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M. Guterres remet un prix à la capitaine Cecilia Erzuah et appelle à une réflexion sur l’idée de déployer des opérations d’imposition de la paix et antiterroristes

On trouvera ci-après le discours que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a prononcé ce 25 mai, à la cérémonie de remise de la Médaille Dag Hammarskjöld et du prix de la personne parmi les militaires qui s’est le mieux illustrée dans la défense de l’égalité des genres pendant l’année: 

Il y a quelques instants, j’ai déposé une gerbe au Monument à la mémoire des Casques bleus afin de rendre hommage aux femmes et aux hommes qui ont sacrifié leur vie en servant sous le drapeau de l’ONU pour la cause la plus importante qui soit: la paix.  Nous déplorons leur perte et adressons nos plus sincères condoléances à leurs familles, à leurs amis et à leurs collègues.  Nous n’oublierons jamais leurs contributions.  Je vous prie d’observer avec moi une minute de silence en leur mémoire. 

[PAUSE POUR LA MINUTE DE SILENCE]

Chaque année, la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies est l’occasion d’honorer les femmes et les hommes qui œuvrent en première ligne au service de la paix dans certains des endroits les plus dangereux du monde. 

Mais cette année est particulière, puisque nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Ce qui était en 1948 une entreprise audacieuse, axée sur le déploiement de quelques observateurs militaires au Moyen-Orient, est aujourd’hui une activité phare de notre Organisation. 

Aujourd’hui, pour les civils pris dans l’enfer des conflits, nos Casques bleus sont synonymes d’espoir et de protection.  Ces femmes et ces hommes favorisent la sécurité, la stabilité et l’état de droit dans les pays hôtes.  Ils sont au cœur de l’engagement de l’ONU en faveur de la paix. 

En réunissant des soldates et soldats de la paix issus du monde entier, le maintien de la paix est également devenu un puissant symbole du multilatéralisme en action.  Nos plus de 87 000 soldates et soldats de la paix sont originaires de 125 pays et participent à 12 opérations.  Ensemble, ils font face à une multitude considérable de tensions et de divisions qui ne cessent de croître partout dans le monde. 

Les conflits sont de plus en plus complexes.  Les processus de paix stagnent.  Le terrorisme, le fléau des groupes armés, la violence en bande organisée et la criminalité transnationale empoisonnent des communautés, des pays et des régions tout entières.  Le monde numérique est devenu un théâtre effrayant de tension, de division, de haine, de mésinformation et de désinformation. 

Hélas, nos soldats de la paix travaillent de plus en plus souvent dans des lieux où il n’y a pas de paix à maintenir.  Nous devons sérieusement réfléchir à la nécessité de mettre en place une nouvelle génération de missions d’imposition de la paix et d’opérations antiterroristes qui seraient dirigées par nos partenaires et dotées d’un mandat du Conseil de sécurité établi en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, et dont le financement serait garanti au moyen de contributions statutaires. 

Malgré tous les obstacles, notre personnel persévère, risquant sa vie pour défendre celle d’autrui.  Beaucoup ont payé le prix ultime: plus de 4 200 Casques bleus ont été tués au service de la paix.  Malheureusement, en 2022, 103 autres personnes sont venues s’ajouter à cette liste. Les membres du personnel militaire et civil et du personnel de police qui ont perdu la vie provenaient de 39 pays et de divers horizons.  Mais toutes et tous incarnaient notre devoir de promouvoir la paix. 

J’adresse mes plus sincères condoléances et ma gratitude à leurs familles, à leurs amis et collègues et à leur pays d’origine.  Je rends hommage à leur service et à leur sacrifice, qui inspirent notre travail au quotidien. 

Je m’engage à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir nos soldats de la paix dans leur mission, notamment à améliorer leur sécurité et à accroître l’efficacité du maintien de la paix au moyen de la stratégie « Action pour le maintien de la paix Plus ».  Nous remercions les États Membres et tous les partenaires de l’action qu’ils mènent à cet égard. 

Aujourd’hui, nous célébrons également le rôle essentiel que jouent les femmes en donnant vie à notre engagement pour la paix.  La résolution 1325 sur les femmes et la paix et la sécurité est l’une des plus ambitieuses jamais adoptées par le Conseil de sécurité.  Cette résolution historique nous rappelle qu’il ne peut y avoir de paix durable sans la participation des femmes à chaque étape. Pourtant, encore aujourd’hui, de nombreuses équipes de négociation et de nombreux processus de paix demeurent entièrement dominés par les hommes. 

Il nous appartient à tous –États, communautés et responsables locaux– de faire en sorte que les femmes contribuent pleinement à l’édification et au maintien de la paix et y jouent un rôle de premier plan. 

La résolution 1325 nous rappelle que nos soldates de la paix ne font pas que soutenir la paix et la sécurité dans le monde.  Elles montrent la voie.  À tous égards, la capitaine Cecilia Erzuah, du Ghana, incarne ce leadership.  Chaque année, nous mettons à l’honneur la contribution exceptionnelle d’un soldat ou d’une soldate de la paix qui œuvre, bien au-delà de son devoir, pour les principes énoncés dans la résolution 1325. 

Aujourd’hui, je suis fier de remettre le prix Défense de l’égalité des genres à la capitaine Erzuah pour le travail qu’elle accomplit à Abyei depuis mars 2022 en sa qualité de commandante de la section ghanéenne des relations avec la population.  À Abyei, elle a vu de ses propres yeux le très lourd tribut que les conflits armés font payer à des communautés tout entières, en particulier aux femmes, et elle n’a ménagé aucun effort pour que leurs voix soient entendues et prises en compte. 

La section qu’elle commande a notamment pour mission d’aller au contact des populations locales afin de recueillir leurs préoccupations, d’expliquer le travail des soldats de la paix et d’instaurer un climat de confiance.  Sa collaboration avec des dirigeants locaux, des groupes de femmes et des jeunes est déterminante pour le succès de la mission. 

La capitaine a également organisé des discussions sur la violence domestique et l’égalité des genres, à la suite desquelles des femmes se sont engagées dans des comités de protection de la population locale, chargés de donner rapidement l’alerte en cas de menace pesant sur la sécurité.  Sur tous les fronts, la capitaine Erzuah montre l’exemple en ce qui concerne la prise en compte des besoins et des préoccupations des femmes dans les opérations de maintien de la paix. 

Je l’ai déjà dit à maintes reprises —et je ne cesserai de le répéter— les Nations Unies ont urgemment besoin d’un plus grand nombre de femmes pour le maintien et la consolidation de la paix.  Il en va de même pour les populations vulnérables auprès desquelles nos missions sont déployées.  Il est grand temps d’augmenter de manière significative leur nombre dans tous les aspects de notre travail. 

Je remercie la capitaine Erzuah et toutes les femmes soldates de la paix pour leur engagement et leur leadership.  Et je vous remercie de vous joindre à nous pour rendre hommage à tous les soldats de la paix pour leur engagement vital au service de l’humanité et de la paix dans le monde.

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