Le Secrétaire général appelle à bâtir l’avenir circulaire du zéro déchet
On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le projet du zéro déchet, à New York, aujourd’hui:
Merci d’être venus aujourd’hui à l’occasion de la première Journée internationale du zéro déchet. Je tiens à rendre hommage au rôle prééminent du Gouvernement turc et de la Première Dame, Son Excellence Emine Erdoğan, concernant cette question vitale.
L’humanité traite la planète comme une décharge. Nous saccageons notre seul habitat. Nous déversons un torrent de déchets et de pollution qui compromettent notre environnement, nos économies et notre santé. Plastiques, textiles, aliments décomposés, appareils électroniques et piles jetés, débris de sites miniers et de chantiers de construction, conteneurs de produits chimiques abandonnés: la liste est longue.
D’après la Banque mondiale, sur les deux milliards de tonnes de déchets municipaux solides, produits chaque année, 33% ne sont pas correctement traités dans des décharges contrôlées. Chaque minute, l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de plastique est déversé dans l’océan. La pollution et les produits chimiques contaminent l’eau, l’air et le sol.
Or, 10% de la totalité des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la culture, du stockage et du transport de denrées alimentaires qui sont gaspillées, alors que plus de 800 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim, chaque année. Les déchets mal gérés sont le troisième émetteur de méthane au monde. C’est une absurdité, au regard du récent rapport du GIEC selon lequel il nous reste très peu de temps pour éviter une catastrophe climatique, et une terrible occasion manquée, si l’on considère que la réduction des déchets à l’échelle mondiale pourrait grandement diminuer les émissions de carbone.
Les déchets tuent les gens, notre planète, nos ressources naturelles, nos écosystèmes, nos économies, qui perdent des milliards chaque année, tandis que les piles de déchets ne font que s’amonceler. D’ici 2050, les déchets solides municipaux doubleront pour passer à quatre milliards de tonnes par an. Les ordures sont un fléau pour notre planète. Il nous faut réagir et livrer une guerre aux déchets sur trois fronts.
Premièrement, les pollueurs eux-mêmes doivent prendre l’initiative. Ceux qui produisent des déchets doivent concevoir des produits et des services moins gourmands en ressources et en matériaux, gérer intelligemment les déchets créés tout au long du cycle de vie de leurs produits et prolonger de façon innovante la vie des produits qu’ils vendent. Ils doivent investir dans des systèmes de gestion, de récupération et de recyclage des déchets, dans les communautés où ils opèrent.
Deuxièmement, il nous faut investir massivement dans la capacité des pays, des villes et des collectivités locales de développer et de transposer des systèmes modernes de gestion des déchets, et amener les gens à tout réutiliser et à tout recycler, des bouteilles en plastique aux appareils électroniques usagés. Ils doivent suivre l’exemple de villes comme Kigali, Kamikatsu et Ljubljana, qui renforcent leur gestion des déchets municipaux, dont ils recyclent de 50 à 80%.
Au niveau national, les pays doivent s’inspirer d’exemples comme le projet Zéro déchet de la Türkiye, dirigé par la Première Dame. Dans ce contexte, j’ai le plaisir d’annoncer la création d’un Conseil consultatif de personnalités éminentes sur le thème du zéro déchet. Je remercie Son Excellence la Première Dame de Türkiye d’avoir accepté de présider cette importante initiative, aux côtés de M. Jose Manuel Moller, PDG et fondateur d’Algramo, en tant que vice-président. Le Conseil consultatif partagera des exemples de réussite d’initiatives nationales et locales en matière de zéro déchet.
Troisièmement, en tant que consommateurs, nous devons nous montrer beaucoup plus responsables. Nous devons tous réfléchir à l’origine et à l’impact des biens et des produits que nous achetons au quotidien – et repenser la manière dont nous nous en débarrassons. Nous devons trouver des possibilités de réutilisation, de recyclage, de reconversion, de réparation et de récupération des produits que nous utilisons. Et nous devons réfléchir à deux fois avant de jeter ces articles à la poubelle.
Ces trois domaines d’action sont susceptibles de générer des avantages économiques considérables. Une économie circulaire et zéro déchet pourrait permettre aux gouvernements d’économiser des milliards et de créer des centaines de milliers d’emplois. Mais cela demande une collaboration à l’échelle mondiale.
L’accord conclu l’année dernière en vue de négocier le tout premier traité visant à mettre fin à la pollution plastique représente un premier pas prometteur. L’objectif de développement durable no 12 nous rappelle la nécessité de garantir des modes de consommation et de production durables d’ici à 2030. Et la résolution de l’Assemblée générale sur les initiatives zéro déchet démontre que la volonté politique est là.
Nous ravageons notre monde. Il est temps de l’assainir. Travaillons de concert, pour bâtir l’avenir circulaire du zéro déchet. Pour les gens et pour la planète.