Le leadership pour la paix suppose le respect des engagements pris, y compris dans le Pacte pour l’avenir, et la fin des divisions au Conseil de sécurité, estime le Secrétaire général
On trouvera ci-après le discours du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion du débat de haut niveau du Conseil de sécurité sur le thème « Leadership pour la paix: unis dans le respect de la Charte des Nations Unies et la recherche d’un avenir sûr », le 25 septembre
Je remercie le Gouvernement slovène d’avoir organisé ce débat de haut niveau sur le leadership pour la paix.
Le sujet traité repose sur une vérité fondamentale: la paix n’est jamais automatique. Il n’y a pas de paix sans action. Et il n’y a pas de paix sans leadership.
Pourtant, les divisions géopolitiques et la méfiance ne font qu’empirer. L’impunité gagne du terrain, et l’on assiste à des violations répétées du droit international et de la Charte des Nations Unies. Les conflits se multiplient; ils deviennent plus complexes et plus meurtriers. Toutes les régions sont touchées.
Et ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut. De Gaza à l’Ukraine en passant par le Soudan – mais pas seulement – les guerres s’éternisent, la souffrance s’amplifie, la faim s’aggrave, des vies sont bouleversées et la légitimité et l’efficacité de l’ONU et de ce Conseil sont remises en cause.
Le leadership pour la paix exige d’agir dans au moins deux grands domaines.
Premièrement, le leadership pour la paix suppose que tous les États Membres respectent les engagements qu’ils ont pris dans le cadre de la Charte des Nations Unies, du droit international et des accords récents, tels que le Pacte pour l’avenir.
Ainsi, le Pacte invite notamment à renforcer les outils et les cadres de prévention des conflits, de pérennisation de la paix et d’action au service du développement durable, avec la participation pleine, égale et véritable des femmes.
Il demande que nous renouvelions les outils à notre disposition pour les opérations de paix, afin de trouver des réponses plus souples et mieux adaptées aux défis existants, émergents et à venir. Il réaffirme l’importance attachée à tous les droits humains: civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.
Il prévoit des initiatives dans les domaines du désarmement, de la consolidation de la paix et de la gestion des menaces que représentent les armes létales autonomes et l’intelligence artificielle, ainsi que dans de nouveaux domaines, notamment l’espace extra-atmosphérique et le cyberespace.
Il préconise de prendre des mesures afin de pouvoir agir rapidement face aux chocs mondiaux complexes. Et il cherche à donner un nouvel élan à la réforme des principales institutions de la gouvernance mondiale, y compris l’architecture financière mondiale et même le Conseil de sécurité.
Le Pacte constitue un engagement concret en faveur de ces réformes. Mais nous aurons besoin d’une volonté politique ferme pour les mettre en œuvre et rétablir la légitimité et l’efficacité de ce Conseil. Ce qui m’amène à mon deuxième point sur le leadership pour la paix.
Le leadership pour la paix suppose de donner au Conseil de sécurité les moyens d’agir véritablement pour apaiser les tensions mondiales et contribuer à régler les conflits qui causent tant de souffrances dans le monde.
Les divisions géopolitiques demeurent un obstacle à des solutions efficaces. Un Conseil uni peut jouer un rôle déterminant en faveur de la paix. Un Conseil divisé ne le peut pas. Il est impératif que les membres du Conseil se concertent sans ménager leurs efforts pour trouver un terrain d’entente. Le Conseil a prouvé qu’il était capable de parler d’une seule voix dans certains domaines importants.
Il supervise actuellement 11 opérations de maintien de la paix sur trois continents, où sont déployés près de 70 000 Casques bleus...
Il adopte des résolutions qui contribuent à l’acheminement ininterrompu d’une aide humanitaire vitale vers les points chauds de la planète...
Il a adopté une résolution historique, la résolution 2719 (2023), qui permet aux opérations d’appui à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par le Conseil d’avoir accès aux contributions des États Membres de l’ONU...
Il a adopté des résolutions pionnières par lesquelles il a pris acte des incidences manifestes des problématiques de paix et de sécurité sur la vie des femmes et des jeunes...
Et il ne cesse de nouer des relations avec les organisations régionales et sous-régionales pour favoriser le consensus et la paix. Tous ces exemples –et bien d’autres– prouvent qu’on peut instaurer la paix.
À la vue des conflits les plus complexes et les plus insolubles dont ce Conseil est saisi, on peut penser que la paix est un rêve irréalisable.
Mais je crois fermement que la paix est possible si nous nous en tenons aux principes.
La paix en Ukraine est possible. En suivant la Charte des Nations Unies et en respectant le droit international.
La paix dans la bande de Gaza est possible. En travaillant d’arrache-pied pour obtenir un cessez-le-feu immédiat, la libération immédiate de tous les otages et la mise en chantier d’un processus irréversible pour qu’une solution des deux États voie le jour.
La paix au Soudan est possible. En envoyant un message clair aux parties belligérantes, à savoir que tous les membres de ce Conseil –y compris les cinq membres permanents– ne toléreront pas la terrible violence et la crise humanitaire effroyable que subissent des civils innocents.
Les situations à l’ordre du jour de ce Conseil sont complexes et ne peuvent être résolues en un jour. Mais l’ampleur du défi ne doit pas nous décourager. Notre seul espoir d’avancer sur la voie de la paix réside dans une collaboration active et l’unité entre les membres du Conseil.
Aujourd’hui, j’appelle tous les États membres à se montrer à la hauteur de cette grande responsabilité – à la hauteur de la promesse de la Charte des Nations Unies. Contribuez au succès de ce Conseil – et non à son affaiblissement. Faisons en sorte que le Conseil soit un forum efficace et représentatif pour la paix – aujourd’hui comme dans les années à venir.