En cours au Siège de l'ONU

SC/14562

Débat annuel sur les enfants dans les conflits armés: le Conseil de sécurité appelé à faire entendre « la voix des enfants derrière les chiffres »

Alors que  le mandat sur les enfants et les conflits armés marque son vingt-cinquième anniversaire, le Secrétaire général António Guterres a brossé un tableau sombre de la situation, ce matin, au Conseil de sécurité: en 2020, près de 24 000 violations graves ont été commises contre 19 300 enfants dans les 21 situations couvertes par ce mandat.   Les violations les plus répandues sont toujours le recrutement et l’utilisation d’enfants, le meurtre et la mutilation, et le refus d’accès humanitaire aux enfants.   Mais des tendances nouvelles  ont émergé, comme l’augmentation exponentielle du nombre d’enfants enlevés et des violences sexuelles contre les garçons et les filles, a relevé le Chef de l’ONU, faisant également état du ciblage disproportionné d’établissements d’enseignement et de santé pour filles.  

« Pour les enfants qui vivent les 21 conflits décrits dans le rapport du Secrétaire général, les défis de la vie quotidienne sous COVID-19 sont amplifiés », a renchéri la Directrice exécutive d’UNICEF, Mme Henrietta Fore.   Évoquant les fermetures d’écoles, elle a attiré l’attention sur les risques accrus de violence et d’abus en période de confinement, les impacts sur la santé mentale ainsi que les mécanismes d’adaptation négatifs comme les mariages précoces et le travail des enfants.  Les confinements et les contraintes de voyage ont rendu  encore plus ardu le travail déjà difficile de soutenir ces enfants,  a concédé la Chef d’UNICEF dont la capacité à apporter un soutien vital aux enfants a été très affectée.   Compte tenu de ce bilan, M. Guterres et ses équipes ont dit compter sur son dernier rapport pour faire entendre « la voix des enfants derrière les chiffres ». 

Venu lui prêter main forte, au cours de cette séance en visioconférence, l’acteur Forest Whitaker intervenait pour la deuxième fois au Conseil en tant que Fondateur et PDG de Whitaker Peace & Development Initiative et  Envoyé spécial de l’UNESCO pour la paix et la réconciliation.  Il a lui aussi appelé les membres du Conseil de sécurité à prendre le temps d’écouter  ces enfants et à trouver la force de voir le positif en  eux.   Fort de son expérience à leurs côtés, il a mis l’accent sur le fait que ces enfants « ne peuvent pas sortir de leurs nuits en un jour ».  Parmi les conséquences « invisibles » de leur vécu, il a cité les difficultés d’accès à l’éducation, la stigmatisation sociale et le rejet fréquent de ces enfants par leurs familles et communautés ainsi que leurs traumatismes sur le long terme.  L’acteur a témoigné des cas concrets d’enfants qu’il a rencontrés dans le cadre de son organisation en Ouganda, au Soudan du Sud et ailleurs.  Leur réintégration ne réussira pas sans patience et détermination, a insisté M. Whitaker pour lequel cela doit s’inscrire dans un continuum de soins pendant l’enfance, l’adolescence et la jeunesse. 

La Présidente de l’Estonie, Mme Kersti Kaljulaid, qui présidait ce débat public annuel, a invité pour sa part à utiliser les technologies, y compris dans les régions les plus isolées qui peuvent être rendues accessibles avec les téléphones mobiles, les messageries ou des outils de vidéoconférence.  L’éducation est la clef de la prévention, a ajouté la Présidente estonienne. 

Même son de cloche du côté de M. Laban Onisimus, un spécialiste en éducation pour Plan international au Nigéria, qui a plaidé la cause des enfants du bassin du lac Tchad.  Face à une augmentation alarmante de 70% des viols et autres formes de violence sexuelle en 2020 dans les pays de la région, comparé à l’année dernière, il a regretté que 98% des victimes soient des filles.  Les attaques contre les écoles ont privé des milliers de filles de leur droit à l’éducation pendant cette crise longue de 11 années, a-t-il déploré, « en large partie à cause de l’hostilité marquée à l’égard d’une éducation séculière ». M. Onismus a dit que plus de 1 400 écoles ont été détruites, 600 000 enfants privés de l’accès à l’éducation et 2295 enseignants tués, sans oublier l’augmentation frappante du nombre d’enlèvements « qui ne font pas les gros titres » et frappent surtout les filles.  

Dans son discours, le Président du Niger, M. Mohamed Bazoum, est lui aussi revenu sur la problématique de l’accès à l’éducation quand on sait que dans la région du Sahel, le nombre d’écoles fermées du fait de la crise sécuritaire et des attaques contre les écoles perpétrées par les groupes terroristes a été multiplié par six depuis 2017, avec près de 5 000 établissements fermés.  Concrètement cela a  perturbé l’enseignement de plus de 700 000 enfants, a regretté le Président en saisissant l’occasion pour insister sur l’importance de la Déclaration sur la protection des écoles contre les attaques, adoptée en septembre dernier sous  la présidence  nigérienne du Conseil.  

Si les appels se sont multipliés pour que les enfants rescapés des groupes armés soient traités comme des victimes, la délégation de Saint-Vincent-et-les Grenadines, entre-autres, a insisté sur l’importance de la prise en compte du genre dans les réponses et programmes d’appui à la réhabilitation et à la réinsertion. 

Malgré la pandémie de COVID-19, qui a eu un impact certain sur les travaux de la  Représentante  spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, le Chef de l’ONU a toutefois assuré que les équipes de l’ONU sur le terrain, ainsi que la société civile et d’autres partenaires, restent pleinement mobilisés pour mieux protéger les enfants.   Sur la base des outils mis en place par les 13 résolutions  pertinentes  du  Conseil, ils documentent les violations, s’engagent avec les parties au conflit et élaborent des plans d’action. 

Le Secrétaire général a toutefois appelé à financer des postes de protection de l’enfance sur le terrain, ce que la France a également exprimé en réclamant un soutien politique et financier aux acteurs du mécanisme de surveillance et de communication des informations.  Notre capacité à protéger les enfants repose sur la présence d’un tel personnel, a fait valoir M. Guterres, avant de reconnaître qu’à mesure que les conflits armés évoluent, le cadre de protection des enfants doit s’adapter.   « Nous devons garantir l’inclusion du langage de la protection de l’enfance dans les processus de paix et améliorer l’analyse des données, l’alerte précoce et le plaidoyer pour une action précoce », a recommandé le Secrétaire général. 

« Les conflits dévastent les sociétés et frappent tout particulièrement les enfants », a observé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de lONU, avant de constater que « le début de 2021 n’a pas fait exception ».  De fait, il a appelé toutes les parties au conflit à donner la priorité à la prévention des violations contre les enfants et à s’engager dans le dialogue, les cessez-le-feu et les processus de paix.  En 2020, a-t-il rappelé, près de 24 000 violations graves ont été commises contre 19 300 enfants dans les 21 situations couvertes par ce mandat. Les violations vérifiées les plus répandues ont continué d’être le recrutement et l’utilisation d’enfants, le meurtre et la mutilation d’enfants, et le refus d’accès humanitaire aux enfants.  Mais des tendances nouvelles ont émergé: une augmentation exponentielle du nombre d’enfants enlevés et des violences sexuelles contre les garçons et les filles, a relevé le Chef de l’ONU, faisant également état d’établissements d’enseignement et de santé pour filles ciblés de manière disproportionnée. 

