En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/21134

Le Secrétaire général assure l’Union africaine du soutien de l’ONU à l’heure où s’allument quatre moteurs de redressement: vaccins, investissements, reprise verte et paix

On trouvera, ci-après, le texte du message vidéo adressé par le Secrétaire général à l’occasion de la trente-cinquième Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine:

Je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à cette Conférence – et d’accueillir la Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies, Mme Amina Mohammed, qui me représente en personne.

L’Afrique est un foyer d’espoir.  Cela fait vingt ans que l’Union africaine contribue à donner vie à cet espoir afin de permettre au continent de réaliser son énorme potentiel. 

De la Zone de libre-échange continentale africaine... au lancement récent de la Décennie de l’inclusion financière et économique des femmes africaines... en passant par l’accent mis, lors du Sommet de cette année, sur la transformation des systèmes alimentaires et agricoles. 

La coopération entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies est plus forte que jamais.  Il en va de même de notre engagement commun en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, qui constitue un pilier central de notre partenariat.  

Votre vision commune et votre unité d’action sont plus que jamais nécessaires.  Nous vivons une époque difficile.  L’injustice est profondément ancrée dans les systèmes mondiaux, et les Africains en payent le plus lourd tribut. 

En raison de la distribution inégale des vaccins contre le COVID-19, le taux de vaccination des habitants des pays à revenu élevé est sept fois supérieur à celui des populations des pays d’Afrique. 

Un système financier mondial en faillite morale a abandonné les pays du Sud, privant les populations africaines des investissements nécessaires, limitant les perspectives de croissance et enfermant les pays dans une spirale de dettes et de taux d’intérêt exorbitants. 

La guerre menée contre la nature et l’insuffisance de l’action climatique frappent le plus durement les plus vulnérables. 

Les inégalités immorales qui étouffent l’Afrique alimentent les conflits armés, les tensions politiques, économiques, ethniques et sociales, les atteintes aux droits humains, la violence à l’égard des femmes, le terrorisme, les coups d’État militaires et un sentiment d’impunité. 

Des dizaines de millions de personnes sont déplacées sur tout le continent. 

Et les institutions démocratiques sont en péril.  Notre monde a besoin de solidarité.  Vous pouvez compter sur moi –et sur la famille des Nations Unies– pour soutenir l’Afrique à l’heure où nous allumons quatre moteurs de redressement. 

Premièrement, nous devons propulser les vaccins et la vaccination pour toutes et pour tous. 

Je salue votre leadership dans la création de l’Équipe spéciale africaine d’acquisition de vaccins –l’AVATT– et d’autres mécanismes qui ont permis de fournir plus de 34 millions de doses de vaccin contre le COVID-19 sur l’ensemble du continent. 

Je me félicite également de l’annonce récente sur la production de vaccins ‑dès cette année‑ en Afrique du Sud et dans d’autres pays africains. 

Je demande à tous les pays développés et à tous les fabricants de se rallier à la cause de l’Équipe spéciale AVATT et au Mécanisme COVAX.  

Je les invite instamment à créer les conditions nécessaires pour que le nombre de pays africains capables de produire des tests, des vaccins et des traitements (en Afrique) se multiplie – notamment en réglant les problèmes de propriété intellectuelle et en fournissant l’appui technique et financier nécessaire. 

Je leur demande également de se préparer à la prochaine flambée épidémique en investissant dans les soins primaires... dans les vaccinations de routine qui sauvent des vies... dans la surveillance de la santé publique… et en soutenant l’action menée par des institutions éminentes telles que le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies. 

Deuxièmement, nous devons lancer le moteur de la reprise économique en réformant le système financier mondial. 

Pour réaliser les Objectifs de développement durable, il faut soutenir des investissements massifs dans des systèmes de santé et d’éducation solides... dans la création d’emplois, notamment dans les secteurs de l’économie verte et des soins à la personne... et dans la protection sociale universelle, l’égalité des genres et les perspectives d’avenir pour les jeunes. 

Mais pour l’Afrique, les dés sont pipés.  En Afrique subsaharienne, la croissance économique cumulée par habitant pour les cinq prochaines années est égale au quart de ce qu’elle est dans le reste du monde.   

Nous devons accélérer les investissements en faveur du continent.  Nous devons mobiliser de réels moyens d’investissement, notamment en réorientant les droits de tirage spéciaux vers les pays qui ont besoin d’un soutien immédiat... en réformant l’architecture de la dette internationale pour l’avenir... en renforçant les formes de soutien concessionnelles... et en veillant à ce que les pays dont les fondations économiques sont saines ne soient pas indûment pénalisés par les marchés et les instituts de notation.  

Et nous devons alimenter l’immense promesse dont est porteur l’Accord de libre-échange continental. 

Troisièmement, nous devons lancer le moteur d’une reprise verte sur l’ensemble du continent.  L’Afrique ne contribue qu’à hauteur de 3 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre.  Mais c’est là que se font sentir nombre des répercussions les plus graves des changements climatiques. 

