L'Instance permanente sur les questions autochtones entend l’appel à la résistance d’une organisation amazonienne contre le « Gouvernement génocidaire » du Brésil
La troisième journée de travaux de l’Instance permanente sur les questions autochtones a été marquée par l’intervention, dans le cadre d’une discussion avec plusieurs titulaires de mandat, de la Coordination des organisations autochtones de l’Amazonie brésilienne (COIAB) qui a dénoncé l’inaction du Gouvernement brésilien face aux violations des droits des peuples autochtones par les industries extractives et accusé le Président du Brésil de « politique génocidaire » à l’égard des peuples autochtones qui ont choisi l’isolement comme mode de vie en Amazonie.
Le Gouvernement nie l’existence même des peuples autochtones qui ont choisi l’isolement comme mode de vie. Comme nos parents qui vivent isolés, et qui ont décidé de ne pas quitter la forêt, montrant au monde ce que signifie résister, nous continuerons à lutter contre ce gouvernement génocidaire, a clamé la représentante de la COIAB qui a indiqué que l’ONG a porté plainte pour non-respect de leurs droits.
Ces peuples doivent pouvoir appliquer leur droit à l’autodétermination, a dit M. Francisco Cali Tzai, Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones. De son côté, le Rapporteur spécial sur les substances toxiques et les droits de l’homme a affirmé « avoir alerté » le Gouvernement brésilien de la situation de ces peuples autochtones et des activités des entreprises extractives dans leurs aires géographiques, notamment en raison de l’importance de l’Amazonie dans le contexte climatique mondiale. M. Marcos A. Orellana a également dénoncé le fait que plusieurs gouvernements dont celui de la Colombie, refusent les missions des rapporteurs spéciaux qui examinent les abus dont souffrent les défenseurs de l’environnement.
Interpellé également par la représentante du peuple « taino » de Porto Rico dont les terres ancestrales sont données aux promoteurs immobiliers afin d’y construire des complexes résidentiels, le Rapporteur spécial sur les substances toxiques et les droits de l’homme a jugé important d’examiner cette situation avant de répondre à la demande du peuple inuit réclamant un traité international sur l’interdiction du plastic. C’est une question fondamentale, a estimé M. Orellana, expliquant que l’élimination du plastic est une étape fondamentale vers l’économie circulaire vitale pour les peuples autochtones. De son côté, le Mexique a demandé aux États de prendre des mesures réparatrices, précisant que son Président s’apprête à signer une loi de réparation en faveur des peuples autochtones du Mexique.
Il faut lancer un nouveau mécanisme pour réaliser les droits des peuples autochtones, et un suivi des indicateurs de la réalisation de la Convention 169 de l’OIT, a suggéré l’Équateur tandis que le Fonds pour le développement des peuples autochtones des Caraïbes a jugé fondamental de conjuguer les efforts interinstitutionnels pour garantir les droits des peuples autochtones. Pour la Bolivie, les États doivent promouvoir un mode plurinational et pluriculturel, défendre la Terre Mère et la volonté de vivre en harmonie avec la nature.
Le Chili a annoncé que les droits des peuples autochtones, leur vision du développement, leur mode de gouvernance et leur droit à l’autodétermination seront pris en compte dans la nouvelle Constitution qui est en cours d’élaboration.
La Suède a été interpellée par une organisation du peuple yaqui et par M. Aleksei Tsykarev, membre de l’Instance (Fédération de Russie), sur la non-exécution de l’accord de restitution et de rapatriement des objets rituels, suite à quoi la Présidente du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, Mme Megan Davis, a appelé les deux parties à appliquer l’accord en dépit de l’impasse.
À la question de l’Union européenne de savoir comment les entreprises pourraient mieux atténuer les risques sociaux et juridiques en obtenant le consentement libre, préalable et éclairé des peuples autochtones et par quel moyen prévenir les attaques contre les peuples autochtones et d’autres défenseurs des droits humains, le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones a appelé à la signature de la Convention 169 de l’OIT. Il faut aussi répondre aux causes des attaques contre les défenseurs des droits des peuples autochtones et traduire les auteurs d’abus en justice, a-t-il ajouté. De son côté, le Pacte des peuples autochtones asiatiques a appelé au respect du droit des organisations autochtones de faire des recommandations aux États dans le but de contrer les persécutions dont ils sont victimes.
L’Union des éleveurs de rennes de Yamal et la Fédération de Russie ont vanté les modes de vies des peuples autochtones et souligné l’importance de l’accès à Internet et aux technologies de communication. Le Congrès des peuples aborigènes a demandé au Canada de réviser sa politique envers les peuples autochtones, notant que ces derniers sont plus nombreux que les trois reconnus officiellement.
L’Estonie a condamné l’agression non justifiée de la Russie contre l’Ukraine, et s’est inquiétée de ses effets dévastateurs sur les peuples autochtones, déplorant par ailleurs le déclin du nombre de locuteurs de la langue finno-ougrienne en Russie. La Chine a suggéré pour sa part que le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones et le Mécanisme d’experts accordent la priorité à la jouissance des droits sociaux, économiques, culturels et politiques des peuples autochtones.
En début de séance, le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, la Présidente du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones et le Rapporteur spécial sur les substances toxiques et les droits de l’homme ont présenté leurs rapports d’activités respectives.
L’Instance poursuivra sa vingt et unième session demain, jeudi 28 avril, à partir de 9 heures.