Commission de la condition de la femme: cinq exposés volontaires soulignent des avancées en matière de parité des genres et d’autonomisation des femmes
La Commission de la condition de la femme a entendu, ce matin, cinq nouveaux exposés volontaires au cours desquels les États ont souligné qu’en dépit d’un chemin encore long, et malgré de nombreux obstacles structurels sur la voie de la parité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes, certaines avancées sont déjà visibles et devraient servir de base pour reconstruire en mieux après la pandémie.
Après les cinq exposés d’hier matin, ce fut aujourd’hui le tour de l’Espagne, du Costa Rica, des États-Unis, du Qatar et de l’Ukraine de faire le point sur l’application, à l’échelon national, des conclusions concertées de la session de 2016 de la Commission qui avait pour thème l’autonomisation des femmes et son lien avec le développement durable.
De la présentation de l’Espagne, il est ressorti que de nombreuses femmes ont pu accéder aux espaces de décision politique du Pays basque. Le Parlement basque compte en effet plus de femmes que d’hommes, et au niveau local, 46% des élus sont des femmes, ce qui place le Pays basque bien au-dessus de la moyenne européenne qui est de 29%. Le grand défi au niveau national est maintenant de placer les droits des femmes et des filles au centre de la reprise et de la transformation économiques et sociales, de sorte que personne ne soit laissé pour compte, a indiqué la délégation.
Le Qatar s’est également enorgueilli d’avoir pu réaliser, en peu de temps, une transformation sociale et économique remarquable dans la promotion et l’autonomisation des femmes: 30% des postes de décision sont occupés par des femmes et le nombre d’entrepreneuses est en augmentation constante. Les femmes du pays font également partie du Conseil de la choura, du corps diplomatique et de la magistrature et occupent des postes administratifs de haut niveau dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’énergie, des affaires et de la technologie, s’est félicitée la délégation.
Même son de cloche du côté de l’Ukraine qui a assuré que l’égalité des sexes est considérée comme un principe transversal dans toutes les directions de la politique de l’État. Cette délégation a également indiqué que le nombre de femmes ambassadrices a quintuplé l’année dernière et que des quotas de genre ont été introduits dans le Code électoral, ce qui a abouti à une augmentation de la représentation des femmes parmi les autorités locales élues à 30%. De même, l’interdiction faite aux femmes d’entrer dans près de 450 professions a été levée.
Pour sa part, le Costa Rica a insisté sur les convergences entre les questions d’environnement et d’égalité des sexes, assurant qu’une perspective sexospécifique est incluse dans les cadres normatifs et juridiques relatifs à la diversité biologique, aux changements climatiques et à la gestion des risques. Ces initiatives visent notamment à améliorer l’accès aux terres, aux logements et à l’eau; ainsi qu’aux ressources productives et aux services financiers, entre autres.
Alors que la représentante du Forum des femmes autochtones du Costa Rica s’est émue de la situation d’insécurité de ces femmes, la Ministre du statut de la femme a affirmé qu’il existe une volonté politique sincère de rendre toutes les femmes visibles au Costa Rica, de façon à ce que les efforts en faveur de l’autonomisation des femmes ne soient pas des « coups d’épée dans l’eau ».
La Commission de la condition de la femme a également entendu l’exposé de la Coprésidente du Conseil des politiques de genre à la Maison Blanche, une nouvelle entité crée par le Président Joe Biden qui entend établir un plan d’action national contre la violence sexiste, y compris celle affectant les personnes LGBT. La délégation a également indiqué que la journée de l’égalité salariale est commémorée aujourd’hui aux États-Unis pour rappeler que les femmes doivent travailler jusqu’au 24 mars de l’année suivante afin de gagner le salaire moyen des hommes de l’année précédente. Et la situation est encore pire pour les femmes de couleur.
Globalement, toutes les interventions ont laissé voir que le chantier de l’autonomisation des femmes reste inachevé, malgré les avancées et le chemin parcouru. C’est également ce constat qui est ressorti en filigrane de la reprise de la discussion générale sur le thème prioritaire de l’actuelle soixante-cinquième session qui est consacré à la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique et à l’élimination de la violence.
