Vingt-deuxième session,
13e séance plénière – après-midi
DH/5479

L’Instance permanente exhorte à placer les conceptions autochtones de la santé au cœur du Programme 2030

L’Instance permanente sur les questions autochtones a achevé, cet après-midi, sa vingt-deuxième session en adoptant par consensus et tel qu’oralement amendés plusieurs projets de rapport par lesquels elle exhorte les États Membres et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à reconnaître que les conceptions autochtones de la santé humaine et de la santé de la planète doivent se retrouver au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Point d’orgue de cette session consacrée aux « Peuples autochtones, santé humaine, santé de la planète et des territoires et changements climatiques: une démarche fondée sur les droits », le discours du Président de l’Instance a rendu un vibrant hommage aux peuples autochtones et à leur conception du monde, qui ignore notamment la séparation entre nature et culture. 

Parmi ses recommandations en lien avec la santé, l’Instance permanente appelle l’OMS à créer un organe consultatif de haut niveau composé de représentants des peuples autochtones afin de guider ses travaux sur la santé humaine et la santé de la planète.  De même, elle demande aux États Membres de mettre en place des plans spéciaux pour améliorer la santé des peuples autochtones, y compris la santé sexuelle et reproductive des femmes autochtones. 

En ce qui concerne la Décennie internationale des langues autochtones 2022-2032, l’Instance permanente demande aux États Membres de fournir d’urgence un soutien et des ressources suffisants et adaptés pour la promotion des langues autochtones, en mettant l’accent sur les initiatives dirigées par les peuples autochtones. 

Elle recommande également qu’ONU-Femmes réalise une étude sur les conséquences de la colonisation sur les droits des femmes et des filles autochtones dans l’objectif de recenser les domaines d’action pour faire progresser la mise en œuvre de la recommandation générale N°39 (2022) du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes sur les droits des femmes et des filles autochtones. 

De même, l’Instance permanente recommande que les États coloniaux, d’autrefois et d’aujourd’hui, offrent des voies de recours et des réparations aux peuples autochtones touchés.  Elle appelle également les États Membres, en tant que débiteurs d’obligations, à veiller à ce que les entités du secteur privé respectent les droits des peuples autochtones dans le cadre de leurs politiques de protection et de diligence raisonnable. 

Au titre de ses six domaines d’action (développement économique et social, culture, environnement, éducation, santé et droits humains), outre la garantie de l’accès des peuples autochtones aux médias, l’Instance demande à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle de garantir la participation pleine et effective des peuples autochtones aux réunions portant sur un instrument juridique international relatif à la propriété intellectuelle, aux ressources génétiques et aux savoirs traditionnels qui y sont associés. 

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’OMS sont appelées pour leur part à élaborer des notes d’orientation sur les risques liés à l’utilisation des pesticides dans les territoires des peuples autochtones, en consultation avec ces derniers. 

L’Instance exhorte en outre les États, les peuples autochtones et les entreprises à élaborer conjointement des normes nationales pour la prise en compte des droits des peuples autochtones dans le développement du secteur privé et à promouvoir les partenariats public-privé, le cas échéant. Elle demande par ailleurs que les débats du prochain sommet visant à renouveler l’Organisation du Traité de coopération amazonienne, qui doit se tenir au Brésil en août 2023, associent pleinement les peuples autochtones de la région de l’Amazonie à l’élaboration d’un document d’orientation qui tienne compte de leur situation, notamment des activités illégales transfrontalières et de la criminalité organisée. 

Pour ce qui est de ses travaux futurs, l’Instance permanente recommande qu’en 2025, l’Assemblée générale convoque une réunion plénière de haut niveau dite « Conférence mondiale sur les peuples autochtones + 10 » afin d’évaluer les progrès accomplis dans la suite donnée aux engagements pris dans le document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones. 

Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Instance permanente, M. Darío José Mejía Montalvo (Colombie), a dénoncé les menaces qui pèsent à l’encontre des défenseurs des droits des peuples autochtones y compris les femmes.  Il a également regretté que certains États ne reconnaissent pas les peuples autochtones.  Ces derniers souffrent de discriminations persistantes, a-t-il dit, évoquant les « récits terrifiants » entendus lors de cette session sur les enfants autochtones incarcérés. 

De plus, il est inacceptable de dire, comme l’a fait le délégué d’un État, que parler de la situation des peuples autochtones pourrait avoir un effet aggravant, a encore dénoncé le Président qui a jugé fondamental d’assurer le suivi des actes de violence perpétrés contre les peuples autochtones.  Le Président a par ailleurs insisté sur la nécessité que les peuples autochtones ne soient pas mis sur le même pied d’égalité que les communautés locales, souhaitant en outre que davantage d’espaces de prise de décision soient ouverts à ces peuples. 

Dressant le bilan de ces deux semaines de travaux, marquées par des « interventions de très haut niveau », notamment celle du Président de la Colombie et des représentants des peuples autochtones de toutes les zones socioculturelles, il a déclaré que « dans cette grande maison du monde, nous avons montré ce qu’est l’espoir lorsqu’il se pare de couleurs ». 

La session s’est achevée par deux performances rituelles. 

Les recommandations de l’Instance, dont la vingt-troisième session devrait se tenir au Siège de l’ONU du 15°au 26°avril 2024, seront transmises au Conseil économique et social (ECOSOC) pour approbation finale.

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