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SC/15768

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité à la suite de la séance du Conseil consacrée à la Colombie, juillet 2024

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, M. Vassily A. Nebenzia (Fédération de Russie):

Les membres du Conseil de sécurité ont réaffirmé leur appui plein et unanime au processus de paix en Colombie.  Ils ont souligné qu’il importait de veiller à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix final de 2016 et ont remercié le Président Petro de sa participation à la séance du Conseil.  Ils ont pris note avec intérêt de l’annonce du rapport gouvernemental sur l’application de l’Accord de 2016.

Le Conseil a salué la volonté du Président Petro de voir aboutir l’Accord de paix de 2016 et souligné qu’il importait d’agir de façon concertée pour accélérer son application sous la conduite du Gouvernement et avec la coopération accrue de tous les acteurs et entités de l’État responsables.  Ses membres se sont félicités du renforcement de la coopération entre les parties à l’Accord, et notamment de leur décision d’établir un plan d’action rapide pour accélérer son application.  Ils ont pris note de la participation, à la séance du Conseil, de Diego Tovar, représentant l’autre grande partie signataire aux côtés du Gouvernement colombien. Ils se sont par ailleurs félicités de la redynamisation des mécanismes de coordination de la paix, notamment de la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final et du décret portant création d’un « cabinet de paix ».  Ils ont souligné que ce nouveau cabinet avait la possibilité d’accélérer l’application de l’Accord en définissant et en coordonnant les rôles, les responsabilités, les ressources et les actions de toutes les entités gouvernementales concernées.  Ils ont également insisté sur le fait qu’il fallait continuer à utiliser les autres entités de coordination créées dans le cadre de l’Accord de paix de 2016, notamment la haute instance des groupes ethniques et la commission des questions de genre. 

Les membres du Conseil ont salué l’engagement pris par le Gouvernement de rétablir la paix dans les territoires touchés par le conflit.  Ils ont insisté sur le fait qu’il importait de continuer de veiller à l’application des dispositions de l’Accord de paix relatives à la réforme rurale, condition indispensable au règlement des problèmes structurels qui sont au cœur du conflit.  Ils ont salué l’engagement du Président Petro en faveur de la réforme rurale et de la transformation territoriale, y compris la substitution des cultures illicites, exhortant le Gouvernement à redoubler d’efforts pour assurer la présence de l’État dans les zones rurales de Colombie, et souligné la nécessité d’offrir des perspectives de développement aux populations locales et de soutenir les efforts de réinsertion, notamment en ce qui concerne l’accès à la terre, le logement, l’éducation et l’emploi.  Ils ont par ailleurs dit voir d’un bon œil le système national de réforme agraire, en ce qu’il devrait permettre d’atteindre ces objectifs. 

Le Conseil a réaffirmé sa vive préoccupation quant à la persistance de la violence et de l’insécurité qui touchent la population au niveau local et qui se manifestent par des assassinats ciblant des ex-combattants, des chefs de file de mouvements autochtones et des figures de la société civile, y compris des femmes, mais aussi portant sur des questions environnementales.  À cet égard, ses membres se sont félicités de l’approbation des plans stratégiques pour la sécurité et la protection des ex-membres des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) et espéraient bien que ces plans produiraient des résultats tangibles.  Ils ont jugé positif que le Ministère de l’intérieur se coordonne avec des entités gouvernementales et des organisations de femmes pour mettre la dernière main au deuxième plan d’action du Programme complet de garanties pour les femmes leaders et les défenseuses des droits humains.  Ils ont noté que ce programme permettrait de traiter les risques auxquels les femmes étaient particulièrement exposées et de déterminer leurs besoins de protection.  Toutefois, ils ont noté avec inquiétude qu’un groupe de signataires de la paix vivant dans le secteur territorial de formation et de réintégration de Miravalle (département de Caquetá) aurait subi une réinstallation forcée du fait de rivalités entre groupes armés.

Le Conseil s’est une nouvelle fois dit préoccupé par l’augmentation des violations commises contre des enfants, en particulier le recrutement et l’utilisation d’enfants par des groupes armés et la perpétration de violences sexuelles sur la personne d’enfants, notant que les enfants autochtones et afro-colombiens étaient touchés de manière disproportionnée.  Il s’est félicité que la protection de l’enfance demeure une préoccupation du Gouvernement colombien et a souligné l’importance de cette question dans les pourparlers de paix. 

