Cinquante-cinquième session.
Reunion virtuelle, matin
POP/1103

La Commission de la population et du développement examine sous l’angle des données le programme de travail du Secrétariat sur la démographie mondiale

À la veille de la clôture de sa cinquante-cinquième session, la Commission de la population et du développement a tenu, ce matin, une quatrième et dernière table ronde centrée cette fois sur le programme de travail du Secrétariat de l’ONU dans le domaine de la population, l’occasion pour les intervenants de présenter leurs priorités nationales en termes de données et de capacités.

Modérateur de cette discussion, M. John Wilmoth, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a souligné l’importance des propositions des experts nationaux convoqués par la Commission, lesquelles, a-t-il dit, se reflèteront dans le rapport 2022 de l’ONU sur les perspectives démographiques mondiales, qui sera publié en juin.  Il a indiqué que, dans cet esprit, la Division qu’il dirige a notamment intensifié ses travaux consacrés à l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les niveaux et les tendances de la fécondité et de la mortalité humaines.

La Commission se réunira à nouveau vendredi 29 avril à partir de 10 heures pour se prononcer sur des projets de texte avant de conclure cette session, dont le thème principal est cette année « Population et développement durable, en particulier une croissance économique soutenue et inclusive ».  Elle tiendra ensuite la première réunion de sa cinquante-sixième session aux seules fins d’élire les membres du Bureau.

EXECUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRETARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION - E/CN.9/2022/5, E/CN.9/2022/6

Table ronde d’experts nationaux sur le programme de travail en matière de population

Lors de cette table ronde animée par M. JOHN WILMOTH, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), les experts ont, à partir des leurs expériences nationales, évoqué l’intérêt que représentent pour eux les rapports publiés par la Division, en particulier le rapport sur les perspectives de la population mondiale dont la version 2022 sort en juin, et leur collaboration avec DESA.  Cette réflexion va dans le sens de l’affermissement des examens nationaux et de l’identification d’autres besoins en matière de renforcement des capacités aux niveaux régional et national, mais aussi de la pertinence des données statistiques et des analyses faites par la Division, en lien avec le travail démographique mené dans les pays des intervenants.

Mme ELKE LOICHINGER, Cheffe du Groupe de recherche sur la Dynamique démographique mondiale et régionale auprès de l’Institut fédéral de recherche démographique (BiB) à Wiesbaden en Allemagne, a expliqué que cet institut a pour tâche d’enquêter sur les causes et conséquences de l’évolution démographique en Allemagne.  Il relève du Ministère fédéral de l’intérieur et doit fournir des conseils politiques sur la base des recherches qu’il effectue dans des domaines comme la famille, la fécondité, la migration, le travail à distance ou l’espérance de vie.  L’Institut communique ces informations au grand public, notamment à travers son portail en ligne, mais également aux décideurs politiques, y compris à travers un déjeuner annuel avec eux.

Avec les départs à la retraite des babyboomers nés dans les années 50 et 60, Mme Loichinger s’attend à des déficits dans certains domaines et certains secteurs professionnels, ce qui soulève des questions de politique familiale.  Elle a notamment mis l’accent sur le rôle des femmes qui travaillent encore souvent à temps partiel en Allemagne et le vieillissement de la population et ce que cela implique pour le marché du travail.  Quant à la collaboration avec la Division de la population du DESA, l’institut allemand attend régulièrement son rapport sur les perspectives de population mondiale.  Dans le cadre de ses recherches, il utilise régulièrement les données et analyses fournies par la Division ainsi que les outils de visualisation qu’elle met à disposition.  À titre d’exemple, Mme Loichinger a dit s’être appuyée sur les travaux du groupe d’experts du DESA sur la COVID-19 et la fécondité.  Elle a insisté sur l’importance de tenir compte de l’hétérogénéité de la population dans les études et la collecte de données.  S’adressant à ses pairs, la haute responsable a souligné l’importance des investissements dans le capital humain, que ce soit dans la santé ou l’éducation.

Lui emboitant le pas, la Directrice générale du Centre chinois de recherche sur la population et le développement, Mme HE DAN, a expliqué que le recensement de la population de 2020 a donné un aperçu de la population chinoise et ses caractéristiques et de son évolution.  « Le taux de fécondité chinois s’est effondré », a-t-elle dit.  Il se situe à 1,3 en 2021, ce qui a surpris les experts du monde entier.  La population chinoise entre dans une phase de croissance zéro, et le Gouvernement y répond par un assouplissement de sa politique familiale.  La Chine s’attend à une reprise de la croissance démographique, a précisé Mme He.  Sur les questions migratoires, l’experte a expliqué que la population migrante chinoise représente 373 millions de personnes, ce qui est en hausse, et que la taille moyenne de la famille est désormais de 2,6 personnes, soit en contraction, dans un environnement de vieillissement de la population et d’un taux de fécondité bas.  Avec 1,3 milliard de personnes, les défis en termes de ressources et de services restent cependant immenses et le Gouvernement chinois a révisé la loi de la famille pour opter pour une politique de trois enfants par famille.  Par ailleurs il a misé sur le renforcement des soins pour les enfants de 0 à 3 ans et des aides aux familles qui ont deux ou trois enfants.  La Chine s’est également dotée de politiques pour le développement humain des personnes âgées afin d’améliorer les soins dont elles bénéficient et, sur une note positive, elle a réussi à éliminer la pauvreté extrême, s’est enorgueillie l’experte.  Répondant à une question sur les conséquences de la trajectoire démographique négative de la Chine, elle a dit que la date importait peu au final puisque le taux de croissance démographique de 0,7% permet d’anticiper les grandes modifications à venir.

