Conseil de sécurité: la paix exige « des partenariats stratégiques et opérationnels » avec les organisations régionales et sous-régionales
Comment renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en vue de renforcer la confiance et le dialogue dans le cadre de la prévention et du règlement des conflits? C’est à cette question que le Conseil de sécurité répond aujourd’hui dans une déclaration présidentielle, après avoir tenu un débat public de haut niveau, orchestré par le Président du Viet Nam qui s’est enorgueilli du « rôle central » joué par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour stabiliser la situation au Myanmar. Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil souligne que l’ampleur et la nature du défi de la pérennisation de la paix exigent l’instauration « de partenariats stratégiques et opérationnels » étroits entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.
Ces partenariats sont d’autant plus urgents que depuis 2015, les conflits ont provoqué plus de 488 000 morts dans le monde et les fonds réunis au titre de l’aide humanitaire ont atteint « le chiffre faramineux » de 31,6 milliards de dollars. Leur proximité géographique, leur expérience et leur connaissance « fine » des dynamiques locales font que ces organisations sont mieux préparées à détecter les signes et les facteurs d’une aggravation de la situation et à agir en vue de leur atténuation*.
Aujourd’hui, a confirmé le Secrétaire général de l’ONU, la coopération avec elles englobe la diplomatie préventive, la médiation, la lutte contre le terrorisme, la prévention de l’extrémisme violent, le maintien et la consolidation de la paix, la promotion des droits de l’homme, l’avancement du programme femmes, paix et sécurité, la lutte contre les changements climatiques et, depuis l’année dernière, la riposte à la pandémie de COVID-19.
Favoriser le dialogue et instaurer la confiance dans tous ces domaines est « au cœur de notre travail », a noté le Chef de l’ONU, en évoquant les résultats de ces partenariats en Bosnie-Herzégovine, au Soudan, au Mali, en Libye et en Bolivie. Compte tenu de la « crise urgente » au Myanmar, le Secrétaire général a souligné que l’ASEAN, dont le Partenariat global avec les Nations Unies, a été établi en 2011, est « plus crucial que jamais ».
Son prédécesseur, M. Ban Ki-moon n’a pas dit autre chose. Il a plaidé pour « l’unité » sur ce dossier, prévenant que la souveraineté ne saurait servir de prétexte pour ne rien faire. Ce « manque de clarté » autour de certains principes a été épinglé par l’Union africaine qui a admis que celui de non-ingérence, brandi au nom du respect de la souveraineté nationale, limite sa capacité d’intervention. En prévision du sommet de l’ASEAN sur le Myanmar, le 24 avril en Indonésie, l’ancien Secrétaire général a exhorté les dirigeants à se mettre « au moins » d’accord sur la constitution d’une mission de haut niveau.
L’ASEAN, a insisté, M. Dato Erywan Ephin Yusof, Président de l’Association et Deuxième Ministre des affaires étrangères de Brunéi Darussalam, a dûment appelé l’ensemble des parties concernées à rechercher une solution pacifique et est prête à actionner ses bons offices au plus haut niveau pour aider le Myanmar de manière constructive. Un autre exemple de l’implication des organisations régionales a été donné par Mme Ann Linde, Ministre des affaires étrangère de la Suède et Présidente en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Elle a attiré l’attention sur le Document de Vienne dont la « valeur » pour la réduction des risques militaires a été illustrée ce mois-ci lorsque son « Mécanisme de consultation et de coopération concernant les activités militaires inhabituelles » a été activé par l’Ukraine pour demander des informations à la Fédération de Russie. Cette dernière a conseillé à l’OSCE de jouer son rôle de médiateur « en toute honnêteté », préférant ignorer certaines déclarations « déplacées » faites durant ce débat public.
La nécessité de « partenariats stratégiques » avec les organisations régionales, a été particulièrement défendue par M. Ahmed Aboul Gheit, Secrétaire général de la Ligue des États arabes. Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité reconnaît en effet que l’ampleur et la nature du défi que constitue la pérennisation de la paix exigent l’instauration « de partenariats stratégiques et opérationnels » étroits entre les autorités nationales, l’ONU, les organisations régionales et sous-régionales et les autres parties prenantes, notamment les organisations de la société civile, les groupes de femmes et les organisations de jeunes. Le succès de l’action menée par les organisations régionales dépend de l’inclusivité, a acquiescé l’Union européenne. Pour parvenir à une paix durable, il faut veiller à ce que la voix de tous les groupes de la société soit entendue.
Le Conseil de sécurité encourage, dans sa déclaration présidentielle, un apport en personnel et l’octroi d’une aide technique et financière aux organisations régionales et sous-régionales, selon qu’il conviendra. Le financement des opérations africaines de paix est « un chantier essentiel », a, par exemple estimé la France, en parlant aussi des contributions obligatoires de l’ONU. Le Conseil encourage aussi ces organisations et le Secrétariat de l’ONU à continuer de réfléchir à des formules d’échanges d’informations sur leurs capacités respectives, sur les pratiques optimales et sur les enseignements tirés de leurs activités de maintien de la paix et de la sécurité internationales, et à continuer de recenser les pratiques optimales, en particulier en matière de médiation, de bons offices et de maintien de la paix. Le Conseil prie le Secrétaire général de formuler des recommandations propres à renforcer encore la coopération entre l’ONU et ces organisations en matière de promotion de la confiance et du dialogue.
*S/2021/297
Déclaration du Président du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité rappelle ses précédentes résolutions sur la question et les déclarations de sa présidence soulignant combien il importe d’établir, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des textes constitutifs des organisations régionales et sous-régionales, des partenariats efficaces entre l’Organisation des Nations Unies et ces organisations.
Le Conseil réaffirme qu’en vertu de la Charte il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et rappelle que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales sur les questions concernant le maintien de la paix et de la sécurité internationales, conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte, peut améliorer la sécurité collective.
Le Conseil considère que, connaissant bien leurs régions respectives, les organisations régionales et sous-régionales sont bien placées pour appréhender les causes profondes des conflits armés, ce qui peut leur être utile aux fins de la prévention ou du règlement de ces conflits. Il souligne qu’il importe de tirer parti des capacités et potentialités de ces organisations à cet égard, y compris en engageant les pays de la région concernée à régler pacifiquement leurs différends par le dialogue, la réconciliation, la concertation, la négociation, les bons offices, la médiation et les voies judiciaires.
Le Conseil réaffirme son attachement au règlement pacifique des différends, conformément à la Charte des Nations Unies et en particulier au Chapitre VI. Il constate qu’il est nécessaire de renforcer l’action menée pour soutenir la prévention et le règlement des conflits, notamment en favorisant les mesures de confiance et le dialogue politique grâce à une concertation totale avec les parties concernées.
