En cours au Siège de l'ONU

SC/14677

Le Conseil de sécurité reconnaît que l’absence de ressources prévisibles et durables constitue un obstacle aux efforts de paix de l’Union africaine

À l’occasion d’un débat de haut niveau sur la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, tenu en visioconférence et auquel ont participé notamment quatre chefs d’État et deux chefs de gouvernement, le Conseil de sécurité a adopté aujourd’hui une longue déclaration présidentielle dans laquelle il félicite l’organisation continentale pour ses efforts visant à renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité et considère que la question de « l’obtention de ressources prévisibles, durables et souples » représente « l’un des principaux obstacles » qu’elle rencontre pour s’acquitter efficacement de ses mandats en matière de maintien de la paix et de la sécurité régionales.

Le texte ajoute que le Conseil « estime que des mécanismes de financement ponctuels et imprévisibles pour les opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine qui sont autorisées par le Conseil et conformes au Chapitre VIII de la Charte pourraient avoir une incidence sur l’efficacité de ces opérations ».  Sans répondre à la question, le Conseil « encourage la poursuite du dialogue sur les moyens » de la régler.

Longue de sept pages, la déclaration présidentielle, qui salue les progrès faits dans le cadre du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, souligne que celui-ci devrait continuer à évoluer jusqu’à devenir un « partenariat systématique, opérationnel et stratégique, fondé sur des valeurs communes et un attachement à la coopération internationale », adapté aux problèmes de sécurité auxquels fait face le continent africain.  Le Conseil apporte son appui à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, se félicite des progrès démocratiques de certains pays, tout en s’inquiétant des coups d’état récents dans plusieurs autres, aborde les menaces que constituent aussi bien le terrorisme que la pandémie de COVID-19 ou les menaces pour la stabilité pouvant résulter des changements climatiques et écologiques.  Il plaide pour un rôle accru des femmes et des jeunes dans les processus de décision liés à la paix.  Il note la précieuse contribution que les organes de médiation, tels que le Conseil des sages ou le Groupe des Sages et son mécanisme subsidiaire FemWise-Africa, et les organisations régionales et sous-régionales apportent à la cohérence, à la synergie et à l’efficacité collective de ces efforts.

La déclaration prend par ailleurs note des efforts déployés par l’Union africaine pour s’attaquer aux causes profondes des conflits, dans le cadre de la Charte africaine de la démocratie, du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, du Système d’alerte rapide à l’échelle du continent, de la politique de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement après un conflit, et d’autres mécanismes analogues.  Elle félicite aussi l’Union africaine pour sa contribution accrue aux opérations de paix internationales et salue le partenariat qui lie l’ONU et l’Union africaine, comme dans le cas de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), qui a récemment pris fin.

La déclaration a été adoptée à la fin de la séance, organisée par la présidence kényane du Conseil de sécurité autour du thème: « renouveler la solidarité pour parvenir à la paix et à la sécurité dans un contexte marqué par des conflits en mutation ».

Dans son intervention, le Président du Kenya, M. Uhuru Kenyatta, a ainsi appelé le Conseil de sécurité à prendre conscience du fait que le maintien de la paix en Afrique avait fondamentalement changé, comme ont pu s’en rendre compte ses membres lors d’une mission de terrain effectuée quelques jours plus tôt au Sahel:  en plus de superviser les accords de paix, les missions de l’ONU et de l’Union africaine sont de plus en plus confrontées à des groupes terroristes internationaux sophistiqués et ont besoin de plus de capacités et de ressources militaires.  Or, ce sont souvent les forces africaines qui sont les premières à intervenir face à ces groupes terroristes, a fait observer M. Kenyatta, qui a estimé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique avaient souvent des mandats inadaptés.  Un maintien de la paix efficace exige un meilleur alignement entre les interventions dirigées par l’Afrique et les opérations de l’ONU, a-t-il insisté.

Le Haut-Représentant du Fonds de l’Union africaine pour la paix, M. Donald Kaberuka, a pour sa part rappelé les efforts de relance du fonds, qui a pour objectif de financer le renforcement des capacités de l’Union africaine en matière de sécurité et de ses efforts de médiation; ainsi que d’appuyer les opérations de paix pour garantir la stabilité.  Longtemps sous-financé, ce dernier a récemment reçu 204 millions de dollars de contributions et cherche à atteindre un montant de 300 millions.

Quant au Président du Ghana, M. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, il a estimé que les situations de conflit sur le continent ne dépassent pas forcément la capacité de réponse des mécanismes des organisations régionales.  Mais, a-t-il ajouté, ce qui fait défaut, c’est la solidarité mondiale et le partage des fardeaux.

C’est pourquoi les différents dirigeants africains qui sont intervenus ont exprimé l’espoir d’un renouvèlement par le Conseil de sécurité des formes de solidarité existante, afin de remédier aux lacunes dans la coopération entre l’ONU et les arrangements continentaux et régionaux en Afrique.  Pour eux, mais aussi pour d’autres membres du Conseil qui les soutiennent, comme Saint-Vincent-et-les Grenadines, « le financement durable des opérations de paix menées par l’UA et les mesures visant à assurer un financement suffisant, prévisible et fiable des initiatives de consolidation de la paix dans les pays africains devraient être considérés comme des impératifs urgents par la communauté internationale ».

Dans un autre domaine, une preuve de solidarité serait un meilleur partage des vaccins par les pays producteurs au profit de l’Afrique ont relevé plusieurs intervenants, dont les ministres irlandais et norvégiens, ainsi que le représentant de la Chine.

En revanche, plusieurs membres du Conseil ont aussi rappelé que les problèmes africains étaient mieux réglés par les Africains eux-mêmes, et ont mis en garde contre toute forme d’ingérence étrangère.

RENFORCEMENT DU PARTENARIAT ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L’UNION AFRICAINE SUR LES QUESTIONS DE PAIX ET DE SÉCURITE EN AFRIQUE, ET NOTAMMENT SUR LES ACTIVITÉS DU BUREAU DES NATIONS UNIES AUPRÈS DE L’UNION AFRICAINE

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL S/2021/763 - S/2021/887

Déclarations

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a déclaré que la discussion de ce matin se déroulait dans le contexte d’un certain nombre de tendances « inquiétantes » à travers le continent africain.  La pandémie de COVID-19 a créé des charges socioéconomiques supplémentaires sur les efforts des pays pour mettre en œuvre les objectifs de développement.  Dans trop d’endroits, on assiste à une augmentation des prises de pouvoir par la force.  Plus tôt cette semaine, un coup d’état militaire a eu lieu au Soudan, constituant une menace majeure pour la transition politique en cours depuis la signature de la Déclaration constitutionnelle en août 2019.  Le conflit dans le nord de l’Éthiopie se poursuit sans relâche, malgré les appels de l’Union africaine et les Nations Unies pour un cessez-le-feu permanent et un accès humanitaire sans entrave à la région du Tigré.  Au Sahel et dans toute la région du bassin du lac Tchad, nous sommes confrontés à des menaces persistantes de terrorisme et d’extrémisme violent de la part de groupes affiliés à Al-Qaida, Daech et Boko Haram, sans compter la prolifération de milices armées.

