Déclaration à la presse faite à la suite de la séance du Conseil de sécurité consacrée à la Colombie, avril 2024
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’avril, Mme Vanessa Frazier (Malte):
Les membres du Conseil de sécurité ont réaffirmé leur appui plein et unanime au processus de paix en Colombie. Ils ont souligné qu’il importait de veiller à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix final de 2016 et ont remercié le Gouvernement colombien d’avoir accueilli la visite du Conseil en février 2024.
Les membres du Conseil se sont félicités de la volonté politique dont a fait preuve le Gouvernement colombien en faveur de l’instauration d’une paix durable et ont pris acte des progrès considérables accomplis dans l’élaboration de plans de mise en œuvre de l’Accord de 2016. Ils ont encouragé la concrétisation rapide de ces stratégies et plans fondamentaux dans les régions touchées par les conflits. Ils ont également souligné la nécessité de coordonner au plus haut niveau les actions du Gouvernement et encouragé ce dernier à utiliser pleinement le dispositif de paix prévu par l’Accord de 2016, notamment en réunissant la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final à intervalles réguliers.
Les membres du Conseil se sont réjouis de constater que les dispositions de l’Accord de 2016 relatives à la réforme rurale suscitaient davantage d’attention, condition indispensable pour résoudre les problèmes structurels qui sont au cœur du conflit. Ils se sont félicités de l’augmentation des crédits budgétaires alloués à la réforme rurale, ainsi que de l’acquisition et de la mise à disposition de terres. Ils ont toutefois dit espérer que des progrès plus marqués seraient accomplis dans la réalisation des objectifs de la réforme rurale, comme convenu dans l’Accord final, y compris une mise en œuvre plus large des plans nationaux relatifs à ladite réforme, et à cet égard ont demandé instamment l’approbation du plan national relatif à la santé en milieu rural. Ils ont encouragé tous les ministères compétents à faire avancer cette question, notamment en allouant des ressources suffisantes, afin que toutes les communautés puissent bénéficier des réformes.
Les membres du Conseil ont souligné la nécessité de mettre en œuvre sans plus tarder le chapitre consacré aux questions ethniques. Ils ont dit attendre avec intérêt que les efforts supplémentaires consentis par le Cabinet de la Vice-Présidente pour suivre les progrès réalisés et atteindre les objectifs ambitieux fixés aux fins de la mise en œuvre dudit chapitre se traduisent par des résultats tangibles. Ils se sont également félicités des progrès réalisés dans l’acquisition et la régularisation de terres destinées aux conseils communautaires afrocolombiens.
Les membres du Conseil ont souligné la résilience dont faisaient montre les ex-combattants dans le cadre de leur réintégration et se sont félicités de l’engagement pris par le Gouvernement de renforcer le processus de réintégration. Ils ont encouragé la mise en œuvre du programme de réincorporation intégrale. Ils ont toutefois exprimé leur inquiétude quant aux menaces pesant sur les ex-combattants et ont souligné la nécessité d’obtenir des garanties en matière de sécurité. Ils ont indiqué qu’il convenait de mettre en œuvre de toute urgence le programme de protection intégrale des ex-combattants, d’accélérer les procédures d’évaluation des risques et d’appliquer les mesures de protection correspondantes.
Les membres du Conseil se sont redits profondément préoccupés par la violence et l’insécurité qui touchent les femmes et les communautés, en particulier par les menaces et les violences persistantes auxquelles sont exposées les figures de la société civile, et ont demandé que se poursuive l’application du plan d’action établi au titre du Programme complet de protection des femmes leaders et des défenseuses des droits de l’homme. Ils ont rappelé qu’il importait de maintenir un environnement exempt de violence et ont également réaffirmé être vivement préoccupés par le fait que la violence liée au conflit, y compris la violence sexuelle liée au conflit, continuait de frapper de manière disproportionnée les femmes et les filles ainsi que les populations autochtones et afrocolombiennes. Ils ont fortement encouragé le renforcement des mesures de prévention et de protection, notamment la mise en œuvre de la politique publique visant à démanteler les groupes armés illégaux et les organisations criminelles et à réunir régulièrement la Commission nationale des garanties de sécurité. Ils ont engagé la Procureure générale de la nation nouvellement nommée et les institutions de l’État à redoubler d’efforts pour protéger les ex-combattants, les figures de la société civile et les personnes dans toute leur diversité, à lutter contre l’impunité pour les crimes commis à leur égard et à combattre les structures criminelles à l’origine des violences.
Les membres du Conseil attendaient avec intérêt la publication dans les temps du premier plan d’action national de la Colombie pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité et espéraient que ce plan, ainsi que d’autres mesures, permettrait d’accélérer l’application des dispositions de l’Accord de paix final relatives à l’égalité des genres et du programme pour les femmes et la paix et la sécurité en Colombie.
Les membres du Conseil ont souligné le rôle essentiel joué par la Juridiction spéciale pour la paix dans le processus de paix, salué le travail accompli jusqu’à présent et indiqué attendre avec intérêt l’étape importante que constituerait cette année le prononcé des premières peines. Ils ont souligné qu’il importait de rendre la justice rapidement pour soutenir les droits des victimes et d’assurer la sécurité juridique pour les personnes relevant de la compétence de la Juridiction conformément à l’Accord de 2016. Ils se sont fait l’écho de l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un « dialogue constructif entre toutes les parties concernées, mené dans le cadre établi par l’Accord final, pour qu’elles puissent surmonter les récents obstacles rencontrés ». Ils ont rappelé le rôle joué à l’appui de ce processus par le Gouvernement colombien, qui doit redoubler d’efforts pour créer les conditions de mise en œuvre des peines réparatrices.
Les membres du Conseil ont salué les mesures prises par le Gouvernement colombien pour élargir la portée de la paix par le dialogue et la poursuite de l’application intégrale de l’Accord de 2016. Ils ont pris note de la tenue du sixième cycle de négociations entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), de la prolongation de l’accord de cessez-le-feu, ainsi que de l’engagement réaffirmé de l’ELN de suspendre les enlèvements contre rançon. Ils ont salué le travail important que le Comité national de participation mène pour assurer la pleine participation de la société colombienne au processus. Ils ont également salué le rôle positif que joue le mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, auquel participe la Mission de vérification des Nations Unies, dans la prévention d’éventuels affrontements armés entre les parties. Ils ont souligné l’importance des cessez-le-feu, qui constituent une voie vers un processus de paix permettant de réduire la violence et d’alléger les souffrances de la population civile. Ils ont également souligné l’importance de la protection des enfants dans les pourparlers de paix et de la prévention du recrutement et de l’utilisation des enfants.
Les membres du Conseil ont pris note de la suspension partielle par le Gouvernement du cessez-le-feu avec le groupe armé qui se fait appeler État-major central (EMC), à la suite des actes de violence commis par ce groupe contre une communauté autochtone. Ils ont condamné ces faits et demandé à l’EMC de cesser de commettre des actes de violence contre la population civile. Ils ont exhorté les parties à renforcer le cessez-le-feu et à approfondir le programme de négociations.
Les membres du Conseil ont réaffirmé leur volonté de continuer à travailler en étroite collaboration avec la Colombie à l’appui d’une application intégrale de l’Accord de paix final, principale garantie d’une paix et d’une stabilité générales et durables dans le pays, et accueilli favorablement l’engagement constant pris par les deux parties à cette fin. Ils ont appuyé sans réserve les efforts complémentaires déployés par la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, qui coordonne ses activités avec l’équipe de pays des Nations Unies.