À cette occasion, une large part a été donnée au fléau de la violence domestique, cette « pandémie de l’ombre » qui accable les femmes et les filles en cette période de crise due à la pandémie de COVID-19 et entrave leur participation à la sphère publique. « Le temps que je prononce ce discours, une femme sera assassinée chez moi », a notamment déclaré la Ministre des affaires étrangères d’El Salvador dans un plaidoyer pour « une vie exempte de violences » qui a été repris par nombre des intervenants.
La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, jeudi 25 mars, à partir de 9 heures.
Suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle » (A/75/38, E/CN.6/2021/2, E/CN.6/2021/3, E/CN.6/2021/4, E/CN.6/2021/5, E/CN.6/2021/6, E/CN.6/2021/7)
Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2021/3, E/CN.6/2021/4, E/CN.6/2021/5)
Thème de l’évaluation: autonomisation des femmes et lien avec le développement durable (conclusions concertées de la soixantième session)
Exposé volontaire de l’Espagne
L’exposé volontaire de l’Espagne a été présenté tour à tour par Mme ÁNGELES MORENO BAU, Secrétaire d’État à la coopération internationale, Mme IZASKUN LANDAIDA, Directrice d’Emakunde, l’Institut basque pour les femmes, et Mme ANA FERNÁNDEZ, Coordonnatrice des ONG pour le développement.
Dans un premier temps, Mme Moreni Bau a relevé que les répercussions de la crise sanitaire et économique actuelle influencent directement la situation fragile des femmes dans le monde et leur participation aux processus décisionnels dans les espaces économiques. En effet, a-t-elle noté, la crise a entraîné une augmentation de la féminisation de la pauvreté de manière multidimensionnelle. De ce fait, elle a souhaité que les femmes aient accès à des formations dans tous les domaines, ainsi qu’aux services financiers, à la protection sociale et aux technologies susceptibles de favoriser leur autonomisation et leur développement.
Elle a fait savoir que l’Espagne a commencé, il y a 30 ans, à intégrer la perspective de genre dans sa politique de coopération internationale. Ainsi, la coopération espagnole œuvre à promouvoir la participation de la femme, à faciliter la reconnaissance du travail non rémunéré, à réduire la fracture numérique et les écarts de salaires, tout en promouvant des politiques fiscales et de protection sociale qui autonomisent les femmes et empêchent la féminisation de la pauvreté.
Pour sa part, Mme Landaida de l’Institut Emakunde a indiqué qu’une réforme est en cours au Pays basque afin de promouvoir un grand pacte national pour l’égalité et lutter contre les violences sexistes. En ce qui concerne les espaces de décision politique, elle a noté que le Parlement basque compte plus de femmes que d’hommes, et qu’au niveau local, 46% des élus sont des femmes, ce qui place le Pays basque bien au-dessus de la moyenne européenne qui est de 29%. Elle a aussi mentionné le travail accompli pour promouvoir l’autonomisation des femmes dans d’autres pays à travers l’Agence basque pour la coopération internationale, laquelle donne la priorité aux initiatives pour l’autonomisation des femmes. Le grand défi d’Emakunde est maintenant de placer les droits des femmes et des filles au centre de la reprise et de la transformation économiques et sociales, de sorte que personne ne soit laissé pour compte.
À son tour, Mme Fernández, Coordonnatrice des ONG pour le développement, a noté que l’immense valeur des soins effectués par les femmes équivaut à 10,8 milliards de dollars par an dans l’économie mondiale. Elle a appelé à une coopération qui génère des changements pour garantir l’égalité des genres et valoriser les capacités des femmes. Elle a donc demandé de s’attaquer aux causes des inégalités entre les sexes. Pour cela, il faut rendre visible l’engagement politique en faveur de l’équité entre les genres, non seulement dans les discours, mais aussi dans les allocations budgétaires. Il faut aussi s’assurer que la promotion des droits des femmes est une priorité à la fois sectorielle et transversale.
