Le Secrétaire général tient sa conférence de fin d’année, « déterminé » à faire de 2023 une année de paix et d’action
Notre monde est soumis à de nombreuses épreuves connues ou inimaginables, il y a seulement un an. C’est par ces mots que le Secrétaire général de l’ONU « plus que jamais déterminé à faire de 2023 une année de paix et d’action » a commencé sa conférence de presse de fin d’année.
Combatif, M. António Guterres, qui a annoncé la convocation, l’année prochaine, du Sommet de l’ambition climatique pour nouer un pacte sur la solidarité climatique, a déclaré: discrètement mais toujours avec détermination, nous lutterons pour promouvoir la paix et la sécurité, faire avancer les objectifs de développement durable, atténuer les inégalités, réformer un système financier international en « faillite morale » et veiller à ce que toute personne puisse exercer ses droits, alors que sonnera le soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le Secrétaire général, qui a brossé un tableau décourageant de l’état actuel du monde, a dénoncé les divisions géopolitiques qui compliquent voire rendent impossible le règlement des problèmes, la crise du coût de la vie ou encore l’aggravation des inégalités. La plupart des pays les plus vulnérables, a-t-il fait observer, sont condamnés au « couloir de la mort » par une dette dont les services ont augmenté de 35%, soit la plus grande hausse depuis plusieurs décennies.
Devant ces défis, a avoué le Secrétaire général, l’on serait tenté de baisser les bras et de renoncer à la diplomatie. Mais il faut au contraire faire preuve de détermination et d’espoir parce que nous travaillons à des mesures, qui sans être parfaites ni toujours agréables, apportent des solutions pratiques capables de faire la différence.
Le Secrétaire général a dit avoir constaté ces derniers mois, la renaissance de la diplomatie, citant les efforts de l’Union africaine en Éthiopie et ceux de l’Angola et de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (CEA) en République démocratique du Congo (RDC). Il a aussi cité le succès de la trêve au Yémen et même, a-t-il affirmé, dans la guerre brutale en Ukraine, nous avons pu constater le pouvoir d’une diplomatie « discrète et résolue » pour s’attaquer aux niveaux sans précédent d’insécurité alimentaire.
Malgré les problèmes, s’est expliqué le Secrétaire général, l’Initiative céréalière de la mer Noire et le Mémorandum d’accord pour les exportations russes ont fait la différence: plus de 14 millions de tonnes de céréales et autres produits alimentaires ont été exportés des ports de la mer Noire en Ukraine et les exportations russes de blé ont été multipliées par trois. Le blé exporté à partir de la mer Noire est surtout aller dans les économies en développement comme en Afghanistan, en Éthiopie, en Somalie et au Yémen. L’Indice des prix des denrées alimentaires de la FAO a baissé pour le huitième mois consécutive, d’environ 15%.
Mais, a admis le Secrétaire général, il faut faire beaucoup plus. Nous allons continuer d’appuyer la pleine mise en œuvre de ces initiatives, tout en poursuivant les efforts pour rétablir la paix en Ukraine. Sollicité par un journaliste, M. Guterres a dit être au courant des rumeurs sur l’éventualité de nouvelles offensives. Ma position est claire, a-t-il répondu: il ne peut y avoir de solutions militaires mais il est important que toute solution soit conforme à la Charte des Nations Unies et au droit international qui consacrent le respect de l’intégrité territoriale des États et interdisent le recours à la force pour la changer.
Le Secrétaire général a fait part d’un certain pessimisme quant à la possibilité, dans l’immédiat, de tenir des pourparlers de paix. Nous devrons attendre et nous essayerons de nous montrer utiles et d’offrir des plateformes de dialogue, avec le ferme espoir qu’en 2023, le rétablissement de la paix sera effectif en Ukraine.