Malgré ces « développements inquiétants », a poursuivi Mme Mohammed, les peuples africains sont déterminés à travailler sans relâche pour édifier un continent plus prospère, durable et pacifique, basé sur des valeurs partagées et les principes universels des droits de l’homme.  Pour preuve, le rapport annuel du Secrétaire général sur le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine contient un certain nombre de développements encourageants, notamment une élection pacifique et inclusive au Burkina Faso et des transferts de pouvoir pacifiques au Niger et en Zambie.  On assiste également, et partout, à une coopération croissante entre les Nations Unies, l’Union africaine et les organisations sous-régionales sur diverses questions comme les processus électoraux et de paix.  En Libye, par exemple, les Nations Unies travaillent en étroite collaboration avec l’Union africaine, la Ligue des États arabes et l’Union européenne pour soutenir l’accord de cessez-le-feu et les préparatifs des prochaines élections.  Les Nations Unies sont prêtes à travailler avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales pour soutenir les autorités libyennes et les processus en cours, y compris au Sahel et au-delà, notamment pour faire face au retour des mercenaires et des combattants étrangers dans leur pays d’origine, a assuré Mme Mohammed.

La Vice-Secrétaire générale a ensuite rappelé le rapport du Secrétaire général sur « Notre programme commun », qui souligne la nécessité de « ré-embrasser » la solidarité mondiale pour trouver de nouvelles façons de travailler ensemble pour le bien commun, dans un système multilatéral fondé sur les droits de l’homme.  Pour y parvenir, trois mesures urgentes doivent être prises.

Il faut d’abord prioriser la réponse à la pandémie de COVID-19 en Afrique grâce à la distribution accélérée des vaccins, au renforcement des systèmes de santé nationaux et aux investissements indispensables.  Aujourd’hui, environ seulement 5% de la population en Afrique est entièrement vaccinée contre la COVID-19.

Ensuite, dans le cadre des efforts communs, il faut réaffirmer la priorité du développement durable, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le développement durable et inclusif est notre meilleure chance de s’attaquer aux causes profondes des conflits et de parvenir à un avenir de paix et de prospérité pour tous.  En dépit d’une croissance continentale estimée à 3,4% en 2021 par le Fonds monétaire international, les pays africains ont un besoin urgent de liquidités et d’allégement de la dette pour créer des emplois, étendre la protection sociale et inverser les tendances de la pauvreté.

Enfin, nous devons continuer à garantir des ressources adéquates, prévisibles et durables qui donneront vie aux mandats de développement, de paix et de sécurité à travers l’Afrique, a détaillé Mme Mohammed.

Enfin, la Vice-Secrétaire générale a souligné le caractère « essentiel » d’une action cohérente à travers la paix, le développement et les objectifs humanitaires sur le continent, en réclamant une vision commune, une complémentarité et la sauvegarde des investissements.  Mme Mohamed a jugé que le Fonds pour la paix de l’Union africaine était, à cet égard, un exemple inspirant.  Elle a appelé les membres du Conseil de sécurité à travailler avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour renforcer les mécanismes de financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par le Conseil de sécurité.  En ce qui concerne le Sahel, les Nations Unies sont prêtes à convoquer, conjointement avec l’Union africaine, un forum international avec les États du G5 Sahel et leurs partenaires pour renforcer les efforts de paix et de développement en appui à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

M. DONALD KABERUKA, Haut-Représentant du Fonds de l’Union africaine pour la paix, a déclaré que la nature de la croissance évoluait de façon permanente, avec de nouveaux défis qui augmentent et exacerbent les conflits, et qui sont à présent amplifiés par la pandémie de COVID-19 et son lot d’incertitudes.  Pour M. Kaberuka, la réponse à tous ces défis dépend de la réussite des partenariats tous azimuts.  Il a souhaité des progrès sous forme de concrétisation des accords conclus entre l’ONU et l’Union africaine.

M. Kaberuka a notamment rappelé les décisions prises ce mois-ci par l’Union africaine qui concernent le Fonds pour la paix, qui était sous-financé.  Suite à des appels de contribution, le Fonds a ainsi reçu 204 millions de dollars, a-t-il salué, avant de souhaiter que cette tendance se poursuive pour atteindre 300 millions de dollars de contributions, l’objectif visé d’ici à 2023.  Il a expliqué que le Fonds était structuré autour de deux volets: le renforcement des capacités de l’Union africaine en matière de sécurité et efforts de médiation; et l’appui aux opérations de paix pour garantir la stabilité.  Le Conseil d’administration inclut des partenaires stratégiques telles l’ONU et l’Union européenne, a-t-il expliqué, ajoutant que le Conseil d’administration avait adopté les priorités stratégiques du Fonds et que le renforcement des capacités était fondamental, car il permettra d’avoir des fonds prévisibles.

Depuis sa création, l’Union africaine a autorisé 15 opérations de paix, a rappelé M. Kaberuka, qui a assuré que l’Union africaine remplissait pleinement son rôle lorsque les opérations de maintien de la paix avaient besoin d’appui.  Toutefois, l’Union africaine a aussi besoin de l’ONU, comme ce fut le cas en Somalie, a-t-il observé.  Il a mis l’accent sur l’importance et la coopération progressive entre l’Union africaine et le Conseil de sécurité, en particulier à travers la résolution 2320 (2016) sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans le maintien de la paix et la sécurité internationales, et la résolution 2457 (2019).

À présent, Il est grand temps de mener une réflexion concernant le financement adéquat et prévisible des opérations de la paix de l’Union africaine, en tirant des enseignements de celles menées en Somalie et au Darfour, a poursuivi M. Kaberuka.  En admettant cette réalité, des partenariats pourraient en conséquence être conclus pour mieux s’acquitter de ces tâches difficiles, a-t-il estimé.  L’Union africaine montre la voie, a-t-il conclu, en invitant l’ONU et l’Union africaine à envisager des discussions à cet effet.

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana et Président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a félicité le Kenya pour le choix du thème de ce débat de haut niveau, se disant convaincu qu’une véritable solidarité est nécessaire pour une paix et une sécurité durables en Afrique.  Le continent reste en effet confronté à de multiples menaces à l’intégrité territoriale de plusieurs pays et, dans certains cas, la situation est compliquée par une convergence opportuniste d’intérêts parmi les différents acteurs, non seulement dans les zones de conflit, mais aussi depuis l’extérieur de l’Afrique.  Au Sahel et dans la région du lac Tchad, ainsi que dans certaines zones de l’Afrique de l’Est, du Nord et centrale, les conflits en cours, les activités de déstabilisation des terroristes et des extrémistes et les effets dévastateurs des changements climatiques et de la COVID-19 se sont traduits par un cocktail meurtrier, avec de graves conséquences pour la situation socioéconomique, politique et sécuritaire.  En outre, ces derniers mois, des gouvernements élus constitutionnellement ont été renversés au Mali, au Tchad, en Guinée et au Soudan.