Le Conseil souligne qu’il importe de mobiliser les efforts de la communauté internationale en faveur d’une paix durable, notamment les efforts faits par les organisations régionales et sous-régionales pour promouvoir la paix et la confiance entre les parties concernées. Il est également conscient que l’ampleur et la nature du défi que constitue la pérennisation de la paix exigent l’instauration de partenariats stratégiques et opérationnels étroits entre les autorités nationales, l’Organisation des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales et les autres parties prenantes, notamment les organisations de la société civile, les groupes de femmes et les organisations de jeunes.
Le Conseil considère que les organisations régionales et sous-régionales sont bien placées pour promouvoir la confiance et le dialogue entre les parties concernées dans leurs régions respectives. Il reconnaît à cet égard qu’il est souhaitable de resserrer encore et de mieux concrétiser, selon qu’il conviendra, la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et ces organisations dans les domaines de l’alerte rapide en cas de conflit, de la prévention des conflits ainsi que de l’établissement, du maintien et de la consolidation de la paix, et de renforcer la cohérence, la synergie et l’efficacité collective de leurs efforts. Il constate que les organisations régionales et sous-régionales peuvent jouer un rôle dans la reconstruction après les conflits et le développement durable et réaffirme l’importance des échanges et de la coopération entre ces organisations et la Commission de consolidation de la paix.
Le Conseil souligne qu’il importe de promouvoir durablement le renforcement de la confiance et le dialogue, qui sont des éléments essentiels de la prévention et du règlement des conflits. À cet égard, il fait valoir le rôle qu’ont à jouer les États, les organisations régionales et sous-régionales, l’Organisation des Nations Unies et les parties prenantes dans la promotion des mesures de confiance et du dialogue à différents niveaux, tout en soulignant la nécessité de veiller à la synergie, à la cohérence et à la complémentarité des activités menées à cette fin et de faire en sorte que les femmes y participent pleinement et véritablement, sur un pied d’égalité.
Le Conseil salue les efforts résolus qui sont déployés pour renforcer la coopération et la coordination stratégiques entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales qui peuvent jouer un rôle majeur dans la prévention des conflits et, à cet égard, encourage une prise en compte du fait qu’il faut continuer de renforcer les capacités des organisations régionales et sous-régionales dans les domaines de la prévention des conflits, de la gestion des crises, de la stabilisation après les conflits et de la pérennisation de la paix, notamment grâce à un apport en personnel et à l’octroi d’une aide technique et financière, selon qu’il conviendra.
Le Conseil salue les efforts que fait le Secrétariat pour contribuer à la consolidation des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, notamment dans le cadre du dialogue interactif de haut niveau organisé avec les chefs de diverses organisations, notamment régionales. Il encourage le Secrétariat et les organisations régionales et sous-régionales à continuer de réfléchir, selon qu’il convient, à des formules d’échanges d’informations sur leurs capacités respectives, sur les pratiques optimales et sur les enseignements tirés de leurs activités de maintien de la paix et de la sécurité internationales, et à continuer de recenser les pratiques optimales, en particulier en matière de médiation, de bons offices et de maintien de la paix.
Le Conseil salue les partenariats noués entre des organisations régionales et sous-régionales, notamment entre des organisations basées sur différents continents. À cet égard, il encourage les organisations régionales et sous-régionales à tirer pleinement parti de l’avantage comparatif que leur confère leur proximité ainsi que des mécanismes existants pour promouvoir la confiance et le dialogue, à mieux coopérer et dialoguer et à renforcer leurs capacités afin d’être mieux à même de fournir à leurs États membres, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des accords passés entre chaque organisation régionale et ses membres, l’assistance nécessaire dans le cadre de l’action menée pour prévenir les conflits et les régler par des moyens pacifiques.
Le Conseil sait gré au Secrétaire général de ce qu’il fait pour lui rendre compte régulièrement dans les rapports qu’il lui présente des progrès accomplis dans le domaine de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales compétentes, et le prie de continuer dans ce sens. Il prie également le Secrétaire général de présenter, selon qu’il conviendra et dans la limite des ressources disponibles, dans le rapport qu’il lui adresse, ainsi qu’à l’Assemblée générale, tous les deux ans au sujet de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales ou autres, des informations et des observations sur l’action que mènent les entités des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales pour promouvoir des mesures de confiance et le dialogue, notamment de recenser les difficultés rencontrées et les pratiques optimales à cet égard.
Le Conseil prie le Secrétaire général de formuler, dans les rapports écrits qu’il établit régulièrement au sujet des questions dont il est saisi, des recommandations propres à renforcer encore la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales en matière de promotion de la confiance et du dialogue, selon qu’il conviendra.
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a assuré que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales est une de ses priorités, depuis le début de son mandat, une coopération qui a connu un véritable essor depuis 1945. Elle englobe aujourd’hui la diplomatie préventive, la médiation, la lutte contre le terrorisme, la prévention de l’extrémisme violent, le maintien et la consolidation de la paix, la promotion des droits de l’homme, l’avancement du programme femmes, paix et sécurité, la lutte contre les changements climatiques et, depuis l’année dernière, la réponse à la pandémie de COVID-19. Favoriser le dialogue et instaurer la confiance dans tous ces domaines est « au cœur de notre travail », a noté le Chef de l’ONU, avant d’évoquer quelques résultats de ces partenariats avant, pendant et après des crises.
En Bosnie-Herzégovine, a-t-il dit, l’ONU collabore avec l’Union européenne, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe pour soutenir les efforts locaux visant à faire progresser le dialogue, le rétablissement de la confiance et la réconciliation. Au Soudan, les Nations Unies ont aidé l’Union africaine (UA) et l’Éthiopie à faciliter les négociations qui ont abouti à la mise en place d’un gouvernement de transition dirigé par des civils. Ensemble, dans le cadre de notre opération hybride au Darfour, l’ONU et l’UA ont également fourni un soutien technique, consultatif et logistique aux négociations qui ont abouti à la signature de l’Accord de paix de Djouba en octobre 2020. Cette coopération a ensuite débouché sur la création de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS). Alors que nous continuons d’appuyer le Soudan dans ses efforts en faveur d’une gouvernance démocratique et d’une société inclusive, notre collaboration demeure essentielle, a souligné M. Guterres.
Au Mali, à la suite d’un coup d’État militaire, l’ONU et l’UA ont soutenu les efforts menés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue de la formation d’un gouvernement de transition en septembre 2020. Depuis, a indiqué le Secrétaire général, nous travaillons en étroite collaboration avec les parties prenantes maliennes pour soutenir la mise en œuvre de la feuille de route et du plan d’action de transition. De même, a-t-il poursuivi, afin de soutenir le processus de dialogue et de transition dirigé par et pour les Libyens, l’ONU œuvre en étroite collaboration avec l’UA, la Ligue des États arabes et l’Union européenne, y compris dans le contexte du processus de Berlin et du Quatuor. « Nous travaillons ensemble pour soutenir la mise en œuvre du cessez-le-feu et pour aider les autorités libyennes à promouvoir la réconciliation nationale. »
En Bolivie, a encore noté M. Guterres, une coopération étroite entre les Nations Unies, l’Union européenne et la Conférence épiscopale de Bolivie a joué un rôle important dans la recherche d’une solution pacifique à la crise après les élections générales de 2019 et l’instauration de la confiance avant les élections générales d’octobre dernier. Ces exemples, a-t-il affirmé, montrent que notre capacité à travailler ensemble et à tirer parti de nos complémentarités nous permet de soutenir plus efficacement les États Membres dans la gestion de transitions politiques complexes et dans la recherche de solutions durables aux défis politiques.