Le Conseil a réaffirmé être vivement préoccupé par le fait que la violence liée au conflit, y compris la violence sexuelle liée au conflit, continuait de frapper de manière disproportionnée les femmes et les filles ainsi que les populations autochtones et afrocolombiennes.  Ses membres se sont déclarés très inquiets de l’état d’avancement de l’application du chapitre consacré aux questions ethniques et ont demandé au Gouvernement et à toutes les entités de l’État de redoubler d’efforts pour mieux assurer son application effective et faire en sorte que le pacte national par lequel les parties se sont engagées à ce que 60% des dispositions soient appliquées à l’horizon 2026 soit respecté. 

Le Conseil a souligné le rôle essentiel joué par la Juridiction spéciale pour la paix dans le processus de paix, salué le travail accompli jusqu’à présent et indiqué attendre avec intérêt le prononcé des premières peines restauratives.  Ses membres ont rappelé la responsabilité que portait à l’égard de ce processus le Gouvernement colombien, qui devait redoubler d’efforts pour créer les conditions de mise en œuvre des peines réparatrices.  Ils ont souligné qu’il importait que la Juridiction spéciale pour la paix rende justice rapidement à l’appui des droits des victimes et afin de définir la situation judiciaire des signataires de la paix et des personnes qui avaient été soumises à sa juridiction depuis sa création.  Ils se sont félicités des initiatives prises en faveur du dialogue, avec le soutien du Représentant spécial du Secrétaire général, Carlos Ruiz Massieu, pour surmonter les divergences entre les acteurs du processus de justice transitionnelle, et avaient bon espoir que ce processus resterait axé sur la contribution à la paix et à la réconciliation, comme le prévoyait l’Accord de 2016.  Ils se sont fait l’écho de l’encouragement adressé à toutes les parties par le Secrétaire général « à faire preuve de l’ouverture et de la volonté nécessaires pour trouver des solutions par le dialogue ». 

Le Conseil a répété attendre avec intérêt la publication dans les temps du premier plan d’action national de la Colombie pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité et espéraient que ce plan, ainsi que d’autres mesures, permettrait d’accélérer l’application des dispositions de l’Accord de paix final relatives à l’égalité des genres et du programme pour les femmes et la paix et la sécurité en Colombie. 

Ses membres ont souligné les mesures prises par le Gouvernement colombien pour élargir la portée de la paix par le dialogue et la poursuite de l’application intégrale de l’Accord de 2016.  Ils ont également mis en avant l’importance des cessez-le-feu, qui constituaient une voie vers un processus de paix permettant de réduire la violence et d’alléger les souffrances de la population civile, et réaffirmé qu’il importait de renforcer les engagements en faveur de la protection des civils.  Ils ont appelé l’attention sur l’accord conclu le 25 mai entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN) visant à associer la société civile à la consolidation de la paix, ne doutant pas que cela ouvrirait un espace pour sa pleine participation aux dialogues pour la paix.  Le Conseil a également engagé les parties à continuer de régler leurs différends à la table des négociations pour la paix et à travailler au renouvellement et au renforcement du cessez-le-feu, y compris en revenant aux engagements antérieurs concernant la protection des civils en vue d’améliorer la sécurité dans les territoires.  Ses membres ont pris note de l’annonce faite par le Gouvernement le 16 juillet concernant le renouvellement du cessez-le-feu, pour trois mois, avec plusieurs fronts de l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire restés à la table des négociations pour la paix, et noté que le Gouvernement poursuivait ses opérations militaires contre les fronts qui avaient quitté le dialogue pour la paix.  Ils ont exprimé l’espoir que le dialogue continue de progresser, notamment pour renforcer les dispositions relatives au cessez-le-feu avec les parties qui étaient restées à la table des négociations, et exhorté toutes les parties à continuer de manifester leur attachement à la paix.

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur volonté de continuer à travailler en étroite collaboration avec la Colombie à l’appui d’une application intégrale de l’Accord de paix final, principale garantie d’une paix et d’une stabilité générales et durables dans le pays, et accueilli favorablement l’engagement constant pris par les deux parties à cette fin. Ils ont également pris note de la participation du Président Petro à une réunion de la Commission de consolidation de la paix et souligné qu’il serait utile d’exploiter davantage le pouvoir rassembleur et le rôle consultatif de la Commission.  Ils ont appuyé sans réserve les efforts complémentaires déployés par la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, qui coordonne ses activités avec l’équipe de pays des Nations Unies.

 

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