Cette guerre, a fait remarquer le Secrétaire général, a démontré l’énorme valeur de l’action humanitaire menée par l’ONU et ses agences car ce qui a été fait pour minimiser les souffrances du peuple ukrainien est « tout simplement remarquable ». Certes, a concédé un journaliste, mais la partie russe ne cesse de critiquer l’Initiative céréalière de la mer Noire qui semble s’appliquer au détriment du Mémorandum d’accord.
Notre réponse aux critiques, a répondu le Secrétaire général, c’est l’action. Il a rappelé la décision prise en étroite coopération avec le Conseil européen pour mettre en place des dérogations en faveur des entreprises russes exportatrices de produits alimentaires et d’engrais et exprimé son ferme engagement à veiller à ce que le Mémorandum d’accord soit effectivement mis en œuvre.
M. Guterres a ensuite abordé la question des changements climatiques et de la biodiversité. Même si le monde se dirige toujours dans la mauvaise direction, nous continuons de lutter pour que les économies émergentes renoncent au charbon et se lancent dans la révolution des énergies renouvelables, a-t-il dit. Il a salué le partenariat sur une transition énergétique juste lancé par l’Afrique du Sud, l’Indonésie, et la semaine dernière, par le Viet Nam.
Nous luttons aussi, a-t-il poursuivi, pour restaurer la confiance entre le Nord et le Sud. Par exemple, a-t-il répondu à une journaliste, la question essentielle qui gêne les Africains est celle de l’injustice liée à la croissance spectaculaire des inégalités. Les pays africains, a-t-il estimé, n’ont pas bénéficié d’une distribution correcte des vaccins et des droits de tirage spéciaux. Ils attendent toujours des mécanismes effectifs d’allègement de la dette, dans un contexte de hausse exponentielle des prix des engrais et des denrées alimentaires, sans compter les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement. Il y a une énorme frustration dans le monde en développement et la seule façon de rétablir la confiance, c’est de corriger les erreurs.
Le Secrétaire général s’est attardé sur la « percée » qu’ont été les avancées de la COP27 sur la question des « pertes et dégâts ». Nous luttons également pour sortir du brouillard de l’écoblanchiment, a-t-il ajouté, en rappelant que cette année, le Groupe d’experts de haut niveau a lancé un guide sur une mise en œuvre crédible des promesses liées à l’objectif zéro émission par les entreprises, les investisseurs, les villes et les régions.
Nous luttons pour protéger l’humanité des catastrophes climatiques et les écosystèmes naturels, a encore dit le Secrétaire général. Il a attiré l’attention sur le lancement cette année, d’un plan d’action pour que chaque personne dans le monde puisse s’appuyer sur des systèmes d’alerte rapide d’ici à cinq ans. M. Guterres a promis de continuer de promouvoir un pacte de solidarité climatique en vertu duquel tous les pays feront un peu plus d’efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il a annoncé la convocation en septembre 2023 du Sommet de l’ambition climatique, exigeant une action nouvelle, sérieuse, crédible et assortie de solutions ancrées dans la nature.
Il n’y aura pas de place, a-t-il prévenu, pour les reculs, l’écoblanchiment, les accusations ou la répétition d’anciennes annonces. Nous ne pouvons tout simplement pas accepter le statu quo, a-t-il martelé.
Invité à revenir sur la question des droits de l’homme, le Secrétaire général a dit avoir dénoncé auprès des autorités iraniennes le traitement inacceptable des manifestants. J’ai aussi été très clair, a-t-il rappelé, sur le sort des Palestiniens et sur le fait qu’il n’y pas de plan B à la solution des deux États.
Un homme qui a plus de 2 millions de « followers » sur Twitter ne pouvait échapper à une question sur une possible rencontre avec Elon Musk. Le Secrétaire général a répondu que la question n’est pas là. Elle concerne plutôt l’existence de règles « claires » sur la responsabilité dans les réseaux sociaux.
L’intégralité de la conférence de la presse est disponible sur le site du Porte-parole du Secrétaire général http://www.un.org/sg/en/spokesperson