Relevant par ailleurs le rôle important joué dans sa région par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en matière de diplomatie, de prévention des conflits et de consolidation de la paix, le Chef de l’ONU a indiqué que le Partenariat global entre l’ASEAN et les Nations Unies, établi depuis 2011, s’est développé dans tous les domaines de la paix et de la sécurité ainsi que du développement social et économique. Aujourd’hui, le rôle de l’ASEAN est plus crucial que jamais alors que la région est confrontée à une crise urgente au Myanmar, a souligné M. Guterres, rappelant ses appels à la communauté internationale pour qu’elle contribue à mettre fin à la violence et à la répression par les militaires. « La situation exige une réponse internationale solide, fondée sur un effort régional unifié », a-t-il insisté, avant d’exhorter les acteurs régionaux à tirer parti de leur influence pour empêcher une nouvelle détérioration et, en fin de compte, trouver une issue pacifique à cette catastrophe.
Le renforcement des partenariats des Nations Unies avec les organisations régionales et sous-régionales « fait partie intégrante de ma vision d’un multilatéralisme en réseau », a ajouté le Secrétaire général. Il s’est félicité que, malgré la pandémie, son dialogue interactif biennal de haut niveau avec les chefs d’organisations régionales ait eu lieu en novembre dernier. À cette occasion, 23 organisations ont participé et aidé à institutionnaliser notre collaboration dans des contextes de crise, a-t-il salué, s’engageant, en conclusion, à poursuivre cet engagement pour promouvoir la confiance.
M. BAN KI-MOON ancien Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que pendant son mandat, il avait fait de la coopération avec les organisations régionales, « sa priorité ». Il a salué les efforts régionaux pour remédier à la violence au Myanmar et souligné que 700 personnes ont été tuées par les forces militaires depuis leur prise du pouvoir en février dernier. La transition démocratique au Myanmar était aussi une priorité de mon premier mandat, a dit l’ancien Chef de l’ONU, faisant observer que c’est grâce à l’appui de l’ASEAN que l’Organisation a acheminé une aide à plus grande échelle dans ce pays.
Sa volonté de se rendre au Myanmar s’étant heurtée au refus des autorités nationales, M. Ban a plaidé pour « l’unité » sur ce dossier, la souveraineté ne devant pas servir de prétexte pour ne rien faire, alors que les violations massives du droit international sont incompatibles avec la Charte de l’ASEAN et constituent une menace à la paix internationale.
En prévision du sommet de l’ASEAN sur le Myanmar, le 24 avril en Indonésie, l’ancien Secrétaire général a exhorté les dirigeants à se mettre « au moins » d’accord sur la constitution d’une mission de haut niveau. Le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, devra prendre des mesures complémentaires pour empêcher une détérioration de la situation. En attendant, M. Ban a demandé au Conseil, en particulier ses membres permanents, d’adopter des mesures « immédiates » pour mettre fin à la violence et assumer la responsabilité de protéger les civils. « Je compte sur votre détermination », a lancé M. Ban en plaidant pour des solutions multidimensionnelles et en soulignant que les partenariats sont le meilleur moyen d’œuvrer au règlement et la prévention des conflits.
M. NGUYEN XUAN PHUC, Président du Viet Nam, s’est enorgueilli des succès accomplis par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dont la présidence était assurée par son pays en 2020, pour édifier une région de paix, de coopération, de confiance et de dialogue au sein de la communauté. Il a notamment évoqué le travail effectué auprès de la Chine pour établir un code de conduite pour la mer de Chine méridionale, ainsi que le rôle central joué par l’ASEAN pour stabiliser la situation au Myanmar.
Évoquant les moult défis auxquels est confronté le monde actuel, notamment l’impact des conflits, la COVID-19 et les changements climatiques, M. Nguyen s’est inquiété de l’effritement de la confiance mutuelle et dans les institutions multilatérales. Le renforcement de l’unité est d’une grande nécessité, à commencer par la coopération de l’ONU et du Conseil de sécurité avec les organisations régionales dans le cadre des efforts conjoints pour prévenir et résoudre les conflits par le dialogue et l’établissement de la confiance.
M. Nguyen a indiqué que les interactions et complémentarités entre l’ONU et les organisations régionales offrent un « lien bidirectionnel » pour partager les connaissances et coordonner les efforts conjoints. Il a appelé l’ONU à prendre l’initiative du renforcement des activités de coopération et des échanges d’expériences et de bonnes pratiques en matière de renforcement de la confiance et de dialogue pour prévenir les conflits.
De leur côté, a-t-il enchaîné, les organisations régionales, devraient renforcer la coopération avec l’ONU, s’engager dans le dialogue et partager leurs expériences dans divers forums afin de renforcer les capacités de prévention et de résolution des conflits. Il les a également appelées à intégrer les cadres et initiatives de développement de l’ONU dans leurs plans de développement nationaux et régionaux, et à s’efforcer de réduire les écarts politiques, économiques et culturels en leur sein, citant notamment les efforts de l’ASEAN en la matière. Le Chef d’État a ensuite appelé à renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales par le biais du dialogue, de la coopération et de mécanismes d’alerte précoce en cas de volatilité.
Pour Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, la pandémie de COVID-19 a montré qu’on ne peut surmonter les défis mondiaux que grâce à une action coordonnée et unie. Les organisations régionales jouent un rôle crucial et l’Union européenne (UE) « montre l’exemple », a-t-elle relevé, rappelant que l’UE est le plus grand donateur du Mécanisme COVAX destiné à garantir des vaccins sûrs et efficaces pour tous les pays du monde. Outre le partenariat solide avec l’UE et l’OSCE, le Conseil de sécurité tient également des consultations annuelles avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, la Ligue des États arabes et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a relevé Mme Kaljulaid.
À ses yeux, les organisations régionales et sous-régionales savent souvent mieux « comment atténuer les tensions et faire face aux conséquences d’affrontements sanglants ». Mais pour cela, « elles ne doivent pas se taire lorsque les libertés sont supprimées ». C’est selon elle la seule voie vers un monde moins violent, comme le prouvent les « tragédies » qui se déroulent au Bélarus, au Yémen, en Syrie et au Myanmar. Au sujet de ce dernier pays, elle a jugé que l’ASEAN a un rôle critique à jouer en faisant pression sur l’armée pour qu’elle mette fin aux atrocités. Il est important que l’ASEAN soit en mesure d’organiser un sommet consacré à la grave situation actuelle, a-t-elle ajouté.