Après l’exposé de l’Espagne, la Jordanie a souligné que la pandémie freine les progrès en matière de droits des femmes et d’autonomisation économique. Le confinement a par exemple conduit à un recul par rapport au travail rémunéré des femmes au partage des tâches dans le ménage. Aujourd’hui, les femmes consacrent plus de temps aux soins, et c’est un obstacle pour de nombreuses femmes qui veulent reprendre une activité économique rémunérée. La Jordanie a également constaté que le confinement a conduit à un risque accru de violence dans de nombreux ménages. Les autorités de la Jordanie ont ainsi pris des mesures de protection des victimes, avec le soutien de partenaires comme l’Espagne.
Réagissant également à l’exposé de l’Espagne, le Sénégal a noté que la pandémie a aggravé les inégalités entre les sexes en Afrique et a exposé les femmes et les filles à des risques accrus de violence en raison de la fermeture des écoles, de l’aggravation de la pauvreté due à la perte de revenus et de l’augmentation de la charge des soins non rémunérés, autant de facteurs qui ont eu un impact sanitaire, psychologique et socioéconomique exacerbé. La délégation a salué la contribution de l’Espagne dans l’essor des femmes sénégalaises, notamment avec ces plus de 8 millions d’euros d’aide publique au développement (APD) alloués aux questions de genre entre 2014 et 2019.
Exposé volontaire du Costa Rica
Mme MARCELA GUERRERO CAMPOS, Ministre du statut de la femme et Présidente exécutive de l’Institut national de la femme du Costa Rica, a appelé à repenser le modèle de développement économique actuel, pour qu’il intègre des solutions qui réduisent les impacts sur la nature et les écarts sociaux, et place la conservation et la restauration de la nature en son cœur. Elle a indiqué que son pays dispose d’une solide plateforme juridique sur les questions d’environnement et d’égalité des sexes, et que la perspective sexospécifique est incluse dans les cadres normatifs et juridiques relatifs à la diversité biologique, aux changements climatiques et à la gestion des risques. La politique nationale pour l’égalité effective entre les femmes et les hommes, et son plan d’action ont inclus des objectifs et des engagements dans le domaine de l’environnement, des changements climatiques et de la gestion des risques. Ces initiatives visent à améliorer l’accès aux terres, aux logements et à l’eau; l’accès aux ressources productives et aux services financiers; ainsi que l’accès à l’enseignement technique, technologique et scientifique et à la recherche de pointe pour le développement durable. Elles tiennent également compte du renforcement des compétences et des capacités d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques et à ses effets, ainsi qu’à la gestion des risques.
En termes de financement, des programmes ont été développés pour faciliter l’accès des femmes au crédit. À ce titre, la Ministre a notamment cité le programme Más Mujeres Más Natura, créé en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Répartis dans tout le pays, ces projets contribuent au renforcement de l’autonomie économique et à la réduction des écarts entre les sexes dans la gestion de la nature, ainsi qu’au développement des capacités de résilience climatique. Les fonds compétitifs FOMUJERES fournissent des capitaux à des projets gérés par des femmes à l’issue d’un concours national annuel. En 2020, dans le contexte de la pandémie, ce fonds a notamment proposé des solutions pour la relance économique des femmes. Le Costa Rica, a-t-elle souligné, a un modèle d’économie verte favorable aux femmes.
La Ministre a regretté qu’à ce jour il existe trop peu de données spécifiques qui rendent compte des écarts entre les sexes dans les domaines de l’environnement, des changements climatiques et de la gestion des risques. Cependant, il y a actuellement des contributions importantes dans le cadre de la construction du plan d’action pour le genre de REDD+. De même, cette année des travaux d’analyse des écarts de genre dans six secteurs ont été lancé, dans le cadre du développement du Plan national sur le genre et les changements climatiques.
L’échange de ressources, de connaissances et d’expériences entre les institutions gouvernantes chargées de l’environnement et des droits humains des femmes, ainsi que la coopération internationale et les organisations de la société civile ont été fondamentaux pour faire en sorte que l’autonomisation, l’autonomie économique et le leadership efficace des femmes aillent de pair avec la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles en privilégiant des solutions axées sur la nature, a-t-elle affirmé.
