Le Conseil de sécurité débat du pouvoir transformateur du leadership intergénérationnel en rapport avec le programme pour les femmes et la paix et la sécurité
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Ce matin, le Conseil de sécurité a tenu une séance d’information sur la question thématique « les femmes et la paix et la sécurité » axée sur l’investissement dans le pouvoir transformateur du leadership intergénérationnel sur cette question.
« Si nous ne nous libérons pas des normes patriarcales, la véritable paix et la sécurité inclusive resteront hors de portée », a mis en garde la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, qui a salué le soutien vigoureux apporté au programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans le Pacte pour l’avenir.
Mme Rosemary DiCarlo a appelé à faciliter les dialogues intergénérationnels, favoriser les processus de paix inclusifs et investir dans le leadership des jeunes femmes, souhaitant en outre que des ressources importantes et durables soient mobilisées pour soutenir les jeunes femmes qui œuvrent à la paix. Les investissements dans les programmes pour les femmes et la paix et la sécurité ne sont pas une option, mais une nécessité pour prévenir les conflits et parvenir à une paix inclusive et durable, a-t-elle affirmé.
Notant que la paix ne peut pas être obtenue uniquement par le biais d’accords conclus par les seules élites, Mme DiCarlo a jugé essentiel de promouvoir des processus de paix inclusifs et multiformes qui accordent la priorité à divers groupes de femmes, et qui promeuvent leur leadership et leurs droits à tous les niveaux. Au milieu des crises à travers le monde, les jeunes femmes artisanes de la paix démontrent qu’un monde meilleur est possible. Ainsi, au Pakistan, Malala Yousafzai a défendu le droit des filles à l’éducation sans se laisser décourager par une tentative d’assassinat, tandis qu’en Somalie, Ilwad Elman s’efforce de réhabiliter les enfants soldats tout en donnant les moyens à d’autres jeunes de contribuer à prévenir l’extrémisme violent, a-t-elle illustré.
Lui emboîtant le pas, une militante soudanaise engagée en faveur des droits humains et de la paix a indiqué que lorsque la guerre a éclaté au Soudan, les femmes qui avaient participé aux processus de désescalade et de dialogue au niveau local avant la guerre ont utilisé leurs compétences pour servir de médiatrices et gérer les tensions. Mme Tahani Abbas a appelé à poursuivre le soutien aux femmes soudanaises en première ligne de l’aide humanitaire et de la désescalade. À titre illustratif, elle a évoqué le rôle des « Mères de la paix » dans l’État du Nil-Bleu, tout en jugeant essentiel de veiller à ce que les points de vue des jeunes, en particulier des jeunes femmes, soient pris en compte dans les processus de paix et la reconstruction du pays.
Faire entendre ces voix est crucial puisque les femmes restent sous-représentées dans les salles du pouvoir, surtout dans les sociétés en situation de conflit, ont martelé les États-Unis, exhortant chaque pays à se doter d’un plan d’action complet et de ressources adéquates pour promouvoir le programme pour les femmes et la paix et la sécurité. La délégation américaine a également jugé impératif de remédier à la concurrence intergénérationnelle actuelle liée au fait que trop souvent encore, un seul siège est réservé aux femmes à la table de négociation. De même, elle a proposé de créer des partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et d’autres partenaires, à l’image de l’initiative américaine visant à créer des centres d’excellence pour la promotion du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.
Notant que 70% des victimes à Gaza sont des femmes, la Chine a interpellé la responsabilité du Conseil de sécurité en l’appelant à aller au-delà des déclarations politiques et en œuvrant à la conclusion d’un cessez-le-feu. La délégation chinoise a également indiqué que son gouvernement a prévu d’organiser, l’an prochain, un important sommet dans le cadre du suivi de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. À la veille du vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325 (2000), la Suisse a suggéré pour sa part que le Conseil utilise davantage les instruments normatifs à sa disposition et s’engage à avoir recours à plus de médiatrices et de contributions féminines en faveur de la paix.
Cela nécessite plus que des cadres normatifs, a prévenu la Sierra Leone qui a appelé aussi à fournir un soutien politique, financier et logistique concret aux fonds et aux organisations de femmes. Il est également essentiel de créer, aux niveaux national et international, un espace où les femmes, et les jeunes femmes en particulier, puissent faire entendre leur voix, et reconnaître que les femmes et les jeunes ne sont pas des groupes homogènes. Pour répondre à l’urgence, il faut soutenir les fonds et organisations de la société civile, a déclaré la France qui a dit apporter un soutien financier au fonds mondial pour les survivants de violences sexuelles créé par les prix Nobel Nadia Murad et Denis Mukwege.