De l’avis de la Présidente de l’Estonie, la coopération multilatérale fondée sur le débat démocratique, le partage transparent d’informations et des mesures de confiance est aussi la voie vers une coexistence plus pacifique. C’est pour ces valeurs universelles que la gouvernance démocratique a été adoptée à travers le monde, a-t-elle noté, observant que la population mondiale vivant dans des démocraties est passée d’un à quatre milliards d’individus ces 65 dernières années.
Soulignant l’attachement de l’UE à une coopération multilatérale régionale efficace, elle a fait valoir que le respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction du recours à la force sont des principes fondamentaux du droit international au cœur de l’ONU, de l’UE, de l’ASEAN et d’autres organisations régionales. Pourtant, a-t-elle ajouté, nous observons avec inquiétude des menaces de cet ordre en Europe. Nous assistons à un renforcement militaire accru de la Russie le long de la frontière ukrainienne et dans la Crimée occupée. Plus récemment, a-t-elle dénoncé, la Fédération de Russie a annoncé que, sous prétexte d’exercices militaires, elle bloquerait des parties de la mer Noire, à savoir le détroit de Kertch, restreignant la navigation des navires militaires et officiels étrangers jusqu’en octobre. La situation est aggravée par le fait que ce pays ne s’engage pas dans des mesures de réduction des risques et de renforcement de confiance au sein de l’OSCE, a encore déploré la Présidente.
Constatant que la Fédération de Russie n’a pas expliqué son renforcement militaire le long des frontières de l’Ukraine et en Crimée occupée, la semaine dernière à l’OSCE, elle a regretté que cela aille à l’encontre de la lettre et de l’esprit des mécanismes de renforcement de la confiance de l’OSCE, notamment du Document de Vienne qui vise à réduire les risques.
M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a appelé à une intensification des efforts de règlement des conflits en proposant cinq recommandations. « Premièrement, nous devons reconnaître et appuyer les organes régionaux de maintien de la paix. » Le Conseil de sécurité, en particulier les présidences et les délégations porte-plume, doivent mener des consultations plus amples avec ces organes et faire fond sur les efforts régionaux. Deuxièmement, a poursuivi le Président, « nous devons mieux apprécier les dimensions transfrontalières d’un conflit ». Il a en effet estimé que le règlement des conflits ne doit pas consister à déplacer la menace vers d’autres pays, en particulier lorsqu’il s’agit de groupes terroristes et d’insurgés. Troisièmement, le Président a déclaré qu’il faut accroître les efforts en ce qui concerne le désarmement, la démobilisation et la réintégration des combattants. « L’ONU doit en faire une priorité et se montrer plus innovante, s’agissant du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration des groupes qui ont idéologiquement déraillé. » Il a indiqué que son pays a développé l’un des programmes les plus ambitieux dans ce domaine. Ce programme, d’échelle nationale, a été élaboré afin de pouvoir servir de plateforme pour aider à la formation et au renforcement des capacités de partenaires. Il a invité l’ONU à appuyer ce programme et en user.
« Quatrièmement, sans un gouvernement compétent, les pays fragiles, ou émergeant d’un conflit, ne pourront pas instaurer la paix et le développement. » L’ONU devrait jouer un rôle de chef de file dans l’aide à leur apporter. M. Kenyatta a rappelé que son pays a formé des centaines de fonctionnaires au Soudan du Sud. « Cinquièmement, nous devons procéder à un meilleur partage du fardeau. » S’il a apprécié l’aide humanitaire apportée dans les crises, il a estimé que le pilier résolution des conflits doit recueillir la même attention urgente, afin de mettre fin aux cycles de violence. Le Président a demandé que les opérations de la paix en Afrique soient dotées d’un financement adéquat et prévisible, par le biais de contributions onusiennes. C’est la garantie de leur succès, a déclaré M. Kenyatta qui s’est dit en faveur d’une coopération plus ambitieuse entre l’ONU et les organisations régionales.
M. RAPLH GONSALVES, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a déclaré que le thème de cette réunion est particulièrement pertinent pour son pays dans un contexte marqué par des catastrophes naturelles « massives », la pandémie de COVID-19 et l’approche de la saison des ouragans qui débute dans six semaines. Il a indiqué que son pays subit l’impact, depuis 11 jours, d’une série d’éruptions volcaniques explosives, provoquant le déplacement d’un cinquième de la population de l’île de Saint-Vincent. Sans coopération effective entre mon pays, l’ONU et nos organisations régionales et sous-régionales, notre vie serait devenue intenable, a-t-il signalé. Sans un renforcement de cette coopération, les efforts de secours seraient entravés et les perspectives de relèvement et de reconstruction, lamentables. Le Premier Ministre a salué le leadership « remarquable » du Secrétaire général et les efforts « magnifiques » des organisations régionales. Il a également annoncé qu’un appel de contributions sera prochainement lancé pour appuyer son pays et a appelé les États Membres à se montrer généreux.
M. Gonsalves a ensuite souligné que les organisations régionales comme l’ASEAN, l’Union africaine et la Communauté des Caraïbes sont mieux placées pour appuyer les processus de paix que des entités éloignées des contextes historiques, culturels, politiques ou de développement. Le Conseil de sécurité doit appuyer et encourager les mécanismes régionaux et s’abstenir de contourner ou de saper « leur rôle légitime ». Il a salué la plateforme de la Commission de consolidation de la paix qui permet une stratégie cohérente et multipartite afin d’aider les pays touchés par un conflit, tout en appelant à redoubler d’efforts pour renforcer davantage cette approche globale de l’ensemble du système des Nations Unies et inclure les arrangements régionaux à chaque étape du processus. En outre, les mandats des organisations régionales ne doivent jamais être subvertis par des intérêts hégémoniques ou érodés par une action unilatérale, mais toujours servir de plateforme pour renforcer la souveraineté et promouvoir la solidarité et la coopération, a-t-il estimé.
M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a rappelé que la coopération est un des principes de la Charte de l’ONU et du multilatéralisme. Alors que monde est frappé par la pandémie de COVID-19 et fait face à des menaces à la paix et à la sécurité, les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales doivent œuvrer de concert pour contribuer à la paix et au développement, a-t-il soutenu. À cette fin, ces organisations doivent respecter les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires internes des États. Elles doivent aussi contribuer à écarter la menace de recours à la force, respecter le droit international et renoncer à toute recherche d’intérêt étroit.
Dans ce cadre, a souligné le Ministre, l’ONU et les organisations régionales doivent promouvoir la diplomatie préventive et éviter les divergences par la voie du dialogue et de la médiation. À cet égard, la Chine estime qu’il convient de bien utiliser les opérations de paix, dans un esprit d’impartialité, et de respecter les choix des populations, a insisté le Ministre. Partisan de synergie dans l’intérêt de la paix, mon pays, a-t-il dit, considère que l’ONU et son Conseil de sécurité doivent être des coordonnateurs efficaces et apporter assistance aux organisations régionales afin qu’elles mobilisent leurs atouts pour travailler avec les acteurs locaux.
