Conférence sur la Libye: la communauté internationale soutient fermement le processus, assure le Secrétaire général en demandant de cesser toute ingérence étrangère
On trouvera ci-après le message du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion de la Conférence de Paris sur la Libye, aujourd’hui:
La conférence d’aujourd’hui sur la Libye a un objectif primordial: saisir ce moment pour la paix. Une paix dont le peuple libyen est privé depuis bien trop longtemps. Nous sommes ici pour montrer aux Libyens que la communauté internationale soutient fermement le processus qui les a menés jusqu’ici. Et que nous continuerons à les soutenir dans l’organisation d’élections parlementaires et présidentielles inclusives et crédibles le 24 décembre, comme prévu par la Feuille de route politique adoptée en 2020, et mandatée par la résolution 2570 du Conseil de sécurité. La majorité des Libyens sont favorables à la tenue de ces élections.
Jusqu’à présent, près de trois millions de personnes se sont inscrites sur les listes électorales. Leurs aspirations et leur détermination à participer à des élections libres et équitables doivent être satisfaites. Les femmes et les jeunes doivent pouvoir participer de manière égale et significative au processus électoral, à la fois comme électeurs et comme candidats. Les élections représentent une étape essentielle sur la voie de la paix et de la stabilité. Cette étape doit être bâtie sur une base solide, avec des cadres inclusifs et crédibles qui puissent garantir son succès.
J’invite instamment les Libyens à se rassembler dans un esprit d’unité nationale, à surmonter les différences qui subsistent et à forger un consensus sur le cadre juridique des élections, en consultation avec toutes les institutions nationales compétentes, et dans le respect de leurs règles et procédures. Les ambitions individuelles ne peuvent faire obstacle à la transition pacifique en Libye. Et j’appelle toutes les parties libyennes à participer au processus électoral et à respecter les résultats des élections.
La présence d’éléments étrangers dans la politique interne et les affaires de sécurité de la Libye demeure vivement préoccupante. Je demande une fois de plus que toute ingérence étrangère cesse. Je félicite la Commission militaire conjointe 5+5 pour sa remarquable unité de vues et pour les progrès concrets qu’elle a accomplis. Je me félicite qu’un plan d’action ait été arrêté en vue du retrait progressif, équilibré, échelonné et synchronisé de tous les mercenaires, combattants étrangers et membres de forces étrangères. Il reste maintenant à l’appliquer. Il faudra pour cela l’appui et la coopération de toutes les parties concernées.
Des observateurs du cessez-le-feu de l’ONU sont en Libye pour collaborer étroitement avec la Commission militaire conjointe 5+5 et le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu en Libye. On ne saurait trop le souligner: le retrait des combattants étrangers est un enjeu pour toute la région. Je me félicite du dialogue engagé entre la Libye et ses voisins à ce sujet. Je demande instamment à tous les Libyens et à tous les acteurs étrangers de coopérer pleinement avec la Commission militaire conjointe 5+5 et de respecter l’embargo sur les armes.
Les États Membres ne peuvent guère dire, ici, à New York, qu’ils défendent la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Libye et faire le contraire en Libye. Nous devons également nous attacher collectivement à concourir aux efforts de réconciliation nationale et à ériger des institutions de l’état de droit fondées sur les droits humains et à les renforcer. Les autorités libyennes ont la responsabilité de protéger toute personne en Libye, y compris les migrants et les réfugiés. Les conditions épouvantables que continuent de subir les personnes placées en détention sont très préoccupantes. Il est indispensable que les richesses de la Libye soient gérées de manière transparente et équitable; c’est la clef du développement durable et inclusif dont les Libyens ont tant besoin.
La Libye n’a jamais été aussi près aujourd’hui de régler ses crises internes et de rompre le cercle des transitions politiques. Ne laissons pas passer cette occasion. J’engage toutes les personnes qui ont du pouvoir et de l’influence sur la situation à faire passer le bien-être et la prospérité de la nation avant leurs intérêts personnels. Toute partie qui viendrait à saper ou saboter délibérément la paix devra être amenée à répondre de ses actes.
L’ONU demeure pleinement résolue à collaborer avec les Libyens, l’Union africaine, la Ligue des États arabes, l’Union européenne et les pays de la région en ce moment charnière. Je vous remercie.