De son côté, le Japon a rappelé qu’en 2025, il coprésidera, avec la Norvège, le réseau des points focaux du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. La médiation et la construction de la paix seront des thèmes centraux défendus tout au long des processus annuels du réseau, avec un fort accent sur la promotion du dialogue et de la collaboration intergénérationnels entre les femmes bâtisseuses de paix, a expliqué la délégation nippone.
L’égalité des générations, et pas seulement l’égalité des sexes, doit être notre objectif, car les jeunes, en particulier les jeunes femmes, apportent l’énergie et la créativité qui sont essentielles pour façonner des efforts de paix durables, a mis en avant l’Algérie. C’est pourquoi il est essentiel que ce Conseil accroisse son soutien aux organisations locales de défense des droits des femmes, en reconnaissant leur rôle crucial dans la construction et le maintien de communautés pacifiques, a appuyé le Royaume-Uni.
De l’avis de la Fédération de Russie, les approches du Conseil de sécurité doivent être pratiques et prendre en compte les caractéristiques culturelles des pays et des régions. Elle a fait part de son appui à tout dialogue intergénérationnel, y compris dans un contexte de consolidation de la paix, estimant toutefois que ce n’est pas une tâche qui incombe au Conseil de sécurité, mais plutôt à la Commission de consolidation de la paix.
« Le temps des femmes et des jeunes est arrivé », a déclaré de son côté l’Équateur, qui a exhorté à consolider un tissu intergénérationnel de femmes médiatrices et bâtisseuses de la paix, afin de parvenir à des sociétés pacifiques et stables. La délégation a par ailleurs rappelé son vœu de voir une femme d’Amérique latine ou des Caraïbes être la prochaine secrétaire générale de l’ONU, y voyant la meilleure façon d’investir dans le pouvoir du leadership intergénérationnel transformateur sur les femmes et la paix et la sécurité.
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LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ
Exposés
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a relevé que les jeunes femmes artisanes de la paix démontrent qu’un monde meilleur est possible. Ainsi, au Pakistan, Malala Yousafzai a défendu le droit des filles à l’éducation sans se laisser décourager par une tentative d’assassinat. Elle reste la plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix. En Suède, Greta Thunberg a galvanisé des millions de personnes grâce au mouvement « Vendredis pour l’avenir » pour faire face à la crise climatique. En Somalie, Ilwad Elman s’efforce de réhabiliter les enfants soldats tout en donnant les moyens à d’autres jeunes de contribuer à prévenir l’extrémisme violent.
Selon la Secrétaire générale adjointe, si nous ne nous libérons pas des normes patriarcales, la véritable paix et la sécurité inclusive resteront hors de portée. Elle a jugé « potentiellement transformateur » le soutien vigoureux apporté par le Pacte pour l’avenir au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, notant que le Pacte souligne l’importance de veiller à ce que le leadership et la participation des femmes soient intégrés dans tous les aspects de la prévention des conflits et du maintien de la paix.
Pour faire progresser le leadership intergénérationnel, Mme DiCarlo a appelé à faciliter les dialogues, à favoriser les processus de paix inclusifs et à investir dans le leadership des jeunes femmes. Les dialogues intergénérationnels sont, de son avis, des occasions essentielles de renforcer la confiance et d’exprimer des aspirations communes. Elle a donné l’exemple du Tchad où le Fonds pour la consolidation de la paix a soutenu des plateformes locales de dialogue réunissant des associations de jeunes et des autorités traditionnelles pour résoudre pacifiquement les conflits et mener des campagnes de prévention. La plateforme qui en a résulté a permis de renforcer la cohésion sociale et réduire les tensions et les conflits intercommunautaires dans les régions de Nya Pendé et de Barh Sara. De même, en Gambie, les dialogues dans les régions des trois fleuves ont réuni les autorités nationales et locales, la police, les ministères et les jeunes pour améliorer la confiance entre les parties. Cela comprenait des programmes de mentorat par des femmes politiques avec des jeunes femmes candidates aux élections.