Face aux enjeux des changements climatiques et de l’égalité entre les sexes, l’environnement est une donnée fondamentale, a estimé la Secrétaire d’État de l’Espagne, dont le pays travaille en étroite collaboration sur ces deux volets avec le Costa Rica. Les femmes sont 14 fois plus touchées par l’impact des changements climatiques, y compris sur le plan international, ce qui exige donc une action urgente de la communauté internationale. Passant en revue les différents instruments internationaux qui existent déjà dans le domaine de l’environnement et le développement durable, elle a rappelé que l’Espagne s’est engagée à apporter un appui en faveur des pays en développement dans la lutte contre les changements climatiques en y incluant la perspective de genre. « Nous voulons placer les femmes au cœur de nos sociétés », a-t-elle déclaré et, pour y arriver, l’Espagne a créé le Fonds de transition économique.
On ne peut parler de développement durable sans y inclure les femmes, a déclaré la représentante du Forum des femmes autochtones, qui a souligné que les terres gérées par les femmes autochtones sont des outils pour leur autonomisation. Elle a appelé au respect de leurs droits et à lutter contre les inégalités sociales et la discrimination dont elles sont toujours victimes, déplorant qu’elles ne soient quasiment pas représentées dans les enceintes politiques du Costa Rica.
Le Costa Rica fait pourtant partie de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, s’est-elle impatientée revenant sur la situation d’insécurité de ses femmes autochtones et l’absence de travail digne pour ces femmes. Elle a mis en valeur le rôle des femmes dans la transmission de la culture autochtone et a dénoncé les obstacles à leur travail en dehors de leurs territoires. Affirmant que la culture autochtone est incomprise au Costa Rica, elle a dénoncé l’absence de protection des femmes autochtones et toute approche du développement durable qui exclut la perspective des femmes autochtones. « Nous ne sommes pas visibles, et tant que nous ne serons pas autonomes et indépendantes, nous ne pourrons pas aller de l’avant », a expliqué l’intervenante. Les femmes autochtones refusent que cela devienne la norme et exigent d’être entendues et qu’on leur garantisse un accès à la terre.
Reprenant la parole, la Ministre du statut de la femme du Costa Rica a affirmé qu’il existe une volonté politique sincère de rendre toutes les femmes visibles au Costa Rica de façon à ce que les efforts en faveur de l’autonomisation des femmes ne soient pas des « coups d’épée dans l’eau ». Elle a plaidé pour plus de financements et de partenariats et a concédé qu’il fallait poursuivre la lutte contre la violence domestique et la violence sexiste. Une bonne partie des progrès du Costa Rica s’inscrivent dans la lutte féministe, a affirmé la Ministre, et il s’agit de faire en sorte que, par une perspective de genre, on arrive à donner suite aux engagements pris dans les différents domaines du développement durable.
Exposé volontaire des États-Unis
La Coprésidente du Conseil des politiques de genre de la Maison Blanche, Mme JENNIFER KLEIN, a indiqué que ce conseil vient d’être créé par le Président des États-Unis, M. Joe Biden, afin d’œuvrer à l’égalité entre les genres. Elle a souligné que l’égalité des genres réduit la pauvreté, améliore l’accès à la santé et à l’éduction des femmes. Le Conseil des politiques de genre entend établir un plan d’action national contre la violence sexiste, y compris celle affectant les personnes LGBT. Il s’agira aussi de le faire au niveau mondial, a ajouté Mme Klein, rappelant que le Président Biden a été, tout au long de sa carrière, un défenseur des droits des personnes LGBT, et qu’il entend continuer de l’être au cours de sa présidence.
Selon Mme Klein, il est urgent de créer des services de soutien aux victimes de violence sexiste. Un accès aux services de santé généraux est tout aussi important pour les femmes à travers le monde. Elle a rappelé que des millions de femmes à travers le monde n’ont pas accès aux services de contraception. Dans le même temps, reconstruire en mieux signifie aussi renforcer l’accès des femmes aux domaines économiques et éliminer les écarts de salaires. Le Gouvernement des États-Unis entend veiller à ce que l’égalité des genres soit intégrée dans toutes les politiques, c’est pourquoi des points focaux ont été nommés dans plusieurs administrations.