Pour autant, les situations de conflit sur le continent ne sont pas forcément au-delà de la capacité de réponse des mécanismes des organisations régionales, a fait observer le Président, citant notamment le Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020, qui a été étendu à 2030, ou encore l’activation en 2019 du Comité directeur de l’Union africaine sur la réforme du secteur de la sécurité et la Doctrine de l’UA sur le soutien aux opérations de paix.  Se félicitant de l’engagement constant de l’UA et de ses organes régionaux, comme la CEDEAO, pour faire face aux problèmes de sécurité sur le continent, le Président a encouragé à les renforcer.

Toutefois, ce qui manque c’est la solidarité mondiale et le partage des fardeaux, a poursuivi le Président, invitant, à l’instar du Secrétaire général dans son rapport « Notre programme commun », à travailler ensemble pour le bien commun.  Aussi, a-t-il espéré que le Conseil de sécurité permettra de renouveler la solidarité afin de remédier aux lacunes dans la coopération entre l’ONU et les arrangements continentaux et régionaux en Afrique.

Le Président du Ghana a ainsi suggéré d’organiser des consultations régulières afin de gommer les différences dans la compréhension conceptuelle des problèmes sécuritaires sur le continent et d’améliorer l’harmonisation des réponses qui y sont apportées.  Ensuite, la précieuse expérience de l’ONU en matière de diplomatie préventive devrait être élargie à son engagement en Afrique, a dit le Président, mentionnant par exemple une plus grande solidarité dans la mise à disposition de ressources pour la prévention des conflits.  Un dollar dépensé pour prévenir un conflit vaut plus de 10 fois ce que coûte la résolution d’un conflit, a-t-il fait observer.  La coopération entre l’ONU et l’Afrique doit s’efforcer de rechercher les causes à l’origine des conflits, ce qui inclut des programmes visant à prévenir la survenue, l’escalade, la poursuite et la récurrence des conflits.  Et parmi les solutions à ces crises, figure l’inclusion des femmes et des jeunes dans les processus de prise de décision, ainsi que dans toutes les étapes du cycle de gestion des conflits.

Le lien entre paix et développement ne peut être ignoré, a encore avancé le Président.  Il a salué le renforcement du système de développement des Nations Unies, qui travaille avec des institutions africaines sur la base des priorités de l’Agenda 2063 de l’UA.  Par ailleurs, l’Afrique risque de déstabiliser le monde si ses nombreux jeunes, souvent sans emploi, sont exclus de l’industrialisation et de l’agenda de transformation de l’Afrique, a averti le Président, évoquant les migrations risquées de jeunes vers l’Europe et la radicalisation de certains d’entre eux par des groupes extrémistes.

En conclusion, le Président a invité la communauté internationale à prendre en considération des solutions simples mais souvent ignorées, qui reposent sur la solidarité, et le besoin pressant d’une volonté politique collective renouvelée.

Pour M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, l’Afrique est à la croisée des chemins.  D’un côté l’Afrique est sur le point de tirer profit de son dividende démographique et des réformes économiques audacieuses du commerce et des investissements intra-africains, alors que son programme d’intégration avance et que sa solidarité politique s’exprime dans ses réponses collectives à l’insécurité.  D’autre part, le terrorisme et l’insurrection se répandent et posent un défi à presque toutes les nations du continent.  La récente recrudescence de coups d’état a exacerbé ces situations, a constaté M. Kenyatta, tout comme la pandémie de COVID-19, qui a inversé les gains économiques et fait replonger beaucoup d’Africains dans la pauvreté.  Les vides qui découlent de ces situations ont précipité l’intervention d’intervenants étrangers ce qui n’a fait qu’aggraver les crises et provoquer des rivalités géopolitiques.

L’Afrique ne reste pas les bras croisés face à ses problèmes, a affirmé le Président, qui a cité l’architecture permanente pour la prévention, la gestion, la résolution et la reconstruction post-conflit qu’elle a mise en place, qui est à l’origine de multiples accords de paix et a permis de repousser les groupes terroristes.

Toutefois, à la lumière des problèmes actuels, cette architecture est mise à rude épreuve.  Rarement dans le passé a-t-on assisté à une telle interaction de crises multiples comme aujourd’hui qui risquent de provoquer une urgence continentale, a mis en garde M. Kenyatta.  Pour lui, il ne s’agit pas là d’un défi pour l’Afrique seule, dans la mesure où, face aux changements climatiques, au terrorisme, à la pandémie et à la crise économique, ce sont des réponses multilatérales qui s’imposent.  M. Kenyatta a donc demandé des actions audacieuses et visionnaires allant au-delà des intérêts étroits et qui conduisent à une action multilatérale concertée et durable.  Pour cela, le Président a proposé de commencer par une conversation sur la façon de renouveler l’architecture de sécurité de l’Afrique en utilisant la coopération entre les Nations Unies, l’Union africaine et les blocs économiques régionaux.

À cette fin, M. Kenyatta a appelé le Conseil de sécurité à prendre conscience du fait que le maintien de la paix en Afrique avait fondamentalement changé.  Les visites sur le terrain de ses membres au Mali et au Niger ce mois-ci, sous la présidence kényane, l’ont clairement indiqué: en plus de superviser les accords de paix, les missions de l’ONU et de l’Union africaine sont de plus en plus confrontées à des groupes terroristes internationaux sophistiqués et ont besoin de plus de capacités et de ressources militaires.  Ce sont souvent les forces africaines qui sont les premières à intervenir face à ces groupes terroristes, a remarqué M. Kenyatta, en citant la Force multinationale conjointe, qui est ancrée et financée par le Nigéria, et les interventions de l’Autorité intergouvernementale pour le développement et de l’Union africaine en Somalie.  Mais ces réponses africaines sont entravées par un manque de ressources financières et technologiques suffisantes, a-t-il souligné.  Quant aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique, qui sont déployées pour soutenir les premières interventions africaines, il a estimé que leurs mandats étaient souvent mal adaptés.

Un maintien de la paix efficace exige un meilleur alignement entre les interventions dirigées par l’Afrique et les opérations de l’ONU, a insisté le Président de Kenya.  Pour lui, le partenariat avec l’ONU doit également déboucher sur des emplois pour la jeunesse africaine.  En effet, a-t-il expliqué, l’État qui n’est pas en mesure de fournir des emplois sera constamment soumis à une menace d’instabilité, motivée par la frustration.  Alors que ce partenariat a produit un certain nombre d’initiatives et de réformes dans le cadre général de la bonne gouvernance, comme l’a concédé le Président, il a appelé à les compléter par la notion d’inclusion qui est essentielle pour la construction de l’État, la poursuite de la paix mais aussi pour une croissance économique durable et la création d’emplois dans des pays considérés comme « à haut risque » par les investisseurs internationaux.

D’autre part, si l’Agenda vert n’apporte pas une croissance verte et des emplois verts à l’Afrique, alors il échouera à l’échelle mondiale, a mis en garde M. Kenyatta, pour qui il ne fait pas de doute qu’à terme, la croissance rapide de la population africaine contribuera aux changements climatiques.  Dans ce contexte, la prochaine COP-26 à Glasgow doit déboucher sur des investissements transformateurs dans l’adaptation au climat qui permettront une forte croissance verte en Afrique.  Pour M. Kenyatta, ces investissements doivent notamment porter sur les énergies renouvelables et la stimulation des investissements verts responsables de manière à garantir que les ressources abondantes de l’Afrique fourniront des emplois et des services aux Africains de manière durable.