Saluant les efforts déployés ces dernières années par l’ONU pour renforcer sa coopération avec l’Union africaine, notamment pour renforcer la stabilité du continent et l’aider à lutter contre le terrorisme, il a souhaité qu’une assistance financière prévisible soit fournie à l’Afrique. Il a également souligné l’importance de l’ASEAN, en particulier « dans les circonstances actuelles ». À ses yeux, la participation de cette organisation régionale dans la désescalade au Myanmar va dans l’intérêt de la région et de la communauté internationale dans son ensemble. Face aux « points chauds » du globe, il importe selon lui que l’ONU et les organisations régionales adoptent une « démarche intégrée » et apportent aux pays touchés par les conflits les ressources requises en temps voulu. De même, a-t-il ajouté, dans le cadre de l’engagement en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la coopération internationale doit associer les pays sortant de conflits aux efforts de développement.
Selon le Ministre, la Chine a toujours été le chantre de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales. Elle y consacre d’importants moyens financiers et a mis en place un partenariat privilégié avec des organisations comme l’Union africaine, la Ligue des États arabes et l’ASEAN. Compte tenu des bouleversements actuels, a-t-il conclu, nous voulons renforcer cette coopération « dans l’intérêt commun de l’humanité ».
M. MARCELO EBRARD CASAUBON, Ministre des affaires étrangères du Mexique, a salué les efforts de l’ASEAN pour un règlement de la situation au Myanmar et insisté sur le rôle de chef de file de l’Union africaine, s’agissant de la situation au Tigré, en Éthiopie. Le Ministre a également insisté sur les efforts de la Ligue des États arabes et a appelé les organisations régionales à œuvrer pour garantir un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, lesquels doivent être considérés comme un bien public mondial. Il a mentionné les efforts de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes face à la pandémie, notamment la mise en place d’un réseau de virologues. Les organisations régionales doivent être les premiers outils dans la prévention et le règlement des conflits transfrontaliers, a conclu le Ministre.
M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères, des migrations et des Tunisiens de l’étranger, a réitéré l’attachement de son pays à la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier dans les domaines de la prévention et du règlement des conflits partout dans le monde. Il a rappelé que, lors de sa Présidence du Conseil de sécurité en janvier, la Tunisie a organisé un exposé « riche en enseignements » sur la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes. La réunion a abouti à l’adoption d’une Déclaration présidentielle appelant au renforcement du rôle de ces organisations, étant donné leur rôle dans le développement régional.
Le Ministre a également salué la tenue en décembre dernier, sous la Présidence sud-africaine, d’une réunion consacrée à la coopération entre l’ONU et l’Union africaine (UA). Convaincu qu’il convient d’intégrer l’action de l’ONU et des organisations régionales, il a appelé de ses vœux un niveau accru de coopération entre le Conseil de sécurité et ces organisations pour faciliter la prévention et le règlement des crises. Compte tenu de l’aggravation de la situation générale due à la pandémie de COVID-19, il est d’autant plus important que la communauté internationale se coordonne, a-t-il insisté.
Du fait de son engagement à servir la paix et la sécurité en Afrique et dans le monde arabe, la Tunisie attache une grande importance à l’interaction entre l’ONU, l’UA et la Ligue des États arabes, a assuré le Ministre. Cette coopération doit permettre une compréhension des causes profondes des crises qui se produisent dans ces régions, a-t-il dit, soulignant l’importance de redoubler d’efforts pour parvenir à un changement de modèle prévoyant davantage de « responsabilité partagée ». En effet, les organisations régionales connaissent les moteurs des conflits et sont donc mieux placées pour jouer un rôle de médiateur et assurer la réconciliation des acteurs. Elles peuvent contribuer à la recherche de solutions en renforçant la confiance et le dialogue politique, a fait valoir le Chef de la diplomatie tunisienne.
« Disons-le simplement, nous sommes plus forts ensemble », a déclaré M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères de l’Irlande. Née des cendres de la guerre, l’expérimentation régionale européenne est devenue une réalité, a poursuivi le Ministre, en soulignant l’appui européen aux efforts de paix et de réconciliation en Irlande. Il a estimé que les partenariats locaux, régionaux et internationaux continuent de sous-tendre la réussite de l’Accord de paix du Vendredi saint.
M. Coveney a insisté sur la capacité unique des organisations régionales de rendre inclusives et adaptées aux contextes les mesures d’instauration de la confiance. L’Union européenne a bâti des ponts afin d’appuyer la paix en Irlande, a-t-il dit. Il a loué « le bien nommé » programme de financement « Union européenne Paix » qui vise à forger des relations humaines constructives au sein de toutes les composantes d’une société. M. Coveney a apporté le ferme soutien de son pays aux efforts continus de l’OSCE en Ukraine et demandé l’engagement de toutes les parties en faveur des principes de ladite Organisation.
Il a exhorté les organisations régionales à travailler avec l’ONU, en rappelant que les approches régionales pour promouvoir la confiance et le dialogue exigent un investissement continu. Le partenariat entre l’ONU et l’Union européenne est un bon exemple, a-t-il estimé. Il a évoqué les missions de l’UE au Mali, en Bosnie-Herzégovine et en Méditerranée, en appui aux résolutions du Conseil. Il a insisté sur le rôle clef joué par l’ASEAN qui doit jouer un rôle important sur un dossier qui nous préoccupe tous: assurer la protection des droits humains et faciliter le dialogue et une solution pacifique au Myanmar. » Enfin, le Ministre a rappelé que ce sont « les gens qui font la paix ». Il a attiré l’attention sur l’apport de Monica McWilliams et de Pearl Sagar pour garantir la représentation des femmes dans le processus de paix nord-irlandais. Les organisations régionales ont un rôle vital à jouer pour que les voix de la société civile portent haut et fort, a conclu le Ministre.
M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a déclaré que les organisations régionales et sous-régionales ont démontré l’importance de leur rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Grâce à leur connaissance approfondie des complexités locales, ces dernières sont idéalement placées pour contribuer à identifier les meilleures solutions aux conflits dans leurs régions respectives, a-t-il dit.
Le Ministre a constaté que les défis sécuritaires contemporains transcendent les frontières physiques et politiques, citant notamment le terrorisme, la radicalisation, le trafic de drogue et le crime organisé, ainsi que les implications sécuritaires des nouvelles technologies. Le renforcement de la confiance entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales sera un facteur important pour répondre à ces défis contemporains, a-t-il estimé, et une « évaluation rationnelle » de cette coopération fournira une bonne base pour aller de l’avant.
M. Jaishankar a ensuite fait savoir que la coopération avec l’ASEAN est un pilier clef de la politique étrangère de l’Inde laquelle demeure également engagée à renforcer la coopération régionale dans le cadre de l’Initiative du golfe du Bengale pour la coopération technique et économique multisectorielle.