À la suite de cet exposé, la représentante de la jeunesse de la Women’s March on Washington et de la National Climate March a demandé comment les communautés auront accès aux politiques présentées par Mme Klein. Quelles sont les mesures prévues pour faciliter l’accès aux biens économiques pour les femmes de couleur? a voulu savoir l’entreprise privée Clarion Partners. Les femmes en général n’ont pas les mêmes revenus que les hommes, et la situation est encore pire pour les femmes de couleur, notamment les Noires et les Latinos. En outre, il n’y a que 40 femmes PDG parmi les 400 plus grandes entreprises du pays, et aucune d’entre elles n’est une femme de couleur. La Trans Women of Color Collective a, pour sa part, voulu en savoir plus sur les mesures prises pour lutter contre la violence dont les femmes trans de couleur sont victimes.
Répondant à ces sollicitations, la Coprésidente du Conseil des politiques de genre de la Maison Blanche a rappelé qu’aucune nation ne pourra reconstruire en mieux après la pandémie si elle néglige la moitié de sa population que représentent les femmes. Il faut donc lever tous les obstacles structurels qui entravent l’autonomisation des femmes. Elle a indiqué que la journée de l’égalité salariale est commémorée aujourd’hui aux États-Unis, laquelle rappelle que les femmes doivent travailler jusqu’au 24 mars de l’année suivante afin de gagner le salaire moyen des hommes de l’année précédente. Elle a reconnu l’importance de tenir compte de la composante raciale de cette question et a promis que des conseillers spéciaux s’occupent spécifiquement de ces questions, y compris les problèmes rencontrés par les femmes de couleur et LGBT.
Exposé volontaire du Qatar
M. GHANIM MUBARAK AL-KUWARI, Sous-Secrétaire adjoint aux affaires sociales du Qatar, a expliqué que son pays a pris les mesures nécessaires pour combler les écarts entre les sexes, renforcer la participation des femmes à la vie publique et les autonomiser économiquement, socialement et politiquement. Grâce à ces efforts, les femmes qataries ont pu jouer un rôle de leadership dans tous les aspects de la vie publique et assumer des postes ministériels et de direction. Elles font également partie du Conseil de la choura, du corps diplomatique et de la magistrature et occupent des postes administratifs de haut niveau dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’énergie, des affaires, de la technologie et des affaires sociales.
Le Qatar a accordé une attention particulière à l’intégration d’une perspective sexospécifique lors de l’élaboration des stratégies de développement durable, ainsi que dans tous les programmes et politiques du Gouvernement. Ces politiques et stratégies comprennent la Stratégie nationale de la santé (2018-2022), la Stratégie du secteur de l’éducation et de la formation (2018-2022), la Stratégie du secteur de la protection sociale (2018-2022), et, plus récemment, un projet de stratégie quinquennale pour les personnes handicapées. La Constitution du Qatar stipule que les gens sont égaux devant la loi et qu’il n’y a pas de discrimination basée sur le sexe, l’origine, la langue ou la religion. Il existe également de nombreuses lois qui garantissent les droits des femmes, telles que la loi sur la lutte contre la traite des êtres humains; la loi sur les travailleurs domestiques; ainsi que la loi sur la famille, la retraite et les pensions. Il a également cité les lois dans les domaines du logement, de la sécurité sociale, du travail ainsi que sur l’organisation du Conseil municipal central.
Le Qatar a réalisé, en peu de temps, une transformation sociale et économique remarquable dans la promotion et l’autonomisation des femmes, s’est enorgueilli l’intervenant qui a expliqué que les projets les plus importants lancés dans ce domaine sont un programme de bourses du Gouvernement et l’initiative « Chercheurs d’emploi » pour les jeunes hommes et femmes. Il a ensuite indiqué que le taux de participation des femmes qataries au marché du travail est d’environ 37% pour les femmes âgées de 25 à 29 ans, et d’environ 49% pour les femmes âgées de 30 à 34 ans. En outre, 30% des postes de décision sont occupés par des femmes et le nombre d’entrepreneuses est en augmentation constante. Pour atteindre les objectifs de développement durable, le Qatar a misé sur l’éducation et la santé universelles ainsi que sur l’augmentation du niveau de vie de sa population. En ce qui concerne la qualité de l’éducation, le Qatar a d’ailleurs été classé premier dans le monde arabe et quatrième au niveau mondial, sur 140 pays dans le monde, par l’indice de qualité de l’éducation.
