Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 20 juin 2022
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
La Journée mondiale des réfugiés
La Journée mondiale est commémorée aujourd’hui sur le thème « Chacun. Partout. À tout moment. Toute personne a le droit de chercher refuge ». Dans son message, le Secrétaire général note qu’aujourd’hui, la population des réfugiés dans le monde a atteint un record et que la guerre en Ukraine a déclenché en Europe les mouvements de population les plus les importants et les plus rapides depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le Secrétaire général fait observer qu’avec les femmes, les enfants et les hommes qui fuient les conflits, le nombre total des déplacés de force a atteint les 100 millions, une sombre caractéristique de notre temps. Il souligne que le droit de chercher un refuge est un droit de l’homme fondamental et que les gens qui fuient la violence et les persécutions doivent pouvoir traverser les frontières en toute sécurité.
En prévision de la Journée mondiale, le Secrétaire général s’est rendu ce week-end auprès des familles réfugiées d’Iraq et d’Afghanistan qui vivent maintenant dans la ville de New York. Il s’est d’abord arrêté à Brooklyn puis dans le Queens.
Le Secrétaire général a rappelé que quand il dirigeait le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), cette population avait deux fois plus de chances de se réinstaller ailleurs. Il a voulu que davantage d’États ouvrent leur frontière aux demandeurs d’asile. Il a appelé chacun de nous à se montrer solidaire et à défendre l’intégrité du régime international de protection.
Pour sa part, M. Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a souligné que le monde a deux choix: s’unir pour inverser la tendance aux persécutions, à la violence et aux conflits ou accepter que l’héritage du XXIe siècle sera celui des déplacements forcés. Nous savons tous ce qui est la bonne et la plus intelligente chose à faire, a dit M. Grandi.
Réduction des rations alimentaires
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu que d’autres réductions de rations alimentaires sont imminentes maintenant que les besoins humanitaires des réfugiés se multiplient dans le monde entier et que les financements ont du mal à suivre. La division par deux des rations touche les trois quarts de tous les réfugiés aidés par le PAM en Afrique de l’Est. Ceux qui vivent en Éthiopie, au Kenya et au Soudan du Sud sont les plus touchés.
Limité par les contraintes financières, le PAM doit hiérarchiser ses plans pour aider d’abord les familles les plus vulnérables. Le Programme indique que ces décisions douloureuses laissent souvent les réfugiés sans aucune aide, alors que l’aide alimentaire fait la différence entre la vie et la mort. En 2021, le PAM aidait près de 10 millions de réfugiés dans le monde.
Ukraine
Les agences humanitaires indiquent que d’intenses combats ont été signalés pendant le week-end, dans des zones contrôlées ou pas par le Gouvernement des régions de Donetsk et Louhansk. À Donetsk, les combats et les explosions sont particulièrement intenses depuis vendredi dernier et si elles n’ont pu vérifier les chiffres, les agences humanitaires sur place et les autorités des deux parties indiquent que des dizaines d’habitations et d’écoles ont été détruites dans beaucoup d’endroits de part et d’autre de la ligne de contact. Comme les parties au conflit intensifient leurs opérations militaires à Donetsk, elles laissent derrière elles des dizaines de morts et de blessés parmi les civils, y compris dans les zones qui avaient jusqu’ici échappé à la guerre.
La situation est la même à Louhansk où les explosions, les frappes aériennes et les combats continueraient de rendre la vie extrêmement difficile à Sievierodonetsk, Lyssytchansk et autres endroits contrôlés ou pas par le Gouvernement. Les agences humanitaires indiquent que les populations piégées par les combats ont des besoins humanitaires urgents, étant donné que l’accès aux services de base, en particulier l’eau et les soins de santé, est limité, surtout à Sievierodonetsk et à Lyssytchansk.
Des frappes aériennes et des combats ont aussi été signalés pendant le week-end dans les régions du nord et du sud.
Les parties au conflit ont l’obligation de protéger les personnes et les infrastructures civiles. L’ONU les appelle à veiller à ce que les civils, qui subissent déjà d’immenses souffrances, soient non seulement épargnés mais qu’ils aient aussi la possibilité de recevoir de l’aide. Avec ses partenaires humanitaires, l’ONU est prête à étendre encore ses opérations mais il faut que les parties fassent leur part.
Syrie
Le Secrétaire général et le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, ont prévu d’intervenir, cet après-midi, au Conseil de sécurité, maintenant que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière autorisé par la résolution 2585, arrive à expiration.
Le Secrétaire général compte appeler les membres du Conseil de sécurité à préserver le consensus sur les opérations transfrontalières, en renouvelant la résolution pour une autre période de 12 mois.
M. Griffiths entend parler de la situation humanitaire en Syrie où 14,6 millions de personnes ont toujours besoin d’aide.
Conseil de sécurité
Ce matin, M. Nicholas Haysom, Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a répondu aux questions de la presse, après son intervention au Conseil de sécurité, lors de laquelle il a indiqué que dans les mois à venir, le Soudan du Sud aura besoin d’un leadership, de ressources et d’un engagement visible de ses dirigeants à assumer leurs responsabilités, en vertu de l’accord de paix, et à prendre les mesures nécessaires pour sortir le pays de la période de transition.