Par ailleurs, Mme DiCarlo a prévenu que la paix ne peut pas être obtenue par les seuls accords conclus seulement par les élites. Il est donc essentiel de promouvoir des processus de paix inclusifs et multiformes qui accordent la priorité à divers groupes de femmes, y compris les jeunes femmes, et qui promeuvent leur leadership et leurs droits à tous les niveaux. Au Yémen par exemple, le Bureau de l’Envoyée spéciale du Secrétaire général, en partenariat avec ONU-Femmes, a organisé des consultations pour une « vision ascendante pour un processus de paix inclusif ». Cela a favorisé la création de coalitions de plaidoyer entre les groupes de femmes et d’autres parties prenantes, notamment les jeunes et les dirigeants traditionnels. De ce fait, le programme pour les femmes et la paix et la sécurité est devenu une priorité communautaire plus large plutôt qu’une simple question féminine.
Enfin, la Secrétaire générale adjointe a souhaité que « nos investissements soient alignés sur nos priorités ». Elle a réclamé des ressources importantes et durables pour soutenir les jeunes femmes œuvrant à la paix et pour garantir que leur travail prospère. En El Salvador, un projet du Fonds pour la consolidation de la paix a permis aux jeunes marginalisés de mener des actions communautaires, a-t-elle cité en exemple, comme succès méritant un soutien financier plus solide et plus cohérent de la part de la communauté internationale. « Les investissements dans les programmes pour les femmes et la paix et la sécurité ne sont pas une option, ils sont une nécessité pour prévenir les conflits et parvenir à une paix durable et inclusive. »
Alors que nous approchons du vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité et du trentième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, elle a recommandé d’ouvrir des portes à la prochaine génération. Elle a aussi appelé à cultiver le leadership à partir de la base, en plaçant les jeunes femmes et les droits des femmes au cœur des efforts.
Mme TAHANI ABBAS, une militante soudanaise pour la défense des droits de l’homme et de la paix, a dit promouvoir l’accès des femmes au système judiciaire au Soudan, souhaitant notamment qu’elles bénéficient de l’aide juridique et que des ressources soient octroyées pour la question des femmes survivantes de violences sexuelles et sexistes.
Elle a identifié trois domaines clefs dans lesquels les femmes ont été inextricablement liées à la paix et à la sécurité au Soudan. Tout d’abord, les femmes ont été en première ligne dans la réponse aux conflits. Elles ont notamment mené la révolution pacifique de 2019 et continuent à porter les aspirations d’un Soudan sain, sûr, où règne la justice. Dans le cadre de la guerre en cours, les femmes soudanaises sont en première ligne dans la réponse humanitaire et pour trouver des moyens de désamorcer les conflits. Elles ont créé des réseaux de résistance tels que les salles d’intervention d’urgence, où sont conçus des mécanismes humanitaires qui fournissent notamment des services médicaux, des garderies et des cuisines communautaires aux femmes et jeunes filles du Soudan.
Mme Abbas a appelé à soutenir les femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix, que ce soit avant, pendant ou après les crises. Dans le cas du Soudan, elle a encouragé à poursuivre les processus, visant à soutenir le dialogue local et le soutien aux femmes, même en temps de crise. « Lorsque la guerre a éclaté au Soudan, nous avons constaté que les femmes qui avaient participé aux processus de désescalade et de dialogue au niveau local avant la guerre avaient utilisé leurs compétences et leurs capacités pour servir de médiatrices, négocier et gérer les tensions et les conflits dans leurs communautés pendant la guerre. » Il faut, en a déduit Mme Abbas, s’appuyer sur l’expertise civile des femmes dans les processus de dialogue qui affectent leur sort.
Forte de ces constats, Mme Abbas a fait une série de recommandations aux membres du Conseil en les appelant notamment à protéger et soutenir les femmes qui sont en première ligne des conflits, à la fois comme victimes et comme premières intervenantes. Il faut, a-t-elle prié, poursuivre le soutien aux femmes qui se trouvent en première ligne au Soudan, qu’elles soient à la tête de l’aide humanitaire ou de la désescalade, alors même que la crise se poursuit. Elle a également demandé que les femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix avant, pendant et après les crises puissent compter sur le soutien de la communauté internationale. Les meilleurs atouts pour arrêter la guerre sont les groupes qui se trouvent en première ligne, a-t-elle argué, en citant l’exemple des « Mères de la paix » dans l’État du Nil-Bleu. En dernier lieu, la militante a plaidé en faveur de partenariats avec et pour les jeunes femmes au Soudan. Il lui semble essentiel de veiller à ce que les points de vue des jeunes, en particulier ceux des jeunes femmes, soient pris en compte et inclus dans les dialogues à tous les niveaux concernant la fin de la guerre et la construction de l’avenir du pays.