Alors que le mandat sur les enfants et les conflits armés marque son vingt-cinquième anniversaire, M. Guterres a assuré que sa Représentante spéciale, les équipes de l’ONU sur le terrain, ainsi que la société civile et d’autres partenaires, restent pleinement mobilisés pour mieux protéger les enfants et empêcher les violations à leur encontre.  Sur la base des outils mis en place par les 13 résolutions pertinentes du Conseil, ils surveillent et documentent les violations, s’engagent avec les parties au conflit et élaborent des plans d’action et des engagements.  Ils plaident pour la libération des enfants, fournissent une assistance technique et de renforcement des capacités et soutiennent le Groupe de travail du Conseil sur les enfants et les conflits armés, a précisé le Secrétaire général, indiquant qu’en 2020, 17 plans d’action ont ainsi été mis en œuvre et au moins 35 nouveaux engagements ont été pris par les parties au conflit.  Au cours de la seule année dernière, plus de 12 300 enfants ont été libérés, s’est-il félicité. 

Notant que la COVID-19 a ajouté de nouvelles dimensions à ce travail, M. Guterres a salué le dévouement et le professionnalisme du personnel et des partenaires des Nations Unies, tout en insistant sur la nécessité de financer des postes de protection de l’enfance sur le terrain.  Notre capacité à protéger les enfants repose sur la présence d’un tel personnel, a-t-il soutenu, avant de reconnaître qu’à mesure que les conflits armés évoluent et que les enfants sont confrontés à de multiples menaces, le cadre de protection des enfants doit également s’adapter.  « Nous devons garantir l’inclusion du langage de la protection de l’enfance dans les processus de paix et améliorer l’analyse des données, l’alerte précoce et le plaidoyer pour une action précoce », a plaidé le Secrétaire général. 

Si le rapport 2020 est « sombre », il permet aussi de « puiser de l’espoir » dans les engagements locaux et internationaux, et les efforts des spécialistes onusiens de la protection de l’enfance, a estimé M. Guterres.  Surtout, ce rapport permet d’entendre « la voix des enfants derrière les chiffres », a-t-il relevé, non sans rappeler que, l’an dernier, les États Membres lui ont demandé de développer une vision pour mieux relever les défis actuels et futurs afin de faire avancer ce programme commun.  Avant de conclure, le Secrétaire général a appelé le Conseil et tous les États Membres à soutenir fermement la protection des enfants « par tous les moyens et à tout moment ».  « Il n’y a pas de place pour les enfants dans les conflits, et nous ne devons pas laisser les conflits bafouer les droits des enfants », a-t-il dit. 

La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour lEnfance (UNICEF), Mme HENRIETTA FORE, a relevé que la pandémie de COVID-19 a été dévastatrice pour les enfants du monde entier, mais surtout pour ceux vivant les horreurs des conflits.  « Pour les enfants qui vivent les 21 conflits décrits dans le rapport du Secrétaire général, les défis de la vie quotidienne sous COVID-19 sont amplifiés. »  Elle a ainsi évoqué les fermetures d’écoles, les risques accrus de violence et d’abus en période de confinement, les impacts sur la santé mentale et la séparation de leurs amis et pairs, les mécanismes d’adaptation négatifs comme le mariage des enfants et le travail des enfants.  Le tout sur fond de conflits prolongés et d’une crise socioéconomique mondiale qui menace de faire reculer des décennies de progrès et d’augmenter le risque de recrutement et d’utilisation d’enfants, a-t-elle ajouté.  « Nous avions espéré que les parties au conflit détourneraient leur attention de la lutte entre elles pour lutter contre le virus », a—t-elle regretté, notant que ces parties n’ont pas déposé les armes et n’ont pas permis un niveau d’accès humanitaire suffisant pour que l’UNICEF et ses partenaires puissent aider ces enfants dans le besoin.  Les confinements et les contraintes de voyage ont rendu encore plus ardu le travail déjà difficile de soutenir ces enfants, a noté Mme Fore, et la capacité de l’UNICEF à apporter un soutien vital aux enfants a été très affectée. 

L’an dernier, l’ONU a vérifié les graves violations commises contre plus de 19 000 enfants dans des situations humanitaires, en notant que beaucoup ont subi plus d’une violation de leurs droits, a dit Mme Fore.  Ainsi, des milliers d’enfants ont été tués ou mutilés, recrutés et utilisés dans les combats, enlevés, abusés sexuellement et exploités.  En moyenne, au cours des cinq dernières années, au moins 70 enfants chaque jour ont subi de graves violations de leurs droits, comme l’ONU a pu le vérifier, sachant que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés, a noté la Directrice exécutive.  Elle a rappelé que chaque cas est un triste ajout aux plus d’un quart de million de violations enregistrées depuis le début du mécanisme de surveillance.  Pour mieux protéger les enfants, elle a demandé le soutien urgent des États Membres, des partenaires et du Conseil de sécurité dans quatre domaines clefs. 

Premièrement, Mme Fore a exhorté le Conseil à accorder à cette question la priorité qu’elle mérite dans ses décisions et délibérations.  Elle a reconnu que malgré les divergences politiques, le Conseil a réussi à façonner un cadre global de respect du droit international et de responsabilité pour mettre fin à ces violations, notamment par le biais des résolutions, des déclarations et du Groupe de travail consacré à cette question.  Nous vous exhortons à continuer à placer cette question au centre de votre travail et à soutenir notre appel pour que tous les États Membres approuvent et mettent en œuvre les Principes de Paris et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a—t-elle plaidé.  Deuxièmement, la Directrice exécutive a appelé les États et toutes les parties au conflit à éviter d’utiliser des armes explosives dans les zones peuplées, rappelant que ces armes ont fait près de la moitié des victimes enfants l’an dernier.  Elle a appelé tous les États Membres à suivre l’exemple de l’Irlande et d’autres et à prendre un engagement politique sans équivoque à ne point utiliser les armes explosives dans les zones peuplées.  Agir ainsi aurait un effet immédiat et positif sur la sécurité et l’avenir de millions d’enfants qui vivent des conflits et des zones post-conflit, a-t-elle argué. 

Troisièmement, Mme Fore a appelé les États Membres à investir dans les femmes et les filles et à prévenir la violence sexiste dans les conflits.  Le rapport montre en effet une augmentation stupéfiante des cas avérés de viols, de violences sexuelles et d’enlèvements, a-t-elle déploré.  En effet, les filles ne sont pas seulement les victimes d’un quart de toutes les violations, elles représentent aussi 98% des victimes de viol et de violence sexuelle.  Alors que nos organisations font tout ce qui est en leur pouvoir pour prévenir et répondre à ces horribles violations contre les filles, nous avons besoin que les États Membres prennent toutes les actions possibles, y compris en augmentant considérablement les investissements dans les capacités des intervenants de première ligne, en particulier les organisations dirigées par des femmes et des filles, a-t-elle plaidé. 