M. Kenyatta a conclu par un plaidoyer pour un financement sûr et durable des opérations de paix africaines, en appelant à un dialogue structuré sur la façon de permettre aux missions au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et en Afrique centrale de remplir leurs objectifs.  Pour le Président du Kenya, cette discussion devrait porter sur leurs contributions mais aussi sur les réformes nécessaires au niveau des États et des organisations régionales pour garantir l’inclusion, le développement socioéconomique et les emplois durables.

Mr. KAÏS SAÏED, Président de la Tunisie, a salué cette réunion de haut niveau qui aborde les questions du continent dans son entièreté, pour réaliser les vœux et les aspirations du « peuple de l’Afrique ».  La Journée des Nations Unies, célébrée il y a quelques jours, a été l’occasion de rappeler les conditions ayant présidé à la fondation de cette organisation, pour renforcer la paix et la sécurité internationales et asseoir les valeurs de tous les peuples du monde. C’est sur ces mêmes objectifs que plusieurs organisations régionales ont été établies, ce qui signifie que nous partageons les mêmes aspirations et objectifs.  Ces organisations se sont ensuite inspirées des principes et actions de l’ONU.  Pour réaliser les objectifs communs, il convient donc que les Nations Unies le soient bel et bien, a-t-il souhaité.  Des milliers de kilomètres nous séparent, a-t-il noté, ajoutant que ce qui unit, ce sont les buts communs.  Or, les peuples africains pâtissent de la pauvreté et il est temps de mettre un terme à cette situation qui s’exacerbe jour après jour, car l’être humain est le même partout.  Le Chef d’État a appelé au respect des droits de l’être humain aux quatre coins du monde en s’attaquant aux causes profondes, avant de s’attaquer aux problèmes. Les enceintes internationales résonnent de propos décrivant des souffrances, a-t-il dit, appelant à ne pas brandir des chiffres en parlant des victimes de la guerre et de la famine, d’autant que ces derniers ne cessent d’augmenter.  Le président tunisien a insisté pour remédier aux causes sous-jacentes des conflits.

Il a fustigé les groupes armés terroristes qui détruisent le tissu même des sociétés africaines, et exhorté à des partenariats pour venir avec de nouvelles idées et des mécanismes, également nouveaux, pour y faire face, et mettre fin aux conflits sur le continent et dans le monde.  Les efforts de médiation de l’Union africaine sont louables mais aussi faut-il les consolider et les améliorer en garantissant un financement adéquat.  Il a insisté sur la nécessité d’améliorer la coordination afin de poser des jalons en termes de synergies et de partage des rôles dans la résolution concrète des conflits et de leurs causes sous-jacentes.  Forte de sa connaissance des particularités sur le continent, la Tunisie, pour sa part, réaffirme son engagement dans ce sens, car elle occupe une place de choix pour assumer des responsabilités croissantes, en particulier en matière de médiation en vue d’un règlement des différends.  Les nombreux envoyés spéciaux pour la paix en Afrique tiennent compte des cultures locales, s’est félicité le Président tunisien, qui a réclamé un financement au titre du budget ordinaire de l’ONU.  Il s’est dit convaincu que relever les défis associés au conflit et à l’instabilité sur le continent exige une coopération, une coordination et une intégration continues entre les structures internationales et régionales dans le cadre d’une démarche de la paix dans le monde qui irait au-delà d’une définition « restrictive » de la sécurité, pour réaliser le développement que les peuples africains ont toujours appelé de leurs vœux.  À cet égard, la Vison 2063 de l’Union africaine et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doivent demeurer au centre des stratégies, a conclu M. Saïed.

M. NGUYEN XUAN PHUC, Président du Viet Nam, a déclaré qu’avec le « rôle central et de premier plan » de l’Union africaine et d’autres organisations sous-régionales, « les graines de la paix ont poussé vigoureusement sur des terres autrefois ravagées par la guerre. »  Pour accompagner les pays africains dans ces efforts, le Président a fait plusieurs recommandations.

Il a d’abord rappelé que conformément à la philosophie de « solutions africaines aux problèmes africains », tous les pays de la région devaient exploiter pleinement leur capacité d’autosuffisance et promouvoir l’instauration de la confiance, le dialogue et la réconciliation nationale pour éliminer les racines profondes des conflits, telles que la pauvreté, les inégalités et les frictions sociales.  Tous les pays africains doivent aussi cultiver davantage l’amitié, intensifier la coopération et l’intégration, renforcer le multilatéralisme et défendre le respect du droit international et la Charte des Nations Unies.  C’est le fondement essentiel de la durabilité de la paix, la sécurité et le développement durable dans la région et dans le monde en général.

Le Viet Nam estime en outre que l’ONU et l’Union africaine doivent être à l’avant-garde de la mise en œuvre de l’initiative « Faire taire les armes à feu en Afrique à l’horizon 2030 », du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le partenariat stratégique entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine doit être davantage promu de manière globale et efficace, notamment en renforçant la capacité d’alerte précoce des risques sécuritaires traditionnels et non traditionnels.  Enfin, l’élargissement de la coopération entre les organisations régionales aidera à renforcer leur capacité globale dans la prévention et la résolution des conflits et à répondre aux défis régionaux et mondiaux.

Le Président du Viet Nam a annoncé que son pays, qui souhaite devenir membre observateur à l’Union africaine et dont des officiers et médecins militaires travaillent pour les missions de maintien de la paix de l’ONU au Soudan du Sud et en République centrafricaine, continuerait de participer à de nombreuses autres missions sur le continent.  Nous sommes prêts à partager notre expérience dans la reconstruction, les réformes et la coopération au développement, mais aussi à faire des dons de matériels et fournitures médicaux pour la prévention et le contrôle de la pandémie de COVID-19, a-t-il proposé.

Pour M. RALPH E GONSALVES, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, les appels pressants sur le continent africain à de nouvelles initiatives et à des engagements renouvelés, par la communauté internationale au sens large, sont limpides.  Les positions et les priorités de l’Union africaine, en particulier l’Agenda 2063 et le programme « Faire taire les armes d’ici 2030 », constituent le plan le plus clair pour la paix et la stabilité sur le continent, a relevé M. Gonsalves.  Donc les injustices historiques et les contradictions contemporaines de l’ordre multilatéral demandent que des solutions africaines aux problèmes africains soient adoptées, renforcées et mises en œuvre.

Le Premier Ministre saint-vincentais et grenadin a souligné la grande expérience des pays africains pour édifier des États pacifiques, ordonnés et viables durant la période post-coloniale, et l’expertise de l’UA en matière de diplomatie régionale, de médiation, de réconciliation, de justice transitionnelle, de gouvernance et de réforme du secteur de la sécurité, et de désarmement, de démobilisation et de réintégration.  Ces efforts méritent de bénéficier d’un plus vaste soutien, politique et financier, a estimé M. Gonsalves.

