SG/SM/21956

Réunion ministérielle sur le Sommet de l’avenir 2024: le Secrétaire général invite les dirigeants à préparer un pacte pour l’avenir ambitieux et transformateur

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée à l’occasion de la Réunion ministérielle sur le Sommet de l’avenir, à New York, aujourd’hui:

Mon rapport sur « Notre Programme commun » appelle à un renouveau de la confiance et de la solidarité entre les peuples, les pays et les générations.

Le rapport propose de réformer le multilatéralisme afin qu’il reflète et tienne compte des réalités politiques et économiques actuelles.

Aujourd’hui, le besoin de telles réformes est plus évident que jamais.

Nous sommes confrontés à une multitude de risques majeurs, voire existentiels, sans les systèmes multilatéraux nécessaires pour y faire face.

Nous nous dirigeons vers un monde multipolaire.

La multipolarité offre à différents pays de nouvelles possibilités de jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale.

Mais l’histoire nous enseigne qu’une multipolarité sans institutions multilatérales fortes engendre de sérieux risques.

Celui d’exacerber les tensions géostratégiques, celui de créer une concurrence chaotique, celui d’accroître la fragmentation.

Les institutions multilatérales ne survivront que si elles sont véritablement universelles.

Le Sommet de l’avenir est une occasion unique de contribuer à rétablir la confiance et d’adapter des institutions et cadres multilatéraux dépassés au monde d’aujourd’hui, sur la base de l’équité et de la solidarité.

Mais c’est bien plus que cela.

Ce sommet est un moyen essentiel de réduire les risques et de créer un monde plus sûr et plus pacifique.

Je me réjouis que vous ayez décidé d’adopter, à l’issue du Sommet de l’avenir, un pacte pour l’avenir négocié au niveau intergouvernemental, qui permette de réaffirmer la Charte des Nations Unies, de redynamiser le multilatéralisme, de favoriser l’exécution des engagements existants et de trouver des solutions aux problèmes nouveaux.

Je salue également votre décision de de travailler vers un pacte articulé autour des cinq séries de sujets:

  • Le développement durable et le financement du développement;
  • La paix et sécurité internationales;
  • La science, la technologie et l’innovation, ainsi que la coopération numérique;
  • Les jeunes et les générations futures;
  • La transformation de la gouvernance mondiale.

Je salue votre engagement de faire progresser les droits humains, les droits et participation des femmes et des filles ainsi que l’accélération de la réalisation des Objectifs de développement durable.

C’est à vous, les États Membres, de décider ce qui, parmi ces cinq séries de questions, doit être repris dans le Pacte pour l’avenir.

Nous vous avons présenté une série de propositions concrètes dans onze notes d’orientation.

Ces propositions portent sur les éléments suivants:

  • Un Nouvel agenda pour la paix ayant vocation à redynamiser notre cadre de sécurité collective;
  • Un système financier mondial fonctionnant au profit de tous;
  • Des indicateurs économiques autres que le PIB visant à éclairer l’action publique;
  • Un pacte permettant d’exploiter les avantages des technologies numériques et de l’intelligence artificielle et d’en gérer les risques;
  • Un code de conduite volontaire sur l’intégrité de l’information en ligne;
  • De nouveaux protocoles permettant de mieux gérer les chocs mondiaux;
  • Une coopération renforcée dans l’espace extra-atmosphérique;
  • Une transformation des systèmes éducatifs;
  • La véritable inclusion des jeunes dans la prise de décision à l’échelle mondiale;
  • Des moyens de préserver l’avenir et de faire respecter les droits des générations futures;
  • Une ONU 2.0, mieux armée pour soutenir les États Membres grâce à l’utilisation de données, du numérique, de l’innovation, de la prospective stratégique et des sciences comportementales.

Ces propositions viennent prolonger la vision exposée dans Notre Programme commun, en transformant les recommandations initiales en mesures concrètes et réalisables à l’appui de systèmes mondiaux plus justes, plus durables, plus universels et plus efficaces.