Les États-Unis ont déclaré qu’un partenariat fort entre l’ONU et l’Union africaine est essentiel pour résoudre le conflit au Tigré et ont appelé les deux organisations à demander un accès humanitaire libre et sans entrave. Ils ont salué les efforts déployés par l’Organisation des États américains (OAE) pour affronter les défis dans cette région, citant notamment le différend entre le Belize et le Nicaragua. Les États-Unis ont également dit appuyer les efforts en cours en Colombie.
Ils ont estimé que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine apporte une contribution importante à la situation sécuritaire en Europe. Ils ont également dit apprécier l’appui qu’accorde l’UE aux résolutions du Conseil de sécurité, notamment dans le contexte malien. S’agissant de l’ASEAN, les États-Unis ont dit attendre le résultat de sa réunion sur le Myanmar, situation qui requiert une attention immédiate.
Ils ont salué les grands progrès réalisés pour inclure les femmes, les jeunes et la société civile dans tous les processus politiques et reconnu le rôle de chef de file joué par les petits insulaires en développement du Pacifique pour renforcer la sécurité, grâce au partenariat établi dans le cadre du Forum des îles du Pacifique. Les organisations régionales sont des partenaires clefs pour la paix et la sécurité. Ce sont des moteurs de la diplomatie, ont souligné les États-Unis.
M. TARIQ AHMAD DE WIMBLEDON, Ministre d’État pour le Commonwealth, les Nations Unies et l’Asie du Sud, s’est félicité de l’adoption d’une déclaration présidentielle, espérant qu’elle serve à renforcer les mesures de confiance et les mécanismes de dialogue avec les organisations régionales, sous-régionales et de la société civile dont dépendent les processus de paix. Pour renforcer le « rôle vital » de ces organisations, il convient selon lui de les aider à restaurer la confiance entre les communautés touchées par les conflits. Il a cité en particulier le travail du Haut-Commissaire de l’OSCE pour les minorités nationales qui a permis de réduire les tensions dans la région de l’OSCE. Au fur et à mesure que les organisations régionales développent leurs capacités techniques, elles devraient chercher à suivre cet exemple, a-t-il souligné.
Le Ministre a ensuite estimé que l’instauration de la confiance et du dialogue doivent faire partie d’une stratégie plus large, coordonnée avec l’ONU. Saluant le « rôle unique » de l’ASEAN dans le règlement de la crise au Myanmar, il s’est félicité de la volonté qu’a affichée cette organisation d’appuyer les efforts positifs et constructifs. Il a dit attendre avec intérêt de resserrer la coopération ONU-ASEAN pour résoudre le conflit et servir ceux qui souffrent.
M. Ahmad of Wimbledon a également salué le cadre conjoint ONU-Union africaine de 2017 pour un partenariat renforcé dans le domaine de la paix et de la sécurité. Rappelant que ce cadre a joué un rôle déterminant dans l’accord de paix de 2019 entre le Gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, il a appelé tous les acteurs politiques à y rester attachés. Il a par ailleurs souhaité que les organes régionaux incluent les organisations de la société civile de manière significative, à tous les niveaux du dialogue. Il a noté à cet égard que les réseaux régionaux de femmes, tels que le Registre des femmes pour la paix de l’ASEAN et l’initiative FemWise-Africa de l’Union africaine, sont des acteurs essentiels dans la recherche d’une paix durable.
Enfin, observant que la nature des conflits a changé, devenant de plus en plus intra-étatique mais avec le potentiel de déstabiliser la paix et la sécurité internationales, le Ministre a réaffirmé le soutien de son pays aux capacités d’alerte précoce, qui aident le Conseil de sécurité à prévenir l’escalade. À ses yeux, les organisations régionales peuvent renforcer cette capacité en partageant les évaluations d’alerte rapide et en portant les situations nouvelles à l’attention du Conseil. « En mobilisant tous les outils à notre disposition collective, nous pouvons éviter l’escalade de la violence et assurer une paix durable pour tous », a conclu le Ministre.
« Nous avons besoin de plus de coopération pour relever les défis mondiaux qui nous concernent tous, pas de moins de coopération », a déclaré M. AUDUN HALVORSEN, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège. Il a souligné le rôle unique des organisations régionales dans la promotion du dialogue et de la confiance dans leur région du monde. Il a appuyé un renforcement de la coopération institutionnelle entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales, en appui aux efforts pour une paix durable. Lorsqu’une crise éclate, les organisations régionales ont l’avantage de la proximité géographique et de réseaux locaux forts, a déclaré M. Halvorsen.
Il a appuyé les efforts de l’ASEAN s’agissant de la situation « critique » au Myanmar, qui constitue une grave menace à la paix et la sécurité régionales. L’ASEAN est bien placée pour faciliter le dialogue en vue de mettre fin à la violence et contraindre les militaires à rétablir l’autorité civile. S’agissant de la situation en Ukraine, il a exhorté la Fédération de Russie à renoncer à ses derniers déploiements militaires. « Nous exhortons toutes les parties à accorder à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE un accès sans entraves sur tout le territoire de l’Ukraine, conformément à son mandat. » M. Halvorsen a indiqué que les organisations régionales jouent un rôle clef dans la promotion de thématiques prioritaires du Conseil, telles que la participation des femmes aux processus de paix onusiens. Enfin, il a insisté sur l’importance du rôle de ces organisations dans la lutte contre les risques sécuritaires découlant des changements climatiques.
Le Niger a déclaré que la pandémie de la COVID-19 est une preuve de la nécessité du multilatéralisme et de la coopération entre, non seulement les organisations internationales, mais aussi entre celles-ci et les États. Que ce soit en matière de crise pré ou postélectorale, de conflits multiformes et autres, il a estimé que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a su prouver son habileté à gérer des situations complexes malgré des ressources humaines et financières limitées. Le Niger a également reconnu les efforts consentis dans la mise en place d’une architecture de paix et de sécurité, propre à l’Union africaine, conformément à la feuille de route de Lusaka. Sa réalisation donnera tout son sens et son contenu, au concept des solutions africaines aux problèmes africains, a-t-il dit.
Le Niger a toutefois estimé que cela ne saurait s’instaurer de manière durable, sans régler la question profonde de la gouvernance de l’ONU, appelant à la pleine représentation de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité, avec au moins deux sièges permanents dotés du droit de veto. Il a ensuite appelé à établir un mécanisme de financement pérenne des opérations de paix dirigées par les organisations régionales, dont notamment l’Union africaine. Le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et ces organisations doit mettre l’accent sur l’harmonisation des agendas et des objectifs à atteindre au moyen des rencontres plus régulières.
Il faut veiller à ce que les pays inscrits dans l’ordre du jour du Conseil de sécurité ou en proie à des conflits, jouent un rôle central dans les discussions et le processus de prise de décision les concernant, au niveau du Conseil. Ceci est d’autant plus nécessaire pour les pays africains que les questions africaines constituent la majorité des sujets traités par le Conseil, a souligné le Niger.