Le financement durable des opérations de paix menées par l’UA et les mesures visant à assurer un financement suffisant, prévisible et fiable des initiatives de consolidation de la paix dans les pays africains devraient être considérés comme des impératifs urgents par la communauté internationale, a insisté le Premier Ministre.  Les principaux donateurs, en particulier les pays développés et les institutions financières internationales, devraient augmenter leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD), éliminer les obstacles au financement concessionnel et ouvrir de nouvelles voies pour que les pays africains puissent réaliser les objectifs de développement durable conformément à leurs priorités et à leurs perspectives.

Au niveau institutionnel, le partenariat stratégique entre les Nations Unies et l’UA demeure essentiel pour l’édification et le maintien de la paix.  Le Premier Ministre a plaidé pour l’élargissement de ce partenariat, avec l’implication systématique des organisations et des mécanismes sous-régionaux, comme la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté de développement de l’Afrique australe, l’Autorité intergouvernementale pour le développement, et d’autres encore.  De même, le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA devraient continuer à explorer toutes les modalités de partage des informations, notamment par le biais de visites sur le terrain.  M. Gonsalves a également souligné l’avantage d’actions coordonnées pour faire face aux conséquences des changements climatiques sur la paix et la sécurité, de même qu’à celles des mines, du terrorisme, du piratage et du crime organisé.

Rappelant que la sécurité demeure un progrès qui ne peut se réaliser que de façon collective, le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines a invité à travailler dans un esprit de solidarité à toute épreuve.

M. JONAS GAHR STØRE, Premier Ministre de la Norvège, a reconnu que, par ses opérations de paix et ses efforts pour prévenir, atténuer et résoudre les conflits, l’Union  africaine était un partenaire important du Conseil de sécurité des Nations Unies.  Durant l’année écoulée, l’Union africaine et ce Conseil ont été confrontés à plusieurs situations imprévues, complexes et difficiles, a-t-il noté, en citant notamment le cas du Tigré.  La Norvège a salué le leadership de l’Union africaine dans les conflits africains, comme en témoignent les actions fermes de son Conseil de paix et de sécurité en réponse au coup d’état militaire en cours au Soudan.  Le Premier Ministre a également reconnu que les défis auxquels le monde est confronté affectent l’Afrique de manière disproportionnée.  La pandémie de COVID-19 continue de frapper le continent avec une force implacable alors qu’il y a toujours une iniquité flagrante dans la distribution des vaccins, a-t-il constaté, en appelant à travailler pour assurer un accès équitable aux vaccins, aux tests et aux traitements -par solidarité et reconnaissance de « notre interdépendance mutuelle ».

Dans deux jours, les dirigeants mondiaux se réuniront à Glasgow pour discuter des changements climatiques, la question déterminante de notre temps, a poursuivi M. Støre en mettant en exergue les liens qui existent avec la sécurité: plus de la moitié des 20 pays considérés comme les plus vulnérables aux changements climatiques sont également touchés par des conflits armés, a-t-il rappelé.  Il ne fait aucun doute que les partenariats stratégiques peuvent aider l’Afrique à réaliser ses ambitions et à trouver des solutions aux défis urgents, et, à ce titre la Norvège est encouragée par l’Agenda 2063 de l’Union africaine et son initiative « Faire taire les armes ».  Le Premier Ministre a souligné, à cet égard, que les armes ne seraient pas réduites au silence sans la participation et le leadership pleins, égaux et significatifs des femmes.  « C’est la clef pour assurer une paix durable », a-t-il déclaré en reconnaissant le rôle important dans la prévention des conflits et la médiation du Panel des Sages et FemWise-Africa, le réseau des femmes africaines pour la prévention des conflits et la médiation.

Alors que l’objectif commun est de prévenir ou de contenir les conflits, des partenariats efficaces ont été développés entre les envoyés des Nations Unies, les représentants de l’Union africaine et les organisations sous-régionales, a noté M. Støre, qui a insisté sur le fait que la protection des civils devait être au cœur de tous ces efforts.

Le Premier Ministre a également reconnu que les pays africains jouent un rôle vital dans les opérations de paix et qu’un partenariat solide avec l’Union africaine est l’une des clefs du succès.  L’ONU et la Commission de l’Union africaine ont fait de grands progrès dans la promotion d’une coopération plus structurée et stratégique, a remarqué M. Støre, qui a assuré du soutien de son pays à ces efforts.  Nous avons maintenant besoin d’un plus grand soutien politique de la part des États Membres, a-t-il ensuite estimé, ajoutant « qu’il est de notre responsabilité partagée de renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ».

Par conséquent, la Norvège recommande que ces deux conseils se réunissent plus régulièrement, qu'ils effectuent davantage de visites conjointes, et que le Conseil de sécurité des Nations Unies invite des représentants de l'Union africaine et des communautés économiques régionales à fournir des informations plus fréquentes.  M. Støre s’est dit convaincu que les pays africains fournissent des informations essentielles et que la coopération avec eux est primordiale pour faire face aux problèmes de sécurité sur le continent.  C’est pourquoi la Norvège appuie les efforts visant à élargir le Conseil de sécurité et à augmenter le nombre de sièges permanents et non permanents pour l’Afrique.

L’Inde a déclaré que la communauté internationale doit prêter une attention particulière à « la voix et à la sagesse africaines ».  Personne ne peut mieux connaître l’Afrique que les Africains eux-mêmes.  Nous avons vu par l’histoire, qu’offrir des solutions « externes » aux problèmes africains sans implication africaine n’a pas servi les intérêts du peuple africain.  Cette approche biaisée doit changer et le changement commencer ici, au Conseil de sécurité lui-même.  Étant donné que près de 70% des résolutions adoptées sous le mandat du chapitre VII concernent l’Afrique, un partenariat solide et efficace entre les Nations Unies (ONU) et l’Union africaine (UA) doit être « l’édifice fondateur », a plaidé le représentant.  Il a également relevé que bien que les États africains comptent pour plus d’un quart des Membres de l’ONU, le refus continu de les représenter dans la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité, est une « tache » à la crédibilité collective de ce Conseil.  L’Inde, pour sa part, a toujours soutenu le consensus d’Ezulwini sur la réforme du Conseil de sécurité et appelle à une représentation africaine permanente dans un Conseil élargi.

En ce qui concerne la question de la coopération entre l’ONU et l’UA, le représentant a déclaré que son pays est en mesure de proposer cinq approches visant à renforcer cette coopération: premièrement, sur les questions liées à la paix et à la sécurité, le Conseil devrait respecter l’approche régionale adoptée par les pays concernés et travailler en collaboration avec les organisations régionales pour relever ces défis communs.  Deuxièmement, la propagation du terrorisme en Afrique, comme le montrent les défis auxquels nous sommes confrontés au Sahel, en Somalie et en Afrique centrale et orientale doit être considéré comme un sujet de grave préoccupation.  Dans ce contexte, les Nations Unies doivent soutenir, y compris financièrement, comme le demande aussi le Secrétaire général, les opérations africaines de lutte contre le terrorisme.