Et quatrièmement, elle a appelé les États Membres à aider à accroître la capacité de protection de l’enfance à tous les niveaux.  Elle a rappelé que de nombreux travailleurs de première ligne risquent leur vie pour soutenir ces enfants, notamment pour écouter et documenter leurs expériences et transmettre ces histoires au monde et au Conseil afin que nous puissions façonner nos réponses en conséquence.  Selon Mme Fore, ce travail est absolument essentiel pour négocier et mettre en œuvre les plans d’action soutenus par l’ONU qui sont maintenant 17 au total.  « Nous avons besoin que les États Membres renforcent ce travail vital et salvateur en soutenant les travailleurs de première ligne qui risquent leur vie chaque jour pour le faire. » 

La Directrice exécutive de l’UNICEF a dit que ce nouveau rapport montre à quel point nous avons progressé dans la compréhension de l’impact dévastateur des conflits sur les enfants, mais il montre également à quel point le monde a fait peu de progrès dans la protection des enfants contre le fléau de la guerre depuis le rapport révolutionnaire de Graca Machel il y a 25 ans.  « Chaque violation contre les enfants, signalée ou non, représente une tache sur notre humanité », a-t-elle déclaré.  Alors que les enfants et les jeunes ne portent aucune responsabilité dans les conflits, ils en portent les cicatrices les plus profondes et en paient le prix le plus élevé, a-t-elle déploré avant d’appeler à une action politique décisive et à un investissement accru dans les héros humanitaires qui soutiennent ces jeunes vies au milieu de la violence et de la guerre.  Grâce à cela, nous pourrons commencer à renverser la vapeur, pendant et au-delà de la pandémie de COVID-19, a-t-elle conclu. 

M. FOREST WHITAKER, Fondateur et PDG de Whitaker Peace & Development Initiative, Envoyé spécial de lUNESCO pour la paix et la réconciliation et Défenseur des Nations Unies pour les objectifs de développement durable, a fait valoir que toute paix durable -qui est la mission centrale de l’ONU- est en jeu lorsque les enfants sont victimes des six violations graves que le Secrétaire général a détaillées dans son rapport.  Chacune de ces violations est affligeante en soi, qu’il s’agisse du meurtre et de la mutilation d’enfants; du recrutement ou de l’utilisation d’enfants comme soldats; de la violence sexuelle contre les enfants; des enlèvements d’enfants; d’attaques contre des écoles ou des hôpitaux; ou des obstacles à l’accès humanitaire des enfants.  Ces violations ont également des conséquences invisibles qui durent bien au-delà des actes eux-mêmes, s’est-il désolé. 

En premier lieu, il a parlé du fait que ces enfants perdent des mois, voire des années, d’éducation.  De tels retards se transformeront en carrières compromises et en opportunités réduites.  Dans de nombreux cas, leurs opportunités seront également limitées par un deuxième impact invisible, à savoir la stigmatisation sociale, a poursuivi M. Whitaker.  L’acteur a souligné que les familles et communautés de ces enfants refusent souvent de les reprendre ou de s’occuper d’eux.  De ce fait, beaucoup finiront dans la rue ou rejoindront des gangs.  La stigmatisation est l’un des problèmes les plus récurrents dans les discussions que M. Whitaker dit avoir eu avec les anciens enfants soldats ayant rejoint son organisation, comme Auma Susan, cette jeune femme de 24 ans qui travaille aujourd’hui en tant que conseillère pour la jeunesse dans sa ville.  En tant que leader communautaire respectée, elle enseigne l’éducation à la paix dans les écoles et arbitre les conflits fonciers, a expliqué M. Whitaker.  Mais son enfance est une histoire de dépravation et de chagrin.  Auma a été enlevée par la LRA alors qu’elle se rendait à l’école à l’âge de 7 ans.  Pendant trois mois, elle a été forcée de cuisiner, d’aller chercher de l’eau et de garder les enfants.  Elle était régulièrement battue et n’a pu s’échapper qu’après avoir reçu des éclats d’obus dans une jambe. Mais sa souffrance n’était pas terminée.  Pendant des années, les gens l’ont rejetée et insultée, ajoutant l’insulte à l’injure. Pendant des années, avant qu’elle ne puisse rebondir et prospérer, toute sa vie a été définie par la stigmatisation. 

Pour Auma et tant d’anciens enfants soldats, la stigmatisation a considérablement aggravé les effets d’un troisième impact invisible, le traumatisme, a ajouté M. Whitaker, expliquant que si les enfants impliqués dans un conflit ne souffriront pas forcément de blessures apparentes, tous souffriront de cicatrices internes, « piégés dans des cages intérieures dont ils n’ont pas la clef ».  Cela a amené M. Whitaker à parler de sa rencontre en Ouganda avec un travailleur humanitaire danois qui avait lancé un programme de réinsertion d’enfants soldats dans leurs familles quand elles étaient encore en vie.  Il avait placé le premier garçon dans sa maison d’enfance avec sa famille la veille, mais une fois rentré chez lui, « le garçon a tué sa sœur de huit ans ».  Le cerveau du garçon avait été transformé pour ne connaître que la violence, a soutenu M. Whitaker. Il avait été libéré de la guerre mais pas encore de ses démons. 

Cette histoire rappelle que les enfants touchés par les conflits ne peuvent pas sortir de leur nuit en un jour, a martelé M. Whitaker.  La réintégration ne réussira pas sans patience et détermination.  Il faut leur offrir un continuum de soins qui couvrira l’enfance, l’adolescence et la jeunesse, répondant à leurs besoins en termes d’éducation, d’opportunités économiques et de soutien psychosocial. 

C’est ce qu’il a essayé de faire au cours de la dernière décennie par le biais de sa fondation, la Whitaker Peace & Development Initiative (WPDI), au Soudan du Sud, en Ouganda et dans d’autres pays.  Son organisation cherche à raviver le lien entre les enfants touchés par les conflits et leur communauté, en leur fournissant des compétences, des opportunités et en soignant leurs traumatismes.  Nous ne sommes pas seuls dans cet effort, a concédé M. Whitaker, citant d’autres organisations qui travaillent dans le même sens.  Il a parlé notamment de son ami Sam Okello, l’un des premiers anciens enfants soldats qu’il a rencontré, qui a créé un campus, Hope North, pour fournir un abri et des compétences aux enfants et aux jeunes touchés par les conflits, ou encore Sœur Rosemary Nyirumbe et l’orphelinat qu’elle dirige à Gulu pour enseigner la couture aux filles sauvées des groupes armés.  Ces enfants ont droit à une seconde chance, a martelé M. Whitaker en invitant les membres du Conseil de sécurité à prendre le temps de les écouter et à avoir la force de voir le positif en eux. 

