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Conclusion de la COP27 à Charm el-Cheikh: le Secrétaire général pousse pour un pacte de solidarité climatique, défini par la justice et l’ambition

On trouvera, ci-après, la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à la conclusion de la vingt-septième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), à Charm el-Cheikh, Égypte, aujourd’hui:

Je remercie nos hôtes –le Gouvernement égyptien et le Président de la COP27, Sameh Shoukry– pour leur hospitalité.

Je tiens également à remercier Simon Stiell et l’équipe des Nations Unies sur les changements climatiques pour tous leurs efforts.

Et je rends hommage aux délégués et aux membres de la société civile qui sont venus à Charm el-Cheikh pour pousser les dirigeants à une véritable action climatique.

C’est ce dont nous avons besoin.

La COP27 s’est déroulée non loin du mont Sinaï, un site central pour de nombreuses religions et pour l’histoire de Moïse, ou Musa.

Cela est opportun.  Le chaos climatique est une crise aux proportions bibliques.

Les signes sont partout.  Au lieu d’un buisson ardent, nous sommes face à une planète brûlante.

Depuis le début, cette conférence a été guidée par deux thèmes primordiaux: la justice et l’ambition.  Justice pour ceux qui sont en première ligne et qui ont si peu contribué à la crise – y compris les victimes des récentes inondations au Pakistan qui ont inondé un tiers du pays.  Ambition de maintenir la limite de 1,5 degré et d’éloigner l’humanité du précipice climatique.

Cette COP a fait un pas important vers la justice.

Je salue la décision de créer un fonds pour les pertes et dommages et de le rendre opérationnel dans la période à venir.

Il est clair que cela ne suffira pas, mais c’est un signal politique indispensable pour reconstruire la confiance brisée.

Les voix de ceux qui sont en première ligne de la crise climatique doivent être entendues.

Le système des Nations Unies soutiendra cet effort à chaque étape du processus.

La justice devrait également signifier plusieurs autres choses:

Tenir enfin la promesse longtemps retardée de 100 milliards de dollars par an de financement climatique pour les pays en développement;

Clarté et une feuille de route crédible pour doubler le financement de l’adaptation;

Changer les modèles commerciaux des banques multilatérales de développement et des institutions financières internationales.

Elles doivent accepter davantage de risques et mobiliser systématiquement des financements privés pour les pays en développement à des coûts raisonnables.

Mais soyons clairs.

Notre planète est toujours aux urgences.

Nous devons réduire considérablement les émissions maintenant - et c’est une question que cette COP n’a pas abordée.

Un fonds pour les pertes et dommages est essentiel -mais ce n’est pas une réponse si la crise climatique raye un petit État insulaire de la carte- ou transforme tout un pays africain en désert.

Le monde a encore besoin de faire un pas de géant vers l’ambition climatique.

La ligne rouge que nous ne devons pas franchir est la ligne qui fait passer notre planète au-dessus de la limite de température de 1,5 degré.

Pour espérer rester à 1,5, nous devons investir massivement dans les énergies renouvelables et mettre fin à notre dépendance aux énergies fossiles.

Nous devons éviter une ruée vers l’énergie dans laquelle les pays en développement finiront les derniers - comme cela a été le cas dans la course aux vaccins contre la COVID-19.

Mettre les bouchées doubles sur la consommation de combustibles fossiles représente un double problème.

Les partenariats pour une transition énergétique juste sont des voies importantes pour accélérer l’élimination progressive du charbon et le développement des énergies renouvelables.

Mais nous avons besoin de beaucoup plus.  C’est pourquoi je pousse si fort pour un pacte de solidarité climatique.

Un pacte dans lequel tous les pays fournissent un effort supplémentaire pour réduire les émissions au cours de cette décennie, conformément à l’objectif de 1,5 degré.

Et un pacte pour mobiliser -avec les institutions financières internationales et le secteur privé- un soutien financier et technique en faveur des grandes économies émergentes pour accélérer leur transition vers les énergies renouvelables.

C’est essentiel pour garder la limite de 1,5 degré à portée de main - et pour que chacun joue son rôle.

La COP27 se conclut avec beaucoup de devoirs à faire et peu de temps.

Nous sommes déjà à mi-chemin entre l’Accord de Paris sur le climat et l’échéance de 2030.

Tout le monde doit être sur le pont pour faire avancer la justice et l’ambition.

Cela inclut également l’ambition de mettre fin à la guerre suicidaire contre la nature qui alimente la crise climatique, conduit les espèces à l’extinction et détruit les écosystèmes.

La Conférence des Nations Unies sur la biodiversité du mois prochain est le moment d’adopter un cadre mondial ambitieux pour la biodiversité pour la prochaine décennie, en tirant parti de la puissance des solutions fondées sur la nature et du rôle essentiel des communautés autochtones.

Enfin, la justice et l’ambition exigent la voix essentielle de la société civile.

La source d’énergie la plus vitale au monde est le pouvoir des personnes.

C’est pourquoi il est si important de comprendre la dimension des droits de l’homme de l’action climatique.

Les défenseurs du climat -menés par la voix morale des jeunes- ont fait avancer l’agenda pendant les jours les plus sombres.

Ils doivent être protégés.

À tous, je dis que nous partageons votre frustration.  Mais nous avons plus que jamais besoin de vous.

Contrairement aux récits de la péninsule du Sinaï, nous ne pouvons pas attendre un miracle au sommet d’une montagne.

Il faudra que chacun d’entre nous combatte dans les tranchées chaque jour.

Ensemble, ne capitulons pas dans la lutte pour la justice climatique et l’ambition climatique.

Nous pouvons et devons gagner cette bataille pour nos vies.

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