En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/21737

Remèdes de M. Guterres contre la surconsommation « vampirique » de l’eau: combler les lacunes, investir, renforcer la résilience et l’action pour le climat

On trouvera ci-après le discours du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, à New York, aujourd’hui:

Je remercie les Pays-Bas et le Tadjikistan pour leur organisation conjointe, et je remercie le Président de l’Assemblée générale pour son rôle décisif.

L’eau est la sève de l’humanité.  Que ce soit pour la nourriture que nous mangeons.  Les écosystèmes et la biodiversité qui enrichissent notre monde.  La prospérité qui fait vivre les nations.  Les moteurs économiques que sont l’agriculture, l’industrie et le secteur énergétique.  Ou notre santé, notre hygiène et notre survie même. 

L’eau est un droit humain – et elle est à la base de tout effort de développement tendant à façonner un avenir meilleur.  Mais l’avenir de l’eau est compromis.  Nous drainons l’humanité de sa substance vitale par la surconsommation vampirique et l’utilisation non durable que nous faisons de l’eau, et nous provoquons son évaporation en réchauffant la planète.

Nous avons brisé le cycle de l’eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines.  Près de trois catastrophes naturelles sur quatre sont liées à l’eau.  Une personne sur quatre vit sans services d’eau gérés de manière sûre ou sans eau potable.  Plus de 1,7 milliard de personnes ne disposent pas de systèmes d’assainissement de base.  La défécation en plein air est une réalité pour un demi-milliard de personnes.  Et des millions de femmes et de filles consacrent chaque jour plusieurs heures à la corvée d’eau. 

Je vois quatre grands domaines d’accélération des résultats et changer la situation actuelle.  Premièrement, il faut combler les lacunes en matière de gestion de l’eau.  Les pouvoirs publics doivent élaborer et mettre en œuvre des plans visant à garantir un accès équitable à l’eau pour toutes et tous, tout en préservant cette précieuse ressource. 

J’invite également les pays à travailler ensemble, par-delà les frontières, pour gérer l’eau conjointement.  De l’époque où j’étais Premier Ministre du Portugal, l’une des réalisations dont je suis le plus fier est la signature, il y a 25 ans, de la Convention d’Albufeira sur la gestion de l’eau avec l’Espagne.  Cette convention est toujours en vigueur aujourd’hui.  Des initiatives similaires existent en Bolivie, au Pérou et ailleurs.  Je demande aussi instamment à tous les États Membres d’adhérer à la Convention sur l’eau des Nations Unies et de l’appliquer. 

Deuxièmement, il faut investir massivement dans les systèmes d’eau et d’assainissement.  Les propositions en faveur de la relance des objectifs de développement durable et de réformes de l’architecture financière mondiale visent à accroître l’investissement dans le développement durable.  Les institutions financières internationales devraient réfléchir à de nouveaux moyens de développer les solutions de financement et accélérer la réaffectation des droits de tirage spéciaux.  Et les banques multilatérales de développement devraient continuer de multiplier leurs placements dans des projets liés à l’eau et à l’assainissement afin de venir en aide aux pays qui en ont désespérément besoin. 

Troisièmement, il faut faire de la résilience une priorité.  Nous ne pouvons pas faire face à cette urgence du XXIe siècle avec des infrastructures d’un autre âge.  Cela demande d’investir dans des canalisations, des infrastructures de distribution d’eau et des stations d’épuration qui soient résilientes face aux catastrophes.  Cela nécessite de nouveaux moyens de recycler et de conserver l’eau. 

Cela implique des systèmes alimentaires intelligents, qui protègent le climat et la biodiversité en réduisant les émissions de méthane et la consommation d’eau.  Cela requiert d’investir dans un nouveau système d’information mondial qui permette de prévoir en temps réel les besoins en eau.  Cela signifie que chaque personne dans le monde bénéficie de dispositifs d’alerte rapide contre les phénomènes climatiques ou météorologiques dangereux.  Et cela nécessite d’envisager de nouveaux partenariats public-privé dans le cadre de nos activités.

Et quatrièmement, il faut lutter contre les changements climatiques.  L’action climatique et un avenir durable de l’eau sont indissociables.  Nous ne devons ménager aucun effort pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius et répondre aux attentes des pays en développement en matière de justice climatique.

J’ai proposé au G20 un Pacte de solidarité climatique par lequel tous les grands émetteurs redoublent d’efforts pour réduire leurs émissions, et les pays les plus riches mobilisent des ressources financières et techniques pour soutenir la transition des économies émergentes.  En début de semaine, j’ai présenté un plan visant à intensifier les efforts pour parvenir à ce Pacte de solidarité climatique, grâce à un programme d’Accélération et la pleine mobilisation de tous vers la réduction des émissions.  Nous n’avons pas une minute à perdre.

Cette conférence est bien plus qu’une conférence sur l’eau.  C’est une conférence sur le monde contemporain, vu sous l’angle de sa ressource la plus importante.  Cette conférence doit marquer un progrès décisif –un changement radical–, pour amener les États Membres et la communauté internationale non seulement à bien comprendre que l’eau est d’une importance vitale pour la viabilité de notre monde et qu’elle est un outil de promotion de la paix et de la coopération internationale, mais aussi à prendre les mesures qui s’imposent à cet effet. 

De l’eau en tant qu’élément essentiel de l’économie et des politiques à la reconnaissance de l’eau et de l’assainissement en tant que droits humains.  De l’intégration des politiques relatives à l’eau et au climat à une approche novatrice de l’utilisation de l’eau dans la production alimentaire.  Le moment est venu de prendre des engagements décisifs pour donner vie au programme d’action pour l’eau.

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