M. LABAN ONISIMUS, Spécialiste en éducation pour Plan international au Nigéria, a détaillé les conséquences « catastrophiques » sur la vie des enfants et des fillettes de la crise dans le bassin du lac Tchad, qui demeure l’une des plus graves urgences humanitaires dans le monde.  Rien qu’en 2020, selon le rapport du Secrétaire général de l’ONU, 124 enfants, y compris 39 filles au Nigéria, ont été tués ou mutilés.  M. Onisimus a précisé que, toujours selon l’ONU, ces atrocités ont été commises par l’État, non par des groupes armés non-étatiques.  Il s’agit de la pointe émergée de l’iceberg, les chiffres étant probablement beaucoup plus élevés, a-t-il dit.  Il a indiqué que dans le bassin du lac Tchad, les filles sont spécifiquement prises pour cibles.  Les violations commises contre elles ont augmenté de manière exponentielle.  À cette aune, il a exhorté le Conseil à accroître ses efforts pour protéger les filles.  Certaines des 276 filles enlevées à Chibok en 2014 n’ont pas encore regagné leurs foyers, a-t-il rappelé, faisant remarquer que certains parents sont morts en attendant le retour de leurs filles. « La plupart des enlèvements ne font pas les gros titres et le nombre de filles enlevées est en fait beaucoup plus important. » 

M. Onisimus a pointé en 2020 une augmentation alarmante de 70% des viols et autres formes de violence sexuelle dans les pays de la région, comparé à l’année dernière, les filles constituant 98% des victimes.  Il a ensuite dénoncé les attaques contre les écoles.  Des milliers de filles se sont vues privées de leur droit à l’éducation pendant cette crise longue de 11 années, a-t-il dit, en indiquant que l’une des causes est l’hostilité à l’égard d’une éducation séculière.  Plus de 1 400 écoles ont été détruites, 600 000 enfants n’ont plus eu accès à l’éducation et 2295 enseignants ont été tués pendant qu’ils essayaient de protéger les vies des enfants. 

Entre juin 2014 et février 2018, dans le nord du Nigéria, 468 femmes et filles ont été utilisées ou arrêtées lors d’attaques suicide, tuant environ 1 200 personnes.  Il s’agissait le plus souvent d’adolescentes qui ont été influencées ou contraintes de commettre ces attaques.  Il a ensuite souligné les liens clairs qui existent entre l’insécurité alimentaire, les mariages forcés des enfants et le déni d’un droit à l’éducation.  Il a regretté que les filles ne soient pas consultées lors de la prise de décision sur l’acheminement de l’aide humanitaire, afin de s’assurer que celle-ci répond à leurs besoins. 

Enfin, M. Onisimus a exhorté le Conseil à reconnaître que les filles sont prises spécifiquement pour cibles, à œuvrer pour que ceux qui attaquent des écoles et enlèvent des filles rendent des comptes, et à assurer un accès humanitaire sans entraves.  « Le Conseil, les États Membres et l’ONU doivent en faire plus pour prévenir les conflits », a-t-il conclu. 

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a raconté l’histoire de Graciela, une petite orpheline centrafricaine enrôlée par les groupes armés, obligée de s’entraîner pour se battre, mais qui a pu retourner à l’école après une longue période d’interdiction.  « Mais à quoi aurait ressemblé cette histoire pendant une pandémie?  À quel point la pandémie a-t-elle touché de nombreux enfants dans des situations comme celles-ci depuis le printemps 2020? »  Ce sont des questions complexes, inconfortables et importantes que nous devons nous poser, a dit la Présidente.

Les mesures de confinement contre la pandémie de COVID-19 en 2021 ont créé des défis que les groupes de travail sur le terrain ont dû surmonter pour collecter et vérifier ces violations, et pour dialoguer avec les parties afin de prévenir et de mettre fin à ces violations, a informé la Présidente.  Le rapport de 2020 recense de plus de 26 000 violations graves à l’encontre des enfants, a-t-elle rappelé.  La Présidente a regretté qu’en dépit du travail accompli par l’ONU et ses partenaires, la situation empire dans de nombreux pays.  Mme Kaljulaid a fait remarquer qu’une multitude d’enfants grandissent sans rien connaître d’autre que la guerre: en Syrie, au Yémen et au Myanmar.  Au cours des trois premiers mois de cette année en Afghanistan, plus de 150 enfants ont été tués et 400 blessés, a-t-elle ajouté.

Pour la Présidente, cette crise a mis en évidence les solutions potentielles.  Elle a ainsi invité à utiliser les technologies, y compris dans les régions les plus isolées qui sont toutefois accessibles avec les téléphones mobiles, les messageries ou des outils de vidéoconférence.  L’éducation est la clef de la prévention, a poursuivi la Présidente estonienne en plaidant pour que les écoles soient protégées contre les attaques.   Pour Mme Kaljulaid, la prévention passe aussi par l’obligation de rendre des comptes le plus tôt possible.  « Il faut assurer que personne ne soit au-dessus des lois et qu’aucun auteur n’échappe à la justice. »

« Nous avons besoin de mesures nationales énergiques pour l’établissement des responsabilité dans les cas de violations graves commises contre les enfants et d’une coopération avec les mécanismes internationaux pertinents de responsabilité, y compris la CPI », a suggéré la Présidente l’Estonie.  Un solide mécanisme de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves commises contre les enfants est aussi essentiel, a-t-elle poursuivi.  Enfin, elle a jugé crucial d’assurer, de préserver et de renforcer la capacité de protection de l’enfance des Nations Unies, y compris lors des transitions et des départs des missions.  La Présidente a aussi promis l’appui financier de son pays à la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés. 

M.  MOHAMED BAZOUM, Président du Niger, a réaffirmé l’engagement de son pays à relever les défis les plus urgents en matière de protection des enfants, notamment ceux touchés par les conflits armés.  L’ampleur alarmante des violations à l’encontre des enfants dans les conflits armés exige une réponse appropriée, contextuelle et soutenue, a-t-il estimé, constatant que, même si 12 600 enfants ont pu être libérés ou réintégrés en 2020, plus de 26 400 violations graves commises contre des enfants ont été confirmées dans 21 situations de pays. 

De l’avis de M. Bazoum, l’accès à l’éducation pour tous, y compris les enfants touchés par les conflits armés, est un impératif.  C’est à la fois un pilier de la prévention des conflits et une question de justice, a-t-il souligné. Il a ensuite rappelé que dans la région du Sahel, le nombre d’écoles fermées du fait de la crise sécuritaire et des attaques contre les écoles perpétrées par les groupes terroristes a été multiplié par six depuis 2017, avec près de 5 000 établissements fermés, ce qui a perturbé l’enseignement de plus de 700 000 enfants.  Assurant que l’accès à l’éducation est une priorité de son mandat, il a souligné l’importance de la Déclaration sur la protection des écoles contre les attaques, adoptée en septembre dernier sous la présidence nigérienne du Conseil. 

