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Afrique: le Secrétaire général appelle à placer les droits humains et l’état de droit au centre de la lutte antiterroriste

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée lors du débat du Conseil de sécurité consacré à la « lutte contre le terrorisme et prévention de l’extrémisme violent conduisant au terrorisme par le renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations et mécanismes régionaux », à New York, aujourd’hui:

Je félicite le Gouvernement du Mozambique d’avoir organisé ce débat opportun. 

Le terrorisme est la cause et la conséquence d’un grand nombre des problèmes examinés par le Conseil.  Il resserre son emprise en traquant et en exploitant les faiblesses et l’instabilité des systèmes politiques, économiques et sécuritaires.  En se nourrissant des peurs et des vulnérabilités de celles et ceux qui sont aux prises avec la misère, la faim et la famine.  En exploitant les inégalités et l’exclusion sociale pour aggraver les tensions.  En faisant commerce des maux éternels que sont les préjugés et la discrimination à l’égard de tel ou tel groupe, de telle ou telle culture, religion ou ethnie.  En se livrant à des activités criminelles telles que le blanchiment d’argent et l’exploitation minière illégale, ainsi que le trafic d’armes, de drogues, de minéraux précieux, d’antiquités et d’êtres humains.  En entretenant le mensonge, la haine et la désinformation dans le cyberespace.  En maintenant les femmes et les jeunes filles dans un climat constant de menace, quand ce n’est pas la violence sexuelle et fondée sur le genre.  Et en bafouant ou en méconnaissant l’état de droit: le droit international des droits de l’homme, le droit humanitaire et le droit des réfugiés mais aussi les autres normes du droit international, ou les valeurs consacrées dans la Charte des Nations Unies. 

Aucun âge, aucune culture, aucune religion, aucune nationalité et aucune région n’y échappe.  Mais la situation en Afrique est particulièrement préoccupante.  Le désespoir, la pauvreté, la faim, le manque de services de base, le chômage et les changements anticonstitutionnels de gouvernement continuent de constituer un terreau fertile pour la propagation insidieuse des groupes terroristes qui infestent de nouvelles parties du continent. 

Je suis profondément préoccupé par la progression des groupes terroristes au Sahel et ailleurs.  Communauté par communauté, ils étendent leur champ d’action.  La terreur creuse toujours plus largement son sillon, à mesure qu’affluent les combattants, les fonds et les armes d’une région à l’autre et d’un bord à l’autre du continent, et que de nouvelles alliances sont nouées avec la criminalité organisée et les bandes de pirates.  t l’univers numérique offre une plateforme mondiale à la diffusion plus large encore des idéologies violentes. 

Tout comme le terrorisme divise les peuples, la lutte contre ce fléau peut rapprocher les pays.  Nous le constatons en Afrique, où sont nées plusieurs initiatives régionales de lutte contre le terrorisme.  Des efforts conjoints déployés au Sahel, dans le bassin du lac Tchad, au Mozambique et au-delà… à la résolution renouvelée avec laquelle les dirigeants africains s’attaquent à cette menace évolutive, comme l’a démontré le récent Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement...

L’Organisation des Nations Unies se tient aux côtés de l’Afrique pour mettre fin à ce fléau.  Et ce, notamment par les orientations politiques que fournit le Conseil, par son assistance technique et par son soutien aux régimes de sanctions.  Dans le cadre des 65 visites d’évaluation que le Comité contre le terrorisme a effectuées pour s’assurer que les demandes du Conseil de sécurité étaient respectées – et qui ont donné lieu à des milliers de recommandations concrètes visant à aider les États Membres à améliorer leur riposte.  Également, par le travail que l’Organisation accomplit dans le cadre du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, qui rassemble organismes des Nations Unies, États Membres, parlements régionaux et société civile en soutien aux efforts déployés de concert sur l’ensemble du continent. 

Et, surtout, par notre étroite et constante collaboration avec l’Union africaine et les organisations régionales et sous-régionales africaines.  Nous apportons une assistance sur mesure aux États Membres d’Afrique, notamment dans les domaines de la prévention, de l’assistance juridique, des enquêtes, des poursuites, de la réinsertion et de la réadaptation, ainsi que de la protection des droits humains.  Nous organisons avec le Nigéria le prochain sommet africain sur la lutte contre le terrorisme.  Nous renforçons notre collaboration dans le cadre d’initiatives de paix majeures, tel le Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel. 

Et nous plaidons sans relâche pour une nouvelle génération de missions d’imposition de la paix robustes et d’opérations de lutte contre le terrorisme qui soient dirigées par l’Union africaine et dotées d’un mandat du Conseil de sécurité établi en vertu du Chapitre VII ainsi que d’un financement garanti et prévisible, au moyen des contributions statutaires.  J’exhorte tous les États Membres à soutenir ce travail essentiel. 

Le huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, qui aura lieu en juin et sera co-animé par le Canada et la Tunisie, sera une occasion cruciale de renforcer notre action en la matière et de trouver de nouveaux moyens de nous attaquer plus efficacement aux conditions structurelles qui font le lit du terrorisme.  Cet examen sera également une occasion de rappeler que les droits humains doivent être au cœur de nos efforts. 

Le terrorisme, c’est la négation et la destruction même des droits humains.  Et c’est pourquoi nous ne pourrons jamais remporter la lutte contre ce fléau si nous perpétuons cette négation et destruction. Il est prouvé que les efforts de lutte antiterroriste qui sont uniquement axés sur la sécurité aux dépens des droits humains peuvent involontairement accroître la marginalisation et l’exclusion – et aggraver encore la situation.

Le Nouvel Agenda pour la paix propose d’agir de façon intégrée et globale afin de bâtir des sociétés plus pacifiques et plus stables dans lesquelles le terrorisme et l’extrémisme violent n’auront pas leur place.  Agir par la prévention, en s’attaquant aux conditions socioéconomiques qui peuvent mener au terrorisme.  Par l’inclusion, en veillant à ce que les stratégies de lutte antiterroriste tiennent compte du vécu de l’ensemble des communautés et des publics, et tout particulièrement des minorités, des femmes et des jeunes.  Et agir – toujours – en mettant les droits humains et l’état de droit au centre de toute notre action. 

À chaque étape, nous nous engageons à défendre les droits fondamentaux et la dignité des victimes et des rescapés du terrorisme en soutenant celles et ceux qui ont été blessés et déplacés et en les aidant à panser leurs blessures.  C’est en leur nom – et en mémoire de celles et ceux qui ont perdu la vie à cause du terrorisme et de l’extrémisme violent – que nous poursuivrons notre travail pour mettre fin à ce fléau, une fois pour toutes. 

Merci au Conseil et à tous les États Membres de nous soutenir dans cet effort essentiel en Afrique et au-delà. 

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