Afin de renforcer le rôle de leadership des femmes et leur participation pleine et égale à la prise de décisions dans tous les domaines du développement durable, la Constitution du Qatar consacre le droit de vote et de candidature pour tous les citoyens, et le Gouvernement aide les femmes à occuper des postes de direction et à participer à l’administration publique de l’État. Actuellement, quatre femmes participent au Conseil de la choura et deux femmes sont membres du Conseil municipal central.
Le Qatar cherche également à améliorer la collecte de données sexospécifiques dans le suivi et l’examen nationaux du Plan de développement durable 2030 en intégrant une perspective femmes dans tous les programmes et projets nationaux. Les questions sexospécifiques sont également intégrées dans la budgétisation de l’État. Le Sous-Secrétaire adjoint a par ailleurs indiqué qu’au Qatar, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la riposte nationale à la COVID-19, dans le milieu de la santé en particulier.
Suite à une question de l’Iraq, qui a soulevé le problème des inégalités salariales, le Sous-Secrétaire adjoint aux affaires sociales du Qatar a expliqué que l’égalité salariale est largement garantie par le Code du travail qui contient des dispositions en faveur de l’égalité salariale. Des congés de maternité payés sont également accordés.
Passant aux questions de la Mongolie, et notamment celle sur l’impact de la COVID-19 sur les femmes au Qatar, le Sous-Secrétaire adjoint a mis en avant la contribution de premier plan de la Ministre de la santé, des femmes médecins et du personnel médical féminin. Quant à la question sur la participation des femmes au marché du travail, compte tenu de leur niveau d’éducation élevé, il a répété que le taux de participation des femmes qataries au marché du travail est d’environ 37% pour les femmes âgées de 25 à 29 ans, d’environ 49% pour les femmes âgées de 30 à 34 ans, et que le pourcentage de femmes aux postes de décision est de 30%.
Exposé volontaire de l’Ukraine
La Commissaire gouvernementale sur les politiques de genre de l’Ukraine, Mme KATERYNA LEVCHENKO, s’est félicitée du fait que l’Ukraine a amélioré son classement dans l’indice d’écart entre les sexes et occupe à présent la 59e position selon le rapport du Forum économique mondial. Elle a indiqué que l’égalité des sexes n’est pas uniquement considérée comme une composante de la politique sociale, mais comme un principe transversal dans toutes les directions de la politique de l’État. C’est la raison pour laquelle, depuis 2017, le mécanisme national de promotion de l’égalité des sexes en Ukraine est coordonné par le Vice-Premier Ministre chargé de l’intégration européenne et euro-atlantique, a-t-elle expliqué. Le nombre de femmes ambassadrices a quintuplé l’année dernière, et des quotas de genre (rapport 40/60) ont été introduits dans le Code électoral, ce qui a abouti à une augmentation de la représentation des femmes parmi les autorités locales élues à 30%.
En outre, l’interdiction faite aux femmes d’entrer dans près de 450 professions a été levée et 226 indicateurs statistiques ont été approuvés par le Gouvernement ukrainien en 2020 afin de mesurer l’évolution de l’égalité des sexes. De même, le Gouvernement élabore actuellement une stratégie nationale de réduction des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes. Les violences domestiques ont connu une augmentation, ce qui témoigne du fait que ce phénomène latent sort de l’ombre, a noté Mme Levchenko. Elle a néanmoins salué le fait que de 2017 à 2020, le nombre de signalements a plus que doublé - passant de 96 200 en 2017 à plus de 200 000 en 2020. En février de cette année, le Programme national de lutte contre la violence sexiste a été adopté en Ukraine.
Suite à cet exposé, la Géorgie a souligné que le Gouvernement ukrainien et le sien ne peuvent pas appliquer leur politique dans leurs territoires occupés, ce qui est dommageable. La délégation a néanmoins voulu savoir comment le Gouvernement ukrainien appliquait sa politique de genre au niveau national. La République de Moldova a ensuite demandé des exemples précis de mesures pour lutter contre la violence domestique en Ukraine.