Alors que la situation sécuritaire reste alarmante au Sahel, le Président a dit craindre que les violations graves à l’encontre des enfants commises par des groupes armés se poursuivent.  Selon lui, la sécurisation de la région nécessite une approche holistique et intégrée qui s’attaque aux causes profondes des problèmes de sécurité et de développement.  Il a ainsi plaidé pour un renforcement des mécanismes régionaux, avec notamment la mise en place d’un bureau d’appui des Nations Unies pour le soutien logistique et opérationnel au G5 Sahel.  Il a également souhaité que les enfants rescapés des groupes armés soient traités comme des victimes, ce qui implique la mise en place de programmes d’appui à la réhabilitation et à la réinsertion, sensibles au genre.  Au Niger, a-t-il précisé, nous avons mis en place un centre qui travaille étroitement avec les communautés pour assurer une réintégration réussie, avec un soutien psychologique pour ces enfants en détresse qui ne demandent que l’opportunité de mener une nouvelle vie constructive dans la société. 

Observant ensuite que la crise sanitaire actuelle est devenue une crise des droits de l’enfant, M. Bazoum a averti que la suspension des principales campagnes de vaccination pourrait conduire à l’émergence de maladies évitables ayant des conséquences sur les enfants.  Il s’est aussi alarmé des impacts à moyen et long terme de la pandémie sur les violations à l’encontre des enfants touchés par les conflits armés, notamment le travail des enfants, le recrutement et le mariage des enfants, à commencer par les filles.  Dans ce contexte, il a demandé la mise en œuvre de la résolution 2565 (2021) du Conseil afin de faciliter un accès équitable et abordable aux vaccins contre la COVID-19 dans les situations de conflit armé, les situations post-conflit et les urgences humanitaires.  Enfin, il a réitéré le besoin d’intégrer la protection de l’enfance dans les processus de paix, et ce dès les premières étapes, afin de réduire les violations et créer les conditions d’une paix durable 

M. MICHAEL D. HIGGINS, Président de lIrlande, a jugé inacceptable qu’un enfant sur trois vivant dans des pays en conflit ne soit pas scolarisé et s’est inquiété de la multiplication des attaques contre les écoles en citant 26 000 violations graves vérifiées par l’ONU en 2020.  Il a cité 101 attaques vérifiées contre des écoles en République démocratique du Congo, 62 en Afghanistan et 53 en Somalie, et 140 établissements d’enseignement bombardés en un peu plus d’une semaine à Gaza.  « Au Myanmar, l’occupation des écoles par l’armée a aggravé une crise d’apprentissage existante pour près de 12 millions d’enfants », s’est-il encore alarmé avant d’appeler à mettre un terme de manière urgente au ciblage délibéré, aux attaques, à l’invasion et l’occupation d’écoles et d’hôpitaux par des groupes armés.  Soucieuse de garantir l’accès à l’éducation dans les situations d’urgence, l’Irlande souhaite consacrer 250 millions d’euros à l’éducation mondiale d’ici à 2024 et a par ailleurs lancé le Girls Fund pour soutenir les filles et promouvoir l’égalité des sexes dans les communautés. 

Il a relevé que plus de 8 000 enfants ont été tués ou mutilés dans des situations de conflit en 2020, appelant ensuite le Conseil de sécurité à doter les opérations de maintien de la paix des Nations Unies des mandats, des ressources et des capacités nécessaires pour sauver la vie des enfants et assurer leur bien-être. 

Abordant la question de la redevabilité, le Président de l’Irlande a appelé à mettre fin à l’impunité sous toutes ses formes, citant notamment l’influence et le pouvoir de la Cour pénale internationale.  Il a estimé que le travail de la CPI doit s’accompagner d’efforts accrus au niveau national.  Illustrant son propos, il a salué la condamnation en 2020 de Ntabo Ntaberi en République démocratique du Congo, qui a envoyé un puissant message d’espoir que l’impunité ne sera pas tolérée.  Rappelant que tout enfant associé à un groupe armé est avant tout une victime, M. Higgins, a salué la libération, en 2020, de près de 13 000 enfants.  Il a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à affronter « toutes les tristes réalités où nos actions sont insuffisantes ». 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD, Représentant permanente des États-Unis auprès des Nations Unies et membre du Cabinet du Président Biden, a évoqué son expérience de diplomate de plus de quatre décennies au cours desquelles elle a rencontré des victimes de conflits armés, y compris des enfants qui racontent des histoires qu’aucun enfant ne devrait pouvoir raconter.  Elle a rappelé qu’en début de ce mois, dans le village de Solhan dans la région du Sahel, un groupe armé non étatique a tué plus de 130 civils, dont beaucoup d’enfants.  Ce groupe armé est formé en majorité des 12-14 ans : « des enfants tuant des enfants ».  De la Sierra Leone à la Colombie, de la Somalie à l’Afghanistan, d’innombrables garçons et filles sont confrontés à la violence ou forcés de commettre eux-mêmes des actes de violence, a—t-elle souligné.  Elle a estimé que 25 ans après la création du programme sur les enfants et les conflits armés « nous n’avons pas fait assez », ajoutant qu’en raison de la pandémie, cette année a été l’une des pires. 

Selon la représentante, l’ONU doit veiller à la formation et au déploiement immédiats des conseillers en protection de l’enfance dès qu’ils  sont mandatés et financés.  Elle a également appelé à se concentrer sur certains des points chauds où les enfants sont confrontés aux menaces les plus graves, notamment en Syrie, au Cameroun, en Éthiopie et en « Birmanie ».  Elle a alerté que dans ce dernier pays, l’armée recrute illégalement des enfants et les soumet à la violence.  Le régime syrien continue de ne pas se soucier du bien-être des enfants et des jeunes vulnérables, tandis que dans la région anglophone du Cameroun, des enfants ont été menacés, et dans certains cas tués, parce qu’ils fréquentaient l’école.  Nous devons déployer tous les outils diplomatiques dont nous disposons pour faire avancer le dialogue et mettre fin à la violence, a-t-elle plaidé.  Elle a également estimé qu’il est grand temps que le Conseil de sécurité se réunisse publiquement au sujet du Tigré où les enfants sont confrontés à de graves problèmes de protection.  Elle a cité Nelson Mandela qui disait qu’« il ne peut y avoir plus vive révélation de l’âme d’une société que la manière dont elle traite ses enfants ».  Aujourd’hui, a déclaré la représentante, c’est l’âme du monde qui est en jeu. 

M. JENS FROLICH HOLTE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a souligné sa détermination, en tant que Président du groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, à renforcer les liens avec la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés.  Il a rappelé que les enfants paient le prix fort des conflits, 26 425 violations commises à leur encontre ayant été recensées par l’ONU.  Les cas d’enlèvement et de violence sexuelle commise contre des enfants ont augmenté, respectivement, de 90 et de 70%, a-t-il aussi noté.  Il a déclaré que la pandémie a encore accru la vulnérabilité des plus vulnérables.  La perte de revenus familiaux ou bien encore la fermeture des écoles ont fait augmenter les risques pour les enfants d’être enrôlés dans des groupes armés ou d’être victimes de violence sexuelle, a encore souligné le Vice-Ministre.