Troisièmement, a poursuivi le représentant, les opérations de paix et les missions politiques spéciales des Nations Unies doivent être dotées de ressources suffisantes leur permettant de mettre en œuvre leurs mandats respectifs.  Les missions de maintien de la paix doivent également avoir une stratégie de sortie claire et bien pensée.  L’Inde propose également que se développe un partenariat de consolidation de la paix plus significatif entre l’ONU et l’UA, basé sur une coopération interinstitutionnelle qui se concentre sur l’exploitation des forces comparatives.  Et enfin, cinquièmement, l’Inde est d’avis qu’avant de décider des nominations des Envoyés spéciaux ou du retrait des missions politiques et de maintien de la paix, il faut recueillir et tenir compte des points de vue des États membres régionaux, a expliqué son représentant.

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, a déclaré que la pandémie avait montré qu’une action coordonnée était bien plus puissante et plus efficace que l’action unilatérale; et qu’au niveau régional, l’Union africaine avait joué son rôle en termes de coordination de la riposte de l’Afrique à la COVID-19.  Au niveau international, la réponse du système multilatéral doit consister à reconstruire mieux et en plus vert, ce qui signifie: réduction de la dette; accès équitable aux vaccins et à un financement durable; et un relèvement vert pour faire face au défi des changements climatiques, car la paix et la sécurité en Afrique, et ailleurs, en dépendent.

Pour M. Coveney, le Mécanisme COVAX est un aspect crucial de la réponse multilatérale à une menace mondiale.  Ce programme a le potentiel de refléter la solidarité multilatérale sous son meilleur jour, a-t-il estimé, ajoutant néanmoins que davantage de ressources et un accès accru aux vaccins seront nécessaires pour permettre à COVAX de remplir son mandat.  Le Ministre a également préconisé un renforcement des systèmes de santé, afin qu’ils soient en mesure capable de mettre en œuvre les programmes de vaccination à mesure que les livraisons des vaccins augmentent.  À cet égard, une amélioration des partenariats avec l’Union africaine s’avèrera essentielle.

Rappelant que son pays avait participé à la Réunion ministérielle UA-UE au début de la semaine au Rwanda, M. Coveney a estimé que le partenariat entre l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE) était un excellent exemple de la façon dont les organisations régionales sont susceptibles de travailler ensemble pour appuyer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et les objectifs, plus larges, de la Charte.

M. Coveney a également souligné que le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine était un instrument essentiel pour contrer les crises, ce qui est manifeste dans l’engagement stratégique croissant entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  À titre d’exemple, M. Coveney a indiqué que cette semaine, le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine s’étaient tous deux réunis en urgence au lendemain du coup d’état militaire au Soudan, qui met en péril la transition démocratique encore fragile du pays.  Il a appelé à remettre sur les rails cette transition si prometteuse pour le peuple soudanais.

Le Ministre a également attiré l’attention sur le conflit en Éthiopie et sur la situation humanitaire dramatique qui y prévaut. Il a réclamé, d’urgence, un accès humanitaire sûr et sans entraves et un cessez-le-feu immédiat et pérenne, comme le demande le Secrétaire général de l’ONU.  Dans ce contexte, il a mis l’accent sur le rôle vital du Haut-Représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique, M. Obasanjo, ainsi que sur la nécessité de financements prévisibles et durables en appui aux opérations de paix de l’Union africaine.

M. Coveney a en outre recommandé un renforcement de la coopération entre l’Union africaine et l’ONU pour veiller à ce que les missions de transition se déroulent de façon responsable, coordonnée et progressive, répondent aux besoins sur le terrain et respectent les droits de l’homme, conformément à la résolution 2594.  Il a de plus plaidé en faveur de l’inclusion, en particulier des femmes qui « doivent être à la table des négociations » et au centre des opérations de paix et de gestion des crises.  Rappelant également que les jeunes, la société civile et les acteurs politiques ont fait entendre leurs voix en faveur de la lutte contre les changements climatiques, M. Coveney s’est enorgueilli que son pays et le Niger président conjointement le Groupe informel d’experts sur le climat et la sécurité.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à écouter et à mieux reconnaître sa responsabilité, alors que les États africains sur la « ligne de front » des changements climatiques exhortent à plus d’actions dans ce domaine, car ce phénomène aggrave les conflits et l’insécurité sur le continent africain.

Pour M. ANDRES RUNDU, Ministre des Affaires étrangères adjoint de l’Estonie, la coopération entre l’ONU et l’Union africaine est essentielle pour le maintien de la paix et de la sécurité.  Le Ministre a mis l’accent sur l’importance d’une coopération renforcée dans le domaine des changements climatiques.  Les impacts négatifs des changements climatiques ont déjà durement frappé l’Afrique, a noté le Ministre, qui a parlé de la « vulnérabilité disproportionnée » de l’Afrique à l’insécurité alimentaire, à la pauvreté et aux déplacements de population dus aux changements climatiques.  La coopération entre l’ONU et l’Union africaine doit donc être axée sur la lutte contre les changements climatiques, l’un des plus grands défis de notre époque, a-t-il martelé.

M. Rundu a également insisté sur le respect et la protection des droits de l’homme, qui sont l’une des pierres angulaires fondamentales pour parvenir à une paix et une sécurité durables en Afrique.  La faiblesse de l’état de droit et des institutions judiciaires est l’une des principales raisons sous-jacentes des progrès insuffisants dans la protection des droits de l’homme, a estimé le Ministre.  M. Rundu a ajouté que la mise en place de mécanismes de responsabilité justes et dignes de confiance pour les violations graves à travers le continent devrait être l’une des priorités stratégiques de la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine.  De même, l’autonomisation des femmes et des jeunes doit être au cœur des efforts de coopération parce que sans leur participation pleine, significative et effective, nous ne pouvons pas espérer de manière réaliste construire des sociétés durables et une paix durable, a ajouté le Ministre.

Constatant que la région du Sahel était particulièrement vulnérable aux évolutions négatives, M. Rundu a rappelé que l’Estonie y contribue à diverses missions.  Il a salué la notion de « solutions africaines aux défis africains », mais a estimé que c’était aussi une responsabilité collective, car aucun État ne doit être laissé seul dans la lutte contre les défis mondiaux.  L’architecture de sécurité est là, a-t-il noté, et les Nations Unies et l’Union africaine travaillent ensemble.  L’Afrique est une partie prenante importante dans les efforts internationaux de consolidation de la paix.  La position africaine commune sur l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies appelle à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre l’Agenda 2063.  Cela inclut son programme phare « Faire taire les armes ».

S’il appartient aux dirigeants africains de définir comment faire taire les armes, nous, en tant que communauté internationale, sommes là pour les aider, leur a assuré le Ministre, qui a en outre encouragé les organisations régionales et sous-régionales du continent à tirer pleinement parti de leur avantage comparatif et s’est félicité des efforts importants et continus et du rôle accru de maintien de la paix de l’Union africaine et des organisations sous-régionales.  La Mission de l’Union africaine en Somalie et la Force conjointe du G5 Sahel sont des contributeurs essentiels à la sécurité des pays et régions respectifs, a-t-il reconnu.  Il a appelé à assurer une transition efficace et ordonnée dans le contexte du renouvellement des mandats, afin de consolider les acquis en matière de paix et de développement, et de réduire le risque de rechute et d’insurrection.

