Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la Colombie à l’issue de la séance tenue en janvier 2024
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, M. Nicolas de Rivière (France):
Les membres du Conseil de sécurité ont réaffirmé leur appui plein et unanime au processus de paix en Colombie. Ils ont souligné qu’il importait de veiller à l’application intégrale de l’Accord de paix final de 2016 et se sont félicités des nombreuses manifestations d’engagement observées au niveau national en faveur de la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord à l’occasion de son septième anniversaire, célébré récemment. À l’issue des élections locales tenues pour la deuxième fois depuis la signature de l’Accord de paix, ils ont encouragé les autorités départementales et municipales nouvellement élues à saisir l’occasion qui leur était offerte de jouer un rôle clé dans la promotion de la paix. Ils ont également souligné l’importance d’assurer la participation pleine, égale, véritable et en toute sécurité des femmes d’horizons divers au processus de paix.
Les membres du Conseil se sont félicités de l’attention accrue portée aux dispositions de l’Accord de paix relatives à la réforme rurale, qui était essentielle pour s’attaquer aux problèmes structurels au cœur du conflit, et ont salué les progrès accomplis, notamment la poursuite des achats et distributions de terres aux communautés paysannes et ethniques, l’augmentation du budget et l’aide globale apportée au développement rural. Ils se sont également félicités de l’adoption du programme global de réintégration, étape importante vers une réintégration durable, ainsi que des premiers travaux du système national de réforme agraire, et attendaient avec intérêt que les entités chargées de leur mise en œuvre les concrétisent.
Les membres du Conseil ont de nouveau exprimé leur vive préoccupation face à la persistance des menaces et des violences à l’égard des ex-combattants et des figures de la société civile et demandé que se poursuive l’application du plan d’action du Programme complet de protection des femmes leaders et des défenseuses des droits de l’homme. Ils ont redit leur vive inquiétude quant au fait que la violence liée aux conflits, y compris la violence sexuelle liée aux conflits, continuait d’avoir un effet disproportionné sur les femmes et les filles ainsi que sur les populations autochtones et afrocolombiennes. Ils ont invité les autorités à redoubler d’efforts pour protéger ces responsables locaux et les participants au processus de paix, en particulier les femmes, et les institutions de l’État à faire davantage pour lutter contre l’impunité de toute urgence.
Les membres du Conseil ont réaffirmé leur plein appui aux composantes du Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition et encouragé le dialogue entre les entités responsables de façon à garantir que les conditions nécessaires à l’exécution des peines qui seraient prononcées par la Juridiction spéciale pour la paix soient réunies. Ils se sont également félicités de l’ouverture de la macro-affaire 11, étape importante dans l’établissement des responsabilités pour les personnes survivantes et les victimes de violence sexuelle et fondée sur le genre.
Les membres du Conseil ont salué l’engagement public pris par le Gouvernement colombien d’accélérer la mise en œuvre du chapitre consacré aux questions ethniques en signant un pacte national visant à achever 60% de sa mise en œuvre d’ici à 2026 et ont exhorté le Gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour tenir son engagement.
Les membres du Conseil attendaient avec impatience l’exécution du premier plan d’action national de la Colombie pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité et espéraient que ce plan, ainsi que d’autres mesures, permettraient d’accélérer l’application des dispositions relatives à l’égalité des genres figurant dans l’Accord de paix final.
Les membres du Conseil attendaient toujours avec impatience la mise en place de l’organe de décision chargé de la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2016, qui avait été annoncée précédemment.
Les membres du Conseil ont salué les mesures prises par le Gouvernement colombien pour élargir la portée de la paix par le dialogue et la poursuite de l’application intégrale de l’Accord de paix final de 2016. Ils ont pris note du cinquième cycle de négociations entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale et de l’engagement pris par les parties de renouveler leur cessez-le-feu bilatéral. Ils ont encouragé tous les participants aux négociations de paix à négocier de bonne foi, dans le but commun de réduire la violence et d’atténuer encore les souffrances de la population civile. Ils ont également salué le travail important réalisé par le Comité national de participation pour renforcer la participation de la société civile au processus. Ils ont exprimé l’espoir que le dialogue progresse et que les accords de cessez-le-feu entre le Gouvernement et le groupe armé qui se fait appeler État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire continuent d’être appliqués et soient renforcés.
Les membres du Conseil ont réaffirmé leur volonté de continuer à travailler en étroite collaboration avec la Colombie à l’appui d’une application intégrale de l’Accord de paix final de 2016, principale garantie d’une paix et d’une stabilité générales et durables dans le pays, et accueilli favorablement l’engagement constant pris par les deux parties à cette fin. Ils ont pris note de la nomination d’une experte internationale des droits de l’homme en Colombie, à la demande du Gouvernement colombien, chargée de mettre au jour les obstacles à la mise en œuvre de l’Accord de paix. Ils ont appuyé sans réserve les efforts complémentaires déployés par la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, qui coordonne ses activités avec l’équipe de pays des Nations Unies, et se sont félicités qu’une délégation de haut niveau du Conseil se rende en Colombie en février afin de témoigner de l’engagement total du Conseil de sécurité en faveur du processus de paix en Colombie et de son soutien à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix final.