La Commissaire gouvernementale sur les politiques de genre de l’Ukraine a répondu que dans son pays, l’intégration du genre dans tous les domaines de la gouvernance est faite de manière transversale. Elle a souligné que le travail est complexe et multidimensionnel pour façonner la législation sur le genre dans de multiples secteurs - économie, finance, application de la loi, accès à la justice, ainsi que l’information et la communication. En matière de lutte contre la violence sexiste, elle a indiqué qu’en 2019, la violence domestique a été érigée en infraction, ainsi que d’autres formes de violence à l’égard des femmes telles que le mariage forcé et l’avortement forcé. En outre, la définition du viol a été mise en conformité avec les normes internationales. La mise en œuvre de cette nouvelle loi de 2019 a engendré de nombreux changements positifs comme la création d’équipes d’assistance sociale et psychologique, le renforcement du réseau de centres d’accueil pour les victimes, l’application d’ordonnances prohibitives et restrictives urgentes et la mise en place de programmes correctionnels pour les délinquants, ainsi que l’ouverture d’un numéro vert sur la prévention de la violence domestique.
Suite de la discussion générale
La discussion générale de haut niveau a repris en donnant une large part à la question des violences fondées sur le genre, et notamment à la violence domestique, cette « pandémie de l’ombre » -comme l’a qualifiée le Secrétaire général- qui accable les femmes et les filles en cette période de crise due à la pandémie de COVID-19 et entrave leur participation à la sphère publique. Nombre des participants ont également fait état de réformes ou de projets en lien avec le thème prioritaire de cette session, d’autres préférant mettre en avant les progrès réalisés sur le plan national en matière de présence des femmes au sein de leurs institutions et instances décisionnelles.
« Le temps que je prononce ce discours, une femme sera assassinée chez moi », a déclaré la Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, relevant que les appels reçus par les centres d’assistance aux femmes ont été multipliés par 5 pendant la pandémie. Un plaidoyer pour « une vie exempte de violences » repris par la Vice-Ministre des affaires multilatérales et des droits humains du Mexique, laquelle a dit porter « la voix des neuf femmes qui meurent chaque jour » dans son pays du fait de ce fléau.
Les mesures de confinement ont eu pour conséquence d’exposer davantage les femmes à leurs agresseurs, a confirmé la Présidente exécutive de l’Institut national des femmes du Honduras, qui a fait état d’une nouvelle loi destinée à favoriser la prévention des situations de violence faites aux femmes et de fournir des services essentiels aux victimes.
Appelant de ses vœux une « tolérance zéro » pour les violences faites aux femmes, la Ministre en charge des affaires sociales et des droits de la femme du Gabon a indiqué que des mesures étaient d’ores et déjà effectives au niveau national, comme l’activation d’un numéro vert gratuit donnant accès à une cellule permanente d’écoute et de prise en charge pour les femmes victimes. La Secrétaire d’État aux droits humains de l’Équateur a évoqué un dispositif similaire, assorti de campagnes d’information en six langues afin d’atteindre les communautés autochtones. Au total, a-t-elle précisé, 22 entités de l’État sont mobilisées, ce qui a permis, en 2020, de venir en aide à plus de 29 000 femmes, dont une centaine risquaient d’être assassinées.
Tout aussi sombre, la Ministre des droits et de l’autonomisation des femmes de la Guinée a signalé une augmentation en 2020 des cas de viol enregistrés par les cellules de prise en charge et les services de l’Office national de protection du genre, des enfants et des mœurs. Soucieux de prévoir des voies de recours pour les victimes, le pays s’emploie à accélérer les procédures d’instruction des dossiers de violences basées sur le genre, a-t-elle assuré, à l’instar de la Vice-Ministre de l’égalité des chances de la Bolivie qui a mis l’accent sur l’accès des femmes à la justice en réponse à la « violence machiste ».