Je voudrais également saluer les contributions apportées par le Conseil consultatif de haut niveau pour un multilatéralisme efficace, qui méritent toute votre attention et je remercie la coprésidence pour l’excellent travail réalisé par le groupe.

Je me réjouis enfin des progrès qui ont déjà été accomplis dans la mise en œuvre de nombreuses recommandations formulées dans le Programme commun à la faveur des débats organisés l’année dernière par le Président de l’Assemblée générale, à savoir: la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse; les cinq mesures porteuses de transformation pour renforcer l’égalité des genres; la nouvelle vision de l’état de droit; l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale; les préparatifs du sommet biennal ouvert devant rassembler les membres du G20, l’ECOSOC, les dirigeants des institutions financières internationales et moi-même en ma qualité de Secrétaire général des Nations Unies.

Le Pacte pour l’avenir est un contrat que vous passerez entre vous et avec votre peuple.

Il symbolise l’engagement que vous prenez d’employer tous les outils à votre disposition au niveau mondial pour résoudre les problèmes – avant que ces problèmes ne nous submergent.

Les défis auxquels nous faisons face sont immenses.  Ils appellent des solutions universelles et ne peuvent être relevés par des petits groupements d’États ou des coalitions de volontaires.

L’ONU est la seule instance où l’on peut trouver de telles solutions.

Il conviendra en outre de prendre en compte les contributions de la société civile, des milieux universitaires, du secteur privé et d’autres parties prenantes importantes.

Les enjeux sont immenses.

Un pacte pour l’avenir complet et substantiel pourra donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre du Programme 2030 et à la réalisation des objectifs de développement durable, conformément à la déclaration du Sommet sur les ODD.

Il permettra de déterminer si nous relevons les graves défis d’aujourd’hui et de demain ou si nous poursuivons sur la voie de l’effondrement social, financier, politique et environnemental.

Et il viendra compléter et renforcer entièrement les efforts que nous déployons pour atteindre les objectifs de développement durable et créer un monde plus pacifique, plus durable et plus équitable aujourd’hui.

Mais disons-le clairement.

Le temps ne joue pas en notre faveur.

Au cours des deux années qui se sont écoulées depuis mon rapport sur Notre Programme commun, de nouveaux conflits sont apparus et les tensions géopolitiques se sont considérablement accrues.

Nous avons franchi un nouveau Rubicon avec l’intelligence artificielle générative.

Les signes d’un effondrement du climat sont là.

Des milliards de personnes dans le monde ont été frappées par la crise du coût de la vie.

Les pays aux prises avec des problèmes de surendettement ou de défaut de paiement sont plus nombreux que jamais.

Nous ne pouvons pas avancer à pas comptés vers un accord quand le monde file à grandes enjambées vers l’abîme.

Nous devons donner une nouvelle urgence à nos efforts et instiller le sentiment partagé d’un but commun.

Inspirons-nous des accords mondiaux conclus récemment sur la biodiversité, sur la haute mer, sur les pertes et les dommages climatiques, sur le droit humain à un environnement propre, sain et durable.

Parvenir à un accord sera difficile, mais possible.

Je vous invite à redoubler d’efforts au cours de l’année à venir pour faire en sorte que le Pacte pour l’avenir soit ambitieux et transformateur.

Le Sommet de l’avenir doit également être l’occasion de renforcer le lien entre la gouvernance mondiale et les peuples du monde.

Le Pacte pour l’avenir doit refléter les priorités et les préoccupations des femmes et des hommes qui luttent pour nourrir leur famille et celles des populations qui subissent de plein fouet l’urgence climatique.

Il doit proposer des solutions pour un monde meilleur, plus juste, plus pacifique et plus durable.

Et surtout, il doit démontrer que le multilatéralisme peut profiter à toutes et à tous, partout dans le monde.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.