Le mécanisme de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves commises contre des enfants en situation de conflit armé doit recevoir les ressources nécessaires, qu’elles soient financières ou politiques, a plaidé M. Holte.  Il a souligné l’importance de l’impartialité et de la crédibilité du mandat, l’objectivité devant guider les critères d’inscription et de radiation sur les listes.  Le Vice-Ministre a ensuite demandé que des dispositions sur la protection des enfants soient incluses dans tous les mandats pertinents des opérations de maintien de la paix. 

M. Holte a fermement condamné les attaques contre les écoles et exhorté les pays qui ne l’ont pas encore fait à signer et mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Il a précisé que 109 États, dont 10 membres de ce Conseil, se sont ralliés à ladite Déclaration.  Enfin, il a rappelé que les enfants utilisés par des groupes armés et terroristes sont en premier lieu des victimes.  Les États Membres doivent traiter ces enfants dans le respect de leurs obligations découlant du droit international, a conclu M. Holte. 

Mme KEISAL PETERS, Ministre dÉtat au ministère des affaires étrangères et du commerce de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a remarqué que 25 ans après l’émergence du mandat sur les enfants et les conflits armés, des progrès remarquables ont été faits dans l’évolution des consciences et dans la création de mécanismes nationaux pour protéger et promouvoir le bien-être des enfants dans les pays et régions fragiles et touchés par des conflits. Malgré cela, le nombre des violations graves avérées contre les enfants n’a pas baissé en 2020, a noté Mme Peters en s’inquiétant particulièrement des défis rencontrés par les mécanismes de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves commises contre des enfants en situation de conflit armé, en raison des mesures de confinement du COVID-19.  Les enfants, en particulier les enfants réfugiés et déplacés, ont continué de subir les pires effets de la nature toujours changeante et complexe des conflits armés, a-t-elle constaté sur la base des faits qui ressortent du rapport du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général et de l’UNICEF, sur l’impact de la pandémie de COVID-19 notamment.  Dès lors, il est d’autant plus urgent d’adhérer à l’appel à un cessez-le-feu mondial et de veiller à ce que les programmes de réponse à la pandémie et de relèvement soient à la fois centrés sur l’enfant et sensibles au genre, a estimé Mme Peters.  Elle a insisté sur l’importance de la prise en compte du genre dans les actions et mécanismes émergents de protection de l’enfance pour apporter des réponses adaptées aux filles et aux garçons qui sont différemment impactés par la violence dans les conflits armés.  Bien que largement sous-déclarée, l’écrasante majorité des violences sexuelles est perpétrée contre les filles alors que les garçons sont plus susceptibles d’être tués ou mutilés, recrutés et utilisés à des taux bien plus élevés que les filles ainsi que détenus dans des institutions publiques et par des groupes armés. 

Dans ce contexte, la ministre a salué certains développements récents, comme en République centrafricaine où a été nommé un Ministre conseiller auprès du Président sur la protection de l’enfance et où a été promulgué un code de protection de l’enfance incriminant le recrutement d’enfants; et en Afghanistan qui a lancé en novembre 2020 une politique de protection de l’enfance, émanant du ministère de l’intérieur.  Elle a aussi apprécié les avancées dans la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, à travers un projet de loi sur la protection de l’éducation contre les attentats au Mali. 

La Ministre a souligné l’importance des actions qui mettent l’accent sur la réhabilitation, la réintégration conformément aux normes de justice pour mineurs établies dans la Convention relative aux droits de l’enfant et son Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.  Elle a appelé à reconnaître que les enfants sont avant tout des victimes des conflits armés.  À ses yeux, il faut miser sur une combinaison de volonté politique et d’appropriation nationale, de coopération entre l’ONU et les organismes régionaux et de financement cohérent et prévisible, pour assurer le respect, par les États, de leurs obligations de protéger les enfants, telles qu’elles sont inscrites dans les mécanismes internationaux de responsabilité.  Ceux-ci incluent le respect du droit international humanitaire, des droits de l’homme et des réfugiés, des normes de justice pour mineurs de la Convention et de tous les autres mécanismes internationaux de responsabilité relatifs à cette question. 

M. HARSH VARDHAN SHRINGLA, Secrétaire aux affaires étrangères de lInde, a pris note de l’ampleur et la gravité des violations perpétrées contre les enfants dans les conflits armés.   La pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif supplémentaire sur les enfants en entravant leur accès à l’éducation, à la santé et aux services sociaux, et en aggravant le recrutement et les enlèvements, a ajouté le Ministre.  Les États doivent mettre la protection des enfants en cas de pandémie au cœur de leurs mesures d’intervention et de leurs plans de relèvement, a encouragé M. Shringla. 

Pour l’Inde, les gouvernements nationaux sont les premiers responsables de la protection des droits de l’enfant.  Dès lors, les États Membres devraient à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, et adopter des cadres juridiques solides pour la protection et la promotion des droits de l’enfant.  Préoccupé par la tendance dangereuse du terrorisme mondial, avec l’augmentation du nombre d’enfants recrutés et impliqués dans des activités liées au terrorisme, le Ministre a dit que les États doivent demander des comptes aux auteurs d’actes de terrorisme et leurs parrains.  M. Shringla a demandé qu’il soit mis fin à l’impunité de tous les responsables d’incitations et de violations graves contre les enfants. 

La coopération entre l’ONU et les États Membres est aussi essentielle à l’élaboration d’une politique efficace et durable de rapatriement et de réinsertion des enfants touchés par les conflits armés, a poursuivi le Ministre.  Il a également demandé des ressources suffisantes pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU afin qu’elles puissent mettre en œuvre de manière efficace des programmes de protection de l’enfance.  Le Ministre a terminé en dénonçant la mention, dans le rapport du Secrétaire général, de situations qui ne sont pas des situations de conflit armé ou des menaces au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  « Nous devons être prudents alors que les tentatives d’élargir de manière sélective les mandats politisent l’ordre du jour, détournant l’attention des menaces réelles à la paix et à la sécurité internationales et aux enfants dans les conflits armés », a-t-il averti. 

M. DANG HOANG GIANG, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a rappelé que près d’un demi-siècle après sa « guerre de résistance », son pays continue de ressentir « l’héritage tragique » des pertes et des souffrances, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants.  De fait, a-t-il dit, protéger les enfants des hostilités et des abus dans les conflits armés est une question dont le Viet Nam a fait une priorité constante depuis son premier mandat au Conseil en 2008-2009. Malheureusement, la situation s’est aggravée depuis lors, a constaté le Vice-Ministre, tout en saluant les changements positifs enregistrés depuis la création du programme sur les enfants et les conflits armés il y a 25 ans.  Grâce aux efforts considérables de l’ONU et de la communauté internationale, a-t-il applaudi, des centaines de milliers d’enfants ont été secourus et libérés de groupes armés, ont réintégré leur famille et sont retournés à l’école. 