La France a estimé que, pour faire face aux crises qui secouent le monde, les Nations Unies doivent travailler en coopération étroite avec les organisations régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte de l’ONU. Parce qu’elles sont au plus près du terrain, ces organisations sont les premiers témoins des crises, elles en connaissent les racines profondes et savent les solutions efficaces pour les résoudre ou les prévenir, a-t-elle fait valoir. Pour sa part, l’Union européenne travaille en collaboration avec les Nations Unies dans toutes les zones de crise, a indiqué la délégation, citant en exemple l’élaboration et la mise en œuvre du Plan d’action global conjoint sur l’Iran, qu’il convient selon elle de préserver. Elle a aussi évoqué l’action de l’UE en faveur de la résolution de la crise libyenne et les efforts qu’elle mène au Sahel, où elle forme les armées et la police locales, tandis que l’ONU joue un rôle clef dans le processus de paix et la protection des civils. Elle a par ailleurs souligné l’action de l’UE au Kosovo en matière de soutien à l’état de droit et au dialogue politique.
S’agissant des organisations régionales africaines, la France a salué leur capacité à mettre en place des mesures rapides et efficaces dans le règlement des crises politiques. C’est notamment le cas en Afrique de l’Ouest avec la CEDEAO, qui a su se mobiliser l’an dernier dès le coup d’État au Mali, a relevé la délégation. C’est également le cas de l’Union africaine, qui agit actuellement dans le cadre du conflit au Tigré ou encore en République centrafricaine en lien avec la CEEAC et la CIRGL. Pour aller plus loin, le financement des opérations africaines de paix, y compris sur contributions obligatoires de l’ONU, est un chantier essentiel, a souligné la France, avant d’exprimer son soutien aux efforts que déploie actuellement l’ASEAN pour tenter de résoudre la crise violente qui ensanglante « la Birmanie ». « Nous serons attentifs aux résultats du prochain sommet », a-t-elle assuré.
La France a également tenu à souligner le rôle important que joue l’OSCE, s’agissant de la situation tant dans le Donbass qu’à proximité de la frontière ukrainienne et en Crimée. L’OSCE, a-t-elle noté, fournit un « cadre approprié » afin que la Russie engage la désescalade. La délégation s’est d’autre part félicitée de la contribution de la Ligue des États arabes à la facilitation des processus politiques, notamment en Libye, au Yémen, en Syrie ou au Proche-Orient. Enfin, elle a rendu un hommage appuyé à l’action que mène l’Organisation internationale de la francophonie en termes d’observation électorale ou de dialogue politique, comme c’est le cas par exemple en Haïti.
La Fédération de Russie a appuyé le développement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, dans le respect de la Charte de l’ONU. Ces organisations connaissent en général mieux le contexte sur le terrain dans leur région respectives et il est temps que le Conseil de sécurité les autorise à prendre des mesures coercitives. La Fédération de Russie a appuyé les efforts de l’Union africaine et prôné des solutions africaines aux problèmes africains. Elle a aussi salué le travail de l’ASEAN et espéré que son prochain sommet extraordinaire sur le Myanmar donnera des résultats tangibles. Elle a réclamé un resserrement de la coopération entre l’ONU et l’Organisation de coopération de Shanghai et entre celle-ci et l’ASEAN. Elle a également souhaité une coopération plus forte entre l’ONU et la Communauté d’États indépendants (CEI). La Fédération de Russie a insisté sur l’ampleur de la tâche de l’OSCE dans le règlement des situations en Ukraine, au Nagorno-Karabakh ou bien encore en Transnistrie. Elle a appelé l’OSCE à jouer son rôle de médiateur « en toute honnêteté » et a dit préférer ignorer certaines déclarations « déplacées » faites lors de cette réunion.
M. DATO ERYWAN PEHIN YUSOF, Deuxième Ministre des affaires étrangères en second du Brunei Darussalam et Président de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a indiqué avoir placé sa présidence sous le thème « We Care, We Prepare, We Prosper », dans le but de promouvoir une prospérité durable dans la région. Il a rappelé que l’ONU a joué un rôle important pour appuyer l’ASEAN, notamment dans le contexte de la consolidation de la paix entre l’Indonésie et le Timor-Leste et a espéré que cette collaboration rapprochée se poursuivra face à la situation au Myanmar. Il a indiqué que l’ASEAN a appelé l’ensemble des parties concernées à rechercher une solution pacifique et à appuyer un dialogue constructif, la réconciliation et le retour à la normale, conformément à la volonté et aux intérêts du peuple du Myanmar. L’ASEAN est également prête à utiliser les bons offices de son Président et de son Secrétaire général pour aider le Myanmar de manière constructive.
M. Yusof a ensuite fait savoir que la présidence du Brunei Darussalam de l’ASEAN a proposé l’élaboration d’une déclaration des dirigeants en appui au multilatéralisme, relevant notamment que la COVID-19 a démontré à quel point le monde est interconnecté. Il s’est dit préoccupé par l’impact de la pandémie sur le développement socioéconomique, la pauvreté, les menaces en matière de cybersécurité, ainsi que sur les jeunes. Brunei Darussalam proposera d’ailleurs une déclaration des dirigeants du Sommet de l’Asie orientale sur la coopération en matière de santé mentale et organisera un atelier à ce sujet. À l’approche du Forum régional de l’ASEAN, Brunei Darussalam compte également préparer une déclaration commune sur le programme « jeunes, paix et sécurité » et organiser un atelier avec l’appui des experts de l’ONU.
Le dignitaire a affirmé que l’attribut le plus fort de l’ASEAN est de pouvoir fournir une plateforme ouverte à tous pour discuter de questions d’intérêt commun. Nous ne devons pas et ne pouvons sous-estimer l’importance d’un dialogue continu et mesuré, a souligné le Président de l’ASEAN notant que c’est lorsque l’on arrête de communiquer que des malentendus et des conflits peuvent survenir.
Mme ANN LINDE, Ministre des affaires étrangère de la Suède et Présidente en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a promis de se concentrer sur les objectifs et engagements communs de l’OSCE, qui sont étayés par le droit international et la Charte des Nations Unies. Leur respect est une « responsabilité partagée » et devrait être dans l’intérêt de tous les États de l’OSCE, car ils contiennent « les éléments nécessaires pour résoudre les conflits et éviter de futures crises », a-t-elle souligné. Mme Linde a souligné que le programme « femmes, paix et sécurité » reste une priorité essentielle pour l’OSCE. Pour renforcer la confiance dans les efforts de paix, il convient de garantir aux femmes une « participation significative » aux processus politiques et de règlement des conflits, a-t-elle argué, appelant les membres du Conseil à « placer les femmes et les filles au centre ».