De son côté, Mme Ghada Eltahir Mudawi, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a prévenu que dans les graves problèmes économiques, les moteurs du conflit et les chocs climatiques ont donné lieu à une situation humanitaire difficile.
République démocratique du Congo (RDC)
La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a fermement condamné les nouvelles attaques du M23 contre ses positions à Shangi, dans la province du Nord-Kivu. La Mission a indiqué qu’hier et aujourd’hui, le M23 a effectué au moins neuf tirs de mortier directement contre sa base.
La Mission appuie toujours l’Armée congolaise dans sa lutte contre le M23 et pour la protection des civils affectés par les affrontements, conformément à son mandat et à la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme.
Alors que les chefs d’État du conclave sont réunis aujourd’hui au Kenya, Mme Bintou Keita, Cheffe de la MONUSCO, a réitéré son appui aux efforts nationaux et régionaux pour la paix et la stabilité dans l’est de la RDC, dont le processus de Nairobi.
Dans son message à l’occasion de la toute première Journée internationale de lutte contre les discours de haine, Mme Keita a condamné la multiplication de ce type de discours dans le contexte des attaques renouvelées du M23. Elle a réclamé que ceux qui se livrent à de tels comportements soient traduits en justice. Elle a souligné que les hommes et les femmes congolais ainsi que tous les peuples de la région des Grands Lacs doivent s’unir contre la violence et la haine.
Elle a aussi fait écho à l’appel du Secrétaire général pour que tous les groupes armés participent sans condition au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation, qu’ils déposent immédiatement les armes et rentrent, le cas échéant, dans leur pays d’origine.
Toujours à propos de la RDC, M. Bruno Lemarquis, Chef des opérations humanitaires dans le pays, a exprimé sa préoccupation face à l’escalade de la violence dans l’est.
Depuis le début de l’année, 11 sites de déplacés en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu ont été attaqués par des groupes armés. Dans la seule province de l’Ituri, plus de 200 déplacés ont été tués, ces neuf derniers mois.
Quinze centres de santé au moins et 58 écoles ont été la cible d’attaques armées cette année, et la moitié d’entre eux dans la province du Nord-Kivu.
Le Coordonnateur humanitaire prévient que les sites de déplacés ne sont plus les refuges qu’ils sont censés être. Le respect du droit international humanitaire est plus important que jamais.
Les besoins humanitaires augmentent mais l’insécurité et les ressources limitées compromettent les opérations de secours. Au moins 116 incidents impliquant directement des agents ou des biens humanitaires ont été signalés depuis le mois de janvier.
Le Plan de réponse humanitaire, qui cherche à collecter la somme de 1,88 milliard de dollars cette année, n’est financé qu’à hauteur de 20%.
Éthiopie
Le Secrétaire général condamne le meurtre de nombreux civils qui aurait été commis, ce week-end, à Oromiya. Il réitère son appel à la cessation de toutes les hostilités et exhorte tous les acteurs à veiller à la protection des civils. M. António Guterres exhorte aussi le Gouvernement éthiopien à prendre de toute urgence des mesures pour un règlement pacifique du conflit à Oromiya.
Mali
Dans une déclaration publiée hier, le Secrétaire général condamne fermement l’attaque à l’engin explosif improvisé contre un convoi de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui effectuait une opération de recherche et de détection des mines à Kidal. Un Casque bleu guinéen a été tué.
Libye
Mme Stephanie Williams, Conseillère spéciale pour la Libye, a fait une déclaration aujourd’hui à la clôture, au Caire, du troisième et dernier cycle des négociations du Comité conjoint de la Chambre des représentants et du Haut Conseil d’État sur le cadre constitutionnel.
Elle a dit que le Comité conjoint a mobilisé un large consensus sur des articles controversés du projet de constitution mais que des divergences persistent sur les mesures régissant la période de transition menant aux élections.
La Conseillère spéciale a invité les Présidents des deux Chambres à se revoir dans les dix jours là où ils voudront pour rapprocher les points sur les questions en suspens.
Elle a affirmé que les Nations Unies demeurent engagées à contribuer à tous les efforts de la Libye pour mettre fin à la longue période de transition et d’instabilité, grâce à des élections transparentes et inclusives, le plus tôt possible et pour répondre aux aspirations des près de 3 millions de Libyens qui se sont inscrits pour voter.
Afghanistan
La Mission d’assistance des Nations Unies (MANUA) a condamné l’attaque perpétrée plus tôt dans la journée dans un marché très fréquenté de la province de Nangarhar, qui a causé des morts et des blessés parmi les civils, dont des enfants. La Mission a souligné que la poursuite des attaques contre les civils doit immédiatement cesser dans tout le pays.
Coordonnateur résident au Viet Nam
Le Bureau de la coordination des activités de développement annonce l’arrivée au Viet Nam de Mme Pauline Tamesis des Philippines, comme Coordonnatrice résidente, après l’accord du Gouvernement. Les coordonnateurs résidents dirigent le travail consistant à sauver les objectifs de développement durable, tout en continuant à coordonner l’appui des Nations Unies aux autorités nationales confrontées à l’impact multidimensionnel de la pandémie de COVID-19, et en mettant l’accès sur l’accès des plus vulnérables aux services sociaux, y compris les réfugiés.