Pourtant, notre travail est loin d’être terminé, a poursuivi M. Dang, exhortant en premier lieu toutes les parties au conflit à mettre en œuvre rapidement l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial.  Il a ensuite souhaité que soit garanti le libre accès des enfants à l’aide humanitaire, y compris aux vaccins contre la COVID-19, avec le soutien sur le terrain de l’UNICEF, du PNUD, de l’OMS et des autres acteurs concernés.  Il convient également d’assurer la protection des infrastructures civiles essentielles, a-t-il ajouté, rappelant le soutien de son pays à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Enfin, il a demandé instamment l’intégration des composantes de la protection de l’enfance dans les mandats de toutes les opérations de maintien de la paix et missions politiques pertinentes des Nations Unies.  Évoquant en conclusion l’action de soldats de la paix vietnamiens menée auprès d’enfants au Soudan du Sud et en République centrafricaine, il a estimé que les Casques bleus et les agences de l’ONU présentes sur le terrain peuvent aider à briser le cercle vicieux de la violence et de la pauvreté et semer les graines de paix. 

M. JAMES CLEVERLY, Ministre dÉtat aux affaires étrangères, au Commonwealth et au développement du Royaume-Uni, a salué la réinscription de la Tatmadaw pour cause de recrutement d’enfants, tout en estimant qu’une plus grande transparence sur les décisions d’inscription assurerait la pérennité et la réputation du mécanisme de surveillance et de communication de l’ONU.  Il s’est inquiété du sort des enfants en Éthiopie, où des enfants ont été soumis à d’horribles abus sexuels dans la région du Tigré, ainsi qu’au Mozambique, des informations faisant état d’« histoires horribles » de décapitation d’enfants aussi jeunes que 11 ans par des insurgés terroristes à Cabo Delgado.  Il a espéré que le rapport de l’année prochaine mettra en lumière ces atrocités. 

Le Ministre d’État a ensuite noté à quel point la pandémie de COVID-19 a accru le défi de l’accès à l’éducation en période de conflit.  Il a indiqué avoir rencontré, la semaine dernière, une jeune fille afghane qui lui a déclaré qu’elle avait la sensation de faire un pas de plus vers ses rêves chaque fois qu’elle partait à l’école, mais que ce rêve s’était brisé avec la destruction de son école.  En écho à ce témoignage, M. Cleverly a exhorté le Conseil de sécurité à condamner l’augmentation alarmante des attaques contre les écoles, ainsi que les enlèvements et les violences sexuelles contre les filles.  « En perdant l’accès à l’école, les filles perdent non seulement la possibilité d’apprendre, mais aussi la protection offerte par les écoles contre la violence domestique, les mariages précoces et forcés et les grossesses d’adolescentes », a-t-il signalé. 

Le Ministre d’État a jugé urgent d’intégrer les perspectives de genre dans toutes les réflexions sur les enfants dans les conflits armés.  Il a aussi estimé que les Membres du Conseil de sécurité ont la responsabilité morale d’intégrer la protection de l’enfance dans les mandats, les résolutions et les sanctions des Nations Unies et par le biais des missions politiques spéciales, des agences des Nations Unies et des équipes de pays. 

La Chine a déploré le fait que 25 ans après le premier rapport de Mme Graca Machel sur le sort des enfants pendant les conflits armés, leur situation n’a pas beaucoup changé, citant notamment les conflits en Palestine et en Afghanistan.  Notant que parvenir à la paix serait la meilleure solution pour protéger les enfants, il a invité les parties à un conflit à répondre favorablement à l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire général. 

Le représentant a ensuite dénoncé le meurtre d’enfants et de civils en Afghanistan par des forces étrangères, demandant que les auteurs rendent compte.  Il a souhaité que la communauté internationale fasse pression afin que toutes les parties en conflit adhèrent aux principes de protection des enfants.  Au sujet du rapport du Secrétaire général, il a demandé que celui-ci s’appuie exclusivement sur des faits et qu’il ne soit pas politisé.  De même, M. Zhang a affirmé que les mesures unilatérales coercitives s’apparentent à des violations graves des droits humains, y compris ceux des enfants.  Les agences de l’ONU doivent s’atteler au rapatriement d’enfants étrangers se trouvant en Syrie et en Iraq, a-t-il plaidé.  Il a terminé en déplorant les cas de violence contre les enfants autochtones au Canada où des centaines de dépouilles ont récemment été trouvées.  Ces cas ne doivent pas être relégués à l’histoire et ce pays doit assumer ses responsabilités et veiller à ce que ce genre de tragédie ne se reproduise plus, a-t-il estimé. 

La Fédération de Russie a estimé que les parties responsables des violations contre des enfants devraient être poursuivies après une enquête appropriée.  Il a noté que la pandémie de COVID-19 a exacerbé la situation déjà difficile des enfants dans les zones de conflits.  Le délégué a marqué sa préoccupation par la situation des enfants en Syrie, notamment dans les territoires non contrôlés par Damas dans le nord-est du pays ainsi que dans la zone de désescalade d’Edleb qui est contrôlée par l’organisation terroriste Hayat Tahrir el-Cham.  La population locale est essentiellement utilisée par les terroristes comme boucliers humains, et les enfants souffrent particulièrement de la tyrannie des autorités locales, a-t-il signalé.  Les mariages d’enfants précoces y sont en hausse et les écoliers n’ont pas le droit de quitter l’enclave pour passer des examens.  La situation n’est pas meilleure dans les camps de déplacés surpeuplés de Hol et Roj, dans le nord-est du pays, où l’idéologie extrémiste et le radicalisme religieux s’implantent activement. 

M. Kuzmin a réitéré l’appel de la Fédération de Russie aux pays à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international et à prendre des mesures pour rapatrier les enfants de leurs citoyens des zones de conflit armé.  Nous sommes prêts à partager notre expérience, car depuis 2018 nous avons renvoyé dans leur patrie 318 de nos enfants de Syrie et d’Iraq et participons activement à leur réinsertion, a-t-il témoigné.  De plus, la situation en Syrie est compliquée à plus d’un titre par les sanctions unilatérales illégales imposées par l’Occident, ce qui crée des pénuries de produits essentiels, de nourriture, d’eau potable, de préparations pour nourrissons, de médicaments, et de manuels scolaires.  « Alors qu’ils s’inquiètent verbalement du sort des enfants, les donateurs occidentaux refusent de financer non seulement des projets de reconstruction du pays, mais aussi des projets d’infrastructure pour le relèvement rapide », a—t-il déploré. 

