit de financement. Nous devons nous entendre sur un nouvel objectif de financement de l’action climatique à la COP29.
Et le Pacte pour l’avenir doit nous servir de tremplin pour agir sur la dette et augmenter considérablement la capacité de prêt des banques multilatérales de développement et la possibilité pour elles de mobiliser bien plus de financements privés. Dans le rapport publié aujourd’hui, on estime que les pays en développement autres que la Chine consacrent plus d’argent au paiement des intérêts de la dette qu’ils n’en ont besoin pour financer l’adaptation.
Quatrièmement, il faut s’attaquer au cœur du problème: les gaz à effet de serre. Le G20 doit prendre la tête des efforts mondiaux visant à réduire les émissions de 9% par an d’ici à 2030, à éliminer rapidement et équitablement les combustibles fossiles et à accélérer la révolution des énergies renouvelables, afin que la température mondiale n’augmente pas de plus de 1,5 degré Celsius.
La crise climatique est bel et bien là. Nous ne pouvons pas remettre la protection au lendemain. C’est maintenant qu’il faut agir pour l’adaptation.