La Fédération de Russie a relevé que, de « plus en plus », les Africains eux-mêmes se concentraient sur les problèmes de leur continent et obtenaient des succès.  Ce qui, pour la Russie, démontre, une fois de plus, l’efficacité du principe « des solutions africaines aux problèmes africains ».  Mais pour améliorer la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, qui est un exemple en la matière, la Fédération de Russie pense qu’il faut une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Elle soutient en outre la demande des États africains relative à un financement par les Nations Unies des opérations de paix conduites par l’UA.

Pour la Fédération de Russie, les organisations terroristes profitent de la pandémie pour renforcer leurs positions, notamment dans la région du Sahel.  La Fédération de Russie est prête à partager son expérience avec les pays de la région et interpelle le Conseil de sécurité sur les conséquences des régimes de sanction imposés à certains pays, notamment sur la capacité des États à assurer leur sécurité, protéger les civils ou faire face à la pandémie de COVID-19. Elle appelle de nouveau à une révision de ces régimes de sanctions.

Enfin, la Fédération de Russie a l’intention de continuer de coopérer avec les pays africains, sur une base « d’égal à égal » et sur la base de ce qui a été convenu lors du premier Sommet Russie-Afrique, qui s’est tenu à Sotchi en octobre 2019.  Un second sommet se tiendra l’an prochain sur le continent africain.

La Chine, a dit avoir toujours été une « bonne amie, une sœur et une partenaire » de l’Afrique et a exhorté au renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, ainsi qu’entre pays.  La Chine lance un appel aux nations développées pour qu’elles cessent de stocker les vaccins et appuient les demandes d’exemptions aux droits de propriété intellectuelle pour les pays en développement.  Les vaccins contre la COVID-19 produits par la Chine ont été distribués à plus de 40 pays africains.

La Chine a également mis en avant les avantages historiques géographiques et culturels dont l’Union africaine et les organisations régionales peuvent se prévaloir pour aborder les problèmes dans les points chauds du continent.  Elle a notamment relevé la menace croissante posée par Daech et s’est dite prête à appuyer le renforcement des capacités de l’Afrique dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.

La Chine a fait valoir la nécessité de trouver des solutions aux causes profondes des conflits et a proposé que les efforts de maintien de la paix sur le continent se concentrent sur l’appui au renforcement des capacités des États qui sortent d’un conflit.  Si elle note que l’ère coloniale est bien révolue, la Chine estime toutefois que son héritage est loin d’être résolu.  Elle voit dans l’Union africaine le « porte-flambeau de l’unité et de l’autosuffisance ».  La Chine rejette en outre toute pratique d’imposition de conditions préalables d’ordre politique à l’assistance et toute mesure prise à des fins politiques.  Elle appelle à la levée des sanctions unilatérales contre le Zimbabwe, le Soudan et d’autres nations.  Elle estime que le Fonds pour la paix de l’Union africaine a eu des résultats positifs.  Elle a rappelé que le prochain Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) aurait lieu en novembre au Sénégal, pour examiner les voies et moyens de renforcer la coopération.

Pour le Mexique, il est d’une importance vitale que la communauté internationale, sous la coordination des Nations Unies (ONU) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), soutienne les efforts de l’Union africaine (UA) pour combattre la propagation du coronavirus par le biais de la Stratégie continentale conjointe de lutte contre la COVID-19.  Le Mexique juge inacceptable qu’à peine 5% de la population africaine soit complètement vaccinée et prioritaire, demandant que soit renforcée la coopération internationale pour garantir l’accès aux vaccins, ainsi que pour appuyer la reprise économique post-pandémique.

Le Mexique a attiré l’attention sur la prolifération d’armes légères et de petit calibre, plaidant pour une synergie des efforts consentis par l’ONU et l’UA pour faire face à ce problème de manière plus efficace.  Le Mexique, qui salue l’initiative « Faire taire les armes » en Afrique, invite les pays producteurs à réaliser des contrôles plus stricts pour que ces armes cessent d’alimenter les conflits menaçant les populations civiles, notamment au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et à Cabo Delgado.

Le Mexique a insisté sur l’importance de la protection de l’ordre constitutionnel et déploré la fréquence des changements inconstitutionnels de gouvernement au cours de l’année, lesquels menacent la stabilité du continent et mettent un frein aux progrès réalisés en matière de gouvernance démocratique.  Le Mexique condamne le coup d’Etat contre le Gouvernement de transition au Soudan et soutient les efforts de la CEDEAO pour l’organisation des élections au Mali.  Il plaide pour un renforcement de la coopération stratégique entre l’UA et l’ONU en matière de paix et de sécurité régionales, par le biais du renforcement des mécanismes d’alerte rapide qui permettent de prévenir les conflits et de renforcer les capacités de médiation et de bons offices.

Jugeant essentiel de renforcer les processus électoraux sur le continent, le Mexique a rappelé que des élections libres, inclusives et justes étaient la pierre angulaire des efforts visant à renforcer la gouvernance et à éliminer le danger de coups d’état militaires.  Il souhaite que les élections en Libye se tiendront conformément au calendrier convenu, c’est-à-dire le 24 décembre 2021.

Enfin, Le Mexique a rappelé que le rapport final 2020 du Groupe de travail ad hoc sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique avait recueilli quelques préoccupations du Groupe A3+1 sur lesquelles le Conseil de sécurité ne s’est pas encore penché, comme la nécessité de prendre en compte avec plus de rigueur les points de vue du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur les sujets à l’ordre du jour concernant l’Afrique.

La France a insisté sur le rôle central de l’Union africaine dans la prévention et le règlement des conflits en parlant de Madagascar en 2018, du Soudan en 2019 ou encore du Grand barrage de la Renaissance, de la République centrafricaine et au Sahel qui sont des exemples où l’implication de l’Union africaine a permis d’avancer dans le règlement des crises.  C’est toutefois un effort toujours recommencé, comme le coup d’état au Soudan vient, « hélas, de nous le montrer ».  La France a également salué l’engagement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avant de mettre en exergue ce que le maintien de la paix des Nations Unies doit aux pays africains, à savoir 50% de ses Casques bleus.  S’agissant de la Force conjointe du G5 Sahel, la représentante a salué les progrès engrangés ces dernières années, en soutenant la proposition du Secrétaire général d’ouvrir un bureau de soutien logistique des Nations Unies, financé sur le budget régulier du maintien de la paix, y voyant l’approche la plus efficace pour fournir un soutien prévisible et durable dans un délai rapproché.  Le Conseil de sécurité ne peut ignorer ce besoin plus longtemps et doit prendre ses responsabilités à cet égard, a exigé la France.