Le représentant a par ailleurs indiqué que de « tristes statistiques » montrent que des enfants sont régulièrement victimes de frappes aériennes, y compris de la part des troupes étrangères en Afghanistan ainsi que d’attaques terroristes, évoquant notamment l’attaque perpétrée en mai contre une école des filles.  Il a également parlé de l’Ukraine, dominée par le chaos politique, la guerre civile, le nihilisme juridique et l’ultranationalisme endémique.  Pour la huitième année consécutive, a-t-il affirmé, le régime de Kiev tente de sévir contre les habitants de l’est de l’Ukraine et « continue de tuer des enfants », puisque les écoles, les hôpitaux, les terrains de jeux ainsi que les infrastructures clefs continuent de faire l’objet de tirs ciblés de l’armée ukrainienne. 

La Tunisie a rappelé que les enfants paient le prix fort des conflits.  La protection des enfants pendant les conflits doit demeurer notre priorité absolue, a-t-elle dit.  Elle a déploré le nombre croissant de violations vérifiées par l’ONU commises à l’encontre des enfants, ainsi que l’absence d’un soutien psychosocial pour les enfants qui en sont victimes.  La délégation a dénoncé le mépris des parties belligérantes pour le droit et demandé la création de mécanismes de reddition des comptes pour y remédier.  Elle a ainsi relayé l’appel du Secrétaire général pour la mise en place au niveau national de mécanismes de lutte contre l’impunité.  La délégation a relevé que le nombre de violations signalé ne reflète pas la réalité, qui est encore plus préoccupante.  Elle a exhorté les pays à mettre en œuvre les résolutions du Conseil pertinente et appuyé l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial.  Enfin, la Tunisie a souligné l’importance de prévenir les conflits pour protéger les enfants.  « Les enfants sont notre ressource la plus précieuse. » 

Le Kenya a pris note du rapport du Secrétaire général faisant état qu’en 2020, l’ONU a vérifié près de 30 000 violations graves contre des enfants, soit environ 100 violations commises chaque jour.  Il a appelé toutes les parties à des conflits armés à respecter leurs obligations internationales en ce qui concerne la sécurité des enfants avant de demander au Conseil de sécurité de prendre des mesures immédiates dont le renforcement des outils de protection de l’enfance dans les missions de paix de l’ONU en les intégrant dans les mandats et en assurant un suivi pour assurer l’obligation de rendre des comptes. 

Le Kenya a ensuite focalisé son intervention sur la protection des enfants contre le terrorisme, étant particulièrement préoccupé par la poursuite de la radicalisation et du recrutement d’enfants et de jeunes par des groupes terroristes comme Al-Qaida, Daech et les Chabab.  Il a demandé au Conseil de mener une lutte vigoureuse et cohérente contre le terrorisme et pour la protection des enfants notamment par des sanctions financières.  Face à la poursuite de la radicalisation, le Kenya a recommandé de mettre à nouveau l’accent sur la mise en œuvre de programmes novateurs de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) qui prennent en considération la réintégration des anciens combattants terroristes et des mineurs qui ont été radicalisés ou recrutés.  Au Secrétaire général, le Kenya a demandé de mettre au point une initiative de déploiement de la formation et du renforcement des capacités pour le « DDR Plus », et au Conseil de sécurité de fournir des ressources pour leur mise en œuvre. 

La France a tout d’abord constaté que les restrictions liées à la COVID-19 ont limité la capacité à surveiller et à répondre aux violations graves subies par les enfants.  Elle a ensuite noté que les conséquences socioéconomiques de la pandémie et des fermetures d’écoles exposent particulièrement les enfants aux risques.  Durant cette période, a-t-elle déploré, les actes de violence domestique, de viol ou d’autres formes de violence sexuelle, ainsi que l’abandon scolaire se sont multipliés de manière préoccupante.  Or, les fermetures d’écoles augmentent le recrutement par les groupes armés ainsi que le travail des enfants, sans oublier le mariage précoce et forcé pour les filles, a relevé la délégation. 

Pour la France, davantage doit être fait pour mettre en œuvre le cadre de protection créé par la résolution 1612, qu’elle avait présentée en 2005 avec le Bénin.  Depuis l’adoption de ce texte, 150 000 enfants ont été libérés grâce à l’engagement de ce Conseil, des Représentantes spéciales successives, de l’UNICEF et de la société civile, a-t-elle souligné.  Pourtant, un meilleur usage doit être fait des outils mis en place, a plaidé la délégation, souhaitant que les acteurs du mécanisme de surveillance et de communication des informations reçoivent un soutien politique et financier pour opérer en toute sécurité.  

Pour sa part, a indiqué la délégation, la France soutient des projets qui garantissent l’accès à l’éducation dans les situations d’urgence, notamment le Fonds « Education Cannot Wait ».  À travers le Partenariat mondial pour l’éducation, elle finance aussi un projet de 11 millions de dollars au Niger pour atténuer l’impact de la pandémie sur le système éducatif.  Elle appuie par ailleurs la mise en place d’environnements protecteurs pour les filles au sein des écoles dans le cadre de l’initiative « Priorité à l’Égalité » menée dans les pays du Sahel et qu’elle finance à hauteur de 10 millions d’euros.  Enfin, face à la croissance inacceptable des mutilations et violences sexuelles, la France soutient plusieurs projets en Iraq et contribue au « Fonds Mukwege/Murad » pour les survivantes de telles violences. 

Le Mexique s’est inquiété du sombre tableau dressé par le rapport du Secrétaire général qui met en évidence 20 000 violations graves contre des enfants et des adolescents.  « L’augmentation des enlèvements d’enfants et des cas de violences sexuelles est alarmante et inacceptable » a scandé le Mexique avant de rappeler que de nombreux cas n’ont pas pu être vérifiés en raison de la pandémie et que de nombreux autres n’ont pas été signalés à cause du manque de protection juridique, de la stigmatisation et d’autres facteurs. 

Alors que le Conseil a condamné il y a un mois l’attaque contre une école à Kaboul, qui a fait 50 victimes dont des filles, le Mexique a exhorté tous les États à adhérer à la Déclaration pour des écoles sûres.  Rappelant que le recrutement des enfants dans des groupes armés est l’une des pires violations du droit international humanitaire et du droit international des droits humains, le Mexique a estimé que les travaux de la Cour pénale internationale (CPI) sont fondamentaux pour lutter contre l’impunité, et contribuer à prévenir ces crimes à l’avenir.  Il a rappelé que les enfants associés aux groupes armés doivent être traités comme des victimes avant de rappeler que les enfants n’ont rien à faire dans les prisons. 

Alors que la pandémie a exacerbé la vulnérabilité des filles et des garçons, et leur bien-être psychosocial, le représentant du Mexique a appelé à promouvoir un accès à des services de santé complets et adaptés aux besoins de chacun, non seulement des services de santé sexuelle et reproductive, mais aussi des services de santé mentale et de soutien psychosocial, indispensables pour panser les dégâts psychologiques et reconstruire les structures sociales.  « Les États doivent suspendre toutes les ventes et exportations d’armes à toute partie énumérée dans l’annexe au rapport du Secrétaire général », a encore dit le Mexique avant d’appeler à renforcer le rôle et la présence des conseillers à la protection de l’enfance dans les mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.

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