Le Centre chinois, qu’elle dirige, s’appuie lui aussi sur le travail de la Division de la population, et notamment son rapport World population prospects (WPP), mais aussi sur les approches de la Division pour analyser les tendances démographiques en Chine.  Pour cela, le Centre a fait fond sur la démarche et les données récoltées par le DESA.  Comme le Centre s’intéresse aussi aux autres pays de la région de l’Asie du Sud-Est, Mme He a estimé que les travaux du DESA font autorité et sont une source précieuse.  Elle a évoqué le cas concret d’un logiciel pour faciliter l’analyse des données démographiques qui a été mis en place en collaboration avec la Division.  Elle a redit l’importance du volet soutien aux pays et renforcement de leurs capacités de la Division de la population.  C’est absolument crucial selon elle, et elle se réjouit d’avoir la possibilité d’un échange de vues avec la Division sur les tendances démographiques.  Comme Mme Loichinger, elle a encouragé la Division à se pencher sur l’impact de la COVID-19 sur la démographie et en particulier sur le taux de fécondité, en notant la tendance à la baisse de ce taux.  Alors que la Chine cherche à relancer son taux de fécondité, elle a appelé la Division à lui apporter son soutien, notamment pour ce qui est de sa base de données.

Mme MARGARET EDISON, Directrice du Département de la gestion de la population et du développement, à la Commission nationale de la population du Nigéria, a expliqué que cette Commission est la plus grande structure de ce type en Afrique et qu’elle s’apprête à mener le prochain recensement de population en 2023.  Cette Commission joue un rôle de conseiller auprès du Gouvernement sur les questions démographiques.  Elle formule les politiques nationales dans ce domaine et collabore avec tous les secteurs de la société, y compris la société civile.  La Commission est aussi une plateforme régionale qui regroupe sept États Membres.

Mme Edison a, elle aussi, salué le travail et le soutien apporté par la Division de la population du DESA, notamment ses rapports, ses projections et les données utiles en mettant en avant l’accessibilité de ces données, ce qui est capital pour les pays en développement.  La Commission nigériane s’est d’ailleurs beaucoup appuyée sur les données du DESA pour étayer ses travaux, a concédé Mme Edison.  Alors que l’Afrique est sur une bonne voie pour utiliser au mieux le dividende démographique, Mme Edison a souligné que cela passe par une baisse du taux de fécondité, et les données de la Division de la population sont fort utiles à cet égard.  Elle a notamment évoqué les travaux de la Division sur les grossesses des adolescentes de 10 à 14 ans et de 15 à 19 ans, un sujet « épineux » qui sera abordé dans le prochain rapport sur les perspectives de la population mondiale à paraître en juin 2022.  Les données sur la fécondité dans ces différents groupes d’âge sont essentielles et reflètent l’efficacité du travail mené au niveau de chaque pays en termes de prévention et de contraception.  Mme Edison a encouragé la Division de la population à se pencher sur l’urbanisation atypique au Nigéria, en expliquant que dans le cas de son pays, les personnes migrent vers les villes pour des questions de sécurité.  Dès lors, il serait intéressant d’en tenir compte puisque l’on s’écarte des facteurs traditionnels sur les transhumances humaines.

M. Wilmoth, en sa qualité de Directeur de la Division, lui, a expliqué que c’est la Division de la statistique qui soutient les pays dans leur collecte de données ciblées, alors que sa division a la charge de l’analyse de ces données.  Il a toutefois retenu l’intérêt de la dimension géographique dans la ventilation des données, en reconnaissant entre autres que cela permet de documenter les inégalités au sein des sociétés.  Rebondissant sur ce sujet, Mme Edison a évoqué la discrimination dans la scolarisation des enfants en fonction de l’endroit où ils vivent.

Le représentant de la Zambie a expliqué que 45% de la population zambienne a moins de 15 ans.  Revenant sur la planification familiale, il a également salué les travaux de la Division de la population et son soutien, en particulier technique, en soulignant l’importance du renforcement des capacités de la Zambie pour pouvoir faire des projections démographiques pertinentes.

Sur ce volet du travail de la Division, M. Wilmoth a expliqué que cela dépend de la demande des pays et peut être révisé à la hausse.  Compte tenu des ressources limitées, la Division cherche à optimiser sa collaboration avec les pays, et M. Wilmoth les a donc encouragés à contacter la Division pour établir des partenariats sur mesure.

Intervenant également ce matin, la représentante du Japon est revenue sur l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la fécondité et sur les travaux du groupe d’experts du DESA sur cette question.  Quant aux autres impacts de la pandémie, elle a souligné la baisse des morts liées à la grippe, aux pneumonies, aux accidents de la route et aux suicides en 2020, cette tendance ayant été observée quasiment dans tous les pays développés et probablement dans les pays en développement bien que les données ne soient pas disponibles.  Face à l’intérêt témoigné pour ce type d’études, M. Wilmoth a précisé qu’il existe cinq groupes de travail qui se consacrent aux répercussions de la COVID-19 sur la mortalité et la fécondité.

Malheureusement, des problèmes d’ordre technique n’ont pas permis l’interprétation de l’intervention du quatrième expert, M. EDUARDO RIOS-NETO, Président de l’Institut brésilien de statistique et de géographie, ni celle de l’Alliance Action by Churches.

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