La Secrétaire d’État en charge de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes au Ministère du travail et de la protection sociale de la Roumanie a, elle, souligné les changements législatifs et réglementaires intervenus dans son pays, qui visent à prévenir la violence dans les foyers mais aussi à lutter contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail et contre la cyberviolence, dont les victimes sont majoritairement des femmes. Des priorités partagées par la Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de la Grèce, selon laquelle ces phénomènes « doivent disparaître pour donner de l’espace à la voix et aux talents de toutes les femmes et de toutes les personnes dans leur diversité ».
De son côté, la Sous-Secrétaire d’État en charge des relations avec les États et du secteur multilatéral du Saint-Siège a estimé que cette aggravation en lien avec la pandémie suppose un « renouvellement des engagements internationaux » afin qu’une assistance juridique, médicale et psychosociale soit fournie aux victimes et que ces violences ne restent pas impunies. Soulignant le soutien apporté par les institutions catholiques dans le monde, elle a également accusé certains secteurs d’activité de « complicité avec ces violences », notamment celui de la pornographie qui « habitue les hommes et les garçons à considérer les femmes comme des objets ».
Convaincue que les instruments internationaux des droits de l’homme « nous montrent la voie pour faire avancer la condition féminine », la Ministre du genre et de la jeunesse du Lesotho s’est inquiétée du peu de progrès accomplis depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes en 1995. Elle a toutefois applaudi le fait que son pays compte désormais une femme à la tête de son Assemblée nationale, ainsi que du Ministère de la justice et de la police nationale, et ce, en dépit d’inégalités systémiques et de la « résistance de certaines normes sociales ».
Dans le même esprit, la Présidente de la Commission des femmes des Philippines s’est réjouie que la représentation des femmes au Parlement de son pays atteigne 28%, soit plus que la moyenne mondiale de 25%, et qu’un quota de 40% ait été adopté pour la présence de femmes dans les structures nationales de décision et dans les listes de candidats aux élections. Même satisfaction de la part de la Ministre adjointe de la famille, du travail et de la politique sociale de la Pologne, qui a indiqué que près de 30% des sièges de la chambre basse polonaise et 25% de la chambre haute sont occupés par des femmes.
Saluant à son tour la « participation active » des femmes à la vie politique, le Premier Sous-Ministre du travail et de la protection sociale de la Fédération de Russie a cité des chiffres selon lui éloquents: 33 sénatrices sur 170 au Conseil de la fédération et 71 députés sur 443 à la Douma. Il a aussi noté qu’une femme préside la Banque centrale russe et qu’en 2019, 33% des fonctions à responsabilité au niveau local étaient exercées par des femmes. Plus mesurée, la Sous-Secrétaire présidentielle en charge des femmes du Guatemala a quant à elle constaté que le pourcentage de femmes élues dans son pays n’a guère évolué, même si des propositions de parité sont aujourd’hui examinées.
En matière de réformes, la Ministre de l’action sociale, de l’avancement des femmes et de l’alphabétisation du Togo a évoqué celles du Code foncier et domanial, qui garantit désormais la propriété aux femmes comme aux hommes, et du Code la famille révisé, qui consacre l’égalité de droits successoraux entre les sexes. La Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes du Luxembourg a de son côté rappelé l’adoption en juillet dernier d’un nouveau plan d’action national pour une égalité femmes-hommes, tandis que la Présidente adjointe du Comité de travail national sur les femmes et les enfants de la Chine signalait le lancement d’un quatrième programme décennal pour le développement de la femme, en cette année marquant le centenaire du Parti communiste chinois.
L’égalité des sexes et l’inclusion des femmes dans les processus de décision sera également au cœur des travaux de la présidence britannique du G7, a indiqué la Sous-Secrétaire d’État parlementaire en charge du système scolaire du Royaume-Uni, le Ministre d’État en charge des femmes, de l’enfance et de l’éducation primaire et préscolaire de Sri Lanka préférant attirer l’attention sur l’éducation et une population estudiantine à 64% féminine.
Enfin, la Ministre de l’action sociale, de la famille et de la promotion des femmes de l’Angola a fait remarquer les progrès réalisés par son pays en matière de prévention du VIH/sida, de santé sexuelle et reproductive et de lutte contre les mariages et les grossesses précoces.