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SG/SM/21622

Droit de la mer: le Secrétaire général invite à relever les ambitions en s’appuyant sur la Convention des Nations Unies qui fête ses 40 ans

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée à l’Assemblée générale des Nations Unies à l’occasion du 40e anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, à New York, aujourd’hui:

L’océan, c’est la vie.  L’océan, c’est aussi ce qui fait vivre.  L’océan lie l’humanité à travers l’histoire et les cultures.  Qu’il s’agisse de l’air que nous respirons, de l’atmosphère qui permet à la vie d’exister, de l’économie des océans qui emploie quelque 40 millions de personnes, ou encore des espèces qui vivent dans l’océan. 

Il y a 40 ans, le monde a pris la décision essentielle de régir et de gouverner l’océan et ses mers.  Aujourd’hui, nous sommes réunis pour fêter le 40e anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Son acceptation quasi universelle traduit bien l’importance fondamentale que revêt, pour les pays du monde entier, cette convention historique, ainsi que son cadre juridique et ses instruments connexes. 

Il s’agissait d’assurer la viabilité, la conservation et la gestion des pêches dans le monde; de protéger et de préserver le milieu marin; de définir les limites extérieures du plateau continental au-delà de 200 milles marins; de gérer durablement et équitablement les activités liées aux ressources minérales qui se trouvent dans la zone internationale des fonds marins; de créer le Tribunal international du droit de la mer et de veiller au règlement pacifique des différends. 

La Convention est aujourd’hui plus pertinente que jamais.  En effet, la situation est désastreuse.  De nos jours, 35% des pêches sont surexploitées dans le monde.  Le niveau de la mer augmente.  L’océan s’acidifie et étouffe à cause de la pollution.  Les récifs de corail, indispensables à la vie, sont en train de blanchir et de mourir.  Des inondations catastrophiques menacent les villes côtières du monde entier. 

L’élévation du niveau de la mer provoque des difficultés énormes pour les petits États insulaires en développement et les populations côtières.  Et dans de trop nombreux cas, les personnes qui vivent de l’économie océanique ne bénéficient ni du soutien ni des conditions de travail sûres dont elles ont besoin et qu’elles méritent.  Il faut être plus ambitieux – pour l’océan et pour celles et ceux qui en sont tributaires. 

C’est ce à quoi nous invite la déclaration adoptée à la Conférence des Nations Unies sur les océans, qui s’est tenue cette année à Lisbonne.  Le 40e anniversaire de la Convention vient nous rappeler combien il importe de continuer à tirer parti de cet instrument majeur pour faire face aux défis d’aujourd’hui. 

Cela veut dire mettre en œuvre rapidement l’Accord sur les subventions à la pêche adopté il y a peu.  Cela veut dire poursuivre les travaux essentiels menés dans le cadre du Mécanisme de notification et d’évaluation systématiques, afin que toutes les décisions concernant l’océan se fondent sur les meilleures données scientifiques et les meilleures analyses économiques et sociales. 

Cela veut dire intégrer les connaissances traditionnelles des peuples autochtones et des populations locales à la Convention et aux autres instruments connexes.  Cela veut dire remédier à la crise due à la pollution plastique. 

Cela veut dire conclure l’année prochaine l’instrument sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale qui est en cours de négociation dans le cadre de la Convention.  Cet instrument, qui n’a que trop tardé à voir le jour, est indispensable au rétablissement de la santé, de la résilience et de la productivité des océans. 

Il est grand temps de mettre fin à la fausse dichotomie qui existe entre profit et protection de l’océan.  Si nous ne parvenons pas à protéger l’océan et ses mers, il n’y aura de profit pour personne. 

Les gouvernements –à tous les niveaux– devraient élaborer des lois et des politiques qui donnent la priorité à la protection et à la conservation – qu’il s’agisse d’approches de gestion des pêches fondées sur la conservation, d’extension des aires marines protégées, de solutions océaniques pour atteindre les objectifs climatiques, ou encore de réduire la pollution chimique et de nettoyer l’océan des déchets plastiques. 

Les industries et les investisseurs de l’économie des océans doivent placer la conservation, la protection et la résilience climatique au cœur de leurs plans d’activité, tout en s’engageant à créer des conditions de travail plus sûres. 

Et nous devons soutenir les pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement, qui cherchent à concilier l’objectif d’une économie côtière florissante et la nécessité de protéger et de préserver l’océan et ses mers pour les générations futures.  Cela demande notamment des avancées significatives dans la réalisation du Programme 2030, dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris pour le climat et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. 

Le moment est venu de relever nos ambitions tout en continuant à faire vivre les principes énoncés dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  À l’occasion de ce 40e anniversaire, j’encourage tous les États à devenir parties à cet instrument crucial et à faire tout leur possible pour en garantir la pleine application.  À chaque étape, vous pourrez compter sur l’ONU – nous travaillerons avec vous pour assurer la paix, la stabilité et la sécurité de l’océan et de ses mers.  Il s’agit là de cadeaux incroyables qu’il nous appartient de transmettre à la prochaine génération. 

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