Pour faire face à la tragique réalité d’aujourd’hui, nous devons donner une impulsion décisive au financement de l’adaptation aux changements climatiques et de l’atténuation de leurs effets sur le continent. 

L’engagement pris à Glasgow de doubler le financement de l’adaptation ‑ actuellement de 20 milliards de dollars‑ doit être honoré. 

Mais cela ne suffit pas.  Il faut revoir les systèmes d’accès et d’éligibilité pour permettre aux pays en développement d’obtenir les financements dont ils ont besoin en temps voulu. 

Je félicite les États membres de l’Union africaine de l’ambition dont ils ont fait preuve dans le cadre de leurs contributions déterminées au niveau national et salue l’adoption du programme de relance verte pour l’Union africaine. 

Je m’engage à collaborer avec la communauté internationale pour faire en sorte que les ambitions climatiques de l’Afrique se voient allouer les ressources, les financements et les technologies dont le continent a besoin pour accélérer le passage du charbon aux énergies renouvelables et créer de nouveaux emplois verts. 

Je demande aux pays les plus riches d’honorer, dès cette année, l’engagement pris envers les pays en développement de financer l’action climatique à hauteur de 100 milliards de dollars et de demander des comptes aux partenaires privés qui ont pris des engagements jusqu’à présent. 

Notre planète dépassera rapidement le seuil de température de 1,5 degré si toutes les grandes économies ne réduisent pas fortement leurs émissions au cours des dix prochaines années.  Nous sommes dans une situation d’urgence et toutes les énergies doivent être mobilisées. 

La COP 27, qui se tiendra en Égypte, représente une occasion pour l’Afrique et notre monde. 

Quatrièmement, nous devons lancer le moteur de la paix dans toute l’Afrique.  Les conflits et la violence ont de nombreuses racines, parmi lesquelles les inégalités économiques, la concurrence pour des ressources rares et les tensions ethniques et religieuses.  

Les États africains sont fiers d’être multiethniques, multireligieux et multiculturels.  La raison d’être de l’Union africaine est de montrer que les peuples peuvent coexister, voire s’épanouir, en travaillant main dans la main. 

Pour cela, il faut des structures inclusives et participatives qui embrassent cette diversité dans toute sa richesse, et une gouvernance qui soit au service de toutes et de tous.  

Nous devons renforcer les plateformes d’inclusion, en particulier pour les jeunes africains, qui ont besoin de connectivité pour accéder à l’information, à la communication, à l’éducation et à l’emploi. 

L’ONU est déterminée à collaborer avec l’Union africaine pour faire en sorte que les structures de gouvernance soient plus démocratiques et plus ouvertes, et que les populations aient davantage confiance dans leurs institutions. 

Cela exige une volonté politique forte de toutes les parties.  L’engagement commun que nous avons pris récemment de promouvoir une évaluation stratégique conjointe de la sécurité au Sahel pour améliorer notre action collective en est un exemple. 

Je renouvelle mon appel à la cessation des hostilités, à la facilitation de l’accès humanitaire et à un dialogue national inclusif en Éthiopie, siège de l’Union africaine et pays essentiel à la stabilité de l’Afrique. 

Et je m’engage à exercer pleinement mes bons offices pour faire taire les armes sur l’ensemble du continent.  Qu’il s’agisse de nos forces hybrides et programmes conjoints, du renforcement des processus électoraux et des transferts pacifiques de pouvoir, des mesures de maintien et de consolidation de la paix des Nations Unies, de notre engagement à soutenir des forces et des interventions africaines robustes pour lutter contre le terrorisme dans toute l’Afrique, y compris des efforts que je fais pour que le Conseil de sécurité de l’ONU soutienne le financement prévisible des opérations de paix menées par l’Afrique. 

Dans mon rapport intitulé « Notre Programme commun », j’ouvre une nouvelle possibilité de repenser et de repositionner notre stratégie en matière de paix en Afrique et de veiller à ce que notre architecture de paix nous permette de faire face aux changements rapides que nous observons sur le continent et dans le reste du monde. 

Je vous encourage à rester mobilisés tandis que nous avançons ensemble dans l’exécution de ce Programme.  La voie de la paix n’est jamais facile.  Mais la paix est toujours nécessaire.  Continuons à travailler ensemble, sur la base d’une vision commune, avec et pour les peuples d’Afrique.  

Et donnons vie aux paroles de feu l’archevêque Desmond Tutu : « Mon humanité est liée à la vôtre, car nous ne pouvons être humains qu’ensemble ». 

Alors que la Conférence débute, sachez que l’ONU est fière d’être à vos côtés dans la lutte en faveur de l’équité et de la dignité, de la paix et de la justice pour toutes et tous. 

Solidaire et, comme toujours, guidée par un esprit d’humanité et d’espoir.

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