Mais la coopération avec l’Union africaine est également essentielle dans le domaine de la santé et du développement durable, à commencer par un accès équitable et universel aux vaccins contre la COVID-19.  L’Afrique est la principale bénéficiaire de l’initiative ACT-A et de la facilité COVAX, a rappelé la représentante, financée pour plus de 3 milliards de dollars par l’Union européenne et ses États membres, ce qui a permis à ce jour de distribuer plus de 102 millions de doses à 52 États africains.  S’agissant du développement durable, il ne peut être envisagé sans une réponse ambitieuse aux changements climatiques et un effort dans le domaine de la protection de l’environnement, actions auxquelles l’UA doit être étroitement associée, a poursuivi la France, ajoutant que le développement durable passe également par le développement économique.  C’est le sens du Sommet sur le financement des économies africaines que la France a organisé en mai dernier et des engagements ambitieux qui y ont été pris.

Dans le cadre du partenariat ONU-UA, les Nations Unies doivent continuer à apporter leur soutien à l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », et à la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, en particulier le traitement des menaces telles que le terrorisme ou l’extrémisme violent, a exigé la France.  Il faut aussi lutter ensemble contre la résurgence du fléau des mercenaires, qui constitue un facteur de déstabilisation, a préconisé la représentante, en évoquant le cas des forces et mercenaires étrangers présents en Libye.  Il est indispensable d’engager un processus de retrait, tel que demandé par les Libyens eux-mêmes pour renforcer la sécurité de leur pays et de la région.  La France a souhaité avancer en ce sens lors de la Conférence de Paris sur la Libye le 12 novembre prochain, à laquelle seront étroitement associés les pays voisins et l’UA.  Elle soutient en outre le financement pérenne et prévisible, conjointement par l’UA et les Nations Unies, des opérations africaines de paix, y compris sur les contributions obligatoires, a indiqué la délégation, en appelant à la reprise des négociations engagées par ce Conseil et l’Union africaine sur cette question.

Le Niger a déclaré que l’Afrique occupait une place « disproportionnellement importante » dans l’ordre du jour du Conseil de sécurité, sachant que deux tiers de ses résolutions adoptées au titre du Chapitre VII de la Charte concernent l’Afrique.  Cette situation exige une coopération renforcée entre le Conseil de sécurité, l’Union africaine et son Conseil de paix et de sécurité.  Il faudrait également veiller à ce que les pays africains puissent faire entendre leur voix sur les questions qui les concernent.  Pour cette raison, comme beaucoup d’autres, le Niger soutient que des pays africains doivent disposer de sièges parmi les membres permanents du Conseil de sécurité, conformément au consensus d’Ezulwini.

Les États-Unis ont repris à leur compte certains points abordés par plusieurs intervenants notamment sur les approches conjointes prises par l’ONU et l’Union africaine en matière de médiation et de maintien de la paix.  Pour les États-Unis, les échanges de vues contribuent à la compréhension commune des dynamiques en action sur le continent.  Les États-Unis mettent également en exergue l’importance du Réseau des premières dames africaines pour la promotion de la participation des femmes dans la résolution des conflits et le maintien de la paix.  Ils encouragent à renouveler les engagements pris, car les organisations régionales ont des approches uniques en matière de prévention et de résolution des conflits, ainsi que de maintien et de pérennisation de la paix.

Les États-Unis ont laissé entrevoir des possibilités d’efforts conjoints quant à la question d’un financement prévisible et durable pour les opérations de paix de l’Union africaine, pour peu que l’on se penche davantage sur les critères qu’elles se fixent en matière de respect des droits de l’homme, sur l’amélioration de la formation et sur la lutte contre la discrimination et la violence à l’égard des femmes.  Les États-Unis saluent, à cet égard, la doctrine de l’Union africaine concernant sa force de paix au Mozambique, de même que l’accent mis sur les activités de police.  Les États-Unis entendent maintenir leur appui à la coopération étroite entre l’ONU et l’Union africaine.

M. DONALD KABERUKA, Haut-Représentant du Fonds de l’Union africaine pour la paix, réagissant à la fin de la réunion, a remercié les participants pour leurs contributions.  Il a ensuite jugé « important » de soutenir l’UA et ses mécanismes de paix et de sécurité.  C’est un bien public commun, a-t-il dit.  Il a également affirmé que la pandémie de COVID-19 a eu des conséquences sur les crises en cours et les perspectives de développement en Afrique.  Mais les pays du continent réagissent et la zone de libre échange du continent montre bien qu’il est prêt à prendre à bras le corps les questions de redressement économique.  Et nous le ferons dans un contexte de paix, a assuré le Haut-Représentant, réitérant l’appel à un soutien international pour parvenir à une paix et à un développement durables en Afrique.

D’emblée, Mme VICKY FORD, Ministre en charge de l’Afrique au Ministère des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a voulu souligner l’importance de la collaboration pour promouvoir et consolider la démocratie, les droits de l’homme, la bonne gouvernance et l’état de droit.  La Ministre a fermement condamné l’arrestation par l’armée de membres civils du Gouvernement de transition au Soudan et s’est inquiétée des informations faisant état de tirs contre des manifestants.  Les actes récents de l’armée représentent une « trahison inadmissible » du peuple soudanais qui était sur la voie de la démocratie, a martelé Mme Ford, qui a salué la réaction rapide de l’Union africaine, qui a suspendu le Soudan.  Elle a aussi souligné l’importance d’une coordination entre l’ONU et l’UA pour trouver des solutions politiques aux conflits, en particulier les efforts conjoints dans la région du Sahel.

« Horrifiée » par ses conséquences humanitaires, la Ministre a qualifié la situation dans le nord de l’Éthiopie d’« absolument inacceptable ».  Des « signalements crédibles » mentionnent l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre, a encore dénoncé Mme Ford, réitérant son appel à un cessez-le-feu immédiat, à un accès humanitaire et au dialogue.  Elle a salué les efforts de l’Envoyé spécial de l’UA, M. Obasanjo, pour inviter au dialogue les parties en conflit au Tigré, estimant toutefois qu’ils doivent être renforcés pour parvenir à des résultats.

La Ministre a ensuite attiré l’attention sur l’importance que le Royaume-Uni attache au rôle de l’UA dans les opérations de paix, en particulier à la mission de l’UA en Somalie, et sur celle d’un partenariat entre l’ONU et l’UA pour faire face aux défis à la paix et à la stabilité en Afrique.

Par ailleurs, le Royaume-Uni soutient les réponses à la pandémie et aux changements climatiques, a fait savoir la Ministre.  Il a ainsi fourni 27 millions de dollars au Fonds de réponse à la COVID-19 de l’UA et est l’un des principaux contributeurs au Mécanisme COVAX, qui a aidé 47 pays africains à avoir accès à environ 65 millions de doses de vaccin.  Il fournit également une assistance technique à la zone de libre-échange continentale africaine et a été le premier pays non africain à signer un accord de partenariat.  Durant sa présidence du G7, le Royaume-Uni travaille avec des institutions de financement du développement pour encourager les investissements dans les pays africains.  Enfin, il soutient l’autonomisation des femmes et des filles, notamment par le biais de l’éducation, estimant qu’il s’agit d’un élément essentiel pour que les pays atteignent leur plein potentiel.

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