Assurant que l’engagement commun des 57 États membres de l’OSCE en faveur du respect du droit international, du droit des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit est « essentiel pour maintenir une sécurité durable et instaurer la confiance au sein et entre les États », Mme Linde a pris en exemple le Document de Vienne. Sa « valeur » pour la réduction des risques militaires a été illustrée ce mois-ci lorsque son « Mécanisme de consultation et de coopération concernant les activités militaires inhabituelles » a été activé par l’Ukraine pour demander des informations à la Fédération de Russie, a-t-elle relevé. Elle a rappelé le rôle important joué par les institutions autonomes de l’OSCE dans le domaine des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit.
La pandémie de COVID-19 souligne la nécessité de telles mesures de confiance, a estimé Mme Linde, en se félicitant de l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et de l’adoption des résolutions 2532 et 2565 du Conseil de sécurité, essentielles selon elle pour éviter l’exacerbation des conflits du fait de la crise actuelle. De fait, a-t-elle ajouté, une « coopération étroite » avec l’ONU et l’OSCE sur le terrain « cruciale », notamment pour renforcer les capacités locales et contribuer à l’alerte rapide et à la prévention des conflits. Évoquant à cet égard ses visites sur le terrain, elle a indiqué que la plus grande opération de l’OSCE, la Mission spéciale d’observation en Ukraine, entretient des relations de travail étroites avec les agences de l’ONU dans le pays. Dans ce cas précis, a-t-elle précisé, elles ont particulièrement trait à la situation humanitaire, aux droits de l’homme et à l’égalité des sexes.
Pour Mme Linde, les discussions internationales de Genève, qui abordent la situation après le conflit armé de 2008 en Géorgie, sont « un autre exemple de collaboration entre l’ONU et l’OSCE pour promouvoir le dialogue et le renforcement de la confiance ». Dans ce cadre, a-t-elle souligné, les deux organisations, conjointement avec l’Union européenne, coprésident un mécanisme de dialogue et de désescalade qui a maintenu le dialogue, empêché la réémergence des hostilités armées et maintenu une attention vitale sur les populations touchées par le conflit. La Ministre y a vu « une nouvelle preuve » que « les organisations régionales et sous-régionales sont des partenaires essentiels de l’ONU dans la prévention des conflits ».
M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a constaté que les défis s’aggravent en raison de la pandémie de COVID-19, notamment dans les régions vulnérables. Il a appelé à redoubler d’efforts pour traiter des sources profondes des crises et mettre fin aux opérations militaires dans la région arabe. Il a aussi invité l’ONU à créer un partenariat de travail stratégique avec la Ligue pour appuyer les piliers de paix, de sécurité et de développement dans la région arabe.
S’agissant du conflit en Syrie, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes a constaté que les perspectives de sortir le pays du cercle vicieux dans lequel il se trouve s’affaiblissent de jour en jour. Le danger d’une propagation du conflit aux pays voisins est préoccupant, a-t-il dit. Il a déploré la catastrophe humanitaire au Yémen en raison de l’ « obstination » des houthistes, avant de saluer les développements positifs en Libye, marqué par le choix d’une date pour la tenue des élections en fin d’année. Il a fait part de l’engagement de la Ligue à appuyer tous les efforts en cours pour aider la Somalie et la Soudan. Il a ensuite insisté que la responsabilité qu’a le Conseil de sécurité de parvenir à une résolution juste du conflit israélo-palestinien sur la base de la solution des deux États.
M. OLOF SKOOG, Chef de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies, a dit s’exprimer au nom du Président du Conseil européen, M. Charles Michel, indisponible pour cette réunion. Il a affirmé que l’Union européenne est « un ardent défenseur du multilatéralisme, avec l’ONU en son cœur ». Selon lui, la protection de l’état de droit, du droit international humanitaire et des droits humains sera d’autant mieux garantie si les conflits sont réglés par la voie du dialogue et de la diplomatie. À cet égard, a-t-il fait observer, l’UE a facilité les pourparlers de Genève pour le dossier iranien et participe étroitement aux efforts de l’ONU. Rendant hommage aux organisations régionales pour leur coopération, il a souligné leur « rôle unique » pour prévenir les conflits, notamment grâce à leur proximité avec le terrain. Elles ont un rôle crucial à jouer pour déceler les signes avant-coureurs des crises, a-t-il ajouté, réitérant le ferme soutien de l’UE à l’ASEAN dans ses efforts de règlement de la crise au Myanmar.
Forte de ses 64 années d’expérience, a poursuivi M. Skoog, l’UE a adopté l’an dernier le « concept de médiation » pour le règlement des crises, ce qui lui permet de tirer parti de sa présence de par le monde. Outre ses actions en matière de formation, ses efforts de stabilisation et son soutien financier, elle agit aussi par d’autres biais. S’agissant du Kosovo, par exemple, elle a facilité le dialogue entre Belgrade et Pristina, aidant les deux parties à parvenir à une étape conclusive du processus. Parallèlement, elle considère urgent de consentir des efforts au règlement du Haut-Karabakh qui n’a que trop duré et s’emploie à imposer des mesures de confiance. L’UE œuvre par ailleurs à la stabilisation de la situation en Géorgie, où, depuis 2008, elle agit comme médiateur et participe avec l’OSCE à un mécanisme de dialogue. Ces efforts, a-t-il précisé, sont complétés par des efforts sur le terrain, en particulier des réunions régulières avec les deux parties.
En Ukraine, a encore indiqué M. Skoog, l’UE est le plus grand contributeur aux efforts déployés par l’OSCE pour faire respecter l’Accord de Minsk. Plus généralement, elle soutient les efforts de paix partout dans le monde, comme l’atteste sa présence au sein des Quatuors pour le Moyen-Orient et pour la Libye. Mais, à ses yeux, le succès de l’action menée par des organisations régionales telles que l’UE, l’Union africaine et la Ligue des États arabes dépend aussi de l’inclusivité. Pour parvenir à une paix durable, il faut veiller à ce que la voix de tous les groupes de la société, notamment des femmes et des jeunes, soit entendue, a-t-il plaidé.
L’Union africaine, a noté le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’UA, celle-ci étant désormais la règle plutôt que l’exception sur les différents dossiers. L’Union a progressé dans son initiative « Faire taire les armes » et a donné la priorité aux mécanismes régionaux de règlement des conflits, en Somalie, au Mali ou encore en République centrafricaine. L’Union africaine appuie les processus électoraux sur le continent, a déclaré la mission. Elle a mis en exergue les efforts de l’UA contre le terrorisme et l’extrémisme violent, avant d’exhorter le Conseil à prendre les mesures appropriées pour protéger les populations civiles des massacres. La mission a demandé le recouvrement des contributions pour les opérations de paix. Les pays africains au sein du Conseil doivent défendre les intérêts de l’Afrique au sein du Conseil, a déclaré la mission, ajoutant que la majeure partie du programme de travail a trait à des situations africaines. Elle a indiqué que le manque de clarté autour de certains principes entrave les efforts de l’UA. Le principe de non-ingérence brandi au nom du respect de la souveraineté nationale limite ainsi la capacité d’intervention de l’UA. Elle a enfin appelé au renforcement du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales.